Des étrangers à la Maison du Chêne., Absurbanipal, Stor, Ylinya et Mjöllnir

MJ
Le visage plissé comme un vieux parchemin à force de détermination Simaïus se pencha un peu plus en arrière sur sa chaise et retira ses mains de la table. Le vieillard s'apprêtant à exprimer sa vérité et il fallait que cette dernière paraîsse réelle aux yeux de tous. Il machonna un dernier bout de pain avant de répondre à Stor et à Absurbanipal. "Tout ce que nous connaissons de Vallar s'arrête ici, tout cela appartient aux légendes et les sages n'en connaissent pas plus que les bardes qui véhicules les chansons de geste, il n'existe aucune histoire écrite de ce sombre temps jadis. Mon intime conviction me conduit à ces déductions et je ne pense pas me tromper en disant aujourd'hui que ce que tous pensaient être une légende ou une partie de l'histoire antique de cette région sauvage dénuée d'intérêt, peu encore avoir des conséquences je le crains aujourd'hui et prouver à tous que l'histoire de cette contrée était plus importante que ce que nous en avons retenu..."

- Vallar a été dérangé, d'une manière ou d'une autre, c'est tout ce que je sais. La crypte où Mathor l'archidruide l'a emmené a été découverte et vous pouvez me croire quand je vous dis que les nuages noirs que nous voyons passer au dessus de nos têtes depuis près de deux semaines, prennent naissance à proximité du tombeau de Vallar! Sa puissance peut paraître énorme mais elle n'est que le reflet de la souffrance qui a du être la sienne à sa mort... La souffrance d'un homme aussi fort qu'un demi-dieu! Cela peut donner une magie puissante, très ancienneet très dangereuse... Elle prend sa source dans la terre et dans la vie elle même. Le vieil homme se tut, histoire de laisser le temps à ses invités de digérer les informations qu'il venait de leur livrer. Amra fut la première à parler, il ne faisait aucun doute qu'elle croyait à l'histoire de son père, mais elle avait l'habitude de prendre de grandes décisions et savait qu'il ne fallait en prendre aucune à la légère et encore moins dans la précipitation...

- Quoiqu'il en soit réellement de cette histoire nos ennemis ont été repoussés... Les orques n'étaient pas organisés et n'avaient pas de chefs, les surprendre dans nos bois a été facile. Le ciel obscurcit par la tempête était une bonne opportunité pour eux de sortir de leur trou, mais ils ne devaient pas vraiment avoir conscience de se qu'ils se passaient à la surface pour nous, car dans ce cas ils auraient été préparés et plus nombreux et il ne serait pas dit que le bourg soit encore intact à cette heure.

- De plus, les intempéries se calment de jours en jours et je dirai même d'heures en heures, ça ne fais aucun doute pour Sylvanus. Bientôt tout sera rentré dans l'ordre. Alors faut-il vraiment s'alarmer de ce qui a bien pu se passer au nord. Envoyer une expédition aggraverai peut-être plus les choses que ça ne les arrangerai... Amra semblait inquiète, elle regardait maintenant Absurbanipal et l'expression de son visage indiquait qu'elle aussi espérait avoir été aussi convainquante que son vieux père.

- Tu as raison ma fille, mais pourquoi les présages ont été aussi clair dans ce cas? Pourquoi notre invité est venu se perdre si loin de chez lui et pourquoi les nuages semblent le lier à cette histoire? Quoiqu'il en soit Amra une compagnie va se créer ce soir et même si les augures ne m'ont pas parlés de toi mon ami halfelin, je mettrais ma main à couper si tu n'en faisais pas partie! D'ailleurs vos futurs compagnons ne devraient pas tarder à arriver... Simaïus fit un signe de la tête vers la porte, puis prit son écuelle à deux mains et la porta à ses lèvres pour finir ce qu'il avait laissé tout à l'heure. Il ne fallut à peine plus de dix secondes d'un silence pesant avant que deux ombres passent près des fenêtres et que l'on entende deux personnes s'exprimer sans toutefois comprendre ce qu'ils se disaient avec la tempête qui faisait rage au dehors... Quelqu'un frappa la porte et Simaïus reposa son assiette de bois et se leva, apparemment satisfait du petit effet qu'il venait de produire sur son auditoire, et lança à travers la pièce : "Entrez! Nous vous attendions, la porte n'est pas fermée."

