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Etincelle Sacrée
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Habitant des Royaumes
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'auberge du Souffle de Glace, quartier général et sanctuaire des Braises Dansantes, un des bastions du clergé Kossuthien.
Etage supérieur, après l'escalier de bois brunâtre aux angles arrondis et ciselés par le temps, se dresse un tapis de dalles. Trois niveaux plus bas, se tient la salle commune et ses nouveaux clients, qui font s'élever leurs voix en les envoyant se perdre dans le calme troublant des appartements sacerdotaux.
Le long du couloir, maintes portes d'un bois noueux s'élèvent platement, sans originalité, sans surprise, en se succédant dérisoirement. Derrière chacune d'entre elles, repose un fidèle, louant le Seigneur des lieux par la volonté duquel tout semble sordidement résonner.
Au fil des ombres luminescentes de l'étage, apparaît une porte gravée d'une larme d'eau plongeant dans un brasier expansif, que l'on croirait prêt à avaler l'immensité du ciel si l'inscription n'eu pas été si discrète. Dans cette alcôve aux parois glacées, repose un prêtre aguerri, dans la beauté et sous le joug mélancolique de ces instants de solitude dérobés.
La pierre froide qui se répand sur le sol martèle doucement son visage, alors que ses sens se réveillent. La paille dressée face à l'homme lui fait dire qu'il a passé ces longues minutes, qui pèsent plus encore que le temps avance pour former des heures, à siéger sur le sol dur et inconfortable de la cellule.
Dehors des pas retentissent et claquent les dalles, dans le couloir avance une silhouette élancée et soigneusement entretenue. L'éminence s'arrête face à la porte marquée de la larme en péril, ses longues bottines de cuir absorbent un pantalon noir, et une chemise d'un satin de jais recouvre son torse. De ses épaules tombe une longue mante de velours ocre au centre de laquelle siège le symbole de Kossuth. Enfin, deux gants de cuir ornent ses mains, qui viennent ouvrir la porte en un cliquetis, suivi d'un profond soupir.
Le sombre Sire de Faya se tient face au prêtre, le regard froid et austère. Sa moustache s'agite animée par un rictus nerveux et sa voix vient troubler le silence résonnant. - Ignus, tu es appelé à servir le Seigneur des Flammes, recueillement et méditation t'attendent, réponds-tu présent ? Derrière, se tenant de chaque côté de la porte, deux gardes chargés de la protection du légat patientent. Ici s'amorcent les premiers pas de celui qui demande la lumière.
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Un réveil difficile, un sol glacé, une douleur intense à l’arrière du crâne, une étrange sensation d’avoir été à nouveau trahi par des soit disant fidèles de Kossuth. Tous ces facteurs réunis rendaient le prêtre colérique qui n’était pas joyeux de nature. ¤Où suis je ? …Hmmm … Cette douleur… J’ai mal au crâne… Quel est cet endroit ? Hmmm.¤ Tous ses sens ainsi que son esprit étaient perturbés. Ce sont des bruits de pas qui le ramenèrent à la réalité, sa vue revenait lentement, des images se formaient petit à petit et il vit la dernière personne avec qui il avait parlé avant de se retrouver ici.
Pendant que le Sire de Faya s’exprimait, le rashémi en profita pour se relever et admirer le lieu dans lequel il se trouvait. ¤Ce doit être une blague. Il se moque d’Ignus ? Il ne m’a pas écouté…¤. -Ignus est appelé à servir le Seigneur des Flammes ? Sachez que je sers le Grand Kossuth depuis ma naissance, je suis son éternel serviteur, n'oubliez pas qu'il est entré en contact avec ma personne, et non l'inverse… Il soupira un bref instant avant de montrer sa détermination. -Si je me retrouve parmi vous, ce n'est que pour de simples raisons. Accroître mon pouvoir, montrer à quel point je suis fidèle et dévoué envers lui, et je vous le montrerai, car Kossuth le sait déjà. J’ai longtemps rêvé de trouver de nombreuses personnes réunies qui partagent ma foi, et je vous ai enfin trouvé. C’est un grand honneur pour moi de me recueillir et de méditer à vos côtés.
Dire que cet humain, si fanatiquement poussé à servir son dieu jusqu’à la mort, est sincère et déterminé est un euphémisme… -Je suis prêt à vous suivre, je passerai toutes les épreuves auxquelles vous voulez me soumettre sans mot dire.
