La Tueuse de Dragons

i l'établissement laissait à désirer, au moins la bière n'était pas complètement imbuvable... Et il n'y avait presque rien qui craquait sous les dents. bref, une bière somme toute honnête. En revanche, pour ce qui était de l'honnêteté, l'illuskien n'était pas convaincu par l'homme qui les servait, la réaction un peu épidermique du tavernier semblant clairement indiquer qu'il savait quelque chose... Mais quoi?

Sirotant son houblon, le guerrier observait le petit groupe. Des mercenaires, sans aucun doute. Rien d'exceptionnel. Ils pouvaient tout autant être des hommes d'Illim, de Z, ou n'avoir absolument rien à voir avec leur affaire. L'illuskien en était à s'interroger sur la suite de leur programme quand le bonhomme leur proposa quelque chose de peu ordinaire, qui éveilla prestement la méfiance du tempurite.

Un truc qui pourrais leur plaire... Après ce qu'ils venaient de dire, de quel espèce d'attrape couillon pouvait-il s'agir? Ou plutôt, qu'est ce que le bonhomme allait glisser dedans comme substance? Somnifère, sérum de vérité? prévoyait-on simplement leur faire les poches, de les égorger, ou bien allaient-ils s'effondrer pour se réveiller dans le repère qu'ils cherchaient? Bref, un gros hameçon, que le guerrier hésitait à saisir...

Consultant le nain du regard, Madawc se gratta la barbe, pensif. Puis, finalement, déposa une poignée de piécettes sur comptoir. Puis, profitant que l'homme leur tournait le dos pour remplir récupérer leur truc, qu'importe ce que c'était, le forgeron tenta discrètement de cacher son Iris au fond de sa botte, alors qu'il se penchait pour se gratter. Pour le coup, il ne voulais prendre aucun risque, mais avaler l'objet semblait difficilement réalisable discrètement... Et puis, peut être se trompait-il complètement, un excès de paranoïa était si vite arrivé...

La Tueuse de Dragons

Moment : midi, Date : 1372
Karmeth

Le prêtre semblait soudain radieux d’avoir trouvé une âme charitable pour l’aider.

- Et bien ma foi si vous vous proposez ! Venez !

D’un pas entrainé, il emmena le nain dans le temple. Passant une porte en bois, il embrancha dans un escalier en colimaçon, amenant dans une grande cave sous le temple, semblant abimée. Plus loin se tenait un homme habillé des habits de l’Aube.

- Mon frère, voici un suivant de Haela Brillehache ! Il vient d’arriver en ville, et s’est proposé pour nous aider dans ces temps difficiles ! Merveilleux n’est ce pas ?

Karmeth pouvait apercevoir dans la salle deux autres frères de l’aube, reconstruisant les structures du lieu, un autre sur une structure en bois. Le premier se retourna vers le nain avec un sourire bienveillant.

- Bienvenue ! Heureux d’avoir des bras forts comme les vôtres pour vous aider ! Et vous saurez sans doute faire jouer votre sens inné pour la pierre dans ces circonstances ! Quelle chance de vous avoir parmi nous !

Le premier prêtre qui l’avait accueilli reprit :

- Récemment, nous avons subit des infiltrations d’eau et des dégâts dans ces sous sol suite à des secousses. Lanthandre soit loué, rien ne s’est écroulé et nous avons pu récupérer tout ce qui était stocké ici, mais il reste beaucoup de travail pour consolider les lieux. Et l’odeur ne partira sans doute jamais. Enfin, je m’en vais m’occuper de l’accueil, je vous laisse entre de bonnes mains.

S’en allant, il laissa le nain avec son nouvel ami, Frère Dorian, qui semblait n’avoir que peu d’expérience dans la maçonnerie. En tout cas, au vu des pierres dont il disposait, le nain cerna rapidement la situation et comprit rapidement comment reconstruire la colonnade sans peine.

- Lanthandre vous bénisse, vous savez vous y prendre ! Que venez-vous faire à Dilpur ?

Le prêtre semblait ouvert au dialogue tout en s’activant durement à la tache, servant d’assistant à la maitrise de Karmeth en termes de pierre.

Madawc et Arkhan

La sueur coulait sur le front du guerrier alors que la situation semblait s’intensifier. Les deux compagnons se regardèrent avec un air complice, effrayé et curieux à la fois. Par précaution, il glissa son Iris dans sa botte en toute discrétion et son ami nain en fit de même. Le tavernier leur apporta sans tarder une tartelette aux fruits, légèrement noir sur le dessus sur une assiette en bois assez sommaire, avec deux fourchettes en bois sur le bord.

