۝ Voyage au Centre de la Terre ۝, Fragment de Nuit et Traité de l'Eau - I

’œil de peau sur le front de l’antique guerrier se plissa d’un air peu probable, afin de donner l’impression qu’il regardait le petit être qui se tenait non loin. Les yeux cuivrés d’Orgétorix ne mirent pas plus de temps à se poser sur Mirage, qui présentait d’étranges caractéristiques pour un compagnon. Sa prestance lui rappelait son vieil ami et frère Vortingoros, le Sylverre, bien qu’il n’eut pu savoir pourquoi exactement.
Les propos du gnome semblaient être directement dirigés vers Ulysse, aussi répondit-il de son air le plus aérien.

- Cher Fédavi, soyons enchantés de cette rencontre. Tourment est le nom qui m’a été choisi ici fit-il avant de replacer Kvalnhir dans ce qui lui servait de fourreau. Son Corithias prit le même chemin, attaché à ses affaires qu’il portait, pour ainsi avoir les mains libres. Mais permets-moi de ne pas être d’accord avec ta pensée, mon petit ami. Chaque Homme, malgré le Destin qui lui est imposé, a toujours le choix. Aucune divinité n’a à avoir le droit de te forcer à accomplir quelque chose, à moins de partager de sombres desseins avec Celui-Ci. Mais dans ton cas, et dans celui de nombreux autres, où est donc celui que vous vénérez tant ? Et où a été votre choix, alors que, reprit Ulysse avec une passion déchaînée, élevant la voix, votre avenir est scellé dès votre naissance, qu’il est gravé dans vos chairs, qu’il est dans votre sang ? Si tu ne te pose pas la question, chaque matin, en ouvrant les yeux, de savoir pourquoi tu as été victime d’une telle malédiction, de savoir que ta vie ne t’appartient pas, mais que tu as été façonné par d’autres et créé dans un but précis, c’est qu’alors cet enchantement a vraiment été réalisé par des maîtres pervers, ces Océanides. A vouloir se prendre pour des Dieux, on en fini toujours pas pervertir ce qui nous entoure. Apprends à voir autour de toi Mirage, et peut-être acquerras-tu un Œil Antique, ce qui sera –éventuellement– ton salut.

Les paroles insistantes d’Ulysse portaient quelque amertume déconcertante, bouleversante, qui pouvait remettre en question le jugement. Ses paroles portaient nettement atteinte à tout ce que représentait le Cercle, et pourtant il demeurait là, et personne ne semblait lui dire quoi que ce soit. Il aurait probablement été plus loin dans ses paroles, mais il savait déjà que ce qu’il vint de dire n’aurait que pour effet que de déconcerter un peu le jeune gnome. Son état d’esprit n’était encore que trop frais pour en saisir la profondeur.
Aussi reprit-il, d’un air plus détaché et mieux disposé ces quelques propos.

- Si nous allons parcourir nos routes ensemble, quelqu’en soit le but, alors apprenons mieux à nous connaître. Si nous connaissons les points forts et les faiblesses de chacun, alors personne ne manquera à l’appel lors de notre retour. Pour ma part, tu as certainement deviné aisément quelle était ma principale.. Fonction parmi vous. Mais j’ajouterai que je suis aussi expert en décryptages et en langues, doublé d’un navigateur qui aime les gens d’esprit et la poésie. Alors dis moi donc tes talents, Mirage ?

mzel avait présenté le navire à tous les Porteurs de l’Ouroboros qui avaient accepté de la suivre, accompagnant chacun à sa cabine. Elle ne pouvait plus faire un pas sans qu’une ombre halfeline ne la suive. Cette petite damoiselle était si collante qu’Imzel la bouscula par inadvertance à deux où trois reprise. Mais Tass semblait assez solide pour ne pas en garder de grandes séquelles.
Le groupe se sépara, chacun ayant ainsi le temps de s’installer et de prendre possession de sa cabine. Imzel en profita pour arranger ses affaires puis alluma une bougie. Elle souhaitait profiter de ce moment de calme pour prier. Mais cet instant de recueillement fut rapidement interrompu par l’appel du Capitaine.
En arrivant sur le pont Vipère entendit les mots à demi mesurés de Tourment. Elle annonça sa présence d’un raclement de gorge, comme pour essayer de couper net à cette joute verbale et lança un terrible regard au blasphémateur. D’un pas assuré, elle alla se positionner au côté d’Aeryl, comme pour lui manifester son soutien et sans cesser de fixer le guerrier. Cet homme venu d’on ne sait où avait il eu l’audace de critiquer la fratrie auquel il venait de prêter serment ?

