Mission en eau trouble, Une petite croisière dans les Îles

Vingt-et-unième jour de la Griffe du Couchant de l'année des Dragons Renégats (21 Ches 1373)
16h00
12°C
Pluie soutenue

Cela faisait maintenant 50 jours que Belgos Dalaèl avait quitté Port-Énigme. Comme tout membre de la Compagnie des Marches d'Argent arrivant au terme de sa mission, même si considérer sa mission comme achevée était beaucoup dire, il avait commencé le voyage retour vers Sundabar tout en prenant la peine de s'arrêter dans toutes les villes de quelque importance où il pourrait trouver un pigeonnier appartenant à la Compagnie. Si cela se trouvait, un nouvel ordre de mission et sa paye pour son travail à Port-Énigme l'attendait à don prochain arrêt. Il s'était donc dirigé tout ce temps vers Eauprofonde, seul ville suffisamment importante entre la Porte de Baldur et Sundabar où il savait pouvoir trouver un pigeonnier.

Le voyage avait été long et peu intéressant. Il lui avait fallu traverser de longues plaines uniformes pour rejoindre la Route du Commerce mais cette partie du voyage avait presque été la plus agréable car le temps était resté au beau fixe pendant toute le dizaine et Sherkan avait eu la possibilité de gambader gaiement aux côtés de son maître. Cela avait été beaucoup moins vrai lorsque l'elfe était arrivé sur les pavés irréguliers de la Route du Commerce. Il avait été obligé de garder son compagnon sous bonne garde pour ne pas effrayer les autres voyageurs et, surtout, leurs montures. De plus, les températures avaient commencé à baisser drastiquement et le panaroma s'était fortement réduit quand les journées avaient commencé à être une alternance de pluie et de brouillard. Cela faisait maintenant six jours de suite que la pluie limitait la vision du groupe de voyageurs que Belgos accompagnait à quelques mètres de route détrempée. Le seul véritable rayon de soleil apparut en début d'après-midi alors que le petit groupe arrivait au sommet d'une colline. A leur pied, mais encore relativement loin car il allait leur falloir traverser le Dessarin et sa vallée, s'étendait Eauprofonde. Ses murs et ses tours détrempées brillaient à la lumière du soleil. Après plusieurs heures supplémentaires de morne marche et de pluie drue, le groupe avait finit par arriver devant la porte du quartier Sud.

Malgré le temps, une file de personne se trouvait devant les portes à attendre de recevoir l'autorisation d'entrer en ville. Honnêtement, la file avançait relativement vite car chaque marchand portait sur lui un document identifiant les marchandises qu'il transportait, la durée de son séjour et le nom d'un référent aquafondien. D'autres, comme Belgos, n'était pas en ville pour affaire et devait donc présenter un autre type de document. Évidemment, Théodus Gauchecrampe s'était assuré que Belgos soit en mesure de présenter un tel document. Il avait donc une lettre attestant de son affiliation à la Compagnie. Il se présenta donc devant l'officier en charge des admissions avec sa lettre mais celui-ci lui fit signe de s'arrêter. Il se tourna ensuite vers un garçon qui attendait sous un abri de bois non loin de là.

-Colin, va chercher le capitaine. Je crois que nous avons un RS-512 sur les bras.

Il se tourna ensuite vers l'elfe, la main tendue. Il ne souriait pas et il était clair qu'il serait malvenu de refuser son invitation. Il indiquait de son autre main une tente portant au-dessus de son entrée l'emblème d'Eauprofonde.

-Veuillez attendre là-bas, nous avons besoin de vous poser quelques questions supplémentaires.

Soulagé et confiant, c'était dans cet état d'esprit que Belgos Dalaèl avait quitté Port-Enigme, un sentiment qui avait fait place à l'incompréhension la plus totale d'avoir été envoyé par ses supérieur, en particulier Théodus si loin du Bastion, sans véritable ordre de mission et une fois sur place incapable de trouver un moindre contact de la Compagnie. Un façon polie de dire qu'il y "y'avait eu foutage de gueule" à son égard et c'était peu dire. Soulagé oui de pouvoir revenir des terres plus clémentes et vers ses camarades. Quant à être confiant, on pouvait dire que le fiasco qu'il avait connu dans la petite cité à la tâche dans le ciel était derrière lui et que l'avenir lui appartenait. Par ailleurs, il était grands temps qu'il puisse se voir confier une nouvelle mission. Quelque chose de palpable et et de sérieux.

