Ophiuchus - Chapitre I, Saphir Noir, 30 Nuiteuse 1372

ixième jour de la troisième chevauchée du Crépuscule
Année de la Magie Sauvage.
30 Nuiteuse 1372
Quelques heures après l'aube.
Arrabar, Auberge du Saphir Noir.
Temps ensoleillé, froid


Zobian

~Précédentes aventures~

Pris la veille au soir, le bateau sur lequel avait navigué Zobian bénéficia d'un vent favorable, régulier et d'une force bien suffisante pour faire apparaitre quelques lames, même dans le Bief de Vilhon. Ils accostèrent à Arrabar aux premières lueurs du jour, avec plusieurs heures d'avance sur les habitudes. Le capitaine du navire était un vieux loup qui avait fait cette traversée un nombre incalculable de fois, ou du moins avait-il perdu le compte. Ainsi fut leur sujet de discussion, le jeune roublard courant après son destin, et le vieux capitaine attendant le sien d'un pied ferme ; car ce capitaine aimait prendre le temps de discuter avec chacun de ses passagers, et rien n'avait de secret pour lui en ce monde, même s'il ne quitta que très occasionnellement son bras de mer.

Zobian, la lettre en main, flâna jusqu'à la place de l'Athss, dont le chemin lui avait été indiqué par plusieurs badauds interrogés sur le passage. Une coïncidence que le marché fut si près du Saphir Noir, qui l'arrangeait assurément. Il resta un moment à admirer les étals, s'arrêtant ici et là. Encore quelques jours et le marché serait terminé.

Sa curiosité satisfaite, il poussa enfin jusqu'au Saphir Noir, situé au bout d'une venelle.


Zelkior

~Précédentes aventures~

Après son entrevue à Barovia, il resta quelques jours à l'auberge la plus proche du Saphir Noir, étudiant Hlondeth et sa région sur les parchemins qu'il avait reçu. Un beau matin, une missive l'attendait ; elle avait été posée sur sa table basse et le sceau lui en indiquait clairement la provenance. Il prit l'enveloppe en main et en devina immédiatement le contenu : son anneau lui était revenu. Un mot lui était joint à l'intérieur.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Il entra alors en action.


Moira, Jon

Après leur arrivée dans la maison des mercenaires du Saphir Noir, Jon et Moira eurent l’occasion de mieux connaître les lieux et les autres mercenaires. Il réalisèrent leurs premières missions accompagnés ou parfois en autonomie. L'heure était apparemment venue de leur affecter une tâche aux responsabilités et conséquences plus importantes -et dangereuses-. Ainsi avaient-ils été convoqués le matin du 30 Nuiteuse par Miriel, la veille au soir. Elle ne voulut donner plus d'explications avant que l'heure ne fut venue, prétextant un travail plus important à effectuer, même si sa tenue en disait long sur le type de ce travail : une soirée mondaine à n'en pas douter.

Jon avait répondu présent en avance, ne pouvant se rendre au rendez-vous -une importante course à terminer le retenait le matin-. Il rejoindrait le groupe dès la première heure après le mi-jour et assurément avant que le bateau ayant porté Zobian à l'aller ne reparte vers Hlondeth.


Moira, Zobian, Zelkior

Moira était assise à une table, attendant avec patience que Miriel veuille bien se montrer. La matinée avait déjà bien commencé, et la salle commune au rez de chaussé calme par rapport aux derniers jours. Malgré tout, il y avait plus de client que de coutume pour cette heure et par ce temps. Le marché à proximité drainait beaucoup de monde, et probablement que dans quelques jours le calme de cette saison serait de retour. La guerrière avait commandé une collation à Merrilmerry et tuait ainsi le temps.

De l'autre côté de la salle, un regard de pierre toisait chaque visage dans la salle. Zelkior savait à qui se présenter, mais il ne voyait pas encore cette personne. Et il restait pour le moment assis.

Bientôt et au même moment, deux portes se faisant face s'ouvrirent. De l'une d'elles apparut Miriel ; de l'autre, Zobian. Il est parfois étrange de voir comment l'instinct peut guider les pas de chacun, et en quelques instant, Miriel fut rejoint par Zelkior et Zobian, alors qu'elle venait de d'arriver en face de Moira.

Tous se dévisagèrent, curieux de savoir quelle coïncidence les avait rassemblé à cet endroit et à cette heure, alors qu'ils éprouvaient tous l'étrange sentiment d'être liés ensemble à une quête commune.

