Le camp gobelin, La libération d'Arus

Lorsque Glaive ouvrit les yeux, il avait l'agréable sensation de reposer sur un nuage de coton. Il se sentait flotter, un rayon de soleil réchauffant ses membres et son visage. Il garda longtemps les yeux fermé, persuadé d'avoir rejoint Uthgart.

Des conversations avaient lieu aoutours de lui, des gens marchaient et parlaient avec force.

¤Ainsi même mort, impossible d'avoir la paix!¤

Le Nain se tourna sur le coté en rochonant dans sa barbe, et se rendit compte alors qu'il n'était pas mort: Pas encore!

Une douleur atroce traversa son dos et ses membres, le faisant grimacer malgré lui. Il sentit l'odeur du sang, non celle de ses ennemis, mais l'odeur de son propre sang.

Se relevant avec difficulté, il fit un rapport de son état de santé: Quelques blessures, maintenant fermées, qui étaient restés longtemps ouvertes qui -en tant normal- aurtaient dues le tuer. le Nain déglutie difficilement et remercia son Dieu de lui avoir donnée la resistance suffisante pour ne pas succomber.

Il marchait avec difficulté, mais heureusement ses membres n'avaient pas été affectés. Faisant à peine quelques pas, il atteignit son havresac et en sortit quelques morceaux de tissu et de bois qui lui permetterait de soulager ses blessures. Après s'être quelque peu rafistolé, il se sentit déja un peu mieu. En quelques noeuds il se fixa sur lui un système qui lui bloquait tout mouvement du dos, afin de laisser son corps refermer les blessures. Cela ne suffirait jamais à le guérir, mais lui permetterait de ne pas ralentir ses compagnons.

Il se releva et rassembla ses affaires, sans trop brusquer son corps. Les enfants seraient déjà là si ils étaient dans le camp, il avait perdu Arus. Il n'abandonnerait pas l'enfant, si ce n'est par la mort. Bien que le Nain détestait l'idée d'être ainsi affaibli, il se refusait un retour au village pour se soigner: S'il fallait à nouveau défendre sa vie, il puiserait les ressources nécéssaires dans ses muscles.

La douleur lui rappela qu'il lui serait impossible de se battre, s'il le fallait. Il alluma sa pipe, seul réconfort qui lui restait.

MJ

Alors de Glaive essayait faiblement de se rafistoler, il lui devenait de plus en plus évident qu'il ne parviendrait pas à regagner Myrial sur ses deux jambes. Déprimé, il s'assit sur une caisse, veillant à ménager les faibles forces qui lui restait.

Adossée à son arbre, Nialëanne semblait ailleurs. L'agitation et la phase post-combat ne la concernait plus. Elle avait fait sa part de travail et peu lui importait la suite des événements.

Dans la tente du magicien hobgobelin, Kyron avait le regard rivé sur le mystérieux coffre. Attiré par cet objet, l'ensorceleur le craignait également, redoutant une mauvaise surprise lors de son ouverture. Pour mettre toutes les chances de son côté, il avait fait appel à la compétence dans ce domaine d'Arzoth et attendait l'arrivée du halfelin.

Grayback commença à regarder les tentes ayant servi de dortoir à la troupe. Le ménage n'était visiblement pas fait tous les jours et une forte odeur, moisissure et crasse mêlées, flottait dans l'air. Des paillasses miteuses jonchaient le sol. A première vue, rien de valeur et le magicien ne se sentait pas le courage de fouiller plus profondément ces endroits.

Après avoir occis d'un coup précis le guerrier hobgobelin, Hrthrod avait empoigné le sorcier qui venait de se rappeler brusquement à leur attention. Le secouant sans ménagement, elle tentait d'intimider la créature pour la pousser à parler. Le monstre grimaçait, douleurs dues à sa blessure et secousses infligées par la farouche guerrière le lançaient douloureusement. Par défit, il cracha au visage de Hrthrod : "Vhilvet' trzaînévet' hwuimzahinvet', rvet'ttowuirnvet' zavvet'c lvet'wa chhivet'nnvet'wa dvet' tza rzacvet'. Tza wavet'wuilvet' préwavet'ncvet' watowuihillvet' cvet'ttvet' ftorêt..."
Puisant au fond de lui-même un peu de courage, il agrippa le poignet de la guerrière d'une main et commença à faire des mouvements compliqués de l'autre tandis que des mots de pouvoirs se formaient sur ses lèvres. Une claque puissante donnée par Hrthrod lui fit éclater les lèvres, coupant court au sortilège.