Pour tout dire, le natif de Shilmista avait eu cinquante jours pour ruminer tout cela, cinquante jours pour se persuader que son engagement au sein de la Compagnie des Marches n'avait pas belle et bien prit fin. Bien sûr, il fut tenté de prendre la direction de l'Amn, sa région d'origine mais le demi-elfe n'avait qu'une parole. Frère des Marches n'était pas une vague notion pour lui! En repensant avec joie à certains de ses compagnons tels que Narvarth, Mirtzar ou encore Ashyn, l'idée de tout plaquer pour reprendre sa liberté était moins tentante. Il avait donc prit une décision, et opté pour la direction dans un premier temps de la Cité des Splendeurs.

Son compagnon avait été soumis à rude épreuve durant ce voyage de retour éprouvant à certains égard, il s'était montré dès que possible à ses côtés,; lui parlant, le rassurant, un lien particulier les unissait. Pour celui qui appartenait à la phalange de l'Aigle, ce furent les derniers six jours de route qui furent le plus pénible, les conditions météorologiques plutôt pluvieuses n'étaient pas vraiment dès plus agréables mais il fallait s'en contenter.

Puis les voilà qu'ils abordaient, enfin, Eauprofonde. Joie de courte durée surtout après avoir présenté ce qui s'apparentait à un sauf conduit frappé du sceau du Bastion et écrit de la main de ce cher scribe. Voilà t-y pas que son cas posait de nouveau problème !

¤ Par tout ce qui m'est chère, soit assuré Théodus Gauchecrampe que si tu m'as encore fait une entourloupe, tu vas m'entendre!¤ songea immédiatement le rôdeur ( Chacun comprendra que Port Enigme était encore difficile à avaler pour le demi-elfe...) Belgos répondit par l'affirmative, d'un seul mouvement de tête et laissa Sherkan le précéder pour rejoindre la tente en question. Des questions? Belgos Dalaèl ne pouvait pas manquer de s'en poser lui aussi.

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L'intérieur de la tente était plus agréable que Belgos ne s'y attendait et il était le seul à attendre. Le mobilier était composé d'une petite table en bois entourée d'un côté par un banc de bois massif recouvert de plusieurs coussins bleus marine et argentés. En face se trouvait une chaise plus conventionnelle mais elle aussi recouverte d'un épais coussin. Sur la table se trouvait une carafe contenant de l'eau, deux verres et plusieurs petits gâteaux secs dans une pannière.

Après environ deux minutes d'attente, un demi-elfe portant une longue robe noire entra dans la tente. Il portait une sacoche à son côté droit et une épée à son côté gauche ainsi que plusieurs documents dans ses mains. D'un sourire, il fit signe à Belgos de s'asseoir sur le banc et lui-même s'assit en face sur la chaise. Il se versa un verre d'eau et proposa à Belgos d'en faire autant. Il ne commença pourtant pas à boir le verre mais prit la parole pour expliquer la situation à l'elfe de Shilmista.

-Alae, mon nom est Olosis et je suis l'un des Magisters d'Eauprofonde. Avant de vous laisser entrer dans la cité, il y a quelques points, assez sensibles, que je dois aborder. J'ose espérer que vous saurez comprendre les raisons de ces restrictions.

Eauprofonde vit dans une paix relative mais nous ne sommes pas aveugles. C'est pourquoi, il est autorisé de porter une arme en ville, tant que celle-ci n'est pas dégainée. C'est là une règle basique qui a des conséquences que les druides goutent généralement peu. Votre compagnon est capable de transformer un enfant, et sans doute même un adulte, en charpie en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ce qui signifie qu'il est considéré, selon les lois aquafondienne, comme une arme. Si vous souhaitez entrer dans la ville, il va donc falloir que vous lui mettiez une muselière, au moins tant que vous êtes dans un lieu public. Comme je suppose que vous n'avez pas de muselière sur vous, la ville peut vous en prêtez une contre 1 pièce d'or qui vous sera remboursée lorsque vous rendrez la muselière.

