Dans Cormanthor, à la recherche des enfants,, et à la poursuite de Rylack. Chapitre 2

noriel sentait bien que ses compagnons n'étaient pas dupes. Ils avaient compris qu'il était éreinté. Cependant, Kanabhendril avait raison. Dans sa fatigue, Enoriel en avait perdu la notion du temps et avait presque oublié qu'il n'était pas encore l'heure de s'arrêter. Il avait trop forcé ces derniers jours et en payait maintenant le prix. D'autant qu'ils étaient pressés par le temps ce qui irritait Enoriel intérieurement. Il leur fallait retrouver le nain, la maudite prêtresse et le guerrier et ils ne pouvaient pas se permettre une autre halte prolongée. Le druide maudit sa faible constitution, une grimace déformant un court instant son visage.

- Je... ça va aller. La fatigue commence juste à prendre le dessus. Ces derniers jours ont été éprouvants et je crains de n'avoir pas été assez raisonnable pour ce qu'il s'agissait de se reposer. Mais je ne compte pas vous ralentir. Remettons nous en route et s'il advient que je ne peux plus continuer, vous n'aurez qu'à continuer sans moi. Ces mots laissaient un goût amer de déjà-vu dans la bouche d'Enoriel mais il pensait ce qu'il disait. Il n'avait nullement envie d'être un fardeau pour qui que ce soit. Il s'appuya sur son bâton et reprit une pose plus assurée, un mince sourire sur les lèvres.

e nain commençait à peine à manger, car il avait un temps attendu que son camarade humain se joigne à leur repas, quand ce qu'il s'apprêtait à dévorer, un repas qui, quoique frugal et léger lui semblait être un véritable festin, s'était transformé en une débauche de mets délicieux dignes d'un roi, même si, à cause de leur situation d'exilé, les repas d'un roi nain actuel étaient rarement à la hauteur de ce qu'il avaient eu l'habitude d'être du temps de la splendeur de leurs empires souterrains. Evidemment, ce n'était pas vraiment digne d'un roi, certainement pas même d'un petit seigneur féodal, mais la faim et la fatigue dotaient les plats qui se présentaient sous ces yeux des plus beaux atours.

Il réalisa assez vite que les humains présents parlaient de choses qui pouvaient avoir une grande importance pour la suite de leur mission, peut être même pour leur survie, mais il n'écouta que d'une oreille distraite leurs paroles. Le jeune nain ne parvenait pas réellement à concilier deux choses qui lui semblaient être de la plus haute importance: écouter ce qu'ils disaient et manger. Il n'avait jamais été réellement doué pour faire deux choses en même temps, déjà en faire une était souvent au-dessus de ses capacités, et sa fatigue ne faisait qu'aggraver encore cet état de fait. Il parvint tout de même à comprendre en substance, ou en tout cas le pensait-il, ce que souhaitaient leur apprendre les humains: leur route en forêt serait longue et dangereuse. La tentative de cartographie des bois de l'ancien chasseur aurait fait sourire le nain, qui de toute façon n'arrivait déjà pas vraiment à se retrouver sur une carte même quasi-parfaite et réaliste, s'il avait eu l'énergie nécessaire pour faire même ce geste minime.

Il aperçut dans son sommeil éveillé son amie sortir de la pièce. Il ne lui demanda pas où elle allait car il la connaissait suffisamment pour déduire même dans son état qu'elle allait certainement prier la Vierge des Glaces. De plus, il n'était pas convaincu que la nouvelle qu'elle était l'une des rares adoratrices d'Aurile soit vraiment au goût des gentils humains qui les avaient accueillis. Evidemment, ce silence ressemblait beaucoup à un mensonge, et Mirtzar exécrait de devoir mentir à un point que seuls les dieux peuvent imaginer, mais il se dit que le Morndinsamman le pardonnerait peut être de cette omission car elle partait, de son avis, d'un bon sentiment. Il n'ignorait pas non plus que ce mensonge risquait de le hanter jour et nuit, mais ils avaient trop besoin de l'aide de ces aimables valiens pour pouvoir risquer de la perdre stupidement. Sa décision était donc prise: mieux valait se taire, et mentir par omission, que de parler que trahir son amie ou mentir réellement.