Douze jours passés, et Moira ne se sentait toujours pas vraiment à sa place ici. Etant une femme grande et pâle au milieu de gens généralement basanés et de stature modeste, elle subissait beaucoup de regards d'une curiosité condescendante assez détestable. Jon n'était pas là, et quelque part c'était tant mieux ; le tieffelin caractériel se serait sûrement déjà fendu de commentaires ronchons sur les manies de leur employeuse.

Moira n'était pas pressée, mais il fallait admettre que parfois, Miriel abusait de sa patience avec son petit manège. La grande guerrière se leva silencieusement à son approche et quitta la table, ses yeux bleus glacés détaillant la scène devant elle : presque simultanément deux autres individus avaient convergé vers la propriétaire du Saphir Noir. Sa main remonta d'instinct vers la poignée de son arme, d'un geste sûr mais suffisamment doux et naturel pour ne pas attirer l'oeil. Il était fort probable à dire vrai que ces gens aient affaire avec Miriel, mais pas nécessairement au même sujet que Moira. Certes ils avaient l'air louche, un peu malsains, chacun dans un style différent, mais finalement pas plus qu'une partie de la faune fréquentant l'auberge. L'un comme l'autre pourrait être à la rigueur un commanditaire, un messager ou un "spécialiste" comme l'était la Fouine.

Impassible, la guerrière attendit que Miriel se décide à dire quelque chose. Le mystère entourant la mission à venir laissait présager un contexte délicat, et Moira ne pouvait qu'espérer qu'il ne s'agisse pas encore de jouer les monte-en-l'air pour voler un quelconque document. Qu'elle envoie la Fouine pour ce genre de plaisanterie.

e plaçant face au trio, il l’avait reconnu. Cette … Miriel que son commanditaire lui avait décris. Femme mince élancée, le visage plaisant encadré par de longs cheveux bruns et dégageant un … je ne sais quoi. Sans aucun doute s’était-elle. Scrutant rapidement du regard les deux autres, il s’arrêta une seconde sur le médaillon de Kelemvor que portait la jeune femme, aux yeux violets, profitant pour décrire du regard l’attirail qu’elle portait sur le dos.
¤Encore une féru d’acier, harnachée dans d’un cercueil de métal¤

Posant de nouveau ses yeux pâles sur Miriel, il arborait sa posture habituelle. Droit, les mains croisées dans les pans d’une robe longue en soie pourpre, il jouait de nouveau avec l’anneau entourant son index gauche. Ses longs cheveux blancs libres dans son dos, il avait de nouveau bandé son cou, cachant ainsi son appartenance. Ses traits froids avaient disparu, laissant un masque qu’il avait l’habitude d’endosser. Un sourire bienveillant aux lèvres, il inclina la tête en guise de salut. Puis élevant une voix joviale.
-(Commun) vous devez être Dame Miriel je présume. Votre beauté naturelle n’est donc pas un mensonge. Sortant sa main il se tapota le front. Mais ou ai-je la tête, veuillez excuser mes manières. Khemed, Khemed Alrim. On a surement dut vous prévenir de ma venu. On m’a dit que vous seriez en mesure de m’escorter jusqu’à Hlondeth …

Zobian retira sa capuche lorsqu'il croisa le regard de Dame Miriel. Poussé par une main invisible, il savait à qui il avait affaire et que la lettre de Gramloth était destinée à cette seule personne. L'auberge quant à elle ne semblait pas être autre chose qu'un débit de boisson avec son lot de piliers de bar et de petits nids de brigands. Il ne s'attarda pas sur les autres clients et resta concentré sur la destinataire de la lettre. Ainsi avança-t-il vers elle. Les quatre protagonistes étaient rassemblés et Zobian leur fit un sourire.

En plus de Miriel, il salua l'imposante stature d'un guerrière et la posture de ce qui semblait être un jeune homme charmant. D'un coté une armure d'un métal lourd et épais, à l'épreuve des flèches. De l'autre un chaland bien habillé qui devait avoir une langue aussi habille et dangereuse qu'une fine lame d'assassin.

A coté de ses personnes, il se figurait être un petit rat. Son visage creusé et fantomatique, son air malade et sa cape usée par le voyage en étaient pour beaucoup.Sous sa cape, il passa ses doigts sur la lettre dont il était le porteur. Doux glissement de doigts sur le papier. De l'autre il rejeta sa cape sur son épaule et inclina la tête lorsque l'autre homme c’était présenté.

