Les esclaves, Eltabar

Assise aux côtés de Lyaël dans de somptueux fauteuils, Omsath ne s'était jamais sentie aussi bien de toute sa vie. Elle avait sentie qu'une puissante magie prenait possession de son esprit alors qu'elle se trouvait en compagnie de Lyaël dans la salle de bains mais n'avait pas réussie à y résister. Depuis cet instant, tout autour d'elle lui paraîssait magnifique. Lyaël et elle avaient été massées puis vêtues de robes magnifiques avant d'être conduites dans un salon somptueusement décoré. L'arrivée de l'elfe Daleto ne changea en rien le sentiment de bonheur de la jeune prêtresse de Heaume, pas plus que l'arrogant discours de Savvir Phen. Bien que sous le charme, Omsath était encore capable de raisonner bien que ses pensées étaient embrouillées.
¤ Alors Ramas Fezim va enfin nous donner des explications sur la raison de notre présence ici. Quel homme charmant. C'est vraiment une immense opportunité que d'avoir pu rencontrer ce mage thayien. J'espère pouvoir lui rendre service afin de le remercier de son accueil. ¤

Elle ne savait pas pourquoi ni comment mais elle n'arrivait pas à percevoir le mage rouge comme le tortionnaire qu'il était assurément. Il avait fait preuve de cruauté... et alors? Il devait avoir une raison valable car, après tout, un homme aussi bon que lui n'était pas cruel sans raison... Les pensées se mélangeaient dans la tête de la thétyrienne tant et si bien qu'elle décida d'arrêter de réfléchir à tout cela et de profiter du luxe des lieux en se servant dans une coupe à fruits située tout près d'elle.
¤ Cette banane m'a l'air délicieuse. ¤ pensa-t-elle en se saissisant du fruit et en commençant à l'éplucher afin de pouvoir la dévorer.

Quelques instants plus tôt, Omsath avait entendue sonner le carillon. Mais même cela n'éveillait rien en elle, juste un vague souvenir de ses compagnons de la Compagnie des Marches. Ils devaient venir dans la villa du seigneur Fezim eux aussi, alors pourquoi n'étaient-ils pas encore là? Entendre le mage elfe s'adresser au colosse chauve sortit quelque peu la suivante de Heaume de sa torpeur.

- Pourquoi lui parle-t-il comme s'ils étaient amis? Cette brute ne l'a-t-elle pas maltraité à plusieurs reprises déjà? J'y suis! Tout comme le seigneur Fezim, Karth a frappé Daleto pour son bien. Quel individu prévenant et pétri de bonnes intentions...

Malgré l'effet de la magie sur elle, cette dernière pensée n'arrivait pas à trouver un écho favorable dans l'esprit de la prêtresse. Il lui était impossible d'assimiler Karth à un être bon et droit contrairement à monseigneur Fezim... Croquant de nouveau dans sa banane, la servant de Heaume laissa ses pensées vagabonder vers d'autres choses beaucoup plus agréables, comme le ravissant sourire de Lyaël...

S'étant aperçu que la cloche avait sonné six fois, il se dit que cela devait plus correspondre à l'annonce de l'heure qu'à un rassemblement religieux autour d'une bonne brochette. De plus, il pouvait y avoir de nombreux sons autres que la cloche d'un temple enflammé qui pouvait annoncer l'heure. S'aperçevant que cinq chauves tatoués circulaient sur la place, il eut une autre idée. Se disant que, raisonnablement, il vaudrait mieux que ce ne soit pas lui qui se charge de cette mission, ni son ami forestier qui, visiblement trop atteint par la difficile comestibilité de la cuisine Thayenne, parlait encore moins que d'habitude, il pensa à son amie polaire.

