La Maison d'En-dedans, L'Orbe du Dragon - Dame Braguelongue

-La Dame que tu vas rencontrer se nomme Gentiane Braguelongue, elle est la sœur de celle que tu devais rencontrer, lorsque tu la rencontreras tache de faire preuve de tact, ce n'est pas une journée très lumineuse pour elle.

Le hin soupira, n'osant imaginer ce qui passerai dans la tête de Dame Gentiane en remords, elle qui se reprochait d'être arrivée trop tard alors que la fatalité avait arrangé son emploi du temps pour que des aventuriers de diverses provenances arrivent tous en même temps, trop tard, pour répondre à l'appel au secours de la défunte.

Le Fils du Clan des Languelions des Monts Trempefeu jeta un dernier coup d’œil sur les humains suspendus avant d'amorcer le mouvement retour vers la Maison d'En Dedans. Chemin faisant il pourrait continuer de converser avec le nommé Jehal.

-Je pense qu'en mon absence tu rencontreras un nommé Murdock, il est de ta race, avec plus de panache.il se permit un sourire taquin.
-Il sert vos dieux, il devrait revenir de la ville sous peu, tachez alors d'aider Dame Gentiane jusqu'à mon retour.

Régulièrement, et inconsciemment, le sauvage levait les yeux au ciel s'assurant que son ami ailé n'avait rien remarqué d'inhabituel.

-Sinon, je pense que si tu restes dans les parages tu auras affaire à d'autres personnes, on verra d'ici ce soir ce que ça donne.
Ce soir là il fallait l'avouer, le hin l'attendait avec plaisir, après des mois à voyager avec son binôme nain, il était pressé de retrouver sa compagnie et sa bonne humeur, au campement des hins devant les portes de Proskur.

Souvenirs et images fortes de ces derniers mois défilaient dans la tête du Soldat des Marches, qui ne trouva pas d’intérêt à relancer plus la conversation, préférant s'attarder sur des bribes de discussions passées, sur les relents fugaces de l'odeur propre aux sous-bois du Cormanthor, sur d'anciens tintements d'armes des combats qui lui revenaient en tête, au côté de ses amis.

Le visage du hin était désormais fermé, il doutait de retrouver un jour cette camaraderie, cette confiance, ou alors une fois rentré sur les terres de la Compagnie, ici il se lasserai surement vite de ces humains citadins, qui auraient du mal à comprendre sa perception du monde.

Maison d'En-Dedans

Chapitre 2b de L'Orbe du Dragon

4ème jour du Pourrissement
Voyage dans les collines
Climat : frais, venteux

lien vers le RP de Narvarth


Jehal reprit son chemin après avoir prit congé de l'halfelin. Un bien étrange personnage qu'il pressentait avoir du mérite et qui pourrait bien agrandir ses connaissances dans bien des domaines. La prudence restait de mise, alors que le jeune homme descendit vers cet étrange maison. Le pont qui l'en sépara donnait une vue imprenable avec sa rivière, la petite maison tout en pierre qui semblait avoir été façonnée par Dame Nature elle-même. L'Ensorceleur ne put que ressentir la quiétude de l'endroit, un endroit chargé de cette magie ancienne qui faisait vibrer les corde de son âme.

Sa rencontre avec l'halfelin lui avait appris bien des choses, notamment que celle qui devait rencontrer avait prit le chemin vers le jugement de Kelemvor. L'intendant Stolig qui lui avait confié cette mission n'était manifestement pas encore au courant de sa disparition. Il fallait que Jehal trouve un moyen de le faire, car il est certain que cela pouvait changer bien des choses dans la stratégie initiale des maîtres de la main des mystères.

Sans encombres il arriva à la petite porte d'entrée. Tout était silencieux, un silence des plus impressionnant. Après ce qui s'était passé, Jehal n'avait aucun doute que sa présence était déjà notée par la résidente. De fait, un grondement se fit entendre derrière lui. Se retournant lentement il découvrit une magnifique louve à la fourrure blanche. Le poil dressé, les babines retroussées sur des canines impressionnante, avec autour du cou un étrange médaillon. Dans le ciel son corbeau laissa échapper un croassement alarmant. Il n'aimait pas du tout les loups, qu'ils soient blanc ou pas. Ces prédateurs lui hérissait les plumes ...