A son tour il dévoila son identité:

"Enchanté. Je me nomme Zobian Alharan du Thétyr. Comment dire... Un "ami commun" m’envoie pour vous... hmm... Entretenir d'une affaire..."

Moira, Zobian, Zelkior

Miriel fit un signe à Moira, le sourire en coin.

- Il semblerait que nous ayons du succès ce matin, très chère.

Faisant disparaitre son sourire, Miriel posa son regard sur les deux nouveaux arrivants. Elle ne les avait encore jamais vu ici, et leurs attitudes tout comme leurs vêtements laissaient présager des origines bien différentes du Bief de Vilhon et d'Arrabar. Le-dit Zobian disait venir du Thétyr. Au vu de l'état de ses habits, cela ne l'aura étonné que cet individu ait fait le voyage tout entier la veille : son mouvement de cape avait envoyé un effluve peu ragoutant dans la direction de Miriel. Elle dévisagea Zelkior et Zobian, faisant descendre son regard de la tête aux pieds, puis inversement. Elle resta pensive un moment, puis parla enfin.

- Ainsi est-ce vous, Khemed Alrim. Dit-elle en faisant résonner le nom dans son esprit. Elle ne releva pas sa première remarque, qui était peu rare à ses oreilles ; elle s'amusait toujours de l'effet qu'elle pouvait produire et de la manière dont les hommes pouvaient l'aborder. On m'a averti de votre venue, effectivement. On m'a aussi parlé de votre connaissance de la ville de Hlondeth et de sa région. Si c'est le cas, joignez-vous à notre table. Et elle attendit, l'oeil suspicieux, un signe du monial, comme une confirmation d'un marché qui avait été passé auparavant.

Elle se tourna vers Zobian. Le regardant plus en détail, elle vit qu'il était jeune, plus jeune qu'elle ne l'avait cru auparavant. Ses traits étaient tirés et son aspect rachitique, mais dans ses yeux brillait une lueur que Miriel n'arrivait pas encore à comprendre.

- Un ami commun vous dites ? Quelle affaire ? Cette matinée et depuis quelques jours, ses pensées avaient toutes été dirigées vers une seule et même personne. Malgré tout, cet ami commun dont parlait l'inconnu pouvait être une toute autre personne : son jugement était peut-être altéré par les évènements des derniers jours. Elle se leva, et entraina Zobian par le coude à quelques pas de la table. D'un air anxieu, les yeux plongés dans ceux du roublard, elle reprit.

- Parlez, dites m'en plus sur cet ami commun. D'où vous envoit-il ?

Elle regarda nerveusement autour d'elle, comme pour s'assurer qu'aucune oreille trop indiscrète n'était à l'écoute.

La grande guerrière répondit par un assentiment toujours aussi silencieux mais ne bougea pas de sa place, restant debout. Miriel avait accrédité la présence des deux personnages. Au moins l'un, l'autre en partie.

Khemed Alrim. Cet homme étrange ne passait pas inaperçu : un grand échalas vêtus pourpre couronné d'une masse de cheveux blancs laissés libres au vent. Il disait venir chercher une escorte pour le Hlondeth, mais n'avait rien d'un marchand. Il ressemblait plus à une sorte de sorcier. Ce qui frappait le plus Moira, c'était son attitude, le changement de façade hypocrite entre le moment où il est entré, et celui où il a ouvert la bouche pour interpeller Miriel. Il lui rappelait Ilastul senior par bien des côtés : le sourire apprêté, les gestes calculés presque théâtraux, le discours qui se veut chaleureux et badin mais qui sonne désespérément creux.

¤Oui, tout sonne creux chez cet homme. Il est vide à l'intérieur. Comme une marionnette. Ou plutôt, comme un épouvantail.¤

Un bien sinistre épouvantail. Que venait-il apporter? Mais le plus curieux était l'invitation que lui fit Miriel. Elle qui professait le secret et la discrétion allait discuter de deux affaires à la même table?

Moira détourna légèrement le regard vers l'autre visiteur, qui avait accaparé l'attention de la maîtresse des lieux. Zobian. Zobian Alharan. Drôle de petit bonhomme fétide. La comparaison avec un rat d'égout était facile, trop facile. Peut-être en jouait-il, d'ailleurs : une apparence souffreteuse et minable est un moyen pour qu'on ne vous approche pas de trop près pour qu'on vous reconnaisse. Ni qu'on se méfie de vous. C'est pourquoi la guerrière trouva la réaction de Miriel bien imprudente : n'importe qui pourrait se réclamer d'un "ami commun" pour entrer et s'approcher, et ensuite lui planter un poignard dans le ventre. Certes, ensuite il ne sortirait pas du Saphir en vie. Mais pour certains assassins déterminés, c'est un détail.

