La Voie du Papillon, Elzear, Slann, Inymys, Dzahim, Fasur

L’elfe commençait à s’imprégner des différentes personnalités du groupe. Il savait qu’il n’aurait pas de soucis avec le gros nain, en lui sortant quelques clichés éculés, il aurait vite gagné sa sympathie malgré ses oreilles pointues. L’esclave et son maître ne seraient guère plus dur à se mettre dans la poche, il suffirait de respecter leur relation dominant/dominé qu’affectionnait tant les humains. Le fiélon restait une énigme pour l’elfe, en même temps, il ne sentait pas en lui un esprit trop frontal, aussi, ils aurait tout le temps de faire connaissance et de voir dans quel type de relation ils pourraient se rencontrer, s’apprécier ou se détester. Et puis il restait cette fille, à la grâce non négligeable, et c’est bien là qu’Elzear se posait ses premières vraies questions. Il hésitait entre rentrer en conversation avec elle, ou l’ignorer pour attirer son attention. Il se doutait que chaque membre du groupe allait d’une manière ou d’une autre essayer d’attirer l’attention de la jeune femme, et sans jamais vraiment s’avouer que ce serait pour être ‘bien’ vu de cette belle créature, le fond des choses serait toujours comme cela : on existe au travers du regard des autres.
L’elfe pencha donc pour l’ignorance. Il se contenta d’attendre son repas, et puis pour passer le temps, se divertir il décida d’engager la conversation avec le nain : autan commencer en bas de l’échelle se dit il :

-excusez moi messire nain, s’auriez vous me conseiller une bonne bière ? Je meurs de soif mais je ne sais quelle boisson choisir avec mon repas !

Tout amical et aussi sincère qu’il le pouvait dans x=cette manœuvre d’approche, Elzear offrait au nain une vrai porte ouverte d’engager une conversation simple, légère, juste faite pour se connaître.

Fasur fixait toujours le tiefelin, et soupira lorsque Dzahim avait annoncé qu'il voyagerait avec eux. Il détourna donc le regard de Volan et en profita pour refaire un tour de table, son regard s'attacha plus que ce qu'il n'aurait voulu sur l'humaine.

¤Tu devras p'tre la tuer alors t'attache pas trop.¤

Ce raisonnement était une règle d'or du nain, ne pas s'attacher, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver... Fasur regarda les autres membres du groupe, Dzahim, un homme d'apparence sévère qui saurait maintenir la cohésion du groupe et s'affichait comme un bon chef, pour l'instant... Le nain se dit qu'une alliance pourrait être créée entre eux deux. Puis il se tourna vers Elzear, l'elfe, ce type ne lui inspirait rien, il serait sans doute très utile dans une forêt et il fût surpris lorsque ce dernier lui adressa la parole pour parler de bière :

- Ben euh... ça dépend d'l'épaisseur d'ta bourse gamin ! Pour pas trop chère tu peux avoir du bon hydromel !dit-il, et Fasur continua ainsi à déblatérer sur les diverses bières, leur goût, et leur prix. Son récit ne semblait pas avoir de fin, au grand dam de son interlocuteur qui ne voulait que lancer une petite discution. Néanmoins, ceci fît presque oublié à Fasur la présence de Volan.

Son sort lancé, Volan apprécia pleinement les réponses que cela lui apporta. Ainsi le nain qui se montrait si hostile à sa présence à surtout à son concours au sein du groupe semblait être celui qui se trouvait le plus éloigné de la justice et du droit chemin. Se permettant un sourire moqueur, le tieffelin profitait pleinement de cette ironie du sort qui lui donnait la possibilité d'avoir de nouvelles cartes en mains et de lui donner plus de chances de réussites. Son interlocuteur lui avait donné une mission bien précise, cependant, il n'avait pas parlé des membres du groupe. Et mentalement, tout en observant les protagonistes de cette affaire un à un, il voyait déjà sur qui il pourrait compter et qui pouvait être remercié rapidement. Et ainsi, le serviteur et la belle jeune femme pouvaient devoir rapidement être éliminés. Quant à Dzahim et à l'elfe, leur utilité était claire : le premier servirait à diriger le groupe et à prendre en pleine face la réalité des problèmes qui se présenteraient et la responsabilité des morts s'il y en avait. Quant au barde elfe, sa présence était plus que nécessaire au regard du nombre de tribus elfes vivant en Haute Forêt, aussi un ambassadeur de leur race ne pourrait que les servir. Restait le cas du nain, qui ne serait pas très facile à convaincre au vu de sa gêne et de sa haine manifeste à l'égard du prêtre de Shar. Cependant, il avait laissé planer quelques faiblesses inhérente après tout à tous nains, faiblesses que le prêtre guerrier comptait bien mettre à profit.

