La Pierre du Serpent, Alchimie, Venins et autres Complots

Attendant la réponse de son ami, Kebur avait regardé plus précisément à tour de rôle la régente puis la grande prêtresse. Puis, heureusement, son ami s'était penché sur lui pour lui parler, condition qui se vit être fort nécessaire : sans elle, au ton faible que Belgos avait employé, Kebur n'aurait rien entendu du tout de la réponse du rôdeur.

-D'après toi cette haine serait juste due à une divergence de point de vue...possible. Chuchota Kebur en réponse à son compagnon.

Pour autant, Kebur n'en était pas si convaincu qu'il pouvait en avoir l'air. En effet, entre son point de vue et celui du rôdeur, tout divergeait, aussi bien les hypothèses que les conséquences, dans leur raisonnements respectifs. Et bien entendu, Kebur était un nain, et il était assez borné, quoi que quand même moins que certains nains qu'il connaissait. D'ailleurs cette divergence lui fit se rappeler une anecdote qui lui arracha un très léger sourire pendant un bref instant : deux de ses amis si disputaient au sujet de la solidité d'un tronc d'arbre. L'un soutenait qu'au premier coup de marteau celui ci serait écrasé, l'autre ne voulait rien en croire et était persuadé de son côté que le tronc d'arbre résisterait à cet assaut et à bien plus. Le premier se saisit de son marteau et écrasa en un seul coup l'arbre. il lui fit alors la phrase habituelle : " je te l'avais bien dit". Et l'autre de respecter la tradition qui dit que les nains sont plus bornés que n'importe quel autre être : il ne voulut jamais, au grand jamais, admettre qu'il avait tort, disant toujours que pour lui le tronc d'arbre n'était pas écrasé.

Mais la dernière phrase de Belgos eu pour effet de sortir Kebur de ses souvenirs et dans le même temps de lui fournir un appui quant aux opinions de son ami. Dès lors, il se mit à observer la rousse qui lui avait été indiqué, la regardant sous toutes les coutures, la regardant même parfois dans les yeux, essayant de cerner sa psychologie et surtout de voir d'où provenait ce teint cireux si étrange.

En voyant s’écrouler le monstre, Wolfgar ressentit une foule de sentiments. En premier lieu, une pointe de fierté vint lui enserrer la poitrine quand il vit sa flèche traverser le crâne de l’animal et ensuite provoquer sa chute. Après ce sentiment d’orgueil subit, il se mit à observer ses compagnons et il comprit qu’en définitive la victoire revenait à l’entièreté du groupe. Le chant de Saline, paraissait peut-être insignifiant mais il n’empêche qu’en l’entendant Wolfgar s’était sentit plus fort, plus aguerris. La contribution des autres membres était évidente et poussa le rôdeur à regretter son stupide accès de satisfaction personnelle.

-Chers amis, dit-il s’adressant au groupe, je pense que nous venons de prouver l’efficacité de notre association. Gark, Artifice, comment vous sentez-vous, vous n’êtes pas trop blessé ?
Meilikki ne m’a, pour l’instant, accordé que de modeste connaissances dans les plantes médicinales mais si je peux vous aider cela sera avec plaisir.

Sans laisser lui laisser le temps d’achever sa phrase, ni ses réflexions, Saline s’élança vers l’Est en enjoignant le groupe de ne pas traîner au risque d’attirer l’attention.

En partant la Yuan-ti avait parlé d’organisations adverses, Wolfgar ne voyait pas non plus comment une quelconque personne aurait pu contrôler ce monstre pour s’en servir de chien de garde. L’avis du rôdeur n’était tout de même pas définitif car les Yuan-tis semblait toujours sortir de l’ordinaire dans leurs entreprises, témoin, l’empoisonnement de Gark défiant toute tentative de guérison.

