La Maison d'En-dedans, L'Orbe du Dragon - Dame Braguelongue

Forcément, ses yeux étaient rivés sur les gestes de l'humain, Narvarth ne put ignorer l'ensemble de détails plaçant son adversaire sur la défensive. Et à mesure que l'un reculait, l'autre avançait doucement, en réponse au mouvement vers le carreau ce fut les poignets qui pivotèrent, et lorsque le son de la voix de l'arrivant se fit entendre, une colère sourde monta à travers le corps du semi-être.

-Alors délivre ton message, humain, ceux de ta race ne sont pas les bienvenus en ce jour dans la demeure des Braguelongues, et crois moi quand je te dis que ton message à intérêt à me plaire!

Le hin siffla, un coup sec, aigu, en réponse de quoi Elesil s'approcha encore, volant en cercle rapprochés, protecteurs, au dessus de son ami, lâchant régulièrement des petits cris d’excitation.

Gentiane Braguelongue lui avait promis un trajet rapide, et voilà qu'à peine parti de la demeure il se retrouvait déjà nez à nez avec un voyageur dont la présence en ces lieux n'avait rien de fortuite.
La patience envers les humains n'étant pas le fort du sagespectre, il reprit.
-Je t'écoutes humain, que veux tu à Ma Dame?

Une chose était sure pour le hin, avec le drame qui avait eu lieu plus tôt dans la journée, jamais il ne laisserait passer la moindre menace pour la sœur survivante, et Elesil au dessus de lui partageait le point de vue.

La réponse du Halfelin fit naître un espoir au yeux de Jehal, il n'avait envie de se battre contre personne après une grosse journée de marche. Cependant tout les doutes n'étaient pas effacés. Bien entendu le ton belliqueux du halfelin n'arrangeait rien.

Le jeune ensorceleur se fit violence pour arrêter de reculer, il y avait sans doute une méprise. Mais il n'avait pas l'intention de se faire trucider pour rien.

- Arrête toi la Halfelin, j'ai un parchemin d'une connaissance commune à transmettre à ta dame. Cependant je ne te connais pas, je n'en dirait donc pas plus avant de la rencontrer en personne. Si tu sert la Dame Braguelongue, Il est inutile de nous étriper. En signe de bonne volonté...

En mettant des actes sur des paroles le jeune homme posa lentement son arbalète chargé à terre. Il fit cela sans quitter du regard le Halfelin. Si le petit homme était bien ce qu'il était, un allié des Braguelongue, toutes ces menaces et cet étrange affrontement ne rimait à rien. Dans le cas contraire, Jehal n'avait fait qu'un geste de paix qui ne lui coûtait que peu, il se remémora ses sorts, prêt à passer à l'action. Avant de travailler pour la main des mystères, avant même d’être mercenaire, il avait fait partie de la noblesse de Halruaa, c'était un mage né et personne ne le truciderai sans le payer très chèrement



Pose l’arbalète à ses pieds

Aucun signe perceptible de l’apaisement du hin ne fut réellement visible, un doute persistait toujours et compte tenu de la situation, il devait l'éclaircir avant de laisser quelque liberté d'action à l'arrivant.
-Je sers une Dame Braguelongue, celle qui respire encore, et pour ce qui est de la bonne volonté, de ma part, je te laisse ton souffle pour m'en dire plus, et crois moi c'est déjà beaucoup, humain.

Il espérait que l'humain ferait preuve de sagesse, à divulguer d'avantage d'informations pour prouver sa bonne foi, bien que le hin comprenne qu'il ne pouvait pas forcément en dire plus à un parfais étranger, l'humain devrait prendre le risque de dévoiler un minimum son identité, ou celle de cette connaissance commune avec la défunte pour acquitter du droit de passage envers le sagespectre.
-Qui es-tu, viens tu de la ville? Comprends moi bien inconnu, je ne peux pas te laisser approcher de la demeure, pas après ce qui s'y est passé ce matin, tant que j'ignore si je peux te faire un minimum confiance, il en va de la sécurité de ma Dame autant que de mon honneur.

A la suite de ce léger adoucissement, reconnaissable lorsqu'on connaissait le hin, le Fils du Clan attendit de voir ce qui résulterait de cette dernière chance laissée à l'homme au corbeau.