Soudain, tous dressèrent l'oreille. Un choc sourd, suivi du bruit de la chute de divers objets retendit soudain, provenant de la dernière tente, celle qui n'avait pas encore été visitée et qui devait servir de logement au guerrier hobgobelin.


Concentration hobgobelin 19+3=22 ~ DD 20 réussite
Initiatives :
Hrthrod : 14+2=16
Hobgobelin : 13+2=15

A la demande de Kyron, la rodeuse afficha une moue étonnée qui forma bientôt sur son visage un air songeur, comment un troupeau d'humains bruyants accompagné d'un nain disgracieux allaient-ils bien pouvoir trouver un endroit propice à leur quiétude afin de passer la nuit au coeur d'une forêt comme celle ci...

Bien que l'expérience pouvait s'avérer intéréssante il n'était pas question qu'elle mette dans ce but en danger sa propre vie, il allait encore falloir organiser des veillées pour surveiller le répugnant repos de ces êtres qui lui servaient de compagnons. Le souvenir de ces airs agards, et des bouches béantes couronnées de filets de salive lui souleva le coeur mais il faudrait s'y résoudre...

Sans bouger de son "poste" ni même répondre clairement à la demande de l'ensorceleur, elle se mit donc à faire un rapide tours d'horizon, penchant sa réfléxion sur les différents emplacements, qui, à portée de vue, offriraient la possibilité d'y prendre un peu de repos, le temps d'une nuit humaine. Sondant les fourrées de ses sens aiguisées, précieux héritage elfique, elle cherchait particulièrement les endroits qui en plus d'être un minimum abrités, ne seraient pas trop exposés aux sentiers de chasse d'éventuels prédateurs ou encore à la vue des premiers venus.

Son air n'en demeurait pas moins décalé et totalement inaproprié au contexte de fin de bataille, tappotant joyeusement ses doigts contre la solide écorce au fil de ses recherches, jouant ainsi silencieusement un rythme qui lui trotinait en tête, sorti de quelques futiles pensées nostalgiques.

La douleur s’étant estompée, Arzoth s’était levé afin de rejoindre Kyron qui avait requit son intervention. Alors qu’il se dirigeait vers la tente, un bruit retentit dans la troisième tente, ce qui le coupa dans son élan. Le roublard observa alors ses compagnons. Glaive était incapable de combattre, Grayback était à ses côtés, Hrthrod était en train de malmener le chaman qui semblait ne pas être très coopératif et Nialëanne semblait avoir à faire. Il se dirigea donc vers la tente d’où étaient parvenu ces bruits avec la plus grande discrétion.

Pour plus de discrétion, il contourna la tente et s’en approcha par l’arrière, prenant garde à ce que son ombre ne soit pas visible de l’intérieur. Lorsqu’il fus assez prêt, Arzoth tendit l’oreille pour voir si l’origine du bruit pouvait être identifiée ¤ Mieux vaut être prudent. On ne sait jamais ce que peut abriter cette tente¤. Au fond de lui, Arzoth espérait qu’il s’agissait d’un de ces enfants kidnappés, mais par nature, il était habitué à agir par excès de prudence.

Le roublard dégaina son épée. Si il ne parvenait pas à déceler quelque chose, il était prêt à trouer légèrement la toile près du sol et de sen servir alors de l’orifice comme un judas.

Glaive n'en pouvait plus d'attendre. Etre un boulet ne faisait pas partis de sa religion, ni de ses principes! Il ne pouvait se résoudre à rester là, alors que le groupe s'activait dans le camp.

Il cherchait misérablement une solution lorsque Arzoth sembla avoir remarqué quelque chose. Il s'approchait de la tente que personne n'avait encore visité. Le Halfelin avait sorti son arme et avancait à pas de loup: Le Nain fut tenté de prendre sa hache, mais la douleur l'en empêcha: C'en était trop, la honte tomba sur le nain inutile:

¤Uthgart doit se rire de moi, à l'heure qu'il est!Le Nain eut un sourire, Je ne vais pas commencer à les ralentir! Si un prêtre pouvait s'occuper de moi...¤

Le Nain se leva péniblement, et entrepris de trouver une branche assez longue pour le soutenir. Laissant là le groupe, il se dirigea vers la forêt, et se laissa guider par l'obstination: Il retrouverait Myrial, et saurait rejoindre le groupe au plus tôt.

