۝ Une longue traversée ۝, Quête du Cercle...

ès qu’Herudae se fut tu, Elloa se releva, emplie de détermination et d’une énergie vigoureuse. Cela lui arrivait parfois lorsqu’elle répondait à l’appel de l’action. A vrai dire, l’humeur d’Elloa était aussi changeante que la brise maritime, tantôt douce et calme, tantôt vive, tantôt tempétueuse, elle se laissait gouverner par ses sentiments plutôt que par sa raison. En cet instant, elle se sentait pleine d’entrain et de courage, à la seule idée d’escorter une caravane…cela sonnait comme la promesse d’un voyage mouvementé. Par contre, elle ne partageait pas le même avis qu’Herudae.
Debout, jouant d’une main avec une pomme qu’elle allait peut être manger plus tard, elle prit la parole d’une voix claire et ferme, malgré son vocabulaire peu étendu, et son accent prononcé.

- Voilà donc l’équipage de la caravane…ceux qui veulent pas partir n’écoutent pas, mais ceux qui partent : écoutez moi ! Vous entendez ce que l’homme a dit : il sera notre chef, mais de loin. Ca veut dire qu’il veut ne pas dérangé être. Nous avons besoin d’un autre chef ! Un chef est une importance. Sinon, on fait n’importe quoi.

Elle prononça ces dernières paroles avec une conviction sans faille. D’expérience, elle savait qu’une tribu, ou qu’un groupe même restreint ne pouvait fonctionner sans une tête pour les guider qui se chargerait des décisions difficiles à prendre, et qui serait toujours présente pour trancher lors d’un dilemme ou d’un différent quelconque. Ayant été élevée au sein d’une tribu, il lui était impensable de ne pas désigner un chef pour le bien être de leur petite communauté naissante, et pour une plus grande efficacité de leur mission.

- Je connais les manières humains, continua elle sur la même lancée, le regard ferme et sur d’elle." J’ai déjà vu une éluction dans une taverne ou je passé suis. On parle, on parle, blablablabla et on décide rien. Il y a des disputes, on se bagarre. Après, aucun résultat. Dans mon village, pour choisir un chef, on demande aux esprits, et eux choisit la personne le mieux pour être le chef. Mais ici, c’est inutile, je peux pas parler aux esprits, ils ne sont pas dans cette salle. "

Elle éclata de rire, s’imaginant accomplir un rituel chamanique au milieu des choppes vides et des restes du repas.

- Mais quand les esprits sont muets, alors on fait autrement. Un bon chef doit sage et courageux être. Ecoutez moi ! Ceux qui veulent être chef vont prouver leur courage, et leur sage…sagité…sagesse, et leur sagesse ! Celui qui vainc les deux épreuves sera un bon chef, qui pourra diriger nous et faire bien le travail réussir. Pour le courage, il faudra aller dehors. Par exemple, sauter de tout en haut d’un arbre de bateau. Pour la sagesse, je vais dire une énigmatique. Ecoutez !

Sans même attendre l’accord des autres, elle prononça d’une voix lente :

- ’ ’ ’ ’
Elloa se tut un instant revêtant son visage de l’air grave qu’elle pensait approprié et s’adressa à Istenns. "Tu peux dire en commun mon énigmatique s’il te plait ?"

Daran ne fut pas vraiment surpris que l'étranger ne s'embarasse pas à tuer l'elfe, c'était comme il l'avait dit plus tôt, beaucoup trop d'ennuis pour pas grand chose. Mais la plupart des gens ne pouvaient comprendre que même à Luskan on ne pouvait pas tuer selon son bon vouloir. Certes le taux de criminalité aurait mis au défi les capacité mathématiques d'un grand ver, peut être ,pas un grand rouge, disons un grand blanc.

Quoi qu'il en soit, Daran comprenait la réaction de l'émissaire, il devait être assez effrayant pour couper court à toute envie de le doubler, mais suffisement dipplomate pour ne pas faire fuir les employés potentiels. Des conditions qui satisfaisaient Daran, bien que la récompense le laissait perplexe: ils dépendraient beaucoup des rencontres et de ce qu'ils pourraient récupèrer et revendre, en sommes un voyage calme rapporterait peu et un voyage agité serait plus profitable...en supposant que la caravane y survive.

Il se tourna vers Hérudae:
"Génereuse, il ne faut pas exagérer, néanmoins ça suffira pour cette fois."

