Les Complots du Seigneur Caché, Chapitre 4: La Sphère des Âmes

-Volontier Rak.

Le prêtre s'était empressé d'examiner la porte mais...

¤Encore un langage étrange, du géant ?¤

Après avoir adressé un signe de tête négatif à la question du guerrier, Karmeth avait pensé à allumer un feu. Seulement la réaction de Jen lui fit penser que lui aussi avait laissé son paquetage à la mule du mage.

-Attendez Jen, vous ne devriez pas y aller seul. Je vais vous guider, et j'en profiterais pour récupérer également mes affaires.

Une fois qu'il aurait retrouvé le morceau de craie abandonné au fond de son sac, retranscrire les lettres sur la porte en commun permettrait peut-être à un des membres du groupes d'y voir plus clair. Sinon il ne resterait plus qu'à examiner la porte en détail et tenter de trouver le mécanisme d'ouverture sans savoir ce qu'était le texte.

¤A moins d'aller chercher de l'aide... Le Baron ou les champignons sauront peut-être le décripter.¤

L’ensorceleur qui à première vue ne trouvait pas les choses si désagréables que ça, commença peu à peu à revoir ses avis et envies. Le manque de lumière était la première source de ses ennuis. A ne rien voir, arrivait rapidement à bout, d’autant que la seule lumière disponible pour Garjzlasa était bien trop éphémère. Suivant le groupe, il échangea mentalement avec Sirth son mécontentement.

Mais autre chose lui occupait l’esprit. En effet, Amur n’avait posé aucunes questions sur son héritage. Le vorastrix s’était attendu à plus, mais sans doute le guerrier né n’avait que faire de la magie sous toutes ses formes, si étranges soit elle. Se réjouissant que tout soit resté en ordre, sans doute Jen, le mage, était mieux dans l’ignorance. Bien que Garjzlasa n’ai pas de rancune particulière envers les magiciens, ces derniers lui paraissaient un peu hautain, et sans doute que s’il voyait se pouvoir, sa connaissance serait mise à l’épreuve, et l’humain n’avait nulle envie d’un interrogatoire en règle. Les autres ne paraissaient pas suffisamment versés dans l’Art pour distinguer son pouvoir de n’importe quel sort, ce qui était donc sans risque, mais le mage, si sympathique soit il, était mieux sans le savoir.

Pensant tranquillement ses craintes et ses envies, le groupe s’arrêta net, coupant de la même manière le fil mental de l’ensorceleur. Avant que ce dernier n’eut le temps de contempler le mur, que la lumière tomba. Il se dit que sans doute un sort de sa part pouvait être utile, mais se ravisa, estimant que le temps gagné était moindre. Restant silencieux, il attendit dans les ténèbres, comptant sur le nain pour prévenir d’un quelconque danger. Mais la situation ne le rassurait pas vraiment.

Neuvième jour d’Alturiak 1373
Nord de l’Anauroch
Nuageux
12h10
-10°C


Allastar considéra les quelques compagnons de son porteur qu'il voyait pendant quelques secondes avant de répondre. Ne voulant pas prendre de risque inutiles, il préféra jouer la carte de la méfiance.

-Oui, notre objectif se trouve dans cette direction, derrière une lourde porte de métal. Pour ce qui est de tes compagnons, je ne connais pas la Compagnie des Marches comme toi et je ne connais assez aucun des aventuriers qui partagent nos mésaventures pour avoir la certitude qu'ils sont dignes de confiance. Nous n'avons pas le choix, notre destin dépend d'eux aussi mais il est sans doute plus sage de ne leur révéler que ce qu'ils ont besoin de savoir.

Peu de temps après être arrivé près de la porte, le groupe se sépara à nouveau, même si ce n'était que pour quelques minutes. Pendant que Jen et Karmeth retournaient auprès d'Arsinoé, ou de la statue de son corps pour être plus précis, les autres attendaient dans la lumière douce et rassurante de l'aura de Vëla. Courage, ainsi que Pantin qui était de nouveau sur son dos, tournaient autour de la paladine comme s'ils étaient tous deux en train de réfléchir. De fait, Pantin fit rapidement comprendre à sa monture qu'il voulait aller voir les runes gravées dans la pierre.

Au moment où, enfin, les deux aventuriers revenaient plus chargés et équipés de torches, Allastar fit de nouveau entendre sa voix métallique. Sans doute la rapide vision de la porte dorée et la certitude de se trouver très près de son objectif avaient-elles ravivé la flamme de l'âme nanesque enfouie dans le bracelet car c'est par une boutade qu'il signala sa présence.

