Promenons-nous dans les bois, Chapitre 1

Vingtième jour du mois d'Eleinte 1372

Lieu : Haute-Forêt, Nord Sauvage.
Temps : Pluie et vent.
Moment : Vers 21h30

MJ
Narration: Nob, Bur’dhyme et Cyprien

es trombes d’eau et les sifflements rageurs du vent rendaient l’avançée de Bur’dhyme et Cyprien particulièrement difficile. Ils avaient quitté la communauté du Grand Père Arbre deux jours plus tôt, sous un temps clément mais les choses avaient rapidement dégénérés en cours de route et le temps était devenu exécrable.

Les deux elfes qui devaient se rendre à proximité de Fort Noenar pour rencontrer un contact de la confrérie des Gardiens Sylvestres, avaient tout d’abord choisis d’emprunter les chemins de la forêt mais face aux déchainements des éléments, Cyprien avait réussit à convaincre l’elfe verte de sortir au plus vite de la Haute-Forêt pour emprunter la route qui reliait Fort Olostin à Fort Noenar. Un itinéraire qui privilégiait la sécurité selon le roublard et qui leur ferait gagner du temps.

En effet, si tout allait bien, ils sortiraient de la forêt d’ici un ou deux jours mais en attendant, ils devaient se mettre à l’abri étaient parvenus à trouver refuge dans une des quelques grottes naturelles qui parsemaient cette partie de la Haute-Forêt. Une chance pour eux. Cyprien prit rapidement les choses en main, la grotte était profonde et n’était pas habitée par un quelconque animal. Le roublard alluma un feu et les deux elfes s’installèrent autour, se mettant à l’aise et partageant un repas frugal tandis qu’ils avaient mis leurs manteaux détrempés à sécher près du feu. Un peu de repos ne leur ferait pas de mal et leur permettrait d'attendre que lesd intempéries se calment.

C’est à ce moment précis qu’un ombre se découpa à l’entrée de la grotte et avant que les deux gardiens puissent réagir, un bonjour sonore retentit.

- Sacré temps de chien, sacré temps de chien.

Les elfes plissèrent les yeux quand ils réalisèrent qu’ils se trouvaient en face d’un halfelin qui arborait un sourire éclatant.

Cyprien n’était pas mécontent de pouvoir souffler un peu. Il était parti l’avant-veille de Thuldaë flanqué de Bur’Dhyme, une elfe sauvage particulièrement euh … sauvage.
Ils partageaient un ordre de Mission de la confrérie et devaient coopérer.

Le Roublard s’était réjoui : à part quelqu’un de sa propre race, il ne pouvait rêver meilleure compagnie. Certes, les présentations furent embarrassées et réduites à leur plus simple expression. Un silence gêné avait accompagné leurs premières lieues de trajet, chacun restant sur son quant à soi alors qu’une elfe de lune n’aurait pas tardé à babiller.

Mais, à mille détails comme le choix de sentiers à suivre, les champignons du menu, et surtout cette façon commune et non concertée de prendre leur pause non pas à terre mais dans les arbres, ils avaient, lui semblait-il, gagné par le comportement le respect qu’ils n’auraient pas su obtenir par de belles paroles.

Hélas s’ils avaient abattu une distance respectable la veille, aujourd’hui les éléments s’étaient déchainés. Ils avaient pendant deux heures vaillamment combattu avec la boue et les rigoles d’eau chargées de feuilles et de brindilles, mais désormais la terre ne libérait leur pieds pris jusqu’à la cheville qu’avec regret et un horrible bruit de succion. Des torrents dévalaient de chaque relief, les souches et tous les petits pièges de la forêt n’étaient plus repérables. Pire, leur visibilité était réduite à presque rien.

¤ Inutile de se trouver nez à nez avec un parti d’orques qui dans ces conditions dantesques, pourrait pour une fois se révéler plus à l’aise que les elfes!¤

En attendant il n’y avait rien de mieux à faire que de s’arrêter, et par chance, ils tombèrent sur une grotte inhabitée, un endroit parfait pour laisser passé le déluge et prendre peu de repos. Alors qu'ils semblaient qu’ils allaient pouvoir se délasser :

Un instant Cyprien fut troublé du paradoxe entre la silhouette d’enfant qu’il apercevait et la voix de mâle adulte qu’il venait d’entendre

¤ Un Halfelin bien sûr … que faire ? … on ne peut pas repousser ce gêneur dans ces conditions ... ce ne serait pas charitable … humm ... Eh bien il ne devrait pas tarder à apercevoir le feu, voyons comment lui va réagir ...¤ maugréa l'elfe des bois.

