Enquête Macabre, Prélude du retour aux sources du Mal

ême si le crinti avait toujours perçu un tant soit peu de réticence et d'ironie à son égard au fil des discussions qui avaient suivi l'opposition des deux demi-elfes, le groupe semblait, sinon soudé, au moins prêt à l'expédition. Chacun faisant preuve d'un minimum de bienséance, la communauté faisait route vers un destin dont presque tous ignoraient les menaces.

Décidé à prouver sa bonne volonté à ses compagnons imposés par le sort, la Lame avait dirigé le vol de l'étoffe conformément aux directives de Karan. Aussi les voyageurs étaient-ils parvenus au terme de leur périple aérien dans les temps impartis.

Alors que Karan achevait de donner à la sang-mêlé les éléments relatifs à l'atterrissage du tapis, Tharak, songeant à la poursuite des évènements, s'adressa à ses comparses.

- Peut-être serait-il bon de redéfinir assez vite quels sont les motifs de notre visite en ces lieux. Sommes-nous toujours un groupe d'étudiants ? En tout état de cause, il nous faudrait au moins nous connaître les uns les autres. Et si vous veniez à changer d'avis, je suggère de rentrer un par un dans la forteresse.

D'autre part, si je puis me permettre une autre suggestion... nous pourrions attendre que la nuit fasse son ouvrage afin de nous infiltrer dans le campement des occupants du vaisseau. Puis, trouver des vêtements devrait s'avérer une tâche aisée, mais si un ou deux d'entre vous excélait dans la dissimulation et la discrétion, j'apprécierais un coup de main.

Alors, pénétrer dans la citadelle pourrait s'avérer plus simple, à condition de connaître a minima l'origine de ces gens. Chose que nous découvrirons en parcourant le campement.

Alors que son regard avait jusque là balayé l'ensemble de son petit auditoire, Tharak se focalisa ensuite sur le nécromancien.

- Sieur Karan, l'accés à la forteresse est-il autorisé de nuit au fait ?

e voyage avait été beaucoup trop long au goût de Luna. Ils étaient restés sur le tapis pendant une bonne partie de la journée et elle n'avait pas caché sa joie de retourner sur la terre ferme. Mais la vision particulièrement impressionannte de la citadelle de Talathgard, et celle, non moins incroyable, du vaisseau planant au-dessus de la forteresse lui fit oublier la journée pour le moment.

De plus, leur destination était désormais presque atteinte ; il ne restait qu'au groupe de décider de la manière de rentrer dans la forteresse, et de décider quelle action effectuer à propos de l'imposant vaisseau au-dessus de la forteresse.

Alors qu'ils se préparaient à se diriger vers les postes de garde, Tharak avait proposé de se présenter aux occupants de la citadelle comme des étudiants. Au vu la manière dont il avait formulé sa phrase, Luna en déduisit que ce ne devait pas être la première fois qu'ils dissimulaient leur identité de leur sorte. A priori, ses nouveaux compagnons n'avaient pas jugés bon de lui en faire part, ou bien ils avaient tout simplement oublié.

La seconde proposition de Tharak était de rentrer dans la forteresse un par un. Si la première idée n'était pas particulièrement mauvaise, Luna préférait prendre moins de risque, et pour cette raison préférait encore la seconde proposition. Toutefois, se présenter en tant qu'étudiants pourrait être avantageux, et elle préférait demander quelques informations à propos de cette façon d'entrer.

-En étudiants, dis-tu ? Après tout, pourquoi pas, même si cette compagnie d'étudiants pourrait sembler être un peu spéciale et hétéroclite. Mais nous présenter comme étudiants serait en effet un moyen assez simple et aisé pour fournir une raison de notre, hum, visite.

Pour le vaisseau, si nous voulons vraiment l'examiner, je pourrais venir avec Tharak s'il désire vraiment de l'aide. Mais avant tout...

Elle se retourna vers le nécromancien pour lui poser sa question.

"Vous semblez en savoir un peu plus que nous sur ces lieux. Auriez vous une idée de ce que pourrait être ce vaisseau, et ce qu'il fait là ?"