Jehal méditait encore sur la situation saugrenue qu’il avait évitée à grand renfort de diplomatie et de tact lorsqu’il arriva dans une belle clairière et aperçue ce qui semblait être une chaumière de fort belle allure. Sacré Stolig tout de même, le gnome n’avait pas eu le bon sens d’avertir le halfelin de son arrivée. Et de plus celui-ci ignorait que Dame Braguelonge était maintenant six pieds sous terre. Pour un Archimage aux pouvoirs divins, les récentes actions du gnome n’avaient guère impressionné le jeune homme.
Et cette absence d’information s’avérait bien dangereuse pour les personnes sur le terrain, les personnes comme lui… Il devait d’ailleurs trouver un moyen rapide et fiable d’informer Stolig. Peut être sa pierre esprit fonctionnerait elle encore ?
L’ensorceleur ralentit le pas en constatant avec surprise que la main de l’homme ne semblait pas avoir bâti cette structure. Elle était simplement en harmonie parfaite avec la nature.

Prudemment le jeune homme s’approcha de l’entrée, il se sentait observé malgré lui. Un grondement le fit se retourner brusquement, une louve blanche, babine retroussée, laissant apparaître une rangée de croc plutôt dissuasive le dévisageait.

Jehal ignora difficilement les croassements d’effroi de son corbeau, il était en sécurité lui, pas comme l’ensorceleur. Il se maudit d’avoir déchargé son arbalète. Et maudit intérieurement le Halfelin également, comment avait il put omettre un détail comme une énorme louve blanche.

Un détail intrigua l’ensorceleur, la louve portait un médaillon étrange, peut être était il en face d’un ou d’une changeforme. Il en avait vu quelques uns à Halruaa dans sa jeunesse.

« Écoute-moi » commença l’ensorceleur et s’efforçant de bien articuler, il avait la désagréable impression de parler a un simple d’esprit. « Je viens en amis, je suis Jehal de la main des mystères et je viens de la part de Stolig, j’ai un message de sa part.»

Pendant qu’il parlait, le jeune homme récupéra doucement un carreau d’arbalète et le garda dans sa main. Il ne voulait pas se battre, surtout dans cette position défavorable, mais n’avais pas l’intention de mourir sans résister. Le jeune homme était conscient qu’il donnait des informations secrètes, cependant l’objectif était de gagner de temps, si il s’avérait que son interlocuteur n’était pas qui il croyait, il faudra la supprimer plus tard, par surprise si possible.



Saisit un carreau d’arbalète

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Jehal faisait bien de se méfier même si quelque part son esprit dictait qu'il avait peut-être en face lui un druide changeforme. Le regard de fauve observait sa manœuvre, alors qu'il se saisit d'un carreau d'arbalète. Il est vrai qu'il n'aurait pas grande chance seul en face de la louve au médaillon. Pourtant ces paroles durent être comprises, à moins que ce ne soit l'intonation de son appel : les crocs disparurent et la bête perdit de sa stature impressionnante provoquée par le hérissement de ses poils. Peut-être était-ce plus la curiosité qu'autre chose qui précipita la décision de dame Braguelongue. Sous les yeux de Jehal qui fut témoin de cette puissance de changer la forme, la gnomesse reprit son apparence réelle.

Un petit bout de femme aux yeux brillant d'intelligence. La magie laissait encore des traces pendant qu'elle parlait, brillant de cette brume argentée entourant le corps menu d'effluves scintillantes. A sa ceinture pendait cette trousse qui devait contenir des objet utiles à toute magie. Sa robe s'arrêtait à la hauteur de ses genoux et des pantalons serrant terminaient sur des pieds nus, sans nul doute entrainés à ne pas porter des chaussures. Elle ne portait nulle armure et nulle armes, chose normale pour un être pour qui la magie est seconde nature.