Le début pour Ylinya et Mjöllnir c'est ICI.

a porte bleue s'ouvrit sur la tempête et la nuit. La druide poussa le nain vers l'intérieur avant de pénétrer à son tour et de refermer précipitamment la porte afin de ne pas refroidir la pièce, ni la trempée. Elle parcourut rapidement du regard les lieux, laissant ses yeux s'habituer à la lumière ambiante et cherchant la personne qui les avait ainsi invités à entrer. La jeune demi-elfe sentait l'eau dégouliner sur le plancher, la rendant mal à l'aise de mettre dans un pareil état la maison d'Amra. Elle essaya de faire bon gré mal gré et mit derrière l'une de ses oreilles une mèche bleue qui venait de se coller à sa joue. Elle sourit, nerveuse, essayant de paraître plus à l'aise qu'un chat tombé à l'eau, même si c'était l’ambiance soudainement chaude et sèche qui la rendait ainsi... Elle n'osait pourtant pas s'approcher plus de la table, préférant créer sa flaque non loin de la porte et ne pas en créer des miniatures un peu partout. Elle chercha les yeux de Mjöllnir pour se donner un peu de courage et se lança enfin, regardant cette tablée de quatre, déduisant que l'homme le plus vieux était le propriétaire de la voix tantôt et la femme, demi-elfe peut-être, la fameuse Amra. Elle fut étonnée par le second homme qui lui paraissait aussi exotique qu'elle ne devait être pour lui... Par politesse elle s'adressa d'abord au vieil homme qui les avait invités.

- Bonsoir à vous tous et excusez-nous de vous déranger ainsi, tardivement et en plein repas... Mais mon compagnon, Mjöllnir, et moi-même arrivons tout juste des marais non loin de Boislune. Nous étions envoyés de Lunargent pour venir vous prêter main forte mais il semblerait que vous n'en aillez plus vraiment besoin. Le fait est que le temps n'en semble pas moins déréglé et j'aurai souhaité l'avis de Dame Amra avant que nous n'allions retrouver les compagnons que nous avons laissés prés du tumulus du marais... Elle se tourna vers Amra. "Je me nomme Ylinya et suis moi-même druide..."

¤Comme si ces simples mots pouvaient tout expliquer...¤ La druide resta ainsi après ce discours qui lui avait paru si long. Elle était fatiguée. Dans ces lieux chauds et douillets, la fatigue des derniers évènements lui était tombée sur les épaules brusquement. Elle espérait qu'elle avait été claire et concise et que ces gens n'allaient pas les jeter hors de chez eux avec force mauvaise humeur. Elle se sentait comme une petite fille face à un maître enseignant... Elle fronça soudainement ses sourcils, se retournant vers le vieil homme. Sans doute quelqu'un les avait-il prévenu de leur arrivée en sortant de l'auberge sans qu'ils ne s'en rendent compte? Brusquement le sac d'Ylinya s'ouvrit et laissa Embrun sortir en trombes, se plaçant devant le feu.

- La demi-elfe aquatique qui n'osait pas courir à travers toute la maison se mit à rougir, gênée...

MJ
Il semblait que toutes les trombes qu'Ylinya et Mjöllnir avaient reçu sur la tête se deversaient maintenant sur les madriers qui composaient le sol de la maison. Une petite flaque c'était en effet déjà crée dessous et autour des deux aventuriers et elle ne cessait de s'agrandir au fur et à mesure que les manteaux huilés à la graisse de phoque faisaient dégouliner l'eau qu'il portaient. Les manteaux avient été de piètres protections face à la tempête qui faisait rage au dehors, car ni l'un, ni l'autre n'avaient pu garder un vêtement de sec... La maison était idéalement chauffée par un âtre immense, où plusieurs petites marmites réchauffaient entre autre une soupe aux épices à l'odeur alléchante, et aussi vite que le froid avait percé leur vêtements, ici c'était la chaleur qui les enveloppait peu à peu, les réconfortants après près de deux jours passés en extérieur.