Si vous souhaitez toujours entrer dans la ville, je vous en donne l'autorisation, tout vos papiers étant en ordre. Je dois par contre vous prévenir, cela pourrait être dangereux. Nous avons reçu l'ordre de transmettre cette information à tout membre de la Compagnie des Marches qui passerait par Eauprofonde. Il y a de cela 4 jours, tous les pigeons appartenant à votre guilde ont été égorgés. Nous n'avons jamais eu de tels problèmes avec la Compagnie auparavant et aucune guilde dans la cité ne semble accorder plus d'importance que cela à votre guilde. Pour l'instant, la Garde Civile n'en a pas fait l'un de ses soucis majeurs mais nous n'aimerions pas que cela dégénère et nous n'avons aucune assurance que vous ne risquez pas de devenir la prochaine cible. Si vous avez le moindre soucis, n'hésitez pas à le rapporter à la Garde Civile.

Maintenant, si vous n'avez pas de questions, je vais vous laisser.

Belgos Dalaèl écouta attentivement l'homme lui parler et en quelques instant son coeur fut tiraillé entre faire demi-tour et prendre la route de Confédération pour éviter de mettre une muselière à son compagnon ou céder, et pénétrer dans la Cité de Splendeurs pour enquêter sur les méfaits orchestrés contre la Compagnie. Egorger tous les messagers ailés du Bastion ne signifiait qu'une seule chose, quelqu'un souhaitait bâillonner tout frère des Marches de passage dans cette cité. Mais la question était pourquoi? Cela méritait qu'il pousse un peu ses investigations sur tout si cela faisait planer une menace sur ses compagnons d'armes.

- Un instant Olosis je vous prie. Lança le rôdeur en mettant un genou à terre pour fourrager dans la fourrure de Sherkan et le caresser affectueusement tout en lui adressant quelques mots de réconfort et surtout lui présenter des excuses pour le geste qu'il allait commettre à son encontre. Une muselière était contre nature, Belgos le savait, il savait aussi que s'il le laissait en liberté dans la campagne aquafondienne, il pourrait constituer une menace que les paysans du coin ou les chasseurs chercheraient à l'abattre. Il ne pouvait pas prendre le risque. Il se releva au bout de quelques instants, Sherkan assis près d elui, il semblait avoir comprit et accepté la décision de Belgos " Je vais m'astreindre à respecter vos lois Olosis, si vous voulez bien me fournir cet engin castrateur je vous en serais grès, tout comme je le serais si une fois cela fait, vous m'indiquiez où je pourrais rencontrer des agents de la Compagnie pour évoquer ce qui s'est passé. Que cela soit dangereux m’indiffère, mais cela pourrait avoir des conséquences néfastes sur la Compagnie et je me dois d'enquêter."

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Olosis aquiesçat et commençat à fouiller dans sa besace pour y trouver la muselière pour Sherkan. Il finit par en sortir une en cuir qui s'adaptait de manière correcte au museau du loup. Cela restait toutefois inconfortable et il était évident que Sherkan n'appréciait pas de la porter mais qu'il acceptait de se plier à cette pratique pour le bien de son maître.

-J'aurais sans doute du vous le dire plus tôt mais il y a un moyen d'obtenir l'autorisation d'être accompagné par un animal non-muselé. Il faut en faire la demande dans l'un des postes de la garde, dans Eauprofonde. Cela risque de prendre un jour ou deux avant que votre demande ne soit examinée, cependant. Il faut donner une addresse où vous contacter car si vous remplissez les critères de sélection, vous serez convoqué au chenil des Seigneurs pour prouver que vous êtes capable de contenir votre compagnon.

Quand à la position du pigeonnier de la Compagnie, il me semble qu'il se trouve derrière le Soleil de Minuit, une taverne située dans le Quartier Sud. Je doute que vous y trouviez des agents de la Compagnie des Marches, toutefois. Aucun d'entre eux ne s'est présenté suite aux évènements que je vous ai décrits. De fait, je crois que celui qui ressemble le plus à un contact de la Compagnie à Eauprofonde est le vieux Mygmol. C'est un ancien marchand à la retraite qui vit au-dessus du Soleil de Minuit avec sa femme et son fils. C'est lui qui a signalé le massacre des pigeons.