L’humain dévisagea la pâtisserie, d’abord sceptique, la jugeant. Le noir semblait suspect, les fruits ne lui paraissaient pas identifiables, des pommes peut être ? Et la pâte semblait si épaisse. Et c’est sans compter ses connaissances limités en pâtisseries ! Tout ca lui semblait terrifiant, sans doute le pire ennemi qu’il ait combattu depuis bien longtemps !

Prenant leur courage à deux mains, les deux camarades coupèrent le gâteau en deux, s’en firent un morceau, et l’amenèrent à la bouche. Inspirant profondément, ils se regardèrent dans le blanc des yeux, puis mangèrent d’une bouchée leur morceau de tarte !

Une seconde, deux, trois, le temps reprit ses droits, alors que le morceau de pate et de poire s’engouffrait dans le gosier de l’humain. Retenant son souffle, n’ayant même pas eu le temps de vraiment goûter le morceau, il restait à l’écoute de son corps, cherchant la moindre anomalie. Sa langue commença rapidement à le picoter. En effet, cette poudre noire semblait légèrement pimentée, mais le goût n’en était pas désagréable au final. Reprenant ses esprits, croisant le regard d’Arkhan pour lui signifier que le danger était passé, il semblait finalement que cette tartelette aux poires de la maison était une trouvaille intéressante et bien au dessus de ce que l’humain espérait !

- Alors ça vous à plu ? C’est ma femme qui les fait. Content de voir que vous étiez si appliqué à la tache !

Au même moment, le groupe de mercenaires semblait partir, accompagné par un grand vacarme de chaises et matériel en tout genre. Madawc remarqua que ces hommes semblaient être équipés pour la mer, surement marin sur un navire conséquent. Enfin, ils semblaient globalement préoccupés par quelque chose.

Kipepeo et Norim

Depuis combien de temps étaient-ils en mer…? Ni la petite personne, ni le nain n’étaient capable de répondre à cette question. Combien de fois avaient ils dû prolonger leur séjour ? Il avait été question de les déposer près d’Eauprofonde, mais il semblerait que les agents de Padhiver rodent dans les environs. Avec la tempête de la dernière nuit, le navire était dans un sale état, et Booney ne savait plus où donner de la tête, alors que les aventuriers se réveillait d'une dûre nuit mouvementée...

Sortant sur le pont, les deux amis pouvaient admirer une mer d’huile, la côte à l’horizon, et un navire rudement abîmé. Le levé du soleil était un spectacle magnifique alors qu’à l’opposé on apercevait encore Séluné se fondant dans le bleu d’un ciel sans ennui. Booney descendait les quelques marches menant au pont supérieur, et s’en alla saluer les deux aventuriers avec la voix et les manières d’un serveur du meilleur établissement elfique d’Eauprofonde.

- Messieurs dames ont-ils appréciés leur nuitée ? Ouvrant grand les yeux et toussant un grand coup, il reprit, de nouveau lui-même ; Alors les loupiots ! C’est pas beau ça ? Il se plaça entre les deux camarades, un bras sur leurs épaules ; Ca c’du spectacle comme jamais vous en aurez sur des caillasses ! C’est ça la vie d’marin ! Les lâchant et posant la main sur sa hanche, il continua à leur parler en fixant le lever de soleil ; Ecoutez les loulous, j’vous ai trouvé un bon plan pour éviter les emmerdes avec Padhiver. J’ai un ami. Euh, plus un pote, disons. Enfin on a fait la mer ensemble quoi. Bon bref, vous serez en sécurité avec lui, et y vous amènera a bon port fissa. C’est un corsaire des mers chaudes, Achille la Tortue. Il se rend dans la ville de Dilpur, une fois sur place, parlez avec Betena, une d’mes connaissances en ville. Vous la trouverez sur les quais, un navire du nom de l'Hippogriffe. Elle saura vous aiguiller. On devrait croiser mon ami d’ici peu, qu’est ce vous en dites ?

Soudain impatient d’enfin rejoindre les berges, les deux aventuriers avaient leur ticket pour les berges. Il ne fallut par attendre bien longtemps pour qu’à l’horizon, des voiles se dessinent. Mais quel ne fut pas leur surprise, quand à vue d’œil, la silhouette grandissait. Ce navire était simplement gigantesque ! Un galion de quatre mats, pourvus de deux rangées d’ouvertures cachées par des trappes en carapace de tortue. Le navire d’approcha et on pouvait y voir rapidement une population de marins impressionnante qui fourmillait sur l’embarcation. Au loin, un son aigu et continu pouvait se faire entendre, accompagné par le brouhaha que pouvait faire une centaine de marins. Un détail attira le regard des deux admirateurs, un coquillage gigantesque au pied du grand mat, semblant incrusté dans le bois du pont, aux couleurs irisées et à la forme magnifique. Booney vint s’accouder au pont avec les deux spectateurs, avec un sourire en coin.