- Une demi-elfe aux cheveux bleus et un nain sans armure... Quel étrange duo que voilà! Ne vous inquiétez pas pour la maison, le feu aura tôt fait de faire sécher ce que vous nous ramenez du dehors... Approchez vous plutôt de l'âtre et débarassez vous de vos manteaux détrempés. Pour le dérangement ne vous inquiétez pas vous étiez attendu, il y a donc de la soupe plus qu'il n'en faut pour nourrir dix hommes, même affamés. Simaïus c'était lévé de sa chaise d'un bond et puisant dans ses ressources de vieillard hors du commun, se dirigeait maintenant d'un pas énergique vers les deux compagnons pour les aider à se délester de leurs manteaux et de leurs sacs. La jeune demi-elfe aux cheveux brun et à la peau blanche assise près du halfelin au sourire malicieux se leva à son tour avant de prendre la parole.

- Mon père est devin, il avait pressenti votre arrivée. Amra semblait gênée du comportement de son père et de la façon déconcertante qu'il pouvait présenter les choses comme certaines, comme s'il savait tout et ne semblait jamais se tromper. Elle s'empressa de justifier le comportement de son paternel, pour que les nouveaux venus ne se sentent pas mal à l'aise. "Pour la tempête ne vous inquiétez pas, cette dernière est beaucoup moins puissante que celles que nous avons essuyées la semaine dernière, c'est justement ce dont nous étions tous en train de converser. Néanmoins, si vous désirez aider, il y aura toujours à faire, même si les orques sont en fuites, beaucoup d'arbres ont souffert, une druide de plus ne sera pas de trop et la force de ton ami pourra être employé à juste cause également pour déblayer les sentiers..."

- Mais je crains que mon père ait prévu autre chose pour vous! Finit-elle par dire en faisant une moue avec sa bouche ce qui semblait vouloir dire qu'elle n'aurait pas le dernier mot face à ce dernier qui ne put s'empêcher de sourire d'un air satisfait quand il entendit ses paroles. "Laissez moi plutôt vous présenter à mon tour mes compagnons, voici Absurbanipal, Stor un ami de la famille et mon père Simaïus le prétendu sage..."

e mulan observa l’étrange couple tout durant leur entrée remarquée dans la masure accueillante de Simaïus. Bien qu’il eut déjà vu des membres de la race naine auparavant, ceux-ci demeuraient extrêmement rares en son pays, c’est pourquoi il resta un long moment les yeux posés sur lui comme pour en graver les moindres détails dans sa mémoire. La robustesse qui semblait en émaner, lui parut presque palpable tellement elle fut intense. Il avait ensuite tout naturellement reporté son attention sur la compagne non moins exotique qui était à ses côtés. Belle et élancée, ses caractéristiques démontraient son appartenance au peuple elfique mais le prêtre nota une évidente différence dont il ne pouvait attribuer l’origine exacte. Lorsqu’Amra l’eut présenté, il jugea bon de se lever afin de les saluer dignement. Ils étaient manifestement accueillis en ce lieu comme des amis par Simaïus et sa fille, il ne pouvait pas moins leur démontrer une sincère chaleur humaine en se portant à leur rencontre.

- Force et Vie! Je suis Absurbanipal, l'aîné d'Arzou fils de Beleel en la lointaine Mulhorande. Je suis enchanté de faire votre connaissance, nobles voyageurs. Le prêtre s’inclina à demi en signe de salut respectueux avant de reporter son attention sur l’animal qui avait échappé à Ylinya. Le prêtre se baissa vers le félin aux poils encore ébouriffés par le confinement dont il avait fait l’objet et lui présenta une main ouverte en un geste profondément amical. En cet instant, le prêtre du dieu Soleil sembla émettre une nimbe de bonté visible pareille à la douceur des premiers rayons de l’aube. Son corps en fût auréolé tant et si bien que personne dans la pièce ne put l’ignorer.

Paraissant ignorer ce phénomène qui s’estompa peu à peu, Absurbanipal s’adressa aux nouveaux venus : "Savez vous, ô druidesse à la chevelure océane, qu’en ma terre natale les chats font figure d’animaux sacrés, gardiens des temples et qu’ils sont même le symbole d’une noble déesse nommée Bastet? C’est un bien bon présage que celui que votre compagnon soit de cette espèce bénie des dieux. L’entreprise à laquelle le sort nous destine n’a que trop besoin du soutien divin, n’est-ce pas Simaïus?" Toujours accroupi, le prêtre mulhorandi tourna la tête et plongea son regard de jais dans celui du vieilard.