- Mon Capitaine, si vous jugez cet homme digne de nous accompagner à travers notre quête, j’ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’il en ressorte vivant. Mais si ses paroles quelques peu...arrogantes...vous choquent autant qu’ moi, j’veux bien vous aider à l'balancer par dessus bord.

Puis, s’adressant à cet être bourré d’orgueil,

- Effectivement, nous ne nous connaissons pas encore. L’expérience m’a apprise à laisser l’temps faire son ch'min avant de juger quiconque. Mais attention, j’n’aime pas trop qu’on s’attaque à mes proches. Si vous faites partie de ces gens qui n’ont besoin d’la compagnie d’personne y’a pas d’soucis, vous nous avez clairement fait passer l'message. Mais le minimum serait quand même de faire preuve d’un peu d’respect bordel !

’homme au teint cendreux n’eut même pas le temps de souffler, qu’une vilaine créature vint s’empresser de s’immiscer dans une conversation qui n’était pas la sienne. Cette déferlante de mortels devant lui commençait fortement à le lasser, et bien qu’il eut put prendre très mal les propos de la jeune femme, à tel point qu’il en eut envie de lui fendre le crâne avec Kvalnhir, il n’en fit rien. Jusqu’à ce qu’Oni s’y mette, d’un ton conspirateur..

- Hé chef, laisse moi la posséder un peu cette donzelle, pour voir de quoi elle a l’air ! Si elle est aussi chaude que les braises qui se consument dans sa bouche, alors j’ai envie de palper ça et d’explorer les moindres recoins de son petit corps de fermière !

Au grand étonnement de Mirage, les lèvres d’Ulysse ne bougèrent pas, alors qu’il avait entendu chuchoter clairement des propos étranges. Un rictus malin vint cependant étirer les lèvres du pirate, formant une parodie de sourire sincère, mû entre moquerie et amusement.

- M’est d’avis que même si elle savait que t’étais maître d’équipage chef, elle te saoulerait tout autant ! Hé, j’suis sûre qu’avec ses bras en mie d’pain trempés elle arriverait pas à t’faire bouger, huhu.. Gloussa Oni dans son déchaînement.

Orgétorix acquiesça aux propos de son « conjoint éternel ». Ses yeux s’illuminèrent un instant d’un éclat doré qui remplaça le cuivre terni de ses prunelles. Oni s’était déplacé sur la peau de son hôte pour réintégrer sa place fétiche, celle de la paume droite. Avant de répondre posément à la petite, Ulysse ne put contenir une réflexion qu’il se fit plus pour lui-même que pour Vipère. Les mots qui sortirent de sa bouche eurent une connotation si malsaine et malfaisante, presque atroces et impossibles à imaginer dans la bouche d’un homme qu’elles firent plisser les yeux de dégout et d’effroi ceux qui purent l’entendre.

’ ’
Il reprit d’un air neutre et conseiller dans la langue commune.
- Il est plutôt amusant de constater que les conseils que tu sembles dispenser ne s’appliquent pas à ta personne. A moins bien sûr que dans le fin fond du monde d’où tu viens, tu te laisses le temps de connaître tes compagnons en les jetant par-dessus bord.
A l’avenir, ne profère plus jamais une menace que tu n’es pas en mesure d’accomplir. Je suis cependant tout aussi enchanté de notre rencontre ! Fit-il dans son sourire habituellement morne.


Je vais m’abstenir de t’intimider, Parangon ne serait pas content que tu en salisses le pont

Le prêtre était heureux de retrouver une certaine complicité avec le semi-homme. Ses affaires rangées il suivit ensuite les ordres du Capitaine et se rendit sur le pont à la suite de son compagnon pour assister aux échanges acerbes d'un homme rempli de mystéres.

Le sujet de la conversation interpella Sam qui décida qu'il serait opportun d'apporter un éclairage nouveau au sujet :

- Tourment, je me permet d'intervenir dans cette discussion afin d'apaiser les esprit et ne pas revivre les premiers moments de la rencontre de notre regrétée Onix et de Pénombre sur ce même pont. En fait il y a peu j'aurais surement considéré le pacte de notre confrérie comme une pure hérésie, servir par delà la mort représentait à mes yeux la pire des ignominies. Mais un frère d'arme comme Aéryl -Sam incline la tête avec respect vers ce dernier- m'a amené à reconsidérer ma position et plus : à m'engager sur la même voie.