Se dressant à demi, il se contenta donc d’affermir sa main sur la poignée de son épée.




Ce message a été modifié par Isórion le Vendredi 13 Juillet 2007 à 11h09

Bur'dhyme avait à peine été acceptée au sein de la confrérie des Gardiens Sylvestres qu'une mission lui était déjà confiée. Le recrutement n'avait pas été fait par Linwëline directement, mais celle-ci avait surement joué un rôle ; peut-être dans le but de tester la véracité des propos tenus par l'ensorceleuse quelques jours auparavant.

Toujours est-il que l'elfe sauvage devait se rendre près de Fort Noenar, afin de rencontrer un contact de la guilde. Elle était accompagnée d'une autre nouvelle recrue pour cela : un elfe des bois du nom de... Cyprien ? De ce qu'elle connaissait des humains, ce prénom leur appartenait.

Surprise, mais pas déçue, Bur'dhyme avait accueilli son compagnon de route à sa façon : un timide sourire et très peu de mots. Elle préfèrait bien sûr ne pas effectuer cette première mission seule, mais sa méfiance naturelle l'empêchait encore de bien s'exprimer. D'ailleurs, l'elfe des bois avait également ses propres raisons de briser le silence le moins souvent possible.

Voilà deux jours qu'ils suivaient un chemin menant à leur destination. Ils ne connaissaient pas la région, mais leurs talents innés d'elfes avaient fait le plus gros du travail de repérage. De plus, ils évoluaient relativement de la même façon parmi les arbres de la Haute-forêt, et cela avait créé un climat bon-enfant entre eux, même en l'absence de mots.

Le climat avait alors décidé de troubler un peu le voyage tranquille. La pluie diluvienne les avait forcés à revoir leur itinéraire, et Bur'dhyme avait laissé le roublard décider du parcours. En attendant de pouvoir s'extirper de la forêt maintenant boueuse à souhait, les deux aventuriers avaient trouvé refuge dans l'une des grottes qui parsemaient l'endroit.

En sécurité, et au chaud autour d'un feu, leur perspective de prendre du repos fut remis à plus tard lorsqu'ils entendirent une phrase mi-salut, mi-juron avant de voir qui l'avait prononcée. Un halfelin tout sourire et tout aussi trempé qu'eux.

La jeune elfe ne pouvait pas faire grand-chose dans ces conditions, et le nouvel arrivant ne semblait pas menaçant. Mais il fallait malgré tout rester sur ses gardes, comme l'attestait la réaction de Cyprien. Ne voulant pas se montrer si hostile dans un premier temps, Bur'dhyme répondit :

-Bonjour à vous, vous pouvez vous réchauffer ici quelque temps, mais nous n'avons rien d'autre à vous offrir, nous sommes en mission, et nous serons repartis le plus vite possible.

Notre Halfelin ne souffrait pas de la faim, toutefois, son dernier bain datait d’il y a bien longtemps même selon ses propres critères et il commençait sérieusement à souffrir de la solitude. Voilà des semaines qu’il avait quitté la bande de Jarek et décidé de longer la lisière ouest de la Haute forêt, cette escapade dans les bois devait être la dernière avant de rejoindre un coin plus ....civilisé, même si cela devait être chez les hommes.
Il se demandait encore, après des semaines de solitudes, ce qu’il etait venu chercher en ces lieux ? ? des membres de sa race ? une révélation ? peut être n’avait il jamais vraiment sut ce qu’il recherchait d’ailleurs, cela expliquerait ses errances éternelles loin de son foyer et des siens. Drôle d’ idée même, de se poser de telles questions alors que le vent et la pluie battaient son manteau depuis des heures. La lumière se faisait de plus en plus rare et épuisé, il se décida enfin à réagir afin de trouver un abri.
Le terrain accidenté qu’il parcourait lui donna l’espoir de découvrire une crevasse dans laquelle il pourrait s’abriter un peu des intempéries . Ce fut donc, plus que satisfait qu’il se trouva face à une grotte, dont il sembla bien, qu’elle fut occupé comme l’attestait la légère luminosité ainsi que l’odeur de fumée qui s’en échappait.
Discrètement, son bâton à la main, le sagespectre s’approcha de l’entrée afin de s’assurer de la qualité de ses hôtes ¤ Par ma foi, deux elfes que voilà, elfes des bois ou sauvages, je n’en sais rien dans cette pénombre mais c’est toujours mieux qu’un gnoll et de bonne compagnie pour peu qu’ils s’en donnent la peine….encore faut il qu’ils se la donnent et ils ne sont pas réputés pour cela ¤ Se redressant au milieu du passage afin de bien montrer sa présence, s’appuyant sur son bâton d’une main et secouant son manteau dégoulinant de l’autre, Nob fit son entrée dans la grotte comme si il était attendu.