- Hé, Gugu, tu devrais demander à un chauve si possible pas trop tatoué si il connait le temple de ce dieu et, et ensuite, ET SEULEMENT ENSUITE, au cas où le mage ne serait pas aprécié dans le quartier, la demeure de Ramas Fezim, on ne sait jamais.
En plus, il y a pas l'air d'avoir de boite en ferraille du genre de la chevaliere du vermillon. Ces gens là ont souvent des armes avec eux, et comme ils les possédent en général parce qu'ils savent s'en servir, c'est plutot sympa de pas avoir à s'adresser à ces "barbares". Ce sont tous des enrobés pas rouges, donc pas de mages si j'ai bien compris, alors ca devrait le faire aussi. De toutes facons, on reste là. On est pas loin. Tu t'inquiètes pas car si il décide de se casser du glacon, j'te jure qu'il aura affaire à nous, le Thayen.

a naine se tourna vers le barbare qui lui demandait d'aller parler avec les autochtones. L'euphorie déclenchée par le mélange de l'alcool et de la situation étrange combla le début d'ire de la prêtresse qui aurait largement préféré rester couché sous l'arbre à cuver l'alcool bizarre qu'elle avait ingurgité dans l'auberge. Elle lui procura même une petite envie de rire et de se moquer de Naskyrien.

- Dis donc mon petit, euh grand Nasky, c'est qui l'esclave de l'autre? C'est qui donne les ordres donc? Mais allez je suis gentille je vais faire ce que tu me demande.

La naine s'approcha donc du premier passant, qui passait justement. Elle le tapota doucement au niveau des reins pour marquer sa présence. Elle se demandait ce qui poussait les gens locaux à se raser et à se peinturlurer ainsi. Elle devait avouer qu'elle trouvait cela très laid et qu'elle préférait largement la coiffure de son camarade rashémi, même si il avait le défaut d'être imberbe. Mais elle se dit que poser ce genre de questions ne faciliterait pas la discussion. Elle commença donc la conversion espérant que le passant était assez cultivé pour parler la langue commune.

-Excusez-moi, monsieur. Je viens de loin pour voir une connaissance, un mage rouge. Je ne connais pas son adresse exacte mais je sais qu'il se trouve à proximité du temple du dieu du feu, où j'aimerai d'ailleurs aller prier. Pourriez-vous m'indiquer le chemin pour y parvenir? Au fait, vous connaissez peut être la personne que je veux rencontrer, même si il n'a pas encore la réputation qu'il mérite, il se nomme Ramas Fezim.

Tout en prononçant ces mots, Gunlann priait Ulutiu de lui pardonner le mensonge qu’elle venait de prononcer, qui finalement n’en était pas vraiment un. À part pour l’envie de prier Kossuth et une exagération de leurs liens ce qu’elle venait de dire était vrai.
Ô î ’ ’ é è é ê

Conversation

Naskyrien, Gunlann, Baltanin

L’individu regarda la naine qui s’adressait si poliment avec une surprise qui ne cachait en rien son dédain.
Cependant il fut assez aimable que pour répondre dans un commun ponctué par l’accent local.

- Je ne connais pas Monsieur Fezim, mais si vous désirez rejoindre le temple de Kossuth, je vais vous indiquer le chemin. Ce qui semblait être un artisan de qualité, de par sa tenue, riche et soignée et par la mallette de cuir qu’il portait d’où sortait un étrange instrument de mesure, désigna une petite ruelle qu’on devinait au sud ouest de la place triangulaire. « Suivez cette ruelle et prenez la première à droite. Vous vous trouverez sur la place du Temple de Baine. Face à l’entrée, il y a deux rues : la première est un cul de sac, mais la seconde vous conduira au travers d’une ‘traversée’ le long de la ‘Spirale ‘. Longez le canal, traversez la place et le pont, vous arriverez dans l’avenue de ‘l’Académie’ qu’il faut remonter vers le nord. Vous ne pourrez pas vous tromper, face au palais de la Tarshion, le fier Temple de Kossuth trône sur une place circulaire. »