- C’pas beau ca ? L’Aspidochélon, l’un des meilleurs navires de la Côte des Epées et de la Mer Etincelante réunies ! Ca en jette non ? Allez r’montez ces machoires, prenez vos affaires, j’vais vous faire amener en chaloupe. On bouge !

Dépêchant deux marins pour ramer, il embarqua avec eux vers le gigantesque voilier. Après quelques minutes, le petit groupe monta à l’échelle de corde, pour arriver une un pont fait dans un bois que les aventuriers n’avaient jamais vu auparavant, sur lequel se tenait fièrement un homme n’en étant pas à sa première aventure, un barbe finement taillée, des cheveux grisonnant, une tunique propre, pratique, mais aussi richement décorée, portant à sa ceinture un sabre calishite du plus bel effet, et une housse en cuir finement ouvragée avec des inscriptions dessus. Enfin, il portait ostentaoirement une petite conque à son cou très colorée attachée à une chaine en or tressée. Un sourire surplombé par une moustache de très bon goût, une entrée en scène digne du Capitaine Achille la Tortue.

- Bienvenue sur l’Aspidochélon ! Je suis Achille, votre hôte ! Booney, bon ami ! Beau bateau, je ne me permettrais pas d’autres commentaires… Toujours des bonnes idées ! Je vous en prie, venez prendre un verre !

Les deux marins de Booney restant derrière, il entraina rapidement le groupe dans sa cabine, une magnifique pièce avec tous les instruments de navigations possible, une magnifique carte de la côte des épées, des trophées plein les murs et une magnifique vue sur l’arrière du navire. On pouvait y trouver des trophées en tout genre, des armes antiques aux sculptures en bois en forme de serpent, des cranes de créatures marines impressionnantes et têtes empaillées aux manuscrits semblant dater d’un autre âge, écrit dans des langues qu’aucun des deux aventuriers ne sut identifier.

- Je vous en prie prenez une chaise. Booney, c’est un plaisir de te revoir ! Et vous êtes ? Après une brève introduction il reprit. Je me rends actuellement au quai de Dilpur, sur la côte non loin d’ici. J’ai une affaire urgente à y faire. Vous saurez vous repérer à partir de là. Oh tenez, merci Merlot. Un des hommes apporta trois tasses parfumées d’herbes. Je vous en prie, buvez ! On ouvrira un tonneau ce soir quand ce vieux Booney sera parti, sinon je peux dire adieu à mes réserves ! Il rit à gorge déployé, puis reprit. Bon, j’vais vous trouver un hamac, de quoi dormir, et on arrivera à Dilpur dans quelques jours seulement !

Les deux capitaines discutèrent alors du temps passé, puis se quittèrent sans plus de formalités. Booney souhaita bonne chance aux deux aventuriers et s’en retira dans son navire. Alors que les deux vaisseaux s’éloignaient, un marin présenta un coin dans la cale un peu à l’écart du reste du navire, où Kipepeo et Norim purent trouver un confortable hamac et de quoi se reposer. On leur annonça plus tard l’arrivée en ville d’ici pas plus de deux jours…

…

Leur avancée se passa sans encombre et ils eurent droit à un traitement plus que correct de la part d’Achille et de son équipage. Après deux jours, ils eurent arrièrent enfin vers midi en vue de Dilpur, une ville construire dans l’estuaire d’une petite rivière…

Bon les loulous, bienvenue à bord! J'espère que vous vous plairez ici! Pour vos achats de l'aventure précédente, le bateau à su faire escale rapidement mais vous êtes resté avec Booney, les ports n'étant pas sûr. Sinon vous pourrez aussi les faire librement une fois arrivé à Dilpur au prochain post, si vous n'avez pas encore décidé. N'hésitez pas à parler dans le hrp^^.

Norim en était maintenant certain, il n'aimait pas la mer. Il n'était pas malade, mais il se sentait inutile, ce qu'il n'aimait pas le moins du monde, mais il n'avait en plus pas de quoi s'occuper l'esprit. Même pas de quoi boire, car Booney était, même si c'était un pirate, un capitaine responsable qui ne voulait pas que ses marins soient saouls en mer, du moins pas souvent, car la petite fête qu'ils avaient fait à la sortie de Luskan était finalement tout, sauf une petite fête.
Les premiers jours, Norim avait passé son temps dans les cales du navire, jetant un coup d’œil à sa camarade blessée, mais également aux divers objets placés là par les mages de la tour, où il fit de belles trouvailles, trop même pour sa part du butin. Heureusement, l'arrêt à Padhiver, et cette rencontre étrange avec le gnome répondant au nom de Jebeddo, qui semblait faire partie d'une organisation secrète, bien que non maléfique, lui avait permis d'obtenir des fonds pour acheter une part supplémentaire à des memres d'équipage pour mettre la main sur la magnifique armure qu'il avait repéré, entre autres choses. Il était également passé par l'échoppe de ce dernier, à la base surtout pour faire ajuster les sangles en échange de son ancienne armure, mais où il avait pu mettre la main sur un objet de manufacture naine particulièrement utile, ce qui était loin de lui déplaire car la résistance de cette matière était bien connu, ainsi qu'un arc de bonne facture que rares étaient ceux à pouvoir utiliser.