Volan profita du repas venant d'être apporté pour continuer son observation de tous. La jeune femme était particulièrement belle, cependant nombre de belles fleurs se révélaient finalement traitresses. Ainsi, il ne souhaitait pas se laisser attendrir ou se fier aux apparences qui pouvaient être trompeuses, très trompeuses. Lui-même en était l'exemple parfait. Sa connaissance du culte de Kelemvor et de ses traditions allait l'aider à se faire passer pour un prêtre kelemvorite. Après tout, il avait été l'un des leur, cela n'était donc pas un mensonge, du moins pas vraiment. Personne ne pouvait deviner qu'il agissait en réalité pour la Sombre Déesse. Mangeant en silence, il sourit en voyant la tentative de discussion lancée par le barde elfe afin de tenter d'amadouer le nain. LE semi démon se permit même d'éclater de rire en voyant que le nain se mettait à soliloquer tout seul sur ce sujet qui en effet semblait vraiment l'intéresser. Volan se permit alors de rajouter son grain de sel, afin de se faire bien voir par l'elfe, pour le nain possédant d'autres arguments. Il prit donc la parole, d'une voix douce et gentille.

- Sinon pour un fin palais elfique, pourquoi ne pas rester sur un vin, rouge ou rosé. Ou alors un hypocrasse.

L'atmosphère tendue des instants précédents s'était dilué dans le brouhaha ambiant tandis qu'un lever de sourcil de la danseuse accompagnait un regard interrogateur vers Dzahim suite aux murmures incantatoires du semi-fiélon. Lorsque le démon avait lancé son sort, la jeune barde s'était instinctivement tendue, sentant en son for intérieur la tension sur la Toile, elle n'avait compris que trop tardivement que le prêtre la modelait et finalement n'avait pu savoir ce qu'il tramait.

Et pourtant, alors que quelques minutes plus tôt le nain était à deux doigts de s'égorger avec le nouveau venu aux cheveux de flammes, et maintenant les voila qui conversaient allègrement de houblon et de cuvée, d'alcool et de saveur oubliant l'espace de quelques instants leur animosité.

La danseuse, les regardant silencieusement et feignant de ne pas remarquer les regards appuyés dont elle avait été la cible, se demandait combien de temps cette fausse entente durerait et dans quelle mesure les efforts de chacun pour s'intégrer dans le groupe seraient payants. En quelle façon l'ennemi d'aujourd'hui deviendrait le rempart de chair et d'acier de demain, leurs différences raciales s'effaceraient t'elle devant l'adversité ou les stigmates de la trahison ne tarderaient pas à émerger au sein du groupe.

Ce faisant, la barde gouta aux plats proposés, s'attardant d'avantage sur les plats à base de légumes et touchant à peine à la charcuterie. Le manège de Nejdec, goutant aux plats de Dzahim remua à nouveau le doute dans l'esprit de la jeune femme et si elle feint de ne rien remarquer pour le moment, elle gratifia d'un sourire l'un des nombreux regards furtifs lancés par le mulan.

Dzahim pour sa part, attendait une éventuelle suggestion quand au déroulement des opérations, et si la rashémi ne pouvait remettre en cause l'évidence du plan du thayen, elle réfléchissait aux effets dont elle avait besoin pour se préparer au périple qui les attendait. En effet, la jeune femme n'avait pas pour habitude de camper dans la nature, toute vagabonde qu'elle soit, elle se débrouillait lors de ses voyages pour accompagner une caravane, s'arrêter dans les villages ou se faire offrir un hébergement moyennant un spectacle, finance ou menace dans une quelconque ferme isolée.

