L'éclosion de la fleur de lune, Retour à Eauprofonde

Iélénia avait raison il fallait identifier clairement la nature du mal qui atteignait ces personnes. Agath's s'approcha donc de l'un des contaminés et invoqua l'un des sorts que lui seul connaissait, il lui permettrait d'augmenter ses capacités cognitives et de fouiller dans sa mémoire un cas semblable qu'il aurait lu dans un des nombreux ouvrages qu'il avait consulté durant sa jeunesse.
Armé de la magie qui avait affûté ses sens il se pencha longuement sur l'un des malades et avec une précaution chirurgicale il entama son examen.

*On dirait que ces pauvres gens ont contraint une sorte d'affection de la peau qui se caractérise par l'apparition de ces furoncles noirâtres, pustules magenta, lésions violettes, abcès purulents et d'autres kystes malins qui sont la source d'une douleur atroce et hautement débilitante comme l'avait dit la jeune femme...*

Le mage prit toutes ses précautions et fit éclater une des pustules de la pointe de sa dague, le pus noirâtre qui sortit ne pouvait que confirmer ses craintes. De la magie néoromantique accompagnée de ces signes cela semblait être une maladie similaire à la putréfaction transmise par les momies.
Il s’agissait sans doute d'un enchantement de magie divine du domaine de la pestilence qui ne pouvait être guéri que par des moyens magiques.

- Iélénia je crains avoir confirmé mon diagnostic, il s'agit d'une sorte de sort de magie divine, je crois qu'un puissant prêtre de Talona ou de Yurtrus en est la cause. Il s'agit d'un sort vicieux connu sous le nom de fléau, je pense que le seul moyen de guérir ce mal est d'utiliser la magie et un sort de un traitement magique de la maladie comme guérison des maladies, guérison suprême ou restauration. malheureusement je ne connais pas ces sorts mais toi peut-être tu peux t'en charger.

Autre chose le coupable de cette épidémie doit avoir une sorte de focaliseur pour accomplir ce méfait,, il peut s'agir d'un fouet ou d'une cravache de couleur sombre. Je sais que c'est mince mais c'est tout ce qui me vient à l'esprit comme indice. Cependant vu la puissance du sort je pense qu’Hannibal devrait pas se séparer de nous, si on tombe sur lui il ne sera pas de trop pour en venir à bout.

Agath's se tourna vers la jeune femme et lui posa une question,

Au fait jeune femme vous n'auriez pas vu quelqu'un dans les parages qui porterait ce genre d'objet?

Traînant des pieds pour conserver son rôle de mendiant malade et faible, les oreilles du damarien étaient encore assez efficaces pour lui permettre d'entendre un détail crucial qui lui arracha un léger sourire en coin.

Ainsi donc, la soeur de Zakline était bel et bien dans ce village et plus important encore... elle était en vie! Un poids incroyablement lourd s'envola de l'être du guerrier qui avait craint que la jeune femme ne soit déjà passé de vie à trépas suite à leur petite supercherie. Maître Phalantar avait donc mordu à l'hameçon et croyait que Zakline était encore en vie et les aventuriers morts. Ils avaient encore l'effet de surprise pour eux et il devait en informer ses camarades au plus vite.

Il ne tarda pas à retrouver l'abri de la ruelle qu'il avait quitté quelques instants auparavant et il ne manqua pas de récupérer son écu avec toutes les précautions possibles pour ne pas être vu des mercenaires devant l'auberge.

Une fois équipé de nouveau, il refit sens inverse pour retrouver le temple converti en hôpital de fortune où ses compagnons semblaient eux aussi en quête de réponses. La vue de ces corps malades et mourants lui arrachèrent un horrible frisson alors qu'il regrettait désormais quelques peu d'être sorti ainsi seul dans le village... peut être était il déjà atteint de cette horrible affliction?

Secouant la tête pour garder la tête froide, il rejoint Arveene au seuil du temple avant d'y pénétrer, la petite hin à sa suite. Précautionneusement, il traversa la salle en évitant du mieux qu'il pouvait les corps étendus et alités autour de lui. Enfin arrivé au niveau d'Iélénia et d'Agath's, il s'empressa de faire son rapport.


-Ils sont bels et bien là. Commença-t-il sans préambules. Environ une demie douzaine de mercenaires bien armés et aguerris qui attendent à l'auberge du village. Je n'ai pas vu l’otage de mes yeux mais je les ai entendu en parler... elle est avec eux et en vie. Et plus important encore, ils ne se doutent pas que Zakline est morte et que nous soyons en vie.

Jetant un regard autour d'eux et face à la mine songeuse de ses deux interlocuteurs, il demanda d'une voix inquiète.