Belgos assimila les informations données par Olosis avant de lui répondre.

- Alors je pense prendre mes quartiers au Soleil de Minuit dans un premier temps, pour un jour ou deux. Et afin que mon loup puisse se débarrasser de cette abomination, vous seriez bien aimable de m'indiquer où je peux trouver un de ces poste de garde pour que j'officialise cette demande.

Les terme: Si vous remplissez les critères n'étaient pas tombés dans l'oreille d'un sourd, l'espace de quelques secondes, il regretta de ne pas avoir choisit de prendre le chemin des cités plus septentrionales dont il savait pouvoir déambuler librement avec Sherkan, quelque qu'on lui impose des mesures coercitive entravant sa liberté. Enfin, c'était comme cela, ils devaient faire avec, au moins un temps.

- Avant de vous quitter, juste deux questions, le Soleil de Minuit est quel genre d'établissement? Convenable ou plutôt à éviter si on ne veut pas être cataloguer? Si c'est le cas, indiquer moi un établissement convenable qui conviendrait au cas où la garde me demanderait où j'ai prit mes quartiers. J'ignore si c'est un critère qu'ils retiendraient à mon encontre mais je ne tiens pas à prendre le risque. Je suis un étranger dans cette ville, et considéré en tant que tel.

Attendant les réponses de l'aquafondais avant de prendre la route. Belgos passa rapidement en revue ses prochaines priorité. Un, la taverne pour prendre une chambre, deux, le poste de garde, trois, rencontrer le vieux Mygmol. Si possible cela dans les deux heures qui suivraient. Belgos aurait tout le temps plus tard, en soirée de profiter d'un cadre plus sec, d'enfiler des vêtements sec et profiter d'un repas chaud.Son regard coula vers Sherkan, il sentait la détresse de son compagnon.

¤ J'espère bientôt te débarrasser de cette chose mon ami, très bientôt...¤

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16h00
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Pluie soutenue

Olosis écouta les questions que se posait Belgos et essaya d'y répondre avec autant de précision et d'amabilité qu'il le pouvait. Ses documents faisaient de l'elfe un invité et il avait accepté avec gentillesse de se plier à des règles qu'Olosis savaient être dures à accepter pour un ami de la nature.

-Le Soleil de Minuit est une excellente auberge, l'une des meilleures d'Eauprofonde. Ses prix sont plus élevés que chez la plupart de ses concurrents mais vous n'aurez pas à laisser votre compagnon dans une cage dans l'écurie si vous acceptez de laisser une caution pour les éventuels dégâts qu'il pourrait causer. Quand aux critères de sélection, ils concernent principalement votre capacité à vous présenter à la date et à l'heure qui vous est assignée. Il vous faut aussi une lettre de recommendation. Celle de la Compagnie des Marches devrait faire l'affaire. Ils ne tiennent pas compte de votre addresse, de votre nom ou de votre race. Pendant l'examen en lui même, vous devez faire faire quelques mouvements à un chien dressé pendant qu'un dresseur en fait faire d'autres à votre animal. Maintenant, je vous prie de m'excuser mais je n'ai pas le droit de passer toute la journée en votre agréable compagnie. Pour les postes de garde, il y en a un peu partout.

16h15
Auberge du Soleil de Minuit

Belgos dut demander une ou deux fois sa route à des passants avant d'arriver au Soleil de Minuit mais, une fois sur la Voie du Dragon, le trajet était on ne peut plus simple. Juste à l'entrée de la Voie, une caserne relativement imposante de la garde lui prouva qu'il n'aurait pas besoin de chercher bien loin pour remplir les documents nécessaires à la libération de Sherkan.

L'auberge en elle-même était un bâtiment de trois étages entouré d'un jardin clos. La salle principale comprenait une vingtaine de tables recouvertes de nappes blanches. Au fond de la pièce se trouvait une estrade sur laquelle un balladin jouait du luth tout en chantant une ode épique. Seuls une douzaines de personnes se trouvaient dans la pièce, dont plus de la moitié portaient la livrée des employés de la maison. Les autres mangeaient des gâteaux en sirotant des jus de fruits, du vin ou des liqueurs légères. Un homme à l'aspect empaté se trouvait assis derrière le comptoir en train de faire la vaisselle en sifflottant.

