Le monastère perdu, Prisonnier du désert

es paroles de l'elfe qui se voulaient de réconfort n'eurent que peu d'effet sur son humeur sinistre et il conserva le silence... Il était encore trop tôt, il n'avait pas envie de parler, il aurait aimé oublier ce qui venait de se passer et en voulait même un peu aux autres qu'aucun n'ait pris la décision de faire ce qu'il s'était imposé...

Ainsi après quelques instants, il se retrouva au bas des dernières marches, juste au croisement précédent : à sa gauche le couloir qui amenait à la salle balayée par les vents, à sa droite le couloir où certains avaient commencé à s'aventurer avant qu'il fut question de rejoindre la demi-fée... Il remit sa lanterne en position sourde pour réduire au maximum la luminosité qu'elle dispensait, puis commença à progresser dans cette direction... Derrière lui, il entendit le bourdonnement d'une conversation à voix basses, mais il était trop concentré pour véritablement prêter attention aux propos échangés...

MJ
Les aventuriers s'avancèrent dans ce nouveau couloirs celui-ci paraissait assez long et la lanterne de Fixx n'en éclairait pas le bout. Naturellement les discussions avaient pris fin, reportant à plus tard les interrogations de G'Ahl sur ces nouveaux compagnons envers lesquels il commençait à accorder un peu plus de confiance... Fran'k avait diminué au maximum l'intensité de sa lanterne pour ne pas rendre leur position trop évidente, comme à l'accoutumé maintenant, il cachait la lanterne de Shait dans les replis amples de son manteau, ne libérant qu'une lumière très diffuse permettant à ce qui n'était pas dotés du don de nyctalopie de voir où ils posaient les pieds...

Après une vingtaine de mètres et après avoir descendus l'escaliuer que Shait avait repéré auparavant tous comprirent que ce tunnel s'enfonçait progressivement dans les entrailles de l'Anauroch. Après encore dix mètres le couloir se scindait en deux, il continuait tout droit sur une vingtaine de mètres avant d'aboutir à ce qui semblait être une porte de bois, d'après la lanterne de Fixx. L'autre allait vers le sud apparemment une large guérite permettait la défense de ce couloir...

Progresser... Ne se concentrer que sur la recherche de dangers éventuels ou de sons inhabituels... Ne plus repenser à ce qu'il s'était trouvé contraint de faire dans cette pièce, là-haut... Oui! Se remettre dans la peau de celui qui œuvre de manière professionnelle, quitter les horribles hardes de l'assassin... Un goût de bile lui était apparu au fond de la gorge ; il avait beau avoir tenté de le faire disparaître par une gorgée d'eau, la marque de son infâmie demeurait comme si son propre corps lui tenait rigueur de son acte! Pourrait-il le surmonter? C'était la première fois qu'il tuait ainsi un être humain, sans être ni sous le coup de la colère ou de la peur, sans avoir eu à sauver sa vie... D'ailleurs, même dans ce genre de circonstances, il n'avait que peu d'expériences, ayant toujours pris soin de privilégier la discrétion pour éviter le combat et s'étant même spécialisé dans la course à pied lorsque celui-ci s'avérait proche... Tuer au corps à corps, quand on peut voir le blanc des yeux de son adversaire, sentir sa peur se mêler à la vôtre, entendre au final son râle d'agonie, cela n'était pas pour lui... Les seules fois où sa main avait été l'entremetteuse de Kelemvor, cela s'était fait à distance, de loin, poussé par cette ordure de Kaärmock alors qu'il était encore sous sa coupe, là-bas dans ce lointain passé qu'il s'efforçait d'oublier...

