Localisation exacte inconnue, Une seconde chance

La réaction fut rapide, un peu trop même, en y repensant Saninaë avait entendu la femme encore debout parler d'une chute des enfers sur eux, le doute n'était pas tolérable mais aucun esprit cartésien ne peut tolérer l'ignorance de certains faits, la situaton n'était pas claire, aucun avis ne doit être prononcé avant d'en avoir la certitude.
L'insertion du bâtonet n'avait pas l'air d'être connu de tous, il suffisait de jouer l'ignorance pour recevoir quelques informations supplémentaires, c'est alors qu'elle commenca à s'approcher de Ssendur pour l'aider à se relever, technique de compation de base.

- Est-ce que ca va bien? rien de cassé? Qu'est-ce qu'il s'est passé?

Les questions s'addressaient à tout le monde qu'elle regardait un à un puis elle regarda tout autour d'elle pour analyser les dégâts ou autres changements subis depuis la secousse.
elle avait maintenant la main tendue vers l'être à terre devant elle, même si cela pourrait être vu comme une évidence, Saninaë prenait ce geste comme un test pour évaluer la confiance que lui portait Ssendur.

e drame n'était pas passé loin mais, grâce aux dieux, le pire avait pu être évité de justesse! La fiole ne s'était pas fracassé sur le sol malgré la puissance du tremblement, et son précieux liquide ne s'était pas répandu en une mare parfaitement inutile (et salissante, d'ailleurs).

-Non, c'est bon, tout va bien. Et vous? Répondit Ssendur à Saninaë

Se redressant, il se décida à se dépêcher, même si la précipitation répugnait le sang ophidien du Yuan-Ti.

-Fillow, je vous en prie, aidez-moi à la soigner. Lança le paladin en se dirigeant vers la prêtresse. "Ouvrez-lui la bouche, comme cela. Oui, délicatement... Voilà..."

Avec moults précautions , le Yuan-Ti ouvrit le flacon et déversa le produit dans la gorge de la prêtresse, espérant de tout cœur la voir se rétablir sous peu. Puis il se leva et observa la réaction avec anxiété.

Quelque part:

Voyant que sa santé intéressait beaucoup moins Saninaë que celle de Ssendur, Adakith se sentit légèrement vexé et même un peu blessé. C'est pourquoi, il se releva avec lenteur et ne reprit pas en main la boite de bois qui contenait l'onguent avant que le paladin aie demandé à Fillow de l'aider à administrer la potion à la prêtresse. Il en commença sa lecture des caractères gravés avec minutie qu'en suite.

Zémobiel était restée immobile pendant que les autres se relevaient. Toute cette scène l'horripilait. La secousse était, de son avis, un très mauvais signe, qu'elle soit causée par les attaquants qui voulaient détruire la forteresse ou par une autre cause tout aussi fatale, sans doute. Elle avait prévenu ses compagnons de la gravité de la situation et ils étaient visiblement trop stupides pour l'écouter. Tant pis pour eux. Sans leur dire le moindre mot, elle franchit la porte et quitta ce groupe de personne avec lesquelles elle n'avait jamais réussi à nouer le moindre lien, même si leur survie en dépendait.

Fillow était trop concentré sur la tâche de sauver Ielenia pour s'apercevoir de le disparition de l'autre humaine. Il avait accepté, et cela depuis quelques temps, qu'il allait peut être mourir sans avoir retrouvé sa liberté mais le fait que cela soit tout aussi vrai pour la prêtresse du Seigneur de l'Aube lui était inconcevable. Il devait faire tout son possible, qui était hélas bien maigre, pour la sauver. Lui tenant la bouche suffisamment ouverte pour y faire pénétrer le goulot de la fiole mais pas trop pour ne pas lui faire mal, lui soulevant la tête pour que le liquide coule de sa bouche dans son gosier avant de se répandre dans son corps, il retint sa respiration n'osant espérer qu'elle allait se relever en pleine forme.

