۝ Sous les flots ۝, Traité de l'Eau - III

Dès qu’il se mit en tête de rejoindre ses compagnons, Euréka se rendit compte que dans leur plan précis ils avaient oublié … de se fixer des rendez-vous précis. C’est donc avec une chance certaine qu’il retrouva la Magouille sur la promenade de Kupav.

- Je venais à ta rencontre et nous devrions faire de même avec notre ami. As-tu une idée de l’endroit de ses recherches ? Je parierais sur le Sud de la Cité. Si nos recherches devaient durer plus longtemps, nous devrions nous choisir un lieu fix. L’ancien repère des Océanides peut-être ?

Les yeux de la Magouille pétillaient de malice, ses recherches avaient dû être fructueuses pour qu’il soit aussi joyeux. Tandis qu’ils redescendaient la promenade sur toute sa longueur, Euréka sentit le roublard lui ‘parler’ au travers de l’anneau :

¤ Au vu de leurs réactions diverses et des sous-entendus de non-partage de savoir, j’ai préféré me tourner vers notre allié Dukar plutôt que de me rendre à l’université. Bien m’en pris, Jorunhast est un homme exceptionnel, d’un grand savoir et d’un grand humour aussi. Je vous tairai les comparaisons qu’il a utilisées pour parler de la jeune Duadil qui a, effectivement, déjà essayé à plusieurs reprises de rejoindre leur ordre sans succès. Elle cherche le pouvoir, aucunement à l’utiliser pour le bien de Seros ou quoi que ce soit qui appartienne à leurs doctrines de paix et de protection et a donc été, à chaque fois, renvoyée le plus poliment possible vers d’autres activités. Elle s’est acoquinée avec un membre de la garde semble-t-il et espère approcher le Conseil Nantarn, rien que ça … Elle a le bras long et probablement la capacité de faire ce qu’elle promet mais s’associer à elle c’est nous mettre les Dukar à dos.

Je ne vais pas faire durer le mystère plus longtemps au niveau du Portail du temple de Sashela, bien sûr il en connait le secret et il n’a pas tardé à m’en faire part, ne partageant pas la manie de ses pairs à entourer de mystères tout ce qui leur est lié. Il suffit de prononcer le nom du temple en y entrant et de tourner sur soi-même par cinq fois pour l’ouvrir. ¤

A peine eut-il transmis le fruit de ses recherches, qu’ils retrouvèrent Galopin, au pied de la Fontaine de Feu. Les quelques habitants qu’ils croisèrent les saluaient poliment ou les dédaignaient plein d’une superbe toute elfique : - « Je suis désolé … Je n’ai pas pu retrouver Nalos, personne ne sait où il se trouve depuis que nous l’avons quitté. C’est très étrange et un peu inquiétant aussi. Et vous ? Vous en avez appris plus ? »

ar la pensée, Eurêka transmit à ses compères que la garde les cherchait en raison du petit incident à la bibliothèque. Enfin, rien de trop grave, seulement qu'il fallait éviter de s'y pointer à trois immédiatement. Et encore moins se rendre dans la salle sèche.

Le gnome leur transmit aussi ce qu'il avait appris au sujet des océanides/sarruhk/aventi. C'est-à-dire pas grand chose, et beaucoup. Assez cependant pour se douter que le temple de Sashelas, ou tout du moins ses profondeurs, cachait sans doute des informations capitale à propos du traité de l'eau, du moins... en théorie. Une question cependant le perturbait toujours.

¤Au fait, il t'as dis où menait le portail du temple? Je n'ai rien trouvé à ce sujet, tu en as appris plus à ce sujet ? Je suppose que cela a un lien avec les Dukars, je n'ai rien trouvé à ce sujet, et tout le monde leur cours après, sans compter qu'il sait comment user du portail. Mais quoi donc, ou plutôt où donc chez eux? On peut toujours tenter d'y aller, après tout, on a Jorunhast derrière.¤

Avant même qu'on ne lui réponde, le gnome savait de toute façon que c'était là leur seule et principale piste. La question était, devait-on attendre un peu ou non? Il était d'avis que oui, prendre une nuit de repos, récupérer leurs armes, se préparer un peu mieux. Profiter de la ville, et puis, tenter leur chance. Mais il n'était pas seul.