Il serait donc présent le lendemain pour le départ. Se félicitant d'être revenu il posa la brochette délestée de son poisson et attrapa un des raffraichissements. Savourant sa bière, il écoutant le charabia de la jeune elfe, qui semblait très enthousiaste à son idée de chef. Il pensait pourtant qu'une de ces sauvages n'aurait cure de trouver un chef le plus rapidement possible et qu'au contraire elle apprécierait la liberté d'une structure de groupe lâche. Comme Daran lui même comptait bien faire...

"Ma chère...je ne compte pas laisser des jeux elfiques, aussi distrayant qu'ils soient, décider de ma position dans cette caravane. Je n'en répondrai qu'à notre employeur...Ne le prenez pas mal, votre idée est amusante, mais il me faut plus qu'une énigme et qu'un acte de courage incensé pour accepter qu'une personne me donne des ordres."

obun trépida de joie. Il était embauché, bon il est vrais que peut de monde s'était présenté au final. Il n'y avait donc pas vraiment eu de sélection. S'il avait pu le deviner il ne se serait pas autant creusé la tête pour embarquer, mais bon. Au moins cela lui avait permis d'en savoir plus sur ses compagnons de voyage. Et surtout de s'assurer une certaine discrétion pendant le voyage. Il resterait un banal inventeur gnome pour ses compagnons de route, Hérudae mis à part.

La prestation de l'émissaire lui avait semblé être une inutile démonstration de force et de pouvoir. Mais bon, il fait comme il veut et si cela permet d'éviter les flemmards et les idiots. Quoique les idiots soient toujours utiles.

Dobun commençais déjà à élaborer les diverses mesures à prendre avant le départ. Dissimuler une partie de son matériel, coudre des poches dans ses vêtements. Il faudra aussi qu'il parle à Hérudae de la conduite qu'ils tiendront durant le voyage. Simuler une amitié nouvelle, ou une antipathie. Il est en effet impossible qu'ils continuent à s'ignorer. Le plus intéressant serait qu'ils soient tout deux à des postes qui se croisent rarement mais régulièrement. Afin d'en apprendre plus que tout les autres sur l'ensemble de la caravane. Mais aussi afin de suivre les diverses tensions ou amitié possible au sein du groupe et de s'en servir. Il faudra aussi se méfier de Daran ou l'intégrer à leur association. Il semble être malin, malgré sa fierté apparente.

Quand aux autres, il faudra juger sur le tas. Istenns et Elloa ne semble pas très rusé. Mais ils peuvent tout de même s'avérer utiles par la suite. Cis restait taciturne, et Sarinah était arrivé trop tard pour qu'il puisse en apprendre suffisamment sur elle. Malig semblait plus retords, mais il ne s'était pas tout a fait révélé sans pour autant s'être dissimulé.

Il manquait encore quelques donnés essentielles. Qui employais? Qui assurait le transport? Qui a vendu? Et qui a acheté? Mais cela lui et Hérudae pourraient le découvrir en cours de voyage.

Mais maintenant il fallait clore la première rencontre, le reste se ferait plus tard. Elloa avait posé une énigme étrange et en elfique. Il parlait bien cette langue, mais depuis le début il ne l'avait pas révélé aux autres. Il était plus intéressant de se faire passer pour quelqu'un quoi ne parle pas cette langue. Du moins pour le moment, il ne mentirais pas sur se point, mais n'en parlerais pas. Si jamais il lui fallait absolument utiliser cette langue à un moment crucial il pourrait encore le faire sans passer pour un menteur.

-Ho vous savez Elloa le choix d'un chef se fera plus sur le tas que maintenant. Laissons les choses telles qu'elles sont aujourd'hui, en plus je doute franchement qu'une énigme soit utile pour déterminer qui fait un bon chef. Mais profitons plutôt du repas et de la journée pour terminer nos emplettes et préparatifs du voyage. Ou alors on commence tout de suite à définir le rôle de chacun, vu que nous somme en début d'après midi on a tout le temps. Alors qui veut faire quoi? Moi j'avoue que les postes de gardes au crépuscule me botte bien. Il en faudra le jour et la nuit aussi. A moins que chaque soir tout le monde fasse un tour de garde? Il faudra aussi voir qui va où? En effet on ne peut pas tous se mettre devant ou tous derrière la caravane. Donc le mieux c'est que l'on fasse des groupes tout de suite. Avec à chaque fois quelqu'un qui a un bon sens de l'observation et quelqu'un qui sait se battre, ou crier. On peut aussi voir ça demain devant la caravane mais on n'aura pas trop le temps. Il faudra aussi qu'on décide d'un horaire chaque jour ou l'on puisse se voir…

Dobun ralentit un peu le débit de parole indiquant ainsi que si quelqu'un avait une remarque a faire c'était maintenant.

