on ok s'il faut se jeter à l'eau ... Riez pas trop ou alors en silence svp ...
Le minotaure s’en retournait vers les siens,
L’esprit encore embrumé par les paroles,
Que cette fille au mystérieux dessein,
Enonça avec sa voix de casserole.
Quel tourment de devoir reconnaître ainsi,
La barbarie des actes de ses frères d’armes,
Et d’avoir osé accepter par pure folie
D’aider la belle damoiselle en larmes.
La guerre qui opposait son peuple aux hommes,
De tout temps avait fait couler beaucoup de sang,
Doit-il déjà lustrer sa hache couleur chrome,
Et tuer dans sa famille ceux de haut-rang ?
Ces interrogations dans sa tête tapaient
Plus fort que ses sabots sur le sol caillouteux.
Déjà quelques minutes seulement restaient,
Avant d’arriver au village l’air heureux.
Sur le chemin il trouva le corps d’un ami,
Criblé de flèches à pointes d’acier forgé,
Ses cornes avaient été coupées à demi
Et ses bijoux lui avaient été dérobés.
Certainement pas l’œuvre de la vengeance
Davantage celle de la cupidité,
Les humains font preuve de malveillance,
Pensait-il en touchant le front de son ainé.
Ils sont attirés par le gain et le pouvoir,
Comme des mouches sur une bouse de trolle,
Leurs attaques vicieuses laissent entrevoir
La noirceur de leurs êtres couverts de véroles.
« Ah laissez nous vivre en paix dans nos villages »
Cria-t-il de toutes ses forces vers le ciel.
« Ainsi nous vivrons en bon voisinage »,
Et les larmes coulaient sur son poil couleur miel.
Deux mauvais chasseurs profitaient de son discours
Pour l’encercler avant de lancer leur assaut.
L’un fit craquer une branche sur son parcours,
Ce qui éveilla Raindal dans un soubresaut.
Le premier homme, confiant, lâcha un trait mortel,
Qui se figea dans le manche de la hache.
Raindal, chanceux, se cru un instant immortel,
Et chargea le pauvre idiot avec panache.
Il le bouscula et le frappa lourdement,
Le sang de son ennemi gicla sur l’herbe,
Le second sans bruit s’avançait perfidement,
Courageux pour un chasseur encore imberbe.
Il assainna un coup de couteau bien placé,
Au point que Raindal mit un genou à terre.
La rage brilla alors dans les yeux du guerrier,
Et il se leva, arrachant la lame en fer.
Le jeune coq prit peur et tenta la fuite,
Le minotaure brandissait sa grande lame,
Sans un mot punit cette vile conduite,
Mettant ainsi fin à ce sinistre drame.
Il ramassa sur les cadavres encore chauds.
L’or, l’argent et les bijoux qu’ils avaient volés.
Puis il prit dans ses bras le corps de son frérot,
Et retourna au village pour l’enterrer.
Il attendit le lendemain avec crainte,
Se demandant ce qu’elle penserait de lui.
Au petit jour il embrassa sa femme enceinte,
Et reprit son chemin en mangeant des biscuits.
Il arriva en vue du village brûlé,
Et chercha du regard la jeune éplorée.
Elle dormait encore sur le sol tout calciné.
Il s’approcha doucement pour la réveiller.
Mais elle faisait mal semblant et se redressa,
Et avant que Raindal ne puisse comprendre,
Cinq hommes armés d’arcs surgirent ici et là,
Encerclant le minotaure hélas trop tendre.
« As-tu amené ou tué les responsables ? »
Lui demanda-t-elle sur un ton glacial.
Jetant le butin sur le sol de l’étable,
Il affrontait fièrement ce moment crucial.
« Quoi, que veux tu dire par là ?», cria-t-elle.
"C’est votre or et vos volontés de conquêtes,
Qui sont l’origine de ce grand bordel !"
Il souriait tout en mangeant une croquette.
« Foutaises ! Foutaises ! » s’époumona-t-elle,
« Tuez le, on fera la travail nous-mêmes. »
Raindal affronta la mort dignement, priant une dernière fois ces dieux de donner la force nécessaire à son peuple pour résister à ces envahisseurs qui au nom d’une foi et d’une société différente tuaient sans vergogne ceux qui les gênaient et se plaignaient quand ils étaient la cible de contre attaques.
Avant de chercher ailleurs les raisons des maux qui nous tourmentent, nous devrions d’abord nous demander en quoi nous en sommes responsables et discuter pacifiquement et de façon constructive comment construire un futur commun et prospère pour tous.
Raindal ressentit un étrange bien-être et assista à son exécution dans un silence quasi divin.
Il ne ressentit pas la douleur quand les flèches se figèrent dans son corps, et son esprit quittant son corps, il se vit tomber sur le sol, baignant dans une mare de sang.
Ces ennemis s’étaient transformés en statue de pierre blanche, affichant sur leurs visages la méchanceté des hommes et leur soif de sang.
Il se retourna et vit, flottant autour de lui, les esprits ancestraux que vénéraient les siens depuis si longtemps.
Ces « dieux » lui ouvrirent les bras … Raindal deviendrait l’un des leurs mais long était le chemin encore à parcourir.