Un arrêt chez les uthgars

es membres lui restaient impossibles à saisir comme il le souhaitait... jamais un adversaire transpirant n’avait été aussi glissant que ne le rendaient la pluie et la boue, une véritable anguille avortant ses tentatives et le forçant à se résigner à frapper dans la moindre faille de la défense du guerrier. Chaque coup faisait réapparaître autour de lui et tour à tour, ses compagnons, la cité, la boue et la pluie et... le moine douta. Une seconde seulement il se trouva bien prétentieux d’espérer vaincre un homme aguerri de plusieurs années d’une lutte pour la survie dans le milieu hostile du Nord. Qu’avait-il réalisé à comparer depuis son renvoi du monastère?

Le second cri du guerrier résonnait encore dans les oreilles du nain que déjà l’uthgardt tentait-il de se ressaisir de lui. Le combattant faisait preuve d’une hargne incroyable, complètement déplacée, la victoire lui suffisait, pourquoi chercher la mort de son adversaire?

Bien des choses à y repenser... son expérience de mercenaire n’avait été qu’un prélude à cette quête qui l’avait fait grandir en sagesse et en force. Tant de chose depuis ce verre partagé à la taverne 'Le Marteau et le Heaume' de Lunargent lui étaient arrivées qui l’avaient profondément changé : La perte d’êtres devenus chers, la rencontre d’Amra et des siens, l’ouverture de son esprit aux conséquences de ses choix, la lutte pour quelque chose de plus grand que sa petite personne, l’honneur de sa race ou même de son dieu.

Il revint au combat aussi vite que son esprit l'avait abandonné pour quelques secondes. Il savait qu'il devait changer de méthode, pour surprendre le barbare et prendre enfin véritablement l’avantage, pour que tout ne s’arrête pas là. Il ne s’agissait pas de remporter ou non un combat, la vie de ses compagnons et la réussite de leur mission en dépendaient. ¤L’arbre tombé est plus facile à couper et jamais il n’aurait de scrupule à me rouer de coups s’il y parvenait lui...¤

Il espérait que le prochain coup qu’il parviendrait à porter lui permettrait de le faire choir. Une fois au sol, il serait encore temps de lui ôter l’usage d’un de ses bras au moins. ¤Et de te faire comprendre ta bêtise...¤

MJ
4ème Round (Suite).
Jet opposé de lutte de Mjöllnir : 15(Dé)+4(Science de la lutte)+5=20 Réussite.
Jet opposé de lutte du guerrier uthgardt : 8(Dé)+4(Science de la lutte)+7=19 Echec.
Le guerrier uthgardt est immobilisé.

5ème Round.
Jet d'initiative de Mjöllnir : 10(Dé)+1=11.
Jet d'initiative du guerrier uthgardt : 2(Dé)+2=4.

Jet opposé de lutte de Mjöllnir : 12(Dé)+4(Science de la lutte)+5=21 Echec.
Jet opposé de lutte du guerrier uthgardt : 16(Dé)+4(Science de la lutte)+7=27 Réussite.
Jet opposé de lutte du guerrier uthgardt : 9(Dé)+4(Science de la lutte)+7=20 Réussite.
Jet opposé de lutte de Mjöllnir : 4(Dé)+4(Science de la lutte)+5=13 Echec.
Le guerrier uthgardt n'est plus immobilisé mais toujours agrippé.

a tension était à son paroxysme autour des deux lutteurs qui rivalisaient de force et d'adresse sous la pluie battante. Les guerriers uthgardts étaient muets, regardant le visage fermé leur compagnon. Personne ne l'encourageait. Ce combat il l'avait voulu et c'était le sien, pas celui des habitants de Puit de Béoruna contre une éventuelle menace. Sa hargne et sa rage envers les étrangers était telle qu'aucun de ceux présents ici qui avaient choisi ce mode de vie sédentaire et un tant soi peu ouvert aux autres civilisations, ne pouvait le soutenir dans sa folie. Mais un défi était un défi, Uthgar trancherait et bientôt ils sauraient tous qui avait tord ou raison et si leur choix était le bon...