L’homme se sentait tout à fait apte à suivre l’allure imposée par Saline mais le gnome et le nain avait, quand à eux, reçu tous deux une blessure assez sérieuse. Wolfgar ne s’inquiétait que dans une moindre mesure pour Gark, car il semblait indifférent à toutes souffrances.

-Artifice, demanda-t-il, veux tu de l’aide pour marcher, je ne peux malheureusement pas te porter mais je peux t’épauler si tu le désires. Malgré notre situation, je pense que Saline à raison, nous ne pouvons pas nous permettre de traîner plus longtemps ici, un pire danger nous guète peut-être.

¤ Tant mieux.. Je me voyait mal sauter à la gorge de ce cochon grillé, ou d’entamer une mélopée ¤ Pensa Binabik

Ses muscles se détendirent rapidement, avec pour effet de relancer la douleur dans tout son être. La charge de la bête l’avait vraiment secoué, et il avait eu l’impression, l’espace d’un instant, de s’être transformé en chaise pour derrière de Loxo.
Ensanglanté, et grommelant, le gnome aurait vraiment aimé avoir un soigneur dans l’équipe, pour tout au moins bénéficier de bandages efficaces.
Il était néanmoins heureux que son projectile eut touché sa cible comme convenu, et respecta les prouesses martiales de chacun.
En quelques pas, le gnome fut devant l’animal, dont les flammèches commençaient à ne plus devenir que de ridicules flammes.

- Alerter quelqu’un ? Organisation adverse ? Faut-il être paranoïaque à ce point ou complètement stupide pour engager de tels cochons ? répondit-il d’un air las à la Yuan-ti. Nous sommes dans une étendue sauvage, ce serait graveté si nous étions déjà sous le regard d’innombrables ennemis.. Peut être fuyait-il quelque chose ? Si nous voulons être certains il suffit de suivre l’herbe brûlée.

L’alchimiste acquiesça néanmoins pour partir d’ici, mais la jeune femme s’était déjà dérobée. Bina aurait bien voulu avoir le temps de soigner ses blessures, il allait vite constituer un fardeau et laisser des traces à cause du sang. Il essaya tant bien que mal d’arrêter les saignements tout en répondant au rôdeur.

- M’épauler ? Haha, quelle drôle d’idée, et comptes-tu te mettre à genoux pour arriver à ma hauteur ? Non, je vais continuer à pied, j’ai des choses à faire, Gark prendra mon sac.

Avec une célérité toute gnomique, Artifice ramassa son arme lâchée à terre et alla récupérer sa pique. Il essaya ensuite de masquer quelques traces et se mit en route, à la suite de la jeune femme. En route, il tenta de repérer des plantes qui lui semblaient familière, et parmi elles, il espérait en trouver aux vertus curatives, et au pire, de bonnes épices à soupe.

Tout en restant aux côté de la jeune esclave, le moine dirigea sa tête calmement vers le négociant et lui répondit :

- Eh bien, messire Termel, enchanté de vous rencontré. Je me nomme Anin Soud, heu ... adeptes des arts martiaux et venu à Hlondeth pour les même raisons qui m'en feront partir c'est à dire, selon mon humeur ! Veuillez excusez mon ton désagréable de tout à l'heure mais c'est juste que je commence à être agacé par toute cette agitation inutile provoqué par l'autre imbécile ! Quoiqu'il en soit vous m'avez aidé d'une certaine manière à mettre un terme au spectacle et je vous en remercie.

C'est alors que la jeune fille se mit à parler et qu'Anin repris toute son attention sur elle. Il fit une grimace déconcertante en entendant les syllabes inconnus qu'elle marmonnait. Keira fit alors son apparition et dévoila au moine l'information qui tombait à pic !

- Gni ? En halfelin vous dites ? Voilà qui est bien embêtant... Pourriez-vous lui dire que je ne comprends pas non plus ce qu'elle dit ?

Il s'arrêta de nouveau et se gratta la tête comme pour dénicher une pensée entremêlée à ses cheveux.