Troisième jour de la Flétrissure, Anno : 1372
Lieu : Forteresse de Talathgard
Météo : Première fraîcheur après une journée étouffante.
Moment : Début de soirée

Karan détection : 14 +1 = 15 >< DD 15 réussite

Le tapis volant avait déjà entamé sa lente descente vers la terre ferme, et les derniers rayons du soleil disparaissaient désormais pour de bon. De son perchoir insolite, Karan put distinguer les bannières qui flottait dans la légère brise du soir. Sur le navire, un étendard portant des armoiries en forme de livre à demi-ouvert sur fond de gueule cassé d’argent battait à la proue comme à la poupe. Sur le fort, nul autre symbole que les sept étoiles de Mystra était visible. Alors que les conversations allaient bon train concernant la marche à suivre pour la suite, Enmorien comme Elwë s’étaient tus. Ce n’est que lorsque le tapis fut presque au niveau du sol que la halfeline prit la parole.

-Avant de tenter toute action, peut-être faudrait-il mieux savoir qui sont les occupants du navire volant, et surtout quels sont leurs buts. Lança-t-elle d’une voix calme. « Tharak et Luna ont raison quand ils proposent une infiltration discrète pour les appréhender, mais parfois les mots sont plus efficaces que la furtivité ou la discrétion. Quelqu’un devrait carrément aller à leur rencontre, parler avec eux et apprendre tout ce qu’il peut. Ne le prenez pas mal, mais je pense être la mieux placée pour ce genre d’approche… »

Le plan proposé par la fausse prêtresse ne plut pas du tout à la ‘compagnie du désert’. Mais, à force de paroles, d’arguments et de palabres, la halfeline parvint à convaincre ses compagnons du bien fondé de cette expédition. Bon gré mal gré, les quatre autres acceptèrent la proposition d’Enmorien, et laissèrent celle-ci se diriger vers le campement.

Le temps passa, la nuit se fit complète et, dans le ciel, les étoiles se mirent à briller en constellations nombreuses. Dans le soir du désert, la lumière des astres éclairait presque autant que Séluné, projetant des ombres diffuses et bleutées sur les pierres. Dans le camp, de grands feux envoyaient leur lueur ocre au travers des tentes et voilures, tandis que seuls quelques maigres torches étaient visibles sur le chemin de ronde du fort. Mais, même après plus d’une heure, Enmorien n’était toujours pas revenue. Sans l’avouer à voix haute, chacun craignait qu’elle n’eût trahi ou vendu ses camarades, et Tharak comme Elwë se préparaient déjà à s’infiltrer dans le campement pour se venger quand la silhouette frêle de la halfeline apparut derrière un rocher. Alors qu’elle s’approchait, chacun put lire un air inquiet sur son visage.

-Ce sont des pèlerins venus pour prier au temple. Expliqua bientôt la fausse prêtresse. « Des nobles et riches magiciens d’Halagard et des environs, visiblement, venus offrir leur piété à la Dame de Magie. Le navire flottant appartient à l’un d’eux, un certain Skoltan de Tarrasgard. Aucun d’entre eux ne semble avoir repéré le tapis volant, ils étaient trop occupés à ripailler à ce moment. Je ne garantis pas en revanche qu’il en soit de même pour les gardes de la forteresse… »

Le visage de la halfeline prit soudain un air étrange, comme gêné et désappointé.

-Il y a un… Problème. Finit-elle par lancer d’une voix mal assurée. « Un représentant de mon ordre est parmi eux, et… Hmmm… Disons qu’ils ont besoin de moi en Lapaaliya, et ce assez rapidement. Les choses ont beaucoup bougé à l’Ouest, et l’église rappelle tous ses membres dont les missions ne sont pas fondamentales. Je suis au grand regret de vous annoncer que je dois vous quitter. Dès demain, je partirai avec une caravane qui traverse les montagnes vers l’Ouest. Je vais dormir dans la tente du contact de mon ordre. Il s’appelle Rotthengäl Segtil, et vous aidera si vous lui demandez. Ah, au passage, il a lui aussi entendu des rumeurs sur des tombes qui seraient ‘agitées’ en ce moment, vous devriez peut-être lui en toucher deux mots. Sur ce, camarades, je me dois de vous souhaiter bon voyage et vous dire adieu. »

Ce sur quoi, Enmorien attrapa son trousseau et, après un dernier adieu à chaque membre, s’en alla en direction du campement, laissant ses anciens camarades dans le doute et l’expectative…

Une fois au pied de la forteresse, les langues restées silencieuses durant cette longue journée de voyage se délièrent. Le sombre et Luna souhaitaient entrer dans le campement, non pour y glaner des informations, mais pour chaparder de quoi se déguiser et entrer tels des inconnus dans la citadelle. Cette idée irrita le mage qui agita nerveusement la tête en signe de désapprobation.