-Et de votre côté?... qu'est-ce donc que cette maladie?

Hannibal était enfin revenu parmi eux, avec des nouvelles assez troublantes. Selon le guerrier, les mercenaires s'étaient installés dans l'auberge locale, ils auraient en leur possession la sœur de Zackline.
Agath's se demanda si c'était les mêmes mercenaires, les responsables de l’épidémie dont souffrait le village.

Quoi qu'il en soit, il fallait pour l'instant subvenir aux besoins des malades mais d'un autre côté ils ne pouvaient pas risquer de laisser les mercenaires s'échapper avec la sœur de Zackline.

-Hannibal, ces gens ont subi un sort de magie divine qui détériore leurs forces jusqu'à entraîner la mort. J'ignore si Iélénia peut défaire cette malédiction mais nous ne pouvons rien faire d'autre ici. Nous devrions finir ici rapidement et aller à l'auberge tenter de libérer la sœur de Zackline.
Iélénia peux-tu faire quelque chose pour guérir ces gens ou devons nous aller à la taverne récupérer la sœur de Zackline?

Le mage elfique n'en pouvait plus de rester coincé là à attendre de voir ces gens dépérir à petit feu. Il fallait qu'il fasse quelque soit ils guériraient ces malheureux, soit il iraient se venger de ces mercenaires sur le champ.

Je suis Iélénia et je vais voir les mercenaires

Iélénia était face à un dilemme. Si elle savait qu'elle pouvait soigner les malades, elle savait aussi qu'elle ne sauverait pas tout le monde. De plus tant que la malédiction était active elle ne ferait que reculer l'échéance, mais ne traiterait rien en profondeur. Elle était convaincu de la présence d'un focaliseur permettant à la malédiction de perdurer et de s'étendre à toute la population. Un objet qui ne servirait que ponctuellement à voir la population restreinte infectée.

-Il faut tout d'abord trouver ce qui cause cette malédiction. Il nous faudra chercher un objet un peu insolite je pense. Si ne nous pouvons vaincre cette malédiction, guérir les malades ne servira à rien. Cela reviendrait à éteindre un feu de forêt avec un seau d'eau. Je pense plus judicieux pour le moment d'aller voir les fameux mercenaires. Ils pourraient même nous aider d'une certaine manière.

Iélénia prit son arme en main et s'assura que son écu était toujours actif. Ce qui allait suivre n'allait certainement pas être une partie de plaisir. Même si elle préférait essayer toutes les solutions pacifistes dans un conflit, elle savait que la toute dernière solution était toujours la violence. Son intuition lui disait qu'ici, il se pourrait bien qu'aucune entente pacifiste ne soit envisager et de passer directement à l'ultime solution.

-Allons donc voir ces terribles mercenaires. Le temps pressent, chaque minute passée est un mort de plus et un contaminé de plus.

Elle s'adressa à la prêtresse.

-Gardez-les autant que vous le pouvez. Et si votre mémoire vous revient concernant quelque chose avec quoi tous les malades auraient été en contact,revenez me le dire le plus vite possible.

Hannibal écoutait avec la plus grande attention les paroles du mage et il ne put empêcher son coeur de se serrer un peu à l'écoute des souffrances qu'endurait les citoyens du bourg. Étrangement, le damarien se tenait, lui et ses compagnons, responsables de ces misères. Il n'aurait put expliquer pourquoi mais... son instinct le poussait à le croire sans aucune raison.

Mais le temps n'était pas aux lamentations et Hannibal avait d'autres préoccupations plus urgentes à l'esprit. La soeur de Zakline et sa libération occupaient toutes ses pensées car il avait prêté serment et jamais il ne le romprait.

L'annonce faite qu'ils allaient enfin passer à l'action ôta un poids lourd de ses épaules et il se sentait déjà plus soulagé de savoir qu'ils allaient enfin s'atteler à cette tâche. Mais il gardait les idées claires malgré tout.
Il avait vu une demie douzaine de mercenaires bien entraînés et lourdement armés qui ne se laisseraient pas faire sans combattre s'ils venaient à être provoqués. Avec leur petit nombre et malgré l'effet de surprise certain dont ils disposaient, Hannibal devinait que ce ne serait pourtant pas une mince affaire. Et plutôt que d'aiguiser sa lame et ses sens, le damarien aiguisait ses esprits à la recherche d'un plan qui leur permettrait de vaincre sans avoir à combattre.


-Ils sont nombreux... bien armés et sans doutes des vétérans dans leur métier. Foncer tête la première sans aucun plan serait la pire idée qui soit.


Il parlait machinalement à voix haute comme pour s'imposer ces idées à lui même mais il ne doutait pas que ses compagnons affirmeraient ses pensées.