-Bonjour, Sacré temps de chien, sacré temps de chien, plus bas " sans vouloir vous offenser seigneur".

Il fit mine de ne pas remarquer la main de l’elfe sur son arme tout en commençant à poser à terre sac et outre d’eau avant de retirer son manteau et de répondre à la jeune elfe.

-Ma foi, damoiselle, un feu est un bien fort précieux par ce temps chagrin et c’est avec plaisir que j’accepte votre offre, même si il est vrai que je n’aurais pas refusé un thé chaud accompagné de petit biscuit. J’ai bien peur de ne pas avoir ce qu’il faut pour cela moi même et je vais devoir me contenter d’un peu de lard séché ainsi que de pain noir et de quelques fruits secs. Toutefois, vos paroles me vont droit au cœur .

Ce faisant, Nob s’etait débarrassé de son paquetage, manteau, chemise de maille et de la plupart de ses vêtements qu’il entreprit d’étaler afin de leurs permettre de sécher avant de s’installer près du feu non sans s’être munis de sa pipe et de sa blague à tabac ainsi que de quoi se sustenter .

-Par ma foi, j’en oublie mes bonnes manières…Nob, Nob Sombreterre pour vous servir et si un peu de tabac vous intéresses, ne vous gênez pas, c’est de bon cœur.


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¤ Chance qu'il ait eu pied jusque là ...¤

Cyprien chassa rapidement ces mauvaises pensées de son esprit et fit meilleur accueil en prenant un ton enjoué et en essayant un peu d'autodérision.

-Je vous en prie installez vous Nob, et fumez si cela vous chante ... De toutes façons, je doute que vous réussissiez à faire autant de fumée que moi !

Il désigna du menton son maigre feu qui, entre bois vert et fagots humides, produisait pour l'heure plus de fumées âcres que de bonnes flammes. Mais ses préoccupations étaient autres. Ce petit être qui était arrivé ici sans compagnon visible devait avoir une grande confiance en lui. Peut-être dictée par de solides pouvoirs.

Quand on avait vécu sa vie, on avait été amené à entendre moult choses, certaines farfelues mais vraies, d'autres frappées au coin du bon sens mais fausses. Toutefois, peu d'entre elles faisaient état d'halfelins voyageant seuls, en chemise de maille, assez nettement à l'intérieur d'une des plus grandes forêt des Royaumes. Si ce n'était pas commun, c'était donc potentiellement dangereux ...

L'Elfe sorti complètement sa lame du fourreau et entrepris ostensiblement de la graisser afin qu'elle ne souffrit pas des intempéries. Il ne tenait pas à ce que le petite-gens lui pose des questions, il s'abstint donc de lui en poser.

De toutes façons, sa compagne qui avait déjà, au grand dam du roublard, lâché dès sa première phrase qu'ils étaient en mission, ne résisterait sans doute pas au plaisir d'une causerie au coin du feu et dans le cas contraire c'est le nouvel arrivant qui devrait faire l'effort de s'intégrer.
Pour l'heure, le moment était encore de le jauger à ses faits et gestes.

L'Elfe cuivré ne se privait pas de le détailler autant qu'il pouvait se le permettre sans risquer de s'éplucher les doigts ...
Il était donc sur ses gardes. Quand il parvint à celle de l'épée, en signe de bonne volonté, il passa sa graisse à Nob.