Mêlés aux barbares les compagnons du nain ne cessaient de l'encourager. Tour à tour Stor, Ylinya et Absurbanipal, lui donnait la force de frapper encore plus fort ou de ne pas lâcher ses prises. Heureusement qu'ils étaient là, le fait de se battre pour eux lui donnait encore plus d'ardeur car contre un adversaire de cette trempe et dans des conditions climatiques peu propices, vaincre était un exploit aussi bien pour le uthgardt mais surtout pour Mjöllnir qui malgré ses années d'entraînement se mesurait seul et pour la première fois à un adversaire de cette trempe qui ne voulait pas seulement le mettre à terre mais bien le tuer. Stor avec sa vergue habituelle y allait de bon coeur ses paroles comme une mélopée l'aidait beaucoup, lui permettant de voir venir les coups de son adversaire et lui donnant du coeur au ventre. Fort de cette aide il ne pouvait que triompher. Il le fallait...

6ème Round.
Jet d'initiative de Mjöllnir : 4(Dé)+1=5.
Jet d'initiative du guerrier uthgardt : 13(Dé)+2=4.

Jet opposé de lutte du guerrier uthgardt : 7(Dé)+4(Science de la lutte)+7=18 Echec.
Jet opposé de lutte de Mjöllnir : 11(Dé)+4(Science de la lutte)+5=20 Réussite.

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e combat faisait rage entre les deux adversaires et Ylinya serrait des poings comme si c'était elle-même qui devait porter les coups... Les jointures blanches, elle préférait se focaliser sur cette sensation plutôt que sur son inquiétude envers Mjöllnir. Elle savait qu'elle ne devait pas douter de sa victoire et ne pas paraître trop anxieuse, cela ne l'aiderait en rien... De temps à autres elle se permettait de le motiver, essayant de garder une voix ferme et se taisant lorsqu'il lui semblait que l'uthgard prenait le dessus.

- Vas-y Mjöll', j'ai confiance en toi et je suis certaine que ton dieu est derrière toi! Même Embrun avait bravé la pluie pour accompagner le lutteur de ses miaulement d'encouragement... Malgré l'étrange ambiance du moment, la druide se sentait mal à l'aise. Non seulement cela arrivait en partie par sa faute mais ce combat la dérangeait. Les animaux s'entre-tuent rarement par vengeance ou plaisir, il n'y avait vraiment que les humanoïdes pour faire preuve de cette sorte de cruauté étrange... Il fallait que le nain gagne, tellement de choses étaient en jeu! La demi-elfe se demandait si le moine avait conscience qu'il était à cet instant précis la clé de voûte de la réussite de la mission qu'on leur avait confiée...

¤Je regrette d'être la cause de tant de combats...¤ Ylinya prit la résolution d'en savoir plus sur cette sordide histoire si les dieux lui permettaient, en partie par respect pour ce fier guerrier, même si dans sa folie il cherchait à les anéantir, Mjöllnir et elle. Elle continua d'encourager le moine, y mettant toute la foi et la confiance qu'elle avait en lui. Ils ne devaient, ils ne pouvaient pas laisser ces sombres présages sans réponses ni solutions...

Je suis toujours sans le net et m'en excuse, j fais un rapide passage pour vous rassurer: je ne vous ai pas lâché, je reviens au plus vite.

es encouragements de ses compagnons donnaient à l’affrontement l’apparence d’un combat d’arène dont un seul guerrier mériterait les applaudissements du public. Si Mjöllnir avait toujours refusé de s’adonner à de tels combats menés par la seule cupidité, il devait avouer apprécier être soutenu de la sorte et comprenait à quel point les encouragements pouvaient être décisifs. Le moral fléchissait plus rapidement que le corps et le sien ne risquait plus d’être atteint, il était descendu au plus bas à la mort de son cousin, le moindre moment de paix l’avait ensuite nourri et fait remonter la pente, rendu plus fort par ce qui avait failli le détruire.

Les miaulements d’Embrun projetèrent dans l’esprit du moine la présence de la petite boule de poils qui devait être aussi trempée que sa barbe, le poil collé sur son corps malingre lui donnant certainement des allures de rat. Et le rire s’empara du moine, comme s’il avait soudain perdu la raison à force d’être douché lui aussi. Entre chaque prise, il essayerait de frapper l’humain, 'l’arbre' avait beau être puissant, les coups répétés et la pluie en avait affaibli la base, tel un bûcheron, pour poursuivre dans cette comparaison, c’est là qu’il frapperait. ¤A côtoyer une elfe et m’promener sous la pluie, voilà qu’je prends un ennemi pour une plante! Je n’suis pas loin d’la vérité cela dit, c’est certain.¤

Il riait encore, se souvenant du visage de la druidesse couverte de boue après leur départ du tumulus, et encore se souvenant du joyeux partage de la viande de loup, des ronflements du jeune barde et de la promesse de bière qui l’attendait de l’autre côté de ce barbare.

