Des étrangers à la Maison du Chêne., Absurbanipal, Stor, Ylinya et Mjöllnir

MJ
Le ciel était perturbé, un vent d'altitude faisait avancer les nuages à une vitesse impressionante le prêtre n'avait jamais rien vu de pareil. Amra était à dix mètres de l'endroit où se trouvait Ba' avec un homme assez âgé qui devait compter au moins sept décénies. Il se tenait nu comme un ver sur une avancée rocheuse et leur tournait le dos, ses bras chétifs étaient écartés tandis que le vent faisait voleter ses cheveux blancs. Dans cet position le vieil humain avait des allures de vieux bâton désséché d'une extrème fragilité qui pliait sous le vent comme les roseaux de la rivière des Lances. Il leva un doigt décharné vers le ciel et lança en commun d'une voix chevrotante : "Je savais que tu allais venir Amra! Tu sais comment j'ai deviné cela?" Dit l'homme sans esquisser un mouvement.

Absurbanipal s'approcha du haut de la colline, cette dernière formait ensuite un faut plat descendant et donnait une vue admirable sur tout le village à moitié perdu en contrebas dans les conifères et les bouleaux cendrés. Près des toîts de maison on pouvait observer l'activité ceux qui vivaient là, comme le naturaliste observe le travail des habitants d'une fourmillière. Amra ramassa une longue tunique unie qui gisait en boule derrière son père et rougit de honte lorsqu'elle vit le prêtre...

- Ca doit avoir un rapport avec les nuages... Nous avons de la compagnie rhabille toi! Laisse moi t'aider à remettre tes frusques père... Lève tes bras que je puisse t'habiller. L'homme se retourna et battit des bras tant il était géné et nerveux quand il aperçut le mulhorandi. Il reprit immédiatement et fit semblant de rien, il enguirlanda sa fille pour se donner un semblant de contenance...

- Cela fais des jours que je ne t'ai point vu ma fille! Que dis-je!? Cela va maintenant faire près de trois semaines! Où étais-tu, je t'ai cherché partout. Mais quand tu te décides, il est plus facile à repérer une aiguille dans une meule de foin! Etais tu trop occupé pour lever les yeux au ciel de temps en temps? Une fois sa tunique mise, il se dirigea d'un pas décidé et surprenant vu son âge vers Absurbanipal, il le regarda de pied en cap, son front plissé lui donnait un air sincèrement inquiet et interrogateur... "Sais tu d'où viens ses nuages, toi qui cherche leur origine?"

La notion de pudeur au sujet de la nudité corporelle n’existant presque pas dans la culture Mulhorandi, le prêtre ne fut pas choqué de constater celle du vieillard. Il s’étonnait davantage des buts recherchés par ce dernier ainsi posté sur le dangereux promontoire rocheux et craignait que son esprit ne fut plus très clair, frappé de sénilité. Sa réaction fut l’embarras en réponse à la gêne que semblait manifester Amra à sa présence devant cette scène. Son père était un homme malingre voire rachitique, courbé et noué par les âges comme peut l’être le saule pleureur à l’apogée de sa croissance mais pourtant quelque chose d’indéfinissable émanait de sa personne. Alors qu’il venait à sa rencontre son oeil acéré et scrutateur ne l’avait pas lâché d’une coudée. Que pouvait-il bien lui vouloir? Il n’en savait rien, pourtant c’est bien à Absurbanipal qu’il s’adressa en des termes pour le moins énigmatiques.

Le prêtre du Seigneur Soleil baissa les yeux en signe de trouble alors que le vieillard reprochait ouvertement sa conduite à la merveilleuse jeune fille. ¤Comme cet homme est étrange. Il semble posséder une autorité sur sa fille qui dépasse de loin les limites de la filiation. Ce pourrait-il qu’il soit druide également? Peut-être même est-ce lui qui forma la mirifique Amra?¤ Son esprit tentait de s’aligner sur la manière de penser de son interlocuteur, ne sachant guère à quoi celui-ci faisait allusion. Un peu tendu il serrait plus fort le manche de bois de sa hallebarde.

