Chapitre 2 : Les griffes d'Arcata

Douzième jour du cœur de l’hiver
Lieu : Les monts de Galènes, frontière du Duché d’Arcata.
Moment : Milieu de journée
Météo et températures : Froid (-20°C), venteux.

Serana, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier
Après moult tergiversations, le campement des bandits fut rapidement vidé par ses occupants. Les aventuriers emportèrent avec eux les trois êtres difformes qui occupaient cette ancienne exploitation minière en laissant sur place le fruit de leurs forfaits. Ils attachèrent les captifs aux poignets et au torse, reliés les uns aux autres par une corde. Une fois revenu au seuil de la caverne principale, ils constatèrent que l’antre du troll était vide, fort heureusement.

Le groupe quitta l’ambiance étouffante des parois de pierre, de la poussière de roche et des huiles brûlées, pour retrouver les bourrasques hivernales de Damara. Face à eux se dessinaient de hautes montagnes recouvertes de glace, de forêts de sapins dispersées comme des taches d’encre et un ciel bleu sombre inondé d’étoiles. On devait être aux environs du point du jour, mais l’astre solaire ne se découvrait jamais totalement durant cette saison. Comme durant un long crépuscule, la nuit ne retirait jamais totalement son voile.

L’instant Kvoth
Après avoir scruté l’horizon d’un œil inquiet, tel un animal aux aguets, Kvoth le chasseur revint près du groupe pour faire part de son expertise. Le gardien avait pris la fuite. Des traces de troll dans la neige laissaient penser qu’il était parti vers le Nord, en suivant une crête rocheuse dans la direction opposée. Sans doute pour se cacher. Il ne semblait pas très curieux d’en avoir la certitude.

D’une voix morne et fatidique, Kvoth parvint à convaincre le groupe de se rendre à Kamisrav pour rejoindre la Grande Prêtresse Yoline, tandis qu’il retournerait seul en arrière, vers Sturmburg. Kvoth ne cacha qu’à peine son inquiétude lorsqu’il évoqua le sort d’Harold et Zyra. Tous deux esseulés dans une ville fantôme avec cette bande de mutants dans les parages.

Kvoth expliqua calmement, avec l’aide d’une épaisse carte en cuir, le chemin que le groupe devrait prendre pour rejoindre Kamisrav. Il indiqua que le voyage serait impossible avant la nuit totale, mais qu’un relais équestre se trouvait en contrebas de leur position. Environ trois heures de marches en suivant un chemin pentu et vallonné pour rejoindre un abri, et peut-être, un feu de cheminée.

Peu habitué aux prises de parole et plus généralement, à diriger des gens, le chasseur parlait en phrases de peu de mots. Une nouvelle fois, il se renseigna sur les conditions d’utilisations du sortilège de protection contre le froid dont il bénéficiait. Le rôdeur pris la peine de réitérer quelques conseils à Reïlo. Il transmit son savoir à son compagnon et tous purent suivre avec attention le cours donné par le chasseur, sachant que leur marche en serait grandement facilitée. Et quand ils eurent terminés, ils échangèrent des adieux formels et maladroits. Kvoth parti ensuite en direction du Nord-Ouest. Il disparut derrière une saillie rocheuse sans un regard en arrière.

Durant un instant, le prêtre et le corbeau purent se dire que c’était la seconde fois en moins d’une semaine qu’ils disaient au revoir à un chasseur aux cheveux roux.

« Vous devrez les nourrir et ce sont des bouches inutiles. Ces salauds vont vous encombrer. Les patrouilles ducales les auraient pendus sans grand discours. »

-Kvoth

« Il faut marcher en colonne, cela facilitera les efforts fournis en traversant les poudreuses accumulées en contrebas. Marchez de profil quand la pente se fera trop ardue. Economisez votre souffle, et vos mots, même pour vous plaindre. Et surtout, ne trainez pas. Ne vous laissez pas distraire en chemin. Le climat vous épargne pour l’instant. Mais sachez que le temps change rapidement dans ses montagnes. »

-Kvoth

***

Cinquante mètres suffisaient à totalement les isoler. Avec ce merveilleux tapis blanc, il était impossible d’estimer la hauteur ou le relief réel. Et tandis qu’ils avançaient vers l’Est, l’hiver semblait lentement se refermer sur eux. Pour les sept expéditionnaires guidés par les indications de Kvoth, leur unique option était désormais de traverser cette immense étendue blanche pour rejoindre un abri. Le premier du défilé devait s’engager prudemment dans la pente. De la pointe d’un bâton, il devait sonder sans cesse l’épaisse couche de poudreuse sous laquelle pouvait se dissimuler une crevasse susceptible de les engloutir. Les suivants devaient mettre le pas dans les siens.