Ce fut Enmorien, opposée elle aussi à une telle action, qui proposa d’aller au campement pour y poser quelques questions. En sa qualité de prêtresse, elle se jugea plus à même de mener à bien une telle opération, plus diplomatique que technique, et il s’avéra qu’elle avait eu raison car elle revint avec des renseignements sur les personnes établies dans le camp.

Elle distilla les informations récoltées plus tôt. Mais elle leur apprit aussi qu’elle devait quitter la compagnie sur rappel de son ordre qui paraissait avoir grand besoin de toutes ses forces. Cela inquiéta l’arcaniste mais il ne le montra pas. Elle donna quelques noms, prit ses affaires, et se dirigea vers le campement. Le mage salua avec déférence la jeune femme et la regarda partir. Il resta là, pensif et immobile quelques instants, sous l’effet de la surprise de son départ que rien ne présageait, et des quelques révélations faites.

La petite peste avait ouvert la voie il fallait donc en profiter. Toutefois la présence d’un autre membre du clergé de Kelemvor intriguait le nécromancien. Cet homme avaient peut être même des informations sur le problème qui les concernait, Enmorien, Tharak et Karan. Il voyait là une possibilité d’obtenir quelques renseignements de dernière heure avant de lancer ses recherches dans la grande bibliothèque du temple. Ce qui intéressait aussi le mage était de rencontrer quelques confrères venus du sud du pays, sur les bords de la Grande mer. De riches marchands les accompagnaient, et même le propriétaire d’un navire volant, joyau tant convoité et symbole de la toute puissance des mages halruéens.

-« Compagnons, Dame Enmorien nous a donc ouvert les portes du camp, allons y si vous n’avez pas d’autres questions. Avec un peu de chance, s’ils vont au temple demain, nous pourrons peut-être nous joindre à leur procession. Et ces histoires de tombes agitées nous divertiront bien un moment dans la soirée.»

Il prit son sac à l’épaule et appuyé sur son bâton se lança sur le chemin en direction du campement.

écidément, ce périple ne se passait vraiment pas comme il le devrait. Chaque tournant de l'itinéraire des comparses révélait son lot de surprises et de d'évènements inattendus. Comment le hasard avait-il pu mettre sur la route de la petite peste un membre de son clergé ?
Alors qu'elle avait pénétré dans le campement à la rcherche de renseignements, ce qu'elle avait trouvé c'était une nouvelle mission.

¤ Je n'ai pas souvenir que la hin vénère Tymora. Or, mise à part avec l'aide de Dame Chance, je ne vois pas par quelle opération cette foutue menteuse aurait pu retrouver les siens. Son ordre rappelle les adeptes qui ne sont pas en mission fondamentale ? N'avait-elle pas parlé il y a à peine quelques jours de l'intrusion de Shar dans les affaires de Mystra ? et cela ne serait qu'accessoire ? J'en doute. ¤

En tous cas, la soi-disant prêtresse avait bel et bien laissé derrière elle le groupe et s'en était allé vers le campement.

Du compte-rendu succinct de la petite étaient apparus deux noms qu'il faudrait assurément retenir. L'un pour ne pas paraître étranger à ce qui se passe dans les environs, le nom du propriétaire du navire halruéen, un certain Skoltan de Tarrasgard.
L'autre pour tenter d'obtenir plus d'informations, Rotthengäl Segtil.
Mais de dernier appartenait à l'ordre dont Enmorien disait faire partie. Il leur faudrait donc rester sur leurs gardes car la peste aurait certainement eu le temps de dresser un bref tableau des circonstances de leur venue à la forteresse.

Continuant à jouer l'homme de main plus que le meneur, Tharak se saisit de son havresac et emboîta le pas du nécromant et s'adressa aux autres voyageurs.