Voyant que le chaman agitait devant elle sa main tout en murmurant des syllabes, qui n'étaient pas du gobelin, l'impétueuse guerrière, comprenant intuitivement ce qui se tramait, réagit par réflexe de survie et frappa violemment l'hobgobelin d'une claque en pleine face.
- tordwuirvet' !
Elle s'essuya le crachat sur son visage d'une main tandis qu'elle maintenait de l'autre son otage parla gorge.
- Tu crois que j'ai peur d'un orarvisaum'r-varmina comme toi ?
Moi Hrthrod, du clan des Cornes Rouges, je te romperai l'échine si tu ne parles pas, foi de guerrière orque !

Dans sa colère, tout se mêlait dans sa tête, son passé la rattrapait telle un pur-sang lançé au galop. Les pulsions tribales vibraient en elle, faisant appel à ses instincts les plus primaires. Bien que ce ne fut sûrement pas son intention première, la puissante jeune femme décocha de toutes ses forces un formidable coup de poing dans la figure de l'hobgobelin.

MJ

Intimidation Hrthrod 17+7=24 ~ DD ???
Perception auditive Arzoth 11+4=15 ~ DD ???
Détection Arzoth 11+6=17 ~ DD 15 réussite

L'hobgobelin cracha trois dents, accompagnées par un jet de sang, suite au coup de poing donné par Hrthrod et sembla se décomposer. Terrorisé par la guerrière dont la sauvagerie apparaissait au grand jour, il bredouilla des mots sans suite, avec une élocution gênée par sa mâchoire déformée :

- C'vet'wat lwuihi, c'vet'wat lwuihi qwuihi wazahit ttowuit. Mtohi jvet' nvet' wawuihiwa rhivet'n hichi, jwuiwatvet' bton à lhirvet' lvet'wa lvet'ttrvet'wa ptowuir lvet' chvet'f. Lvet'wa vet'nfzantwa zarrhivvet'nt vet't ton vhivet'nt lvet'wa chvet'rchvet'r. Jvet' nvet' wazahiwa pzawa toù ton lvet'wa vet'mmènvet' zaprèwa. hil vet'n rvet'watvet' wuin dzanwa waza tvet'ntvet'. hil étzahit vhivzant qwuizand ton l'za zamvet'né hhivet'r mzahiwa jvet' nvet' l'zahi plwuiwa vet'ntvet'ndwui dvet'pwuihiwa...
Le "peau-verte" faisait de grands gestes, désignant le cadavre du guerrier, cloué par la hache de Hrthrod. Il semblait tellement effrayé qu'il était improbable qu'il cherchât à mentir.

Obstiné, Glaive avait ramassé un bâton pour le soutenir et se dirigea vers la lisière de la clairière, comptant regagner seul Myrial, bravant les dangers qu'un être seul et blessé ne manquerait pas de croiser durant ce long trajet. Fort heureusement, Grayback l’aperçut et courut vers lui : "Voyons, maître nain, dans votre état... C'est de la folie, vous ne ferez pas cents mètres avant de tomber sur le chemin ou de croiser une bête féroce qui vous réglera votre compte. Allez, restez avec nous, après un peu de repos, vous allez suffisamment vous requinquer pour être capable de marcher par vos propres moyens..."

Adossé à son arbre, Nialëanne regardait autour d'elle. Plusieurs abris possibles s'offraient à ses yeux, mais tous lui semblaient beaucoup trop près du campement. Si les gobelins, chassés par leur couardise, revenaient avec des renforts, il vaudrait mieux s'être un peu éloigné pour ne pas se faire surprendre.

Dans la tente du magicien hobgobelin, Kyron ne bougeait pas, fasciné par la malle. Il attendait la venue d'Arzoth pour ouvrir ce coffre qui, il en était persuadé, contenait u trésor pour tout jeteur de sorts.

Mais, coupé dans son élan par les bruits entendus, le halfelin s'était dirigé vers l'autre tente abritant le chef du petit campement. Après avoir vainement écouté si de nouveaux sons se faisaient entendre, tout ce qu'il avait pu discerner étaient des sortes de gémissements étouffés. Découpant une petite ouverture dans la toile, il glissa un oeil. Après quelques secondes passées à s'habituer à l'obscurité ambiante, il aperçut une petite silhouette claire qui rampait sur le sol, coincée sous une table retournée. En y regardant mieux, cette silhouette était celle d'un jeune garçon d'une dizaine d'années, juste vêtu d'une culotte de toile grossière, ligoté et bâillonné. Au fond de la tente, un mauvais lit était également là, sous lequel semblait se trouver un coffre de mauvaise facture. Trois chaises renversées complétaient ce tableau de désolation.