Karth n’avait pas vu le temps passer avec son entrainement, mais maintenant il était là dans cette pièce, en compagnie de ces personnes. Les mêmes personnes que le Seigneur Fezim avait voulu traiter en esclaves. Et maintenant il était évident qu’il les traitait en invités, quoi qu’en dise Savvir Phen. La beauté des deux jeunes femmes dans leurs robes à la mode thayennes l’avait agréablement surpris. Mais l’odeur entêtante qui flottait dans la pièce était dérangeante. Elle n’était pas désagréable, mais trop prononcée.
C’est alors que l’elfe se mit à le remercier. Inutilement, puisqu’il n’était nullement à l’origine du traitement de faveur offert aux deux jeunes femmes. Le guerrier regarda le magicien intrigué, son ton était presque amical et bienveillant, Karth n’avait jamais vu aucune personne qu’il avait lui-même molestée s’adresser de cette manière à lui. Mais il se devait tout de même de réparer le malentendu, il répondit alors froidement :

- Je n’y suis pour rien dans le traitement qui a été réservé a ces femmes, elfe.

Une partie de son esprit était soulagé de savoir qu’elles n’avaient pas été traitées si mal qu’il l’aurait imaginé. Mais une autre était intriguée par les réactions bizarres des esclaves. Les mêmes qui quelques heures plutôt se comportaient comme des bêtes en cage, étaient en cet instant, de dociles serviteurs prêt à tout pour le Seigneur Fezim.

¤Il y aurait de la magie derrière tout ça que ça ne m’étonnerait pas… Etrange¤

Aussi étranges étaient les œillades de Savvir, elle qui était le chef de la garde de Ramas Fezim, semblait presque nerveuse. Ou alors était-ce de l’inquiétude ? En tout cas quelque chose la tracassait.
Il s’interrogea une fraction de seconde, puis tout devint clair dans son esprit.

¤Mais au fait, qu’est ce que je fais ici… Seigneur Fezim veut vraiment lier mon destin au leur. Et que nous chargera-t-il de faire ? Est-ce pour ça que Savvir se comporte bizarrement ? Je serais chargé d’une mission d’une importance suffisante pour qu’un chevalier s’en charge... Craint-elle vraiment que je prenne sa place?¤

Cette dernière pensée arracha un sourire au guerrier, il ne manquerait pas de surveiller les réactions de la guerrière. Soudain une once d’impatience refit surface.

¤Vivement qu’on en finisse... Que tout soit clair!¤

a naine fut agréablement surprise que le marchand, ou l'artisan difficile à déterminer à l'étranger encore plus lorsque notre vision est un peu floue, lui réponde poliment. On aurait presque pu croire cette ville civilisée. Soudain elle s'aperçut que même si sa réflexion était nettement moins rapide elle arrivait toujours à réfléchir. Elle s'en voulu pendant un certain temps de cette pensée. Comment pouvait-elle penser que puisque certains habitants de cette ville étaient des criminels, elle cherchait un mot plus fort mais elle n'en connaissait pas, tous en étaient? Non seulement c'était injuste mais elle n'aurait pas aimé être considérée comme une criminelle car les duergars le sont.
Soudain, elle commença à réfléchir à ce que venait de lui dire le Thayen. Elle regardait la carte essayant de suivre du doigt sur la carte les indications que lui donnait le passant. Partir à gauche par la traverse: d'accord. Prendre la deuxième rue devant la porte du temple de Baine, un dieu qu'elle connaissait moins mais qu'elle n'aimait pas plus: pas de problème. Suivre la nouvelle traverse qu'elle ne voyait pas sur la carte: elle y arriverait. Traverser la place et le canal: c'est la que la chose se gâtait. Elle avait oublié, dans un premier temps au moins, de suivre la "spirale" et continuait donc vers le nord longeait un bâtiment octogonal et dans ce cas la place circulaire la plus proche était de l'autre côté du canal et ressemblait plus à un bosquet sylvestre qu'à un temple du dieu du feu. Elle refit donc plusieurs fois le chemin en se répétant mentalement les informations que lui avait donné l'artisan et elle commençait à se dire que ce passant qui lui avait semblé poli s'était peut être honteusement moqué d'elle.
Elle ferma alors les yeux dans un effort de concentration sur les paroles de l'artisan. Dans sa tête revenait comme un écho les mots "glaciers" et "Ulutiu" et elle comprit soudain où se trouvait son erreur. Son doigt suivit cette fois-ci la "spirale" jusqu'au bout et traversa le canal et remonta la grande rue vers le nord, nord ouest aurait-elle plutôt dit, et arriva devant un grand bâtiment rond au centre d'une place ronde. Cette fois-ci tout concordait et elle fut donc certaine d'avoir trouver le temple. Elle se retourna en disant "merci" à son informateur anonyme sans vérifier si il était effectivement toujours là. Et elle partit en direction de la route que lui avait indiqué l'artisan. En passant elle tapa sur l'épaule de Baltanin et sur le genou de Naskyrien sans s'arrêter continuant son chemin vers la traversée et le temple si rien ne l'arrêtait avant.