Et il n'avait pas vraiment tort. Ssendur avait raison, cette potion ne contenait aucune trace de poison mais elle eut un effet étonnant. Ielenia se mit certes à bouger pendant quelques fractions de secondes, mais ce n'était ni un mouvement conscient ni même, à proprement parler, un geste. De sa bouche, à peine la potion avalée et la fiole retirée, sortit une langue largement disproportionnée. De la même manière, sa chaussure droite vola en éclat révélant un pied hypertrophié et tout son bras gauche était devenu d'une taille clairement anormale pour un être humain. Elle ne sembla pas ressentir plus de douleur mais il fallait avouer qu'elle était devenue assez difforme. Et encore, il ne pouvait pas être certain que d'autres parties du corps de l'humaine n'avaient pas eux aussi enflé mais qu'il ne pouvait les voir car ils se trouvaient sous ses vêtements ou même dans ses entrailles.

C'est à cet instant qu'Adakith, qui ne regardait pas ce que faisaient ses nouveaux compagnons, releva la tête en criant aussi fort qu'il le pouvait un avertissement qui arriva hélas trop tard.

-Attendez, ceci est un onguent de soin si j'en crois ce qui est inscrit. Ce serait étonnant que la potion aie le même usage. Comme il n'était pas aveugle, il remarqua que l'état d'Ielenia avait évolué. Réprimant autant que possible un rire sans doute malvenu, il réussit à prononcer trois mots de plus. Ah, trop tard.

Onzième jour de Martel 1373
Nyth

Sans doute tout cela était-il stupide mais il fallait avouer que c'était la première nouvelle plausible depuis très longtemps. Pendant son errance, Hannibal était passé par Telflamme par hasard ou presque. C'est au détour d'une conversation qui semblait des plus anodines que l'oreille du guerrier fût attirée. Un nain nommé Boldhûr avait été aperçu à Nyth un port plutôt prospère au nord de Telflamme et il avait mené une sorte de troupe dans la Forêt de Léthyr et tout ce qui avait été retrouvé de cette troupe était un amas d'objets ayant appartenu aux courageux habitants des villages voisins qui avaient suivi le nain. Ce n'était peut être qu'une rumeur mais c'était la première piste depuis très longtemps.

Maesark avait voyagé seul pendant longtemps mais il se trouvait maintenant dans une grande cité. Ce n'était pas par plaisir qu'il s'y trouvait mais l'une des dernières victimes de ses vols lui avait révélé pour sauver sa vie qu'un riche marchand de Nyth recherchait des hommes forts et capables de survivre en forêt, que la récompense serait à la hauteur de l'exploit, etc... La nouvelle la plus notable était que la mission revenait à tuer de manière violente un certain nombre d'elfes et de leurs comparses.

Il n'avait pas été difficile de trouver la demeure du prince-marchand. Il devait avoir quarante ans mais ne portait pas les stigmates habituels de ces gens qui finissaient toujours pas devenir secs et froids force de ne vivre entourés que de nombres ou gros et gras à force de gaspiller le fruit de leur commerce. Lui était grand et maigre et ressemblait plus à un soldat qu'à un commerçant. Ses paroles leur firent comprendre la raison de cette étrangeté.

-Messieurs, je m'attendais à plus de réponses mais un groupe moins nombreux sera sans doute plus efficace. Mon nom est Aldammon Serparar. Jusqu'à récemment, mon travail consistait à convoyer les marchandises de mon oncle qui a eu la bonne idée de mourir en me léguant ses affaires. L'une des dernières caravanes qu'envoya mon oncle était dirigée par un camarade à moi, un nain. Elle disparut et il fut seul à reparaitre et encore seulement le temps de réunir assez de paysans pour retourner retrouver la marchandise. Il n'a plus reparu depuis.

Je ne sais pas ce que transportait ce convoi ce qui est surprenant car mon oncle notait avec minutie tout ce qui passait entre ses mains. C'était donc quelque chose de précieux et je souhaiterai remettre la main dessus. Je supposes que ce sont ces sauvages d'elfes qui ont attaqué le convoi ne supportant pas qu'on traverse les bois qu'ils pensent être les leurs. Evidemment, je suis prêt à vous récompenser pour votre aide. Faites votre offre.