Voyant le jeune enfant ainsi ligoté, Arzoth en eu le cœur tout retourné. Il entreprit de contourner toujours aussi discrètement la tente pour se diriger vers l’entrée. Puis, il interpella ses compagnons "Il y a un enfant dans cette tente !... ". Prenant garde à ce qu’aucun piège au autre maléfice ne soit présent dans la tente, le roublard pénétra à l’intérieur, son épée toujours en main. Les sens en alerte, il se dirigea vers la frêle silhouette qu’il avait repérée de l’extérieur. Il devait bien évidemment s’agir de l’enfant enlevé que Glaive recherchait avec tant de rage.

Sachant que Glaive se précipiterait malgré son état dans la tente, le roublard décida qu’il était primordial, avant toute fouille, de sortir l’enfant et de l’amener à ses côtés. Cela semblait en effet la seule chose qui procurerait un peu de repos au nain. Arzoth laisserait l’enfant aux soins de Grayback et irait fouiller la tente juste avant d'aller aider Kyron.

Le temps commençait à passer et l’envie de quitter le champ de bataille se faisait de plus en plus grande. Et puis avec un enfant sur les bras et Glaive qui était gravement blessé, un retour rapide à Myrial semblait urgent aux yeux du halfelin.

Les sourcils froncés, le visage fermé par la colère, elle était presque déçue que l’hobgobelin cracha le morceau si vite… Pour la guerrière ce chaman n’avait aucune valeur tant son esprit que son corps cédaient lamentablement devant l’adversité. Elle commença a resserrer l’étau autour de sa glotte, bien décidée à lui rompre nettement le cou et mettre un terme à sa pitoyable existence.
Mais soudain dans son esprit, jaillit une intuition qui, si elle n’avait pas peur pour elle, la fit frissonner dans le dos tout le long de sa colonne vertébrale. D’un ample mouvement afin de déstabiliser son otage et d’en garder ainsi le contrôle, la puissante Hrthrod le tira par la gorge tel un fétu de paille jusque le devant de la tente de laquelle il était sorti peu de temps auparavant. Sur son seuil, elle constata que Kyron, qu’elle avait vu y entrer, ce tenait accroupi devant un stupide coffre de bois comme s’il fut fasciné par celui-ci.

Elle aboya volontairement afin de le faire sortir de sa torpeur :
- Maître-Kyron ! En tant que chef peut-être t’intéresseras-tu de savoir ce qu’il advient de nos compagnons dans ce maudit campement ?
Joignant le geste à ses propos elle accompagna l’hobgobelin afin de lui clouer le crâne contre le plateau de bois du coffre et en l’y maintenant du pied. "Arzoth vient de dire qu’il avait trouvé un gamin, mais ce n’est pas ce qui m’importe… Kyron ! Tu m’entends ! Si tu as confiance un tant soit peu en mes talents de combattante, crois moi, il nous faut fuir cet endroit rapidement et trouver un abri défendable avant que la nuit ne tombe ! Cela ne serait tarder et n’as-tu pas remarqué ? Il n’y avait ici que des gobelins et des hobgobelins…"

Ecrasant la tête de la vermine verte, elle le questionna durement, l’asticotant de douloureuses pressions :
- toù watont pzawawaéwa lvet'wa hwuimzahinwa qwuihi vet'waphitonnvet'nt lvet' vhillzagvet' ? Pzarlvet'wa !!! toù bhivet'n, pzar tton dhivet'wui Mzaglwuibhiyvet't, jvet' t’vet'xpltowavet' lza fzacvet' tvet'llvet' wuinvet' ctowuirgvet' wawuir cvet' ctoffrvet' !

Le Nain refusa d'abord d'entendre les sages paroles de Grayback. Il ne serait pas de ceux qui regarde, immobiles, leurs compagnons mourire!

¤Ai-je pensé... compagnons?¤

Le Nain accéléra sa marche, tant bien que mal, pressé de retrouver le groupe, en forme, ou de quitter cette vie sans plus d'honneur.

"Il y a un enfant dans cette tente !... ". A peine Arzoth avait il prononcé la phrase que Glaive stoppa net. Cela eu pour seul résultat qu'il s'effondra au sol.

Il se releva péniblement, repoussant l'aide du magicien, et se rapprocha de la tente d'où venait le Halfelin. Celui-ci aidait à sortit un jeune enfant d'une dizaine d'année. Le Nain ne pouvait voir son visage, mais une boule se creusait au fond de son estomac:

¤Si seulement ce pouvait être Arus... J'en aurai fini avec cette maudite aventure! Si seulement ce pouvait être lui...¤