Chapitre 1 : L'astre Pourpre

¤ Un sort ? Voilà donc l'explication. ¤

Kvoth comprenait mieux pourquoi et comment ses compagnons avait pu progresser si facilement et sans se fatiguer outre mesure. Par ailleurs, il était plus détendu, rassuré de pouvoir se réchauffer et rester ici pour la nuit.
Il regarda le Demi-drow, il venait de faire apparaître de l'eau. La magie l'avait toujours impressionné et fasciné. Aussi lorsqu'il jura, le rôdeur sursauta.
Visiblement il pouvait communiquer avec son corbeau et ce dernier avait un problème.

Au vue de son état de fatigue, Kvoth ne se voyait pas ressortir par cette tempête. De plus, il ne serait d'aucune utilité sans repos.

- Je suis d'accord avec Gulmar et Mirtzar. En temps normal je n'aurai pas hésité une seule seconde à venir vous aider. Malheureusement, mon état ne ferait que vous ralentir et donc réduire les chances de retrouver votre bête vivante. Ce que je ne peux accepter... Je resterai ici et je guetterai votre retour.

Le rôdeur se dit également que s'ils étaient trop long, il prendrait alors la route et tenterait de les retrouver...

Reïlo hocha la tête satisfait de constater que ses deux plus anciens compagnons avaient accepté de le suivre dans la tempête sans marquer la moindre hésitation. Il n'était pas particulièrement porté sur les relations sociales mais la sollicitude de Gulmar et Mirtzar l'avait touché. Quant à Kvoth et Harold, il semblait en effet plus sage qu'ils se reposent et gardent le refuge pendant qu'ils mèneraient leurs recherches.

Tout en sortant de leur abri, le demi-drow répondit aux interrogations de ses compagnons :

- Je ne sais pas exactement où il se trouve, non... Malheureusement... Je lui avais demandé de survoler notre refuge et ses alentours immédiats. Et j'ai perdu presque tout suite le contact avec lui. Il est forcément tout près d'ici... Commençons à chercher aux alentours et suivons ensuite la direction du vent...

Blanche Flamme était inquiet. Perdre Flammèche équivaudrait à réduire à néant une partie des efforts qu'il avait entrepris pour devenir un talentueux magicien. L'animal lui offrait par ailleurs une précieuse compagnie et lui rappelait l'aide que Nërissa lui avait procurée tout au long de leur itinéraire.

Gulmar, Kvoth, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier
Le refuge s’emplissait progressivement de chaleur tandis que du chaudron, émanait de délicats arômes et la promesse d’un bon repas. La quiétude ambiante soudainement troublé, les expéditionnaires s’étaient tous retournés vers le métis Elfe noir et s’accordèrent sur la procédure à suivre. Ainsi, l’ecclésiaste et Gulmar sortirent précipitamment de la bâtisse, Mirtzar suivit le pas, grommelant qu’il ne pouvait rester impassible, laissant Kvoth et Harold s’entreregarder après un brusque claquement de porte.

***

Kvoth
Ils restèrent interdits quelques secondes, surpris par la situation. Le feu projetait des lueurs dansantes sur les murs. Autour d’eux, la tempête continuait de chahuter la structure et le vent sifflait continuellement entre les vieilles boiseries du refuge. Mais dans le confort modeste de l’abri, chacun parvenait progressivement à se réchauffer les os et le sang gelé de leurs veines. Ils devaient retrouver de la vigueur afin d’affronter le voyage du jour prochain.

Harold

- Espérons qu’ils ne s’éloignent pas trop, s’exclama le grand homme en touillant le fond de sa marmite. Har, ce sera bientôt prêt, conclut-il d’un air satisfait Il se courba pour extraire une épaisse gourde de sa besace. -Ahr, j'ne sais pas toi, mais moi, j’ai la gorge sèche ! -------------------- Doté d’une grande barbe et d’une carrure prodigieuse, il aime la boisson, la nourriture et les femmes. Il possède un caractère jovial et truculent. Il ponctue ses discours de fréquents « Har ! »

Il se mit à boire au récipient si goulument que du vin lui dégoulina dans la barbe. Enfin, la gourde abaissée, il se torcha la bouche d’un revers de main puis la tendit à son voisin.