Ayant fini de se restaurer, Malig s’était confortablement installé au fond de son siège et avait attendu que ceux qui voulaient s’exprimer le fassent. Pendant tout ce temps il avait joué distraitement avec un cure-dent, le tournant et le retournant entre ses fins doigts qu’il venait de nettoyer en les trempant dans une carafe d’eau.

Une ombre vint cependant tracer un pli soucieux sur son visage lorsque Elloa manifesta à nouveau son envie de placer quelqu‘un à leur tête. Et lorsque d’autres lui répondirent, il s’en félicita tout en ayant un peu pitié pour la jeune fille.

¤Quelle impétueuse jeune fille… Hum … Je me demande depuis combien de printemps cette nymphe foule la terre¤ Songea-t-il.

Les questions d’ordre pratique semblaient se régler sans qu’il n’ait à intervenir ce qui lui convenait parfaitement, lui-même n’avait aucun goût pour de telles considérations. Aussi si ses compagnons pouvaient continuer à avoir de telles initiatives, il pourrait envisager ce voyage comme un véritable agrément. Puis vinrent les questions ouvertes et naturellement il lui fallait exposer son avis. Il commença à se tourner vers le Téthyrien.

- Vous, Sans-nom le malappris, sachez que la proposition me convient et que j’entend bien continuer à vous appeler ainsi si vous persistez à rester anonyme. Lança-t-il

Malig n’avait pas dit cela avec rancœur. D’ailleurs comment aurait-il pu en vouloir a celui qui avait mit la question pécuniaire sur la table ? Bien qu’il ne l‘avouerait probablement jamais, Malig appréciait que quelqu’un se soit soucié de la question du salaire. Puis il se tourna vers son voisin.

- Et quant au poste qui irai à mes capacités, je dois avouer que je sais crier et qu’il m’importe peu de savoir où et avec qui je serai. Puis avec un sourire il ajouta. Même si je vous accompagnerai volontiers.

a jeune grugash fronca les sourcils. Elle ne s'était pas attendue a être acceuillie a grand renforts d'applaudissements, elle, l'elfe sauvage, comme elle s'était souvent entendue appellée, mais elle comptait sur la raison de ses compagnons de voyage qui auraient du admettre l'évidence : une tribu sans chef est une tribu vouée à la mort !
Le silence de Cys était suffisement éloquent, il ne la soutenait pas. Quand aux autres il était évident que les traditions ancestrales de son peuple leur passaient loin au dessus de leur tête. Elloa était brave, mais pas pourtant pas assez têtue que pour s'opposer à la majorité.

-Tant pis si vous pas d'accord avec ce que je dis. Mais j'espère que celui qui va chef devenir comme tu dis, Dobun, n'est pas sans sagesse et sans courage. Ceux qui imposent eux - même souvent sont sans bonté dans leur coeur. déclara elle en croquant finalement dans le fruit avec lequel elle n'avait cessé de jongler.

Elle craignait la dictature. Elle avait pu l'observer lorsque le capitaine du navire sur lequel elle avait embarqué avait été jetté par dessus bord lors d'une mutinerie. Refusant toute forme de commandement, l'équipage s'était retrouvé dans une anarchise complète jusqu'à ce que la plus vile crapule qu'on puisse imaginer, dépourvue de bravoure et d'humanité avait pris la tête des anciens mutins, se révelant finalement bien pire que l'homme qui avait fini en pature aux requins. Tous s'étaient retrouvés perdant, et Elloa avait failli être vendue comme esclave.
¤J'imagine qu'aucun d'entre eux ne se dévoilera comme buveur d'âme imbu de pouvoir et d'orgueil. De toute façon, il ne tiens qu'à moi d'empecher qu'une telle chose arrive. Je ne me laisserai jamais diriger par un imposteur...ni par une femme.¤ pensa t'elle, son regard se posant sur Sarinah et se voilant d'une légère ombre.