'arrivée inattendue de Ylinya et de Mjöllnir eut le mérite de couper provisoirement la parole à Stor. Le nain était déjà fort étrange, ne portant pas, à l'instar de ceux de sa race, de lourde armure ni d’impressionnante hache d'arme. Mais, que dire de la créature aux cheveux bleutés qui venait de se présenter? Son origine elfique était indéniable tout en gardant une particularité étrange. Sautant sur ses pieds, le halfelin se retrouva le nez au niveau du tablier de la table, position qu'il jugea, fort évidemment, peu digne. Montant alors sur le banc sur lequel il était assis, il était enfin à hauteur pour mieux voir les arrivants. Cette position surélevée avait également le mérite d'éloigner les bottes du barde de la flaque d'eau qui, ruisselant des manteaux détrempés, s'étendait autour des nouveaux venus.

- Eh! Mais c'est super. Tu m'avais caché ça, Simaïus. Tu nous as dits que tu attendais du monde, mais, en vieux brigand que tu es, tu t'es bien gardé de dire qui devait venir. Entrez, entrez et venez profiter de la bonne soupe faite par Amra et testée et approuvée par son père. Avance-toi, Mjöllnir. Dis, je n'ai jamais vu de nain comme toi auparavant. Tu as perdu ton équipement sur la route ou quoi? C'est bien la première fois que je vois quelqu'un de ton peuple qui n'est pas déguisé en boite de conserve. Et bonjour à toi aussi, belle Ylinya. En tout cas, bravo pour la beauté de tes cheveux. Mais dis, la couleur est vraiment bien trouvée. C'est naturel ou tu expérimentes une teinture qui résiste à l'eau? En tout cas, chapeau. L'effet est fort réussi. Hum! Ça me donne presque envie d'improviser un petit chant pour votre accueil. Je l'appellerai 'Le nain sans armure et la druide aux cheveux bleus'. Sûr qu'avec ça, j'aurai un beau succès dans les tavernes... Se tournant pour empoigner son Yartingue et mettre ainsi sa parole à exécution, le mouvement du petit barde fut interrompu par la vue du chat, s'ébrouant près de la cheminée qui détourna temporairement son attention.

- Eh, mais c'est un bel animal que voilà! Il est à toi? Le pauvre, lui n'a pas l'air d'avoir apprécié la traversée à la nage. Il s'appelle comment? Il y a longtemps qu'il est avec toi? Dis, Simaïus, il fait partie lui aussi de nos futurs compagnons?

a jeune druide fut un peu surprise de la façon dont ils furent accueillis. D'un autre coté, l'explication d'Amra rendait pas mal de choses claires. Si son père, Simaïus, était un devin, il était normal qu'ils les attendent ainsi. Elle lança donc un sourire à l'assemblée, rassurée. Elle posa son sac à dos et dégrafa son manteau, qu'elle finit d'essorer au niveau de la flaque principale, histoire de tout de même limiter les dégâts. Enfin elle s'approcha de l'âtre, afin de faire sécher certaines de ses affaires, même si elle restait à une distance raisonnable, souhaitant juste ne pas mettre de l'eau partout mais essayant de prolonger la sensation d'humidité sur sa peau. Amra semblait dire que le temps reprenait peu à peu le chemin de la sagesse et du naturel mais que quelque chose ou quelqu'un puisse ainsi le manipuler était dangereux et inquiétant. Même si un retour à la normal était le bienvenu il fallait tout de même faire en sorte que le problème ne se présente plus jamais... L'homme se présentant comme Absurbanipal se penchait vers Embrun espérant attirer son attention, il finit par monter sur la table d'un saut leste avant de grimper sur l'épaule du prêtre et de s'installer en 'écharpe' autour de son coup. La druide ne put que laisser échapper un rire.

- Enchantée, Absrubanipal! J'ai bien l'impression qu'Embrun vous apprécit aussi... Peut-être connait-il instinctivement les croyances de votre pays? Elle lui sourit, s'approchant pour gratter la tête de son ami ronronnant. "Je fais confiance à mon vieil ami pour nous porter chance..."