Le sous officier des Marches se fit violence pour ne pas répondre abruptement à son interlocuteur quand celui-ci évoqua le mot cage. Il était tout simplement hors de question que le rôdeur puisse envisager de faire passer de nouveau la nuit à son compagnon animal dans une cage. Sherkan s'était déjà plié de bonne grâce à certaines exigences entravant sa liberté au cours de ce long voyage et maintenant qu'il se retrouvait dans une des grande cité libre de la Côte des Épées, il devait de nouveau exiger des sacrifices de son ami, la muselière en était déjà un. Serrant les mâchoires, Belgos remercia Olosis pour sa disponibilité et quitta la tente pour retourner à l'extérieur et retrouver le magnifique temps pluvieux qui convenait très très bien à l'humeur dans laquelle se trouvait le rôdeur.

¤ Direction le Soleil de Minuit dans un premier temps.¤

Une fois sur place, Belgos réalisa très vite que l'aquafondais ne lui avait pas mentit, l'établissement était d'évidence de très bonne qualité, niveau extérieur et ameublement, restait à savoir si le patron entrait dans cette catégorie. Où s'agissait-il simplement d'un employé? Belgos approcha du comptoir

- Bien le bonjour messire,commença chaleureusement le frère des marches"Est-il possible d'avoir le gite et le couvert pour une nuit, peut-être plus, pour moi et mon compagnon. Nous venons d'arriver à Eauprofonde après un long voyage et un peu de confort serait appréciable !"

Belgos désigna son compagnon muselé de la main.

- J'entends bien évidemment que mon compagnon puisse rester avec moi, même si cela exige un petit supplément. Je sais que cela est possible dans votre établissement. Soyez en remercié d'ailleurs !

Cela faisait près de trois mois que le rôdeur avait quitté Sundabar pour s'acquitter d'une mission fantôme sans pouvoir toucher sa solde. Néanmoins le rôdeur disposait d'une bourse qu'ils estimait largement confortable, le minimum vital pour assurer sa subsistance à lui et Sherkan. Toutefois, toucher sa solde ne serait pas un luxe... Attendant que le tavernier ne le renseigne, Belgos se prépara mentalement à la suite de sa journée, un réflexe presque mécanique. Après avoir assuré la logistique pour la soirée et la nuit, Belgos demanderait au tavernier s'il connaissait Mygmol et demanderait à le voir, quitte à se présenter comme un sous officier de la Compagnie même s'il doutait que sa guilde ne possédait en ces lieux le rayonnement que que la Compagnie possédait à Sundabar et alentours. Puis il irait voir à la caserne pour faire les démarches nécessaires à ce que son compagnon soit débarrassé de cette chose entravant sa gueule pour enfin si possible rencontrer en chair et en os le "contact". L'homme avait renseigné la garde du massacre du pigeonnier, peut-être savait-il autre chose qu'il serait plus enclin à aborder avec un représentant directe de la Compagnie.

Belgos paie ce qu'il faut pour le gite et le couvert pour 2 nuits.

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16h15
Auberge du Soleil de Minuit
12°C
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Belgos dépense 3 PO.

Le tavernier accueillit Belgos avec un grand sourire. Il avait l'air vraiment bonhomme et il ne tarda pas à parler. Visiblement, sa curiosité était au moins à l'aune de sa gourmandise car il avala quelques petits gâteaux, qu'il proposa gratuitement à Belgos, tout en parlant de lui et en posant ses questions. Il donna aussi une lanière de viande séchée à Sherkan pour qu'il ne soit pas le seul privé de goûter.

-Je vois qu'on vous a dit que je n'ai rien contre les animaux. C'est vrai que, en général, les voyageurs sont plutôt accompagnés par de gros chiens, des chats ou, dans le cas des mages, des créatures plus surprenantes comme des araignées ou des serpents. Il est à noter que je pense personnellement qu'un serpent venimeux est plus dangereux qu'un gros chien. Il y a aussi quelques oiseaux. Mais je ne crois pas avoir déjà accueilli un loup dans mon auberge. S'il a des besoins spécifiques, faites m'en part et je ferais mon possible pour les satisfaire. La chambre pour vous deux et les repas pour deux jours couteront 3 dragons. Je demande aussi une caution habituellement mais votre ami semble docile. Sous quel nom dois-je enregistrer votre réservation?