Jehal s’aperçut avec soulagement que son adversaire était doué de raison. Il ne put s’empêcher de laisser éclore un petit sourire désabusé sur son visage. Il avait connu ce genre de situation plus que ce qu'un homme de son age devrait. Il ne pouvait guère en dire plus à son potentiel adversaire, et celui-ci, si il était vraiment du coté des Braguelongues ne pouvait pas non plus le laisser passer sans autres information.


- Mon ami, j'aimerai bien t'en dire plus, réellement, mais comprend ma position, je ne peux pas te donner d'autres informations car je ne sais pas si tu es de mon coté. En revanche tu peux m'en persuader. Et dans ce cas, et ce cas la seulement je te donnerai plus de détails sur ma venue. Je ne te demande pas des informations vitales, je te demandes des détails qui ne sont pas vitaux afin de me persuader que tu es bien ce que tu dis être. Je n'aime pas cette situation plus que ça, mais se serait trop bête de nous entre-tuer pour rien. Ou sinon, amène moi la destinataire. Pour ma part je ne dirai qu'un mot afin de montrer ma bonne volonté : Stolig.


A vrai dire, l'ensorceleur n'en savait pas vraiment plus, il espérait être tombé sur un garde de la dame mais était pret à se battre dans le cas contraire. Apres tout, cela faisait un petit moment que son dieu n'avait pas eu sa dose de sang.

Il devenait vraiment indispensable d'avoir cette conversation avec le seigneur centaure, les éléments que Théodus n'avait pu leur fournir lui manquaient cruellement, et là il allait devoir s'en remettre à son jugement.

Gentiane lui avait juste annoncé que plusieurs guildes avaient eues une réunion avec la sœur défunte, c'était maigre comme informations, il en déduisait donc que c'était suite à cela que Théodus les avaient dépêchés à la maison d'En-Dedans, Mirtzar et lui. La rencontre avec Dolores appuyait le fait que d'autres que la Compagnie semblaient concernés, voilà donc pourquoi le nom évoqué par l'humain le fit tiquer. Dans les terres des Marches où patrouillaient les Soldats de la Compagnie, les dangers étaient grands, voilà pourquoi le hin avait entendu parler de ce Stolig, il faisait partie de ce regroupement de magiciens que les envoyés du Bastion épaulaient à l'occasion, du moins c'est ce qu'il semblait au hin.

Malheureusement il ne pouvait demander plus d'éclaircissement à l'humain sans ré-envenimer la situation, le temps pressait, et il fallait se décider.

Par respect pour la sécurité de Dame Gentiane, il ne pouvait laisser l'humain la rejoindre seul, il devrait donc rebrousser chemin jusqu'à la demeure familiale de la Gnome en gardant son interlocuteur à l’œil jusqu'à ce que sa protégée valide la bonne foi de l'homme au corbeau.

-Hum, je doutes que ce scélérat de Cafard ou ses amis aient déjà entendu ce nom, je dois donc supposer que ta venue à la Demeure des Braguelongue est nécessaire, mais comprends moi bien humain, si je te laisse t'y rendre, ce n'est qu'en t'accordant un sursis, si jamais Dame Gentiane décide de ne pas se fier à toi nous reprendrons cette conversation, je t'accompagnes auprès d'elle, ramasses ton arbalète, mais ranges tes carreaux, tu ne voudrais pas que je me méprenne sur tes intentions.

Le hin gardait ses lames sorties, faisant bien comprendre à l'humain qu'il restait à sa merci malgré l’apaisement léger de la situation. D'un geste du menton, il lui désigna le chemin duquel il venait.
-C'est par là pour la suite voyageur, à moins que tu n'ai mieux à faire ici?

Un sourire carnassier agrémentait cette dernière phrase, comme si une dernière fois le hin espérait que l'humain lui donne raison de se méfier, comme s'il espérait une quelconque provocation pour prouver que ce n'était pas une race fiable.

Le ton du halfelin commençait à porter sur les nerfs de l'ensorceleur. Bien qu'il ai besoin de se travail, c'était vraiment ennuyeux de devoir se farcir ce duel de virilité. Le jeune homme avait fait le nécessaire en terme de calme et de courtoisie, et fut un temps ou il aurait décocher ces carreaux pour moi que ça.

