Panique à Fortnouveau, MJ Kolimar Velcor

- Ah mais dis donc tout s'arrange !

Cette remarque à l'ironie mal dissimulée émanait de Kobalt, qui décidément ne perdait pas une occasion de l'ouvrir. Surtout lorsque ce n'était pas le moment et que de toute façon on ne lui avait rien, mais alors rien demandé. Ce besoin incontrôlable de "faire son intéressant", pour être poli, avait souvent valu de beaux ennuis à notre voleur. A noter que le terme "roublard" prend ici tout son sens. Non pas dans le sens de prendre des risques par des actes qui paraîtraient périlleux, mais dans le sens où à avoir un comportement pareil avec autrui, on finissait par être sur la liste de noire de pas mal de monde. Et cela réduisait en proportion le nombre de personnes avec qui Kobalt pouvait envisager de partir en vacances sur la côte. Côte des Epées, bien sûr.

Cette petite pique était donc bel et bien destinée à Iona, bien que celle-ci n'ait rien fait pour la mériter, convenons-en. Mais comme il était plus simple de s'en prendre aux autres qu'à soi-même, il faisait toujours ainsi. D'autant que le thétyrien détestait se reprocher quoi que ce soit. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il ne se sentait en rien responsable dans les disparitions (et les morts) de ses précédents compagnons de route. En somme, il avait la conscience tranquille. Si l'on peut dire que Kobalt a une conscience...

Scrutant les quatre tunnels, il fit mine de réfléchir, comme si cela pouvait changer quelque-chose. Il proposa à la demi-elfe :

- Séparons-nous ! Ou pas... Ou pas ?

Voilà qui était... hum... très clair. En attendant une réponse éventuelle, le petit fou essaya d'observer les quatre tunnels à la recherche d'indice leur permettant de voir par où les autres étaient partis.

Débarassé des ses liens, le prêtre avait un souci en moins. Mais la qualité du noeud ne l'avait pas obligé à produire un effort considérable pour s'en défaire. Cela l'intriga. Pourquoi attacher aussi mal quelqu'un alors que précédement les gardes avaient quadrillé la zone autour de l'auberge avec minutie. Etait-ce volontaire ou bien alors la preuve d'un laxisme étonnant mais opportuniste?

¤ Bah, tant mieux. ¤ Se dit le jeune homme.

Maintenant le plus dur restait à faire, sortir de cette prison. Le problème était qu'il avait été emprisonné de façon complètement injuste. Mais il ne savait pas combien de temps il allait croupir ici et l'évasion était le moyen le plus rapide pour se sortir de ce trou. Mais d'un autre côté si sa tentative venait à avorter, qu'il se fasse intercepter par les gardes, cela paraitrait suspect et pourrait entraver à une éventuelle présomption d'innocence.
Il réfléchit quelques petites secondes. L'idée de rester plus longtemps enfermé avec cet individu qui l'avait fourré dans le pétrin ne l'enchantait guère. Surtout que le risque de lui en coller une, serait très élevé en cas de séjour prolongé à ses côtés.

¤ Bon, lui je l'ai trop vu, faut que je sorte d'ici. ¤

Menthas commença à inspecter la cellule dans l'espoir de trouver quelquechose qui puisse l'aider dans son entreprise.

"Et puis rends-toi utile, essaye de faire quelquechose de bien pour une fois, tâche de trouver un moyen de se tirer d'ici."

En même temps qu'il prononçait ces paroles, la scène de l'arrestation se redéroula dans sa tête, avec la tentative d'intrusion dans la maison lamentablement ratée.

¤ Enfin s'il est aussi fort pour ouvrir les porte que tout à l'heure devant l'auberge, et bien on n'est pas sorti d'affaire."

eurs avis concordaient enfin !

- Très bien, répondit-elle simplement à Kobalt.

Depuis que l'humain avait trouvé le passage, elle s'était contentée de le suivre sans ajouter un mot, furieuse qu'il ait trouvé avant elle la sortie du caveau. Ses remarques n'arrangeaient rien, et la demi-elfe commençait à abhorrer la vue même de son nouveau compagnon. Elle aurait donc été heureuse de quitter sa compagnie pour des lendemains ensoleillés. ¤ Puisses-tu trouver une mort qui fasse sourire Loviatar. Tu ne mériterais pas mieux. ¤

Sans ajouter un mot, elle se mit à la recherche d'une éventuelle piste, de possibles traces, et inspecta ainsi rapidement les quatre voies. Elle tenta également de distinguer des sons quels qu'ils soient, pour l'aiguiller, et éviter un maximum le danger. Elle ne tenait pas à tomber nez à nez avec un quelconque monstre.