- La Main des Mystères est une guilde amie Maître Jehal, mais qui recèle aussi son lot de traitres et de démons d'après ce que j'en sait. Comment vais-je faire vous faire confiance, vous qui prétendez avoir un message d'un des dirigeants de cette noble institution ?

Même si sa voix était agréable, presque enfantine et d'une douceur toute féminine, Jehal pouvait déceler une formidable force en cette créature qui lui arrivait tout juste à la hauteur de son ventre. Il ferait bien de préparer une réponse qui pouvait ôter toute forme de suspicion rapidement. Le silence des lieux étaient impressionnant à la limite écrasant comme si sur cette bâtisse pesaient de lourds et anciens secrets, portés dans les pierres eux-mêmes.

Jehal avait vu juste, mais cela ne le rassurait que modérément. Un félin ordinaire, bien que dangereux n’aurait été que du menu fretin pour l’ensorceleur.

La il avait affaire encore une fois a un mage change forme dont le niveau était au moins égal a ses vieux mentors à Halruaa.
La voix de la gnome était agréable, enfantine mais pas fluette, cependant l’ensorceleur ne s’y trompait pas. Il sentait un danger sous jacent.

Encore une fois on lui demandait de fournir des preuves, encore une fois il n’avait pas grand-chose à dire. Bien qu’ensorceleur, le jeune homme n’était pas vraiment à l’aise avec les intrigues trop subtiles, c’est pour ça qu’il était devenu mercenaire. Un métier simple au fond, massacrer l’ennemi avant qu’il ne vous massacre et toucher sa solde.

-« Je suis un messager de ce qui était autrefois l’assemblée et qui se nomme aujourd’hui la main des mystère.

Ce parchemin m’a été remis en main propre par Stolig un cadre dirigeant de la main des mystères à destination de Dame Bragelongue, afin d’éviter les fuites d’information, je n’en sais pas plus. Je ne suis qu’un messager qui arrive un peu tard.

Je ne vous veux aucun mal, et … de toute façon vous m’avez l’air d’une personne qui ne craint que très peu de monde ».

L’ensorceleur n’avait pu empêcher de faire éclore un demi-sourire sur la fin de son discours. Afin de donner du poids à ses paroles il remit lentement la flèche dans son étui, se redressa et força ses muscles à se détendre.

« Je crains d’avoir lésiné sur la courtoisie, je m’appelle Jehal, enchanté ma Dame »

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Chapitre 2b de L'Orbe du Dragon

Date : 4ème jour du Pourrissement
Lieu : La Maison de Dame Braguelongue
Climat : Frais, venteux




Une petite main jaillit au bout d'un bras fin, quémandant la missive mentionnée par Jehal. Les yeux étincelants de larmes refoulées sans doute à la mention et à la pensée de sa soeur gisant là-haut ne souffraient d'aucun refus. Elle observa le sceau scellant le parchemin pendant quelques instants, sans doute pour en vérifier sa conformité, mais aussi pour s'assurer qu'elle pourrait l'ouvrir sans danger. Au bout de quelques instants, la jeune femme le déroula et se mit à lire, les lèvres formant les mots qu'elle déchiffrait, essuyant une larme d'un revers de main presque rageur.

Lorsqu'elle eut terminé, elle leva la tête vers le messager : Oui, bon il est vrai que vous êtes arrivé trop tard ... lui-dit elle sans ambages. Bon, autant vous rendre utile. Nous devons mettre un peu d'ordre ici. Un paladin est parti vers Proskur pour rameuter la ville et sans nul doute nous allons avoir du monde à la maison. L'autre, un halfelin est en quête d'informations auprès des grands de la forêt. J'aurais du aller avec lui, mais je ne puis laisser ici le cadavre de ma soeur. Et puis il y a Perline, son écureuil, va falloir l'empêcher de mourir aussi. J'ai pu la ranimer mais la route vers sa guérison va être longue....