Zobian farfouilla dans sa cape quand Dame Miriel lui demanda d'où venait leur "ami commun". Lorsqu'il posa sa main sur le parchemin de Gramloth.
Le roublard laissa le papier dans sa poche et sourit à la gérante.

Tout autour de lui, il ne se sentait pas en sécurité dans un tel endroit. Il fit un tour de salle du regard. Ne voyant pas de personne "dangereuse", du moins à première vue, il se décrispa et revint dans la conversation.
Zobian ne voulait pas s’éterniser dans la grande salle et alla droit au but, tout en modérant le volume de sa voix.

"Je suis venu ici sur la demande de Gramloth de la Caverne, à Hlondeth. J'ai une lettre à vous confier."
Il plaça sa main dans sa poche et caressa vivement son fétiche.

"Je n'en connait pas le contenu mais Gramloth semblait désireux que je vous l'apporte au plus vite. Avez vous un lieu plus propice aux échanges qu'une grande salle commune ?"

Même si il ne connaissait pas le contenue de la lettre, Zobian voulait bien faire le boulot de coursier. Donnez un document à la vue de tous le dérangeait beaucoup.

entant un regard soutenu vers lui, le monial posa de nouveau ses yeux vers la femme ceinturée de métal. D’un mouvement de tête il la salua de nouveau, arborant toujours son large sourire. Invité par Miriel à la suivre à une table, il acquiesça d’un hochement de la tête avant de revenir vers la guerrière.

(commun) Après vous je vous en prie … très chère. Puis sans changer d’expression, il leva le bras droit en direction de la table indiquée par la maitresse des lieux.

Tirant l’oreille vers les premières brides de conversations entre la maitresse des lieux et l’homme, leur conversation sur … l’homme mystère … ne l’intéressait aucunement. S’asseyant à la table désignée par Miriel, le dos droit, les mains toujours jointes et invisibles dans les pans de sa robe, il laissa la discussion suivre son cour. Tiquant sur les dernières paroles de l’homme face à Miriel il décida d’engager la conversation. Elevant sa voix dans un timbre identique à la dernière fois :

-(commun) Sire … Zobian … je pense que cette mise en scène de discrétion n’attirera sur nous, plus qu’il n’en faut. Asseyons-nous ici comme de simples partenaires commerciaux ou comme garde du corps. Jetant un coup d’œil à Moira. Après tout c’est ce que nous sommes. Accentuant son sourire. Enfin ceci n’est que mon avis. Mais si Dame Miriel voyait en ce lieu un quelconque danger, elle n’hésiterait pas je pense, à nous demander de changer de lieu. Regardant la maitresse des lieux il reprit. Mais ces paroles n’engagent à nouveau que moi et je me soumets à votre décision Dame Miriel.

Moira, Zobian, Zelkior

Zobian parla enfin, à la plus grande satisfaction de Miriel. Le nom prononcé, Gramloth, résonnait encore dans la tête de la belle femme. Cet hurluberlu n'avait pas l'habitude d'être en retard, et il n'avait jamais failli à l'une de ses promesses. C'est le souvenir qu'elle avait des anciens échanges que son père avait eu avec cette personne ; mais cela faisait longtemps, très longtemps, et cela était regrettable pour la famille Ilastul. Ce Gramloth avait plus d'un tour dans son sac, aussi cela l'avait quelque peu surprise lorsqu'il avait envoyé une première missive, il y a plusieurs semaines. Leurs échanges avaient été réguliers depuis, mais chaque fois se faisait-il plus pressant, plus inquiet, au point de demander assistance à Miriel quelques jours auparavant : il semblait ne plus pouvoir faire confiance à personne à Hlondeth.
Puis plus rien. Miriel avait eu peur que malheurs ne lui soient arrivés.

Ainsi, entendre cet homme parler d'une lettre écrite de la main de Gramloth la rassura grandement. Certes il n'avait pas l'apparence d'une personne de confiance, mais si le bon vieux marchand l'avait chargé de cette course... à moins que l'urgence ne fut trop grande ?

Elle fit une pause, semblant réfléchir et reprendre ses esprits, regardant les clients de l'auberge un à un. Satisfaite, elle répondit au roublard, hochant de la tête.

