Chapitre II : La route vers le Fort, Chapitre II : La route vers le Fort

L'ensorceleuse était songeuse, car indécise sur la stratégie à adopter. Il fallait clairement comprendre et voir ce qu'il s'était passé là bas pour sauver des blessés le cas échéant. Il pouvait aussi y avoir un piège. Et avec cette foutue brume on ne voyait rien. Et puis il y avait aussi la boue épaisse qui gênait tout leur déplacement.

Elle prit sa décision, même si il y avait du pour ou du contre. Un chef devait de toute façon trancher. Celestia était déjà parti devant. Elle ne manquait pas de courage cette femme !

Elle retint le bras du barde pour lui communiquer son plan avant qu'il parte.

- je vais vous rendre invisible comme je l'ai fait lors de l'agression près du monastère. Cela pourrait vous sauver la vie si c'était un piège. Par contre, le sort peut disparaître si vous agressez directement quelqu'un. Ne soyez pas imprudent.

Ses paupières se plissèrent lorsqu'elle lâcha un long soupire. Elle leva ses mains au ciel avec une certaine grâce digne d'une danseuse puis prononça des paroles profanes dans le langage des elfes pour incanter son sort. Elle finit par frôler le bras du barde avec son index pour lui transmettre l'effet magique.

- nous allons vous rejoindre calmement. Je n'aime pas cette dispersion. Sahadeva restons sur nos gardes.


Invisibilité sur Vieltal 'Vuurdan
Et si elle se fait attaquer, elle active la protection de son compagnon divin

Pour l’observateur éventuel, une femme au pas rapide et assuré s’avançait seule vers un charriot abandonné. Même sur une route aussi fréquentée, dans les royaumes, il devait s’agir d’une exception et chacun était en droit de se demander ce qu’il en était de cette femme seulement accompagnée de son garde du corps et de leur mule. En ces temps d’insécurité grandissante suite aux terribles inondations de la côte, nul ne devait s’attendre à rencontrer pareille parade de voyageurs. Azur’ael parlait de la voix de la raison … ils se mettaient en danger … même si, d’apparence au moins, seuls des corbeaux les épiaient du ciel.

Partie en éclaireur et riche d’une vue plus perçante que celle de l’humain moyen, il ne fallut pas longtemps à Célestia pour apercevoir les silhouettes des humanoïdes qui circulaient autour des trois charriots du convoi. Trois au moins, dont une, trop large que pour être humaine à moins d’appartenir à quelque barbare du Nord, qui éructaient une série de phrases probablement gorgées d’insultes dans cette longue reconnaissable même pour celui qui ne pouvait les comprendre. Des Orcs.

! orum'ororad snabmos orum'on oraégésorp naib oranwa, vwa, rwa, c oragr aum'q sa sum'wa, h orum'grp sioor an griagroor agr aum'q snwa, vwa, dnav aor um'o agnwa, m aor ium'q ac sum'os ardnarp ad orum'ov-zahcêpéD

L’absence de fracas d’armes, de sanglots ou de cris guerriers ne pouvaient dire que deux choses : soit ils arrivaient trop tard et les orcs avaient fait le carnage qu’on leur attribue habituellement, soit ils avaient découvert le convoi comme eux, par hasard, et à l’instar des vautours et autres charognards, ils cherchaient ce qu’il restait à prendre.

Restait-il qui que ce soit à sauver ? Que leur était-il donc arrivé ? Combien étaient les humanoïdes, cachés dans la brume et derrière les deux autres charriots ?

Célestia avait eu le temps de prendre un peu d’avance. A moins qu’il ne prenne le risque de courir, le rôdeur à sa suite ne le rejoindrait que dans une dizaine de secondes, deux fois autant pour ses autres compagnons. Le premier chariot était encore à une vingtaine de mètres, la distance devenait critique pour une approche discrète. Elle serait repérée si elle avançait encore.

Des orques. Encore et toujours des orques. Cette race envahissait tout. Pillait tout. Détruisait tout. Tel était le constat que Célestia pouvait faire des orques. Le monastère lui même avait du faire face à ces créatures. Mais la magie et le mystère de ces lieux les avaient faits fuir. Pour combien de temps ? Seul les dieux le savaient. Aux yeux de Célestia il existait une sorte d'accord tacite dans les marches d'argent. Chassez les orques envers et contre toutes querelles entre vous. Seulement, elle n'était pas dans les marches d'argent. Et elle n'avait rien vu qui semblait indiquer que ces orques avaient attaqué le convoi. Elle entendit distinctement les orques parler entre eux et compris tout à fait ce qu'ils faisaient ici. Elle ne savait pas combien ils étaient exactement et cela restait une inconnue pour elle dangereuse. Les orques voyageaient rarement seuls, surtout en rase campagne.
Elle activa son pouvoir et aussitôt une sorte de seconde peau transparente la recouvrit. Elle resta sur place mais émit des paroles qui auraient fait peur dans les montagnes Néthères.