Tout en parlant, la gnomesse invita Jehal à entrer dans cette étrange maison. Le grand hall où trônait l'escalier avait un plafond de bois, soutenant le premier étage. Directement à sa gauche un petit espace tout en rondeur aménagée de bancs et de coussins, petit lieu idéal pour la méditation ou l'étude d'un grimoire. Le haut de l'escalier donnait sur un étage, où Jehal distinguait deux portes qu'il imaginait être des couloirs. A la droite du hall au-delà d'une arche, éclairée par une grande fenêtre, un salon d'accueil à en juger les fauteuils, les tables basses, les tapis aux murs et les babioles, la seconde arche révélant le coin pour prendre ses repas. De part et d'autre de l'escalier deux portes qui semblaient s'enfoncer dans la colline. Prenant l'étage, ils arrivèrent à un petit palier où s'alignait deux portes. Dame Braguelongue entra dans celle de droite.

Une chambre à coucher toute ordinaire si celle-ci ne se trouvait pas dans un désordre indescriptible. L'armoire du fond avait été ouverte, et des vêtements jeté pêle-mêle dedans, en petits tas de soie, velours et lin. Le petit bureau vidé de ses parchemins, certains d'entre eux à terre, où des traces de sang se formaient en croute. Le mur au dessus du lit portait également des longues traînées de cramoisi, comme si un peintre fou s'était amusé à jeter du bout de son pinceau sa palette de peinture rouge. Sur le lit, entre les draps complètement chiffonné, Jehal vit un bout de bras et une minuscule main qui pendait dans le vide comme un appel muet, alors qu'une jambe se trouvait de l'autre côté. Les draps étaient encore humide de ce sang qui avait été versé, alors que l'odeur acre de la mort vint compléter le tableau d'une atrocité et d'une malveillance rare.

Sur la commode était allongé un écureuil portant un mince collier où était sertie une minuscule pierre bleue. Ses yeux étaient à demi fermés de souffrance, même si il était visible qu'il avait déjà été soigné. Gentiane s'approcha de lui et lui caressa doucement le poil, murmurant des paroles rassurantes. Le petit être semblait se calmer un peu, son corps se détendit en un profond sommeil réparateur. Vous aimez les animaux Jehal ? Dit-elle d'une voix distraite. Sans vraiment attendre la réponse, elle commença à ranger, autour du lit comme si elle n'avait aucune envie de voir le corps de sa soeur pétrifié dans la mort qui l'avait surprise dans son lit.

Jehal observait avec circonspection la gnomesse, elle détenait un pouvoir étonnant pour un être de cette taille. Même si l’ensorceleur était au courant de ces choses, c’était toujours dérangeant de voir autant de puissance dans une si petite personne.

Le jeune homme souffrait encore des conséquences de ça marche forcé, il n’écouta que d’une oreille le discours de la mage car le danger immédiat était passé. Il apprit qu’en plus du halfelin, un paladin travaillait également avec eux. Jehal hésita à classer cette information dans les bonnes ou mauvaises nouvelles. Il avait connu beaucoup d’entre eux durant les guerres gobelinnes pendant ses années de mercenaires. Nul doute qu’ils étaient de puissantes machines de guerre. Leurs techniques redoutables et leurs armures lourdes avaient fait des ravages chez l’ennemi. Cependant c’était des gens avec un esprit trop rigide, pas assez fourbe, pas assez malin.

L’ensorceleur passa machinalement sa langue sur ces lèvres, cette information le contrariait sérieusement. Envoyer un paladin en reconnaissance c’était comme envoyer un loup dans une bergerie pour compter le nombre de chien qui garde le troupeau, Un échec catastrophique en puissance.

Ils entrèrent dans la demeure, Jehal suivant prudemment la gnomesse deux pas derrière elle. C’était une chouette demeure, un salon d’accueil contenant des fauteuils très alléchants. Jehal était fatigué et le raffinement des fauteuils lui donna envie d’écourter la visite. S’avisant que ce ne serait guère poli, il suivit a contrecœur la magicienne gnome.
Le premier étage s’avéra beaucoup moins sympathique, d’abord, le cadavre, qui devait être tout frais car il n’avait pas encore commencé à empester. Quelqu’un devait annoncer à ça sœur encore en vie qu’il était temps de commencer les funérailles.
Jehal venait de poser les yeux sur le pauvre écureuil lorsque la dame Bragelongue lui demanda si elle aimait les animaux.