Onzième jour de Martel 1373
Saenmelin

Saeonna Aelrail était arrivée dans cette petite colonie d'elfes sauvages quelques jours plus tôt. Le village était étrangement animé et cela avait surpris la prêtresse de Rillifane Rallathil habituée au calme normal de ces petites enclaves pacifiques. Les habitants, toujours heureux d'accueillir une suivante du Protecteur des arbres, ne lui cachèrent pas longtemps les raisons de cette agitation.

Depuis quelques temps, de nombreux arbres pourrissaient de l'intérieur tout en ayant l'air parfaitement sains par ailleurs. Les êtres de la forêt dépérissaient sans raison apparente et cela inquiétait les elfes. Il leur avait fallu un certain temps pour trouver un lien entre les lieux où les arbres dépérissaient vivant. Une caravane avait été aperçue faisant des arrêts à proximité de ces endroits, une caravane qui n'avait aucune raison, et aucun droit, de passer ainsi dans les Bois de Léthyr où certains arbres étaient nés avant le plus ancien des anciens elfes des petites villes. Il avait été décidé qu'une délégation devrait entrer en contact avec cette caravane dès qu'elle repasserait par les bois pour lui demander ce qu'elle faisait et pourquoi elle passait ainsi sur des terres vierges des impuretés humaines.

Cette délégation n'était jamais revenue au village. Avant que la caravane ne fut ressortie des bois, une autre troupe avait pris les armes pour clarifier la situation, presque convaincus que la disparition des émissaires était leur acte tout comme la décrépitude des arbres. La présence d'un nain pour diriger cette expédition n'avait fait que renforcer leur convictions. Les plus courageux des elfes s'étaient rassemblés, ils devaient être au moins dix fois plus nombreux que les humains de la caravane. Eux non plus n'avaient pas revu le village.

Tout cela lui avait été raconté par les villageois. La nouvelle de l'arrivée d'une prêtresse de Rillifane Ralathil n'avait pas tardé à faire le tour du village et avant que celui qui lui racontait l'histoire ait fini de parler plusieurs membres de la communauté s'étaient rassemblés autour de Seonna Aelrail pour lui demander de retrouver qui son frère, qui son fils, qui son mari. Toutes les suppliques se turent soudainement quand un elfe largement plus vieux que tous les autres s'approcha humblement de la jeune elfe.

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Onzième jour de Martel 1373
Arbredru

Sans doute les communautés d'elfes sauvages qui peuplaient le Bois de Léthyr ne le reconnaitraient jamais mais elles n'étaient pas les seules à œuvrer pour la sauvegarde des magnifiques arbres qui la peuplaient et des animaux qui vivaient en harmonie avec eux. Arbredru, un modeste hameau peuplé par moins d'une centaine d'humains et de demi-elfes se sentait lui aussi particulièrement concerné.

Fondé une vingtaine d'année plus tôt par des bûcherons envoyés pour rendre plus utile le bois de la forêt, Arbredru avait rapidement changé d'optique. Dès leur arrivée, les bûcherons avaient ressenti une certaine réticence à s'enfoncer sous les frondaisons qui cachaient presque entièrement le soleil. Remettant autant que possible leur travail à plus tard, ils finirent par voir arriver l'hiver et une armée de loups des plaines environnantes qui avait failli raser le village de la carte de la région. Seule une intervention aussi surprenante que salvatrice d'êtres des bois avait permis au hameau de perdurer. Depuis, c'était devenu un immense temple informel en l'honneur de Sylvanus même si sa réputation n'avait pas été bien loin car aucun prêtre ou druide de Sylvanus n'avait jamais eu la vocation de consacrer le site.

Malgré tout, Branick en avait entendu parler lorsque ses pérégrinations l'avaient conduit à traverser la Mer des Étoiles Déchues. Il n'avait pas quitté la Confrérie des Gardiens Sylvestres par la grande porte et se rendre dans ce village pouvait être un moyen de retrouver le lien avec le Père-Chêne et la nature qui semblait avoir failli s'estomper. Lui-même ne savait peut être pas vraiment à quoi s'attendre en arrivant dans ce village mais la réalité ne pouvait qu'être surprenante.