- Oui bon, elle l'avait déjà compris donc ce n'est pas la peine... Au lieu de ça demandez lui plutôt qui elle est : comment s'appelle-t-elle ? D'où vient-elle ? Comment s'est-elle retrouvé esclave et si elle aurait des proches dans cette ville ou ailleurs qui pourrait l'aider dans cette situation.

¤ Je n'ai surement pas le temps de m'occuper d'un esclave en pleine mission. Surtout si ça parle une langue qui m'est inconnue ¤

- Je suppose que vous m'avez entendu me présenter à l'instant... vous êtes ?

Belgos et Kebur

La cérémonie à laquelle assistèrent Kebur et Belgos fut tout sauf agréable pour eux. Les cantiques qui entamèrent l'étrange messe impie n'avaient rien d'agréable à leur oreilles, les persifflements et autres bruits gutturaux provoquant tout au mieux une dysharmonie lente et rébarbative. Mais aucun des Yuan-Tis n'arrêta la récitation de cette mélopée avant qu'une bonne heure se soit écoulée. Et c'est après que la cérémonie prit un tournant des plus déplaisants.

La Grande Prêtresse commence una longue homélie, traduite en langue commune, phrase après phrase, par un prêtre de moindre rang. Medusanna y appelait à la prudence et à al voie de Sseth, à préférer les techniques insidieuses et sournoises à la confrontation frontale et vouée à l'échec. Elle demandait le banissement des infidèles qui abandonnaient les méthodes du Dieu des Yuan-Tis, et qui osaient défier les traditions du peuple serpent.

Et vint enfin l'heure du sacrifice. Dans un soupir de soulagement, les deux aventuriers virent un immense serpent disposé sur l'autel et égorgé, son sang rouge sang se répandant lentement sur la totalité de l'autel. Mais, après une prière à Mershaulk, arriva près de la scène un humanoïde dans une grande cape noire portant le symbole du Dieu. Ouvrant son long manteau, il découvrit son corps nu de Yuan-Ti, et se disposa de lui-même sur l'autel. Ni le prêtre de Moradin ni le rôdeur n'eurent le coeur de regarder le poignard de la prêtresse éventrer le malheureux hère, mais ils entendirent les soupirs et autres souffles courts des humains autour d'eux. Lorsqu'ils portèrent de nouveau le regard vers l'autel, un amas de chair sanguinolente et tremblotante se trouvait en lieu et place du sacrificié...

Binabik et Wolfgar

Saline se tourna vers Artifice et le fixa d'un air froid et inexpressif.

-Votre prétendue étendue sauvage se trouve à moins d'une lieue d'une cité comptant plus de quarante mille âmes. Répondit-elle calmement mais sans chaleur. "N'importe qui ayant un minimum de connaissances sait que des portails ouvrant sur le plan élémentaire du feu parsèment les pentes de l'Ugruth, et pourrait avoir ouvert l'un d'entre eux. Quant à être observés, ne soyez pas naïfs. N'importe quelle faction un tant soit peu influente dans la Cité-Serpent surveille d'une manière ou d'une autre les pentes d'un volcan qui jouxte Hlondeth. Et si l'on m'a envoyée pour vous venir en aide, ce n'est pas sans raison."

La Yuan-Ti se pencha alors pour parler d'une voix basse et pour n'être entendue que du gnome et de l'humain .

-Elle ne va pas vous laisser achever ceci si elle peut l'éviter. Les avertit-elle. "Son dieu la protège, et elle ne laissera rien au hasard. Elle ne cessera de vous harceler, où que vous alliez."

Sans un mot de plus, Saline se redressa et prit de nouveau la tête de la troupe.

Binabik: détection: 10 + 0 = 10 >< DD 20 échec
Wolfgar: détection: 4 + 5 = 9 >< DD 20 échec

Tout en marchant, les aventuriers observèrent les plantes tout autour, mais aucun d'entre eux ne remarqua quelque plante qui puisse ressembler à ce qu'ils cherchaient...