Assis à une table près de l'entrée, Xedar attendait en sirotant sa boison. Goewin lui avait donné rendez-vous au Soleil de Minuit pour la fin de l'après-midi. Xedar et elle s'étaient rencontrés sur la route et il avait été impressionné par la magie de l'humaine et, surtout, par sa joie et son optimisme. C'est pourquoi il avait été surpris quand, à peine arrivé à Eauprofonde, il avait reçu son message. Le texte et le parchemin sur lequel il était écrit n'avait pas grand chose de particulier mais Xedar avait instantannément noté qu'il y avait quelque chose de bizzare. L'écriture était tremblante et, clairement, Goewin semblait avoir un problème.

Au comptoir, Belgos commençait son enquête à propos du massacre des pigeons. Le tavernier, bien que visiblement gêné, ne lui demanda pas pourquoi il souhaitait en savoir plus sur cet événement et sur Mygmol.

-Mygmol loue une chambre ici à l'année. Mais je ne l'ai pas vu aujourd'hui. Je crois qu'il enquête de son côté sur le tueur de pigeons. La garde civile ne prend pas ce problème particulièrement au sérieux et considère plus cela comme une destruction de biens que comme un meurtre. Il doit sans doute se trouver vers le pigeonnier. Si vous voulez y aller aussi, le plus simple est de passer par la porte du fond. Elle conduit dans les jardins et là vous ne pourrez pas manquer le pigeonnier.

Ceci fait, l'elfe se rendit à la caserne de la garde qu'il avait vue dans la rue pour obtenir un rendez-vous pour l'examen de dressage. Un comptoir servait visiblement à traiter les diverses requêtes des citoyens et des visiteurs de la cité. Une longue file de personne attendait devant celui-ci et il fallu près de vingt minutes à Belgos pour arriver devant le guichetier qui ne leva pas vraiment les yeux vers lui quand il lui demanda ce qui l'amenait.

-Que puis-je faire pour vous?

D'humeur maussade depuis son séjour forcé et inutile à Port-Enigme et tout le fiasco qui s'ensuivit disparurent presque comme magie de l'esprit de Belgos quand il entendit les paroles sympathiques de l'aubergiste. Cela faisait chaud au coeur au rôdeur qui avait vécu des semaines plutôt difficiles dernièrement, mettant en balance son engagement même au sein de la Compagnie. Au moins tomber sur un interlocuteur intelligent, à l'oreille attentive, changeait singulièrement de ce à quoi il était habitué dernièrement. Il remercia l'homme et confirma son identité auprès de lui avant de quitter l'établissement pour se conformer à la loi. Un examen de dressage? Belgos coula un regard vers Sherkan et soupira. Sa partie elfique héritée de son père répugnait à devoir se conformer à ce rite qui s'apparentait plus à de l'animalerie de cirque qu'autre chose, Sherkan n'avait jamais été apprivoisé en temps que tel et ne le serait jamais, il possédait sa personnalité propre et le relation qui existait entre l'A'Tel'Quess demeurait bien plus complexe, bien plus riche. Que des hommes puissent décider de l'existence de son compagnon de route et d'entraver en partie sa liberté déplaisait à Belgos, il s'y conforma par obligation, avec l'aval muet de Sherkan.

L'administration brillait toujours autant par son efficacité, que cela soit à Eauprofonde ou Lunargent, au moins le bonhomme devant lui s'exprimait de façon correcte avec la plus élémentaire politesse.

- Bonjour. Mon nom est Belgos Dalaèl, j'ai fait halte dans votre cité pour quelques jours et mon compagnon loup ici présent qui répond au nom Sherkan, s'est vu obligé de porter une muselière comme le mentionne vos lois. J'aimerai le voir dispenser d'une telle abomination. Sherkan ne représente aucune menace poru la population de votre cité. Quelles formalités devons-nous remplir pour que cela soit effectif le plus rapidement possible.

S'il parvenait à ôter cette maudite chose de la gueule de son compagnon, Belgos comptait se rendre ensuite au pigeonnier.