Le nain resta assis ainsi, repassant dans sa tête cette décision qui le faisait souffrir atrocement et continuant de dévorer avec courage les plats qui se présentaient sous sa bouche. Il prit alors une décision, c'est à dire qu'il fit ce qui généralement lui permettait de passer outre la souffrance que lui infligeait ses propres vices, défauts et péchés. Sa décision était que lorsque le repas serait finis il proposerait à la jeune fille, elle s'appelait Clothilde si son ouïe ne l'avait pas trahie, de l'aider à débarrasser les couverts, faire la vaisselle et, si nécessaire, laver le sol de la pièce. Cette décision salvatrice lui permit de retrouver un semblant de sourire le temps de terminer son repas.

MJ
Jereicia, Mirtzar et Rwandral : Le repas se terminait lorsque Jereicia regagna l'auberge, elle croisa l'un des compagnons d'Eldon sur le pas de la porte qui emmitouflé dans un long manteau allait bientôt affronter le froid de cette nuit automnale qu'elle avait tant appréciée. Rwandral et Mirtzar écoutait d'une oreille plus ou moins attentive les histoires de Garfas sur les routes où il avait entr'aperçu des centaures ou encore sur les migrations des striges... Après quelques minutes lui aussi décida de partir voyant que ses interlocuteurs n'en pouvaient plus et peinaient à se concentrer sur ses explications et morceaux de salade disposés ça et là. Clotilde arriva pour débarasser et Mirtzar le nain aux bonnes manières se leva pour aider.

- Laissez maître nain, ma fillote s'en chargera si ce n'est ce soir demain matin. Je vais vous montrer la chambre qui sera la votre pour ce soir. Ne vous attendez pas à un grand confort, les matelas sont fait de paille et non de plume et couvrez vous convenablement pour cette nuit quelque fois que le feu de la cheminée viendrait à s'éteindre par nuit.

Après avoir grimpé rapidement un escalier, Gond fit découvrir au nain la chambre qu'ils partagerait avec Rwandral pour cette nuit. Une lampe à huile éclairait légèrement depuis le couloir la pièce sombre. Il n'y avait pas de fenêtre, ni même d'oeil de boeuf, le conduit de cheminée passait derrière un des murs et la chambre n'était pas froide ou tout au moins pas encore. Contre le mur d'entrée sur une petite table se trouvait une bassine d'eau fraîche et quelques linges ainsi qu'une lanterne. Dans le coin opposé une haute estrade d'un mètre donnait sur un grand matelas où d'épaisses couvertures et même une fourrure de tigre rouge leurs tendaient les bras. La fatigue les ferait s'endormir encore plus vite qu'ils ne l'espéraient. Rwandral entra et déposa sur la table son ceinturon, sa cotte de mailles et son sac. La chambre de Jereicia équipée à l'identique était un peu plus petite et pourvue d'une fenêtre plus grande qui donnait sur l'arrière cour, envahie d'orties. La lumière de lune éclairait un petit chemin entre les mauvaises herbes jusqu'à un puit.

noriel, Khanabendril et Yvhann :
- Tu sais Enoriel, nous pouvons tout de même nous reposer une heure ou deux pour que tu puisses récupérer un peu de tes forces. Mettre un pied devant l'autre t'es devenu difficile. Partir maintenant dans ton état et dans cette brume qui ne veut décidément plus quitter ce paysage serait le meilleur moyen de nous faire repérer par nos ennemis dont nous sommes de plus en plus proches. La marche forcée n'est pas une solution aussi bien pour toi que pour nous... Prenons le temps, nous repartirons plus tard vers cette tour dont je ne suis pas pressé d'affronter la magie.

Kanabhendril n'avait pas l'assurance de ses compagnons dans la forêt, ce n'était que sa seconde maison contrairement à eux qui vivaient depuis toujours parmi les arbres et même s'ils pouvaient tous se fondre dans celle-ci, affronter ses dangers était tout autre chose et le rôdeur téthyrien n'avait pas vraiment envie de s'enfoncer dans le Bois Etoilé de Cormanthor sans d'autres compagnons surtout s'il fallait s'opposer à la magie ou à des gnolls, voir même les deux. Il tendait toujours le lapin à Yvhann et espérait que le grugach ne les entraîne pas dans une impasse en surestimant leurs capacités.

a Demi-elfe remercia la personne qui lui montra sa chambre puis fit un signe de tête à ses compagnons et à ses hôtes présents pour leur souhaiter une bonne nuit. Elle entra dans la pièce, referma et choisit un endroit pour mettre ses affaires. De manière lente et fatiguée elle les posa au sol. Elle entreprit ensuite d'enlever son chaperon, ses gantelets, son armure et ses bottes, gardant avec elle le symbole d'Aurile autour du cou. La prêtresse était exténuée. Le voyage puis ce repas, concordait à faire venir le sommeil. Elle souffla devant ce que ses compagnons et elle avaient accomplit, c'est à dire pas grand chose à part une bonne randonnée.