Elloa se rassit et décida de ne pas laisser sa journée se gacher pour un aussi insignifiant détail.

- Mon énigmatique était très bonne tu sais, Dobun ! Dommage t'as pas comprendre...Elle sourit au gnome, appréciant l'entendre badiner d'un ton rapide, sautant d'un sujet à l'autre, comme si le flots de ses paroles ne se tarissait jamais."Moi, je dis tout à l'heure, j'ai des bons yeux et même dans l'ombre du soir. Je propose moi comme la nuit. Je marche bien dans les arbres, je peux aller à l'avance et prévenir s'il y a un danger.

Elle sorti sa corne travaillée avec soin et décorée de perles colorées. Elle la porta a ses lèvres charnues et un son grave et puissant en sorti, faisant vibrer la vitre de la petite lucarne.

- Oh ! Pardon ! fit l'elfe rougissante, se rendant parfaitement compte que ce n'étais sans doute pas le lieu idéal pour ce genre d'exercice.

Un coup d'oeil au travers de la fenêtre lui revela un soleil radieux, déjà haut dans le ciel. Il devait être aux environs de midi si elle ne se trompait pas.

Hérudae avait tenté de répondre à la question d’Elloa en proposant que la désignation du chef qu’elle désirait tant ce fasse avec le temps. Mais avait oublié que la jeune elfe ne parlait pas correctement le commun et avait du mal saisir les subtilités de sa réponse.

Et celle-ci se leva tout de suite après poursuivant son idée et proposa des épreuves pour désigner un chef. Proposition qui se concluait par une énigme en elfique qu’elle demanda à Istenns de traduire, mais celui-ci semblait ailleurs. Si bien que ce fut Daran qui répondit envoyant aux orties la proposition de l’elfe. Il fit d’ailleurs un brillant résumé de la pensée d’Hérudae en disant ouvertement que l’énigme ne serait pas suffisante pour choisir un chef et que sauter du haut d’un mat était tout sauf intelligent. Dobun lui traduit à Elloa en thermes plus simples que le chef allait se désigner tout seul avec le temps. Mais encore une fois la jeune femme pensa que le chef s’imposerait et non s’en trouverait choisit par le groupe.

Et enfin la cerise sur le gâteau, Malig s’adressa à lui en lui donnant un surnom. Il en avait porté de pire comme de meilleur. Il lui annonçait qu’il n’appréciait pas son manque de politesse de parler sans s’être présenté. Mais son regard n’allait pas avec ses dires comme s’il pensait autre chose. Ce qu’Hérudae ne pu définir mais pas du dédain comme il semblait vouloir dire. Et devant la réponse négative à sa proposition Elloa s’installa au coté de Dobun affichant une mine boudeuse. Elle sortit même une corne d’alerte dans laquelle elle souffla surprenant ses compagnons.

-Voilà au moins un moyen qui préviendra tout le groupe en cas de problème.

Se tournant vers Malig il répondit sur un ton humoristique simplement pour indisposer celui-ci par son identité.

- Mon cher Malig venant des contrées du Sud, je sais bien qu’il n’est pas vraiment poli de ne pas donner son petit nom. Mais je ne vous connais pas encore assez pour vous le glisser dans le creux de l’oreille en toute intimité. Mais si nous voyageons ensemble alors il ne fait pas de doute que partageant vos nuits je me ferais une joie de vous l’apprendre.

- Quand aux propositions du gnome : lança Hérudae, utilisant un ton moins amical. Le même ton que prenait Daran en s’adressant à Dobun. Il indiqua ainsi à son ami, le ton de leur relation dans cette caravane. Il désirait se rapprocher de ceux qui ne s’approcheraient pas de lui créant ainsi deux groupes. Dobun, Elloa qui parlait sans complexe avec lui. Daran ferait lui bande à part alors autant garder un œil sur lui.

- Il sera facile de nous regrouper pendant les repas afin d’échanger nos observations.Les groupes ? Nous ne connaissons pas encore la taille, ni la composition de la caravane. Aurons nous des chevaux ou voyagerons tous dans les chariots de la caravane ? Devront nous tous afficher notre appartenance à la protection de celle-ci ou faire semblant d’être un caravanier conducteur de mule. Quand à la nuit, il faudra bien sur tous y participer puisque nous ne sommes pas vraiment nombreux, car pourrons nous compter sur d’autres personnes ? Mais pas ensemble mais par duo afin de se reposer un maximum. Se reposer fera aussi partit des activités pendant le trajet du jour, je me dit qu’il faudra pour certains surveiller les alentours pendant que d’autres se reposeront à tour de rôle.