Le prêtre croisa les bras et fit un pas en avant l’air serein. Puis à voix basse, il glissa quelques mots à son interlocuteur sans le regarder, son regard était plongé au loin, comme s’il cherchait à voir ce qui l’attendait. -J’espère pour vous qu’il n’arrivera point malheur à la petite Malice. Si quelque chose arrive à cette petite chatte, je risque d’être contrarié…
Celui qui endure construit sa force... Nous naissons tous fou, seul certains le demeurent...Réputation -1.5
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Habitant des Royaumes
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Le sire fixe droitement le novice pour écraser ses paroles du regard.
- Cesse donc de parler, agis. La vantardise n'est pas la qualité du pieu. Tu auras le temps de prouver ta valeur, à présent cesse de troubler la tranquillité des prêtres qui se recueillent autour de nous. Le lieu a été sanctifié de la main de Ses fervents. Allons, et ne te troubles point pour ta compagne, elle est traitée avec soins.
Le grand homme avance sans donner signe du départ et les gardes suivent Ignus, qui forme à lui seul le cortège cérémoniel. L'éminence et son escorte forment un éperon qui glisse silencieusement dans le dédale de couloirs. Après quelques tours, leur progression est arrêtée par une porte close gisant au bout d'un couloir peu profond.
Les deux gardiens tournent le dos à leur protégé et au prêtre, laissant derrière eu la limbe assombrie par le teint noir que recouvrent les murs et le trop faible éclairage qui en ressort. Le couloir prend forme, pour les deux protagonistes, d’une liane pendue et partant se perdre dans les profondeurs d'un puit. La liane qui guidera le fidèle vers la profondeur de son coeur.
Messire de Faya glisse jusqu'à la porte aux côtés du novice qu'il parraine pour l'occasion, aidant l'âme nouvellement éveillée à faire ses premiers pas vers la voie de la dévotion. Les mouvements de ses jambes se couplent à ceux d'Ignus, puis se coupent. La main droite se dénude et laisse son enveloppe charnelle scarifiée paraître timidement pour se poser contre le symbole qui orne la porte. Un triangle tourné vers la droite s'illumine comme si la lave coulait en ces gravures qui le forment, la porte s'écarte.
Le légat se tourne vers son filleul en esprit et lui annonce.
- Voilà où tu puiseras la source de ta flamme, où tu tireras l'étincelle qui embrasera ton coeur et où tu trouveras la Foi qui attends cachée en toi. Le discours est lent, spirituel, repris, dit la légende, des paroles sacrées qui accompagnèrent la formation par Kossüss lui même du premier des premiers fidèles. Rien ne viendra souiller ton âme comme ton corps. Tu affronteras seul les démons de ton passé pendant une nuit et une journée, et tu chercheras les raisons qui t'auront mené à vouloir, avec notre Seigneur et son élément, communier.
Sans un mot de plus, il s'efface en remontant le couloir. La porte se referme au passage du prétendant à la voie des braises, pendant qu'ouvre ses bras l'ombre qui mène à la lumière....