- On m'appelle Cyprien ... Belle chemise de maille que vous avez là .

Il désigna ainsi, quoiqu'indirectement, ce qui l'intrigait le plus dans l'accoutrement du Halfelin. Libre à lui d'éclairer la lanterne de Cyprien. Ceci dit, il se leva l'épée toujours en main, longea la paroi prudemment jusqu'à l'entrée de la grotte. Là, il chercha à voir si l'arrivant n'avait pas oublié par mégarde quelques compagnons armés, notamment de mauvaises intentions.



Ce message a été modifié par Isórion le Vendredi 13 Juillet 2007 à 11h15

Le regard noir que lui avait lancé Cyprien lorsque Bur'dhyme avait pris la parole lui montra qu'elle devait faire attention à ce qu'elle disait. Même timide comme elle l'était, et méfiante à l'égard des gens, elle arrivait à faire une bourde dès la première phrase prononcée. Le fait de se sentir en sécurité avec son nouveau compagnon de route, et d'avoir affaire à un halfelin l'avait rendue trop confiante. Il était évident qu'à réfléchir comme ça, elle s'attirerait des ennuis très vite.

Malgré tout, elle jugea que l'elfe des bois se comportait comme si un drame pouvait surgir à tout moment. Son passé l'avait peut-être rendu ainsi, l'ensorceleuse aurait dû en apprendre plus sur lui durant ces deux jours... En tous cas, elle ne voulait pas que les suspicions de Cyprien tendent l'atmosphère, mais ne devait pas se montrer trop gentille non plus. Avant que le nouvel arrivant ne remarque le comportement du roublard (ou montre qu'il avait remarqué), elle refusa poliment son tabac et tâcha d'en savoir un peu plus :

-Nob, donc. Est-ce le lieu et le moment que les halfelins affectionnent pour se montrer à des inconnus ? Vous devez bien avoir des raisons, expliquez-nous un peu.

Bur'dhyme souriait franchement, voulant se montrer accueillante, mais Cyprien l'avait tout de même amenée à se poser un peu plus de questions. Notamment du fait que Nob était entré ici sans prendre réellement de précautions visibles et qu'il ne semblait aucunement sur la défensive. Au vu de la place qu'il prenait maintenant que ses affaires étaient étalées, on pouvait croire que c'était lui qui invitait les autres dans "sa" grotte.

Notre Halfelin se sentait bien et commençait à se réchauffer, certes, le feu était maigre et il etait à demi nu mais une épaisse couverture était venu garnir ses épaules et c’est avec délectation qu’il finit de retirer ses bottes humides afin d’exposer ses divins orteils à la chaleur des flammes.
Près de lui s’étalaient ses bottes, son bâton et sa Morgenstern ainsi qu’une petite quantité de nourriture composé d’un morceau de lard fumé accompagné d’une miche de pain dure et de fruits secs.
Il accepta la graisse de l’elfe des bois avec un mot de gratitude et entreprit immédiatement d’en frotter les mailles de son armure tout en continuant de manger, subitement, il sembla se rappeler de sa pipe et la bourra rapidement avant de l’allumer . Il fit quelques ronds de fumés en poussant un petit soupir de contentement puis, il reprit son lent travail de mastication et l’entretien de son armure.
Il était bien conscient de la curiosité de cyprien mais son contentement était si important qu’il feignit de ne pas le remarquer. ¤ Seigneur, mon elfe semble vivement intéressé par mes modestes mailles. Que pensez vous que cela puisse dire ? mon dieu, mon dieu, seigneur, vous ne pouvez pas savoir comme c’est bon de se réchauffer au coin d’un feu si modeste soit il en compagnie de son meilleur tabac…..surtout si en plus, on est accompagné de personnes pas trop désagréables ¤ Il se mit à son tour à examiner plus en détail ses compagnons d’intempérie ¤ Un elfe des bois certainement, et avec un coté roublard si je ne me trompe pas. Sa compagne, une elfe sauvage peut être, mais difficile d’en deviner plus pour l’instant , diable, mon elfe se dirige vers l’entrée, serait il inquiet ¤