-Rak, te souviens-tu de ce que disent les vendeurs sur les marchés? "On regarde avec les yeux, pas avec les mains." Je dois avouer que cela m'aiderait sans doute si tu pouvais regarder un peu plus avec tes mains. Après tout, je suis sans doute plus vieux que vous tous réunis, je connais peut-être cette langue étrange.

Rak avait écouté les conseils d'Allastar, et s'avouait en son for intérieur qu'ils partageaient le même avis.

¤ Vu les enjeux de ce qui m'a fait venir ici, être prudent n'est pas trahir mes nouveaux compagnons du moment où je ne fais rien pour les mettre en danger. ¤

Le guerrier regarda Karmeth s'éloigner en compagnie de Jen. Puis les autres autour de lui qui exprimaient des idées dans tous les sens.

¤ J'ai l'impression qu'il y a pas de chef dans ce groupe. C'est pas bien ça. Comment est-ce qu'on peut avancer dans ces conditions si tout le monde propose des idées et que personne les suit ? ¤

Le nain d'écu garda ses réflexions pour lui, ne voulant pas s'attirer l'animosité de ses nouveaux compagnons. Son constat n'avait pas pour objectif de lui faire prendre la tête du groupe. En bon nain guerrier, simple de personnalité, il n'aimait pas les situations de ce genre. Il préférait l'organisations bien hiérarchisée de la Compagnie des Marches où il se sentait si bien.

La voix d'Allastar le tira de ses réflexions tandis que le groupe se trouvait à nouveau au complet.

- Regarder avec mes mains ? questionna Rak perplexe. Qu'est-ce que tu veux dire ? Que je passe mes mains sur ces inscriptions ? demanda-t-il. Comme ça ?

Le guerrier passa ses mains sur inscriptions mystérieuses, espérant que le bracelet pourrait trouver une solution rapide pour ouvrir cette porte.

Il faut bien avouer que Jen n'était pas du tout mécontent d'être accompagné par Karmeth, il pensait bien ne pas prendre vraiment de risque en retournant voir Arsinoe mais se savoir escorté le rendait tout de même plus tranquille. Arrivé près de la pauvre mule, notre mage saisit son paquetage s'assurant de la présence de son grimoire, de son étui à parchemin ainsi que de sa fiole d'encre. Songeant à ce qu'ils pouvaient rencontrer sur leur chemin, il y ajouta son rouleau de corde de chanvre en regardant Karmeth.

-Maitre Karmeth, pourriez-vous porter cette corde pour moi ? J'ai peur d'être trop lourdement chargé et de vous retarder si je m'en occupe mais un bout de corde peut toujours être utile.

Il ajouta à son sac les quelques rations qui lui restaient ainsi que son outre d'eau et la fameuse lanterne accompagné de son briquet, but de son voyage. Il s'abstint toutefois d'allumer celle ci afin d'économiser sa réserve d'huile, préférant saisir sur le chemin du retour deux des torches équipant le couloir.
C'est donc à la lumière tremblotante des deux flammes qu'ils revinrent auprès de leurs compagnons au moment ou une voix qu'il n'avait pas encore entendu se faisait entendre. Celle ci semblait provenir du bracelet au poignet de son camarade des marches et il se demanda qu'elles étaient réellement les propriétés de celui ci.

-Un bien étrange artefact que voilà ! Est-il enchanté avec sa propre personnalité ou sert-il d'intermédiaire à une personne se trouvant loin d'ici ?

Profitant de la lumière des torches il tenta lui même de décrypter les signes gravés sur la porte.

-Au pire, je peux également recopier les signes pour les montrer au baron qui semble avoir quelque connaissance la dessus.

Jet de décryptage pour voir si il comprend quelque chose ?

Garjzlasa se lassa rapidement de la situation. Les choses se posant peu à peu, la douce lumière de Vela était comme une petite voie qui insistait pour que l’ensorceleur s’endorme dans l’instant. Bien que n’ayant pas sommeil, et n’étant pas encore prêt à s’endormir, il n’en était pas moins agacé. Sirth, sentant cette agitation, sorti du manteau de fourrure pour se jucher sur l’épaule de son maitre, observant avec une curiosité ostentatoire, à son habitude. La belette ne partageait pas vraiment le point de vue de son maitre. Il faut dire qu’elle passait la majeure partie de son temps endormie, et le moindre détail remarqué durant son éveil le passionnait, ou du moins c’était l’impression qu’on pouvait en avoir.

