Un très long voyage, mission pour la compagnie des marches

atis soupira. En considérant qu’une magie dont elle ignorait l’existence aurait et avait bien eu lieu, plusieurs hypothèses lui venaient à l’esprit mais aucune ne lui convenait. Dans ce futur incertain, l’un des deux « fugitifs » pouvait correspondre à Belgos, au contact tout comme à n’importe qui d’autre. Quant à savoir pourquoi il était avec eux, seul l’avenir le dirait. En ce qui concernait la fille et sa maladie, les réponses comme les interrogations viendraient aussi en leur temps mais la magie ne serait pas à exclure.

Mais ce qui préoccupait le plus Satis, c’était l’absence de Faen et de Mäodhron dans leur quête. Dans le meilleur des cas, ses compagnons ne l’avaient pas accompagnée dans cet aller-retour temporel. Dans la plus sombre des éventualités, ils les avaient trahis. Et entre les deux choix catégoriques, ils étaient morts, ce qui pour Satis représentait une simple perte de temps et de main d’œuvre. La question actuelle était de savoir si oui ou non il fallait leur rapporter ce qui venait d’être révélé. Les coïncidences étaient telles qu’une indigestion fortuite avait mis à l’écart les deux incriminés.

- Je n’ai pas l’habitude de faire confiance aux quidams qui m’ont menacé, mais votre appartenance à la Compagnie doit faire de vous un allié. Considérons que tout cela soit vrai. Pour pénétrer les murs de cette ville, nous avons eu recours à un piètre mensonge. Qu’importe, nous avons réussi à rentrer ici sans encombres et c’est ainsi que nous repartirons. Je ne vois pas pour quelle raison nous aurions des problèmes avec ces magiciens, puisque nous ne représentons aucune menace. Pour autant, nous ne traînerons pas ici. Nous avions déjà l’intention de quitter Croixrauvin à l’aube. Si par malheur, nous avions des démêlés avec eux, sachez que notre mission est de la plus haute importance et qu’elle requière donc la plus grande discrétion. Il va sans dire que si l’histoire avec l’enfant disparu devait retomber sur nous, vous devrez nous aider. Enfin, l’absence de mes deux autres compagnons lors de notre première rencontre n’est pas explicable.

eulement trois personnes reviendraient à la Pierre Dressée et en repartiraient. Cela ne voulait pas dire que leurs autres compagnons ne sécurisaient pas la zone de l'autre côté de la grande lumière. Cette idée le soulageait, il avait décidé de porter du crédit aux dires du Tigre et entendre le récit de la mort de sa cousine ou le sien et à un degré moindre celui de n'importe lequel de ses autres compagnons l'aurait mis mal à l’aise. Et ce malgré ses enseignements sur la nature fluctuante du futur.

Il n’avait plus envie de bailler. La plus urgente des autres nouvelles était cette confirmation qu’ils étaient entrés dans un village - entouré d’une palissade – gardé par des ennemis. Ce qu’il avait pris pour une défense contre les humanoïdes sauvages se révélait en fait un moyen d’empêcher la population de sortir à sa guise. Rien d’étonnant à ce les mages les aient laissé passer, au contraire, cela sentait le piège à plein nez. De ce fait, il ne partageait pas l'opinion optimiste de Satis sur leur sortie de la cité. Les aigles qui les avaient attaqués étaient une autre forme d’isolement, probable qu’ils aient éliminés les hommes du Tigre.

Il avait espéré une nuit de repos mais apparemment, la Compagnie avait besoin de lui ici. Si le scribe Théodus ne les avait pas prévenus, il les avait cependant informés qu’il lui était impossible de communiquer magiquement avec l’individu nommé Belgos Dalaèl. Cela avait-il un lien avec cette bande de mages qui tenait Croixrauvin ? Il maudit brièvement son ignorance de l’Art.

Qu’auraient voulu Arghan et Théodus s’ils avaient été informés de l’occupation de ce village ? Leur mission pouvait-elle être mise de côté le temps de libérer ce village isolé ?