Le village, entièrement construit en torchis ou une autre sorte de tourbe, avait une forme vaguement circulaire autour d'un arbre encore bien petit. S'il fallait en croire les habitants, un sylvanien avait sacrifié sa vie à cet endroit et Sylvanus avait fait poussé un arbre qui normalement ne pouvait pas passer à cet endroit pour célébrer son combat. Une dizaine de personnes était assise en cercle autour d'un homme âgé qui semblait discourir.

-... le cadeau dépérit, c'est la faute de ces gens qui traversent la forêt sans aucun égard pour elle. Vous avez tous vu les ravages causés par leur passage. Il nous faut agir mais comment? Les elfes ne nous font pas confiance et nous ne réussirons pas à convaincre ces sauvages de renoncer à ces chemins sans recourir à la violence. Qu'allons-nous faire?

Saeonna s'inclina devant le vénérable elfe et elle porta un regard de grande compassion envers ceux qui lui avaient demandés son assistance. Elle aussi sentait au fond d'elle la perversion qui était infligé aux arbres, aux protégés de son Dieu. C'était un sacrilège que d’agir ainsi avec ces arbres plus vieux que même les elfes qui l’entouraient. Elle pouvait aussi lire la tristesse sur les visages qui l’entouraient et cela la poignardait aussi surement que l’aurait fait une lame d’acier. Ses enfants, pères, époux étaient tous partis pour accomplir une noble cause. Leur sacrifice ne serait pas vain, elle s’en fit la promesse.

’ ’

Elle n’était pas certaine que de leur donner ainsi de l’espoir était bien, mais il y avait peut-être une petite chance pour qu’elle apprennent ce qu’ils étaient devenus. Et s’il y avait la moindre chance qu’elle puisse les retrouver vivants, elle le tenterait.

’ ’ ’ ’

'esprit de Ssendur se révolta contre sa propre bêtise.

¤Par les Crochets de Sseth, qu'ai-je fait? Comment ai-je pu confondre de manière aussi lamentable une potion d'agrandissement et un onguent de soin? Ah, bon, tâchons de rattraper cette erreur...¤

Voyant le corps de Ielenia grandir, le paladin eut peur de voir la prêtresse compressée dans des vêtements et armure bien peu élastiques. Étant parfaitement asexué, c'est avec naïveté et sans aucune arrière-pensée qu'il commença à délacer les armures de la jeune femme et à lui retirer les vêtements. Lorsqu'il jugea que la suffocation ne menaçait plus la fidèle de Lathandre, le Yuan-Ti arrêta la séance de déshabillage et saisit l'onguent de soins.

-Fillow, je vous en prie, aidez-moi à appliquer l'onguent. Nous devrions pouvoir ramener rapidement la prêtresse à elle-même.

Toute l'attention de l'ophidien était portée sur les soins apportés à Ielenia, et le paladin ne remarqua nullement le départ de Zémobiel ou l'air agacé d'Adakith. D'ailleurs, cela comptait-il vraiment pour lui? Sauver une vie, surtout quelqu'un d'aussi pure et bonne qu'une prêtresse de Lathandre, était bien plus important à ses yeux que de surveiller les agissements de quelques individus mal intentionnés. Un paladin de Torm ou de Heaume aurait certainement contesté ce point, mais M'Daess était peu portée sur le châtiment des impies.

Onzième jour de Martel 1373
Saenmelin

Les elfes eurent du mal à cacher à Saeonna à quel point ils étaient rassurés et comblés de la voir leur prêter secours dans leurs malheurs. Aucun n'osait le dire à haute voix mais tous étaient maintenant persuadés que leurs familles allaient rentrer saines et sauves et que la forêt serait sauvée grâce à l'intervention de la représentante de Rillifane Rallathil. Elle était la seule à percevoir encore les risques qu'elle allait courir et le peu de chances qu'elle avait de réussir cette mission dangereuse.

Une fois encore, ce fut le vieil elfe qui prit la parole pour répondre aux questions de celle qui devait les sauver. Il avait du mal à se faire entendre car tous les villageois remerciaient Saeonna en chœur et chacun prononçait une prière différente en son honneur qui faisaient une cacophonie joyeuse mais assourdissante.