-Les amis, en avant. Je nous ai retrouvé, et le temple de Kossuth par la même occasion.

Baltanin suivait ses compagnons sans un mot. Lui qui d'ordinaire avait l'alcool joyeu et festif, était entré dans une mélancolie qu'il n'avait encor jamais ressenti. Il broyait du noir en repensant aux années passées dans la maison familiale.
que faisait-il ici à la recherche d'on ne sais quelle personne dans cette ville ou le simple faite de porter la barbe signifiait être le point de convergence de toute la haine du monde?
Poussant un profond soupire, il s'avança près de Gunlann.
- C'est magnifique. dit il de manière on ne peut plus sarcastique. Maintenant qu'on sait où on va. On pourrait activé le mouvement j'en ai raz le heaume de cette ville, moi.
il pris alors la direction qu'indiquait la prêtresse des glaces tout en marmonnant des injures ou ce mêlaient commun, nain et orc.

Karth, psychologie : 11(dé) -1 >< Savvir Phen, bluff : 2 (dé) +3 = réussite
Daleto, psychologie : 8(dé) + 1 – 2 (charmé) >< Savvir Phen, bluff : 2 (dé) +3 = réussite

Narration

Baltanin, Gunlann, Naskyrien

Suivant le chemin décrit avec d’autant plus d’attention qu’elle se savait en état d’ébriété, Gunlann guida le petit groupe dans le labyrinthe Thayien. La Temple de Baine était impressionnant : un bâtiment étrangement rond pour un clergé préférant habituellement les formes droites et austères autour duquel circulait une garde parfaitement disciplinée portant les emblèmes de la Main Noire ainsi que quelques fidèles se rassemblant sans doute pour une office quelconque.
Le reste du trajet ne fut pas des plus mouvementés. Dans ce qui semblaient être des quartiers plutôt résidentiels, Eltabar se montrait assez calme, et certaines rues étaient même désertes. Les alentours des canaux étaient agréables, et offrait une once de répit au rôdeur fatigué par les pierres civilisées et les plantes en pots qui constituait le paysage urbain.

De l’autre côté de ce qui s’appelait la ‘Spirale’, un attroupement plus important de personnes en robe, dont certain arborait les typiques et reconnaissables couleurs pourpres, allaient et venaient dans un grand bâtiment aux lourdes portes d’argent gravées de runes mystérieuses, métal que reconnurent les deux nains sans aucune peine. Au sommet de ce qui sans nul doute devait être l’Académie de Magie, apparaissaient par moment des éclats de lumières colorées fulgurantes accompagnés de cris ou de chants difficilement perceptibles à cette distance. En remontant l’avenue indiquée sur la carte, les trois agents remarquèrent que la garde se faisait à nouveau plus importante, et patrouillait l’air attentif, tandis que le long d’une haute muraille garnie de tours circulait une milice aux armoiries différentes. Derrière cette muraille d’où apparaissait la cime de nombreux arbres fleuris aux senteurs délicates, on entrevoyait l’architecture raffinée d’un palais. Distraite dans la contemplation de la demeure de la Tarchion, Gunlann se fit rappeler à l’ordre par son congénère.