Keira et Anin Soud

Le dénommé Termel s'éloigna après avoir salué, visiblement heureux d'avoir obtenu des excuses du jeune moine. Autour, les activités normales du caravansérail avaient repris leur cours, l'interlude n'ayant été que de courte durée. Somon Etali régla les consommations avant de rejoindre son partenaire.

De son côté, la barde Keira s'était lancée dans une conversation en halfeline avec l'esclave, cherchant des mots doux et un ton amical. Les quelques mots que lui répondit l'adolescente étaient hésitants et prononcés à voix basse, mais la jeune femme obtint tout de même ses réponses.

-Elle n'a pas de nom. Retranscrit peu après la barde au jeune moine. "Elle est née esclave et n'a jamais reçu de nom. C'est ce qu'elle m'a dit. Elle a grandi au milieu d'esclaves halfelins, et a appris à parler parmi eux. Elle ne connait que cette langue. Mais elle vous est très reconnaissante de ce que vous venez de faire. Voilà ce qu'elle m'a dit."

C'est à ce moment que Somon intervint dans la conversation, un air grave sur son visage.

-Anin, il est temps de reprendre notre route, n'est-ce pas? Nous avons déjà trop traîné (et trop attiré l'attention). Mademoiselle, je ne veux pas paraître discourtois, mais nous devons y aller...

Après cet épisode avec le garde et le petit serpent rouge, Kebur pensait qu'il allait désormais passer une cérémonie tranquille, en quelque sorte, mis à part bien sur les chants hérétiques et autres récitations impies des prêtres Yuan-Tis.
Sur ce dernier point, il ne fut d'ailleurs pas déçu d'entendre une variété de sons et de bruits, qui seraient dignes de représenter un langage par leur diversité mais qui, à l'oreille de Kebur, n'était qu'une cacophonie immonde. Il hésita d'ailleurs un moment à se boucher les oreilles , mais il ne le fit pas, se rappelant au bon moment le regard pesant du garde qui les fixait toujours, attendant de leur part une autre entorse au "règlement" pour les jeter hors de la cathédrale, voire pire, les mettre en prison pour finalement les exécuter en place publique. Il se força donc à garder les oreilles ouvertes, et à ne pas sembler dégoûté par cette cérémonie. Il fut d'ailleurs surpris de se rendre compte qu'il écoutait même attentivement ces chants, même s'il ne pouvait en comprendre mot, et même s'ils le répugnaient au plus haut point, comme s'il avait été intrigué, une sorte de curiosité maladive, par ces mélopées. Il se ressaisit d'autant plus quand la grande prêtresse entama un a cappela, et qu'il entendit celui ci traduit en langue commune.

- é
Grommela Kebur dans sa barbe, bien qu'il savait que personne ne pourrait le comprendre, et encore moins l'entendre. La seule chose qui aurait pu trahir cette montée d'indignation et de rage, était la soudaine rougeur de son teint.

Sur ce, il tourna la tête vers son compagnon afin de voir la réaction, mais à peine eut il le temps de voir sa réaction que déjà la cérémonie se poursuivait, là bas, devant eux, autour de l'autel. Alors que Kebur vit la grande prêtresse se saisir d'une dague, il regarda avec plus d'acuité la scène, tout en espérant et en priant Moradin pour que devant ses yeux ne se déroule pas un sacrifice humain.
Il fut soulagé de voir que ce ne fut qu'un vulgaire serpent, qui ne valait pas mieux que n'importe lequel des Yuan-Tis présents dans l'assemblée, qui fut sacrifié. Mais au contraire, son étonnement provint de la couleur du sang de la bestiole. Il n'avait effectivement jamais vu le sang d'un animal être d'un rouge si intense. A préciser aussi, que le sang des animaux qu'il a connu, provenait en très grande partie de bête souterraine : aucune raison alors pour que leur sang, tout comme leur cuir d'ailleurs, soit d'une couleur si intense.