- Unuk Ankh! [Force et vie!] Je ne sais d’où ils viennent vieil homme, mais si ces nuages sont là une préoccupation pour votre fille, vous-même ou encore les vôtres, je me ferai un devoir de vous aider afin que la nature reprenne ses droits, et que la sainte lumière du Soleil perce de nouveau sur ses contrées. Peut-être trouverais-je alors par la même la réponse à ma quête personnelle. Le mulan sourit, découvrant des dents à la pureté rappelant celle de l’ivoire.

MJ
Le père de la druide ne broncha pas les bras maintenant le long du corps. Ses sourcils remarqua le prêtre, rappelaient la forme élancée d'un oiseau de proie en plein vol. Ses yeux verts se rivèrent hardimment dans ceux de son visiteur. Un contact si intense qu'il menaça de lui arracher toute conscience de sa propre identité. En un éclair, il eut le sentiment d'avoir toujours connu cet homme. Ce regard qui l'emprisonnait aussi sûrement qu'une main de fer, sondant ses yeux à la recherche de son âme, en quête d'une énigmatique réponse...

- Alors comme ça il ne sait pas? Dit le vieil homme sans qu'on puisse déterminer s'il se parlait à lui-même ou à sa fille... Il leva son maigre bras vers les nuages, en effet il y avait quelque chose d'étrange, loin au nord ces nuages semblaient venir du même point pour se disperser en arc de cercle vers le sud. Le père d'Amra allait donner des explications sur ce phénomène lorsqu'une goutte de pluie s'abbattit sur son front.

- Voilà c'était à prévoir ne restons pas ici la pluie va être drue et je ne tiens pas à me remettre nu devant notre invité pour faire sécher ma tunique... Et en plus j'ai faim, je n'ai pas mangé correctement depuis que tu es partie ma fille et j'avoue qu'une bonne soupe aux oignons et aux fécules ne serait pas pour me déplaire... Loin de là! L'homme se baissa pour ramasser un bâton perdu dans les hautes herbes et il redescendit la colline d'un pas décidé vers sa demeure sans sembler prêter plus d'attention à Absurbanipal qu'il laissa seul avec Amra.

es paroles sibyllines du vieillard frappèrent en pleine face le prêtre mulan tel qu’aurait pu le faire un coup de massue. Lui qui pensait peut-être l’homme âgé atteint de quelque gâtisme avancé ne se rendait compte, seulement maintenant, qu’il n’avait fait qu’effleurer la profonde et complexe personnalité du père de la belle Amra. Le regard perdu d’Absurbanipal errait au rythme des oiseaux dans le ciel, planants, se laissant portés au gré des vents ascendants, semblants toucher de leur grâce le nuageux toit du monde. Devant eux, en contrebas du promontoire rocheux, l’immensité de la vallée s’offrait à eux, leur procurant une sensation totale d’indicible liberté. En cet instant précis, le quêteur avait la certitude, même s’il ignorait encore comment, que se serait en ces régions, où l’avaient conduit les mains lumineuses de son Dieu, qu’il accomplirait la destinée pour laquelle il était venu au monde.

Posant finalement ses yeux d’un noir de jais sur la silencieuse druidesse, il l’observa attentivement. Même s’il sentait que sa chair était intensément attirée vers la séduisante semi-elfe, il ne pouvait s’empêcher de se dire aussi qu’elle serait certainement liée à lui d’une quelconque façon dans sa recherche spirituelle. ¤Quelle est donc cette femme, et quelle place a-t-elle dans le grand rouage des mécanismes célestes?¤

- Belle Amra, votre père est assurément un homme bien étrange. Son attitude m’a plongé dans une grande perplexité semblable à la noirceur d’une nuit sans lune, aussi aimerai-je que vous m’illuminiez de votre sagesse à son sujet. Ne soyez pas gênée à son propos, ni quant à son apparente nudité, un homme de sa qualité qui a su se vêtir d’atours spirituels aussi évidents est bien moins mis à nu que nous pourrions l’être. A l’évocation de cette idée dans son esprit, l’image du magnifique corps nu de la jeune femme troubla Absurbanipal au point qu’il dû en baisser la tête afin de ne pas se sentir physiquement embarrassé.