- Allons mes amis, le mage a raison. Nous n'apprendrons rien de plus en restant éloigné de la foule. Il nos faut nous mêler à eux. Prenez des airs de pélerin voulez-vous... Il semblerait que des informations supplémentaires nous attendent en ces lieux. Puis l'assassin se retourna dans le sens de la marche et s'adressa au nécromancien. Sieur Goroth, croyez-vous judicieux d'aller directement nous présenter à un proche de la hin ? Ne craignez-vous pas de nous jeter dans la gueule du loup ? Cette peste ne me dit rien qui vaille. Et son histoire de mission sonne faux à mes oreilles. Je ne serais pas surpris outre mesure de la recroiser sur notre chemin.

Le crinti passa la centaine de mètres qui séparait encore le groupuscule du campement à asséner le sombre humain de nouvelles interrogations. Connaissait-il le propriétaire du navire, au moins de réputation ? Etait-il une personnalité locale ? Les tenues vestimentaires du groupe leur permettraient-elles de se mêler aux pélerins ? Et dans la forteresse ? Comment le mage comptait-il oeuvrer ? Qu'en était-il du plan visant à les faire passer pour des étudiants ? Etaient-ils désormais des pélerins estudiantins en maraude ?

La nuit risquait une nouvelle fois d'être courte. Tant de choses étaient à régler et à caler avant d'entrer dans le vif du sujet.
Enfin, Tharak tenait à mener à bien son intention de rendre visite à quelques pélerins durant leur sommeil, histoire de ne pas perdre ses réflexes et de s'assurer qu'il avait toujours la main.

insi, l'être qu'elle abominait le plus ces derniers jours venait de déserter le groupe, donnant pour unique raison un rappel précipité de la part de son ordre. Se souvenant de l'attitude de la "prêtresse" un jour auparavant, Luna se dit que le "rappel" n'était qu'un prétexte inventé à la va-vite. Sans doute Enmorien s'était trouvée une occupation qu'elle jugeait plus importante, et avait par conséquent décider de quitter le groupe, n'apportant que peu d'importance aux conséquences de son départ précipité. Mais après tout, quelles conséquences? Luna ne regretterait certainement pas le départ de cette halfeline perfide, et elle ne pensait pas que le groupe se lamenterait de cette "perte".

¤Au moins, ce sera un danger potentiel de moins. Strictement rien que l'on pourrait regretter.¤

Le plan inventé par l'ex-membre de la compagnie avait eu du bon. Ils en connaissaient désormais plus sur ce qui se passait dans les environs. Apparemment, les occupants du navire volant ne semblaient pas présenter un danger majeur pour le groupe, et ils disposaient à présent d'un "informateur", du nom de Rotthengäl Segtil, qui était une connaissance de la halfeline et qui semblait pouvoir leur donner quelques informations utiles, ou bien un peu d'aide. Cependant, ces informations venant de la prêtresse, il valait mieux se méfier. Avec elle, on ne pouvait jamais être sûr.

Le demi-drow semblait également, à haute voix, partager ses inquiétudes, et cherchait conseil auprès de Karan. Marchant à ses côtés, Luna décida de répondre à la place du mage.

-Nous savons tous ici que nous fier aveuglément à chaque phrase prononcée par cette traîtresse serait de la folie, pour ne pas dire du suicide. Toutefois, il m'étonnerait que son dernier conseil soit un piège. De toutes façons, nous n'avons pas bien le choix. Si nous ne voulons pas rester ici indéfiniment, à nous demander la chose qu'il vaudrait mieux faire, nous devrions rendre une petite visite à cette personne. Qui sait, nous apprendrons peut-être des choses d'importance?

Avisant qu'ils devaient dès à présent essayer de ressembler de manière un tant soit peu convaincante à d'humbles pèlerins venus rendre une visite à la déesse de la magie. Elle rabattit donc son chaperon sur sa tête et referma sa grande cape sur elle, de manière à camoufler tout ce qui pourrait ressembler à une arme, et à se fondre dans a foule avec discrétion.

-Mais comme notre ami Tharak l'avait si bien signalé, ce serait une bonne idée d'emprunter quelques habits à ceux auxquels nous souhaitons ressembler. Cela nous apporterait un peu de crédibilité en plus.