Allant vers la fenêtre Jereicia jeta un regard à l'extérieur, là où Shar avait établi son règne. Elle observa un moment Séluné puis son esprit alla vers ses autres compagnons, ceux qui avaient préféré continuer d'avancer. Où étaient-ils, étaient-ils en bonne santé? Elle balaya ces questions futiles d'un mouvement de tête. Ce n'étaient pas le moment de penser à ces elfes et à Kanabhendril. Elle passerait une meilleure nuit qu'eux, enfin c'est ce qu'elle pensait.

Elle avait avancé un peu dans la quête des pousses pour la Compagnie des Marches. Elle en remercia sa déesse de l'avoir mit sur la route de ces braves gens. Observant encore une dernière fois l'arrière court, elle se tourna puis observa le matelas. Verrouillant ensuite la porte, elle alla prendre sa couverture épaisse puis s'assit sur le lit. Elle se coucha recouverte de sa couverture. Elle ferma les yeux. Son esprit agité par cette journée lui fit part de son erreur. Elle rouvrit les yeux et s'insulta devant son manque de vigilance. Elle se dégagea de sa couverture puis rampa jusqu'à ses affaires afin de prendre sa masse d'arme. Elle revint sur le matelas puis se recouvrit une seconde fois de sa couverture, posant sa masse d'arme près d'elle.

- Bonne nuit Mirtzar... Souffla-t-elle seule en essayant de rechercher le sommeil pelotonnée sous la couverture.

ans les clairs obscures des basses végétations de cette forêt luxuriante et brumeuse, Yvhann tentait de repérer des herbes qui pourraient leurs êtres utiles. Les différentes teintes et tons de celles-ci l'aidant à différencier les espèces, ne lui permirent pas de trouver les verts de gris et luisante qu'il avait besoin pour se qu'il voulait faire.

L'état d'Enoriel, ne lui plaisait guère, son humeur se brouillant d'une légère colère. Non pas pas qu'il en voulait à celui-ci, mais la situation se présentait critique et depuis le début, il savait qu'ils faisaient une erreur... Ils étaient trop charger. Toujours dans sa position accroupie, il tendit une nouvelle baie à son compatriote et se mit à lui détendre les muscles des épaules en lui faisant un léger massage du dos.

- Nous sommes trop chargé, il va nous falloir nous délester de quelques articles, nous ne pouvons pas continuer ainsi, soit ton loup nous aide à transporter du matériel, soit nous laissons le trop plein ici. Il venait par le fait même, de répondre à Kana pour le lièvre surréaliste et dit au rôdeur humain... "Ton sac est également trop chargé, tout comme le mien, nous ne pouvons pas nous empêtrer d'une charge en plus, soit il devient le repas du loup soit il est libre et qu'advienne ce que pourra."

Il était aisé de voir une pointe de colère dans la voix du grugach, qui se faisait sec et amère, cette colère était pour lui seul, il aurait dû, depuis le début, voir à ce qu'ils ne traînent pas trop de poids. Le massage qui détendait la tension d'Enoriel lui donna, à lui aussi, un répit, puis l'ombre de la colère s'abaissa doucement. En prenant de grandes inspirations il se détendait pour avoir les idées plus claires. Il voulait à tout pris, cesser le flots de questions qui lui passait par la tête, surtout qu'il n'avait pas les réponses à celles-ci. C'était sa premier mission de ce genre, lui qui était habitué à opérer seul, il se devait maintenant, d'évoluer avec d'autres dans une histoire aux multiples facettes. Le mage qui avait commencé avec eux n'aurait pas dût partir, ils auraient eut besoin de ses facultés mentales et de son raisonnement calculateur, mais il n'était plus là... Le grugach pensa soudainement, à la proposition que leur confrérie avait eut avant son départ pour cette mission... Ils avaient besoin de mage parmi eux...

wandral se débarassa très vite de ses affaires après avoir poliment remercié Gond. Il était assez fatigué pour dormir trois jours de suite. Le guerrier ne se soucia pas de ses armes, les posant vaguement par terre à côté de son lit.