- [Commun] Toi, venu ici. Interdiction ? Combien mages ? Lança-t-il, figé dans sa position accroupie, continuant de fixer le sol.

De cette réponse dépendrait son avis sur la libération ou la fuite de cet endroit.

Narration

"(commun) Vous voulez savoir comment j'ai passé la surveillance des gardes c'est bien cela ? Très facile. Il n'y a pas qu'en marchant sur la terre que l'on peut se déplacer. Mais moins je vous en dirai sur ce moyen de sortir du village, mieux ça vaudra. Par contre vous pouvez compter sur nous bien sûr pour vous faire sortir discrètement d'ici. Pour leur nombre ils sont une dizaine mais leur pouvoir de persuasion leur a fait recruter pas mal d'entre nous. Mais je ne pense pas qu'ils soient là pour longtemps. Lorsqu'ils verront que leurs cibles ne sont plus là ils partiront à leur recherche. De toutes façons nous vous cacheront pour cette nuit. Il ne faut pas mettre votre mission en danger, vu le mystère que vous en faites, elle doit être de première importance."
Il fit un signe à l'homme qui l'accompagnait pour l'envoyer chercher les deux promeneurs du soir qui mettaient beaucoup de temps à revenir.
"(commun) Nous allons dans la cache pour cette nuit. Et je vous y emmène tous en même temps."
L'homme revint en courant la bourse de Mäodhron à la main.
"(commun) Ils ont disparu, il n'y avait plus que ça dans la neige. Je crois que les rouges les ont enlevés. Irina est venue m'annoncer leur départ. Ils ont fichu le camps il y a dix minutes de cela."
Il tendit la bourse au membre de la phalange du tigre qui leur rendit aussitôt
"Cela vous revient de droit. Mais je crois que j'ai l'explication quant à la non présence de vos amis lors de notre première rencontre. Si les rouges les ont enlevé vous n'êtes pas près de les revoir. Seuls les dieux et les maîtres de Thay savent le sort qui leur seront réservés. Nous allons tenter de les retrouver avec mes hommes mais je ne vous promets rien. Je devrais dire même n'ayez aucun espoir de les revoir un jour."
Il donna ses ordres pour que la traque se lance et en donna d'autres pour que l'un d'entre eux mène le groupe en lieu sûr. L'homme ainsi désigné leur fit un signe, les invitant à le suivre.

e voyant pas ses compagnes prendre la bourse, Xoralundra la reçu d’une main et la fourra dans un des nombreux replis de son sac. Puis sans hésiter, il emboîta le pas à l’homme désigné par le Tigre, imaginant qu’Erya et Satis faisaient de même à sa suite.

La Compagnie avait le bras plus long qu’il ne l’aurait imaginé, il avait cru qu’une tribu plus jeune que lui-même ne compterait dans ses rangs qu’un nombre limité de frères et sœurs. Et donc, un nombre limité de sympathisants. Un raisonnement apparemment faux. A moins que…

Thay… Un pays dont qu’il ne connaissait qu’à travers les quelques divinités tutélaires qu’ils partageaient avec ses anciens compagnons. Talona, la Maîtresse des maladies et Malar, le Chasseur brutal qui comptaient aussi parmi les adversaires les plus acharnés de la Dame de la Forêt. Pour décider de vivre sous de pareilles coupes, ces mages devaient être d’une fréquentation des plus désagréables. Ce qui l’amena à s’inquiéter du sort de ses compagnons disparus.

Ce faisant, il jeta des coups d’œil à la ronde, méfiant. Lorsqu'il pivotait sa tête, le torse et sa lance suivaient, décrivant un arc de cercle. Contrairement au Tigre, eux se déplaçaient en marchant sur la terre. S’ils ne voulaient pas subir le même sort que leurs Faen et Mäodhron, ils devraient à tout prix éviter d’être vus par les gardes.

Sinon, le leurre qu'Oubidoub et leurs autres montures formaient en étant restés dans l'auberge serait complètement inefficace.