-Tout ceci ne vous appartient pas ! Fuyez pendant qu'il est encore temps et je vous laisserai partir en vie ! Dans le cas contraire, le jugement des Hommes s'abattra sur vous !

Le message était clair concis et surtout focalisait l'attention sur la moniale. C'est maintenant qu'elle allait savoir si ces compagnons étaient dignes du voyage et de la mission qu'ils devaient accomplir.

armure inertielle (1hr +4 CA d'armure de force)

En queue de peloton, Sahadeva s'était avancé avec prudence en compagnie d'Azur'ael et de la mule. Cette position ne le satisfaisait qu'à moitié car il aurait préféré être aux avant-postes, prêt à affronter les dangers qui menaçaient ses compagnons. Mais il avait fait serment de protéger ceux qui en avaient besoin et, en l'occurrence, la belle elfe lui avait demander de l'escorter : conscient de son devoir, le Maquar avait accompli ce qu'elle attendait de lui.

Celestia s'était arrêtée. Visiblement, elle avait aperçu ou entendu quelque chose. Le Durpari était trop loin et ne distinguait pas ce dont il s'agissait. A sa grande surprise, la moniale de mit à parler d'une voix puissante en direction du convoi, intimant ceux qui avaient poussé les cris qu'ils avaient entendu de se retirer au plus vite. Sahadeva se demanda ce qu'elle avait pu apercevoir pour être si confiante. Le guerrier d'Estagund évalua la distance qui le séparait du Celestia:

¤ Environ une portée d'arc jusqu'à Célestia, deux jusqu'au convoi...¤

Si les créatures apostrophées par la moniale décidaient de passer à l'attaque, elle devrait dans un premier temps les affronter seule : Azur'ael et lui étaient bien loin et seuls les dieux savaient où se trouvait exactement Vieltal, devenu invisible...

Instantanément, le guerrier d'Estagund décida de changer d'armes : il rengaina Nakula et replaça son bouclier sur son dos puis, il se saisit de son arc et d'une flèche. Tout en scrutant tout signe de mouvement venant du convoi, il s'avança ensuite en direction de Celestia.

Sahadeva change d'armes (il s'équipe de son arc) puis s'avance en direction de Celestia. Le cas échéant, il utilise détection pour scruter tout mouvement suspect.

Dès qu’Azur’ael toucha le barde, il ressentit la même vague d’énergie le traversant que dans les rues d’Eauprofonde. Une fois invisible, Vieltal hocha la tête après les explications de l’elfe avant de sourire devant le ridicule de ce geste. Puis, aussitôt libéré, le barde s’élança vers les chariots.

¤ Je devrais en profiter pour faire une reconnaissance du terrain avant de frapper. En contournant les chariots du sens opposé de Célestia, je pourrai prendre les ennemis à revers et créer la confusion. ¤

Bien qu’invisible, le barde restait prudent et ne courait pas pour ne pas tomber et annuler les effets du sort. D’ailleurs, il se demanda s’il pouvait lui-même jeter un sort sans réapparaitre… Il avait quelques tours dans son sac qui pourrait vraiment donner l’avantage au groupe. C'était une fois de plus le temps de prouver sa valeur devant ses compagnons aguerrit. Un premier véritable combat était sur le point d'éclater, à moins que les créatures jettent les armes devant l'avertissement de la moniale, ce qui était très peu probable.

En attirant l'attention vers elle, cela donnait du temps au barde pour contourner les ennemis et les prendre à revers. Cependant, avant toute chose, le barde se donna comme mission de chercher pour des survivants en danger et dénombrer le nombre d’assaillant.

Vieltal marche vers les chariots du coté opposé d'où se dirige Célestia.

L'ensorceleuse approchait lentement vers la moniale, sous l'escorte du calishite. Il fallait être prudent pour ne pas glisser sur la boue. Elle s'arrêta net lorsqu'elle entendit la voix de la moniale qui adressait une menace en bonne uniforme aux ennemis qui lui étaient encore inconnus pour l'instant. Elle fit la moue, contrariée par cette attitude. Un éclaireur avait pour rôle de prévenir du danger et de donner des détails précieux sur leurs adversaires. Là il faudrait improviser totalement. Fort heureusement, la chaotique elfique savait le faire. Son imagination était fertile. L'expression "jugement des hommes" lui suggéra une idée.