¤ Quel que soit la réponse, voici ce que je propose. Soit on va au portail du temple tout de suite. Soit, on termine là pour aujourd'hui, on prend un peu de repos chacun de son côté, on se retrouve à l'auberge ce soir. On profite de la ville. Demain, on récupère notre équipement, puis on va jeter un oeil à ce portail.¤

¤ Pas question de prendre le Portail sans nos affaires, souvenez-vous, la majorité d'entre eux est à sens unique. ¤

La Magouille restait logique, "les pieds sur terre malgré la situation et leur environnement aqueux. Galopin était dans un tout autre état d'esprit ...

¤ Vous souvenez-vous de ce dont nous a parlé Nalos dans l’auberge ? Vous n’avez pas partagé mon rêve éveillé, je comprends que vous en ayez moins de souvenir que moi … La bâtisse éventrée, le « Caveau » comme ils l’appellent était le corps de garde d'une grande villa qui fut habitée par un soldat de la paix et professeur à l'Académie… Un Dukar ! Encore ! Si l’existence de cet escalier, de ce tunnel et de cette double porte d’or était secrète avant que la moitié du bâtiment n’en fut emportée, au moins le Dukar qui l’habitait en était au courant ! Je n’ai pas ton esprit de déduction Euréka, et tu es certainement arrivé aux mêmes conclusions depuis longtemps mais je suis convaincu maintenant que tous les mystères de cette ville sont liés à eux … Leur liche était un d’eux tout compte fait … ¤

Galopin en était fébrile. De temps en temps, il disait un mot à voix haute, ne parvenant pas à contenir sa pensée.

¤ Et depuis que nous lui en avons parlé, il a disparu … il a dû enquêter de son côté, chercher à comprendre comment et pourquoi nous avons partagé ce rêve. Peut-être est-il parti au « Caveau » pour tenter de voir par lui-même ces portes ? Oui c’est surement ça, mais ça fait des heures ! Il faut qu’on aille voir, on … je … S’il-vous plait … ¤

Le Hin se faisait suppliant, convaincu que quelque chose se passait et qu’il fallait en être.

Ils étaient proches du but, tout proche, les pièces du puzzle s’assemblaient autour d’un élément central bien plus colossal que tout ce qu’ils avaient pu imaginer. Les Dukars avaient rencontré les Océanides, ils leurs avaient fermé leurs portes, les empêchant de faire main basse sur leurs secrets les mieux gardés … Mais combien en avaient-ils partagé ? La salle des portails par laquelle ils étaient passés en Outreterre laissait présager qu’ils en connaissaient la magie et la maitrisaient assez que pour être eux-mêmes –et les Porteurs de la même manière- de véritables clés leur permettant de les franchir. Sous le couvert d’un commerce limité, ils ont eu des échanges divers avec les habitants de la cité du Destin.

La Magouille s’apprêtait à lui répondre quand ils eurent soudain l’impression que l’eau se densifiait autour d’eux, une sensation proche de l’électricité qui charge l’air juste avant un orage, des crépitements, des éclairs bleutés au-dessus d’eux et un courant soudain, le tout suivi d’un grand bruit sourd et d’un brouhaha beaucoup plus intense.

Le « bruit » venait de l’extrême Nord de la ville.

urêka ne s'était pas trop soucié de la disparition de Nalos. Après tout, c'était l'un des membres du conseil. Il existait depuis l'époque des océanides. Et devait certainement être suffisamment puissant pour avoir atteint le poste où il se trouvait. Toutefois, l'inquiétude de Galopin était contagieuse. Et le rappel que venait de faire galopin quand au sujet des portes dorées n'étaient pas pour le rassurer.

¤En fait, j'avais complètement oublié que cette tour était en possession d'un Dukar. Tellement de chose à voir dans cette ville. Mon esprit ne sait plus où se fixer.¤

Et justement, un nouvel élément l'intriguait au plus haut point. Quel était donc cet étrange phénomène qu'ils venaient de ressentir. Que venait-il de se passer? Quel était ce « bruit » au nord de la ville. Le gnome était inquiet et... curieux.