-Hum, je voyage seul si c’est cela qui vous inquiète, quand à cette chemise de maille, j’ose penser qu’elle sauvera peut être la vie d’un malheureux halfelin qui ne possède pas la souplesse et la vivacité des êtres de sa race. Quand à vous répondre Damoiselle…euh…damoiselle inconnu, je ne sais réellement si cela était le lieu et le moment mais la pluie m’a invitée à trouver refuge au sein de notre mère la terre. Ma foi, j’ai certainement pris un risque mais malheureusement, si j’avais été un être raisonnable, je vivrais encore avec les miens dans le Shaar et ne me serais pas engagé dans une aventure. Je reconnais que celle ci ne s’est pas déroulé tout à fait comme je l’entendais mais bon. Par ma foi, et pour en revenir à la raison de ma présence en cette grotte, c’était cela ou continuer de me faire tremper par mère nature.

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Cyprien fut un peu rassuré par ce qu’il ne voyait pas dehors et ce qu’il voyait à l’intérieur : rien à l’extérieur et un « invité » qui ôtait ses bottes dans la caverne. Selon lui, on n’ôtait pas ses bottes quand on préparait un mauvais coup.

Il se rendit compte qu’il avait essayé tout ce temps d’imiter quelqu’un qui lui avait forte impression. Quelqu’un qui lui avait semblé allier la capacité d’assumer des responsabilités, sans se départir d’une forme de légèreté ironique caractéristique du Sae-Tel’Quessir bien né. Bien qu’il ne l’ait côtoyé que quelques jours, Isórion avait laissé une trace chez le roublard.

Mais il devait convenir que jusqu’à présent, s’il avait tant bien que mal essayé de faire le responsable, il avait un peu perdu de sa charmante désinvolture. A mesure que son inquiétude se dissipait, elle lui revenait ... Il essaya un bon mot, il lui semblait que les halflings les prisaient presque autant que le tabac.

-Hummm … il pleut tellement qu’on n’y voit goutte. Concéda t’il de l’entrée la caverne.Pardonnez mes manières, Messire Nob, mais il y a à peine une chevauchée j’ai croisé un parti d’orques non loin. Leur discrétion de sangliers en rut m’a permis de les repérer aisément et des les éviter tout aussi facilement, mais je me faisais justement la réflexion qu’avec ce vent et cette pluie nous ne pourrions cette fois les voir ou les entendre. Je me disais aussi que dans la boue, ils pourraient fort bien avoir le dessus? Je suis encore un peu marqué par la tension de cette funeste réflexion.

Revenant vers le duo, il essaya toujours d'infléchir la mauvaise impression qu’il avait pu initialement produire en entretenant avec une remarquable synchronisation le feu et la conversation.

- Ainsi donc vous avez arrêté le Shaar ? Du diable si j’ai la moindre idée de la où ça se trouve et pourtant je me pique de ne pas mal connaître Faerûn … du moins au nord de la mer des étoiles déchues … "

Il blanchit soudainement

-Mais … Mais … par l’arc de Solonor quelle est cette horreur ? une mor … une morgenstern dans les bras potelés d’un halfling ?"

Dans son esprit cette arme barbaresque entre toutes servait essentiellement aux orques à fracasser des têtes. Il découvrait avec un étonnement qu’il n’avait pas eu l’esprit de dissimuler qu’elle devait convenir aussi fort bien à briser des genoux. Il décida de s'occuper de son arc afin de reprendre une contenance ...

¤ Quelle arme de maroufle ¤

La jeune elfe sauvage sourit intérieurement. Ironiquement, elle avait voulu se montrer importante aux yeux du halfelin, histoire de lui faire voir qu'il ne tombait pas sur des froussards, mais elle en avait oublié de se présenter. Elle devait maintenant trouver comment y parvenir sans que cela ne passe pour un stupide oubli... Elle était déjà en train de rougir, même si la pénombre ne permettait sûrement pas de le voir.

C'est Cyprien qui lui permit de relancer le sujet. Alors qu'elle y réfléchissait, certainement en affichant le sourire un peu penaud de celui qui se fait avoir, l'elfe des bois revenait de son inspection à l'entrée de la grotte. Il avait eu une forte réaction en voyant l'arme que possédait Nob, alors que Bur'dhyme n'avait pas franchement trouvé ça incroyable, peut-être par ignorance.