¤Vu l'irrigation sanguine alentour, j'ai tout intérêt à garder une barrière entre eux et moi, fut t'elle de tissu.¤

Elle redoutait l'isolement au milieu d'une bande de mâles hétéroclites et, probablement, sociopathe en pleine forêt. Sa méfiance acquise d'expérience envers la gente masculine lui dictait que les dangers ne viendraient pas seulement de l'extérieur, aussi décida t'elle en son for intérieur d'acquérir une tente pour le voyage. La présence de la mule la rassurait, car elle se voyait mal porter un fardeau aussi lourd seule sur plusieurs lieux.

-Dans ce cas, si nous avons tout loisir de profiter de notre après-midi, certains d'entre vous connaissent t'ils suffisamment la ville pour indiquer d'éventuels lieux de prédilections afin de collecter équipement et informations? Pour ma part, j'ai constaté que la place centrale de la ville était propice au commerce et il serait probablement intéressant que l'un ou l'autre d'entre nous aille y faire un tour, si ce n'est nous tous.

Loin de vouloir s'acquitter d'une quelconque tache, la rashémi pensait surtout à cette dernière après-midi de loisirs pour s'imprégner de l'atmosphère de la ville, arpenter ses rues et laisser trainer ses oreilles un peu partout. Peut être même prendrait t'elle le temps de délester quelques bourses en faisant une réprésentation de ses talents en ville. Mais pour le moment, elle balayait les membres autour de la table du regard, constatant que les premiers mots de l'elfe que personne n'avait sollicité étaient finalement des mots amicaux, telle une main tendue entre deux peuples, il semblait essayer de tisser des liens autour de lui, sortant de sa contemplation et lançant un pont entre son peuple et celui du cogneur de chevilles. Et au vu de l'intérêt du semi-démon pour la conversation et ses protagonistes, le pont pourrait au choix se diviser en trois branches ou se briser avec fracas dans les jours à venir.

¤J'ai tout intérêt à en faire autant, qui sait lequel d'entre eux me servira de bouclier au moment opportun. ¤

Aussi, après avoir écouté un temps la dissertation sur les bières du nain et en appréciant d'autant plus le vin de sa coupe, se décida t'elle à s'adresser aux deux humains restants qui n'avait pas pris part à la conversation. Avançant son buste sur la table tout en se penchant, elle dévoila volontairement une partie de ses formes afin d'observer la réaction du serviteur du coin de l'oeil et entreprit de poursuivre le travail commencé par l'alcool en faisant parler les deux thayens.

-Pour le reste Nejdec, Trahon, laissons de côté pour l'instant les épreuves à venir et n'oublions pas que la cohésion du groupe est au moins aussi importante que l'équipement dont nous disposons, aussi si j'ai pu constater une parcelle de vos talents d'organisation, j'imagine que ce ne sont pas les seules que vous possédez. Avant d'être meneur de groupes à la chasse au démon doublé d'un marchand si j'ai bien compris, que faisiez vous? Ajouta t'elle avec un sourire enjoleur, une mèche de cheveux lui barrant le front et obscurcissant légèrement son visage, tout en accompagnant ses paroles de sa main paume ouverte tournée vers le ciel.

angeant son repas, sans s'étonner le moins du monde de l'attitude de Nejdec, et sans réelle conscience que cela pouvait être mal perçut par d'autre. C'était naturel à ses yeux, pour lui comme pour son serviteur. Agir autrement eu été particulièrement absurde. En outre, à ce moment là, le Thayen avait besoin de normalité devant ce chaos qu'il allait devoir diriger. Un simple repas les avait tous fait partir vers d'autre préoccupations sans intérêt. Au dépit du Thayen qui laissa filtré son mécontentement par un bref regard hautain.

Cependant, il savait avoir déjà trouvé une alliée, mais dangereuse. Une personne capable de soutenir son regard sans crainte, assez habile pour saper son autorité, mais trop sage pour la réduire à néant. En fait, elle ne sapait que son autorité vis à vis de son esclave. Tandis qu'elle renforçait son autorité sur le groupe. C'était habile, très habile. Mais il ne l'était pas moins qu'elle. De plus, elle put constater qu'il n'avait touché qu'avec mesure à la boisson, de fait, il était encore parfaitement sobre et encore loin d'être égayé.