¤Allons voir ce que c'était. Peut-être est-ce lié à la disparition de Nalos. Je doute qu'il s'agisse encore d'un portail. Mais on ne sait jamais. Peut-être est-ce une nouvelle clef pour notre affaire. Et marcher nous fera réfléchir...¤

Enfin, si on pouvait appeler ça de la marche. Galopin et la magouille semblaient s'être fait à ce mode de déplacement, mais lui, restait toujours très perturbé.

Chemin faisant, le gnome réfléchissait. Sans partager ses pensées. Tout tournais toujours autour des Dukar. Pourtant, celui qui les avait accueillit, le plus volontaire dans l'aide qu'il leur apportait était l'un d'entre eux. Il leur avait dis ne pas savoir grand chose sur ces fameuses portes. Et pourtant... si galopin disait vrai, les Dukar devaient en savoir bien plus qu'ils ne l'affirmaient.

Dans le même temps, il restait possible que tout ne soit pas transmit au sein des Dukar, après tout, la rétention de connaissance se pratiquait parfois aussi à l'intérieur d'un groupe. Mais étant donné la place de Jorunhast au sein de l'organisation, cela restait peu crédible.

Et tout ça ne leur disait pas où se trouvait le traité de l'eau. A moins que les océanides ne l'aient donné à ceux qui leurs avaient jusque là interdit l'entrée de leur guilde.

¤ Au fait, vous savez quoi sur le traité de l'eau. Nous on nous avait promis un briefing une fois sur place, en outreterre, pour le traité de l'ombre. Mais vous, je sais que vous aviez eu une petite réunion dans le navire à ce sujet. On vous as dis en quoi il consistait, donné un autre nom sous lequel il était nommé?¤

Cela faisait loin maintenant cette grande réunion à propos des ouvrages élémentaires. Jusque là il avait toujours considéré qu'il s'agissait d'ouvrage écris et possédé par les océanides. Mais peut être n'était-ce pas le cas?

La Magouille et Galopin hochèrent la tête de concert à la proposition d’Euréka d’aller voir au Nord de la ville. Au fur et à mesure de leur traversée de la Cité, ils purent se rendre compte que certains Nantarns, les plus jeunes, étaient probablement aussi curieux qu’eux sur l’étrange vibration qu’ils avaient ressenti de même.

- Nous n’avons reçu aucune information sur le Traité de l’Eau, seulement qu’un de nos Frères, Abysse, qui nous a abandonné au début de notre périplle, était censé être notre Clé. J’imagine qu’il aurait pu nous en dire plus, tout comme Pénombre qui a dû nous abandonner dans la Cité des Ténèbres Bienvenues.

Ils arrivèrent en lisière Nord de la Cité, frontière de Corail ouvrant sur un véritable cimetière d’épaves de différentes provenances et de différents âges à voir la forme et l’état de celles-ci. Sans avoir à y réfléchir, Euréka comprit aussitôt de quoi il s’agissait, par quelle magie elles étaient toutes rassemblées là. Seros avait entrainé dans ses guerres de nombreux bateaux, chaque conflit d’une des Puissances installées en bordure de la Mer des Etoiles Déchues avait eu son lot d’épaves, comme un grand nombre d’affrontements aux alentours des Iles Pirates. Chacune aurait pu écraser la cité sous-marine sans la protection de son Mythal qui les dirigeait en ce lieu étrange.

Un contingent de gardes arrivait déjà sur place, nageant à toute vitesse vers la coque brisée qui devait être responsable des remous qu’ils avaient entendus de si loin. De-ci de-là, des bulles témoignaient de son arrivée récente ainsi qu’une odeur ou d’un gout –difficile à dire dans ce milieu liquide- de brulé.