Personne ne parlait. Hormis les plaintes récurrentes de leurs captifs. Si pour la plupart, le froid les épargnait, les deux derniers prisonniers furent rapidement frigorifiés, transi de froid. Si la comédie fut initialement suspectée, leur démarche, leurs tremblements incontrôlés et leur peau bleuté ne laissèrent que peu de place au doute. Ces deux-là ne survivraient pas longtemps dans de telles conditions. De son côté, leur chef ne montra aucun signe de fatigue. Pourtant, loin d’être lui-même insensible à la morsure du gel, il regardait le spectacle de ses deux camarades avec un enthousiasme mêlé de dédain.

Après deux heures de marche, il fallut contraindre les deux derniers trainards à suivre le chemin jusqu’au pied d’une petite falaise escarpée. Des congères leur bloquaient souvent la route, les contraignaient à un détour. Le rythme ralentissait clairement les prévisions. Le jour s’assombrissait à vue d’œil. Les minutes s’égrainaient et tout repère fut soudain disparu. Il n’y eut bientôt que de la neige pour tout décor. Le groupe dû se résoudre et avouer s’être égaré dans les montagnes des Galènes. On pouvait entendre ricaner le bandit velu parmi les sifflements du vent.

Seul Reïlo Blanche-flamme pu se fier à son instinct. Il avait une chance de se sortir de là. Ils leur suffisaient, pensait-il, de continuer dans le sens de la pente. De la sorte, ils finiraient bien par retrouver tôt ou tard le plat de la vallée.

Lancers...

Kvoth - Jet de compétence : Survie : 3(d20) +8 = 11 vs DD11 ~ Réussite
Kvoth - Jet de compétence : Survie : 20(d20) +8 = 28 vs DD11 ~ Réussite
Serana - Jet de compétence : Survie : 10(d20) +0(deg) +0(Sag) = 10 ~ Echec
Reïlo Blanche Flamme - Jet de compétence : Survie : 12(d20) +0(deg) +4(Sag) = 16 ~ Réussite
Mirtzar - Jet de compétence : Survie : 9(d20) +0(deg) +2(Sag) = 11 ~ Echec
Maâkhérou - Jet de compétence : Survie : 5(d20) +0(deg) +3(Sag) = 8 ~ Echec
Mutant1 - Jet de vigueur : 20(d20) +2 = 22 ~ Réussite
Mutant2 - Jet de vigueur : 4(d20) +4 = 8 ~ Echec
Mutant3 - Jet de vigueur : 12(d20) +1 = 13 ~ Echec

Les événements s'étaient rapidement succédés. Blanche Flamme ne gardait qu'un vague souvenir des préparatifs qui avaient permis d'entraver les prisonniers et de se mettre tant bien que mal d'accord sur la marche à suivre. Il repensait sans cesse à la récente apparition de Nërissa et songeait avec inquiétude à ce qui les attendait à Kamisrav : rien de très joyeux, d'après les multiples cauchemars dont il avait été victime.

Peu après leur départ, Kvoth avait confirmé sa volonté de poursuivre sa route de son côté. Reïlo avait écouté attentivement ses recommandations, tentant de graver dans sa mémoire ses différentes indications. Il craignait néanmoins d'oublier des détails, car il était plus épuisé que jamais et ses blessures le faisaient toujours souffrir. Une partie de lui-même était triste et inquiète de voir Kvoth s'en aller, car le rôdeur lui avait sauvé la vie et les avait tous remarquablement guidés. Il comprenait néanmoins son désir d'aider Harrold et Zyra, aussi s'était-il contenté de le remercier en quelques mots et serrer chaleureusement sa main en guide d'adieu.