MJ
La pluie commença à tomber comme l'avait prédit le père d'Amra, une nouvelle tempête menaçait encore de s'abattre sur cette contrée mais cette fois fois Absurbanipal en était sûr, il ne dormirait pas dehors comme un chien errant et cela était bien ainsi car il était vraiment épuisé. Les gouttes de pluie faisait frémir les hautes herbes tout hautour du prêtre et de la druide, il ne fallait effectivement pas rester ici sous peine d'être complètement trempé en quelques minutes. Amra s'approcha du prêtre en souriant : "Viens redescendons vite un déluge nous menace..."

- Mon père peut paraître excentrique et incompréhensible pour beaucoup, d'ailleurs je m'y perd bien souvent je dois l'avouer. Il est vrai qu'il passe également pour fou parmi les villageois et les habitants du bourg qui ne le connaissent pas, mais je l'écoute autant radoter ses sages paroles que j'écoute la voix de la nature et Sylvanus. La pente était déjà devenue glissante et Absurbanipal éprouvait quelque difficulté à ne pas se laisser emporter par son élan ou encore à ne pas chuter contrairement à la demi-elfe qui semblait particulièrement à l'aise pour se déplacer et cela depuis le moment où il l'avait rencontrer et malgré sa longue robe blanche.

- En fait, il lit dans les nuages c'est une sorte de devin peu conventionnel, mais il est difficile de faire la part des choses entre ce qu'il voit dans les nuages et tout ce qu'il brode autour de ses histoires pour les rendre plus intéressantes. Arrivés en bas de la pente, ils se pressèrent tous deux à entrer dans la maison. Le père d'Amra était en train de remettre des bûches dans la cheminée où de rares braises s'apprêtaient à relancer un feu énorme car l'âtre devait bien mesurer une toise de long des crocher permettaient de pendre au moins trois marmittes en même temps au dessus du feu.

- Bienvenu dans la maison de Simaïus mon ami! Lança le devin dès qu'Absurbanipal passa le seuil de la porte. "Que t'es ennuis n'entre pas, car aujourd'hui c'est jour de fête, nos ennemis n'ont qu'à bien se tenir car une fois remis sur pieds, il n'y en aura pas assez pour t'empêcher d'accomplir ton destin mulhorandi..."

Il invita les deux jeunes gens à s'asseoir pendant que lui s'affairait à gauche et à droite sous l'oeil amusé de sa fille. Il disparut dans une pièce et en ressortit quelques minutes plus tard pour poser sur la table de bois usée et patinée par les ans une cargaison de carottes, de baies, de fromage et de jus de pomme. Satisfait, il s'assit ensuite à la table et tendit au prêtre une chope pleine d'un épais liquide marron aux effluves d'amande. "Tiens voilà en attendant un vrai repas quelques amuses bouches des moins raffinés mais des plus naturelles."

âtant le pas sous la pluie qui commençait à tomber drue, Stor parvint à l'entrée de la maison du devin. L'étrange requête formulée par le vieil homme, l'invitant à partager son souper, avait suffisamment intrigué le halfelin pour que ce dernier quittât la fête, pourtant fort sympathique, qui faisait rage au Cerf Siffleur pour se rendre dans la demeure où vivaient Simaïus et Amra. Poussant la porte d'une main déterminée, Stor entra d'un pas assuré dans la pièce, sans aucune gêne, en être habitué à se sentir partout chez lui. Sans manifester la moindre surprise, il salua tout le monde d'une voix joviale...