- Nous sommes, mon serviteur et moi, trop fraichement arrivé en ville pour en connaître les lieux. Cependant, je d'ici à la haute forêt, je sais déjà où nous ferons une escale. Pour ce qui est des informations, et du commerce, je conseillerais à tous d'aller à la fois au marché commun, mais de ne pas négliger les caravanes. Beaucoup de commerçant ont l'habitude de rentabiliser leur voyages en transportant d'autre marchandise que celle pour laquelle il font le trajet, et de les vendre de manière opportune.

Voici maintenant qu'il devait répondre au défi de la jeune demoiselle. Une lutte qui se jouerait petit à petit, pleine de hasard, et de coup habile. Un défis comme les appréciait Dzahim, quand bien même cela mettait en jeux des choses importantes. Tant que cela ne concernait pas sa vie, il était toujours prêt à y répondre. Aussi, il attendit que la jeune femme le regarda pour plonger en elle son regard. Un regard franc, austère, scrutateur, mais aussi ouvert. Un mélange habile de ressentit sincère et de mise en forme, comme une tenue sur mesure faite pour mettre en valeurs et avec clarté ce qu'il cherchait à exprimer.

-Vous êtes bien aimable. Et je prend bonne note de votre soucis de cohésion du groupe qui me semble, hélas, bien mal partit. Comme vous l'avez vous même souligné j'étais marchand autrefois. Un marchand bien établit, et avec un petite réputation. Néanmoins, de complexe péripétie m'ont contrainte à quitter ma profession. Péripétie au cours desquelles j'ai engagé mon serviteur. Qui était déjà serviteur auparavant, le statut exact n'existe, je crois pas vraiment en ces contrés. Il était page en quelque sorte. Je crains hélas qu'il n'ai pas eu que de bon employeur. Vu le peu de talent dont on m'a dit qu'il possédait en comparaison avec ceux que j'ai put observer concrètement chez lui.

Flatter ainsi son esclave n'était pas une manœuvre à faire trop souvent, mais ici, elle avait le mérite de pousser Nejdec à abonder en son sens. Dzahim avait en outre fixé le vocabulaire à utiliser. Serviteur plutôt qu'esclave, employeur plutôt que maitre quand il parlait de ses anciens possesseurs. Nejdec n'était pas idiot, il se plierait aux ordres. Non pas en raison de la menace, Dzahim n'était pas vraiment un adepte des châtiment corporel, non, la honte de déplaire, le sentiment de respect, l'idée d'autorité et l'habitude étaient bien plus puissant. D'autant qu'après l'éloge de Dzahim, Nejdec aurait très certainement peur de lui déplaire. Mais avant de laisser la parole à son serviteur, Dzahim continua sur sa lancée.

- Je ne peut hélas vous conter les conditions exactes de mon départ, ni certains détails concernant ma vie. Pas même vous conter la rencontre d'avec mon serviteur, de même qu'il ne pourra le faire. Trop de chose et d'enjeux planent au dessus de cette histoire. Et je risque ma vie, celle de mon serviteur, tout comme la votre si je vous en parle. Je me suis fait de puissant ennemis, ou plutôt, ils ont choisis de me considérer comme tel sans que je n'ai cherché à mériter un tel acharnement. Néanmoins, cela m'a permit de quitter leur joug. Peut être vous en dirais-je d'avantage. Mais il vous faudra obtenir ma confiance pour cela. Une confiance sincère profonde et véridique, et non pas simplement celle que je vous accorde déjà comme compagnon de route. Car je vous devine habile et vive d'esprit, quelqu'un sur qui l'on peut se reposer.

Il était maintenant temps de passer à l'attaque. Observer, défendre, ouvrir, répliquer. Après les éloges, l'amabilité de forme et sincère, venait le temps de la franchise. Orienté, ciblé, et formulée de manière détournée. L'honnêteté bien maniée peut être bien plus sournoise que la pire des ruses, ou tout du moins complémentaire. Un paradoxe très pragmatique.