C’est en se retournant que la prêtresse d’Ulutiu vit l’abomination que devait représenter pour elle le Temple dédié à Kossuth. Au sommet d’une pyramide ronde, garnie à l’entrée par deux grandes vasques enflammées, régnait probablement la plus grande flamme que n’avait jamais pu contempler la naine. Un escalier circulaire s’enroulant autour du cône et partant d’un grand balcon situé à mi hauteur et flanqué plein Sud, y menait, et l’on pouvait voir des prêtres en gravir les marches pour honorer l’incarnation du dieu élémentaire. La place qu’occupait le gigantesque bâtiment sacré était envahie d’artistes étranges qui jouaient avec les flammes, crachant le feu ou dansant dans une robe enflammée, offrant un spectacle mystérieux ou le fanatisme frôlait la folie. Mais malgré le chaos relatif qui semblait avoir pris possession de l’endroit, des troupes armées circulaient, arrêtant au passage quelques individus qui ne convenaient pas à leurs critères de sécurité. L’une d’entre elle, composée d’un chef hargneux et de deux autres individus dont les sexes était indéfinissables s’approchait dans la direction de Naskyrien, Gunlann et Baltanin dont les effets de l’alcool se faisaient toujours sentir quoi que de façon bien plus modérée.



Daleto, Karth, Lyaël, Omsath,

Au fur et à mesure que le temps s’écoulait, la nervosité de la Chevalière Thayienne semblait s’accroître. Karth l’observait attentivement, essayant de percer à jour son caractère. Le regard froid qu’elle posait sur les demoiselles en disait long sur ses pensées. En effet, Lyaël que le bien être inespéré, même illusoire, après autant de tourments, avait fait sombrer dans un sommeil léger, avait pris une pose nonchalante, cheveux épars sur le sofa, qui accentuait davantage la grâce de ses traits. Omsath dont l’appétit n’entachait en rien le charme empreint d’une sensualité volontaire, rayonnait également.Il n’était pas difficile de comprendre que la dure Saviir en éprouvait une vive jalousie qui tordait sa bouche.
Pourtant autre chose qu’une simple rancune somme toute très féminine devait la perturber. La façon dont elle marchait de long en large, dont elle regardait la porte avec insistance laissait supposer qu’elle attendait quelque chose, comme un signal pour se mettre en action, et que l’attente dans laquelle elle était momentanément plongée ne lui convenait pas du tout. Même Daleto dont l’attention était passablement influencée par l’encens qui se rependait toujours dans la pièce remarqua le trouble qui animait la guerrière.

es sentiments de la naine étaient très partagés. D'un côté, elle était fière d'avoir réussit à trouver le temple mais, maintenant qu'elle s'y trouvait elle aurait préféré ne jamais avoir à y venir. Même sa peur, sa terreur même peut être, n'était pas complète car elle disputait à une sorte de fascination, la même que ressent l'homme lorsque il voit la mâchoire du dragon se refermer sur son corps frêle et fragile, enfin pensait-elle. Elle se demanda si ce n'était pas toujours le cas. Si pour avoir peur, une vraie peur qui nous cloue au sol, nous empêche de bouger et de parler, il ne faut pas être face à l'inconnu. Non pas dans le sens de la xénophobie mais dans le sens de l'expérience. Une chose que l'on a déjà rencontré, et qui nous a nuit ou non, et toujours oins dangereuse, si elle l'était à la base car on sait à quoi s'attendre de sa part. En définitive elle se disait que la peur venait de l'image que l'on se fait de ce dont on a peur et que donc avoir peur ne servait à rien, il lui fallait expérimenter le feu pour pouvoir dompter sa peur. Donc, elle avait aussi honte, honte d'avoir peur de ce feu destructeur. Elle savait qu'il ne risquait pas de faire du mal à son glacier, pas d'aussi loin, mais elle craignait pour la vie de ses compagnons, et aussi un peu pour la sienne. Puis elle pensa à Omsath. Elle n'avait pas le droit de l'abandonner à son triste sort, elle n'avait pas le droit d'avoir peur. Elle se tourna donc vers ses deux compagnons pour voir comment eux considéraient ce feu, dans l'espoir secret de les voir eux aussi apeurés.