Elle demanda à Sahadeva de bien maintenir les mules et même s'il le faut de les accrocher. Elle avait hâte de lancer ce nouveau sort. Le moment était propice. Elle souleva les manches de ses bras pour gagner en dextérité. Sans perdre une seule seconde, l'ensorceleuse dessina dans l'air des formes ésotériques et géométriques dont elle avait le secret. Sa main gauche était restée statique, tenant dans la paume une petite bille de verre. Lorsqu'elle prononça enfin les paroles profanes pour finaliser son sort, la bille commença à crépiter d'une énergie électrique prenant de plus en plus de volume jusqu'à atteindre la taille d'une sphère. Elle tendit le bras en direction du ciel, propulsant la sphère au dessus de la scène qu'assistait Celestia. Elle espérait que les éclairs et l'explosion allaient faire un effet spectaculaire et instaurer la panique au coeur de l'ennemi dont le visage était encore inconnu.

Lance sphère scintillante dans le ciel (dizaine de mètres du sol) au dessus des chariots

La réponse à l’interpellation de Célestia ne se fit pas sentir. Elle faisait preuve d’un courage qui, à lui seul, pouvait créer le doute : folie ou certitude d’une supériorité évidente ? L’Orc qui se dressait sur le chariot avait dû rencontrer sa part de courageux parce que sans lancer l’assaut qu’on eut pu attendre des siens, il ne se laisse pas démonter pour autant : - « Passe ton chemin humaine, ce qu’il y a ici ne t’appartient pas plus ! »

De derrière les différents chariots, les masses des orcs se mirent en mouvement à la réponse de leur chef. Trois silhouettes s’ajoutaient aux trois que la moniale avait vu de loin … la situation prenait une toute autre tournure. En supériorité numérique évidente, l’habituée des Peaux Vertes n’auraient pas été surprise qu’un jeune fougueux se permette d’attaquer, même seul, juste pour prouver sa valeur martiale, conscient qu’il serait épaulé au besoin.

Sahadeva et Vieltal les virent, tandis qu’à chaque minute le brouillard perdait en intensité, les trois orcs supplémentaires s’écarter en éventail pour élargir le front. Pour les reprendre à revers de manière efficace, le barde devrait sortir largement de la route et risquait de s’enfoncer dans la boue … ou d’y tomber…

Puis surgirent les éclairs et le tonnerre d’Azur’ael. Un véritable déchainement de puissance. Lancé au milieu des Orcs, le sort les aurait lourdement blessés, même les plus entreprenant d’entre eux s’en rendirent compte et perdirent de leur superbe, se rapprochant du chariot de tête. Les deux plus proches qui le fouillait se redressèrent, montrant leurs crocs jaunis et faisant claquer leur langue au milieu de leurs visages grimaçants. Le chef se contint. Il était certes impressionnés, mais pas terrorisé au point de faire demi-tour et s’enfuir.

- « Que veux-tu arèicroor ? »

Deux des orques se saisirent de leur arc, les autres avaient la main sur leur arme. Ils étaient prêts à en découdre mais ne semblaient pas désireux de lancer les hostilités.



Ce message a été modifié par Atlas le Vendredi 11 Décembre 2015 à 13h51

¤ Des orcs... et nombreux... ¤

Sahadeva éprouvait des sentiments contradictoires à propos des membres de cette espèce. D'une part, ils représentaient tout ce qu'il abhorrait le plus : chaos, massacres, pillages et injustices. Mais, d'autre part, s'ils existaient, c'est qu'ils faisaient partie de l'ordre des choses et du grand tout que formait l'Adama. Le Maquar voulait donc éviter de les tuer mais il estimait par ailleurs que, s'ils étaient à l'origine de l'embuscade, ils devaient être jugés et châtiés. Ces pensées contradictoires s'étaient bousculées dans sa tête lorsqu'il avait découvert les interlocuteurs de Célestia...

Le Durpari décida de se ressaisir et de se concentrer sur le moment présent : pour l'heure, il importait surtout de survivre et de protéger ses compagnons. Vieltal était invisible. Cela constituerait un atout en cas de combat mais, entre temps, cela déforçait leur pouvoir d'intimidation : les orcs avaient l'impression de disposer d'une supériorité numérique de deux contre un. Sahadeva se demanda s'ils oseraient attaquer après avoir vu la petite démonstration d'Azur'ael.