-Attention à ces paroles, je suis convaincu que le repos éternel doit être accordé à tous mais que chacun a le droit d'y renoncer pour honorer sa fratrie ou ses convictions. Je ne parle pas de ces pauvres non-morts qui sont arrachés à leur tombe sans âme ni conscience par de sombres nécromans ni d'abbérations en soif de sang ou de chair, ceux là je serais le premier à leur prêter ma hache et mon bras qui appartient à Tempus afin de les renvoyer aux abysses qu'ils n'auraient pas du quitter.

-Pour finir je suis d'accord avec toi pour dire qu'aucune divinité n'a le doit de nous imposer sa volonté mais je m'oppose à l'idée d'un destin scéllé dès la naissance. Ce qui fait de nous ce que nous sommes ce sont nos libres décisions, rien ne m'oblige dans mes actes et si je sers mon Dieu avec ferveur c'est ma foi en Tempus qui me motive et qui me guide et c'est avec joie et honneur que je me suis mis à son service.

-De plus notre jeune Vipère -faisant un clin d'oeil à Imzel- est pleine de ressources et je ne doute pas qu'elle puisse mettre à éxécution ses propos, plus un avertissement qu'une menace.

Se tournant vers les autres personnes présentes sur le pont :

- Au fait on m'appelle Doc et je serais heureux d'apprendre à tous vous connaître au cours de ce voyage et à combattre aux côtés de ceux qui se rendent en outre-terre pour cette quête.

Plusieurs autres membres de l’expédition avaient fait leurs apparitions et s’étaient présentés au capitaine Parangon. L’un d’eux attira tout particulièrement l’attention du jeune voleur autant par son attitude que par sa remontrance envers une jeune Halfeline, quand à l’utilisation e son nom véritable. Cette remarque aussi destinée à d’autres dont il faisait parti le fit sourire. Il donnait effectivement un bon conseil, ramenant le jeune homme à une autre époque ou il discutait souvent avec la vieille voyante qui tentait de lui faire peur avec des histoires de possessions et de malédictions. Hérudae eu un instant envi de répondre à l’étrange Ulysse la même chose qu’il répondait à l’époque à la vieille Irma :

*Pour jeter un sortilège à l’aide de mon vrai nom, il faudrait déjà que je le connaisse moi-même.*

Et cette remarque faisait toujours sourire, la diseuse de bonne aventure, lui parlant de chance. Mais avait-il vraiment de la chance de ne pas connaître son véritable nom, d’avoir un jour porté un nom, celui que le lui avait donné ses parents et de ne pas s’en souvenir. Depuis son enfance, gamin dans les rues, il était Hérudae. Maintenant « Fantôme », mis qu’importe personne, pas même lui ne savait le nom de sa naissance. Et il avait encore des choses à régler sous le nom d’Hérudae, alors il n’allait pas l’oublier de si tôt.

Mais la en resta cette rencontre, car le voleur suivit la jeune et charmante Vipère pour ainsi s’installer dans ses quartiers. Il découvrit une petite chambre simple avec son nom sur la porte. Il y déposa rapidement son sac contenant ses affaires et rapidement on vint le prévenir d’un rassemblement sur le pont. Il s’y rendit d’un pas tranquille suivant d’ailleurs plusieurs autres personnes nouvellement rencontrées.

Et sur le pont, une petite discussion houleuse débuta entre celui qui se nommait Tourment et la charmante Vipère. L’un aimant critiquer les paroles des autres et la dernière en cherchant à le remettre à sa place. L’homme indiqua clairement que les menaces de la jeune femme ne lui faisait aucun effet et à vrai dire, Hérudae n’en fut pas vraiment étonné.

Un nouveau venu chercha à calmer la situation et en se présentant, il permit à Hérudae de découvrit l’un des autres membres du groupe qui partirait à la recherche du fragment de la nuit. Alors le voleur fit un pas en avant et salua « Doc ».

« Heureux de te rencontrer, Fantôme nous allons faire un bout de chemin ensemble. Et j’espère ne pas avoir trop souvent besoin de tes talents ».

Il faisait bien sur référence à son surnom. Car ne sachant pas que l’homme était un prêtre il pensait tout de même que le surnom était au moins synonyme de certains dons pour les soins ou alors il aurait été plus convenable de le surnommer « Boucher ».

Hérudae se dirigea ensuite vers son vieil ami « Eurêka », et s’installa à ses cotés en attendant de savoir pourquoi il avait été convoqué.