- Abandonne, tant qu'il est temps! Lança-t-il au guerrier en assurant sa prise, ne cessant de rigoler.

Content de te revoir Yli’

MJ
Description des rounds 6 à 12.

e combat devenait de plus en plus difficile car l'uthgardt commençait à s'habituer à la technique de Mjöllnir et toutes ses tentatives pour lui briser un membre, le renverser ou l'immobiliser devenaient de plus en plus compliqués à réaliser. Il était temps de changer de tactique, car même si le nain faisait des prises beaucoup plus handicapantes que son adversaire étant donné qu'il avait optimisé leurs techniques et leurs puissances pendant des années dans un monastère, le guerrier était un redoutable lutteur dont l'expérience du combat le plaçait un cran au-dessus de Mjöllnir. Pris dans le feu de l'action le moine en avait presque oublié que pour vaincre il fallait avant tout utiliser sa tête plutôt que ses poings et ne pas s'entêter dans une lutte qui lui coûterait la vie si les dieux de la chance n'était pas de son côté cette fois-ci. Certes il était hors de question de lâcher le ceinturon qui retenait l'homme au plus près du nain, car si ce dernier se saisissait de sa hache, un autre combat commencerait et là, Mjöll avait peut de chance de s'en sortir vivant. Par contre il pouvait équilibrer le combat en libérant une de ses mains et en frappant du poing ou du coude.

La tactique fut immédiatement payante alors que le uthgradt penché sur lui tenté de l'étrangler, le moine lâcha le poignet qui lui enserrait le cou et donna un violent coup de coude sur le sommet du crâne de son adversaire. La première frappe surprit complètement ce dernier qui ne s'attendait pas du tout à cela et qui libéra le nain de son étranglement. Mjöllnir tenta d'enchaîner immédiatement par un coup de genou dans le plexus mais le barbare avait déjà repris du poil de la bête, rapidement il se glissa sur le côté pour enserrer le torse du nain de son bras droit, coinçant ainsi le bras de Mjöll au dessus de son épaule ce dernier ne pouvait plus s'en servir pour le frapper. De sa main gauche il ne lui restait plus qu'à attraper le poignet du bras qu'il avait coincé et faire levier avec son cou pour briser le bras du nain. Ce dernier ne put s'empêcher de pousser un cri tellement la douleur était forte mais il resta lucide, il lâcha le ceinturon et d'un autre coup de coude de son bras libre asséna une frappe encore plus violente que la première sur le crâne du uthgardt. Un filet de sang coula de son cuir chevelu jusqu'à la pointe de son nez, les deux genoux à terre, il sembla tourner de l'oeil à un moment donné mais serra les dents pour se relever... Le combat n'était pas encore terminé!

Fou de rage, le guerrier illuskan rendit le coup du berger à la bergère. Il était déjà sur le côté du nain et passa rapidement derrière lui et remonta son bras pour lui enserrer le cou une nouvelle fois. La rapidité de l'humain malgré les coups reçus était stupéfiante et Mjöllnir ne put rien fasse à cette nouvelle attaque qui lui coupa la chique, car après plus d'une minute de combat acharné il était essoufflé tout comme son adversaire d'ailleurs. L'air lui manqua vite et son visage déjà rougit par l'action, devint vite écarlate compte tenu des efforts que le nain mettait pour se libérer. Il se sentit vite faiblir, là encore il fallait faire quelque chose rapidement pour ne pas y rester. L'uthgardt avait maintenant décidé d'en finir, étrangler un adversaire de la corpulence de Mjöllnir pouvait mettre du temps et il fallait accélérer les choses. Si le nain n'avait plus d'appui au sol, il ne pourrait plus le contrer et son poids donnerait d'avantage d'impact à son étranglement. Un coup de pieds derrière le genou devrait suffire à déséquilibrer le nain. Mjöllnir sentit une nouvelle douleur mais encore une fois tint bon, il se sentit mourir tellement la pression sur son cou était forte. Ses yeux injectés de sang faisant peur à voir. Sa tête lui tournait de plus en plus...