¤ Quelle situation pitoyable. Coincée dans une pseudo-mine abandonnée, avec un humain impossible à vivre, à traquer un couple de voleurs dont je ne sais rien, sans véritable raison, probablement poursuivie, et sans savoir où je vais. ¤

Elle arrêta de se plaindre à sa conscience après s'être rendu compte que sa vie n'avait été jusque là qu'une suite de moments aussi misérables...

Narration

Fouille DD=10, DD=15
Kobalt 14+6=20 réussite, réussite
Iona 9+3=12 réussite, échec

Kobalt, Iona

Les deux associés du moment, commencèrent leur fouille systématique du sol. Kobalt étant un peu plus expérimenté remarqua deux genres de traces. Le premier passage à droite comportait un très grand nombre d'empreintes de pas signe de beaucoup de passage. Iona remarqua également cet état de fait. Cependant sur le passage le plus à gauche et le plus éloigné d'eux il vit d'autres empreintes de pas. Elles étaient moins nombreuses, caractéristiques d'un passage moins fréquenté. Quant aux autres, le sol ne leur révéla rien de particulier. Il y avait bien quelque chose mais ils étaient bien incapables de donner la date d'apparition de ces traces.

Menthas

Le prêtre commença l'examen de sa cellule. A première vue il n'y avait rien de bien étrange. C'était une cellule tout ce qu'il y avait de plus sobre et de plus fermée. Impossible de tenter quoique se soit sur la serrure les mains nues. De son côté Nenved n'avait pas plus de succès. Ils prirent donc leur mal en patience. Ils n'eurent pas trop longtemps à attendre car deux gardes entrèrent et se postèrent devant la cellule du prêtre. L'un d'entre eux prit un trousseau de clefs et ouvrit la porte métallique. Ils signifièrent à Menthas qu'il était libre mais qu'ils garderaient l'oeil sur lui. Cependant il en était tout autrement de Nenved qui serait interrogé plus tard. Malgré qu'il protesta avec véhémence, Menthas fut conduit à l'extérieur en ayant bien soin d'avoir récupérer toutes ses affaires avant.

Non mécontent d'être enfin libéré, Menthas resta quelques secondes dehors, comme pour profiter de la liberté. Bien qu'il n'ait pas été retenu très longtemps, il ne pouvait qu'apprécier le moment de sa libération. Il repensait à son compagnon de cellule qui n'avait pas eu la même chance que lui.

¤ Bien fait pour lui, il n'a que ce qu'il mérite, au moins ça lui fera payer de sa mesquinerie.¤ Pensa t-il en laissant échapper un léger sourire.

Ses ennuis finis, il pouvait maintenant se reconcentrer sur la raison de sa présence ici. Mais il était désomais seul. Il se doutait que sa mission devait être plus périlleuse qu'il ne l'aurait imaginé, et agir sans aucune aide, serait sans doute voué à l'échec tant les risques étaient importants. Le jeune prêtre ne savait pas par quel bout commencer.

¤ Bon d'abord allons refaire un tour à l'auberge maintenant que les choses se sont calmées.¤

Sur-ce il emboita le pas en direction de l'auberge qui lui avait causé tant de soucis la nuit passée, mais cela l'importait peu, il voulait avancer dans son enquête. Là-bas il pourrait peut-être en apprendre plus sur les évènements passés, car pour l'instant tout était flou dans son esprit et rien ne paraissait clair dans sa tête.

¤ Avec un peu de chance je pourrais retrouver les deux autres qui étaient avec moi.¤

L'idée de retrouver Kobalt ne l'enchantait guère, mais la possibilité de pouvoir agir en groupe prenait le dessus sur ses sentiments personnels.

a possible séparation d'avec Kobalt rappellait à Iona l'autre homme qui était assis avec lui à leur rencontre, un certain Menthol, ou quelque chose comme ça. Un homme patient sans doute, car il avait certainement dû supporter Kobalt durant un laps de temps relativement conséquent...
Qu'avait-il bien pu devenir? S'était-il enfui, ou perdu? Déambulait-il en ce moment, seul, dans les rues de Sundabar? Cette pensée la fit sourire.
Ou peut-être buvait-il tranquillement un bon pichet de vin frais dans une auberge où la garde n'avait pas eu à intervenir cette nuit...

¤ Tout ça pour une bousculade... J'y penserai plus longtemps la prochaine fois. ¤ Tout en pensant cela, elle savait très bien que la prochaine fois, elle agirait de la même manière, car elle se laissait toujours emporter. Mais sa mauvaise foi l'empêchait de reconnaître ce défaut dans sa personnalité.