Oublier? Comment le pouvait-il? Il se mentait à lui-même... À cet instant même, sa mémoire occultait volontairement qu'il avait déjà agi comme il venait de le faire, comme un assassin de sang-froid... Kaärmock! Oui, Kaärmock, ce salaud qui avait fait de lui ce qu'il ne voulait être ! Kaärmock, à qui il devait tout et qu'il avait tué dans son sommeil! Comme cela avait été facile... Trop facile... Un coup et hop! le sang qui gicle, le corps qui se crispe, les yeux qui s'ouvrent emplis d'incompréhension, puis la main qui se referme sur le poignet meurtrier, l'enserrant comme un étau, les paroles qui ont du mal à sortir de la bouche, noyées par un filet de sang et les prémisces à un étouffement... Puis le regard devenant peu à peu vitreux... La main toujours aussi fermement aggrippée dont il faudra briser les doigts pour se dégager de l'étreinte... La fuite éperdue que l'ivresse, seule capable d'avoir amené le courage - la folie? - d'oser une telle horreur, rend chaotique... Courir, fuir, se cacher... Boire, boire encore, boire toujours jusqu'à s'en rendre malade, jusqu'à se perdre dans les ces brumes où plus rien n'a d'importance... Mais ces brumes, elles aussi, quelle que soit leur épaisseur, un jour se lèvent et alors revient l'horreur de l'acte accompli... Et là, le corps et l'esprit réagissent : pleurs, vomissements... Et cette bile qui remonte... Qui remonte comme aujourd'hui dans ce couloir d'un monastère perdu dans l'Anauroch... Qui remonte comme ses souvenirs qu'il voulait oublier, abandonner dans les tréfonds de son passé... Mais qui demeurent présents, malgré tout! Et plus que tout, un sentiment étrange qui le révulse et auquel il ne veut faire face : n'est-ce pas le fait que tuer de sang-froid ait été aussi facile plutôt que l'acte lui-même qui le répugne? N'est-ce pas l'intuition enfouie au plus profond de lui-même qu'au final il pourrait y prendre goût?

Ce débat intérieur fait de questionnements, de souvenirs, de refoulements, a sans doute rendu son inspection bien moins assidue qu'il ne l'aurait voulu. Il a progressé dans les couloirs, sans vraiment faire attention. Heureusement, Tymora s'est montrée miséricordieuse malgré son manque de professionalisme et aucun danger n'a affecté la progression du groupe. C'est l'apparition d'une porte en bois qui le sortit de son chaos intérieur : diversion bienvenue qui repousse à plus tard l'affrontement avec sa conscience...

Après un temps d'arrêt, jaugeant l'autre couloir et voyant qu'il continuait, il alla donc se mouvoir au plus près de la porte. Selon la logique qui avait été la sienne depuis le début, il fallait d'abord s'assurer de ses arrières avant de progresser plus loin! Il leva donc la main, indiquant par la-même à ceux qui se trouvent derrière qu'il fallait stopper, puis leur indiqua - toujours par signes - qu'il allait voir et écouter s'ils pouvaient franchir l'obstacle derrière lequel, apparemment aucune lumiène ne filtrait. Et plus important, il essaya de leur faire comprendre que cette fois-ci, il ne fallait pas que l'un ou l'autre commence à partir seul par l'autre voie, disloquant le peu de cohésion qui pourrait exister parmi eux! Il s'avança donc, lumière au minimum afin de ne pas trahir sa présence, et inspecta la porte à la lueur de celle-ci, y cherchant un éventuel piège (surtout une alarme), écoutant si quelque chose pouvait se trouver de l'autre côté et au final si rien ne lui laissait supposer un danger, tenter de l'ouvrir, quitte à devoir la crocheter!

MJ
Jet de Perception auditive DD30 : 16(Dé)-1(Appel de la mer)+2=17 Echec.
Jet de Crochetage de Fixx DD22 : 14(Dé)+5=19 Echec.

Deux marches taillées à même la pierre descendaient vers la porte. Cette dernière était des plus communes, entièrement en bois même les clous n'était pas en métal, ce qui ne voulait pas dire qu'elle n'était pas tout aussi résistante, car elle avait l'air d'être assez neuve. Le temps et les manipulations au niveau de sa poignée, une vuglaire cordelette de chanvre fixée dans la porte, n'avaient pas encore patinés le bois. De dessous la porte Fixx remarqua immédiatement une faible lumière rougeâtre qui se difusait. Le demi-elfe écouta à la porte pour tenter de savoir si quelqu'un pouvait produire du bruit de l'autre côté, mais rien ne vînt rompre la quiétude des lieux, pas même la tempête du dehors que l'on entendait maintenant que très faiblement...

Le voleur avait retrouvé toute sa concentration, il mit un genou à terre pour se mettre au niveau de la poignée en chanvre, il se courba totalement pour voir s'il arrivait à voir quelque chose de ce côté. Mais là encore, il ne put rien découvrir, le sol était descendant et la distance à laquelle il pouvait voir était limitée à quelques centimètres... Après un instant de réflexion, il tenta de pousser légèrement la porte pour voir si elle n'était pas vérouillé... Elle l'était. Fixx examina le système de fermeture, il n'y avait pas de serrure, donc la encore c'était un verrou qui lui barrait le passage. La physionomie de la porte ici, était telle qu'il allait être très difficile de glisser un crochet pour pousser ou soulever une quelconque clanche. Il essaya tout de même de travailler à l'aveuglette risquant d'abîmer ses outils de cambriolle. Après cinq minutes la porte ne s'était toujours pas ouverte, elle était décidément plus que corriace. le stress, la peur et l'exitation faisaient en sorte d'aggraver l'énervement du voleur dont les gestes étaient de moins en moins précis.