« Pour ne pas vous mentir magicienne, je suis un homme de circonstance, j’aime les animaux qui combattent avec moi, et je laisse en paix ceux qui en font de même. J’éprouve cependant une aversion sans fondement pour ceux qui possèdent du venin. »

Le jeune ensorceleur adressa un sourire discret à l’écureuil avant de reprendre la conversation.

« Était ce sage d’envoyer un paladin en éclaireur madame, la discrétion est un mot dont ils ignorent le sens. L’halfelin que j’ai croisé sur le chemin aurait fait un bien meilleur choix. Et… Pardonnez moi ma franchise, mais ne serait ce pas temps de commencer dignement et sans attendre les funérailles de votre sœur ? »

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Chapitre 2b de L'Orbe du Dragon

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La halfeline semblait un peu hagarde et sursauta lorsque l'ensorceleur lui proposa de préparer les funérailles. Elle lui jeta un regard rapide, un regard dans lequel pouvait se lire une envie de le jeter dehors. Mais elle se ravisa, sans doute car Jehal avait raison, même si elle n'avait pas envie. Machinalement elle répondit :

Je n'avais qu'un paladin et un rôdeur sous la main. J'espère qu'ils vont mener leur missions respective à bien. Par où commencer ? Je ne sais pas comment y faire avec des ... morts ? ...


Elle regarda les draps jetés sur le corps de sa soeur. Elle fit un geste à Jehal pour de l'aide. Jehal comprit pourquoi elle tournait autant autour du pot : le corps avait non seulement été sectionné, mais il fallait ramasser une jambe qui trainait à terre de l'autre côté du lit pour la remettre à sa place. L'horreur ne fit que commencer. D'un geste rapide, comme pour conjurer le sort, Gentiane enleva le drap pour bien montrer ce que la créature malfaisante avait fait.

La tête ne tenait au corps que par une vertèbre mal coupée. De la blessure d'où aucun sang ne coulait plus, se formait une croute noire fendillé sous laquelle on trouvait encore le cramoisi sanguin. Le ventre de la dépouille avait été ouvert de haut en bas, tel le sort subit aux sacrifices de ceux qui se targuent de lire l'avenir dans les entrailles. La jambe manquante attendait qu'on la ramasse pour pouvoir la remettre à sa place. Seul le visage de la morte où quelques gouttes de sangs avaient fait comme des taches avait heureusement les yeux fermés, même si la bouche entrouverte laissait deviner un cri de surprise, cri que personne n'entendit. N'avait-elle pas eu le temps de voir son agresseur ? Il était à espérer que ce dernier avait d'abord tranché la gorge avant de s'amuser à la taillader ainsi...

- Il faut la nettoyer et puis remettre les membres en place, et puis la bouger aussi, mettre des draps propres et ... trop affectée la petite femme ne put continuer. D'un geste machinal elle alla à l'armoire éventrée pour y trouver une robe qu'elle puisse mettre sur le corps meurtri. Je dois peut-être aller chercher du fil à coudre ?

Jehal voyait bien que c'était au delà des forces de la jeune femme. Avec un peu de chance, le paladin envoyé reviendrait avec des prêtres bien plus à même de s'occuper de ce genre d'exercices. Elle avait l'air aussi fatiguée que lui, passant sa main sans cesse sur son front comme pour atténuer une migraine, ou chasser de la fièvre ou encore des images qu'elle n'arrivait pas à intégrer dans ses pensées... C'est alors qu'il crut entendre comme un grattement venant d'en bas. C'était ténu, mais il était sûr de n'avoir pas rêvé

Le corps avait été affreusement laissé à l’abandon. Jehal retint un soupir en voyant l’état de sa nouvelle protégée. Il était dur d’enterrer un proche, cependant en soi, ce n’était pas une excuse. De part le nombre intéressant de cadavre qu’il avait croisé durant sa courte vie, Jehal savait qu’il fallait rester insensible durant les taches afférentes aux funérailles, et c’est ensuite qu’on pouvait se permettre de redevenir humain, de pleurer les disparus.