- Bien le bonsoir, Simaïus. Dis, ce n'est pas pour critiquer, mais il fait vraiment un temps de cochon dans ton coin. On n'a pas idée de demander à un pauvre halfelin comme moi de sortir dehors par un temps pareil. Quand je pense à la fête qui battait son plein au Cerf Siffleur... Ah, j'espère au moins que ce que tu m'as préparé un de ces bons repas dont tu as le secret. Heureusement que je me suis dépêché d'arriver jusqu'à chez toi, car sinon, ce n'est pas ton ami Stor Mousseracie qui aurait poussé cette porte, mais une véritable serpillière, et en plus, j'aurais laissé des traces de boues partout... C'est cette pauvre Amra qui n'aurait pas été contente de devoir nettoyer derrière moi. Ah, au fait, bien le bonsoir à toi aussi ma chère, tu es plus belle de jour en jour. Hum, il faudrait qu'un jour je pense à composer une petite chanson à la gloire de ta beauté. D'ailleurs, je crois que l'inspiration me gagne. Attrapant son yartingue, jusque là en bandoulière, le barde le passa devant lui et frotta les cordes de ses doigts resserrés, laissant ainsi échapper quelques notes. Les yeux dans le vague, un air vint naturellement sur ses lèvres, tandis qu'il s'accompagnait de son instrument.

- O Amra ma tant aimable,
A ta fenêtre parait céans,
Prête l'oreille à cette aubade,
De yartingue et de tantan.
Le ciel est plein d'étoiles d'or
Et l'air est fort,
Mais les étoiles pâliront
Quand te verront.

- Si tu deviens ruisseau limpide,
Léger nuage me ferais.
Et pour te suivre ainsi, rapide,
Dans ton sillage resterai.
O Amra, reste avec moi
Sous le même toit.
Ou vent de mer je me ferai,
Pour te porter...

La chanson s'arrêta net. Le regard vif et mobile du jeune barde avait aperçu une silhouette inconnue. Curieux insatiable, volubile, le petit être semblait ne plus vouloir s'arrêter de parler. Un nouvel auditoire était une aubaine pour le halfelin, toujours à la recherche d'un nouveau public pour l'écouter. Le halfelin reprit son monologue : "Oh, je ne savais pas que tu avais de la visite, Simaïus. Je ne connais pas encore cet homme, c'est la première fois qu'il vient au village, non? Bien le bonsoir, noble étranger. Le temps n'est pas idéal pour accueillir des visiteurs. Ça fait un bon moment qu'il pleut par ici, mais les toitures sont solides. Alors, comme ça, vous arrivez d'où? J'espère pour vous que vous n'avez pas trop souffert de la rigueur du climat. Vous comptez rester longtemps parmi nous? Vous verrez, il n'y a pas d'hôtesse plus accueillante que la belle Amra par ici, vous allez vous sentir tout à fait bien...."

Jet de Représentation de Stor : 7(Dé)+8=15 Réussite Agréable. 3pex.

bsurbanipal applaudissait naturellement et spontanément à la performance du petit-homme talentueux. L’artiste enthousiaste savait y faire pour communiquer son entrain et sa bonne humeur à ses auditeurs et la prestation fut des plus agréable. Tant et si bien que le prêtre avait encore du mal à se faire a l’idée que, plus tôt dans la journée, il ne lui avait pas semblé aisé de croire encore à réussir à voir son Dieu illuminer son existence une nouvelle journée. Lorsque ce dernier sembla le remarquer et le salua fort poliment. Aussi avec un sourire qui se voulait sincère et de circonstance, il s’appliqua à répondre scrupuleusement aux questions de son vif interlocuteur.

- Force et Vie! Je suis honoré de faire la connaissance d’un artiste si habile dans la maîtrise du verbe. Je me nomme Absurbanipal et viens de la lointaine terre Mulhorande, et j’avoue avoir eu quelque difficultés dans mon acclimatation avec la rigueur régionale, étant habitué à un temps beaucoup plus chaud. Et je suis entièrement d’accord avec vous sur l’attachement avec lequel Simaïus et sa noble fille accueillent leurs invités, emplissant d’honneur leur maisonnée et ceux qui y résident.

- Force et Vie! A vous aussi, Simaïus et à Amra. Puisses mes pas, éclairés de la lumière du Grand Soleil, chasser les soucis loin de votre humble masure. L’accueil chaleureux que lui avait prodigué le vieil homme le mit de bonne humeur, lui qui jusqu’à cet instant, n’avait que peu trouvé d’hospitalité dans ce Nord si froid et si austère. Ses os déjà gelés par la pluie, qui battait son plein, n'avaient été que trop contents de trouver un abri face aux intempéries qui faisaient rage au dehors. Par respect pour son hôte, le prêtre s’obligea à user de la langue commune, qu’il maniait pourtant avec un fort accent oriental. Il avait également ôté ses chausses comme il en avait l’habitude lorsqu’il entrait dans le cadre de vie intime d’une personne.