Déçu par la réaction de la belette, pour une raison que lui-même ne comprenait totalement et qu’il qualifiait d’arbitraire, il décida d’aller voir les différentes occupations du reste du groupe. Ce dernier semblait plutôt immobile, et chaque tache entreprise par le groupe était sujette à une inertie colossale. Bien sur, se séparer de nouveau était impensable, et l’ensorceleur se réjouissait de la compagnie des sacs de muscles et autres guerriers, en particulier de la compagnie. Pour sa part, l’ensorceleur ne se sentait pas vraiment chez lui dans cette organisation, mais c’était un emploi comme un autre. Il lui fallait de l’argent, et la trouver n’était pas chose facile. Mais c’était un emploi sure, comparé à ce qu’il avait pu entendre de groupes d’aventuriers égorgés par leurs propres compagnons.

Il s’approcha de Rak, pensif, quand la douce lueur d’une lanterne apparut au fond du couloir. Sur ses gardes un moment, une fois que la présence du mage était confirmée, il le laissa arriver sans vraiment y porter grande attention. Une fois qu’il arriva à sa hauteur, l’ensorceleur regarda Jen s’intéresser de prés au bracelet. Intrigué et intéressé, l’ensorceleur tendit l’oreille et s’intéressa au propos du mage et du nain. Après tout, toute information sur des objets magiques était bonne à prendre, et avoir une idée des connaissances de ses alliés n’était pas un luxe.

Neuvième jour d’Alturiak 1373
Nord de l’Anauroch
Nuageux
12h10
-10°C

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Jen essaye de comprendre quelque chose: (Décryptage)
??(Dé) + 8 contre DD 15 = ??

andis que Garjzlasa réfléchissait impatiemment à sa situation, Rak, aidé par Allastar, et Jen cherchaient une solution à l'énigme posée par la porte. Le premier à fournir une piste fut Rak, quoique plus par chance que par intelligence. Lorsqu'il passa sa main devant le premier caractère, celui-ci s'illumina. Lorsque sa main atteignit le second caractère, il en fit autant mais le premier s'éteignit. Et la même chose se répéta pour tous les caractères jusqu'au dernier.

Un second indice fut trouvé par Allastar au moment où la main de son porteur atteignit le premier caractère que Karmeth et Rak n'avaient pas reconnu. Le bracelet magique fit résonner sa voix pour indiquer à ses compagnons sa découverte et sa première théorie.

-Je reconnais cette rune, elle appartient à l'alphabet utilisé par les géants. Seule elle n'a aucune signification mais peut-être que toutes les runes de la langue des géants forment un indice.

Rak continua donc son mouvement jusqu'au dernier caractère pour donner une chance à Allastar de lire toutes les runes issues de la langue des géants. Il dut refaire plusieurs passage en ne s'arrêtant que sur les runes qui lui étaient inconnues, dans plusieurs sens et dans le désordre mais, à la fin, le constat du bracelet était un échec.

-Je suis désolé, je n'ai pas l'impression que cela forme un mot, ni dans un sens ni dans l'autre et je n'ai plus vraiment d'idées sur comment ordonner les lettres pour leur donner un sens.

Pendant les quelques minutes de lecture du bracelet, Jen était resté silencieux réfléchissant profondément. Il avait beau ne pas parler la langue des géants, ni même celle des nains, il voyait plus loin qu'Allastar dans ce message et il décida rapidement de ne plus s'intéresser aux runes comme pourvoyeuses de sens mais de s'intéresser plutôt à leur graphie. Le magicien savait que décrypter un texte dans une langue inconnue est avant tout un jeu de l'esprit et que le meilleur moyen de réussir est de faire abstraction de tout ce qui peut sembler naturel. Et c'est ce qu'il fit. En se concentrant sur la nature profonde des runes, et en tenant compte du fait que les lettres semblaient pouvoir s'allumer, il élabora une théorie. Les runes des géants ne comptaient pas comme caractère mais étaient la clé. Et la meilleure interprétation de cette idée était que ce qui comptait dans les runes était leur nombre de lignes. Il se retrouvait donc avec une série de nombres.

Rak avait entendu la question de Jen, mais n'y répondit pas immédiatement. Il attendit un peu, pour savoir si Allastar souhaitait y répondre lui même. Comme ce ne fut pas le cas, le guerrier décida d'apporter lui-même une réponse. Il ne pouvait pas feindre d'ignorer Jen. De toutes façons, en s'exprimant à haute voix devant tout le monde, Allastar avait dévoilé lui même qui il était.

- Jen, Allastar ne sert pas d'intermédiaire. Il a bien sa propre personnalité. Et j'espère qu'il va pouvoir déchiffrer ces mots étranges.

Rak continua de faire passer le bracelet au-dessus des signes.

- Allez Allastar, dis nous de quoi ça parle ! l'encouragea le nain d'écu.

Mais une fois que le bracelet fut passer au-dessus de toutes les inscriptions, la désilusion fit place à l'enthousiasme :

- Tu es sûr ? Aucune chance de trouver ce que ça veut dire ? questionna le guerrier déçu.