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Le rashémi, sans une seule parole, suivit son parrain d’un soir. Il ne prêtait guère attention à ce qui l’entourait, ses yeux n’étaient ouverts seulement pour suivre les pas du Sir de Faya, sa concentration était centrée sur ses pensées. Il marchait tel un pantin qu’on contrôle à l’aide de fil invisible et qui n’a point de volonté d’agir par lui même, un peu comme toutes sortes de golem… ¤Ignus est soulagé. La petite Malice est en sécurité, elle doit être bien traitée, ces hommes ont l’air d’être de bonne foi et n’ont pas l’air méchant, je n’ai donc aucun soucis à me faire. Je l’a retrouverai plus tard.¤
Sans que son regard ne se détache de ses pieds et qu’il ne trouble sa concentration, le kossuthien adressa ses plus humbles remerciements à cet humain aux airs nobles. -Ignus vous remercie pour ce que vous faites. Prendre soin de mon compagnon à quatre pattes, et également de me permettre de passer un certain nombre d’épreuve pour tester ma foi envers Le Seigneur des Flammes…
L’air de rien, Ignus commençait à apprécier cet inconnu. Certes, leurs regards et paroles échangés n’étaient pas forcément chaleureux ou remplis de gaieté, mais l’un comme l’autre semblaient trouver ce qu’il cherchait, et cela lui suffisait. En quelques sortes, c’est un peu de cette manière qu’il s’est lié d’amitié avec le nécromancien dénommé Flint. Une rencontre dans un bar, un homme tué pour laver un affront pour l’un pendant que l’autre profitait gaiement du spectacle… ¤Ces épreuves vont encore plus forger mon mentale et mon âme, ma foi sera décuplée. Patiente Flint, nous nous retrouverons, et je serai encore plus fort, je serai un homme changé, plus à même de servir nos intérêts et ceux de nos maîtres…¤
C’est alors que la douce voix solennelle du Sir de Faya lui fit ouvrir les yeux pleinement et s’intéresser sérieusement à ce qui l’entourait. De grandes portes magnifiquement décorées s’ouvraient devant lui, lui laissant voir ce qu’elles renfermaient. Une salle dans laquelle il se retrouverait seul pendant vingt quatre heures. Seul ? Non, ses pensées, son dieu et ses souvenirs seront présents avec lui jusqu’à la fin de cette épreuve…
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La pièce est triangulaire, la pointe est tournée vers le Sud, elle aussi. Les rayonnements sont ineffables, la lumière peu présente. Une lourde atmosphère pèse, beaucoup ont ici combattus leur passé, les démons qui s'y tapissent, leurs craintes, et avoués leur foi et leur amour envers leur Seigneur ou l'on au contraire dénigré.
Une canalisation longe les murs, les cliquetis d'un liquide inflammable en émanent, à l'entrée et à la sortie du fossé rempli siègent deux glyphes. Les deux pierres sont gravées d'un symbole indiscernable du fait de la faible présence de lumière. La langue dont elles sont frappées est antique, mystique langage des premiers fidèles...
Au centre du triangle se trouve une robe rouge et noire, sur laquelle les deux couleurs évoluent en spirale. Le rouge pour la flamme sanguine, le noir pour le néant qui la précède. Feu est création. On nomme le vêtement cérémoniel, la « Gardienne Maculée ». Première robe des fidèles, son nom symbolise la pureté que les Kossuthiens tentent d'atteindre par de telles épreuves. L'épais tissu est lourd, contenant la chaleur, tout comme les murs de la cellule recluse, se maculant des émanations vaporeuses qui ne tarderont pas à faire leur entrée, gardant pour elle toute la chaleur, amante possessive et jalouse...
Lorsque le fidèle se dévêtira pour la revêtir, les glyphes s'illumineront et feront naître le feu dans les canaux. Rédemption et ascension sont oeuvre de patience.
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Quel bon moment et quel intense plaisir pour un fidèle de s’entretenir seul dans le calme et la tranquillité avec sa divinité. L’intimité, c’est un mot qui pourrait également bien convenir à la situation, le rashémi allait pouvoir partager avec le puissant seigneur des flammes ses pensées et ses désirs les plus intimes. Il allait aussi pouvoir demander pardon pour se laver de tous pêchés qu’il aurait pu commettre dans le passé ou qu’il allait commettre dans le futur. Tout ceci prendrait du temps, et du temps, il allait en avoir…
Ignus contemplait la petite salle triangulaire dans laquelle il allait passer les prochaines vingt quatre heures une fois qu’on ait refermé les portes derrière lui. Lumière tamisée, une chaleur éprouvante, une robe de cérémonie, une pièce si joliment décorée pour ce genre d’occasion, tout ceci pour un homme seul, seul avec son inconscient. Il se plaça lentement vers le centre de la pièce en scrutant chaque recoin, chaque détail ou décoration des trois murs qui l’entouraient, avant de s’attarder sur le plafond et de finir avec le sol.
Les deux glyphes attirèrent son attention, ou plutôt les mots qui étaient gravés dessus. Ces mots écrits dans la langue de ses pères, de ses ancêtres. Un dialecte qu’il connaissait bien et qu’il affectionnait tout particulièrement, mais malheureusement pour lui, il ne la parlait pas, il ne l’écrivait pas non plus et la comprenait encore moins. C’est une chose à laquelle il désirait ardemment remédier au plus vite…
Laissant se poser ses yeux sur la robe de cérémonie entreposée sur le sol, il posa un genou à terre et laissa son regard se perdre dans le subtile mélange de couleur de ce vêtement. L’idée de porter une telle chose dans un moment aussi particulier que celui ci n’était pas pour lui déplaire, bien au contraire, c’était pour lui un immense honneur. C’est en silence et avec légèreté qu’il ôta les vêtements qui lui restait. Il commença par enlever doucement ses souliers qu’il déposa avec soin sur le sol. Il enleva ensuite son pantalon qu’il plia avec les mêmes soins. Il reprit ses vêtements qu’il redéposa devant les grandes portes de cette petite salle.