Ce message a été modifié par Xoralundra le Dimanche 09 Septembre 2007 à 18h17

’atmosphère de la pièce était pesante et déplaisante. Les ordres donnés en tout sens par le « tigre » et leurs exécutions agitées signifiaient le branle-bas de combat.
Et visiblement, Satis en était contrariée. Une moue dédaigneuse se dessina sur son visage alors qu’elle rejetait négligemment ses cheveux en arrière. La tournure que prenait les évènements de la soirée l’incommodait et pourtant…
un œil averti aurait pu remarquer que la respiration de Satis s’était accélérée à l’évocation des magiciens rouges. La mulane avait même cru sentir son pendentif sacré palpiter, niché dans le creux de sa poitrine. Et si la mission ne risquait pas d’être compromise, elle aurait probablement cherché noises à ces enfants perdus de l’Empire.

En un instant, Satis décroisa ses jambes, se leva, jeta son sac sur son dos d’une main et agrippa fermement son arbalète de l’autre. Elle était prête à suivre l’homme du tigre, tout en restant sur ses gardes. Son histoire était bien trop abracadabrante pour qu’elle puisse jurer de son entière véracité et la seule preuve tangible était une bourse abandonnée.
Les dernières paroles de Théodus résonnaient encore dans sa tête. Puisque la solidarité entre les Compagnons de la Marche était leur force, alors elle s’en remettait à ces frères tigres.

Narration

Le groupe à présent restreint et mené par leur guide se dirigea en direction de la cave de l'auberge. Ils descendirent les escaliers pour se trouver apparemment dans un cul-de-sac. Là l'inconnu se dirigea vers le mur et poussa celui-ci. Un pan large d'environ une toise pivota sur un axe pour révéler une entrée secrète. De cet endroit partait un couloir assez mal éclairé.

"(commun)Entrez et suivez la corde et surtout ne lâchez pas jusqu'à la fin c'est un vrai labyrinthe ici."

Il désigna d'un geste de la main une corde tendue et fixée au mur du couloir.

"(commun) Je refermerai le passage après le dernier d'entre vous. Ah oui autre chose ne faites pas de bruit et pas de lumière non plus. Il y a des créatures nocturnes qui n'aiment pas être dérangées."

ourbé sous le poids de son sac et de sa lance qu’il continuait de tenir à la main, le druide lorgnait d’un œil ouvertement suspicieux du côté du couloir secret. Il changea de jambe d’appui, enfonçant ses pieds dans le sol de la cave un peu plus que nécessaire. Il rechignait visiblement à avancer et cherchait – probablement de façon inconsciente - la sensation familière et foncièrement rassurante de la terre sous la plante de ses pieds.

Laisser leurs montures dans l’étable pour camoufler leur fuite était une évidence, Xoralundra en était persuadé. A présent, il lui venait à l’esprit que pour ces septentrionaux, les chevaux ne représentaient peut-être pas autant de choses que pour un shaarien. Aucun nomade n’aurait imaginé se séparer froidement de sa monture, aucun être humain ayant lié des liens aussi étroits avec la nature n’abandonnerait ainsi l’être qui lui servait de lien avec elle.

Il déglutit. L’angoisse lui enserrant la gorge comme un étau. Il se tourna vers l’individu qui les avait guidés. Etrangement alors qu'il l'avait vu en pleine lumière, il ne pouvait se souvenir si cet homme était jeune ou vieux, ni même la couleur de ses cheveux.

- Chevaux ? Glapit-il, trahissant son émotion.

Ceux du guépard pouvaient bien se passer de montures plus longtemps que la plupart des autres tribus mais il n’était pas comme Erya. Glissant regard vers la mulhorandi afin de sonder ses impressions, il comprit qu’elle avait aussi quelque chose à dire. Et il se tut.

De toute façon, il n’aurait pas aimé continuer à écorcher sa langue dans cet idiome étrange qu’était le commun.

u coin de l’œil, Satis capta le regard de Xoralundra qui encore une fois tentait de la cerner.