Norim comptait bien après cela reprendre sa route, mais sans connaitre le coin, il s'était fait convaincre de reprendre le bateau de Booney, qui n'était pas le monstre que les pirates ont la réputation d'avoir, mais il fallait dire que selon les informations du nain, il n'était pas un très bon pirate, et un pire bandit encore, direction les environs d'Eauprofonde. Finalement, la chose n'avait pas été possible, et le voyage n'avait pas fini de s'allonger depuis lors. En plus, le nain n'avait plus grand chose à faire: les cales étaient vides, si bien qu'il n'y avait plus rien à fouiller, et seuls ou presque restaient les membres de l'équipage, qui avait du travail la majeure partie du temps, il n'avait donc pas eu grand chose à faire sinon remplir son journal, qu'il était bien content d'avoir conservé.
Et pour ne rien arranger, ils avaient essuyé une tempête, ce qui gênait fortement l'écriture, mais pas seulement. Si Norim n'était pas du genre à être malade pour un rien, il devait avouer que les secousses du bateau ne l'avaient pas mis du tout à l'aise, qu'il était passé à plusieurs reprises à deux doigts de vomir, et qu'il n'avait de ce fait pas dormi. Heureusement maintenant, les choses allaient mieux, même si le bateau faisait des bruits nouveaux, étranges et peu encourageant alors que le capitaine venait les voir. Un peu amorphe, le guerrier écouta ce qu'il avait à dire, et voilà qu'ils devaient maintenant changer de bateau. Certes, un corsaire valait certainement mieux qu'un pirate, il fallait savoir obéir à quelques ordres et ne pas commettre trop d'atrocités pour garder une lettre de marque, et il était peu probable, après leurs exploits, que Booney ne les emmène voir un chien à la solde de Luskan :

- C'est tentant, indiqua donc le nain concernant cette proposition, n'importe quoi pour éviter de revivre la soirée d'hier. Dire que c'était il y a peu un beau bateau, c'est déjà presque une épave, j'ai hâte de la quitter.

Il entreprit alors de réunir ses affaires, puis sortit, entièrement paré, pour découvrir le mastodonte qui les attendait. Norim n'avait jamais rien vu de tel, mais il fallait dire que les nains et les navires, ça n'allait pas souvent de paire, il était impressonné, heureusement pour son amour propre, son casque intégral le cachait un tant soit peu, pas assez toutefois pour tromper le pirate, à moins qu'il n'est simplement deviné.

Le transfert se déroula tranquillement, Norim appréciant de ne pas à avoir à nager avec ton son matériel, et dû déjà traîner son corps à l'échelle de cordes, même si l'escalade était une chose qu'il pratiquait depuis tout petit, il n'avait jamais eu à le faire dans ce genre de situation. Heureusement, il trouva qu'il s'en sortait bien. Ils firent alors la connaissance de leur nouveau capitaine, que le nain salua d'un signe de tête en entrant dans sa cabine, enlevant le heaume. Pas question de faire de familiarité, surtout avec quelqu'un aux goûts aussi particuliers, mais l'homme allait tout de même lui rendre un service, c'était donc le minimum.
L'hommme semblait bien accordé à Booney, partageant avec lui cette joie permanente et irritante qui lui tapait joyeusement sur le système. Heureusement, ils n'auraient pas à le supporter en permanence, et peut-être serait-il moins familier que Booney par la suite. Il laissa les hommes discuter, pendant pour sa part qu'un peu de repos ne lui ferait pas de mal, il était là, mais son esprit était ailleurs, ne revenant que lors des adieux, Norim espérait véritablement ne jamais revoir Booney, et le temps de trouver son hamac, sans même vérifier s'il serait assez solide pour le soutenir.