C’était le Phénix. Même sans avoir jamais navigué à son bord, tous avaient pu le voir à Da’aï Chikiza juste avant le départ à la recherche des Traités Elémentaires. Celui-là devait partir à la recherche du Traité de Feu, quelques jours après leur propre départ par manque de Capitaine pour mener l’expédition. Tarentule avait dû en reprendre la barre après avoir mené la recherche de celui de la Terre, certainement pas Parangon, beaucoup trop attaché au Fantôme, ni l’Amiral Maulkin-Né-des-Cendres qui ne jurait que par son propre navire mené par son équipage monstrueux …

a première pensée du gnome n'en fut pas tout à fait une. Il s'agissait plutôt d'un frémissement, d'une peur, d'une tristesse qui le prenait aux tripes. Il n'avait jamais aimé les combats, et en réalité, il ne comprenait pas toujours pourquoi il s'était engagé dans une communauté de pirates. Le plus souvent, il oubliait même complètement cet aspect, seuls les mystères et les trésors antiques l'appelaient. Mais de temps à autre, la réalité de la guilde le rattrapait. Et c'était là le cas. Qu'était-il arrivé à leurs frères? Y avait-il des survivants ? Tant de morts, noyés, combats, souffrance et disparition. Il le sentait, il le goûtait, et il le vivait dans cette eau vivable à laquelle il n'était toujours pas habitué.

Immobile, saisit de stupeur, il regarda les équipes de la ville se diriger vers l'épave, avant qu'un sursaut ne le reprenne. Si cette épave arrivait là, ce n'était pas naturellement. L'eau ici était respirable, et s'il y avait très peu de chance qu'il y ait des survivants, il y en avait tout de même une. Et tout à coup, il s’élança. Autant corporellement qu'avec la pensée. Tentant de courir parmi cette eau, de nager s'il allait plus vite ainsi. Mais surtout, cherchant à l'aide de son anneau la présence d'un survivant de la fraternité, même d'un fantôme! Car il n'ignorait pas que certains des porteurs revenaient pour servir la fraternité (chose qui lui posait tout de même un certain problème éthique).

Euréka

Euréka étendait ses perceptions telles les tentacules d’une pieuvre gigantesque, de plus en plus loin, utilisant son Anneau en cherchant à communiquer avec quelqu’un capable de lui répondre, là-bas, dans l’épave.
Mètre après mètre, il fouillait dans les débris, autant d’obstacles que son esprit devait parvenir à franchir puis, contre toute attente, il établit un contact.

Il connaissait trop bien les sorts basiques proches de ce pouvoir de leur anneau pour se dire que sa tentative aurait dû rester vaine : pas de cible en vue, une distance trop grande, aucune idée d’une localisation précise, et pourtant il avait bel et bien trouvé un anneau semblable au sien –la couleur de la pierre exceptée- et une âme consciente le portant. C’était Bouillon, un des Coqs de l’Ouroboros, un Génasi de Feu qu’il ne connaissait que de vue mais dont il avait déjà entendu parler comme d’un expert dans son élément. Il était totalement logique qu’il ait été à bord du Navire parti à la recherche du Traité associé mais tellement … improbable qu’il ait survécu ?!

Bien sûr, l’eau à l’intérieur de la zone protégée par le Mythal était respirable et protégeait les Nantarns et leurs visiteurs de la pression énorme de ces profondeurs mais à moins que le bateau n’ait été téléporté dans le cimetière d’épave, il avait dû passer par des mètres et des mètres d’une eau de mer beaucoup plus classique et parfaitement mortelle pour le commun !

Il eut beau chercher quelqu’un d’autre – le plus petit équipage devait au moins faire quatre marins – il ne perçut rien de plus au travers de son anneau.


Bouillon

Alors qu’il se trainait au travers des épaves, titubant, s’accrochant, se tirant à la moindre prise accessible, il sentit soudain un contact incroyablement rassurant mais aussi inconcevable que sa survie au naufrage du Phénix. Un Porteur de l’Ouroboros essayait de rentrer en contact avec lui. Ici, dans cet enfer aquatique. Au fond de la Mer des Etoiles Déchues.

ar chance, peut être par miracle, on ne sait quelle volonté du destin ou des dieux. Dobun réussit à percevoir un autre anneau de l'Ouroboros. Quelque part dans cette immensité d'eau... Il reconnu, sans le voir ou l'apercevoir, juste par ce contacte de l'anneau, la présence de Bouillon. Comment ce dernier avait survécu à la chute de son navire. Comment avait-il supporté la pression, ou put respirer jusqu'à ce que le navire n'arrive dans ces eaux enchantées du Mythal, il l'ignorait. Cependant l'heure n'était pas aux questions, mais aux secours. Aussi, le gnome, tout en tentant d'entrer en contact avec l'esprit de Bouillon nagea, du mieux qu'il put, dans sa direction supposée. Tout en tentant de parler à ce dernier via l'anneau.