La suite de l'expédition avait pris la forme de l'une de ces interminables marches dans un environnement glacé. Le disciple d'Oghma commençait à avoir l'habitude de subir une telle épreuve, mais cela ne la rendait pas plus supportable pour autant : le froid, la fatigue, l'engourdissement des membres et le paysage d'un blanc monotone constituaient autant d'épreuves pénibles. La compagnie des prisonniers en était une autre.

¤ Quelle folie que de les avoir emmenés avec nous : ils nous ralentissent et ces deux-là risquent de mourir de froid et d'épuisement plutôt que d'un coup de lame rapide. Quel étrange sens de la justice… ¤

Il ne souhaitait cependant pas rouvrir le débat : les choses étant ce qu'elles étaient, il s'était plié à la décision de ses compagnons et toute discussion supplémentaire aurait été stérile.

Et surtout, le métis avait bien d'autres sujets d'inquiétude. La neige était en passe de les égarer. Autant dire que leurs chances de survies dans la nuit damarienne étaient réduites : il fallait qu'ils trouvent l'abri que Kvoth avait évoqué et vite !

Serana et Mirztar semblaient indécis, perdus. Mais Blanche Flamme eut une intuition alors qu'il tentait de se remémorer les conseils de Kvoth. Il prit la parole :

- La pente, suivons la pente ! Elle finira bien par nous mener à la vallée et au refuge !

Son ton était étonnamment assuré. En réalité, il n'était absolument pas sûr que cela soit aussi simple et il était à craindre que la neige ne leur dissimule quelque mauvaise surprise. Mais le demi-drow se fiait à son instinct, à toutes les heures qu'il avait passées avec leurs guides successifs, en observant discrètement leur manière de procéder.

¤ Et puis de toute manière, ne rien faire nous conduira de toute manière à la mort. Puissent Tymora et Oghma nous guider dans la bonne direction... ¤

Si le frais et le froid ne la touchait pas, elle se maudit à nouveau de ne pas plus avoir travailler ses capacités de pistage. Elue du Voyage...

- Mon cul.

Les autres l'avaient certainement entendu grogner ce genre de juron quelques fois sur la route, même si la plupart du temps, elle avait garder le silence. Si elle était de ceux qui avait décider de garder les prisonniers, elle ne cachait pas cependant son avis sur leur attitude. Lorsqu'ils finirent par refuser d'avancer, elle s'était contenté de les regarder avec froideur :

- Je vous ait offert une chance. Mais si vous mettez mes compagnons en péril, je vous laisserais sans problème tomber dans une faille pleine de glace. Ou je vous couperais en morceaux pour faire de la viande séchée.

Bien sûr, ce n'était pas le cas, mais ses dents et ses griffes pourraient sans mal faire croire l'inverse. Elle ne leur adressa pas la paroles plus avant, et se contenta de tirer brutalement sur la corde pour leur faire comprendre. Néanmoins, lorsque les périls étaient plus faibles, elle faisait preuve d'une certaine sollicitude, partageant nourriture et eau lorsque c'était possible.

Perdue, comme Mirtzar, elle finit par se fier aux instincts de Ravio. Au moins, il en avait un, ce qui n'était pas leur cas, et rester immobiles finiraient par les tuer.

Sans attendre, à l'affut, elle repris donc le chemin montré par le demi-drow. Le voyant peiner néanmoins, elle lui proposa de porter son barda avant de continuer.

- Ca ne représente pas grand chose pour moi, précisa t'elle pour ponctuer sa proposition.

e Frère-Molosse se souvenait, avec une certaine quantité de nostalgie, du moment où ses pieds avaient enfin retrouvé la terre ferme après la partie de leur voyage à bord d'un bateau comme du moment où il avait cessé de devoir craindre de se retrouver englouti par l'élément liquide. Il réalisait maintenant à quel point il avait eu tort. La neige à travers laquelle ils cheminaient maintenant était plus solide mais il n'était pas impossible qu'un pas mal placé ne se termine en une chute dans les abysses de cette montagne et en une noyade.

Mais Mirtzar était conscient que ce n'était pas pour lui que cette expédition semblait être la plus périlleuse. Deux de leurs prisonniers, bien moins habitués au climat local que ce à quoi il s'était attendu, trainaient la patte et semblaient sur le point de se transformer en statues de glace. Le nain d'or devait avouer qu'il avait sous-estimé la complexité de la tâche qu'ils essayaient d'accomplir. Sans doute le morceau du voyage qu'il avait réalisé sur le dos d'un animal qui connaissait mieux que lui les environs et savait comment trouver le chemin vers le lieu qu'ils cherchaient à atteindre avait affecté ses perceptions. Toujours était-il qu'il n'avait pas anticipé de devoir affronter les éléments de cette manière.