Il revint se placer au centre de la pièce où attendait cette magnifique robe d’être enfilée. Il la ramassa puis plaça lentement sa tête à l’intérieur avant de mettre ses bras dans leur emplacement prévu. La longue robe épaisse recouvrait la totalité de son corps. Même si, avec cet accoutrement, la chaleur se faisait plus intense, il caressa le tissu du bout de ses doigts avec un léger sourire aux lèvres.
Les yeux fermés, il s’assit en tailleur au centre de la pièce, joignant le creux de ses mains l’un contre l’autre. Il respirait lentement, plongé dans sa tranquillité, essayant d’oublier la forte température de la pièce, se concentrant sur ses souvenirs, sur ses envies, son devoir, et sa foi. Il était fin prêt à se livrer, fin prêt pour sa prière d’ouverture de son épreuve…
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Les inscriptions gravées sur les glyphes s'illuminent. L'atmosphère devient abrasive, des flammes jaillissent des cannaux irrigués de l'onguent inflammable.
Les premères confessions de l'esprit fidèle pouvait prendre forme.
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En tête à tête avec ses souvenirs, en tête à tête avec son dieu, dans la plus grande intimité, il chanta les louanges de Kossuth sur un rythme posé et mélodieux. -Ô toi le grand seigneur des flammes, Toi à qui appartient mon âme, Donne moi la force de surmonter, L’épreuve qui m’a été donnée.
Je jure de toujours te servir, Et de t’offrir mon avenir, Je suis ton fidèle instrument, Et ce jusqu’à la fin des temps.
Utilise moi selon tes souhaits, Je réaliserai tes projets, Dès que j’entendrai ton appel, Je tuerai tous ces infidèles.
Certains désirent comprendre ma foi, Voir mon dévouement pour toi, Si ta force tu peux me donner, Je te promet de leur montrer…
Au terme de sa prière, il resta immobile, un grand silence régnait dans la pièce, ses yeux toujours clos, il patientait. Son vœu le plus cher était de s’entretenir une nouvelle fois avec sa divinité, mais cette fois ci, il espérait être conscient, ne pas communier dans ses songes, même si cela était déjà un immense honneur… ¤L’épreuve peut donc commencer, je ressens déjà la chaleur s’installer dans ce linge. J’apprécie l’instant présent, je vais pouvoir méditer en toute quiétude, et penser… Je vais devoir faire des choix, j’utiliserai le temps qu’il faudra pour prendre la meilleure décision. A mon passé je repenserai, mon présent je vivrai, et à mon futur je me préparerai…¤
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Au fur et à mesure que le temps passait, les souvenirs du prêtre affluaient dans son subconscient, se mélangeaient, puis prenaient forme pour de nouveau raconter une histoire autour d’un seul homme. Il s’attarda sur l’un d’eux en particulier qui n’avait sans doute pas une grande importance pour son existence mais qui avait à jamais marqué son esprit.
C’était il y’a déjà huit années de cela, lorsqu’il errait encore dans les royaumes, il se trouvait dans la région thayenne dans les montagnes de Pyarados. Il avait marché pendant des heures entières affrontant une pluie battante avec pour seule protection sa toge à capuchon devenue grisâtre à cause de la durée de son voyage et des intempéries. A bout de souffle, accablé parla faim et la soif, il arriva enfin aux portes de la cité de Pyarados où quelques rayons de soleil avaient fais leur apparition annihilant les dernières gouttes de pluie. Une cité agitée, du bruit, beaucoup de bruit, beaucoup de gens parle sans retenue, d’autres crient du bout d’une ruelle à une autre pour se faire entendre de leur compagnon, tandis que d’autres s’injurient avant de régler leurs différents par les poings.