Il ne fallait pas être devin pour savoir que la petite roublarde se sentait très bien dans sa nouvelle chambre. Assise dans le hamac, les pieds pendant à l’extérieur, elle se balançait vigoureusement jusqu’au moment inévitable du superbe salto arrière avec réception ratée. Heureusement que son sac qu’elle avait négligemment jeté au sol en entrant amorti sa chute.
Elle se releva dans une parodie d’artiste saluant son public avec un sourire radieux illuminant son visage et entreprit de ranger son sac dans le coffre mit à sa disposition.

Tout en chantonnant, elle pensait à l’aventure à laquelle elle allait participer, s’imaginant déjà découvrir des cités sous marines à dos de dauphins. Dans l’esprit insouciant de Tass, le danger n’avait pas sa place et les risques n’étaient que quelques obstacles à éviter.
Le *toc toc* sur la porte lui fit lever la tête et sortir de son rêve de conquêtes et de découvertes.

- Oui, c’est ouvert!

Après avoir reçu l’ordre de rejoindre le pont pour le départ, elle salua le matelot messager d’une poignée de main vigoureuse et retourna fermer son coffre, prenant soin de ne rien laisser traîner. On ne savait jamais, les vols étaient si vite arrivés.

¤ Tiens! Personne ne sait manifester pour cette chaussure que j’ai trouvée. Faudra que j’demande aux matelots. ¤

Ne gardant sur elle que son poignard offert par Ulysse, elle sortit de sa chambre et rejoignit le pont du navire sans omettre de fouiner à droite et à gauche à la recherche de la belle Izmel.
C’est sur le pont qu’elle la retrouva en conversation houleuse avec Ulysse et d’autres compagnons. Ne prêtant pas plus d’attention à la discution que cela, la Puce trottina en direction du groupe et vint se placer entre Tourment et Vipère et se présenta à ceux qu’elle n’avait pas vu.
Les paroles de la belle au sujet d’Ulysse l’a fit réagir et avec un regard noir elle se tourna face à Vipère, posant ses mains sur ses hanches.

- Ola, ola! Doucement. Personne n’va jeter qui ou quoi que ce soit par-dessus bord! Et ne te fit pas à l’air placide de cette homme, je l’ai vu empaler plusieurs homme d’un coup avec sa fourche, alors méfie toi de l’eau qui dort! ¤ Ah! Elle est de circonstance celle là… l’eau qui dort. ¤ Et pis si tu l’touche, jolie ou pas j’te saute dessus.

Un nouveau sourire vint s’afficher à la face de Tass et sa posture se fit plus décontractée.
- Mais bon, on va pas un v’nir jusque là, hein mes amis? Chacun défend ses opinions comme il l’entend et même si Tourment n’fait pas dans la dentelle et fonce tête baissée avec son franc parlé, il n’en reste pas moins libre de s’exprimer. Si nous faisons tous partie du Cercle, c’est que nous avons tous de fortes personnalités qu’il faut mettre en commun pour l’Ouroboros!

Son petit discourt terminé, elle alla s’asseoir sur la rambarde derrière Ulysse. Elle s’était surprise elle-même par son élan « patriotique » envers cette guilde.

urêka ne remarqua pas grand-chose à partir du moment où il posa ses affaires dans sa cabine et qu’il pris l’étrange anneau dans ses mains. Il mourrait d’envie de l’essayer. Mais savait que le moment n’était pas approprié. Aussi calmait-il sont impatiente curiosité en triturant l’anneau en tout sens afin de l’observer au mieux. Il rejoignit presque mécaniquement le pont où il s’installa dans un coin, mettant entre parenthèse de sa conscience tout ce qui n’était pas l’anneau.

Enfin, presque entre parenthèse, le débat avait visiblement tourné à la polémique et le ton et la durée des propos augmenté, ce qui intrigua le gnome au plus haut point. Mais comme bien souvent ça parlait religion, foi, et autres… Ce genre de discussion revenait souvent chez les humains, sans doute la comparaison de leur courte vie avec celle des autres races les poussaient à se poser la question. Les humains le fascinaient car ils étaient toujours portés vers l’avenir, même leur science était souvent jugée à l’aune de ce qu’elle permettait d’apporter. Tandis que chez les gnomes, elles se limitait le plus souvent à la recherche de constat et à l’explication de ceux-ci par d’autre constat sans forcément chercher à répéter l’action, ou a l‘expliquer par des liens complexes entres les données. Toutefois une similarité entre les deux espèces se dessinait, les gnomes et les humains étaient inventifs, ils cherchaient toujours à tirer profits des résultats scientifiques des uns ou des autres pour produire, construire et créer. Il ne savait si c’était ce même désir de défis qui poussait les hommes à agir ainsi. Il savait que chez la plupart des gnomes la vie pouvait prendre l’allure d’un jeu, chacun cherchant à atteindre un but par des moyens détournés et efficaces, ou farfelus, tant que cela fonctionnait! Ainsi certaines inventions gnome se révélait être d’une complexité inutile puisque la simple action du corps pouvait suffire comme ces machines pour marcher à l’aide des bras ou ces plantes légumes tellement complexes d’utilisation que tout le monde préférait utiliser ses bras, mais dont l’inventivité du créateur avait été louée en bien des endroits.