Mais était-il seulement possible de l'emporter sans avoir à verser le sang... cela lui paraissait impossible pour l'heure malgré les sortilèges et charmes d'Agath's.

Sans un mot et hochant de la tête, Hannibal indiquait à ses camarades qu'il les suivrait sans faillir, leur servant d'ailleurs de guide jusqu'à l'auberge où devait avoir lieu l'échange. Comme la première fois, il les amènerais par une ruelle dérobée et à l'abri des regards de l'auberge.

La Fleur de Lune

Moment : début de la nuit, Date : 2 Nuiteuse 1372
Lieu : forêt de Cryptejardin
Temps : Grand froid (la nuit)

L’halfeline avait hésité entre le dégoût de découvrir des malades pestilents et sa curiosité toute naturelle. Le dégoût l’avait finalement emporté, enfin presque…Son oreille accolée à la porte d’entrée de l’autel, elle tentait d’écouter les conservations. Elle faillit sauter de joie en découvrant qu’Hannibal avait peut être une piste pour retrouver la piste de la sœur de Zakline. Et elle s’arrêta nette comme son instinct avait lancé dans tout son corps un cri d’alerte. Elle se retourna pour scruter les ruelles faiblement éclairées par la lune. Elle ne vit rien mais pourtant elle en était sûre : quelqu’un l’épiait. Et puis elle vit un petit nuage de poussières au loin s’approcher de l’autel. Il y avait ce bruit caractéristique d’une cavalerie. Sans perdre une seconde, elle entra dans l’autel, en criant « on a de la compagnie ! »

Hannibal, le plus proche de la porte, put l’entrouvrir pour apercevoir des cavaliers positionnés en arc de ciel autour de l’autel. Il en reconnut un : celui qui l’avait croisé au pied de la taverne. Ces cavaliers avaient l’air de vrais hommes d’armes expérimentés, par leur maîtrise de leur monture. Il en compta une dizaine. Celui du milieu, sans doute le plus âgé, s’avança et cria à leur attention.

- Je sais que vous êtes là. Je travaille pour maître Phalantar. Je veux parler à Zakline !

Il descendit de son cheval, d'un bond agile. Il lança un regard militaire à ses acolytes. L’homme devait avoir une quarantaine d’année, à juger par sa barbe de deux jours grisonnantes et ses cheveux blancs. Il portait une armure d’un noir aussi profond que l’obsidienne. Deux longues lames se croisaient dans des fourreaux derrière son dos. Si l’ambiance semblait pesante, il n’y avait pour l’instant dans l’attitude des cavaliers aucune hostilité franche d’agressivité même s'il régnait une certaine nervosité. Leur chef, lui était d'un calme olympien, et semblait vouloir parlementer.

Agath's observa le groupe de chevaliers, heureusement les deux halfelines s'étaient décidées à rentrer dans le bâtiment avant leur arrivée sinon elles auraient sans doute été elles aussi capturées. Bref, maintenant ils se trouvaient bloqués dans le bâtiment avec une patrouille armée à l'extérieur...

-Ils ne semblent pas hostiles, je pense que nous devrions tenter de parlementer avec eux et tenter de les raisonner. Je ne crois pas qu'il soit intéressant de leur dire que Zakline est morte...Vous en pensez quoi?

C'est à cet instant qu'une idée germa dans le cerveau elfique d'Agath's...

-Attendez laissez moi faire, ils veulent parler à Zakline, soit, ils parleront à Zakline...

Se cachant de hommes à l'extérieur Agath's entreprît de formuler les mots qui lui permettraient d'accomplir sa transmutation, quelques secondes lui suffirent pour prendre la forme de Zakline quyi avait été leur compagne d'aventures quelques heures plus-tôt. Le souvenir de la femme encore frais dans l'esprit de l'elfe cette transformation lui fut assez facile.

Sous les traits de Zakline, l'elfe se mit à la vue des chevaliers et s'écria, dans le même ton autoritaire qu'havait habituellement la demi-elfe

-Que me voulez-vous? je sais que ma sœur est entre vos mains, si vous voulez la fleur j'exige que vous la libériez sur le champ.

Modification d'apparence d'Agath's qui devient Zakline

Iélénia fut presque troublée en voyant Zakline apparaitre devant elle. Bien entendu, elle savait pertinemment de qui il s'agissait et ce qui n'était qu'un subterfuge. Pourtant, cette duperie l'impressionnait. Elle était prise de court, car dans sa tête elle avait déjà anticipé la rencontre avec le magicien ou ses sbires sans que Zakline soit présente. Elle avait même trouvé un moyen qui aurait pu renverser le rapport de force entre eux. Mais en quelques secondes son plan tombait à l'eau.