- Passe une bonne nuit Mirtzar et puisse Moradin et Torm nous réconforter en ces temps de troubles. Si tu veux en plus des couvertures qu'il y a ici,j'en ai une autre assez chaude, les nuits sont froides par ici. Le combattant se mit délicatement sous les couvertures et attendit que le sommeil vint le prendre.

a sentation que lui procura le massage de son confrère fut des plus relaxantes. Il se laissa faire, les mains expertes detendant ses muscles. Il mangea également la baie que lui tendit son compagnon avec plaisir, le goût sucré et acide de la baie emplissant ses papilles. Puis il se releva et repondit à Yvhann :

- Je n'ai rien de bien lourd dans mon sac. Uniquement de quoi survivre donc rien dont je puis me débarasser. Khell pourra peut-être prendre quelques affaires mais il n'est pas habitué à porter de lourds charges. Le plus lourd qu'il ait eu à porter était du gibier, à l'époque où je chassais pour mon clan dans les bois de la Haute Forêt. Et il faudrait un harnais, ce que je n'ai pas. De toutes façons attendons encore ici un moment, le temps que je reprenne un peu de force puis repartons. Cela ne sert à rien d'attendre trop longtemps ici. Nous deviendrions des proies de je ne sais quel prédateur qui peut rôder en ces lieux. Et Yvhann a raison, laissons ce lapin ici. N'allons pas nous encombrer, quand bien même sa présence nous semble étrange...

Il laissa planer le doute sur sa dernière remarque qu'il voulait pour lui, plus qu'avoir boulu l'exprimer à haute voix. Puis il se mit à chercher autour de lui, quelque herbe ou baie qui pourrait l'aider à rester le plus en eveil possible.

a montée des quelques marches qui séparaient le rez-de-chaussée où ils venaient de finir de manger de l'étage où ils s'apprêtaient à dormir fut une sorte de calvaire pour le jeune nain. Il lui avait semblé qu'il marchait dans un brouillard, peut être même dans une obscurité, que l'acuité habituelle de ses yeux ne parvenait pas à percer, et ce sentiment le gênait. Par deux fois, il avait manqué de s'écrouler dans l'escalier, ratant une marche ou deux de suite mais personne ne s'en était aperçu et il en remercia Moradin. A chaque instant, le guerrier tentait de maintenir ouverts ses yeux rouges de fatigues qui ne pouvaient résisté à se fermer. Plus ses efforts se faisaient intense, plus il avait du mal à donner l'impression qu'il était vaguement conscient. Même les explications de Garfas, qui en temps normal l'auraient certainement intéressées, n'avaient fait qu'accroître encore son impression de fatigue tant physique que psychologique.

Toutefois, même si ce fut au prix de grands efforts, il était parvenu à suivre le petit groupe jusqu'à la pièce qui leur servirait de chambre pour la nuit, une petite pièce somme toute accueillante et plutôt chaude, qui, d'après les propres pensées du nain, lui conviendrait bien. Il observa dans la brume qui masquait son regard les meubles de la pièce. Il se dit que toutes les commodités se trouvaient dans cette pièce et qu'en cela leur voyage du lendemain serait certainement facilité. Dès que Gond eut fermé la porte donnant sur le couloir, le nain se positionna vers le lit, ou plutôt le matelas ce qui était déjà bien, et retira son équipement dans l'ordre. Le nain se tenait toujours à cet ordre et cette chose immuable lui rendit un minimum d'énergie. C'est pourtant avec la lenteur caractéristique des gens déjà à moitié endormis que le nain retira son équipement, d'abord sa hache d'arme qui trônait dans son étui dans son dos, puis le sac vide qui se trouvait en dessous, puis l'armure et enfin la chemise de tissu qui protégeait sa peau des nombreuses irritations dues aux frottements de l'armure. Il ne lui restait donc que son caleçon de toile pour ne pas être entièrement nu.