¤ Attend-il toujours une intervention de ma part ? Je ne peux lui en vouloir de se tourner vers moi quand l’autre alternative est une sorte de potiche avec des muscles à la place du cerveau. ¤

Elle pointa un index réprobateur sur le guide tandis qu’elle prenait sa respiration. Un flot de paroles se déversa dans son esprit mais seules quelques-unes passèrent le filtre de la décence imposé par son père.

- Dois-je comprendre que vous ne nous accompagnez pas ? Je m’interroge sur votre conception de « lieu sûr » : un labyrinthe obscur peuplé par des créatures innommables ?

Satis avança d’un pas vers l’homme, une lueur de folie dans ses yeux.

- Comment pourrai-je avoir confiance en vous devant le danger dans lequel vous nous jetez ? Donnez-nous au moins la nature de ces bêtes nocturnes afin que nous nous y préparions ! Si vous nous jouez un quelconque tour, que les dieux m’en soit témoins, vous vivrez les tourments des Neuf Enfers.

Menaçante, elle débita d’une voix monotone, chaque syllabe sonnant comme la dalle d’une tombe que l’on refermerait à jamais.

- [mulhorandi] Si par malheur tu nous trahis, ta fille, à sa quinzième année, se piquera à un fuseau et tombera raide morte !

La colère de Satis n’était pas conduite par la peur, seul un terrible sentiment d’injustice animait ses actes. Le labyrinthe en lui-même n’était pas plus effrayant que les couloirs étroits des tombeaux qu’elle pillait, avec ou sans lumière. Elle y aurait pénétré sans hésitation, sans reproches, si elle n’avait pas l’horrible sensation d’être bringuebalée au gré des évènements.

Narration

Tous

Les paroles pleine d'inquiétude sortaient des bouches les unes après les autres. Leur guide voulut les rassurer.

"Si bien sûr que je vous accompagne, mais je dois être le dernier à passer absolument. Pour ce qui est des créatures, elles ne sont pas dangereuses pour la plus part, enfin la grosse majorité. Mais elles font un bruit terrible lorsqu'elles sont dérangées ce qui peut attirer d'autres problèmes plus 'pénible'."

La manière dont il prononça le dernier mot le fitt tréssaillir, comme s'il redoutait une rencontre avec quelque chose de redouté si ce n'était de redoutable.

"Pour vos chevaux vous les retrouverez une fois à l'extérieur."

Erya en avait assez d'attendre, et les palabres sans fin l'agaçaient. Elle entra donc la première dans le couloir qui n'offrait plus aucune lumière à peine un quart de toise plus loin. En plus elle voulait retrouver sa monture.

e retournant, Xoralundra claudiqua avec la souplesse glissante d'un cœur apaisé. Le citadin n'avait pas évoqué ce qui lui causait tant d'appréhension et avait insisté pour clôturer la marche. La prêtresse courroucée ne serait probablement pas satisfaite de cette réponse, tout comme lui, mais il ne discuterait pas. Le druide se fit ensuite la réflexion que leur guide fermerait probablement le passage en enclenchant un quelconque mécanisme mais sa position ne lui permettrait pas de leur indiquer les cahots du chemin si celui-ci voulait rester silencieux.

Cela signifiait peut-être que le souterrain ne comportait rien à signaler. Etait-ce l’indice d’une construction entièrement humaine ? A sa grande honte, le Shaarien ne connaissait pas grand-chose au monde d’en-dessous.

Les nomades n’avaient pas l’occasion de rencontrer de beaucoup de grottes dans ses terres natales et de l’avis général on les évitait. Si par hasard, elles étaient les entrées des demeures des nains de la Grande Faille, personne ne voudrait les déranger. De même, les nains laissaient les grands espaces aux tribus qu’elles soient humaines, wemics, thri-kreen ou même loxos.

Poussant un grognement presque catarrheux, expulsa à la verticale un filet dégoulinant de glaires tièdes étrangement verdâtres dans l’entrée du tunnel avant de marcher consciencieusement dessus, réchauffant et maculant ses pieds de la boue nouvellement formée. Puis il s’engagea dans les ténèbres, son arme à la main.