¤Bouillon? C'est Eurêka! Par quel miracle as-tu survécu et atterri ici (enfin, si on peut parler de terre), il y a d'autre survivants? Ah! Au fait, des elfes aquatiques armés viennent à ta rencontre. Ne les attaques pas, ce sont les gardes de ces lieux. Ils ne te feront sans doute aucun mal, au pire ils t'arrêterons pour te demander comment tu es arrivé tout ça. Ils sont un petit peut parano pour certains par ici. On tachera de te faire sortir si besoin est, mais je doute de ça.¤

Le gnome songea pour lui même que le plus délicat dans cette histoire serait sans doute d'expliquer ce hasard fortuit qui fait qu'un membre de leur guilde surgit tout à coup et par miracle en ces lieux... alors qu'eux même semblaient déjà suspicieux auprès de certains groupes...

¤Bouillon? Il y a d'autre survivant?¤

Il s'agissait là d'une autre question qui le tracassait.

Tout autant que celle qui lui disait que peut être il parlait dans le vent, et que les anneaux étaient, à cette distance et sans ligne de mire, incapable de transmettre ses pensées. Aussi, continua-t-il à approcher afin d'être en vue de Bouillon, même minime, et de lui répéter ses pensées.

Les gardes Nantarns arrivèrent près de Bouillon qui fit le choix -volontaire ou non, peut-être n'était-il plus capable de les éviter ni de leur faire front- de se soumettre. Sans agressivité, trois d'entre eux encadrèrent le génasi tandis que le dernier accélérait encore pour s'enfoncer dans l'épave du Phénix et en ressortir, une minute plus tard, un enfant dans les bras. Inconscient.

Quand ils se furent rapprochés assez, les Porteurs purent se partager plus que des émotions, le nouveau venu remerciant le Gnome de l'avoir prévenu et d'avoir évité, très certainement, une rencontre qui lui aurait été fatale. Il lui expliqua aussi qu'il n'était pas seul, qu'il restait Pitto, un enfant, passager clandestin, inconscient mais vivant, ils s'expliquèrent sur la respirabilité de l'eau, sur l'endroit auquel ils se trouvaient, sur leurs recherches, sur la traitrise de Tarentule, la mort ou la fuite du reste de l'équipage... Le tout à distance, jusqu'à ce qu'ils se croisent sans se regarder et qu'ils comprennent tous qu'à son tour Bouillon allait être entendu sur le moyen par lequel il avait survécu au naufrage de son navire et par quelle magie il avait de la sorte rejoint Myth Nantar.

Sans qu'ils l'aient entendu approcher Jorunhast était à côté d'eux juste le temps de les rassurer : - « Ne vous inquiétez pas mes amis, je m'occupe d'eux. Ne vous en faites pas pour l'enfant, s'il peut être sauvé, il le sera. » avant de suivre les gardes. Ils 'entendirent' dans leur esprit un message du Haut Mage qu'ils devaient être les seuls à entendre.

¤ Rendez-vous à l'auberge de l'Epave de Kana. Nalos vous y attend. ¤

Galopin fut tant touché par l'énoncé du nom du Triton qu'il ne pensa même pas à demander leur avis à ses compagnons et se dirigeait déjà vers l'épave. Tirant presque Euréka pour qui la nage restait définitivement plus difficile que pour les deux autres, ils ne prirent même plus le temps de regarder les deux gardiens de la façade et s'engouffrèrent dans l'établissement comme si les abysses les poursuivait. Le Hin n'eut pas besoin d'être guidé, il se dirigea naturellement vers une loge semblable à la première dans laquelle ils avaient discuté avec les deux membres du Conseil.