Lorsqu'il vit les prêtres recommencer à prier, il se dit que la cérémonie était finie, et que cette prière était la prière de fin un peu comme l'est la bénédiction que l'on donne à toute l'assemblée lors des cérémonies en l'honneur de Moradin. Il était loin d'imaginer que l'être en cape noire qui était arrivé au près de l'autel allait se jeter sur celui ci, sans autre sommation, pour être suicider par la grande prêtresse. Du moins c'est ce qu'il déduisit des deux scènes qu'il vit, comprenant ce pauvre être : l'une où il était debout, nu, et la suivante, après avoir tourné la tête, où ce Yuan ti était mort sur l'autel, éventré et dégoulinant de sang.

-Barbares! Hérétiques! Je vous maudis tous! Vous mourrez tous dans des souffrances que vous ne pouvez même pas imaginer!

Cette fois encore, bien qu'il murmura cette malédiction, il fut trahi par l'afflux de sang important qui lui monta aux joues. Désormais la seule hâte qui l'habitait était celle d'en finir au plus vite avec cette cérémonie impie et de sortir le plus rapidement possible de la salle.

Stoïque, c’était le mot qui pouvait le mieux résumer le comportement du demi-elfe lors de la première partie de la cérémonie auquel il assistait en compagnie de Kebur, et qui plus est extrêmement ennuyeuse vue qu’il demeurait avant tout un néophyte en matière de rites religieux Yuan-Ti. Son attention s’éveilla subitement quand Medusanna prit la parole et ce ne fut pas une révélation mais plutôt une confirmation de ce qu’il pensait.

La Grande Prêtresse semblait envoyer un message d’avertissement claire à la régente et à sa conseillère et plus généralement à tous ceux l’appuyaient. C’était du moins ce qu’en avait conclut Belgos. Mais quand la seconde partie du rituel arriva, tout fut différent, un arrière goût de bile dans la gorge, les yeux plissée et la respiration plus lourde, le demi elfe assista au sacrifice.

Un seul ? Passait encore celui du serpent mais quand arriva celui de l’humanoïde, un Yuan-Ti, ce fut tout autre chose et même si tout se passa très vite, le rôdeur éprouva un vif sentiment de répulsion envers ce spectacle qui allait à l’encontre de ses croyances. C’est à ce moment qu’il sentit son compagnon de route frémir d’indignation. Crispé, Kebur marmonnait dans sa barbe dans sa langue natale et il ne s’agissait pas de louanges. Comme tous les Elfes et même s’il possédait du sang humain dans les veines, Belgos possédait la même ouïe fine que ses ancêtres elfiques. S’il savait que le nain ne ferait pas d’esclandre, il préféra poser une main sur son épaule en la pressant légèrement mais suffisamment pour attirer l’attention du nain. A voix basse, il s’adressa à lui.

- Je crois que nous sommes révoltés par ce que nous voyons mais imagine un instant ce que peuvent ressentir des Yuan-Tis en voyant des elfes nues danser à la gloire de la vierge noire, ils seraient capables de nous prendre pour des barbares…

Le ton du demi-elfe se voulait banal. Il réalisa au dernier moment que l’image qu’il avait employé pouvait également heurter la sensibilité du nain. Après tout chaque peuple possédait ses traditions et ses coutumes mais de là à tout accepter il y avait un pas que Belgos se refusait de faire, tout du moins en se contentant de garder un sang froid absolu surtout quand on était loin de chez soi et entouré d’étrangers.

- Au moins le plus dur est passé. As-tu entendu le discours de la prêtresse, je pense qu’il y a deux ou trois choses intéressantes à retenir tu ne trouves pas ?