Tout ce temps passé, et pour quoi ? Pour rien ! Il se retrouvait devant cette satanée porte qu'il ne parvenait pas à ouvrir... Était-ce sa conscience - bonne ou mauvaise ? - ou le manque de temps qui faisait qu'il n'arrivait pas à se concentrer comme il l'aurait dû ? Quoi qu'il en soit, il se retrouvait en échec... Rageur, il avait envie d'hurler sa frustration, d'évacuer ainsi tout le stress qui l'accablait depuis ce moment fatidique survenu peu de temps auparavant où il avait laissé la bête prendre le dessus... Hurler ! Crier sa rage ! Sa rage contre les autres, contre lui-même... Sans ne tenir compte des conséquences ! Avertir leurs ennemis invisibles pour qu'ils viennent enfin les défier et puis tuer, tuer, tuer encore et toujours jusqu'à mourir soi-même sous leurs attaques et oublier... Enfin ! Avoir la Mort pour dernière amante et se lover dans ses bras protecteurs tel le petit enfant bercé par sa mère et s'endormir en sachant que plus rien ne peut vous arriver, que ce sommeil sera une éternelle félicité...

Mais pourtant, il n'en fit rien... Il était à la limite de craquer en entraînant les autres dans sa chûte, mais pour l'instant il tenait encore, comme suspendu au-dessus du gouffre de la folie par un mince fil qui, tel celui avec lequel l'araignée tisse sa toile, pouvait encore le supporter avec tout le poids de ses erreurs... Lourd fardeau s'il en est ! Était-ce ce qu'il avait vécu ? Était-ce l'éloignement de sa mère-patrie, de cet océan qui l'avait vu naître ? Tout concordait pour que son avenir l'entraîne aux frontières de la folie ! Pourtant, par un caprice du hasard, alors que ce magma chaotique emplissait son âme, son corps, lui, demeurait étrangement calme : il s'était tout simplement relevé et sans un bruit - atavisme né d'une pratique professionnelle qui le guidait inconsciemment ? - il s'était tout simplement écarté pour s'adosser contre la paroi, ne faisant qu'un simple geste de la main à Shait pour lui offrir la place afin que ce dernier puisse livrer à son tour contre cette serrure récalcitrante, le combat que lui-même n'avait su gagner...

hait s'avança dès qu'il vit le demi-elfe se relever, il n'avait pas aperçu son geste de la main dans cette obscurité quasi totale, mais le fait que Fixx se redresse impliquait deux choses, soit il avait ouvert la porte et attendait le renfort discret de son compagnon, soit la porte posait problème et alors il ne seraient pas trop de deux pour essayer d'en venir à bout. La demi-fée toujours sur l'épaule le voleur demi-elfe s'approcha, constata que Fixx n'avait pas encore rangé ses outils de cambriolle qui gisaient à terre et la porte semblait toujours close... Après un examun rapide, il tatônna le sol à la recherche du crochet qui lui sembla le plus fin et le plus adéquat pour atteindre un verrou difficilement accessible. Il écouta un instant les bruits, attendit que le bruit de la tempête se fasse peut-être un peu plus fort et se prépara à commencer son ouvrage. ¤Je préfèrerais largement plus une serrure compliquée que cette porte où on ne peut quasiment pas travailler dessus... Le pire c'est que si j'y foutais un grand coup d'botte, elle s'ouvrirais aussi vite que les cuisses de dame Ortense qui officie, aux dernières nouvelles, à Sundabar...¤

Shait respira un grand coup, la tâche était effectivement ardue, il fallait surtout travailler en silence car même à quoi sert de crocheter si on est attendu derrière la porte si on est attendu avec pieds, poings et gourdins... Le voleur se concentra au maximum et s'attela à son affaire espérant au mieux ne pas faire moins bien que Fixx l'anguille...

Edit MJ
Jet de Perception auditive de Shait DD30 : 13(Dé)+6=19 Echec.
Jet de Crochetage de Shait DD22 : 16(Dé)+4=20 Echec.