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Quelque part:

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Ielenia récupère 19 points de vie

Le visage de Fillow, et pas seulement son visage, prirent rapidement une teinte rougeâtre quand Ssendur commença à déshabiller Ielenia pour l'enduire du baume guérisseur. Ssendur réalisa vite que, évitant comme il le pouvait de regarder le corps partiellement nu de la prêtresse, Fillow ne lui serait pas d'une grande aide et il appliqua lui-même l'onguent. Même Adakith, qui ne tenait pas à ce que leur immobilité dure trop longtemps, pria pour que cela permette à Ielenia de se remettre sur pieds.

Partout où l'onguent avait été apposé, il fut comme aspiré par la peau de l'humaine qui prit une teinte bleue pâle, presque blanche. Comme personne n'était expert en ce genre de soin, il était impossible de savoir s'ils venaient d'aggraver la situation ou au contraire de l'améliorer grandement mais ils n'hésitèrent pas très longtemps. Au milieu de son visage resté à sa taille normale, les yeux d'Ielenia commencèrent à s'ouvrirent doucement. La lumière verdâtre que diffusait le globe au plafond n'avait rien de la beauté de l'aube qui s'étend sur le Foyer de la Nature mais c'était déjà bien mieux que les ténèbres illuminés seulement par les sombres rêveries de la prêtresse du Seigneur de l'Aube. Étrangement, elle se sentait en forme malgré de légères démangeaisons aux endroits qui avaient subitement changés de taille.

Il y eut tout d'abord comme un éclair. Puis d'étranges voix se firent entendre, accompagnées de sensations plus ou moins bizarre. Et enfin ce fut la lumière. Non pas la grande clarté du soleil mais plutôt une lumière vague et diffuse. Iélénia revint à la raison et se releva d'un coup.

-Mais que s'est-il passé ? Et où est là ?

Voyant dans quel état elle se trouvait elle commença sérieusement à se poser des questions. Elle commença à se rhabiller afin d'être plus présentable et s'aperçut qu'elle présentait des particularités physiques pour le moins inhabituelles. Poursuivant son retour à la conscience elle remarqua la non présence d'une personne à qui elle aurait bien dit deux mots voire trois ou quatre.

-Mais qu'est-ce que vous m'avez fait ? C'est quoi tout ça ? Et mes vêtements ? Mais vous êtes des...des... Et mes...Et mon... Et l'autre elle est où ?

Elle se calma un peu et commença une exploration systématique de son corps afin d'en vérifier l'état général, tout en se remettant sur ses pieds et apte à poursuivre son voyage.

-Bon soyons constructive. Voyons ça. Qu'est-ce que vous m'avez fait avaler ?

Tentative d'identification de la potion bue

Saeonna s'inclina devant tous les elfes et leur sourit avec mélancolie, courage et détermination.



La jeune elfes des bois savait très bien qu'elle n'avait pas de grande chance dans son entreprise, mais elle ferait de son mieux pour le service de son dieux et de ses pauvres hères. Aucun elfe ne méritait de voir sa forêt ainsi profaner. C'était son devoir de sauver la forêt et elle allait faire de son mieux pour y parvenir. Peut importe le coût, même sa propre vie. Elle était née pour apporter la parole et la foi de Rillifane.



Elle s'inclina à nouveau et adressa une prière sincère à son dieu et le guide de son coeur.



Une lueur la nombat alors d'argent et ne s'effaça que lorsqu'elle se fut relever après sa prière.

Vingt-septième jour d'Uktar 1372
Iriaebor

Entre la Damarie et Iriaebor, la distance était tellement importante que pour la plupart des gens à un bout ou l'autre de ce périple, ceux qui vivaient de l'autre côté était presque légendaires. Mais voyager était l'une des choses que Tharivor faisait à merveille et dont il n'avait que, rarement, marre. Il n'avait pas vraiment choisi la cité des milles flèches par hasard. L'un de ses compagnons de route, un certain Kerill Mirmaton, un joyeux jeune homme qui vaguait aux alentours de Saerloune pour affaire et qui devait rentrer au plus vite à Iriaebor pour faire son rapport à son oncle qui gérait la fortune de la famille et qui l'avait convaincu de le suivre et que le chef de la famille Mirmaton aurait du travail pour lui qui lui plairait.