Il dormit la majeure partie de la première journée de voyage, se réveillant d'ailleurs au sol, le hamac n'ayant jamais été au nombre de ses literies préférées, et le nain n'étant que rarement au nombre de leurs occupants favoris. Soucieux de l'impression qu'il faisait aux membres d'équipage qui ne le connaissant pas, il préféra réparer le hamac avant de se trouver à manger, pour finalement retourner dormir. Cela avait l'avantage d'être un moyen efficace de passer le temps en voyage, les faisant paraître plus court, et lui évitant d'avoir à échanger des platitudes avec des gens qu'il ne voulait pas connaitre, et oublierait certainement dès qu'il ne serait plus à bord.
Il passa la seconde mâtinée avec Kipépéo, déjà parce qu'il l'appréciait, elle lui avait, d'une manière ou d'une autre qu'il n'avait pas trop compris, c'était de la magie après tout, sauvé la vie à Luskan, mais aussi parce que c'était la seule personne qu'il connaissait à bord, l'aidant au besoin. Quand l'équipage annonça qu'ils étaient en vue du port, il lui demanda :

- Tu peux m'aider à mettre ma ferraille ? Je ne sais pas trop où l'on débarque, il vaudrait mieux être prêt, juste au cas où des ennuis nous attendent. Et puis, elle sera plus utile sur moi que dans mon sac.

Ce n'était pas vraiment le genre de mission que Karmeth avait l'habitude de mener mais l'endroit était agréable et les gens accueillants, il n'avait donc pas de raison d'y mettre de la mauvaise volonté.

En défaisant son armure pour être plus à l'aise, il prévint timidement :

-Vous savez, je ne suis pas spécialiste en architecture, mais je vais faire de mon mieux.

Et de fait il était très heureux de constater qu'il arrivait à s'y repérer dans tous ces blocs de pierre. Les tunnels de son enfance étaient bien loins, mais apparemment il avait gardés de bons reflexes.

Jouer de ses muscles, en revanche, était resté une occupation régulière aussi se mit-il à l'ouvrage avec dynamisme. S'absorbant dans la tâche et dans la discussion avec Frère Dorian il répondit à ce dernier avec franchise, préférant en dire peu que mentir beaucoup.

-On m'a signalé des incidents étranges en ville, des disparitions, des complots. Le tout lié à un mystérieux personnage. Je suis venu démêler le vrai du faux et aider les possibles victimes. Votre Eglise me semblait être un bon point de départ pour localiser ces dernières.

Imbriquant deux pierres pour en remplacer une plus grande trop fissurée, il fit une parenthèse :

-Sacrées secousses, vous en avez souvent dans la région ? Avec tout ça je comprends bien que vous ayez déjà fort à faire.

ipepeo avait besoin de repos pour se remettre aussi bien de ses blessures physiques, que celle marquées dans l'âme, les plus longues et le plus difficiles à guérir. Les premiers jours elle était telle une ombre hantant le bâteau de Booney, les yeux perdus sur l'horizon et les miroitement d'un profond Océan. Son visage pâle avait perdu cet éternel sourire, la hantise des gens morts sous ses yeux, la clameur de batailles souterraines, les pouvoirs d'un magicien que la noirceur de l'âme ne pouvait que promettre à un au-delà dans les Abysses, des images qui avaient fait mûrir la petite femme insouciante qui se découvrait bien impuissante face au Mal qui pavait son chemin.

La présence de Norim était rassurante et même si il y avait absence de mots, il y avait ces liens secrets et terriblement solides qui s'étaient tissés face à l'adversité et aux différents combats menés ensemble. Kipepeo savait qu'elle pouvait compter sur sa solidité et sur sa loyauté sans faille. Brandobaris était là aussi, présent dans les prières qu'elle lui adressait, des prières sur un ton sérieux, ce qui (si il avait vraiment écouté) aurait pu le déstabiliser un peu.

Graduellement la petite hin se reprit, ajoutant à ses routines des exercices, des nouveaux apprentissages, la lecture de grimoires qu'elle avait depuis toujours mais n'avait jamais pris le temps de lire. Le sourire revint, l'envie de chanter aussi et bientôt les marins entendirent des balades ou des chansons plus drôles, qu'elle composait pour les aider dans les rythmes de leur tâches.

Puis vint le temps des adieux, ceux qui terminent les plus belles balades : le nouveau navire lui alla bien, l'autre copain assez généreux pour un hamac confortable où Norim s'était affalé pendant qu'elle fêtait avec les deux capitaines, écoutant avec intérêt leurs histoires et leurs anecdotes.
Kipepeo eut du mal à les quitter : elle s'attachait toujours trop aux gens autour d'elle. Mais elle dut en convenir, il était temps de reprendre un peu de chemin, surtout pour son ami qui semblait s'ennuyer terriblement sur cette coque de noix. Elle serra le grand capitaine Booney dans ses petits bras, ainsi que son bras droit qui lui avait patiemment appris les trucs et astuces d'une gentille roublardise et qui avait veillé sur elle dans l'antre de la maison des esclaves. Elle leur fit promettre de bien veiller sur eux, de ne pas aller se fourrer dans des ennuis pas possible, surtout qu'elle ne serait plus là pour les en sortir. Cela fit bien rire, évidemment mais elle n'en avait cure.