C'est alors qu'il entendit les voix de ses deux camarades, et de plus en plus amis, lui souhaitant de passer une bonne nuit. Malgré sa fatigue, ou peut être justement à cause d'ailleurs, un sourire fleurit sur son visage au milieu de la broussaille de barbe mordorée dans la faible lueur de la lanterne. Il venait de se demander comment il pourrait passer une mauvaise nuit en prenant en compte la fatigue qui s'était emparée de lui. Il souhaita donc la pareille à ses deux compagnons tout en marchant aussi vite que le lui permettaient ses jambes fatiguées:

- Bonne nuit à vous aussi, mes amis. Mirtzar en aurait bien dit un peu plus les encourageant à bien se reposer car leur route serait la même mais dans l'autre sens mais il savait que cela serait inutile et que de plus il ne parviendrait peut être même pas à prononcer de façon intelligible ces quelques mots à cause de la fatigue. Il souffla sur la faible flamme de la lanterne qui s'éteignit sans résistance et il se dirigea dans la nuit, dans laquelle il voyait finalement même mieux, vers le matelas où il se coucha à côté du guerrier. Il n'eut même pas le temps de souhaiter s'endormir que déjà il était tombé dans le domaine des songes.

MJ
Etat préjudiciable : Enoriel est Epuisé.
Mirtzar redevient frais comme un gardon.

ereicia, Mirtzar et Rwandral : Il ne fallut pas longtemps avant que les trois aventuriers s'endorment. Dormir dans un lit était une aubaine pour un aventurier sans le sous qui était loin de chez lui et ils le savaient. De plus ces trois derniers jours, ils avaient beaucoup présumer de leur force et étaient partis affronter les bois de Cormanthor comme on part à la cueillette des champignons. Ils savaient maintenant qu'au delà des adversaires qu'ils connaissaient comme Rylack ou le shaman gnoll, ce qui poserait le plus de problème serait avant tout le bois en lui-même, où le danger était partout présent et où se reposer était quasiment impossible si on ne connaissait pas les bons endroits, Mirtzar en avait fait les frais, une bonne discussion était nécessaire pour ne pas renouveler ce genre d'erreur...

La nuit de chacun fut peuplée de rêves où tout se mêlaient : les corps souillés des aventuriers empalés, les compagnons abandonnés dans les bois, Eldron, l'aubergiste, Garfas le chasseur reconverti et la jeune Clothilde qui souriait, fière de servir de courageux étrangers aventuriers. Il faisait encore nuit lorsque les préparatifs matinaux à l'auberge réveillèrent Jereicia pour la sortir d'un rêve agité qui s'était peu à peu transformé en cauchemar. Elle entendit quelqu'un sortir chercher de l'eau au puit dans la cour intérieure, quand un hurlement retentit de ce même côté!!! Dans l'autre chambre Rwandral se réveilla en sursaut et se redressa tous les sens en alerte, il ne fallut pas plus de temps pour que Mirtzar ouvre les yeux.

noriel, Khanabendril et Yvhann : Kanabhendril lâcha le lapin qui détala pour disparaître dans les fougères en quelques secondes malgré une course un peu désordonnée qui le fit passer entre les jambes d'Yvhann et pratiquement faire le tour de la minuscule clairière. Le rôdeur sourit et alla s'installer sur son sac et contre le tronc d'un arbre. Après quelques étirements voyant que les deux elfes s'occupaient de sécuriser l'endroit qu'il avait en partie exploré, il ferma les yeux pour profiter de ce moment de quiétude et pour lui aussi récupérer. Il ne voulait pas se retrouver dans le même état qu'Enoriel, les deux grugachs par leur ascendance commune et par leur amour de la nature pouvaient à coup sûr s'entre-aider car une confiance naturelle s'était installée entre eux mais qu'adviendrait-il de lui s'il venait à traîner la patte? Ils le laisseraient sans doute tomber et l'abandonneraient à son propre sort.

Après quelques secondes les deux druides commençaient déjà à mâchouiller plusieurs plantes qu'ils avaient reconnu et qui pouvaient être utile à Enoriel ou à tout autre chose. Les effets avérés de ces plantes n'étaient pas particulièrement probants mais pour le moment il n'avaient que cela à se mettre sous la main. Après passé une heure et un repos bien mérité, les trois aventuriers se décidèrent à repartir. Enoriel allait mieux mais tous savaient qu'au moindre nouvel effort, tout serait à recommencer. Il leur faudrait donc progresser lentement. Néanmoins ils espéraient arriver à la tour avant le coucher du soleil, une fois sur place ils aviseraient de la possibilité d'y passer la nuit ou non.