- Notre cher ami et employeur est partit sans vouloir répondre à plusieurs de nos questions. Laissant d’hypothétiques questions sans réponses. Celles-ci trouveront peut-être une solution demain mais en attendant pas besoin de faire de plan sur la comète. J’aurais aimé parler matériel avec lui, des armes pour le combat à distance auraient pu servir à repousser certaines bêtes sauvages sans trop de soucis ou alors éclaircir les rangs d’éventuels brigands. Demain nous aurons plus d’informations et une vision plus précise de notre mission. Quand a mes compétences si cela peut vous servir de savoir ce qu’elles pourront apporter au groupe. Disons que je connais de nombreux moyens de m’emparer des marchandises que nous allons escorter. Ce qui fait de moi un bon stratège pour les défendre.

Et Hérudae se renfonça à nouveau dans son siège pour observer les réactions des membres du groupe.

Adossée au mur, sa chope à la main, tout son poids reposant sur une seule jambe, Sarinah affichait une attitude plutôt détendue. Sirotant sa bière, elle écouta son futur employeur détailler les termes du contrat qu'il leur proposait sans trop se soucier de sa tenue ni du couteau avec lequel il jouait.

Mais quand elle entendit parler certains de ses futurs compagnons de route, elle ne put retenir un demi sourire moqueur, qu'elle dissimula néanmoins fort efficacement derrière sa bière. Si les autres graines d'aventuriers qui avaient postulé pour l'emploi étaient intimidés par un simple couteau, il risquaient de ne pas de faire long feu. Et si, en prime, ils s'étonnaient que leur employeur ne dévoile pas ses yeux, c'était qu'ils connaissaient bien mal Luskan. Les gens 'discrets' comme lui – dissimulant leur visage ou tout autre partie de leur corps derrière foulard, cape ou capuchon - n'étaient pas rare dans cette ville de brigands et de flibustiers ...

En ce qui la concernait, tant que ce bonhomme la payait - grassement, de préférence - elle se fichait bien de n'avoir jamais vu ses yeux. D'autant plus que ce mystérieux individu lui était sympathique. Tout en continuant à se méfier de lui et du regard qu'il lui avait adressé, elle appréciait son sens de la répartie et sa discrétion.

Lorsque l'homme sortit, elle ne dit rien, se contentant d'observer les autres dans l'espoir d'en apprendre un peu plus sur eux. Le premier à parler, un homme qui avait l'air tout décidé à accepter la mission, ne lui appris pas grand chose, à part ses plans pour la soirée, ce dont Sarinah se fichait éperduemment. L'elfe qui parla ensuite se révela par contre bien plus intéressante et préoccupante : Un chef, elle voulait leur trouver un chef.

Sarinah failli bondir à l'idée que l'un de ces gugusses ne veuille lui dicter sa conduite, mais, en bonne petite voleuse, elle se retint et ne dit rien, observant les réactions causées par l'elfette. Heureusement, un homme vétu de rouge se chargea de débarasser la demoiselle de ses illusions quant à la présence d'un chef parmi eux. Apparemment Sarinah n'était pas la seule à vouloir vivre sa vie exactement comme elle l'entendait ...

Stockant l'information dans un coin de sa tête pour plus tard, elle nota aussi que le gnome qui parla ensuite n'excluait pas la possibilité d'avoir un chef et voulait qu'il soit choisi sur le terrain. Envisageait-il de se proposer ?

¤ Ou peut-être de s'imposer, une fois en route, qui sait ? ¤ Se demanda-t-elle alors que le dernier des trois hommes, visiblement un Calimshite, faisait l'éloge de ses cordes vocales.

Avec un petit sourire satisfait, elle entendit l'elfe se rendre à l'évidence et se proposer comme guetteuse. Ce serait sans doute le poste qui lui irait le mieux. D'accord, elle n'avait pas l'air bien finaude, mais elle voyait dans la nuit, comme tous les elfes, et la corne de brume avec laquelle elle venait d'alerter tout Luskan de leur présence pourrait peut-etre bien un jour les sortir d'un mauvais pas.

Voyant que "Sans nom le malappris" commençait à se mettre en avant comme un bon stratège, Sarinah s'avanca pour faire valoir son point de vue.