- Bien, bien. Vous ne pouvez mieux tomber, Zobian Alharan du Thétyr. Puis elle mentit avec toute l'aisance du monde, le sourire aux lèvres, en faisant un geste de négligence de la main, bien visible : vous pouvez me donner cette lettre ici même, je connais déjà son contenu et je pourrais le lire à voix haute dans ce lieu, si seulement j'étais sûre de ne pas déranger quelques clients trop occupés à boire !

Miriel avait apprécié la discrétion du coursier, il avait une bien piètre allure, certes, mais semblait savoir ce qu'il faisait. Peut-être serait-il utile ? Mais elle devait encore s'assurer de quelques détails.
Elle prit la lettre que lui tenait Zobian et inspecta le cachet, puis l'ayant ouverte, la date, en haut à gauche, et la signature à la fin du document. Aucun doute n'était possible : de l'écriture aux codes secrets qu'il avait laissé, tout concordait et ce message venait d'un Gramloth libre. Elle fit signe à Zobian de se joindre à Zelkior et Moira, déjà assis à la table. Elle ne les rejoint qu'une fois la lettre lue, et rangée. Son visage était un peu tendu, moins d'anxiété que de réflexion : même si sa lecture ne l'avait pas perturbé, elle semblait encore devoir assimiler ou organiser quelques informations fraichement arrivées.
S'adressant finalement à ses trois interlocuteurs, elle commença :

- Parlons librement, mais prenons garde de ne pas... déranger les voisins. Cela me ferait peine qu'ils vendent une information sans valeur. Elle pensa subitement que l'argent de cette information serait probablement dépensé dans cet établissement, mais après un sourire elle se ravisa. "Bien. Moira, j'ai besoin que tu donnes à Jon tous les détails de notre entrevue ici-même, car vous partez tous les deux à Hlondeth aujourd'hui-même. Il te rejoindra au port, je le ferai avertir. Khemed Alrim sera votre guide dans cette ville, qu'il connait bien." Et elle regarda Zelkior un instant, cherchant sans doute une quelconque réaction. "Mais avant tout, il me faut éclaircir quelques détails."

Se tournant vers Zobian, elle prit un air grave, les yeux vissés dans celui du roublard.

- Zobian, dites m'en plus sur vous. Comment avez-vous connu ce bon Gramloth ? Aussi, vous m'avez dit venir du Thétyr, mais peut-être n'est-ce pas le même que celui que je connais, car il se trouve bien loin d'Arrabar ! Que faites-vous donc dans le Bief de Vilhon, et où allez-vous à présent ?

Moira répondit à 'Khemed' par un regard un peu ennuyé et ne bougea pas d'un pouce. Quand à son intervention, elle frôlait la désobligeance.

Quoique, au vu de ce qui suivit, Miriel aurait peut-être bien besoins de conseils en conduites des affaires. Partir pour le Hlondeth? Pour y faire quoi? Encore une fois, la fille Ilastul prenait les décisions avant de poser les questions. Etait-ce culturel dans ce pays? Mais son comportement étrange ne s'arrêtait pas là ; Khemed Alrim s'était clairement présenté comme un client à la recherche d'une protection, et le voilà ravalé en un instant au rang de guide corvéable pour étrangers. En plus de cela Miriel l'ignorait superbement, trouvant visiblement plus impérieux et nécessaire de discuter des origines thétyriennes du messager. Moira n'avait pas le sens des affaires, loin de là, mais ce genre d'attitude lui paraissait être l'équivalent commercial de se tirer un carreau dans le pied : n'importe quel client d'assez riche pour payer ce genre de service se sentirait sans mal profondément outragé par ce traitement particulièrement cavalier.

A ce point tel que la guerrière faillit sortir de sa réserve pour le lui faire remarquer. Mais c'était inutile, l'Epouvantail ne manquerait sûrement pas de réagir à sa façon, et ce serait intéressant à voir. Surtout qu'il semblait aimer les effets de scènes.

¤Et bien, ça promet pour la suite. Si tout est de la même eau, je crois que je ne vais pas y rester longtemps, dans cette guilde.¤

Elle croisa les bras et hocha la tête, sans se départir de son calme. Si elle devait rapporter une 'entrevue' à Jon, encore fallait-il que cette entrevue aie lieu. Ne serait-ce que pour savoir ce qu'ils devaient y faire, au Hlondeth.