¤ Bien, assez traîné en pensées inutiles. A moi de prendre les devants. Par contre, je devrais réfléchir plus sagement, c'est cet abruti qui a fait la majorité du travail jusqu'à présent. Enfin, si un simple humain y arrive, je peux m'en charger, j'ai été trop distraite, voilà tout.¤

Suivant ses propres recommandations, faites à elle-même (¤ Voilà que je deviens schizophrène... ¤) Iona s'engagea lentement dans le couloir où elle avait observé des traces de pas. "Eh bien, Kobalt, qu'attends-tu ? Des gens sont passés par ici, suivons leurs traces."

Tout bien réfléchi, elle ne serait pas contre la compagnie d'un homme à l'air plus expérimenté. C'est pourquoi elle ralentit encore le pas après avoir prononcé ces paroles, attendant de voir si Kobalt la suivrait. Ces sombres tunnels l'inquiétaient...

L'expérience accumulée lors de sa dernière escapade dans les Mornes Allées de Sundabar avait décidément du bon. Le jeune roublard venait non seulement de découvrir un passage dans la roche grâce à son examen méthodique des murs, le filou avait mis à jour deux sortes d'empreintes dans deux tunnels différents. Pour lui il ne faisait aucun doute que le passage qui semblait être le plus fréquenté menait à la sortie. Cependant, le jeu de traces à l'extrême gauche laissait planer un doute.

En effet, le voleur était d'avis que c'étaient celles des deux "fugitifs", au quel cas ceux-ci se seraient perdus en essayant de trouver une échappatoire. Car pour le thétyrien, les deux zigotos ne connaissaient pas les lieux. Et dans ce cas, ils étaient coincés. Une pensée qui le fit sourire ; il caressa le pommeau de son épée courte.

Pourtant...

Pourtant, il y avait une possibilité qu'il se trompe. Car il avait fallu une bonne dose de chance pour le couple pour trouver le passage dans le mur, si ils ne connaissaient pas les secrets de cette bicoque comme le pensait Kobalt. Et alors ceux-ci auraient pris le chemin de la sortie. Au quel cas il leur fallait prendre par là, si ils voulaient les rattraper. Mais alors ces traces dans le passage de gauche ?

Si Kobalt avait tous les vices, il avait également pas mal de défauts. Or, la curiosité était un très vilain défaut. Existait-il des gentils défauts ? Cette question, le roublard ne se la posa évidemment pas. Il se posait rarement des questions lorsqu'il s'agissait de partir à la découverte. Pour ne pas avoir à le regretter, il prit donc le parti d'explorer le tunnel de gauche.

Il vit que Iona faisait mine de s'en aller par le tunnel qu'il jugeait être la sortie. La voyant lui tourner le dos, il caressa l'idée d'y lui plonger sa dague. Puis son regard glissa "involontairement" un peu plus bas. Il se ravisa. Qu'elle aille où bon lui semble, du moment que c'était loin. Apparemment elle ignorait l'existence du second jeu d'empreintes. Il s'éclipsa donc en vitesse par le passage le plus à gauche, sans plus faire attention à sa collègue. Il y évolua cependant avec prudence, on ne savait jamais ce qui pouvait arriver.

¤Ouais, ils sont capables d'installer des pièges, ces gugusses si ça s'trouve¤

Narration

Menthas

Une fois dehors, le prêtre s'aperçut qu'il était resté plus longtemps qu'il ne pensait dans sa cellule. Si le matin n'était pas encore là, il y avait tout de même une partie de la nuit qui s'était écoulée. Il fila donc directement en direction de l'endroit où il s'était séparé bien involontairement de son compagnon, si compagnon convenait bien à celui qui l'accompagnait. Une fois arrivé sur place, il ne pu que constater que la porte était fermée à clef. En jetant un coup d'oeil à l'intérieur il n'y avait plus personne. Le récent tapage avait sûrement fait fuir toute la clientèle. Bien entendu il n'y avait aucune trace de Kobalt. Dire que dans quelques heures ils devaient partir pour Fortnouveau et qu'il ne savait pas ce qui avait pu arriver à son "partenaire". Il fallait prendre une décision mais laquelle ?

Kobalt

fouille et perception auditive ?

Il s'engouffra dans ce passage qui lui paraissait comme le plus intéressant. Négligeant par cet acte sa partenaire. Il n'avait pas honte de ce dernier, en fait il était même plutôt fier. Pas d'attache et pas trahie , tel aurait pu être sa devise. Il s'avança prudemment tout de même. Après une dizaine de pas il arriva devant une porte fermée mais non verrouillée. Il n'y avait nulle autre issu mise à part en faisant demi-tour évidement. Mais cela aurait démontré qu'il se serait fourvoyé, ce que son égo lui refusait d'admettre. Il observa rapidement cette porte sans remarquer quoique se soit de particulier. Faisant le silence il écouta tout ce qu'il y avait à écouter. Seulement la seule réponse qu'il eut, fut le silence.

