۝ Sous les flots ۝, Traité de l'Eau - III

¤ Ca doit être ça, d'être dans le ventre de sa mère ¤, se disait Galopin, en avançant doucement vers le bout du tunnel. Il admirait joyeusement la baleine qui passait devant eux, et ne porta de prime abord pas trop attention à la remarque de Dobun.

- Oh, je compte bien pouvoir en raconter le plus possible à Atlas. Pour une fois, le halfelin était confiant et se disait qu'il reverrait la surface. - Enfin, de ce que je comprendrai. Parce que à part lui décrire la beauté des lieux, je suppose que je serais bien à la peine si je voulais lui rendre les subtilités de ce qu'on pourrait apprendre ici. Une pause. Tu sais, Kern et moi, on a une certaine accointance, j'sais pas, magique, on pourrait dire avec ce terrain... Toutefois, si je m'y sens bien, j'ai plutôt envie d'y rester en tout quiétude que d'y rechercher quelque chose...

Faisant un petit effort pour ôter ses yeux de la baleine, Rorimac tourna la tête vers Dobun. La discussion en face, même télépathique, était plus agréable.

- Tu sais ce à quoi ressemble ce qu'on doit chercher ?

Puis Galopin se lança hardiment vers le bout du tunnel, ses abdominaux donnant toutes leur puissance pour le propulser dans l'eau. Il avait une profonde confiance en ces lieux.

Galopin se déplaçait comme un poisson dans l’eau, gagnant en confiance à chaque mouvement sans plonger dans le mutisme de fascination de La Magouille.

Le couloir qu'ils empruntaient se termina soudain, ouvert sur une falaise de corail de plusieurs mètres de profondeur. Irridescantes, en face d'eux, ils devinaient les limites du mythal, visuellement ondulantes en réponse à chacun des mouvements à l'intérieur de celui-ci. La baleine saluée par le gnome s'en retourna d'où elle venait dans une longue et profonde plainte et reprit substance tandis qu'elle traversait la barrière magique.

Ils escaladèrent le corail sans aucune difficulté, aidé par l'eau, guère plus lourds que leurs sacs sur terre et purent enfin admirer … Myth Nantar …

Au milieu d'une véritable forêt de corail multicolore apparaissaient des fragments de colonnades de pierres blanches, des frontons rehaussés de perles aux dimensions prodigieuses, de l'or, du marbre, des pierreries, des conques de nacre, … une architecture d'une richesse prodigieuse et … typiquement elfique malgré la forte propension de symboles maritimes. Le corail avait presque tout recouvert sur de nombreuses strates mais on pouvait se rendre compte que toute la cité n'avait pas été touchée de la même manière. Face à eux, plein Ouest, s'élevait une montagne sous-marine au pied de laquelle la luminosité n'était pas le seul fruit du mythal. De là, et du sud, leur parvenait un brouhaha, sons curieusement entremêlés et transmis plus rapidement et plus loin qu'ils ne l'auraient été à l'air libre.

Sans certitude, il leur sembla à tous trois que trois structures dépassaient suffisamment du corail au Sud-Ouest que pour espérer qu'une ouverture soit possible. Mais pas âme qui vive à portée de vue.

urêka était à la fois admiratif et inquiet. La citée était superbe, magnifique et prodigieuse, et c'est admiratif qu'il promenait son regard sur le paysage sous marin devant lui. Une splendide citée, alliant l'architecture elfique, et les matériaux maritime. Le corail complétait magnifiquement l'ensemble comme s'il avait toujours fait partit de l'ensemble. Même si une observation, même succincte montrait que tel n'était pas le cas.

Mais ce qui inquiétait Dobun dans ce paysage, c'était le vide. Non pas qu'il n'y ai rien à voir, non pas que l'espace devant eux n'était pas riche de merveilles. Mais c'était vide d'habitant. Et à cela, le gnome ne s'y était pas du tout attendu. Qu'avait-il bien put se passer ? Et c'est perplexe qu'il s'exclama.

- Milles gobelins ! C'est bien vide par ici. A moins qu'on ne les intimides. Allons voir au sud ouest là bas. Sinon on ira vers la montagne.

Prenant la direction des trois bâtiment encore debout, le gnome ne pouvait empêcher l'inquiétude de le gagner peu à peu. Aussi, c'est inquiet et le regard scrutateur qu'il avança jusqu'aux monticules. Cependant, rapidement ses pensée l'accaparèrent détournant son attention, au point qu'il faillit trébucher à plusieurs reprise.

Guettant le moindre signe d'activité intelligente, Eurêka n'en restait pas moins distrait par la moindre colonne, le moindre bâtiment en ruine, la moindre colonne, dont il tentait à chaque fois d'en soutirer la moindre information quand à sa fonction. Ancienne échope, là palais ou palace, ici plutôt du résidentiel, là, peut être dédié aux arts. Si bien que milles cartes des lieux fictives encombraient son esprit, empêchant la venue des idées claires, et fort heureusement néanmoins, chassant l'angoisse.