Le Compagnon des Marches d'Argent était bien content de laisser Blanche-Flamme les conduire. Il n'avait pas fait assez attention à la carte que leur avait montré Kvoth pour être vraiment capable de formuler le moindre conseil et se concentrer sur ses pas était déjà un effort plus important qu'il ne l'aurait cru. Quand le demi-drow mentionna qu'ils devaient essayer de descendre, une décision qui semblait pleine de raison sachant que le refuge qu'ils cherchaient avait été décrit comme étant dans la vallée, le nain sentit un renouveau d'énergie. Il n'était pas ignorant au point de ne pas savoir que la descente pouvait être aussi dangereuse que la montée mais il était certain que, au moins, les efforts allaient sembler moins pénibles dans cette direction.

-Remettons-nous en route. Le plus tôt nous partons, le plus tôt nous arriverons, n'est-ce pas?

Il se tourna ensuite vers Blanche-Flamme en essayant de maintenir son entrain et de ne pas ajouter aux soucis de son compagnon.

-Je peux aussi porter plus de charge, si besoin est. Comme disait ma tante, "Si tu n'as pas de tête, tu peux au moins avoir des jambes."

Reïlo remercia chaleureusement ses deux compagnons :

- Merci à vous ! La marche sera moins pénible qu'elle ne l'est déjà…

Il leur confia son sac à dos, de manière à se sentir plus léger tout en ne perdant pas trop de temps à trier ses affaires. Le métis ajouta :

- Eh bien, si tout le monde est d'accord, allons-y ! Il ne faudra pas trop traîner en chemin pour atteindre, par ce temps, le refuge avant la tombée de la nuit…

Sans plus attendre et soucieux d'économiser son souffle, il se tint prêt à reprendre la route et, au besoin, à tenter de guider ses compagnons dans cet environnement hostile.

Serana, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier
Reïlo et l’ancien captif prirent pied sur une bande de terre ferme où le roc apparaissait. Tout était blanc autour d’eux, quelques arbres résineux, des bancs de terre gelée, mais rien en apparence indiquait la présence d’une habitation dans les environs. Aucune lueur lointaine, aucun feu de cheminée. Les deux ecclésiastes se remémorèrent les paroles du rôdeur et conclurent rapidement que le refuge devait se trouver derrière une vaste butte de neige qui émergeait vers leur gauche.

Du côté des captifs, les plus attentifs purent constater qu’ils devenaient de plus en plus pâles. Les jambes s’ankylosaient au point de tituber, certains toussaient de temps en temps. Désormais, les trois brigands grelottaient, déliraient en suivant difficilement le rythme imposé. Leur chef, l’homme velu, qui marchait en tête, avait perdu son sourire sardonique, il glissait régulièrement quelques mots en balbutiant, la parole hachée par la fatigue et le manque de souffle :

- J’ai l’cœur qui flanche. Des douleurs dans les ongles. J’vais perdre mes doigts si j’ne peux pas remuer mes mains. Triste sort.

Après avoir réparti leur équipement entre eux, le cortège put reprendre sa route. Ils descendaient ainsi, les deux prêtres devançant légèrement tandis que Serana tirait la traine avec autorité. Ils traversaient une grande distance faite de neige, dans une semi-obscurité grandissante. A chaque minute le ciel s’assombrissait et les étoiles semblaient s’illuminer plus intensément.

Après une heure supplémentaire de marche, ils découvrirent au fur et à mesure un sérac, un chaos de glace qu’il fallut contourner pour atteindre une étendue plane souffleté par le blizzard. Le vent devenait de plus en plus violent. Ici, la neige entassée par paquet formait une poudreuse dense qui augmentait la difficulté, elle masquait les crevasses, les arêtes rocheuses. La neige atteignait plus de dix centimètres d’épaisseur et chacun fatiguait immuablement. A chaque instant, on se heurtait à un bloc, on manquait de trébucher.