- J'avouerais cependant que vous avez l'art de me brusquer, sans doute en raison d'un différence dans la politesse culturelle. Voyez vous, Là d'où nous venons mon serviteur et moi, il est plus que malvenu d'interroger son interlocuteur sur son passé ou autre sujet personnels sans s'être soi même au préalable pareillement présenté. J'apprécie néanmoins ce décalage, c'est toujours fortifiant de confronter ainsi des pratiques divergentes, on n'en apprécie que bien mieux la saveur d'un quiproquo, et les valeurs respectives de nos pratiques respectives. C'est amusant d'ailleurs cette pratique paradoxale dans votre forme de politesse de toujours exiger beaucoup de l'autre sans rien donner de soi, tout en plaçant dans le discours les personnes à situation égale. Un peu despotique comme procédé, mais au moins la discussion est allégée de cette lente prudence dont j'ai coutume, d'autant plus alourdie d'une nécessité de toujours savoir à qui l'on s'adresse pour adopter la forme et la manière adéquate. La votre a plus de mordant et de vivacité, c'est appréciable comme contrepoint. Vous m'excuserez si mes manières et celles de mon serviteur paraissent parfois ampoulées ou sophistiquées, il est difficile de se défaire de ses habitudes, surtout celles de la courtoisie.

Volan observait, observait beaucoup même. Et c'est pour cette raison qu'il ne manqua rien de la conversation entre la rashémie et le thayen. Il l'écouta avec forte attention, laissant trainer son oreille sans tourner la tête, pour ne pas donner l'impression qu'il les écoutait alors qu'il n'était pas invité, façon de ne pas se montrer indiscret ni discourtois en s'imposant dans une conversation qui n'avait pas été lancée à son encontre. Cependant il prit note des réactions de chacun et se surprit à se poser des questions sur les fonctions véritables du barde et de son serviteur. Pour lui, la servitude n'était qu'un mot bien emballé dans un beau paquet cadeau pour parler d'esclavage, à demi mots. Et il connaissait bien l'esclavage. Seulement, il n'ignorait pas qu'il n'était pas au Calimshan et que l'esclavage était interdit en ces contrées nordiques froides et sauvages. Comme quoi, malgré le manque de civilisation, les gens du crû n'étaient pas complètement stupides.

Néanmoins, malgré sa façon bien à lui d'écouter sans s'incruster, le semi démon faillit éclater de rire en entendant la réponse de Dzahim. Il trouvait celle-ci ampoulée, étrange et surtout complètement hypocrite. Aucune sincérité ne sortait de la bouche de cet homme, ou alors les manières qu'il utilisait lui donnait une mauvaise saveur et mauvaise contenance. D'après le prêtre guerrier, le barde thayen essayait d'être sympathique en caressant dans le sens du poil la jolie jeune femme et en l'assaillant de compliments. Secouant la tête, Volan ne comprenait pas de tels actes. De belles paroles ne prouvaient pas la valeur d'un homme. Car face aux dangers de la Haute-Forêt, le métal serait plus utile que les mots, du moins se l'assurait il.

Enfin, tout en mangeant et ne buvant que de l'eau, Volan se focalisa enfin sur le serviteur qui, à son avis, agissait de façon fort étrange. En effet, le semi démon ne connaissait que peu de maîtres acceptant que leur serviteur goûte leur plat en leur présence, cela se faisant plutôt dans les cuisines. Et, même si cela se justifiait par les fameux ennemis dont parlait Dzahim, de telles manières de faire dans une auberge plus que fréquentée dans une des plus grande cité des Marches d'Argent avait de quoi pousser le tieffelin à se poser des questions. Il l'observa donc avec attention, le saluant d'un signe de tête afin de rester courtois. Comme l'homme et la femme, il ne comptait pas pêcher par impolitesse et ainsi se placer sur un plan d'égalité avec eux, entre personnes de bonne éducation et de bonne compagnie.

Elzear écoutait le nain avec attention, du moins c’est l’image qu’il donnait. Il laissait traîner ses oreilles sur les autres conversations, pour voir un peu qui allait s’accoquinber avec qui.