L’ensorceleur ignorait si c’était le nombre affolant de cadavre ou son allégeance à Cyric qui l’avait rendu extrêmement résistant à la détresse de la gnome. Cependant, à défaut de la partager, il comprenait et respectait cette souffrance. Il était sur que cette maison contenait quelques sacrées bonnes bouteilles d’alcool. Et chaque enterrement méritait sa gueule de bois. Difficile de célébrer sans alcool pour l’ensorceleur.

Le cadavre était froid, il commençait à sentir, et les mots vide de sens de la gnome trahissait son chagrin. Jehal allait lui proposer de se charger du travail difficile quand un bruit suspect attira son attention.
Instantanément l’ensorceleur se mit à réfléchir, c’était un grattement, et bien que facilement assimilable a un son normal, les doses d’adrénaline de la journée lui permirent de se concentrer.

Le bruit venait du rez de chaussé. Ce n’était ni le Hin, trop poli pour rentrer sans invitation, ni le paladin car personne ne criait effrontément en trimbalant une armée de casserole.

« Gentianne » Commença l’ensorceleur d’un ton qui se voulait assez sec et pressant pour retenir son attention immédiatement. « J’ai entendu comme un grattement qui venait du rez de chaussé, je ne pense pas que ce soit vos amis. Avez-vous une idée de qui c’est ? »

Pendant qu’il prononçait c’est mot, Jehal pris soin d’armer méticuleusement et silencieusement son arbalète de poing et de se placer face à l’escalier.
Il ne put s’empêcher de remarquer que le destin avait un message pour lui aujourd’hui, trop d’événement, trop de tension. Heureusement, à la fin des fin, en tout est pour tout, il restait Cyric, et ce dieu était toujours partant pour un casse croûte.




Met un carreau dans l’arbalète.

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Jehal regarda au bas des marches, sans pour autant parvenir à détecter la source du bruit de grattement. Gentiane s'approcha à son tour, toujours silencieuse dans ses mouvements. Descendant les marches, Jehal parvint à déterminer que les bruits provenaient de la porte d'entrée. Quelque chose était manifestement en train d'y gratter.

- Oh non, qu'est-ce que c'est encore... gémit la gnome inquiète.

Mais comme rien n'était visible derrière les carreaux de la porte, et que le bruit continuait ainsi, ils s'approchèrent encore et encore. Reprenant courage, la gnome fit signe qu'elle allait ouvrir la porte, laissant à Jehal l'occasion de se positionner pour avoir le meilleur angle sur l'intrus.

Mais lorsque le battant s'ouvrit, ils ne virent qu'un petit animal, une modeste belette, qui se dressa sur ses pattes arrière en humant l'air et en regardant tour à tour les deux humanoïdes de ses petits yeux noirs. Gentiane éclata de rire, relâchant la tension accumulée.

- Alors, qu'est-ce qui t'amène ici, petit farceur ? dit-elle plus pour Jehal que pour l'animal, qui ne comprenait sans doute pas la langue des hommes. Puis le mustélidé se mit à émettre de petits couinements, auquel la gnome répondit le plus naturellement du monde, engageant un singulier dialogue.

- Bizarre, commenta la gnome. « Il m'a parlé de rats qui seraient venus, mais il n'a pas su me dire quand. Il faut dire que ces petites bêtes n'ont pas la même notion du temps que nous. Apparemment il était assez importuné, et il voulait savoir si la propriétaire des lieux ne pouvait pas faire quelque chose contre eux… En fait je crois qu’il me prend pour ma sœur, ils devaient discuter ensemble de temps en temps. »

La belette se remit à quatre pattes, et huma l’air autour d’elle. Drôle de rencontre. Mieux valait en profiter tant qu’elle était encore là, ou reprendre leur sale besogne à l’étage…