Bien que Kebur continuait de frémir d'indignation face à ce spectacle impie auquel il venait d'assister, il sentit tout de même la main de son ami sur son épaule, main qui se voulait plus que sûrement rassurante, et calmante. Il ne se demanda même pas comment l'elfe avait pu entendre ses grommellements en nain, et, sans y réfléchir plus, il finit par trouver ça normal, banal. Les propos de son ami le firent réfléchir plus intensément sur les sentiments des autres personnes de l'assemblée présentes dans la cathédrale. Aussi, lorsque Belgos fit une allusion brève aux us et coutumes des elfes, que Kebur ne connaissait que trop mal, il fut tout de même moins, beaucoup moins étonné que par ce qu'il venait de voir : si des elfettes voulaient attraper froid à danser nues, pourquoi pas, Kebur ne voyait rien de choquant là dedans, c'était un culte tout ce qu'il y avait de plus normal, même si leurs prières pouvaient être parfois spéciales...
Après moult réflexions, il finit par en déduire que les Yuan-Tis présents dans la salle, basé sur ses faibles connaissances au sujet de cette race, que ceux-ci trouvaient ces sacrifices tout à fait normaux, qu'ils faisaient honneur à leur dieu Sseth en sacrifiant l'un des leur : les tribus nomades et barbares le faisait aussi, ils sacrifiaient des êtres de chair et de sang, parfois ennemis, mais le plus souvent alliés, choisis alors par un tirage au sort. D'autres civilisations, moins avancées certes, sacrifiait, pour satisfaire leur dieu, des jeunes vierges, un soir de lune bleue, une fois par an. D'autres encore pensaient qu'ils devaient respecter un certain "quota" de sacrifices d'ennemis, pour capturer leur force vitale et vivre ainsi plus longtemps, et en même temps offrir à leur dieu ces corps d'hommes tombés durant une bataille.
Il pensait donc en fait que les Yuan-Tis devaient trouver tout ça tout à fait normal, bien que l'idée seule ne l'insurge et ne lui fasse froid dans le dos : pourquoi ces sacs d'écailles n'avaient ils pas des cultes propres, faits de simples prières et offrandes, libations ?
Kebur fut de nouveau coupé dans ses réflexions par son ami. La question de celui ci était fort intéressante, quant à son affirmation, elle était tout à fait exacte.

-Oui Belgos, je suis tout à fait d'accord avec toi. Ce discours, cette mélopée, avait un sens profond. Tout d'abord je pense qu'une des choses à retenir est le fait que cette prêtresse veut se faire seul défenseur de la vraie foi, qui est pour eux celle du dieu Sseth. Je pense que le reste de ce chant ne fait que découler de cette revendication de défenseur de la foi : elle préconise évidemment dans cette optique les méthodes d'un serpent, vicieuses et sournoises.
Mais passons, j'ai réfléchi à ce que tu m'as dit avant, à savoir l'état d'esprit des Yuan-Tis dans la salles en ce moment même après le sacrifice de l'un des leur, ou plutôt de deux des leur. Après avoir fait maintes analogies avec certaines peuplades tribales que je connais, j'en ai déduit tout simplement que ces Yuan-Tis devaient trouver ça tout à fait normal d'honorer leur dieu. Quelque soit la méthode. Je ne sais pas ce que tu en penses?

Kebur avait fait son discours sur un ton très bas, même plus qu'auparavant, car, bien que leur précédente discussion n'avait que peu de conséquence si quelqu'un les entendait, là, ce serait plus grave, vu les propos qu'ils tenaient.

Marchant aussi vite que possible pour marcher à allure de grandes jambes, Binabik boitillait maladroitement à l’aide de sa pique pour appuyer son poids. Poids si minime soit dit en passant, qu’il ne laissait aucune trace dans la terre. Le gnome garda la tête baissée tout en ronchonnant jusqu’à ce que la « femme » lui réponde de son air si inexpressif. Le gnome lui, prit un air détaché, mais néanmoins professionnel, comme l’aurait fait un professeur qui observant des faits établis.