- Oh, il doit y avoir une fête... Ou alors le nombre d'habitants de la ville a diminué depuis son apogée, et elle s'est recroquevillée sur elle-même. Rien de grâve sûrement - à l'heure actuelle, Rorimac était fondamentalement optimiste.

On entendait la vie au loin, et... ¤ Que c'était beau !¤ Galopin passait dans différents bâtiments, à la recherche de quelque chose qu'il pourrait éventuellement ramener à Atlas. Il passait de maisons en maisons, mais finalement, pour un oeil non averti, ça semblait être toujours un peu la même chose.

De fait, le halfelin commençait à légèrement s'ennuyer, et avait hâte de se porter vers la source du bruit. Ca ne servait pas à grand chose de s'attarder sur un prodige si un prodige encore plus grand risquait d'arriver sous vos yeux.

- Dîtes, ça vous dit pas de trâcer directement vers le centre de la ville et vers le bruit ? On y découvrira sûrement des choses fascinantes.

Rorimac s'était retourné vers ses compagnons et attendait leur feu vert pour se lancer à l'assaut de Myth Nantar.

¤ Toutes ces peines pour voir ça... Finalement, ça valait peut-être le coup... ¤

obun resta un instant hésitant. Cherchant à trier les son déformé. Puis après un moment d'hésitation, il se tourna vers Galopin. Le regard hésitant et la question ouverte.

- Hum, et bien... a vrai dire, je ne sais trop où me rendre, au sud il y a du bruit, à l'ouest il y a de la lumière artificielle. Et entre les deux, trois construction qui pourraient être abrité, ou être un accès à une citée sous la forêt de corail. » Un sourire se dessina sur le visage du gnome, il était vrai qu'il avait négligé la source sonore, trop déformée pour lui. Dans ce monde liquide il n'était pas à son aise, aussi se rabattait-il sur ce qui lui semblait le plus tangible. Mais sans doute ses deux compère, plus à l'aise, avaient-ils quand a eu été attiré par le bruit.

- Honnêtement, je songeais au départ me diriger au sud ouest, vers les bâtiments, puis, si l'on n'y trouvait rien, prendre la direction de la montagne d'où émane la lumière, qui n'est très certainement pas là pour rien, et d'où l'on aurait une vue surélevée. Mais on pourrait commencer par le sud, et remonter peu à peu vers l'ouest par après, ou l'inverse. Dans tout les cas l'objectif est le même. Trouver un interlocuteur, ou au moins des indices. Je saurais pas trop te dire où est le centre ville par contre. Tout me va, du moment que vous localisez le bruit, je vous suit !

Galopin réflechit quelques instants.

- La montagne, c'est peut-être mieux en fait. On pourra savoir à peu près où on va.

¤ Et puis mieux vaut nager le moins possible, c'est-à-dire soit commencer par le sud, soit par l'ouest ¤, s'ajouta-t-il.

- On pourra remonter progressivement ensuite, comme tu le proposes.

Si il y a de la lumière et du bruit, on trouvera bien quelqu'un à qui parler ; et si il ne se cache pas, c'est qu'il se sent en sécurité. Galopin regarda ses deux compagnons. Dobun ne semblait pas être franchement dans son milieu, et Kern se faisait silencieux.

- Vers l'Ouest, alors ? Avec l'eau, la montagne ne sera pas trop fatiguante à escalader le cas échéant.

Si ses compagnons acquiescaient à sa proposition, le halfelin prendrait la tête de la marche, afin de se diriger vers la montagne.

Les deux seuls Porteurs à être encore capable de réflexion et de prise de décision jusque là s’étaient finalement mis d’accord, plein ouest, vers la montagne sous-marine à la lumière artificielle.

- C’est peut-être ça au fond … c’est peut-être simplement la nuit. A Menzoberranzan, c’est Narbondel, une immense stalagmite qui sert d’horloge aux habitants, cette montagne joue peut-être ce rôle. Ou pas, mais dans tous les cas ça peut expliquer l’absence relative d’habitants.

Enfin le troisième larron prenait part active à l’exploration de la cité sous-marine. Devant la surprise compréhensible des deux autres, il sourit simplement et haussa les épaules comme si cela devait suffire à expliquer son absence.

¤ Comme il est curieux de trouver une montagne à une telle profondeur n’est-ce pas ? Il s’agit du Mont Halaath, et je doute que vous y trouviez ce que vous cherchez. ¤

La présence de Qos venait à nouveau de les effleurer alors que, sans le vouloir une fois de plus, Galopin avait posé sa paume ouverte sur une excroissance de corail. Il ne les avait visiblement pas tout à fait quitté sans pour autant se montrer particulièrement aidant ni hostile d’ailleurs.
Pour rejoindre la montagne, il devrait traverser toute la cité d’Est en Ouest et, au passage, se rapprocher de beaucoup d’une des trois structures sur lesquelles s’était arrêté Euréka. A bien y regarder, et s’en approchant, un temple à la gloire de Sashelas des Profondeurs, une construction aux murs de verre, de perles et d’une lumière tamisée bleuté, le tout surmonté d’une sculpture de Dauphin prodigieuse.