¤Même si jusqu'ici tout ne s'est pas passé de manière parfaite... Au moins nous as-tu gardé en vie, Mjöllnir, Nazeroth, Sion et moi...¤ La druide avait été un peu emportée par le flot de paroles du halfelin, elle voulait être polie avec tous et lui répondit aussitôt après avoir échangé ces quelques politesses avec l'humain. Stor semblait avoir l'esprit aussi vif que son verbe! Ylinya avait été assez surprise de la théorie proposée pour expliquer la couleur de ses cheveux. C'était tout de même plus agréable que le regard suspicieux de certaines personnes!

- Et bien Stor; ravie de te rencontrer... Pour mes cheveux, merci du compliment mais il s'agit de leur couleur naturelle. Elle sentit un léger moment de battement qu'elle s'empressa de combler. "Ma mère était humaine mais mon père un elfe, un elfe aquatique en fait. D'où les couleurs un peu spéciales de ma peau et de mes cheveux... Enfin vous savez tout!" Elle sourit, peu habituée de parler de ses parents. La seule chose de sure restait que ces gens ne l'aideraient pas à retrouver son père, puisqu'ils ne semblaient pas très connaisseurs des elfes aquatiques... Mais ce n'était rien, ils semblaient tous deux sympathiques pour l'instant. Elle finit par s'asseoir à une place libre, soupirant discrètement de pouvoir ainsi se poser après le chemin qu'ils avaient parcouru. Embrun fit une léchouille à la joue d'Absurbanipal et sauta sur les genoux de son amie, se laissant gratouiller.

- Embrun n'est pas à moi, il s'agit de mon compagnon, d'un ami fidèle et cher à mon coeur... Nous nous sommes rencontrés à bord d'un bateau, depuis nous ne nous quittons plus, sauf quand il va chasser quelques souris! Elle le gratta derrière l'oreille gauche et se tourna vers Amra et son père. "Dites moi, si les tempêtes se calment est-ce parce que vous en avez découvert l'origine et que vous avez résolu le problème ou est-ce pour une autre raison?"

ébarrassé de son manteau huilé, le moine fumait de tout son corps imbibé. De fines volutes blanchâtres couraient le long de ses membres, éclairées par l’âtre et l’auréolant presque autant que ne l’avait été le prêtre tandis qu’il s’intéressait au félin d’Ylinya. ¤Mulhorande... Aucun de mes voyages ne m'a mené jusque là... Que fait-il donc si loin des siens?¤

L’homme dégageait une profonde bonté, s’exprimant à grand renfort de métaphores et de considérations mystiques dont il acceptait être le jouet. De tous, c’est à son égard que Mjöllnir subissait le plus de curiosité. S’ils avaient à voyager ensemble, il aurait tout loisir d’en apprendre plus et d’en discourir avec lui, mais ce n’était pas le moment, le temps leur était compté. Profitant donc pleinement de cet instant qu’il savait et voulait court, il laissa à tous ces 'bavards' l’occasion de déverser leur flot de paroles. Si la politesse ne l’avait exigé, il se serait même passé de saluer la tablée tant il était étranger à un tel prolixisme. ¤Un barde, halfelin de surcroît... C'est tout ce qu'il nous manquait!¤ Il profita de sa voix forte pour placer ses salutations, coupant la question de Ylinya, laissant chacun prendre la mesure de celle-ci...

- Il me semble que la tempête se lève à nouveau Yli’. Je ne crois pas que quoi que ce soit soit résolu. Dame Amra, Simaïus, merci pour ce chaleureux accueil et bonjour à vous Stor à la langue bien pendue et Absurbanipal fils d'Arzou. Nous n’avons malheureusement pas le temps de nous étendre en présentations, une expédition s’apprête à faire route vers le tumulus où nos amis ont disparu et je les accompagnerai pour leur indiquer l'endroit en question. Ils risquent de passer à côté, nos deux compagnons restés sur place. Assuré d’avoir obtenu l’attention, il poursuivit...

- Trois des nôtres y ont disparu, changés en pierre par l’esprit du tumulus. Tentant de les libérer, un compagnon de plus a rejoint nos ancêtres, nous protégeant contre une armée de squelettes sortant de terre. Le Nain voyait encore en rêve éveillé la hache naine fendre l’air et les os brunâtres se briser... Il se reprit, fixant Simaïus, persuadé que si quelqu’un pouvait lui répondre, il devrait s’agir de ce devin. "Ces squelettes devaient être les deux cents disciples de Vladayn. Ce nom vous est-il familier?"