Une fois qu'ils eurent quitté le navire, elle gouta un peu au tonneau promis par Achille, tout en lui contant toutes ses péripéties. Ce rhum lui remit du rouge sur les joues et des étoiles dans les yeux. C'est avec un peu de peine qu'elle retrouva l'endroit où elle dormait qu'elle trouva grâce aux ronflement de son ami nain.

Enfin ils arrivèrent à destination. Souriante elle aida Norim à enfiler son tas de ferraille :
- J'espère que non, mais bon tu as raison Nono, faut être prudent... Elle eut un petit rire à la réaction de Norim pour le petit diminutif qu'elle osa affubler à son ami nain. Il nous faut retrouver cette Betena Hippogriffe machin d'ailleurs... Allez on y va !

Malgré son imagination galopante et ses intuitions les plus folles, rien n'aurait pu préparer l'humain à ce qu'il expérimentait. Cette saveur était une surprenante découverte. Déjà la bière avait été une bonne surprise, mais là, pour le bouiboui ils s'étaient échoués, c'était surréaliste.

-Fameuse... *nom* Les poires poussent dans le coin? *chomp nomnom* Mes félicitations à madame...

Léchant ses doigts avec délectation, le guerrier se leva de sa chaise alors que la compagnie de mercenaires en faisait de même. Sortant une pièce d'argent de la bourse, l'illuskien la posa sur le comptoir devant l'homme.

-Bon, il est temps de décoller... Si vous entendez quelque chose, pensez à nous, on repassera sans doute de temps en temps, à moins de trouver quelque chose... Allez, bouge tes fesses toi, c'pas en mangeant de la tarte, aussi bonne soit-elle, que l'on va gagner notre croute...

Saluant le tenancier, le forgeron jeta son sac sur l'épaule et emboita le pas à la compagnie. Il avait l'intention de les suivre le plus naturellement du monde. Après tout, ces mercenaires pouvaient aussi bien ne rien avoir à faire avec leur histoire, qu'être à la solde du dénommé Illim. Bref, ils aviseraient, car pour le moment ils n'avaient pas la moindre piste. Quoiqu'il en soit, au vu du comportement des deux lurons, Madawc s'attendait fortement à ce que la donzelle ou un de ses hommes leur fasse tôt ou tard une remarque, ne serait ce que pour leur demander jusqu'où ils comptaient les suivre... Et il s'attendait à ce que la question tombe relativement vite.

¤Mouais... en gros, c'est encore une idée à la con...¤

La Tueuse de Dragons

Moment : midi, Date : 1372
Karmeth

Le prêtre se mit rapidement à la tache et fut d’une grande aide à l’église radieuse. Frère Dorian était très sympathique et s’empressa d’alimenter la conversation, répondant volontiers aux questions de Karmeth.

- Impressionnant ! Vous savez, je ne suis encore qu’un novice ! Mais si je peux vous éclairer dans cette sombre affaire, je vous apporterais volontiers mes lumières. De quoi cela parles t’il ? Vous avez déjà une piste ? Frère Dorian semblait sincèrement admiratif. J’espère que ce n’est pas trop grave tout de même…

Redoublant d’enthousiasme à la tache, jeune homme rêvant d’aventures épiques et de missions top secrètes, il but les paroles de Karmeth avec avidité ! Concernant les secousses, il ajouta simplement une rapide remarque.

- Les secousses ? Pas vraiment. Les dégâts sont dus à l’effondrement d’un bâtiment non loin des quais. Un affaissement de terrain, rien de grave mais ça a affecté tous les sous sols alentours. Heureusement que ce n’est pas fréquent, imaginez ça tous les jours !

Madawc et Arkhan

- Merci, c’est une fierté ici vous savez.

Le tenancier avait l’air satisfait. Il accepta avec un remerciement les compliments et la pièce du guerrier. Alors que les deux clients semblaient s’en aller, il leur ajouta quelques mots.

- Vous partez ? J’vois que vous avez l’air fouineur. Comme vous cherchez du boulot, j’vais vous donner les consignes de sécurité : N’acceptez rien des Pirates, surtout de Sloth. Ca vous attirera que des ennuis ! J’garde mes distances personnellement mais vous trouverez surement autre part qu’avec ces vauriens.

L’humain et le nain sortirent donc de l’établissement, gardant des distances pour rester discrets, mais sans pour autant les perdre de vue. Un si gros groupe était simple à prendre en filature. Mais leur poursuite fut assez courte, quand les mercenaires montèrent à bord d’un des navires à quais. C’était un navire marchand tout ce qu’il y a de plus classique, assez robuste. Sur son flanc, on trouve l’inscription « L’Iceberg », en thorass stylisé.

Madawc et Arkhan se retrouvèrent donc sur les quais, l’Iceberg en face d’eux, un ponton non gardé le reliant à la terre ferme.