- Alors il faudrait nous le dire tout de suite si cette zone est contrôlée par une puissance de la ville, alors laquelle ? Si vous êtes si malins dans votre cité-serpent, pourquoi n’avez-vous pas déjà identifié les fauteurs de troubles, et si la menace est si grande, pourquoi avoir fait appel à une équipe sous-entraînée comme la nôtre ? Allons, un peu de réflechissement, de modestie et de logicité ne feraient pas de mal, la situation vous échappe autant qu’à nous. Votre « gouvernement » est totalement pourri de l’intérieur, ainsi que les relations qu’entretient maître Haleass avec les partisans de Kossuth, qui avec certaineté, seraient ravis de contrôler un endroit qui donne accès au plan élémentaire de leur divinité. Certains groupes n’attendent qu’une chose, que nous ayons fini le sale travail de récupération des ingrédients pour mettre au final, la main dessus, tout simplement.

Faire tout ce travail, qui n’était de prime pas prévu, agaçait fortement Artifice. Il se retrouvait coincé dans un rouage dont la seule issue était bien loin.. Si seulement des compagnons du Cercle étaient là avec lui. Il avait pensé à un moment à les contacter, mais les mêler à cette histoire aurait de tristes répercussions, puisque pour le moment, Binabik ne savait pas dans quelle cour jouer. Il fit encore quelques pas, plus rapidement cette fois, et leva un sourcil contre l’étrange et dernière intervention de la yuan-ti. Etait-elle schizophrène ? Ou le fait d’être corrompue.. L’hôte et le serpent « vivaient » dans ce même corps ? Etrange..

- Il faut que je me soigne et que nous trouvions un endroit sûr, à moins bien sûr que vous vouliez que je sème des indices qui conduira directement à notre campement à cause du sang qui s’écoule de les blessures..

Binabik tenta de retrouver une de ses potions de soins légers. Il hésita à en boire le contenu, tant cette bouteille était précieuse, mais il le fit quand même, il était bien trop mal en point. Ce type de guérison ne lui plaisait guère également, même si cela était utile. Le gnome préférait que son corps se rappelle des anciennes cicatrices..

Cela faisait maintenant un certain moment que le groupe marchait et Wolfgar ne parvenait pas à se concentrer pour découvrir quoi que ce soit dans cet environnement inconnu et hostile.
Les plants de Bélan et de Percechausse, objectifs de cette marche forcée sous un soleil de plomb, semblaient se dérober à la vue du rôdeur. L’excitation du combat encore très proche était peut-être responsable ou alors était-ce la chaleur accablante.

Quand Wolfgar entendit le gnome s’adresser à la Yuan-ti déguisée, il en fut abasourdi. Sa naïveté l’avait empêché de se rendre bien compte de la situation et l’alchimiste venait d’en brosser un tableau, certes peu optimiste, mais plein de réalisme. En effet l’entièreté de la mission montrait une certaine impuissance de la part d’Haleass, forcé de rassembler les premiers aventuriers venus. De plus la présence des partisans de Kossuth était vraiment inquiétante. En effet d’après Saline, cette région grouillait de créatures sorties tout droit du plan élémentaire du feu.

- Artifice à raison, fit wolfgar s’adressant à Saline, "Que savez-vous de plus sur notre situation ? Sommes-nous observés ? Si oui, par qui ? De qui parlez-vous quand vous dites que nous allons être harcelés sans relâche ? Vous parlez peut-être de la grande prêtresse de Varae.
Pour en revenir à la situation actuelle, il serait vraiment sage de s’arrêter quelques minutes, je pourrais ainsi examiner les blessures de notre ami gnome et voir si je peux y apporter un peu de soulagement. De plus une fouille minutieuse de la végétation nous environnant pourrait nous apporter des éléments importants pour notre quête."