MJ
Etat préjudiciable : Absurbanipal redevient Fatigué.
Jet de Vigueur de Mjöllnir DD15 : 4(Dé)+4(Don)+5=13 Echec.
Etat préjudiciable : Mjöllnir est Fatigué.

Simaïus s'apercut en ayant vu Ylinya se déplacer qu'elle boitait sensiblement et que le manteau de Mjöllnir était déchiré et ensanglanté à plusieurs endroits. Les deux aventuriers avaient vraisemblablement beaucoup souffert de leur voyage pourtant court et cela autant physiquement que moralement et il leur sembla à tous les deux que Simaïus en avait tout de suite pris conscience dès qu'ils avaient croisé le regard du vieux devin. Ce dernier semblait maintenant pensif, réfléchissant, à voix haute semblait-il, aux dernières paroles du nain. "Tout ce qui avait été dit jadis et colporté par la légende, est donc maintenant en marche... Si les deux cents disciples ayant trahis Vladayn se sont réveillés, c'est que peut-être et même sans doute Morlar l'est aussi... Et par conséquence Vallar doit l'être aussi... Mais s'il ne l'était pas? Et bien, s'il ne l'est pas il faut s'en assurer..."

- Pour les tempêtes, elles se calment maître nain, c'est une évidence que nous constatons tous ici depuis une semaine, vous êtes sans doute resté trop longtemps à l'abri des murs de Lunargent pour en avoir conscience... Mais il est vrai que nous ne sommes pas à exempt d'une reprise s'il y a affaire de magie là-dessous. Le ton prit par Amra dénotait d'une certaine défiance ou tout au moins d'une rancoeur à l'égard de ceux qui venaient de la Perle du Nord, c'était la seconde fois qu'un ton de repproche était évoqué par les gens de Quaervarr lorsque Mjöllnir disait d'où ils venaient... Peut-être était-ce là ce dont parlait Darannor quand il disait qu'ils risquaient d'être mal accueillis par la population du bourg.

- Amra va chercher une cuvette, un broc d'eau et une serviette propre, s'il te plaît! Notre invité est couvert de blessure et sa compagne boîte, elle aurait sans doute grand besoin d'être soulagée... Le vieux Simaïus avait coupé court à toute longue discussion de sa fille pour pouvoir à son tour prendre la parole et faire connaître son sentiment et sa sagesse. "Je ne crois pas que ce soit une bonne idée que vous vous déplaciez encore ce soir mon cher Mjöllnir, vous risquez de ralentir plus que de raison, ceux qui vont partir à la recherche de vos compagnons et je peux vous assurer qu'à cette heure, ils ne craignent rien et sont en bonne santé..."

- Quelque chose de plus... 'grand', vous attend au nord je pense, et il ne faudrait pas que vous trainiez très longtemps ici car vous seriez bien capable d'échapper à votre destinée... Tenez prenez un peu de soupe, elle vous réchauffera. Peu à peu la chaleur avait eu raison de Mjöllnir qui commençait à subir les effets de sa journée plus qu'harassante. La nuit à l'extérieur sous le froid, puis la journée sous la pluie à creuser pour déblayer l'entrée du tumulus une première fois avec l'aide de son cousin, puis une seconde fois à sa recherche avait courbaturé son corps déjà endolori par les blessures qu'il avait reçu des squelettes... Ylinya avait eu raison maintenant qu'il s'était arrêté quelques instants, il ressentait non pas les effets de l'épuisement moral que sa compagne craignait, car il sa rage l'aurait certainement poussé au delà de l'Epine dorsale du monde s'il l'avait fallu, mais plutôt une fatigue physique intense qui aurait mis à genoux tout autres personnes n'étant pas doté de la constitution et de l'endurance impressionnante du nain.

’attitude d’Amra correspondait enfin à celle à laquelle le Moine s’était attendu depuis leur arrivée à Quaervarr. Sa lutte pour sa ville durait certainement depuis des années et jamais elle n’avait du pouvoir prétendre au confort de la grande cité. Elle revenait elle-même de combats et bien qu'ils avaient été différents de celui que lui et Ylinya avaient du livrer contre les squelettes, comment aurait-elle pu imaginer l’horreur à laquelle ils avaient été confrontés? Simaïus quant à lui était décidément un personnage bien singulier. Son ton paternaliste aurait agacé Mjöllnir s’il ne sentait son coeur battre à certaines plaies non refermées par la magie de sa potion et si la fatigue ne commençait à l’assommer plus sûrement que ne l’aurait fait un gourdin.