Une heure passa quand le plus petit des trois mutants s’écroula soudainement à genou, puis de face, comme une bûche à moitié enfouie dans la neige. Il s’avéra évanoui. Le froid, la neige, la fatigue avaient visiblement eu raison de lui.
Tremblotant, le chef des brigands se mit à pousser un sinistre ricanement :

- He he, bien joué. Aucune chance pour qu’il se réveille çui là.

Les pupilles de ses trois yeux se braquèrent tour à tour sur ses agresseurs.

- Mort gelé. Vous auriez pu lui offrir pire…

Le deuxième captif commençait à s’énerver, à tourner les épaules, à tirer sur la corde. Ses deux yeux étrangement proches commencèrent à jeter des regards inquiets, comprenant désormais le sort qui l’attendait.

Lancers...

Mutant1 - Jet de vigueur : 10(d20) +2 = 12 ~ Echec
Mutant2 - Jet de vigueur : 18(d20) +4 = 22 ~ Réussite
Mutant2 - Jet de vigueur : 13(d20) +1 = 14 ~ Echec
Serana - Jet de compétence : Survie : 2(d20) +0(deg) +0(Sag) = 2 ~ Echec
Mirtzar - Jet de compétence : Survie : 2(d20) +0(deg) +2(Sag) = 4 ~ Echec
Reïlo Blanche Flamme - Jet de compétence : Survie : 13(d20) +0(deg) +4(Sag) = 17 ~ Réussite
Maâkhérou - Jet de compétence : Survie : 15(d20) +0(deg) +3(Sag) = 18 ~ Réussite
? - Evenement aléatoire : 8(d100) = 8 ~ Echec

Plus le groupe progressait, plus Blanche Flamme se demandait si Kvoth ne s'était pas trompé dans ses estimations : l'itinéraire pour atteindre le refuge n'avait rien de facile et était beaucoup plus long que prévu.

Le prêtre avait atteint un tel niveau d'épuisement qu'il ne ressentait plus aussi nettement la douleur et la fatigue qu'auparavant. Il s'efforçait de concentrer son esprit sur chaque pas qu'il effectuait au prix d'un effort sans cesse plus grand. Chacun de ces pas était un objectif en soi, une épreuve qu'il endurait et qui, l'espérait-il, lui permettrait d'assurer sa survie. Son esprit, tout empreint d'une grande force d'âme, se focalisait sur ce seul objectif : vivre.

Lorsque le mutant s'était effondré, le demi-drow n'y avait accordé qu'une attention distraite.

¤ Cela devait finir comme cela… Je leur avait pourtant dit que c'était une folie que de les emmener avec nous… ¤

Il se garda néanmoins de tout commentaire. Il n'avait pas envie de se lancer dans une polémique sur qui avait raison ou tort, sur ce qui aurait été plus charitable ou sur tout autre sujet de ce genre. C'aurait été inutile et une perte de temps et de souffle.

Le métis se contenta de lancer un regard méprisant en direction des deux autres mutants. Leurs réactions démontraient bien que leur âme était aussi détestable que leur apparence. Laconique, il dit à ses compagnons, tout en ignorant ostensiblement la réaction des prisonniers :

- Emportez-le ou laissez-le ici, mais décidez-vous vite : chaque instant compte. Pareil pour les deux autres. Le refuge devrait se trouver derrière cette butte de neige... C'est notre seule chance de survie... à tous.

Ce disant, il lança un bref regard aux prisonniers en espérant qu'ils comprennent le message. Puis, il se retourna en direction de son objectif, bien décidé à reprendre la route dès que possible.

Parfaitement insensible aux piques des deux affreux, elle s'agenouilla à côté du mutant et palpa son pouls. Constatant qu'il n'était qu'évanoui, elle pris le pli de se mettre des bâtons dans les roues pour la seule et unique raison qu'elle ne voulait pas donner raison à la doctrine des deux autres. Leur regard augurait qu'ils étaient persuadé que jamais elle ne se sacrifierait plus pour des ennemis. Quelque part, elle voulait aussi montrer au clerc que la résolution n'était pas un vain mot.

Remerciant tout de même la chance qu'il s'agisse d'une plus léger des trois, elle saisit le mutant et le lança sur ses épaules comme un conséquent sac d'oignons.