Luna sourit. Après un jour presque entier d'inaction sur ce maudit tapis, la vraie "journée" commençait enfin.

Troisième jour de la Flétrissure, Anno : 1372
Lieu : Forteresse de Talathgard
Météo : Première fraîcheur après une journée étouffante.
Moment : Début de soirée

Les questions de Tharak et les réflexions de Luna, si elles semblaient pressantes et pesantes à Karan, avaient amené ce dernier à rechercher au fond de sa mémoire des indices et connaissances. Il avait beau remué sa mémoire de fond en comble, il n'avait jamais entendu parler de ce "Skoltan de Tarrasgard". Mais le mage n'avait jamais vraiment porté d'intérêt aux titres et aux nobles, qui, pour peu qu'ils sachent lancé quelques tours de magie de débutants, s'attribuaient des titres et obtenaient des terres. Le plus souvent, ils ne mettaient jamais les pieds dans les-dites terres, quelques hectares de désert ou de pentes infertiles bien loin des affaires trépigantes d'Halarah ou d'Halagard.

Néanmoins, le patronyme du chef de la caravane avait de quoi être remémorer. Tarrasgard, ou la forteresse de la Tarrasque, était un nom étrange et d'augure funeste. Quelque abruti qui eut créé ce nom, il fallait être inconscient pour ne pas changer le titre lorsque l'on en héritait.

C'est sur ces réflexions que le groupe arriva au campement. Une gaie animation y régnait, et les aventuriers entendirent la musique, les rires et les chants qui provenaient de plusieurs endroits. Personne ne semblait surveiller les tentes ni le campement, et, sans même déployer des efforts prodigieux, Luna, Elwë, Tharak et Karan parvinrent jusqu'au coeur du campement sans que personne ne les remarquent. Sur leur gauche, une grande tente sur laquelle l'étendard au livre ouvert flottait était montée, les battants grand ouverts laissaient sortir le bruit d'un repas animé (et vraissemblablement bien arrosé). Sur la droite, une série de six petites tentes circulaires se montrait, et seules deux des six tentes étaient éclairées, mais silencieuses. Entre trois d'entre elles, cinq personnes chantaient autour d'un feu de camp. Leurs voix portaient les accents de la noblesse d'Halruaa, et eux aussi semblaient avoir goûté plus que de raison au vin. Enfin, juste devant les aventuriers, un vieil homme priait dans le noir, agenouillé devant une icône. La peinture de celle-ci lançait d'étranges reflets argentés à la lumière de la lune.

’entrée du petit groupe dans le camp était passée inaperçue sans trop d'efforts de la part des comparses, les occupants étant bien trop occupés à ripailler. Ces derniers ne paraissaient d’ailleurs guère enclins à se méfier de leur prochain. C'était en tous cas ce que laissait présager leurs priorités de la nuit.
L’ambiance au sein du campement était bel et bien à la fête et au regard de l’état parfois déjà avancé de la plupart des pèlerins, le petit groupe pouvait, sans précaution particulière, deviser de façon presque normale.

Il fallait, selon le crinti, profiter de la situation pour apprendre nombre d’éléments susceptibles d’être exploités afin de se noyer avec aisance dans la masse qui pénètrerait bientôt au cœur de la forteresse. A la vue d’un petit rassemblement de tentes devant lequel le groupe passait lors de sa progression dans le campement, Tharak imagina un plan qui permettrait certainement au groupuscule de faire quelques pas plus avant vers son immersion dans la communauté pèlerine.

- Regardez ce groupe de tentes à droite. Je vous propose de nous séparer. Avec l’aide de l’un d’entre vous, je me glisserai dans l’une d’elles au moins à la recherche de vêtements de rechange pour nous tous. Pendant de temps, que les autres pénètrent dans la grande tente de l’autre côté et glanent autant de renseignement que possible sur ce qui se prépare ici.

Retrouvons-nous par ici dans une heure et nous aviserons de la suite des évènements.

Laissant à ses partenaires le temps d’assimiler sa proposition, l’assassin s’enquit, après quelques secondes, de leur opinion au sujet du plan qu’il venait d’exposer

- Alors ? Qui m’accompagne ?