- Il semblerait que je n’ai d’autre choix que de vous faire confiance, Sage Simaïus. Son optimisme reprenant le dessus, sans doute trop fatigué que pour y réfléchir plus que de raison, il poursuivit : "Puisque vous m’assurez que nos compagnons se portent bien, c’est avec joie que j’accepte votre soupe. Mes respects dame Amra, pour votre hospitalité et pour le reste."

Sur ses mots, il se détendit. Pour la première fois depuis leur découverte de la disparition de leurs compagnons. Il reprit conscience de ses muscles endoloris et de l’état dans lequel il se trouvait et goutta pleinement à ce repos finalement mérité. Les propos du devin étaient alarmistes, certes, annonciateur d’un futur sombre, mais il ne lui servait à rien de tenter de repousser plus loin ses limites, à moins encore si ce qui les attendait était pire encore que ce qu’il avait déjà vu.

linya eut soudain la chair de poule à la mention des deux cents disciples auxquels ils avaient échappé... Et à quel prix! Ainsi s'étaient-ils retrouvés pris dans quelque chose de beaucoup plus grand que prévu. Et ces événements avaient déjà pris leurs tributs de vies...

- Excusez ma curiosité mais Vladayn, enfin Vallar, et Morlar sont des noms qui nous sont inconnus... Nous venons à peine de les 'croiser'. Et ces deux cents traîtres ne sont pas spécialement de tout repos... Elle sourit, s'excusant de son ignorance. Très certainement, le sage avait déjà expliqué tout cela aux autres, mais eux étaient arrivés trop tard et avaient manqué cela. La seule chose sure c'est qu'un nom tel que Morlar sonnait de manière assez sombre et peu rassurante... Son ventre gargouilla discrètement, faisant rougir la druide. Ils avaient mangé à midi mais cela semblait une éternité et ils s'étaient beaucoup dépensés!

¤Le destin peut vraiment s'apparenter à la mer. Parfois il nous emmène bien plus loin que l'on aurait pensé...¤ Elle regarda ces gens qui allaient devenir ses nouveaux compagnons. Elle espérait vraiment que cette nouvelle 'compagnie' finirait de manière moins tragique que la précédente. Elle gratta l'oreille d'Embrun, celui-ci se leva, s'étirant, avant de lui monter jusqu'à l'épaule et à s'enrouler autour de son cou. Se faisant, il défit par mégarde les cheveux d'Ylinya qui s'abattirent autour d'elle en une vague bleue. La druide sourit, rouspétant pour la forme et rattrapa le cordon de cuir parmi ses cheveux. En un sens c'était mieux... Les cordons de cuir tels que celui-ci avaient tendance à rétrécir lorsqu'ils séchaient. Cela pouvait parfois s'avérer une arme mortelle et traître s'il était offert comme un collier...

- Je pense que nous attendrons juste de savoir que nos amis sont rentrés sains et saufs à bon port si vous avez peur que nous nous attardions trop... Elle sourit au vieux sage. Sa relation avec sa fille était assez attendrissante. Amra semblait gênée par les propos de Simaïus mais nuls doutes qu'elle devait le couver de manière bien dévouée. Elle fut néanmoins soulagée de voir que quelqu'un de plus compétent qu'elle allait se charger de soigner son ami. Ils n'avaient plus spécialement pensé à leurs blessures. Mjöllnir avait prit une potion de soins et Ylinya n'avait pas eu le temps de se refroidir. Ce qui était malheureusement en train de se passer. Une fois arrêtés et en sécurité, leurs corps se rappelaient à leurs bons souvenirs. Et la cheville d'Ylinya la lançait discrètement. Rien de sérieux et grave mais elle ne pouvait pas en dire autant au sujet des blessures du nain... Elle eut honte de ne pas l'avoir forcé à se soigner avant d'arriver ici, mais ce genres de pensées ne pouvaient que venir qu'une fois l'esprit au repos et hors de dangers.