- Attendez voir, là ... Commença-t-elle, avec l'air de celle qui remet les choses au clair. "On est même pas encore partis, et comme tu l'dis, on sait même pas encore c'qu'on va d'voir faire et comment s'ra la caravane alors autant pas s'emballer à choisir des postes fixes pour tout l'monde tout d'suite et encore moins un chef !"

- Chais pas trop comment ça s'passe chez les elfes, dit-elle en regardant directement Elloa, "Mais à Luskan le chef c'est c'lui qu'allonge la monnaie, donc par le fait, notre généreux ami à la capuche ... En tout cas moi, faudras pas qu'y en ai un autre qui s'amuse à m'donner des ordres, sinon ça risque de pas bien s'finir !" Et cette remarque fut ponctuée par une gorgée de bière bienfaitrice.

- Z'avez vu l'affiche comme moi : y cherchent un 'groupe d'aventuriers', pas cinq pôv' clampins qui vont passer leur temps à s'tirerdans les pattes pour savoir qui fera 'Chef'. On va d'voir voyager ensemble, et pis faudras bien qu'on s'supporte, nan ? Alors vaudrait p't'être mieux qu'on prenne les décisions ensemble sans chef et sans stratège pour décider d'tout tout seul ... En plus on pourra mieux s'aider, vu qu'on sait pas tous faire les mêmes choses. Y a M'sieur Sans Nom, qu'a l'air habile de ses p'tites mains et la Demoiselle Elfe qui voit bien dans la nuit et pis les autres que j'connais pas encore. Et moi-même chuis pas manchotte et j'sais bien m'battre, j'pourrais protéger nos arrières, ou bien défaire des embuscades avant qu'tout ça nous tombe dessus ou faire des gardes de nuit ... D'toute façon, y aura bien assez de boulot pour tous, alors !

Et pour conclure son petit discours de façon dramatique et du même coup, prétendre de s'occuper les mains et l'esprit tout en guettant en réalité de près la réaction de ses compagnons, elle attrappa une grappe de raisin dans la corbeille de fruits et se mit à déguster un par un les grains gorgés de soleil ...

Malig était resté de marbre quand le son de la corne avait vrillé ses tympans mais il avait cillé face à la répartie du Téthyrien. Il ne s‘était pas levé pour autant et toujours bien enfoncé dans sa chaise, il avait lentement digéré la nouvelle, seul le cure-dent brisé entre ses doigts trahissait son émotion.

¤Cela n’aurait pas du se passer ainsi….¤
Cette pensée entre toutes revenait sans cesse faire de l’écho dans son esprit. Il y avait bien longtemps qu’on ne l’avait pas pris au sérieux…
¤Non, ce n’est pas ça…¤
C’était plutôt la première fois qu’un être de basse extraction ne l’avait pas pris au sérieux. Malig n’était pas un soutien actif du système de caste calishite. C’était plutôt qu’il avait été élevé selon certaines coutumes parfois non-dites et cette situation inédite le laissait désemparé.

A dire vrai son attitude l’avait lui-même surpris, son mentor, le Vieux aurait sûrement laissé sa marque indélébile sur l’esprit et le corps de l’impudent. Mais il n’était pas le Vieux, il voulait se croire plus ouvert et peut-être cela lui serait bénéfique d’une quelconque façon. Il n’humilierait pas ce vulgaire tire-laine.
Ses pensées furent confortées par la patibulaire Sarinah, il n’était pas nécessaire de mal se faire voir par des gens avec lesquels il coopérerait par la suite.

¤Ignorons Sans-nom, puisque tel semble être son désir, peu m’importe après tout.¤ se résolu-t-il, détournant ostensiblement la tête afin de ne plus l’avoir dans son champ de vision.

Arrivé a ce stade, il revint sur les propositions de Sarinah qui s’il ne se trompait pas souhaitait en rester au statu quo. Sarinah qui malgré ses apparences de barbare mal dégrossie avait le charme hypnotique d’un cobra.

- Je n’ai pas d’objections à émettre. Lança-t-il tout en s’étirant. Apparemment il n’y a plus de raison de rester ici. A demain, clampins. Et sur ce il se leva, un fin sourire aux lèvres et se dirigea vers la salle commune.