Nalos était là. Aussi sombre et terrible que possible. La lueur dans ses yeux remplacée ... par autre chose.

- Je sais. Vous me cherchiez.

Quand ils se furent installés autour de la table, pendant que La Magouille distribuait à chacun une des boissons préparées à leur effet, il poursuivit sans arrêter de fixer le petit homme dont il avait partagé un rêve. Il leur expliqua à quel point la situation avait évolué depuis leur passage devant le Conseil en commençant par citer chacun de leurs faits : l'incident de la bibliothèque, leur découverte de l'ancien commerce Océanide, leur passage au temple de Sashela et leurs questions sur la porte, leur vente d'armes, leur passage aux Portes d'Amtola. Rien d'importance ne lui avait échappé. Quand il vit que les Porteurs l'avaient bien compris, il leur rappela les propos de Morgan Ildacer et l'humiliation devant le reste du Conseil dont lui et Vualdia avait été victimes. Il leur avait promis de les suivre et de garder sur eux une surveillance étroite.

Même l'approche de Tula Duadil avait été connue. Ils s'en étaient particulièrement bien sorti d'ailleurs et avaient évité d'être enfermés pour de bon tout en offrant à Nalos une piste qu'il se devait de suivre. La nièce du seigneur de Naramyr ne rentrerait peut-être jamais dans un ordre Dukar mais elle pourrait approcher d'assez près les gardes des portes dorées au bout de ce tunnel présent dans leur rêve commun à Galopin et lui. Il en apprit que ces portes n'étaient pas uniques, qu'il en existait au moins une autre paire, à Voalidru, et que celles-ci avaient été brisées ... de l'intérieur ... comme le sarcophage d'Essyl Merynth sur lequel il menait. A un à un, tous les prêtres d'Oghma ayant participé à cette découverte étaient morts depuis.

La liche, probablement éveillée et à même de fuir son tombeau par une autre porte pouvait-elle être encore dans la partie du dédale s'étendant sous la cité, interdite en elle-même par la puissance du Mythal ? Pour quelle raison ?

- Si tout cela devait être connu, que pensez-vous que deviendrait notre glorieuse cité ? Qui resterait ici à tenter de reconstruire notre Grandeur, de maintenir notre bibliothèque ou de former de nouveaux Dukars ? Vous n'êtes pas responsables, vous n'avez pas choisi d'être suivis mais ... vous devez partir ... ou chaque Nantarn verra en vous ceux qui ont réveillé Merynth et l'ont relaché dans notre monde.

e gnome ne comprenait pas trop pourquoi, tout en les suivants, on aurait put arriver à la conclusion erronée qu'ils avaient autrefois libéré la liche. Ils avaient pourtant bien pris garde à jouer les touriste, et à part l'incident de la bibliothèque et de la fille elfe... et bien, le gnome songeait qu'en cas d'expédition archéologique tout à fait honnête, il aurait agis de la même façon.

Mais il ne mettait pas en doute les capacités d'analyse du Triton. Seulement, ils étaient ici en mission. Et il avait du mal avec l'idée de rentrer les mains vides, et en ayant «grillé le terrain » pour les potentiels successeurs. D'un regard, il s'adressa à son comparse gallopin.

¤ Tu lui fais confiance? Tu crois qu'on peu lui parler du traité de l'eau?¤

Car c'était là toute la source de leur problème, et les raisons de leur discrétion. Comment les gens de cette ville allaient réagir à l'évocation du traité de l'eau... pour peu que celui-ci soit lié à la liche... s'en était fini d'eux. Quelque fût la confiance de ce dernier, la première réponse de Dobun ne changea cependant pas.

- Bon, dans tout les cas, il va nous falloir récupérer notre matériel, sans encore une fois paraître trop bizarre. Puisque nous ne sommes pas encore suspecté non plus. Ensuite, hé bien... trouver un moyen de terminer rapidement nos recherche, et surtout, de rentrer. »

Et le gnome ne put s'empêcher de penser très fort intérieurement « au sec ». Car oui, il en avait plus qu'assez de cette eau!