Eurêka repris le fil de ses pensées juste à temps pour entendre Doc se présenter et Hérudae lui répondre avant de le rejoindre. Dobun se redressa alors. Et inclinant la tête en guise de salut il ajouta.

- Je suis Eurêka! Quand à mes noms j’en possède bien une centaine comme tout gnome, et je serais bien incapable de dire lequel est le vrai. Mais pour cette guilde il n’y en auras qu’un. C’est plus commode pour les non gnomes, et je trouve qu’il me convient bien! Presque mieux que certains précédents.

orsque la Halfeline l'aborda, Kern lui adressa un sourire en guise de réponse. Elle était visiblement débordante d'énergie et de bonne humeur, une bonne chose pour ce voyage. Puis vint l'apparition de Pénombre qui glaça le sang de Kern. Il n'aimait pas spécialement les Elfes, mais les Drows l'effrayaient plus encore. Cependant, il ne s'était pas attardé sur ce détail et avait décidé de se délecter de la visite du navire. En effet, rarement il lui avait été donné l'occasion de fouler le pont d'un voilier aussi beau et aussi propre que celui-ci, car il n'avait exercé jusqu'alors qu'en tant que simple mousse voguant de port en port par le premier rafiot venu. Il fut surpris de voir son nom gravé sur un morceau de chêne puis de découvrir la cabine. La chambre était simple, le hamac était visiblement un aménagement récent, mais il y avait un bureau et un coffre de marin, ce qui convenait tout à fait à La Magouille.
Il posa son havresac sur le bureau et entreprit de l'alléger. Il déposa donc son très récent carnet de bord, son diamant coupe verre, sa crosse de Voleur des Songes dont la fonction exacte lui échappait encore, la fiole d'encre et la plume, le masque de gang et les meca-lorgnons dans le coffre métallique, puis repris son sac et entreprit de se rendre sur le pont.
Là encore il fut surpris, mais cette fois il s'en serait bien passé. Il se tint en retrait du triste spectacle qu'offraient ses futurs compagnons de traversée.

¤Eh bien ! L'ambiance est au rendez-vous finalement. Cela ne fait même pas la moitié d'un jour que nous sommes sur le pont que l'équipage s'embrouille déjà. Je crois que je dois plaindre le pauvre capitaine. Bon, puisque je me tamponne de leurs discutions mystico-débiles, je m'en vais les recadrer un peu !¤

La roublard s'avança donc vers Tourment et les autres et leur parla sans artifice, ne cherchant pas à cacher son mécontentement :

-Bon, c'est fini ? Vous êtes fiers de vous ? En embarquant sur ce navire, je pensais que j'allais naviguer avec des équipiers valeureux et soudés, et sur quoi je tombe ? Une dispute théologique ! De mémoire de marin, je n'ai jamais vu ça ! Sur un navire, on met tous ses différents de côtés, sinon c'est le naufrage bon sang ! J'en ai connu des rafiots, pas tout propres, pas tous joyeux avec des capitaines pas toujours très agréables, mais les disputes entre marins, on les gardait pour les escales ! La seule fois où on n'a pas respecté cette règle, croyez-moi, ça c'est très mal passé, il y a eu des morts et j'ai finit dans une cage ! La mission qui nous attends ne sera sûrement pas facile, alors peu importe si on a un destin ou pas, peu importe la mort tant que nous sommes sur ce navire, remettons ça à notre retour, en attendant restons soudés ! Notre capitaine a autre chose à faire que de jouer à la crèche.