L'adversité endurcissait les êtres. Neige, roc et autre dangers, mâtinés d'une couche de colère interne issue de la Rage. C'était peut-être cette dernière qui, d'ailleurs, influait sur ce qu'elle dégageait à ce moment. Le mutant sur son dos, avançant pourtant sans le moindre mal, elle avança, droite, vers le chef. Le mépris flamboyant qu'elle ressentait pour le manque considération que ce "chef" portait à son allié martelait toute ses formes de morales. Et l'héritage terrifiant de ses ancêtre semblait déformer l'air autour d'elle.

- Avance.

Enrobé dans un ton glaçant, ces quelques mots, quoique ne contenant pas de menace, sous entendait que lui, elle ne le ramasserait pas.

Se positionnant désormais derrière eux et laissant à Mirtzar le soin de porter les affaires de Reilö et de tenir la corde, ils allaient longuement sentir le regard de prédatrice qu'elle leur portait.

Intimidation (+10 si l'aura est validée, +9 sinon). Serana confie les affaires de Reilö à Mirtzar (je ne sais plus qui porte le grimoire mais elle peut le garder). Il lui reste quelque chose comme 80 kilos avant de passer en charge intermédiaire.

ême l'optimisme naturel de Mirtzar n'était pas suffisant pour croire que les choses progressaient de manière propice. Malgré l'estime qu'il portait à Narvarth, Gulmar et Kvoth, il devait avouer qu'il n'avait jamais réalisé à quel point leur expertise pouvait faire la différence. Seul le fait qu'il avait l'impression qu'ils continuaient de se diriger vers l'aval lui donnait la certitude qu'ils ne tournaient pas en rond. Mais cette certitude n'était clairement pas suffisante pour leurs prisonniers.

Lorsque l'un d'entre eux s'écroula, le groupe n'eut d'autre choix que de changer son arrangement et le nain d'or n'eut d'autre choix que d'admettre, au moins à lui-même, que leur décision de les emmener avec eux ne semblait plus aussi juste. Il accepta d'un hochement de tête la proposition de la Dragonne qu'il porte l'excédent de matériel de Blanche-Flamme et en profita pour chercher dans son sac s'il avait quoi que ce soit qui puisse aider dans cette situation. Mais, à part une torche dont il ne pensait pas que la flamme puisse survivre longtemps dans ce vent, son sac ne contenait pas grand chose de bien utile. Ce qui ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas, au moins, essayer de faire un geste.

Le compagnon des Marches d'Argent retira son manteau de fourrure et le passa à la Dragonne. Il n'y avait pas vraiment pensé avant mais, tant que la magie faisait effet, il n'était probablement pas celui qui en avait le plus besoin. Et, même si la magie cessait de faire effet, il était évident maintenant qu'il avait plus de chance de résister aux affres du climat que les brigands.

-Mets-lui ça, si tu peux. Ce n'est pas grand chose mais cela ne fera pas de mal. Blanche-Flamme, à ton avis, il nous reste quelle distance à parcourir? Le refuge devrait être visible une fois arrivés à la butte? Je suis désolé, j'aurai dû être plus attentif quand Kvoth nous a expliqué comment aller au refuge. J'ai du mal avec les cartes mais ce n'est pas une excuse. Mais s'il y a une chance d'atteindre le refuge avant qu'il n'y reste, cela vaut probablement le risque. Si j'abandonne mon armure, je peux probablement l'attacher sur mon dos et trotter jusqu'à la butte avant d'être trop essouflé. Tant que j'ai une cible en vue, je ne pense pas que cela soit au-dessus de mes forces.

Serana, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier
Le jour déclinait rapidement et la forêt enneigée luisait d’une belle lumière bleutée. Des traces animales dans la poudreuse, parfois des empreintes de bêtes qu’ils ne voyaient jamais, qu’ils devinaient parfois entre les hauts traits d’encre des troncs, les maintenaient sur le qui-vive. Ils avançaient en intrus dans un monde qui avait vécu sans eux depuis des siècles, qui vivrait encore des siècles après eux.

La demi-dragonne, celle qui ne sentait pas le froid de la terre, avait pris une initiative pour maintenir le cap et assumer les choix du groupe. Elle portait à présent le plus petit des captifs sur son dos. Une carcasse froide dont l’artère jugulaire palpitait très faiblement. Le petit homme mourrait de froid et le temps lui était compté.