-oui, c’est très intéressant, cette vision de la mousse et de la couleur de la bière …

En écoutant parler la Rashmenie, le fiélon et les humains il compris que de là allait partir les premiers problèmes. La tension était palpable, il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre : qui mentait le plus ? Qui jetait le plus hypocrite ? Qu’avait en commun comme intérêt tous ces gens ? Autan de questions que l’elfe se posait en écoutant distraitement le nain palabrer sur la boisson. Ha c’est humains, ils aiment tant ça se chamailler, chercher à briller aux yeux de l’autre ! Mais d’où leur viens ce besoin irrépressible de se faire mousser ? Seraient ils d’origine bièrique ? Perdu dans ses réflexion, l’elfe n’avait pas de plan precis, il ne savait s’il allait visiter la ville, se reposer, allez danser un peu pour se détendre ? Pour l’heure il allait manger. Il commanda deux bières, une pour lui et une pour le nain, deux bières bien chères, pour montrer au nain qu’il avait du goût et les moyens de les assumer. Ainsi l’elfe commença son repas en se laissant porter par la situation, c’est une des choses qu’il appreciait dans la vie : se laisser porter : par la situation, par le vent, par la chance, par les feuilles, par ci par là …
Elzear était heureux.…

Lorsque Volan coupa Fasur pour glisser sa suggestion de boisson, le nain s'interrompit et lui jeta un regard noir, l'avisant de ne pas recommencer, Fasur supportait déjà très mal la présence du Tiefelin sans que celui ci ne lui coupe la parole ! Le nain repris son discours sur les bières dans un grognement, adressé à Volan. Mais le guerrier était de nouveau tellement absorbé dans son récit qu'il ne se rendit même pas compte qu'Elzear ne l'écoutait plus, il faut dire que l'elfe le cachait bien. Lorsque ce dernier commanda une bière, pour le nain également, il se mit soudainement à l'apprécier, il en fallait peu pour s'attirer les bonnes grâces de Fasur, un peu d'or ou une bonne bière et il écoutait avec attention son interlocuteur. Fasur "dégusta" sa bière -la chope fut vide en un clin d'œil- et constata que l'elfe avait du goût pour un amateur.

¤Qu'est-ce que j'fait après ? Bah autant rester ici, c'est sympa et il y a de l'alcool ! Une dernière bourre avant le départ, ouais c'est ça que j'vais faire !¤

Le nain avait pris sa décision, il mangerait ici et se saoulerait avant le départ ! Fasur ne consommait de l'alcool avec modération uniquement en mission, un couteau dans le dos était vite arrivé... D'ailleurs, un regard sur Volan remis en question son programme, il resterait sobre le temps de voir ce fiélon partir de cette taverne, question de sécurité…

La Voie du Papillon.


1372 Année de la Magie Sauvage
Midi du 2ème jour de la Chute des Feuilles
Climat : froid, soleil timide
"Le Repos de l'Ogre, Cité d'Everlund


Alors que les convives firent connaissance et que chacun d'eux chercha sa place au sein du groupe, les uns en réfléchissant aux portées sociales, les autres pensant déjà qu'il fallait se protéger d'influences néfastes, les plats disposés et les boissons apportés à fur et à mesure des goût en fit un véritable festin pour ceux qui partirait bientôt en voyage. L'Assemblée avait toujours été généreuse envers ceux qui voulaient la servir, et sa réputation ici encore s'avérait de façon irrévocable. Quoique l'ambiance était pour le moment assez tendue, les esprits se heurtant aux différentes cultures et aux différentes perceptions de la vie, le tout ronronnait assez bien, un calme autour de la table où les convives se resserraient, un espace restreint presque intimiste. Cependant, les choses n'allaient pas du tout se passer comme prévu. La roue du destin avait parfois bien d'étranges façons de mettre tous les plans, les projections et les analyses en complète perdition.