Il ne doutait plus que son adversaire était réellement au service des Braguelongue, il n’appréciait tout de même pas se mettre à nu. De plus l'halfelin connaissait son affaire, il y avait de l'assurance derrière la prudence et ses parole tranchantes. Si la rencontre se passait mal, il ne pourrait pas faire grand chose sans son arbalète et son familier. En grognant il récupéra son arbalète, jeta un dernier regard à l'halfelin, et décida en soupirant d’obtempérer. Il désarma celle ci.

Je m'appelle Jehal, mon ami, et toi quel et ton nom ? Il faut que tu saches que de nombreux ennemis connaissent la localisation de la Dame, à vrai dire, je me suis contenté de suivre deux de ces scélérats, ils ont eu la mauvaise idée de ne pas suivre le sentier, sans doute pour ne pas se faire repérer. Des énormes plantes les ont massacrés. Donc je suggère de faire les présentations rapidement et de plier bagages. Et range donc tes couteaux, depuis le début c'est moi qui faire des efforts, un minimum de courtoisie Halfelin.

Sans attendre de réponse il leva son bras gauche et appela Shim afin qu'il se loge sur son épaule.



Désarme l’arbalète
Rappel du familier.

Il fallait bien l'avouer, le ton et les gestes du voyageur fit naître un autre sourire sur le visage bougon du sagespectre, cet humain n'était peut être pas complètement perdu, il faisait d'avantage preuve de bon sens que la majorité de ses semblables. Les armes de ce Jehal rangées, le hin devint plus serein sur la bonne foi de l'arrivant, seulement les dires de l'humain balayèrent tout ça d'un coup de vent.

-Attends Jehal, que dis tu? Des personnes étaient en route pour le Domaine? Où sont ils? Que sait-tu sur eux?

Le Fils du Clan se rendit compte qu'il en demandait peut être trop à son interlocuteur, il devrait surement faire preuve de bonne foi et lui donner quelques détails s'il voulait de la coopération de sa part.
-Excuse mon empressement, je suppose que tu en comprendras l'importance quand tu en sauras plus, je suis Narvarth, je ne sers pas réellement les Braguelongues, disons que j'ai fait ce que j'ai put pour les aider, mais comme toi j'ai été envoyé ici pour les rencontrer, la dame de la Demeure que tu recherches n'est plus, le sang de son assassin sèche encore sur mes lames, c'est pour ça que je ne les ranges pas à la légère, la situation reste tendue dans les parages. La Dame Braguelongue survivante n'est pas très loin derrière moi, comme je te l'ai dit je t'y amènerai, mais montre moi les deux scélérats avant, et je t'avouerai que tout ce que tu peux me dire sur eux m'aiderai, et t'aiderais peut être à t'y retrouver.

La discussion prenait une toute autre tournure, le hin espérait ne pas être déçu par l'humain, déjà au niveau de ce qu'il pourrait lui transmettre sur les deux piégés, mais surtout sur son comportement dans les moments à venir, car si Narvarth le supposait bien, il aurait de nouveau affaire à cet humain qui comme eux tous avait été envoyé à Proskur rencontrer l'illustre gnome malheureusement défunte.

Ayant rangé son arbalète, le jeune ensorceleur dévisagea un instant Narvath. Comment se faisait t’il qu’il ne savait pas pour le sort pourtant très puissant qui avait eu raison des deux affreux. Il ne semblait pourtant pas jouer la comédie, et de plus n’avait pas vraiment l’air de ce que Jehal se faisait d’un maitre mage. Y aurait-il un autre tiers impliqué ?

Ne t’en fais pas Narvath, si ils ne sont pas morts, ils le seront bientôt, viens je vais te guider.

Jehal attendit que le halfelin s’approche un peu et nota sa démarche souple et assurée. C’était clairement un combattant averti. Puis il s’avança prudemment dans la zone ou il avait laissé les deux brigands.

Je ne sais rien d’eux mis à part qu’ils cherchaient la résidence de Braguelongue. Ils ont mentionné le chêne des gardiens, ils attendaient quelqu’un qui n’est pas venu, sans doute votre assassin. Sinon, une très puissante magie entoure ce manoir, qui en est l’auteur ? Je ne pense pas que ce soit toi.