Kipepeo et Norim

L’Aspidochélon avait fier allure alors qu’un bon vent l’amenait en vue de la ville. Norim avait su éviter les marins, et ces derniers en avaient fait de même. Très peu habitué à la vie dans un navire, l’un des marins vint tout de même apporter au Nain une paillasse matelassée à poser sur le sol. Certes, c’était tout de même désagréable à cause du mouvement, mais Norim put apprécier le geste. Mais à part cela, il s’épargna les interactions sociales. Kipepeo avait quant à elle su apprécier la présence des marins lors des festivités de la soirée. Tous très sympathiques, ils étaient loin d’une mentalité de pirate. Ils lui semblèrent tous à la fois très compétent, et sure d’eux. Enfin, leur confiance en leur capitaine était grande. Au delà d’une simple prise de connaissance, cette soirée se révéla très divertissante.

Les deux amis restèrent ensemble durant la traversée, et les marins vaquèrent à leurs occupations, interagissant rarement avec eux, bien que restant sympathique. Le capitaine Achille resta cependant assez distant. Et toujours pas la moindre idée sur l’utilité potentielle de l’énorme coquillage au centre du bâtiment.

Alors que le navire était en vue du port de Dilpur, Norim et Kipepeo se rendaient sur le pont pour assister à l’amarrage et découvrir la ville. Et c’est à ce moment qu’Achille vint leur toucher quelques conseils.

- Vous avez fait bon voyage ? Je l’espère ! Je vous dépose ici, comme prévu. Vous allez voir, c’est une belle ville. J’y ai passé beaucoup de temps, je n’ai jamais été déçu. Mon navire va rester amarré dans ce port pendant une petite dizaine, je dois simplement régler quelques affaires personnelles. Si vous avez besoin de quelque chose, je pourrais peut être vous aider. Et j’ai eu vent de rumeurs inquiétantes, mais bon, je me dis que vous en avez vu d’autres avec Booney.

Alors que le navire entrait dans le port, les marins s’activèrent pour amarrer le géant. De nombreuses personnes sur les quais tournèrent la tête avec admiration vers le mastodonte qu’était l’Aspidochélon. Les quais de la ville se divisaient en deux parties : une partie supérieure, sur laquelle les navires s’amarrent, composé d’un quai et de bâtisses en tout genre, entrepôts, auberges, tavernes en tout genre, et une seconde partie, sous les quais, composées d’habitations à même la pierre, construites à la limite de l’inondation par temps de grande marée, mais logeant les familles plus pauvres et permettant à des petits navires de jeter l’ancre sans soucis. Sous un pont, il semblait possible de remonter la rivière à travers la ville. La ville regorgeait d’activité et il ne fallut pas longtemps aux deux aventuriers pour se rendre compte du dynamisme des habitants de Dilpur. Il fallut tout de même une vingtaine de minutes pour fixer solidement le navire et faire descendre le capitaine et ses invités. Un regroupement s’était formé pour admirer le navire un peu plus bas. Une fois sur les quais, Achille toucha quelques mots à ses invités.

- J’espère, que vous vous y ferez. Ah une dernière chose : si vous avez des ennuis, parlez à Arnoff Soufnak, un vieil ami, responsable de la garde. Il saura vous aider, c’est un homme droit. Dites lui que vous êtes avec moi, et vous aurez peut être la chance de gouter les pâtisseries d’Hermine.

Avec un clin d’œil, il laissa les deux aventuriers sur le quai. Il n’était même pas midi, la journée leur appartenait.

Retournant à ses affaires stockées sur la paillasse généreusement prêtée, le nain apprécia l'aide de la halfeline, qui devait avoir du mal à porter les plaques les plus lourdes, mais au moins pouvait-elle facilement faire passer ses doigts dans les sangles pour les régler, même celles qui étaient dans son dos. Par contre, il apprécia un peu moins le surnom, comme il lui l'indiqua, car c'était peut-être affectueux, mais pas à son goût, même s'il avait déjà connu pire :

- NonMaisHo ! J'ai une tête à m'appeler Nono ? Je suis Norim FièreHache, le tueur de Troll, il y a une limite à ce que je peux accepter tout de même. Si tu n'arrêtes pas je t'appelle gamine, après tout, tu en as la taille et le tempérament.

Il vérifia les derniers liens et commença à faire quelques pas, pas encore habitué ni au poids de cette nouveauté, ni aux mouvements d'un navire quelconque, direction la sortie du navire, enlevant tout de même le heaume pour le moment, car ce dernier n'était pas pratique.

- Mais en effet, on ferait mieux d'y aller.