Pour parer à toute éventualité, le guerrier d'Estagund déposa rapidement son arc et sa flèche sur le sol, attacha sommairement la mule pour qu'elle ne puisse fuir et ramassa enfin son arme. Sa flèche était encochée, prête à être décochée en cas de nécessité, mais son arc était pointé vers le sol. Il ne souhaitait pas entrer en conflit avec les orcs s'il s'avérait qu'ils étaient étrangers à ce carnage.

Sahadeva :
- dépose brièvement son arc au sol.
- attache aussi rapidement que possible la mule.
- reprend son arc et encoche une flèche (sans viser les orcs).
- s'il a l'occasion de le faire, il s'approche encore de Célestia.

Célestia était satisfaite. Les orcs sortaient de toutes parts et révélaient leurs positions tout en ayant confirmé ce qu'elle craignait. Ils étaient des pillards. Elle continua donc sur ce qu'elle avait commencé. Il y aurait peut-être un affrontement mais c'était son devoir. Elle était une protectrice des marches d'argent. Tel en avait-il été décidé et tel elle devait agir. Même si elle était loin de chez elle, son engagement ne devait en aucun cas faiblir ou temporairement différé. Son devoir l'appelait et elle y répondrait. Elle profita même de la diversion magique qui jouait en sa faveur.

-.orgranimirc orad aum'q ici oriov an aJ .snwa, éhcé orwa, c agr inum'p sa égum'j arsê siod amirc sum'os aum'q sa amirc num' sora grov sum'os aum'q angiaorna orum'on gri sa orwa, p oram anèm snwa, grigiV agr oriwa, M .orwa, p snaisrwa, ppwa, -m an icac sum'os .scwa, xa sora-C

Elle s'occupa de prévenir ses partenaires qui pouvaient l'entendre de vive voix en parlant à nouveau en commun.

-Ma proposition sera donc très simple. Laissez tout ce qui ne vous appartient pas. Je mets un point d'honneur à toujours laisser une chance à des fautifs vis à vis de la loi de se rendre.

Elle ne se faisait aucune illusion quant à la décision finale des orques. Ils n'étaient pas vraiment connus pour se rendre sans combattre. C'était du moins ce qu'elle connaissait de ceux qui vivaient dans les marches d'argent. Il ne devait pas en être autrement ici.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Célestia tente Intimidation contre Chef Orc : 14(d20) +0 +5 (sort d’Azur’ael) contre 16(d20) +6 +2 : Echec
Célestia, Connaissance (Religion) : 0 rangs, jet impossible
Azur’ael, Connaissances (Religion) : 11 +5 =16

- Tu me prends pour un snwa, fna apeuré ? Ta loi ne s’applique pas ici aniwa, mum'h ! Que font les tiens lorsqu'il trouve un trésor sur le bord de la route ? Ils l'y laissent parce qu'il a appartenu à quelqu'un d'autre ? Si le propriétaire de tout ça le réclame, qu'il vienne me voir, nous parlerons ensemble de ce que nous n'aurons pas mangé !

Prenant ses hommes a parti et esquissant ce qui devait être un sourire, l’Orc bombait le torse, absolument pas impressionné par la moniale. Célestia avait vu assez d'Orcs que pour se faire une belle idée que le conflit était inévitable si elle restait sur ses positions. Le chef ne pouvait perdre la face devant ses hommes, c'était ... l'évidence même. Qu’il l’ait voulu, qu’il aurait perdu son rang –et probablement la vie.
… C’est du moins ce qui se serait passé si une troupe de barbares des Marches d’Argent étaient à la place des six humanoïdes.

Tandis qu'ils approchaient, les autres aventuriers purent au fur et à mesure prendre la pleine mesure de la situation. Et , au milieu de l'ensemble, plusieurs points pouvaient paraitre singuliers pour quiconque en connaissait les habitudes : ils n’avaient pas attaqué, faisant montre d’une patience et d’une discipline rare.

Quand Azur’ael fut assez prêt que pour apercevoir le tabar du meneur orc, elle en reconnut le symbole et comprit la différence d’attitude. C’était l’épée d’Ilneval, pas l’œil de Gruumsh. Là où le second favorisait la barbarie pure et la violence pour elle-même, le premier mettait en avant la victoire ! Par la stratégie, l’avantage numérique, la loyauté à une hiérarchie établie, une structure qui leur permettait de combattre ensemble.

- Passe ton chemin, c'est mon dernier mot !