Daran souria aux propos de Sarinah, c'était une individualiste attirée par l'appat du gain et qui visiblement n'avait pas grande moralité...A l'évidence ils pourraient s'entendre ou du moins se comprendre. Même s'il était évident qu'elle n'était pas digne de confiance, mais la confiance était tout simplement un luxe que Daran ne pouvais plus se permettre depuis la chute de sa famille.

Ainsi alors que lui aussi était en train de profiter de l'hospitalité de leurs employeurs, Daran souria à la jeune humaine.

"Je crois qu'on est d'accord sur ce point. Il semblerait que l'ont ait des compétences comparables, et vous n'avez pas l'air d'avoir votre langue dans votre poche, peut être aurons nous l'occasion de former un bon duo qui sait..."

Daran accompagna ses propos d'un petit sourire en coin mi arrogant mi séducteur qu'il affectionnait particulièrement. Il le perdit au moment du départ du noble du sud. Son expression se fit soudainement plus dure.

"Vous devriez surveiller vos paroles...Votre prétendue noblesse ne signifie rien ici, et si vous insultez vos compagnons vous n'aurez persone pour surveiller vos arrières, ce qui pourrait mener à des incidents fâcheux:vous savez comme ce genre de voyage peut être dangereux..."

Cette fois-ci le petit sourire de Daran était loin d'être de bon augure.

Hérudae ne su pas si ces paroles légères avaient froissés Malig, jusqu'à se que celui-ci se lève et sorte en prononçant un mot qui ne plus pas à Daran. Il était évident dès lors que les mots doux murmurés à l'oreille avait du énerver l'enturbanné. Daran se porta tout de suite en avant pour défendre l'honneur bafoué de ses futurs compagnons de voyage. Il avait du être touché par clampins, alors que Hérudae s'en moquait royalement. Une joute verbale allait d'ailleurs beaucoup amusé le jeune voleur. Malig serait-il à la hauteur ou craquerait-il avait ?

Puis se tournant vers Sarinah. -Je crois que vous faites erreur ma chère quand à que notre ami à la capuche soit notre employeur. Il est plutôt je pense un représentant de l'acheteur des matériaux. Et nous allons travailler pour le vendeur de ces marchandises. Il fait seulement le voyage avec nous, puis je suppose va aussi nous surveiller pour vérifier que les marchandises que son supérieur veux, arrive à bon port. Mais si les marchandises étaient perdus, lui ou son commanditaire ne perdraient rien. Mais il est de mon avis que nous l'aurions en travers de notre chemin si nous ne faisions pas correctement ce travail.

-Un chef ? Je ne crois pas. Mais quelqu'un qui va nous surveiller et nous critiquer si tous se passe mal oui. Et un chef dans nos rangs ? Nous en reviendrons a ce que certains disent. Nous écouterons probablement celui qui au fil des jours donnera les meilleurs conseils sans vraiment avouer qu'il ai un chef."

-Et ma chère refuser d'écouter un conseil pour la protection du groupe juste parce qu'il ne vous plaît pas ou n'est pas de votre initiative pourrait engendrer un danger pour le convoi et pour nous."

Hérudae ne finit pas sa phrase la laissant en suspend, comprenant que la jeune femme avait assez de cervelle pour mettre la fin approprié sans qu'elle y vois une menace, plus une preuve de bon sens.

- Daran, les mots que j'entends m'ont tout l'air de menaces. Et cela n'est pas très bien vu comme vous dites aux oreilles de ceux qui vont bientôt affronter les dangers de la route avec vous. Ce cher Malig utilise les mots qu'il veut pour me désigner, cela ne me touche pas vraiment mais je suis certains qu'il sera là au bon endroit pour faire le même travail que nous. Chacun son éducation, son vocabulaire. Tout ce qui m'importe c'est de le savoir à mes cotés pour les combats éventuels. Il peut bien m'appeler clampins tant qu'il combat à mes cotés. Je préfère cela, a ce qu'il me dise maître et s'enfuit au moindre danger. Mais nous verrons les talents de chacun quand nous en aurons besoin, le tout c'est de les utiliser dans un parfait ensemble pour le groupe et non pour des actions individuelles."

-Sur ces magnifiques mots, je pense aller prendre la chambre qui m'est réservé dans cette taverne puis direction la ville et ces milles possibilité de bénéfices. Compagnons éventuelles, gantes demoiselles passés une excellente fin de journée et à demain à l'aube."

Et le jeune homme se leva, se dirigea vers la porte passant peut de temps après Malig.