Il ne fallait pas s'évanouir, il ne devait pas perdre!!! Avec l'énergie du désespoir et frappant pratiquement à l'aveuglette, il tentait d'envoyer des coups de poings au visage de son adversaire pour le faire lâcher prise après quelques tentatives infructueuses d'un coup chanceux et puissant il parvint à le toucher. Le nez du uthgardt sembla exploser sous l'impact, un flot de sang en sortit pour maculer la partie inférieure de son visage d'un rouge sombre. Le guerrier chancela, Mjöllnir se libéra de son étreinte, lui aussi était épuisé, ils tentèrent de se jeter l'un sur l'autre une dernière fois mais cette fois c'en était bien fini, l'humain à moitié dans les vapes ne parvint juste qu'à esquiver une dernière attaque du nain avant de s'effondrer inconscient sur le sol... Mjöllnir avait vaincu, ses compagnons exultaient. Ylinya vint à son contact pour le soutenir car il était tout de même mal en point, pendant ce temps là Absur s'occupait d'emporter son sac. Les portes de la ville leurs étaient maintenant ouvertes. Deux gardes ramassèrent l'uthgardt pour l'emmener quelque part sur le chemin de ronde. Un autre fit un signe de tête au groupe pour signifier à tous et plus particulièrement à Mjöllnir qu'ils pouvaient passer...

e rire du nain avait fini par disparaître sans qu’il parvienne à déstabiliser le barbare comme il l’avait espéré. Il s’en était fallu de peu pour que son adversaire puisse s’esclaffer à son tour devant un moine vaincu sous sa masse. Frapper lui était devenu presque obsessionnel depuis la terrible clé de bras qui aurait pu signer sa perte s’il n’était fait de cette matière qui donne aux 'vigoureux' leur surnom. L’étranglement lui ôterait pour la soirée l’envie de parler, peut-être même de boire cette bière si difficilement gagnée et il eut toutes les peines du monde à offrir un sourire à son amie venue le soutenir.

- Stor, j’espère que ta bourse est bien pleine. Parvint-il à articuler, la voix enrouée. Il fit tourner sa large tête, laissant ses cervicales reprendre leur place dans un craquement sonore maintenant que ses muscles se relachaient. La pluie sur son visage, alors qu’il avait la tête penchée en arrière, aurait du lui faire du bien et le rafraîchir après un combat si intense mais rien n’y faisait. Il sentait toujours son cœur battre dans ses tempes, et une désagréable chaleur engourdissait sa tête. S’allonger quelque part, au sec, et dormir... Mjöllnir ne demandait plus rien de plus, mais pour l’heure il devait garder la stature du vainqueur, le pas du grand guerrier qui avait su tenir tête, certainement par la grâce d’Uthgar lui-même aux yeux des barbares. Après viendrait le temps du repos mérité. Sa vision perturbée tant par la pluie que par les âpres du combat cherchait à croiser les regards des habitants de Puit. Le Tigre n’était peut-être pas seul et chacun devait considérer son exploit... avec plus ou moins d’animosité. Evitant de s’appuyer vraiment sur la druidesse à son côté, il lui souffla à l’oreille une requête qu’il n’avait jamais cru devoir poser.

- Je vais avoir besoin de soins... Ce gars a bien failli me dévisser la barbe. Ponctuant le tout d’un clin d’œil complice qu’il regretta aussitôt d’avoir à serrer les dents pour contrer le vertige qui le prit et manqua de le faire trébucher. Ses pas le guidait presque inconsciemment vers ce qui devait être une auberge, sa visite au chef et la suite de leur mission attendraient qu’il se porte mieux et qu’il se soit débarrassé de toute cette boue.

MJ
PV de Mjöllnir : 8+7(Soins légers)+8(Soins légers)=23pv.

es aventuriers s'approchèrent de l'auberge jusqu'à la porte. Il ne semblait pas y avoir d'étage à cet édifice dont le toit fait de chaume descendait si bas qu'Absurbanipal aurait presque pu le toucher avec le sommet de son crâne s'il c'était mis sur la pointe des pieds. Les murs eux étaient fait avec de la boue ou peut-être du crottin car l'odeur à proximité de la taverne était peu engageante et encore les aventuriers qui baignaient dans leur sueur depuis près d'une semaine ne pouvaient qu'en deviner la puanteur. Et si un panneau de bois pratiquement illisible n'indiquait pas que l'on était en présence d'une auberge, à coup sur on aurait pu confondre cette dernière avec une étable... De minces fenêtres couvertes par des volets laissaient filtrer des raies de lumière fluctuants au rythme de la bougie qui devait se trouver juste derrière. Une marche de bois permettait d'accéder à la porte laissée entrouverte d'où s'échappaient des volutes blanches, réaction naturelle entre le froid du dehors et la chaleur au dedans, qui signifiaient que l'endroit était fortement chauffé et que malgré son apparence peu attrayante, ce que recherchaient les aventuriers était là. Enfin ils allaient pouvoir se reposer.