¤Evidemment que ce n'est pas le cas ma petite ressaisit toi. Ils t'ont choisi comme leur guide, presque leur chef, tu ne peux pas les décevoir. Alors arrête de rester à regarder bêtement ces acrobates et bouge. ¤

Suite à cette réflexion, elle se tourna vers les artistes du feu se disant que eux n'avaient pas peur et que donc, même si elle ne souhaitait pas devenir une cracheuse de feu, elle ne devait plus considérer cet élément comme hostile. Elle continua sa rotation afin de trouver un passant qui connaitrait peut être la demeure du sieur Ramas Fezim lorsque son regard cueillit les gardes qui visiblement s'approchaient d'eux. Elle eut un instant de réflexion pour savoir si il valait mieux aller les voir ou attendre qu'ils s'approchent plus et les interpellent directement. Elle récita dans sa tête une courte prière à Ulutiu afin de lui demander d'envoyer un de ses songes à Ashaba pour qu'elle la soutienne avant de choisir la première option. Elle se dit qu'affronter un petit danger pouvait permettre de s'en débarrasser avant qu'il en devienne un grand.

-Messieurs, veuillez m'excuser mais j'ai un rendez-vous urgent avec le mage rouge Ramas Fezim et je souhaiterais que vous m'indiquiez le chemin de sa demeure.

Daleto accueillit la réponse négative de Karth par un haussement d’épaule :
« Ne faites pas le modeste … ».

Pendant un moment, il observa attentivement le manège stressé de la thayenne. Sa démarche trahissait de l’appréhension pour un événement imminent, mais quels tourments pouvaient mettre une fière guerrière dans un état pareil. ¤ Serait-ce l’arrivée de ce fameux magicien rouge, peut-être est si terrible qu’il ne supporte aucun défaut dans l’organisation, aucune erreur. A-t-elle commis une telle faute ? Difficile à croire, cet homme a l’air d’avoir une éducation chevaleresque pour nous avoir traité de la sorte jusque là, même si elle n’a pas été suivi par tout le monde … Peut-être attend-elle comme nous le but de notre présence ici ? Euh … non, je pense qu’elle le sait déjà. Mais alors quoi ?¤ Bien qu’ignorant la réponse à cette question qui le taraude depuis son achat, ce comportement inhabituelle était une preuve de plus que ce allait avoir lieu ici, aurait des conséquences sur le destin de nombreux gens présents.

Contrastant avec l’agitation de la gradée, le calme apparent des deux esclaves donnait à cette scène une saveur particulière. En effet des esclaves achetés dans le pire endroit de cette terre, ignorant tout de leur sort, se retrouve dans la demeure d’un mage chevaleresque prenant soin d’eux et ce pour le plus grand déplaisir de ses sous-fifres … assez curieux surtout pour un elfe, peut-être est-ce une coutume locale ? Cette pensée fit sourire l’elfe doré.

Puis pour achever le temps quitte à le tuer en attendant leur hôte, Daleto interrogea "son nouvel ami" avec le même sourire que précédemment:« Dites moi, une agitation déstabilise votre supérieur et vous ne semblez pas en être affecté, savez-vous de quoi il s’agit ? Il enchaîna rapidement sur sa deuxième question sachant que son interlocuteur n’était pas très bavard sur ce genre de détail. Sinon j’aimerai savoir ce qui a poussé un homme de goût tel que vous dans un endroit aussi pourri ? »