Ensuite, ce fut un festival de nourriture qui défila devant les yeux d’Absurbanipal, lui rappelant avec amertume combien son long voyage avait été éprouvant pour son corps. Combien sa situation était précaire en comparaison du confort luxueux des palais et des temples de Mishtan, la Porte du Pays des Morts. C’est donc avec un appétit non dissimulé qu’il laissa libre cours à cette orgie de victuailles naturelles si réconfortante pour son 'ba'. Absurbanipal regardait de temps à autre Simaïus qui préparait sa fameuse soupe aux épices et aux légumineux, c'était un devin bien étrange... Le prêtre l'imagina en train de contempler les funestes nuages, qui masquaient si souvent la face d’Horus-Rê dans cette région, afin d’en tirer des augures...

MJ
Jet de Savoir bardique de Stor DD20 : 20(Dé)+2=22 Réussite.

Après une heure de discussion entrecoupée d'histoires de religion, de descriptions géographique, d'anecdotes, de gratouillage de yartingue, d'épluchage de légumes et après avoir englouti près d'un kilo de radis et de carottes trempé dans une sorte de sauce au fromage de chèvre, l'odeur de la soupe aux épices qu'Amra préparait, vînt chatouiller les narines des aventuriers et de Simaïus autour de la table. Il ne fallut plus longtemps avant que les écuelles en bois et quatre petit pains ronds au sésame soient posées devant chacun... La soupe était épaisse et pleine de saveur inconnues pour le prêtre mulhorandi qui humait les odeurs émises par la marmite qu'Amra venait de d'entreposer fièrement au centre de la table prête à servir tout ce beau petit monde. Une fois servi, le vieil homme prit sa cuillère, la plongea dans son écuelle, ramena un morceau de navet et de champignon et gouta avec une intense concentration avant de déclarer en plaisantant : "Ta soupe est aussi bonne que la mienne, ma fille!"

Amra fit une moue, sans pour autant répondre à son père car elle aussi semblait apprécier suffisemment sa propre cuisine pour ne pas répondre au taquinerie de son vieux père. Simaïus ne dit plus rien avant d'avoir ingurgité la moitié de son repas, parler aurait été sans doute de trop pour lui car il préférait se concentrer sur la saveur de cette succulente soupe et sur la façon de tremper son pain dans celle-ci sans en faire couler le long de ses doigts... Néanmoins à chaque nouvelle cuillère son visage s'assombrissait et avant d'arriver à la fin de son écuelle, il la repoussa et chercha le regard du mulhorandi puis de son ami Stor...

- Connaissez vous Vallar, ou Vladayn pour les elfes druides qui vivaient dans l'immense forêt qui s'étendait du Bois Froid à la Haute-Forêt? Demanda subitement le devin. "Il fut l'un des premiers roi humain de cette terre en des temps anciens. Sous son règne la région a connu une époque de paix et de foi, les plus farouches guerriers se soumirent à son autorité et devinrent en quelque sorte ses vassaux. Mais son demi-frère Morlar dont on dit qu'il fut un des fils du dieu Malar, ne pouvait supporter tant de bonté et jalousait le pouvoir de Vallar. Il fit alliance avec deux cents hommes, leurs promettant les terres des elfes, ces guerriers se retournèrent contre Vladayn et bientôt la fureur et le sang dévastèrent la contrée. Les combats qui s'ensuivirent, conduirent à à la mort beaucoup d'hommes dont les deux demi-frères... Aujourd'hui la tombe de Vallar a été profanée et c'est lui qui provoque ce dérèglement naturel! Les yeux ronds de Simaïus fixèrent tour à tour Stor, Absurbanipal et Amra attendant que ces derniers réagissent...

ouche bée après avoir entendu l'histoire racontée par Simaïus, le petit barde faisait travailler ses méninges à plein régime. Ce récit lui en rappelait un autre, qu'il avait pourtant toujours tenu comme une légende. Mais les propos du druide complétaient merveilleusement bien ses propres souvenirs et, s’enthousiasmant, Stor y alla de ses petits commentaires...