- Il ne vaut mieux pas que Mjöllnir entre dans cet état de faiblesse. Si d'autres uthgardts du même accabi que celui de la porte sont fourrés et à moitié ivre là dedans viennent à voir que nous sommes des proies faciles, ils n'hésiteront pas à en profiter. Dit Absurbanipal à Ylinya qui avait déjà compris et s'employait le plus discrètement possible, tout comme le prêtre d'Horus, à soigner leur valeureux ami. Ils n'eurent pas trop de mal car personne ne sortit de l'auberge pendant ce laps de temps ou passa dans la large rue qui de jour, devait être fréquemment empruntée. En quelques instants le nain ne sentit plus la douleur des coups reçus ou presque plus et, Stor en tête ils entrèrent dans l'auberge de la Bonne Hôtesse.

L'intérieur était semblable à l'extérieur : odeurs nauséabondes, salubrité douteuse... Mais comment aurait-il pu en être autrement avec toute la boue que chaque visiteur charriait sous leurs bottes. Une immense cheminée, semblable à un four à pain ouvert occupait, tout le centre du bâtiment et donnait en plus de la chaleur un peu de lumière. Quelques lampes à huile posées sur certaines tables occupées, achevaient de mettre l'ambiance tamisée, feutrée et presque silencieuse. Une quinzaine de personnes étaient installées dont un groupe de cinq aventuriers aux allures bigarrées dans un coin. Les autochtones n'étaient pas très nombreux. Visiblement celui qui devait être l'aubergiste dans la force de l'âge, était affairé à la cheminée en train de faire des grillades.

a différence de température accentua le sentiment de bien être que les soins magiques de ses amis lui procurèrent juste avant d’entrer. Il sembla au moine que tout son corps se relâchait après le froid et l’humidité qu’ils avaient si longtemps endurés. Il sentait ses mains gonfler et devait arborer de magnifiques oreilles rouges sous sa tignasse ébouriffée. Autant pour s’assurer de leur sécurité que par curiosité, il fit le tour de l’espace du regard.

¤Ca manque de roche bien dure tout ça, bien qu’il semblerait qu’cette boue garde mieux la chaleur et si ça leur permet de rester au sec avec tout ce qu’il tombe ici... Les apparences sont bien trompeuses, rien ici ne devrait d’ailleurs résister à un véritable assaut, même avec des hommes comme ce Tigre pour le garder... Une palissade en bois, des abris au mieux de torchis et pourtant ça tient!¤ Le moine d’un naturel peu crédule devait reconnaître que depuis le début de cette aventure, il avait du mettre de côté ses quelques rares idées reçues, il était même prêt à considérer la possibilité que cet endroit soit véritablement béni par le dieu défunt même s’il préférait croire que c’était cette foi qui avait permis à ses adeptes de trouver la force de tenir bon. ¤La même chose au fond.¤

- Asseyons-nous. Souffla-t-il au barde devant lui en s’inclinant et désignant une table proche du groupe d’aventuriers, et de l’âtre sans l’être trop et risquer de s’imposer. Il poursuivit sur le même ton : "On ne va pas faire les difficiles, j’prendrai une stout quelconque."

Mjöllnir souriait comme si le combat qu’il avait essuyé n’avait jamais eu lieu alors qu’il se doutait que la rumeur de l’affrontement avait du les précéder. Le seul risque qu’il courrait maintenant était qu’un autre barbare ne souhaite affronter le champion des aventuriers mais il ne voulait même pas l’imaginer. Leur quête à la recherche du tombeau de Vallar marquait une pause méritée, il comptait bien en profiter! L’idée de prendre un bain chaud lui effleura l’esprit sans qu’elle ne s’y imprime trop profondément, l’odeur de la grillade la supplantant aussitôt.