Parfois, il vaut mieux renoncer à dénouer les fils emmêlés du destin et ne plus chercher à comprendre comment on se retrouve dans cette situation. C'était peut être le cas d'Arveene Aumble. Elle était depuis un certain temps maintenant occupée par la recherche d'indices qui pourraient lui permettre de comprendre d'où lui venaient son étrange tatouage et de quelqu'un qui pourrait lui en dire plus à propos de cette langue étrange et complexe dont personne ou presque n'avait entendu parler. Tymora faisant bien les choses, elle avait entendu parler d'une homme qui usait de cet alphabet étrange pour communiquer avec certains de ses plus proches collaborateurs avant d'apprendre qu'il était mort. Puis elle avait appris que l'un de ses fils était en possession d'un ouvrage qui expliquait d'où venait cette langue et qui devait permettre de la comprendre. A l'étape suivante, elle avait découvert que ce livre avait été offert à la bibliothèque de Château-Suif et qu'il n'était pas consultable mais qu'une copie avait été réalisée et qu'un moine de la bibliothèque en était l'actuel propriétaire. Enfin, elle avait appris que ce moine avait hérité de son grand-père un commerce florissant et qu'il vivait maintenant à Iriaebor sous le nom de Landret Mirmaton.

Le fait est que les deux voyageurs arrivaient dans la cité aux milles flèches pour des raisons complètement différentes mais ils se rendaient au même endroit, quoique sans vraiment savoir où se trouvait la demeure de ce marchand prospère, mais qu'aucun des deux n'avait vu une ville construite ainsi. La ville semblait tassée, presque écrasée entre les collines et la rivière. La plupart des villes étaient un assemblage parfois hétéroclite de maisons à un étage le plus souvent composées d'une seule pièce pour les familles les plus simples alors qu'à Iriaebor même les plus petites maisons avaient deux ou trois étages alors que la surface au sol de leur rez-de-chaussée était à peine suffisante pour faire entrer un lit ou une table. Loin au-dessus de ces maisons pauvres de paysans ou de pêcheurs, les tours élancées des riches marchands qui tendaient leurs cimes vers les cieux donnaient l'impression de se tendre de tout leur long pour dépasser même faiblement leurs voisines.

Onzième jour de Martel 1373
Saenmelin

A voir les visages emplis de gratitude des habitants de la colonie forestière, passer une journée, ou même une semaine complète, en prière ne semblait pas être un effort trop important et la prêtresse du Seigneur des Arbres était certaine qu'ils offriraient à celui qu'elle avait promis de recevoir tous les rituels qu'il trouverait bon de leur faire accomplir.

Trouver un habitant du village qui acceptait de l'accompagner pour lui montrer le chemin qu'empruntaient ces marchands déforesteurs était une tâche autrement plus compliquée. Ce n'était pas vraiment que personne ne souhaitait apporter son secours, de nombreuses personnes avaient déjà promis de lui fournir de la nourriture, des vêtements ou l'équipement mais celles qui étaient prêtes à prendre le risque de ne jamais revenir de cette expédition étaient bien moins nombreux. Après de longues tergiversations, ce fut une jeune elfe dont le promis avait disparu et qui avait juré sur le salut de son âme devant Hanali Celanil de faire tout ce qui était en son pouvoir pour retrouver l'objet de son affection qui se porta volontaire malgré les protestations des membres de sa famille qui refusaient de la perdre elle aussi mais qui durent se plier devant son inflexible volonté.