En arrière plan, le Mont Halaath et entre les deux, des constructions presque vides de corail, une ville dont quelques fenêtres étaient éclairées de lueurs artificielles. Il leur sembla que des personnes – ou des poissons – se mouvaient avec grâce.

Qos était revenu, et semblait les conseiller de ne pas suivre le chemin que Galopin avait proposé.

- Vous avez... "entendu" ?, demanda le halfelin. Finalement, on pourrait essayer un autre chemin.

C'est alors que Rorimac eut l'impression de distinguer des êtres qui bougeaient aux limites de son champ de vision. Il ne savait pas si c'était un effet d'optique auqatique ou autre chose, mais finalement, cette cité pouvait être habitée.

- Je sais pas si vous arrivez à voir, là-bas..., il pointa la direction du mouvement, On dirait qu'il y a des trucs vivants. Peut-être que ça vaut le coup de commencer par là ?, dit-il en posant les yeux sur Eureka.

¤ Kern a l'air complètement à la masse ¤, se disait Galopin. ¤ Je suppose que ça va être à Dobun et moi de tout décider... ¤

eaucoup d'information, et pas grand chose pour les relier entres elles. La montagne serait donc finalement sans intérêt, peut être que nos trois compères parcouraient une cité la nuit, et non une ruine, une zone sans corail, un corail par lequel Qos semble parler, et des créature mouvante à proximité de bâtiments. Il y avait aussi ce temple dédié à une divinité elfique.

Peu de chose se reliaient entres elles à vrai dire. A part le corail qui posait un double mystère. Toujours est-il que Dobun se tourna vers les autres.

- Ce temple fait très certainement partie d'une cité d'elfe des mers, quand au corail, il semblent préserver tout un quartier. C'est étrange, et à la fois inquiétant. Allons vers ces créatures là bas, comme le suggérait galopin. Toutefois, si l'on doit quitter le corail, méfiance. C'est peut être qu'il ne s'est pas étendu jusque là, mais je suppose que c'est plus complexe. Mais trouvons déjà un locuteur entièrement disposé à nous informer.

Touchant le corail directement à l'aide de sa main, il tenta cependant de s'adresser au parangon par l'intermédiaire du corail. Si tant est que le corail réagisse à son contact.

¤Parangon Qos, pourriez vous nous aider à nous guider dans la citée. Si la population dors, on serait bien embarrassé de les déranger. Un conseil comme destination ? Ah et pourquoi le corail semble avoir délaisser la partie de la cité entre ici et la montagne ? C'est lié à la roche?¤

Eurêka, une fois lancé, eu bien du mal à faire cesser son flot de questions. Même si elle ne semblaient pas avoir de lien les unes avec les autres, elles s'enchainaient dans l'esprit du gnome comme un chapelet, l'une étant à peine finie, qu'elle en générait une nouvelle à poser absolument.

Le corail était curieusement doux sous les doigts d’Eureka, il s’était attendu à un contact plus froid et rêche. Il sentit un très léger picotement dans sa nuque puis cette sensation de présence qui l’avait tant surpris et très vite, la voix de Qos résonna dans leurs esprits.

- Je sens votre trouble mais détrompez-vous sur mes propos, je ne vous empêche pas de visiter notre belle cité comme vous l’entendez ! Vous m’aviez dit chercher un objet témoignant de la présence des Océanides, les livres sont dans les bibliothèques, les objets de cultes dans les temples, les cailloux dans la montagne.

Il gloussa à nouveau quand le ventre de La Magouille émit un gargouillement leur rappelant à tous la faim qui petit à petit nouait leurs entrailles, avant de reprendre : - « Je ne suis pas un guide de la Cité du Destin du Royaume d'Aryselmalyr, j’en suis le juge, et le gardien. Ne vous l’avais-je déjà dit ? Pour ta question, visiteur du Peuple Oublié, j’ai protégé ce qui devait l’être et j’ai protégé les miens du reste. Ayez le cœur léger, tout le monde ne dort pas. »

Et la présence les abandonna à nouveau comme si elle était disposée à dissoudre le gnome de frustration de ne lui offrir son Savoir plus simplement !
La Magouille renchérit : - « Je vous propose de ne pas revenir sur nos plans à chaque brasse ou nous n’arriverons jamais à rien. J’ai très faim également et ce mouvement là-bas, ce doit être des humanoïdes qui n’ont pas l’air de dormir. Je doute qu’ils aient le moyen de disparaitre comme le Parangon semble prendre plaisir à le faire. »

Déjà le roublard nageait-il plein Ouest donc, délaissant le temple de Sashela sans y prêter plus d’attention et s’approchant des formes mouvantes aperçues au par avant. Il se retourna vers ses petits compagnons sans cesser de nager, leur demandant s’ils étaient décidés à avancer et ne pu, dès lors, remarquer que trois humanoïdes venaient vers lui d’une nage extrêmement rapides. Il semblait à Galopin et à Euréka qu’ils étaient habillés tout de vert.