MJ
l ne fallut pas longtemps avant que tous s'attablent se délestant tour à tour de leurs sacs, manteaux et ceinturons lourds des armes qu'ils avaient trimbalé toute la journée. Ils étaient trempés de la tête au pied, Ylinya ne semblait pas y trouver une gêne quelconque mais Stor et Absurbanipal eurent tôt fait d'ôter leur chausses dont le cuir n'avait pas résisté et était tout imbibé. Heureusement la chaleur du lieu aurait tôt fait de les sécher... Enfin il pouvait respirer, leur voyage était loin d'être terminé, il restait au moins une demi journée de marche jusqu'au bois et peut-être tout autant si ce n'est plus pour découvrir l'entrée du tombeau de Valar à moins que ce ne soit celui de Morlar? Enfin, il verrait cela demain, car la fatigue et le temps passé arpenté les terres des Marches depuis leur rencontre avec Simaïus obscurcissaient leurs pensées. Les antiques demi-dieux attendraient bien encore un peu, la bière que Mjöllnir désirait depuis un moment déjà allait bientôt atterrir sur la table, avec peut-être un bon plat, dès que l'aubergiste aurait quitté ses fourneaux et viendrait prendre commande et c'était là tout ce qui compatit pour le moment.

Mjöllnir depuis son tabouret regardait le groupe d'aventuriers, deux femmes et deux hommes et un demi-orque, apparemment il devait préparer une expédition plutôt secrète étant donné que l'un d'eux semblait montrer quelques points sur un vieux parchemin jaunit et les autres écoutait attentivement celui qui parlait à voix basse. Peut-être que les quatre aventuriers venus de Quaervar gênaient? En tout cas lorsque celui qui détenait le plan croisa les yeux du nain, il adressa un signe de tête accompagné d'un sourire mais rangea bien vite son document dans une de ses grandes poche. Un autre homme de cette tablée sourit au groupe, contrairement à l'autre il paraissait bourru et malgré ses efforts il gardait un air légèrement sinistre. Mais pas autant que le demi-orque qu'il avait à ses côtés.

près tout ça je pensais ne jamais dire ce genre de chose mais quand je vous vois déchaussés, je bénis Simaïus et sa cire! En graisse animale qu’il disait, plus étanche que notre tente et que ma barbe! Le rire profond et sonore du Nain lui secouait les épaules, tendant ses muscles qui lui auraient arraché une grimace de douleur sans les soins de ses compagnons.

Les pieds au sec alors que ses bottes avaient rencontré plus d’eau que s’il était resté debout dans un lac, le nain appréciait à sa juste valeur l’étanchéité et la souplesse retrouvée de ses compagnes de tant de routes. Il se promit intérieurement de retourner un jour à Quaervar pour saluer le devin qui les avait mené jusque là puis à Rivenor pour raconter ses exploits à Daranor et … le remercier. Si les dieux lui prêtaient vie encore assez longtemps. Il y avait gagné plus de leçons de vie qu’au cours des longues années passées dans son monastère et des errances qui les entrecoupaient; et des amis, sur lesquels il se savait pouvoir compter comme sur les siens.

Le fumet grandissant le ramena dans la taverne. L’ambiance suspicieuse entre leur groupe et l’autre n’apporterait rien de bon et si tous deux avaient dormir dans le même établissement, il souhaitait pouvoir le faire sur ses deux oreilles plutôt qu’à devoir veiller dans l’attente de voir débarquer cinq aventuriers... dont un demi-orque... Il fallait détendre l’atmosphère et s’assurer qu’ils n’auraient aucune mauvaise intention à leur égard. Avaient-ils eu écho de l’affrontement à la porte? Serait-ce un bien ou un mal? Après un 'hum' bien sonore, il décida de ne pas laisser aller les choses sans y participer et se tourna vers le halfelin.

- Alors mon cher Stor, en attendant de nous désaltérer d’houblon, si tu nous racontais quelque histoire ventant les mérites des valeureux Lions Noirs? Cette grillade sent beaucoup trop bon, il me faut quelque chose d’autre pour captiver mon attention ou je crois que je vais te manger! Se retournant vers l’autre groupe, un franc sourire aux lèvres, il les interpella : "Joignez-vous à nous si l’cœur vous en dit, la prochaine tournée est pour notre barde et la suivante pour moi s’il est trop mauvais."