Anaë, car tel était son prénom, était restée silencieuse aux protestations de ses parents et, même maintenant qu'elle avait quitté le village en compagnie de Saeonna Aelrail, elle ne semblait pas particulièrement avoir envie de discuter. Elle remuait sans cesse une sorte de médaillon qui pendait à son cou mais que la courageuse prêtresse de Rillifane Rallathil ne pouvait pas voir car il était dans le manteau léger que portait son guide. Elle marchait un bon train, même un peu vite au goût de sa compagne d'aventure, et semblait connaitre suffisamment bien chaque recoin des bois pour ne pas avoir à faire la moindre pause pour réfléchir au meilleur moyen à suivre. Elle ne desserra enfin les dents que lorsque le soleil, difficile voir à travers la canopée, eut atteint son zénith.

-


Quelque part:

Les réactions des divers protagonistes au réveil d'Ielenia furent variées. Adakith, pudique, ne regardait pas dans sa direction et se retint de le faire quand il l'entendit recommencer à bouger tandis que Saninaë se retenait de rire devant le comique de la situation. Fillow était hésitant entre sa joie de la voir reprendre enfin ses esprits et sa gêne d'avoir dû la dévêtir pour la sauver.

Une fois rhabillée, Ielenia commença à rechercher les diverses modifications qu'avait subi son corps. Outre sa langue enflée, son pied droit et son bras gauche hypertrophiés et légèrement douloureux, elle ne voyait pas de grosses modifications physiques mais elle devinait qu'à l'intérieur de son corps, d'autres organes avait été affectés. Elle avait très faim et très soif, comme si elle avait erré pendant de longues heures sous un soleil de plomb, mal à la tête et elle se sentait essoufflée alors qu'elle n'avait fait qu'enfiler quelques vêtements et sans doute la potion n'était-elle pas étrangère à ces effets étranges.

Lorsqu'il entendit la prêtresse du Seigneur de l'Aube saisir la fiole pour l'examiner, Adakith se retourna et prit la parole. Il semblait agité car il estimait que la situation était pire à chaque seconde qui passait et, de manière assez contradictoire, calme car il reproduisait le ton qu'il avait entendu ses professeurs utiliser pendant de longues années. Il ne voulait pas faire un exposé mais il était obligé d'admettre que le fait d'avoir une connaissance que les autres n'avaient pas et qui pouvait leur être utile le replissait de fierté et il espérait que se montrer utile lui permettrait de trouver une place auprès de ses nouveaux compagnons au moins assez longtemps pour qu'une situation plus avantageuse n'apparaisse.

-Mademoiselle, je ne suis pas très doué pour l'art de la préparation des potions mais je pense pouvoir vous expliquer ce qui est arrivé. Lorsque une personne n'est pas en état d'utiliser une baguette ou un parchemin, par exemple parce qu'il ne connait pas le sort adéquat, la Toile peut être légèrement déformée et causer des troubles étranges. C'est parfois aussi le cas pour des potions quand le corps du sujet n'est pas capable d'assimiler correctement le produit. Je pense que c'est ce qui vous est arrivé. Ce devait être une potion dont le but était de faire grandir, je suppose, et votre corps ne l'a pas acceptée correctement.

Dans ce genre de cas, le moyen le plus rapide d'annuler les effets gênants est d'utiliser le sort adéquat mais je ne suis pas capable de dire lequel c'est dans ce cas précis. A mon avis, la seule solution, pour l'instant, est d'attendre que les effets s'estompent. Mais je vous préviens cela peut prendre des heures voire des jours, il va falloir vous montrer patiente et prier pour que d'autres effets encore plus indésirables n'apparaissent pas par surprise.

Saeonna sourit à sa compagne et son guide. Elle était une elfe courageuse et déterminer, même si elle n'était pas une combattante, Saeonna serait ravie de ne pas être seule dans cette quête. Pourtant, elle devait être claire avec elle.



Saeonna n'aimait pas avoir à faire ce genre de chose. Comme toute elfe, elle répugnait à abandonner sa liberté ou à contraindre qui que ce soit. Pourtant, en ce moment, ne sachant ce qui se préparait, elle ne pouvait se permettre de laisser la liberté primer sur leur survie ou leur mission. C'était d'une forêt chère au Seigneur des Arbres dont il était question, et de la vie de plusieurs elfes. Elles ne pouvaient se permettre le moindre sentiment. Et pourtant, un peu de culpabilité se glissait au fond de son cœur et de son âme elfique.