Iona

Se voyant lâchement abandonnée par celui qui l'accompagnait jusque là, Iona due se résoudre à poursuivre toute seule. Elle pouvait toujours le suivre, mais son choix avait été fait et elle s'y tiendrait. Elle avança donc dans le couloir qui lui faisait face. Celui-ci serpentait lui cachant par la même occasion son début et sa fin. Peut-être est-ce que c'était volontaire, peut-être que celui qui l'avait construit n'était pas le meilleur des maçons, mais ce fait avait un avantage et un inconvénient. Elle pouvait progresser sans risquer d'être repérer au loin, mais par contre elle ne pouvait pas voir à plus de cinq pas devant elle. Sur le qui-vive constamment, Elle arriva devant une nouvelle bifurcation. Une échelle permettait de grimper pour vraisemblablement rejoindre l'air libre alors que le couloir tortueux continuait sans qu'elle ne puisse voir jusqu'où il menait. Qu'allait-elle décider ?

Se retrouvant devant l'établissement, Menthas se trouvait bien embêté. Il était dans une impasse. Seul devant cette auberge close, des pseudos compagnons volatilisés et une enquête au point plus que mort. Tellement qu'il en avait le sentiment d'avoir régressé depuis le début des évènements. Mais rester planté là sans rien faire ne lui était d'aucun secours. Le prêtre se doutait qu'une partie des réponses qu'il cherchait se trouvait à l'intérieur de l'auberge. Mais à peine sortit de prison, il aurait été mal venu d'entrer par effraction et de se faire repérer encore une fois, au même endroit de surcroît. Mais cette attitude attentiste ne lui ressemblait guère. Pourtant il fallait bien se rendre à l'évidence:

¤ Alors là, je suis complètement paumé. ¤ Se dit-il.

Tout d'abord il lui fallait retrouver son "grand ami". En effet, il avait perdu le roublard de vue lors de l'échauffourée. Non pas que se séparer de ce dernier lui déplaisait, mais sa présence à ce moment même lui serait d'un grand secours.

¤ Toujours là quand il faut pas, mais quand on en a besoin, il n'y a plus personne. ¤ Grogna t-il, puis avec une pointe d'ironie: ¤ Bon faut que je prenne une décision, sinon je risque de prendre racine au milieu de la rue. ¤

Le jeune homme commença à regarder autour de l'auberge pour trouver d'éventuels indices sur ce qu'étaient devenus Kobalt et Iona, ou trouver une porte qui puisse lui donner accès à l'auberge sans avoir recours à des pratiques peu légales.

¤ Je me souviens qu'il y avait aussi ce couple et surtout la femme qui avait fait les poches des noblions, puis ils ont fuit par une porte. Si j'arrive à entrer, je pourrais peut être trouver une piste ou alors tomber sur les deux autres. Mais il faut que je me dépêche avant que le jour ne se lève. ¤

Après un coup d'oeil rapide au panneau de la porte le jeune voleur cola son oreille contre celle-ci. Il avait tenté de discerner le moindre son le plus ténu et cela n'avait guère porté ses fruits, c'était un euphémisme. En fait il aurait sûrement entendu la même chose si il avait été sourd, autrement dit : RIEN.

Ce silence de mauvais augure faisait penser à notre gredin à l'imagination fertile au calme qui précédait les catastrophes. Le bon sens l'aurait poussé à conserver le bouclier humain bien utile qu'était Iona, mais son égo démesuré, mêlé d'un soupçon de misogynie, se révoltait à l'idée qu'une femme à moitié humaine lui soit d'une quelconque utilité. Autant s'encombrer d'un fardeau moins bavard. L'un des rêves de Kobalt était qu'un jour toutes les femmes deviennent muettes. Cela permettrait à des hommes incarnant la perfection même (comme lui-même, de son propre aveu) d'exprimer pleinement leur immense talent sans être interrompu toutes les cinq minutes par des demi-elfes, des humaines ou des avarielles.

Seulement, seul comme il était à présent, il allait enfin trouver le calme et la quiétude. Du moins au sein de son groupe, qui n'était maintenant formé que de lui-même, le prêtre ayant disparu de la circulation et ne donnant plus signe de vie. Ce qui lui rappela qu'il avait une mission plus... urgente.

Il prit alors la résolution que si l'exploration de la prochaine pièce ne donnait rien il rebrousserait chemin, ou du moins chercherait à sortir pour se mettre à la recherche de son équipier (car c'est ainsi qu'il devait se résoudre à l'appeler).

Avant d'ouvrir la porte, il re-vérifia que celle-ci ne fût pas protégée d'une quelconque façon et l'entre-bailla de manière à pouvoir jeter un coup d'oeil rapide et relativement discret dans la pièce.