- C'est vrai que ça a du être une belle bataille, la guerre entre les deux demi-frères. Et la trahison de Morlar qui doit user d'une magie démoniaque pour tuer son frère. C'est sûr qu'à la loyale, il ne faisait pas le poids, le rejeton de Malar... Mais sait-on où se trouve la tombe de Vallar? Je croyais qu'il n'y avait que Mathor qui en connaissait l'emplacement... Ou alors, c'est un secret que se transmettent les druides de cette forêt? Tu connais ce secret, toi Simaïus? Ou alors Amra? Ça ne m'étonnerait pas du tout que vous soyez dans la confidence... Je ne me trompe pas, hein? T'en penses quoi, toi, de ce truc, Absurbanipal? T'es d'accord avec moi, hein ? Allez, on y va alors? Il doit y avoir plein de choses intéressantes à voir là-bas.

Les yeux brillants, le halfelin se voyait déjà, courir jusqu'à ce mystérieux tombeau et repousser les profanateurs. Il y avait là matière à une grande épopée qu'il se promettait de composer à son retour, une saga tout à la gloire d'un jeune barde halfelin dont l'action ferme et décidée avait provoqué le retour de Vallar et, conformément à la légende, l’avènement d'un nouvel âge de paix et de justice.

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ant que le repas avait duré, le prêtre avait observé un religieux silence, appréciant la dégustation du succulent potage. Il avait fini, au terme de son écuelle, par remercier la belle Amra en lui signifiant qu’elle semblait posséder toute les qualités qu’un mari pouvait attendre d’une épouse digne de ce nom. Il avait espéré ne pas trop dépareiller des coutumes de ce pays étranger par cette remarque, mais eut le sentiment que ce ne fut pas le cas ; Aussi avait-il rivé un moment ses yeux sur son fond de jus afin de dissimuler son embarras. Absurbanipal avait ensuite écouté méticuleusement les propos tintés d’anxiété de son hôte, et une fois que l’halfelin, dont décidément la personnalité riche et variée l’intriguait de plus en plus, ce fut exprimé, il prit la parole devant la petite assemblée...

- Maître Simaïus, bien que l’érudition que je reçu fut poussée en quelques domaines, je crains n’avoir entendu parler d’un aussi antique récit relatif à cette région. Aussi je m’excuse par avance si mes paroles vous sembleraient incongrues... Vous semblez croire que le temps capricieux qui s’abat sur la région aurait sa source dans la profanation de la tombe de ce puissant druide qui se nommait Vallar. Bien que je sache qu’en mon pays de terribles malédictions accablent les pilleurs de sépultures des grands personnages, est-ce ici chose répandue également pour que vous n’en doutiez point? Ou ne nous avez-vous pas encore parlé de ce qui vous poussait à en tirer cette conclusion? L’esprit pragmatique du mulan n’aimait pas les zones d’ombres, il lui fallait dans sa vie de tous les jours que tout fût illuminé d’une clarté sans équivoque. Les mystères le plongeaient dans la réflexion mais stimulaient plus encore son envie d’en dissiper leurs ténèbres.

- Quant à vous noble barde, vous me paraissez posséder autant de talent pour connaître les histoires que pour divertir le public de chants entraînants, mais vous semblez posséder également une soif irrépressible d’aventure à tarir. Mais avant de prendre une quelconque décision à ce sujet, une interrogation me taraude depuis un moment déjà : Simaïus, vous fêtez votre victoire sur vos ennemis mais j’ignore de qui il peut bien s’agir, d’autant plus que vous semblez penser que je serai amener à les affronter d’ici peu... Qui est donc est cet adversaire sur qui vous avez remporté une si brillante bataille que la nuit elle-même restera embrasée jusqu’au petit matin des feux de la victoire?