C’est au près de la première auberge qu’il aperçu qu’il pu trouver gîte et couvert accompagnés d’une certaine dose de réconfort. Il prit place à une table inoccupée et éloignée le plus possible des autres clients pour avoir la paix. Il déposa sa toge crasseuse sur le dossier de sa chaise et demanda à ce qu’on lui serve le plat du jour. Son premier vrai repas depuis plusieurs semaines, c’est avec un plaisir sincère qu’il le savoura avec ferveur. Pendant qu’il dégustait ce qu’il considérait comme un met de roi, un jeune enfant en culotte courte se posta devant lui l’observant l’air intrigué. Ignus, dans son indifférence et son calme naturel, ne réagissant point, garda toute sa concentration sur sa royale nourriture. Le bambin, le doigt posé sur sa bouche entrouverte, contemplait les quelques brûlures et autres cicatrices visibles sur le corps du rashémi. Après quelques minutes d’hésitation, il s’approcha du grand homme si solennel et tira doucement sur le pantalon de ce client si intéressant. Ignus déposa délicatement ses couverts et tourna la tête vers l’insignifiante chose qui le dérangeait sans mot dire.
C’est avec une certaine dose de peur et d’émerveillement que le jeune garçon se mit à parler sans ôter le doigt de sa bouche mais utilisant un de son autre main pour désigner ce qui l’intriguait. -Comment t’as fait ça ? Le petit curieux voulait bien sûr parler de tout ce qu’avait endurer la peau du corps du prêtre lors de ses entraînements et de ses batailles. Mais Ignus ne savait pas vraiment expliquer les choses clairement, surtout pour un petit garçon. -Ignus porte sur lui la marque de son entraînement. Cela m’a permis de maîtriser la puissance de l’énergie du feu. Le plus puissant parmi les quatre éléments…
Et comme l’aurait fait n’importe quel enfant avide de savoir, le petit garçon demanda au grand homme, sans jamais ôter le doigt de sa bouche : "Pourquoi ?" -Afin de servir mon dieu, le puissant seigneur des flammes, afin de l’honorer et de le servir à jamais. -Pourquoi ? -Car tel est mon destin. Tel est mon choix. Mon but est de faire en sorte qu’il se sente vivre sur cette terre. Sur cette terre où il a été appelé par des personnes avides de pouvoir, des personnes qu’il a à juste titre châtié sans aucune pitié. Je veux continuer ce qu’il a entreprit ici, je veux faire comme lui, je veux devenir lui, devenir un être parfait. Mais avant cela, j’aimerais trouver des êtres ayant les mêmes buts et mêmes idées que moi, et prouver au monde entier que le grand Kossuth est le seul qui mérite d’être honoré, le seul à qui on peut et on se doit de lui offrir sa vie… -Pourquoi ?
Le petit garçon n’eut pas de réponse. Le prêtre finit tranquillement son repas jusqu’à la dernière miette afin de prendre des forces pour ce qu’il projetait de faire. Le jeune garçon n’avait pas bougé, il observait toujours ce grand homme avec son petit doigt au coin de la bouche. Ignus se leva, puis reprit sa toge crasseuse sur le dossier de sa chaise, se tourna vers le petit être en posant sa main gauche sur l’épaule du petit. -Tu as tant de choses à apprendre mon petit, suis moi…
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Ignus venait de trouver en cet enfant une personne à qui il pourrait transmettre son savoir ainsi sa foi, un être qu’il allait former à devenir, comme lui, un éternel serviteur du maître des flammes. Le ciel s’était éclaircit, quelques rayons de soleil refaisaient leur apparitions à travers les épais nuages qui commençaient à lentement disparaître grâce à la petite brise qui s’était levée. Le jeune garçon suivit le prêtre hors de l’auberge et vinrent tous deux s’asseoir sur le bord d’une murette. Il observait toujours avec autant de fascination l’homme qui allait devenir son professeur et qui s’apprêtait à lui apprendre de nombreuses choses, mais avant cela, un détail technique devait être réglé. -Comme tu as du le comprendre, mon nom est Ignus, et si tu le désire, tu vas devenir mon élève. Mais dis moi petit, quel est ton nom ? Parle moi un peu de toi. -Je m’appel Accar, j’ai huit ans. Je vis avec mon père dans une ferme, ma maman est morte en me mettant au monde. Et je veux bien apprendre ce que tu sais, ça fera plaisir à mon papa.