Ils seraient les dents quand un vent chargé de neige fouettait leurs visages. Leurs pas faisaient des trous profonds dans la neige, ils étaient courbés et haletants. Le mutant velu continuait à suivre en ronchonnant, le suivant sanglotait de peur et de fatigue. Tout juste assez de force pour se plaindre de picotements et de démangeaisons aux extrémités, les membres gonflés et d’une teinte rouge vif et foncée, des sensations de brûlures. Ils étaient pris d’une toux continuelle et ponctuaient leurs remarques de crachas. Autant de signes évidents que les engelures apparaissaient.

Durant de longues minutes, ils glissaient à l’aveugle. Le périple n’en finissait pas. Si pour la plupart, le froid les épargnait, la marche dévorait leurs dernières forces. La faim s’attachait à leurs pas, comme un fantôme pâle, un de plus, qui se lovait dans leurs ventres et heure après heure dans leurs esprits.
Après un laps de temps indéterminé, alors que le ciel devenait encore plus sombre et que les étoiles tapissaient à présent une toile d’un noir opaque. Il fallut songer à s’arrêter et envisager un bivouac si le refuge n’apparaissait pas rapidement. Dans cet océan de neige fraîche, ils pouvaient affirmer avoir atteint le creux de la vallée, mais les repères restaient invisibles et les minutes continuaient à s’égrenaient. Avec plus de quatre heures de marche dans les pattes, ils atteignirent enfin le monticule de roche et de neige.

Les deux prêtres échangèrent des regards inquiets, avouant finalement qu’ils étaient perdus. Le Nain à la barbe tapissé de flocons de neige, maintenant son emprise sur le cordage des captifs, ne trouva toujours rien à l’horizon. C’est Serana qui parvint à découvrir une lueur tremblotante à travers les congères. La troupe, alors perdu dans cette contrée sauvage, put s’orienter grâce à l’intuition de la demi-dragonne.

***

Il ne devait être que le milieu de l’après-midi, mais le soleil avait déjà pris congé au loin derrière la ligne d’horizon qui s’étalait au Sud-Ouest. Les aventuriers avancèrent péniblement, leurs yeux rivés sur une large structure, une grande cabane de bois au toit pentu qui reposait au fond d’une clairière maculée. Une lumière chaleureuse apparaissait tel un phare au milieu de l’obscurité oppressante de la nuit. Ils en étaient certain… cette demeure signait la fin de leurs tourments.

Le bâtiment semblait ployer sous le poids de la neige. C’était un abri sommaire qui apparaissait grâce aux lanternes fixées à la devanture. Quelques barrières enfoncées dans la neige semblaient vaguement délimiter le terrain. Un second bâtiment en face devait faire office de grange. Ces deux grandes portes étaient entrouvertes et de la lumière en émanaient.

Alors qu’il approchait en pénétrant le seuil de la propriété, une silhouette hirsute émergea de la grange. C’était un homme emmitouflé dans un épais manteau de poils brun-gris. Ses deux yeux noirs à peine visible sous sa chapka. Il marquait le pas d’une grande fourche qu’il redressa pour signifier son manque d’hostilité. Une expression initialement inquiète se mua progressivement en curiosité tout en découvrant ces étonnants voyageurs.

- Hey ho ! Qui êtes-vous ?

Lancers...

Mutant1 - Jet de vigueur : 19(d20) +2 = 21 ~ Réussite
Mutant2 - Jet de vigueur : 12(d20) +4 = 16 ~ Echec
Mutant2 - Jet de dégât : 6(d6) = 6
Mutant3 - Jet de vigueur : 1(d20) +1 = 2 ~ Echec
Mutant3 - Jet de dégât : 3(d6) = 3
Serana - Jet de compétence : Intimidation : 3(d20) +10 = 13 ~ Echec
Serana - Jet de compétence : Survie : 20(d20) +0(deg) +0(Sag) = 20 ~ Réussite
Mirtzar - Jet de compétence : Survie : 2(d20) +0(deg) +2(Sag) = 4 ~ Echec
Maâkhérou - Jet de compétence : Survie : 5(d20) +0(deg) +3(Sag) = 8 ~ Echec
Reïlo Blanche Flamme - Jet de compétence : Survie : 7(d20) +0(deg) +4(Sag) = 11 ~ Echec