Jehal avançait maintenant très prudemment, il n’avait pas du tout l’intention de se faire surprendre par ces plantes.

Anxieux, le hin suivi le nommé Jehal, s'approchant suffisamment pour voir quel sort avait été réservé à ces deux inconnus. Chaque élément dévoilé par l'Homme-au-Corbeau apportait autant d'éléments de réponses que d'autres questions au hin, qui avait surement plus de recul sur la situation que l'arrivant.

Quand l'humain fit mine de s'avancer, le hin lui plaqua le plat de sa lame sur le ventre, doucement, pour bloquer sa progression. Il avait fait ce geste sans même regarder l'humain, les yeux rivés à quelque mètres de haut sur le macabre spectacle.

-Tu verras aussi bien d'ici je pense l'humain.
Il détourna son regard pour en revenir à son interlocuteur.
-Je t'avoue n'y être pour rien, et le regretter si tu dis qu'ils avait affaire avec l'assassin. Mais j'ai peut être une idée de la source de cette magie, le manoir y est certainement lié comme tu dis, la forêt elle même aussi, cela ne m'étonnerait pas, la famille Braguelongue est installée ici depuis longtemps, ça a surement tissé des liens étroits avec la terre elle même.

Le sagespectre retira sa lame de devant l'humain, toujours sans brusquerie, mais la conserva en main en continuant de parler.
-J'attendais la venue d'humains à la Maison d'En Dedans, la demeure familiale des Sœurs Gnomes, une venue pas très amicale, mais je pensais avoir encore un peu de temps.
Le hin cracha par terre. Maintenant qu'il y avait ces deux guirlandes, il ne savait plus si d'autres "humains de la ville" allaient pointer leur nez dans les environs, et s'il aurait le temps de mener à bien sa vadrouille dans les temps.

-Le Chêne des Gardiens, je pense qu'ils y attendaient le Toque Rouge, l'assassin.
A nouveau un sourire bestial se dessina sur la face du sauvageon.
-Et ils pouvaient toujours l'attendre.

Son regard fit un autre aller retour entre les deux humains suspendus et celui bien campé sur ses pattes.
-Je pense qu'on a le temps de retourner à la Maison avant que certains de leur amis ne s'inquiètent de leur absence. Dame Gentiane aura surement un moyen pour nous laisser approcher de ces deux cadavres sans risque, je t'amène à elle, et si ces lianes te laissent leurs jouets, tu pourrais les fouiller histoire d'en savoir plus sur leur identité peut-être, j'ai à faire ailleurs, et notre rencontre m'a déjà bien assez retardé.

Le hin regarda le ciel, un sourire radieux cette fois ci fut visible alors que ses yeux se posaient sur l'aigle. Il le siffla, donnant le signal du départ, et de la garde depuis les airs.

L’attitude du Halfelin plus que ses explications rassura un peu Jehal. Bien que les derniers échanges tendaient à lui montrer le contraire, le jeune ensorceleur avait craint de se retrouver face à un fanatique. Il savait maintenant qu’il avait enfin trouvé la destinatrice, et que celle-ci était morte…

L’ensorceleur ne put s’empêcher d’afficher un sourire désabusé lorsque l’Halfelin nommé Narvath l’empêcha d’approcher davantage. Quelques instants plus tôt, celui-ci rêvait de l’embrocher et voici que le même individu le protégeait désormais.
Lorsque celui-ci aborda le partage du butin, il mit, sans doute involontairement, du baume au cœur de Jehal. L’ensorceleur était archi fauché, toute cette quête ne l’intéressait que moyennement à vrai dire. Stolig, ce vieux fourbe, avait été avare en détail, et malgré le parchemin que celui-ci lui avait transmis, Jehal n’avait à vrai dire aucune idée de ou il mettait les pieds.

Bon, dans le pire des cas, il pouvait déjà compter sur un solide compagnon.

- Allons donc voir la Braguelongue survivante, en espérant que le message que je transporte est toujours d’actualité. Comment s’appelle t’elle d’ailleurs ? et combien sommes nous, a la proteger ?