Centrés sur leur table, goûtant aux mets et se servant généreusement de rasades de toutes sortes de liquides, les aventuriers ne remarquèrent pas certains détails. Une cheval s'était brusquement arrêtée devant l'auberge, à peine rangée sur le côté, et descendit un homme échevelé, tout en colère, qui ouvrit la porte avec force. Celle-ci eut à peine le temps de le laisser passer que déjà elle se referma comme mue par la magie. Il était facilement reconnaissable cet homme là, vu qu'il était présent ce matin même à l'auberge. Stolig avait un air terrible lorsqu'il arriva à la hauteur de leur table. Il reprit son souffle quelques instants, conscient des mines ahuries qu'il avait provoquées à son entrée fracassante. Sans même prendre la précaution de baisser la voix, son regard noirs balaya un instant la tablée alors que sa voix contenue d'une sourde colère éclata :

- Nous avons un problème de taille ! Un des grands Maître de l'assemblée a eu connaissance d'une traitrise au sein de l'Assemblée. Votre mission est en péril. Déjà plusieurs aura épicentre de magie ont été détectées. Les détails sont sans importance, mais j'ai bien peur qu'on ne mette à vos trousses quelque créature maléfique et point pour venir vous conter fleurette ! Vous vous devez de disparaître et vite, n'oubliez pas d'effacer vos traces, une prudence extrême s'impose. Tenez! De sa blouse il sortit une bourse volumineuse contenant de l'or et un paquet plus fin qu'il remit à Dzahim. Voilà vos avances, et la chose promise Maitre Dzahim. En outre voici une carte sommaire des diverses régions que vous êtes en passe de traverser. Je vous laisse ma monture, c'est un brave cheval plein de vigueur et de force. Un peu bourru sans doute, traitez le avec respect ! Il porte des rations de survie, quelques torches et les potions. C'est la seule chose que j'ai pu attraper vite fait.

Croisant les bras sur la poitrine il attendit la réaction des aventuriers, le visage empreint d'impatience, le pied droit tapant le sol, comme si il était encore fâché de les voir là

zahim semblait particulièrement interloqué, tant par l'attitude de Stolig, que par son propos. L'affaire était bien étrange. Et d'ailleurs, des trahisons dans leur guilde ? Quoique, c'étaient des mages, comme les mages rouge que Dzahim abhorraient, sans doute des petit conflits d'ego vérolaient le bon fonctionnement de l'institution. Le soucis des mages rouges étant que tout les membres en étaient responsables.

Néanmoins, il fallait toujours faire attention avec les mages, et Dzahim, tout en jetant un oeil à l'objet donné par Stolig, et sonda le gnome du mieux qu'il put. Un déguisement magique peut être ?
Quel que soit le résultat de ses investigations, il fallait de toute façon agir d'une manière ou d'une autre. C'était maintenant le moment d'assumer son rôle.

- Bien, puisque nous n'avons pas le choix, allons-y. Ceux qui ont laissé des affaires dans les auberges alentours, allez les cherchez promptement. Retrouvons nous derrière la porte sud de la ville. Mais pas de précipitation trop apparente, bien que ce soit déjà a priori un peu tard pour la discrétion sur cette affaire. Départ dans une heure au plus tard, si tout est déjà prêt comme l'affirme maître Stolig. Nous discuterons de la route à prendre une fois sur les chemins. J'ai déjà mon idée, mais nous en discuterons en nous répartissant les effets.

Tout en parlant, il n'avait cessé d'observer le gnome, et en vint finalement à la conclusion que ce dernier était bien lui même. Que valait ce comportement presque hostile maintenant ? Le Thayen jeta un regard interrogateur au gnome. Pas certain que ce dernier ne comprenne son interrogation. D'un geste, il envoya Nejdec chercher leur équipement. Se redressant et quittant sa place, le Thayen se contenta d'un hochement de tête appréciateur a l'aubergiste, le repas était déjà payé, comme il en était convenu. Prenant sa lance des mains de Nejdec à qui était laissé le port de la pique et d'une partie des bagages.

Le marchand patienterais si quelqu'un avait quelque chose de particulier à dire. Sinon, ou après cela, il prendrais la route du sud, laissant Nejdec se charger de prendre la monture par la Bride, et le déchargeant de la pique si cela s'avérait nécessaire à la manœuvre.