¤Ah ces magiciens, toujours aussi sûr d'eux. Comment va-t-on négocier maintenant ?¤

Elle tenta quand même une manœuvre pour semer le doute dans les esprits adverses.

-Elle est là ainsi que nous aussi pour que le marché soit honoré comme il se doit, si l'on peut parler d'un marché honorable dans ces circonstances.

Iélénia guettait chaque individu présent en face et autour d'elle. Elle cherchait quelqu'un qui aurait pu ne pas se montrer tout de suite pour profiter de la surprise si les choses dégénéraient. Quelqu'un comme un magicien. Elle doutait de la présence de Phalantar, persuadée qu'il préférait délégué son pouvoir, surtout quand cela pouvait tourner au grabuge. Mais si un homme averti en valait deux, comme le disait l'adage, un peu de prévoyance féminine était toujours préférable. Elle garda son écu actif mais sa main ne montra aucune intention agressive. Elle voulait d'abord savoir où se cachait la sœur de Zakline, et les morts ne faisaient pas de bons parleurs ; du moins par des moyens naturels. Les autres étant purement impensables pour elle.

Hannibal appréhendait le moment avec crainte et impatience mêlées... nul doutes que cela serait une affaire compliquée à régler et il craignait bien que les armes dussent être tirées avant la fin de cette histoire. Mais secrètement en lui, il avait espéré trouvé le moyen de négocier sans que le sang soit versé... mais cela semblait vain et sans espoirs.

Surtout maintenant que les mercenaires étaient face à eux, engoncés dans leurs lourdes armures et aux aguets.

Cela ôta un poids étrangement lourd de ces épaules maintenant que la confrontation était inévitable. La réflexion n'était plus à l'ordre du jour désormais et seule l'audace et le sang froid pouvait encore empêcher un quelconque carnage entre les deux partis.

Et c'est donc avec angoisse et espoir que le damarien vit passer le mage elfe devant lui pour disparaître à l'intérieur pour jeter son illusion comme convenu... jamais instant n'avait été aussi crucial et stressant pour le guerrier. Cette angoisse n'en fut pas moins soulagé de voir le sorcier revenir sous les traits de leur ancien guide et aussitôt, son serment lui revint en mémoire avec la force d'une gifle incroyablement lourde.

Observant la scène avec un profond silence à la limite du solennel, le guerrier tenta de garder son sang froid et sa concentration alors qu'il portait toute cette dernière sur les mercenaires face à eux.

Ainsi montés à cheval, ils ne possédaient pas l'agilité nécessaire en mêlée et le groupe d'aventuriers pouvait très bien se réfugier dans le temple et se barricader si les choses tournaient mal... même si cela ne leur ferait gagner qu'un peu de temps.

Mais d'abord, il devait s'assurer qu'aucun trouble fête ne viendrait perturber la négociation. Consciencieux, Hannibal se mit à compter le nombre de chevaux présents pour le comparer à ce qu'il avait vu devant l'auberge lors de sa petite mission de reconnaissance.

On était jamais trop prudent...

Ailsa n’avait cessé de geindre depuis leur départ. L’ampoule qu’elle s’était faite depuis plus tôt avec toute cette marche la faisait souffrir le martyr, bien qu’elle ne fasse que grommeler dans sa barbe, elle était consciente que sa mauvaise humeur fatiguait tout le groupe. Elle avait donc choisi le silence aux complaintes. Suivant silencieusement le groupe, elle avait observée les ravages de cette étrange maladie. Loin d’être capable de la soigner, elle savait que bien des divinités maléfiques et druides malfaisants pouvaient convoquer des épidémies en tout genre. Mais le village semblait en piteux état, et une situation aussi critique semblait difficile à rétablir.

Alors qu’Hannibal revenait, elle put analyser ces informations supplémentaires. De son point de vue, il était peu probable que ce mal ait rapport avec la fleur de lune. Pour le moment. Il fallait avant tout penser à la suite des opérations, car le groupe de mercenaires avait surement remarqué la présence des aventuriers.

C’est dans cette ambiance de méfiance qu’apparut le groupe de cavaliers. Se jetant à couvert, elle put sortir sa fronde et rester à couvert. Les oiseaux n’avait pas pu la prévenir, vu qu’elle était en intérieure. Et il ne pouvait pas non plus l’aider sur ce combat. La situation semblait difficile mais la confiance de ses alliés redonna espoir à l’halfeline. Jamais trop prudente, elle se tourna vers la prêtresse lunaire.

- Y a-t-il une autre entrée à ce bâtiment ?

Le danger était là et il ne fallait surtout pas perdre l’avantage du terrain, surtout qu’avec les chevaux, ils n’avaient aucune chance de s’enfuir.