En réalité, pas vraiment, comme ils purent le constater. Le bateau prit du temps à accoster, ce qu se comprenait, avec la taille du monstre à bord duquel ils étaient. Ils purent au moins prendre le temps d'observer la ville dans laquelle ils allaient accoster et écouter les conseils du corsaire. Ce n'était pas brillant, car même si la ville elle-même était belle, il semblait que c'était pour partie grâce à une pauvreté extrême des classes les plus basses de la société, qui pouvait décéder à la moindre tempête. Malgré tout, c'était tout de même mieux que le système de Luskan, qui se basait sur des esclaves.
Le temps qu'ils soient prêt à débarquer, capitaine leur donna quelques conseils, non dénués de bon sens, quelques informations de énième main et quelques adresses où trouver de l'aide en cas de besoin, Norim songeant qu'ils feraient leur possible seuls, mais qu'en cas de besoin, il irait certainement d'abord voir Messire Soufnak avant de retourner à l'Aspidochélon.

Descendant du quai, le guerrier put voir que la ville était active, ce qui était une bonne chose, c'était du moins plus agréable qu'une ville morte, et une ville vivante voulait aussi dire une ville où l'on trouvait facilement ce que l'on cherchait, ce qui n'était pas pour lui déplaire.

- Enfin sur la terre ferme ! s'exclama-t-il, pas mécontent d'arrêter de naviguer, avant de demander à la halfeline. Tu veux commencer par quoi ? Pour ma part, je te proposerais bien d'aller manger un bout, un vrai, et de se réserver des chambres pour la nuit, je ne voudrais pas me retrouver à la rue par manque de place.

Kipepeo eut un éclat de rire qui résonnait dans son âme comme une guérison complète. La joie était revenue et son ami avait été l'un des maîtres d’œuvre. Comme c'est dommage, c'était bien quand même Nono. Tu sais dans les comptines il y a un célèbre automate "Nono le petit robot, ami d'Ulysse" ! Mais bon, d'accord dit-elle en levant la main en signe de paix, Pas de Nono ! Note quand même que tu n'es pas le seul tueur de Troll présent sur ce navire ! Levant fièrement la tête elle continua : tu as devant toi Kipepeo Manhiliel, Barde Roublarde ET Tueuse de Troll tout pareil ! On fait une équipe qui fera trembler les fondements des royaumes ... hein Nonnn... Norim ! Ses yeux clairs brillaient de mille étoiles de taquinerie et de cette passion de vie qui s'était allumé dans son âme, une furieuse envie de tout ce que le monde pouvait lui offrir.

Heureuse à la joie de son ami de retrouver la terre ferme, elle se retourna une dernière fois pour se remplir les yeux de cet étonnant bateau qui l'avait transportée vers de nouveaux horizons. "Pâtisseries d'Hermine" était quelque chose qui s'était bien imprimée dans la tête de la petite gourmande. C'est sûr qu'ils ne devaient absolument pas rater ça ! Elle rendit le clin d'oeil de leur capitaine ajoutant un sourire étincelant et accompagna Norim sur les quais.

Il lui semblait à présent avoir parcouru un long chemin qui la menait vers de nouvelles puissances et de nouveaux apprentissages. Mais elle n'oublierait pas ceux qui avaient croisés son chemin, ceux qui lui avaient donné une dure leçon, effaçant sa vision manichéenne du monde, en lui assénant la dure réalité, la forçant aux nuances dans son jugement, chose bien plus compliquée qui exigeait davantage de sagesse et de maturité.

Pour l'heure le mode était à l'enthousiasme. Elle se remplit les yeux et les narines de ces nouveautés, un peu légère et perturbée par un sol qui ne bougeait plus.
- Comme tu veux ! Un halfelin ne refuse jamais une occasion d'entre-déjeuner ou de goûter à des nouveautés. Mais de grâce, pas une auberge où crèchent des pirates ou des mages ...

Le jeune homme était motivé et le travail avançait bien, le prêtre décida de creuser le sujet jusqu'au bout pour pouvoir repartir sans regrets.

-Je n'ai pas grand chose d'autres que des rumeurs mais... Je comptes sur votre discrétion à ce sujet : un groupuscule serait à l'origine de tout ça, peut-être pour faire main-basse sur le port de la ville, peut-être pas. Comme piste je n'ai que le dénommé Illim qui serait peut-être mêlé à tout ça... rien de bien consistant désolé...

Lâcher un nom comme ça était risqué, mais tant qu'il n'évoquait pas les marins de Betena le seul qui pourrait en pâtir serait lui-même. Et il était prêt à prendre le risque.

-... d'ailleurs au point où j'en suis votre effondrement sur les quais pourrait tout aussi bien être un point de départ comme un autre. Savez-vous si c'est un dock qui s'est effondré ? Une habitation ?

Une fois la tâche fini il ajouta :

-Si je pouvais aussi abuser de votre aide pour remettre mon armure, je vous en serais gré. Elle est bien pratique contre les monstres, mais beaucoup moins dans la vie de tous les jours...