Après six nouvelles heures de marche, il faisait à nouveau noir comme dans une caverne d'orogues. Enoriel avait tenu bon jusqu'ici mais il était maintenant éreinté à ne plus pouvoir mettre un pied devant l'autre sans le soutien de Kana. Ils débouchèrent enfin dans une nouvelle clairière d'une trentaine de mettre de rayon. Les yeux des elfes leurs permirent de voir que la tour était plus basse que les hauts arbres s'élevait sombre au sommet d'un tertre usé par le temps. Les ronces, lierres et autres plantes grimpantes avaient envahi les murs lépreux. La porte semblait avoir disparu de l'entrée en ogive. Une statue enfouie sous les herbes folles était postée à gauche de cette dernière. Dans l'obscurité et la brume qui arrivait au niveau des chevilles du groupe, rien ne laissait supposer qu'un drame avait pu se jouer ici il y a une journée si ce n'était que l'étrange et inquiétant silence qui régnait en ce lieu.

e jeune nain avait dormi comme une souche, ou plutôt même comme une montagne. Il allait commencer à se demander si c'était l'influence de la forêt qui lui avait fait penser en premier à ce cadavre sylvestre, et penser est un effort conséquent quand votre esprit est encore assoupi même si votre corps ne l'est plus, quand il entendit un bruit, ou plutôt un cri. Aujourd'hui il se sentait d'humeur excellente, comme en général quand il se réveillait après avoir dormi plus que correctement, mais il sentait que ce hurlement cristallin risquait de lui gâcher la journée. Le fait est qu'il ne prit pas vraiment le temps de réfléchir à ce qu'il allait faire car de toute façon il avait toujours été plus efficace dans l'action que dans la réflexion.

Il se leva donc d'un bond hors de sa couverture bien chaude et il se décida sur ce qu'il avait à faire. Premièrement, il lui fallait prendre une arme, ce qui finalement tombait bien puisqu'il en avait deux dans cette même pièce, approximativement au centre et qu'il pourrait donc certainement s'en emparer sans perdre trop de temps. Il lui fallait aussi peut être réveillé son ami humain. Par chance, Rwandral, même si il était toujours étendu sur le matelas, ne dormait pas plus que lui et il n'aurait donc pas à perdre de temps à le réveiller. Troisièmement, il lui fallait trouver d'où venait ce cri, et la localisation dans l'espace, surtout d'après un seul cri, n'était pas vraiment son point fort. Toutefois, il estima que le bruit provenait du côté de la fenêtre donc approximativement derrière l'auberge. Ceci était par contre un mauvais point, il n'avait pas exploré ce terrain et se battre en terrain connu est toujours plus simple. Enfin, le dernier point important auquel il pensa fut de se vêtir un minimum. Il n'aurait certainement pas le temps d'enfiler son armure, il lui fallait tous les matins perdre quelques secondes et se tordre pour réussir à mettre l'armure que lui avait légué son père, car le temps risquait justement de leur manquer mais il pouvait au moins enfiler sa chemise de lin pour ne pas avoir à se présenter devant la pauvre Clothilde qui, si elle n'était peut être pas la personne dont provenait le cri risquait de sortir voir ce qui se passait. Il prit donc sa chemise de lin reposant sur le dessus du tas de ses affaires et la hache qui venait immédiatement en dessous, sa hache de guerre naine, cadeau de la Compagnie des Marches théoriquement sans vraiment regardé ce qu'il faisait.

Il commença à se diriger vers les escaliers et à les descendre en sautant autant de marches que sa petite taille le lui permettait, enfilant aussi vite que possible le vêtement destiné à cacher son torse hirsute et à, ainsi, conserver sa pudeur et priant mentalement pour que Rwandral soit en train de suivre la même voie que la sienne. Il regretta, et s'en voulu, de n'avoir pas mieux observé la disposition des pièces du rez-de-chaussée à cause de sa fatigue car il risquait de perdre du temps en ne passant pas au bon endroit. La seule chose qu'il espérait encore était d'arriver assez tôt pour aider la personne qui avait poussé ce cri.