Cyprien donc, avait lâché, peut-être malgré lui une nouvelle phrase susceptible de vexer le petit-être et de plomber l'ambiance une nouvelle fois. Surtout si le nouveau venu regardait la grimace de roublard. Sans attendre de réaction de la part de Nob, l'ensorceleuse lui lança :

-Ainsi, vous avez quitté votre terre natale pour une aventure... C'est un peu ce que j'ai fait aussi, remarquez. Je me nomme Bur'dhyme Yaonuen, elfe sauvage du Bois de Chondal. Vous ne pourrez plus m'appeler damoiselle inconnue maintenant.

Elle ne savait pas si sa pitoyable petite blague avait fonctionné. Et toute angoissée, elle continua :

-J'aimerais vraiment savoir quelle est cette aventure qui vous amène jusqu'à nous, et qui vous oblige à emporter cette arme avec vous ? Ne pourriez-vous pas donner quelques détails, messire Nob ?

La fin de sa phrase fut ponctuée par un gros crépitement dans le feu, suivi d'une envolée de braises, illuminant faiblement leurs visages à eux-trois.

A la plaisanterie sur les gouttes, Nob s’etait esclaffé de bon cœur et de façon presque exagéré par rapport au bon mot de Cyprien mais il est vrai que notre halfelin avait voyagé seul depuis fort longtemps et que cela lui avait pesé. Il finissait à peine d’essuyer ses larmes quand l’elfe des bois sembla choqué par sa Morgenstern. C’est avec curiosité qu’il regarda son arme sous toutes les coutures afin de voir si quelque chose était anormal mais ne voyant rien d’extraordinaire, Nob regarda son interlocuteur d’un air perplexe.

-Ma foi, bibiche est une bonne arme, j’aurais préféré un fléau pour suivre l’exemple d’Urogalan mais malheureusement, son apprentissage est trop difficile pour qui n’est pas homme de guerre et j’avoue ne pas en avoir été digne. Je peux toujours compter sur elle pour attendrir la viande si nécessaire et c’est bien plus polyvalent qu’une lame. ¤ décidément, c’est bien un elfe, il va bientôt me reprocher de ne pas utiliser d’arc ou d’être plus petit que lui ¤ je ne sais pas vous, mais je me préoccuperais assez peu de savoir si on m’a décapité ou écrasé la cervelle.

L’halfelin nota que bur’dhyme etait encore plus jolie quand elle rougissait même si elle etait un tantinet trop grande…elle lui apparut d’autant plus sympathique qu’il connaissait maintenant son origine.

-Le bois de Chondal ! !aaah, bien des miens se sont établit dans cette région, le Shaar en est d'ailleur voisin, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de m’y rendre quoique j’en ai longé la lisière il y a déjà quelques temps. Enfin, pour répondre à votre question, je souffre visiblement d’aventurite aiguë et je suis parti de ma vallée avec un groupe de roublard pied léger dont le chef m’assurait posséder une carte menant à une tombe très ancienne pleine de richesse. Je dois bien avouer ne pas dédaigner or et pierres précieuses issues de la terre mais la curiosité fut certainement l’élément déterminant de ma décision. Ma foi, cette bande etait joyeuse et de bonne compagnie et cette aventure fut sans histoire…c’est le mot, sans histoire. La dessus, Nob part d’un grand éclat de rire. "La carte de mon ami Jarek etait tout à fait fausse et ne menait à rien, mais vraiment à rien . Bref, nous étions fort désappointés et un peu à l’ouest de Sécombre et donc au sud de cette forêt, alors que mes compagnons décidèrent de tenter leur chance dans le Mitan, je pris mon parti de longer la lisière de la Haute forêt en remontant vers le nord …..et me voici. Mais dite moi Bur’d, peut être avez vous connu des sagespectres en Chondal, voir même dans cette forêt ? ? Et puis ma foi, je vois bien que votre discret compagnon aimerait bien garder cela secret et que l’odeur de mes pieds va bientôt l’incommoder, mais maintenant que nous avons fait connaissance, peut être pourriez vous m’en dire plus sur vous même et sur....votre présence en ces lieux si loin de vos bois . Qui sait, je pourrais peut être vous devenir indispensable". Nob, accompagna ce dernier mot d’un clin d’œil goguenard.

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