Rak chercha le regard de chacun de ses nouveaux compagnons.

- Bon, quelqu'un aurait une idée ? Sinon, il faudra trouver un autre passage.

Karmeth avait bien entendu accepté de récupérer la corde de Jen en même temps qu'il récupérait son sac. Ils ne savaient pas ce qui se trouvait derrière la porte et il allait peut-être se passer un certain temps avant qu'ils ne reviennent. Ou peut-être pas, difficile à dire vu que cette grotte semblait contenir autant de "petites" niches que de gigantesques salles.

Une fois revenu à la porte il se tint volontairement à l'écart. Non pas qu'ils soient mauvais à résoudre les énigmes, il en raffolait même s'il lui fallait souvent longtemps y réfléchir. Mais depuis que le bracelet de Rak avait pris la parole, le prêtre essayait desespérément de trouver une façon polie de demander au guerrier s'il pouvait le laisser y jeter un coup d'oeil. Considérant finalement que ça faisait peut-être trop peu de temps qu'ils se cotoyaient pour une telle requête, il finit par laisser tomber la question et du même coup toutes celles qu'il avait en tête.

- Heu non, on peut peut-être tenter des combinaisons au hasard. Ou bien forcer la porte.

Le nain avait été prit au dépourvu par la question, et avait donc dis les premières choses qui lui passait par la tête. Cependant en y réfléchissant un instant ce n'était peut-être pas si idiot que ça en avait l'air au premier abord.

- Ah mais si...

En s'approchant des runes, Karmeth considéra la question, promenant rapidement son regard sur les pierres.

- Les probabilités sont nombreuses mais... si le but est de tous les allumer... en les ordonnant dans un sens... alors il suffit de trouver le premier "couple" de lettre... réussir seulement à en allumer deux pour soit trouver la logique soit recommencer cette technique jusqu'à en allumer trois, quatre, autant qu'il en faudra. Ce sera long mais bien moins que d'avoir à aligner toutes les lettres avant de recommencer.

Il y avait aussi la possibilité de déclencher un piège. Mais apparemment rien ne s'était produit lors des essais précédents, ce qui était rassurant. Par contre rien n'assurait que le but était bien d'éclairer toutes les pierres, auquel cas c'était du temps perdu pour rien. En tous les cas c'était mieux que rien et si personne n'avait mieux à proposer, le nain n'allait pas tarder de passer à la pratique.

¤Le premier symbole avec le deuxième n'a rien donné, essayons le premier avec le troisième, puis avec le quatrième, le cinquième,... et ainsi de suite... Ca ne fait jamais que... le nombre de symbole multiplié par lui-même en possibilités... Même si l'on prenait mettons cinq secondes par paire... Au pire on en aurait pour quelques heures...¤

La patience était innée chez les nains disait-on. A moins que ce ne soit l'obstination... Toujours était-il que passer une heure à taper deux pierres puis recommencer ne gênait pas Karmeth. Surtout qu'il était confiant en sa chance. Sa divinité finirait bien par guider sa main. Et si ce n'était pas le cas et bien ce serait une mise à l'épreuve qu'il accepterait vaillament.

Garjzlasa regardait les écritures avec une attention certaine. Certes, il était plutôt difficile de voir au travers de cette énigme, mais l’ensorceleur, d’habitude peu entrain à ce genre d’exercice, se prit pour cette fois ci au jeu. Comptant les différentes inscriptions, il se tourna ensuite vers ses compagnons, plus précisément Karmeth.

-Ami nain, je pense que c’est une bonne idée. Sans doute les runes contenant le même nombre de barres vont ensemble. Prendre l’inscription en note pourrait être une bonne idée, cela permettrai de ne pas se perdre dans la démarche, vu qu’elle s’annonce comme longue, qu’on dites vous ?

Regardant les symboles sur le mur, l’ensorceleur semblait perdu. Quelle pouvait bien être la signification d’un tel mécanisme magique. Et surtout, à quoi pouvait il bien servir. Car bien sur, on ne pose pas un code magique complexe sur toutes les portes. Celle-ci devait surement être spéciale, et le contenu de la salle qu’elle ferme en serait donc encore plus spécial. Voila de quoi réjouir l’ensorceleur.

-Et vous avez essayé de les mettre dans un ordre particulier ? Du plus petit numéro au plus grand par exemple ? Ca donnerai peut être une phrase compréhensible au final. Je ne lis pas cette langue, mais peut être que ceux qui le peuvent sauront essayer.

Essayant de débloquer la situation, l’ensorceleur laissa ses théories décanter, pour éviter de surcharger l’espace de parole déjà réduit par l’écho sur les parois.