Kern était du genre à bafouer les règles à tout va, plus ou moins ouvertement selon les circonstances, mais sur un navire, ils avait compris depuis longtemps qu'un équipage qui ne savait pas se tenir ne pouvait aller bien loin. La dispute avait fait remonter un mauvais souvenir, du temps où il était encore dans la marine. Il avait organisé une mutinerie et avait pris le contrôle d'un navire, cependant lui et son équipe n'avaient pas été très discrets, tous jeunes et fougueux qu'ils étaient. La marine n'avait donc pas tardé à affréter des navires armés à leur poursuite, et alors qu'ils tenaient la distance, une dispute éclata au sein des mutins, et Kern, qui s'était improvisé capitaine, pris parti dans la discussion au lieu de la remettre à plus tard. Leur embarcation n'étant plus commandée convenablement, les hors la loi se firent vite rattraper, mais ne se rendirent pas tout de suite. Il y eu effectivement des morts, des deux côtés, et La Magouille fut abandonné au fond des geôles. Heureusement, il parvint à s'en échapper au bout de deux années, mais cet épisode était gravé à jamais dans sa mémoire, et depuis la peur d'être seul le hantait, et il avait, c'est tout naturel, tendance à ne pas du tout apprécier le désordre sur un navire.

raillard avait déposé ses affaires rapidement puis était remonté sur le pont. Il attendait la génasi d'air avec une impatience grandissante. Quand le capitaine demanda à tous de se rassembler, le barde arriva en jetant des regards à la recherche de la fille des vents. Impossible de la voir, nulle part. C'est d'un air inquiet qu'il demanda :

- Je n'ai pas encore vu Jalyne, elle est déjà arrivé ?

Le nain lui avait promis de l'aider à trouver ses origines, et cette promesse était primordiale à ses yeux. Son coeur battait fort alors qu'il attendait la réponse, sentant que le moment de larguer les amarres approchait à grand pas... mais sans elle.

- Désolé mais... mais je ne peux pas partir sans elle ! J'ai fait une promesse, je lui ai donné ma parole ! Je retourne chercher mes affaires, je laisserai ce qui est important pour votre mission dans ma chambre.

Le nain fila à une vitesse rarement vue chez ses congénères. Il descendit avec son sac sur le dos et sa hache, laissant derrière lui des fioles, la perle et le livre.

Bon vent marins ! Et si j'ai oublié quelque chose, complétez le texte

Parangon

- Nous y voilà. Si qui que ce soit souhaite quitter de même le Fantôme des Mers et l’occasion d’entrer dans la légende, qu’il le fasse maintenant. La quête qui vous attend ne nous laissera plus guère d’occasion de faire marche arrière et nul regret ni remord ne doivent naître du choix de participer à cette grande épopée. Le capitaine se tenait là, appuyé contre le bastingage usé. Bien qu’il leur tourna le dos, et que le vent se soit levé à faire claquer les voiles, les Porteurs de l’Ouroboros percevaient clairement chacun des mots articulés par la voix chantante du demi-elfe. Se tournant alors vers l’assemblée, il fit un signe de tête en direction du Nain qui réapparaissait, chargé, sur le pont. - Bon vent Braillard. --------------------

La déception était palpable mais sans qu’elle soit colorée de nul reproche. Si son choix était sans appel, il n’y avait aucune raison de s’appesantir sur la question. Certes il aurait pu tenter de retenir le barde et y serait sans doute parvenu, mais c’eut été bafouer le droit de chacun au libre arbitre et il aurait à entretenir une motivation défaillante avant la rencontre de la première difficulté.
Il lui laissa quelques secondes pour traverser le pont et rejoindre le port de Da'aï Chikiza sur lequel l’animation croissait au rythme des percées des derniers nuages, puis reprit :

Parangon

- Une longue route nous attend. S’il était prévisible qu’autant de personnalités trouvent matière à jouter, je pensais naïvement que nous ne parlerions des fers qu’après de nombreuses lunes sur les flots… Il vous faudra, puisqu’il semble s’agir d’une contrainte, respecter chacun ou vous partagerez les quartiers de Pénombre pour un long moment. Il y fait frais et vous pourriez trouver avantage à vous préparer à l’obscurité mais l’ennui vous aura pris avant, soyez-en sur. L’ironie était palpable mais le sujet sérieux, le capitaine attendait à ce que l’ordre soit respecté sur son navire et n’hésiterait pas à l’imposer au besoin. Il conclut de la voix puissante et sans appel du chef : - "Que les Chercheurs du Traité de l’Eau le rejoignent d’ailleurs, il les replacera dans leur quête. Que les autres se rassemblent et trouvent ensemble la meilleure façon de pallier à l’absence de leur compagnon qui avait pris quelque responsabilité dans la recherche du Fragment de Nuit." --------------------