Le rashémi n’était pas vraiment satisfait des paroles de son nouvel élève, certains mots lui avaient déplus, mais en tant que professeur, il était de son devoir de corriger cela. -Et bien je suis enchanté de te connaître mon petit Accar, mais vois tu… Tu viens de commettre ta première erreur. En effet, si tu veux suivre mon enseignement, ce n’est pas pour faire plaisir à quelqu’un, ou pour prouver quoi que ce soit, mais seulement parce que tu le désire ardemment, parce que tu souhaite connaître l’étendue de ta foi et la voir s’amplifier avec le temps. Et peut être même qu’un jour, ta foi sera devenue si grande et si forte, que le grand Kossuth lui-même t’honorera à sa manière, chose que tous fidèles dignes de le servir souhaitent. Alors ? Veux tu que je fasse de toi mon élève ? -Oui, maître…
Ignus hocha lentement la tête en signe d’approbation en fermant les yeux, et c’est de cette façon qu’aussi incroyable que cela puisse paraître, le prêtre qui ne montrait sous aucun prétexte un quelconque sentiment s’attacha à un enfant qui avait pour lui, au départ, aucune importance. Le rashémi savait ce qu’il faisait, mais il lui restait une dernière chose à accomplir avant de s’occuper du jeune Accar, il voulait être sûr que rien ne viendrait le perturber pendant la période où il serait aux côtés de cet enfant. -Avant de commencer, nous devons aller voir ton père et lui expliquer ce que nous allons entreprendre ensemble, conduis moi jusqu’à lui. -Oui, maître…
Le jeune garçon se mit en marche et le prêtre le suivait de près. Après une vingtaine de minutes de marche, ils arrivèrent enfin près d’une grange où se trouvait non loin d’elle une petite maisonnette derrière lesquelles se trouvaient d’immenses champs. Un homme vêtu d’un court pantalon brun, d’une chemisette au ton bleuté et d’un chapeau de paille labourait l’un de ces champs sous un soleil qui venait de se délivrer des ces nombreux nuages. -Le voilà, dit le jeune garçon au rashémi en courant vers son père. Le fanatique marcha lentement jusqu’à l’homme qu’il recherchait et quand il arriva enfin à sa hauteur, il s’adressa à lui toujours avec son calme et sa franchise naturelle. -Bien le bonjour monsieur, je me nomme Ignus, et je viens en personne vous informer que qu’à partir de maintenant, c’est moi et moi seul qui m’occuperai de votre jeune fils.
Etonné, ne comprenant guère ce qui était en train de se passer, l’homme lâcha l’ustensile qui lui servait à labourer son champ et balbutia quelques mots. -P..P…P…Pardon ? Ignus soupira légèrement, la tension commençait lentement à monter mais il garda son calme. -Je n’aime vraiment pas me répéter, mais sachez qu’Accar me suivra désormais, je l’éduquerai, lui transmettrai mon savoir ainsi que ma foi et le formerai à devenir un grand serviteur du maître des flammes afin qu’il l’honore avec ferveur et ce jusqu’à la fin de ses jours. Sachez qu’il a prit seul sa décision. L’homme, toujours étonné, ne sachant quoi dire, regardait son fils qui lui souriait aux éclats, et se contentait d’écouter la personne qui lui enlevait son enfant. Je ne suis en rien responsable à ce qui se produit, c’est lui seul qui est venu me trouver pendant que je me nourrissait à l’auberge du coin. Il m’a abordé, nous avons brièvement discuté, et me voilà face à vous.
Ignus fit une pause laissant le temps à cet homme d’assimiler et de comprendre tout ce qu’il était en train de dire. -N’ayez point d’inquiétude, il ne lui arrivera rien s’il respect mes consignes, qu’il écoute ce que je lui dis, et qu’il fait sérieusement ce que je lui demande. Il endurera beaucoup de choses pour son bien, cela renforcera son mental et son corps, car, comme je le dis souvent : celui qui endure construit sa force. C’est un garçon fort mentalement et puissant physiquement qui vous reviendra si vous me laissez m’occuper de lui.
Ne sachant vraiment pas où il en était, le père d’Accar lâcha quelques mots, sans vraiment y réfléchir, en ayant le regard vide plongé vers le sol... -Vous pouvez vous installer dans la grange jusqu’à votre départ. Puis il se retourna, ramassa son outil et se remit au travail machinalement. Ignus venait d’obtenir l’approbation du père, il n’avait plus qu’à commencer…
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