Ce message a été modifié par Frolamin Dagarkin le Mercredi 23 Novembre 2005 à 10h26

'exploration des lieux avait repris et chacun dans un silence relatif attendait l'anguille, qui semblait perturbé d'avoir dû donner la mort de sang froid. G'ahl savait que les mots et les gestes ne pouvaient pas grand chose face à ce genre de situation. Lui même se serait trouvé sans doute dans un tel état d'esprit après avoir égorgé le prêtre cyriste au campement s'il n'y avait eu le combat pour tout oublier... A vrai dire, tout ceci lui remettait en tête son propre geste et le 'détachement'. Son propre détachement vis à vis de cela l'inquiétait quelque peu, le tout était agrémenté par le fait de réaliser l'hostilité avec laquelle il traitait ceux qui l'avaient pourtant suivi dans la gueule du loup... Perdu dans ses pensées et une remise en question de ses comportements, l'elfe ne revint au réel et à cette porte fermée. Observant les lieux, il attendait à quelques pas de la porte, une flèche encochée, se tenant contre le mur pour pouvoir observer des deux côtés.

Fixx semblait ne pas s'en être sorti et malgré l'aide de Shait, aucun des deux ne parvint à crocheter cette fichue porte... L'elfe faisait mentalement le tour des sorts divins qui pourraient servir, mais du s'avouer lui aussi incapable de parer à la situation... Il jeta un oeil à l'être fée peut-être avait-elle un tour dans son sac? Au pire le nain pourrait sans doute enfoncer la porte!

evant l'échec de son confrère, il rangea son matériel et lui fit signe de revenir avec lui en arrière : il fallait converser avec les autres pour décider de la marche à suivre... Le temps que Shait avait passé à oeuvrer lui avait permis de recouvrer un peu de paix intérieure, façade friable qui pouvait céder à tout instant, mais là, il faisait illusion... Revenu auprès de l'elfe et du nain, et après avoir jeté un bref coup d'oeil à l'humain qui demeurait en retrait muré dans son silence, il leur expliqua la situation...

- Bon, visiblement, on est devant une porte impossible à ouvrir par des moyens traditionnels... Soit on la défonce, soit on voit d'abord où mène l'autre couloir et on y revient si besoin... Il y a de la lumière pas loin derrière et la défoncer risque de nous attirer des ennuis... Ça ne me plaît pas, je serais plutôt pour voir d'abord là-bas! Il avait indiqué le couloir qu'ils n'avaient pas encore exploré. "Votre avis?" Il les regarda l'un après l'autre, puis ajouta...

- À moins que par magie... Mais il ne termina pas sa phrase, chacun pouvant en comprendre le sens qui était évident! Mais l'un des compagnons avait-il seulement le moyen de sortir de ce dilemne par un moyen discret?

narmik avait observé la scène silencieusement, puis il écouta la proposition de l'elfe des mers. Pour lui le dilemne ne se poserait pas maintenant, défoncer la porte semblait un moyen simple et direct, encore fallait t'il en être capable, mais il se dit rapidement que ça ne plairait pas à l'avis général. Et pour une fois il était plutôt de cet avis aussi... Tout bas il ajouta alors : "Ne restons pas plus longtemps devant cette porte qu'on ne peux pas ouvrir. On a encore le choix d'aller voir ce qu'il y a dans l'autre couloir... Moi je serais plutôt pour faire ça."

Voyant la moue quelque peu surprise de son groupe, le nain géné, déclara : "Ben quoi qui dit nain, dit pas forcément cervelle de moineau! On va pas perdre son temps sur cette porte, allons voir dans l'autre couloir, si y'a pas d'issue... Et puis on avisera plutard pour cette porte." Prêt à partir le nain attendait des réponses affirmatives...

hait avait rejoint le groupe pour entendre le nain parler à voix basse... Il avait raison ce nain, il fallait aller voir ailleurs et cet ailleurs c'était le couloir sud. Il ne valait mieux pas s'acharner, si cette pièce était importante, et Shait n'en doutait pas la porte fermée à clef et l'éclairage diffus qui était sans doute un brasero comme dans la salle des gardes, en témoignait. Il y aurait peut-être d'autres accès plus facile à emprunter un peu plus loin, il fallait juste réussir à mémoriser l'emplacement de cette pièce et se rabattre dans sa direction dès que le couloir bifurquerai vers la gauche...

Shait s'écarta donc du groupe et s'avança dans ce couloir doté d'une guérite. Son arc était bandé dans sa direction enfin le pensait-il, car plus aucune lumière ne permettait d'éclairer le tunnel. Le voleur avança de quelques mètres dos au mur, prêt à agir, si ses compagnons venaient à éclairer un ennemi dissimulé. Il venait de renoncer devant une porte, il ne fallait pas qu'autre chose se mette sur sa route pour le moment sous peine de finir en morceau, état dans lequel il n'avait pas pu mettre la porte...