- - - - -

Reïlo Blanche-Flamme, Mirtzar Boucledacier &Gulmar

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Gulmar Perception : 2(d20)+7 = 9
Perception Auditive : 3(d20)+7 = 10

Reïlo Perception : 10(d20)+5 = 15
Perception Auditive : 6(d20)+5 = 11

Mirtzar Perception auditive : 15(d20)+2 = 17

A l’extérieur du refuge, le ciel s’était rapidement couvert de banderoles grises et noires, couvrant une grande partie des étoiles. Le vent de l’hiver soufflait fort et secouait les arbres aux alentours. La cabane, tout en longueur, bricolé de rondins, de claires et de torchis, semblaient flotter dans les airs, entourée d’une épaisse couche de neige blanche. Sur les trois hommes, aucun n’était protégé des rafales qui leurs cinglaient le visage. Ils se mirent à chercher l’oiseau du regard et contournèrent progressivement la structure. Derrière, Ils trouvèrent un chemin qui passait dans une petite forêt de sapins verts foncés. Suivant le sens de la brise, ils poursuivirent sur un terrain où la neige, amassait par paquet, arrivait jusqu’aux genoux.

Alors que les minutes défilaient, presque instinctivement, Reïlo perçut une nuance dans le voile neigeux qui tapissait le sol. Il tituba pour se frayer un chemin et retrouva dans un puits d’ombre, Flammèche, raidit et gelé, les ailes repliées. Il ouvrit son manteau et plaça la créature contre son corps afin de le réchauffer.

Balayant le sol du regard, Gulmar prenait garde à marcher là où la neige était peu profonde. Non loin de lui, Mirtzar trainait sa carcasse frigorifiée, d’une démarche lourde dans la neige, la barbe maculée de glace. Les deux rouquins captèrent la précipitation de l’ecclésiaste et constatèrent sa trouvaille.
Satisfaits, soulagés, ils purent arrêter les recherches.

Soudain, aussi tranchant qu’un coup d’épée, ils entendirent un vagissement semblable à celui d’un nouveau-né. Les trois hommes se figèrent tout à coup pour tendre l’oreille puis échangèrent un regard surpris entre les flocons de neige. C’était un long couinement aigue qui paraissait rester en suspens entre les arbres et qui s’attarder dans l’air noir. Cela provenait de l’autre bout du bois, au-delà d’une colline rocheuse qui s’étendait à l’horizon. Les pleurs étaient bouleversant tant on parvenait à se représenter le petit enfant, ainsi abandonné, pleurant, vulnérable et mourant au milieu de la neige.

C'était avec peu d'espoir de retrouver son familier que Blanche Flamme s'était lancé dans les étendues gelées avec ses compagnons. Mais ce jour-là, Tymora semblait les avoir bénis et le demi-drow avait fini par distinguer son corbeau gisant dans la neige.

¤ Quelle chance! A moins qu'un lien plus fort que je ne le pensais m'unisse à Flammèche et ait guidé mes pas dans la bonne direction... Pauvre petit, il est raidi de froid... ¤

Après avoir ramassé le corbeau et commencé à le frictionner délicatement pour le réchauffer, il avait prévenu ses compagnons et ils s'étaient retrouvés tous trois. Le prêtre d'Oghma, constatant que son familier était toujours mal en point, se décida à le soigner à l'aide de sa magie.

¤ Oghma, permets-moi de réparer mon erreur! ¤

Reïlo incanta par deux fois un rituel en l'honneur de son dieu, le priant de lui accorder son aide et sa bénédiction en soignant les blessures de son familier.

A peine avait-il terminé de lancer ses sortilèges qu'il entendit un long vagissement qui faisait froid dans le dos. Le prêtre était perplexe : était-ce une personne vulnérable ou un piège subtil ? L'endroit était dangereux, il ne le savait que trop bien, et il n'avait pas envie de mettre en péril leur mission pour des chimères. Mais, même s'il faisait généralement passer ses propres intérêts avant le reste, il n'était pas totalement insensible et le cri avait ébranlé quelque chose en lui. Il interrogea ses compagnons :

- Qu'est-ce que c'est que ça? Piège ou personne en détresse?

Blanche Flamme prit soin d'observer les réactions de ses compagnons. L'expérience de Mirtzar et la connaissance des milieux naturels de Gulmar ne seraient pas de trop pour déterminer la marche à suivre...


Reïlo transforme "lecture de la magie" et "lumière" en 2 sorts de soins superficiels qu'il lance sur Flammèche.

Le froid. Toujours le froid. Malgré les protections de Reïlo, il sentait le vent fouetter son visage, ce qui n’avait rien d’agréable. La sensation était d’autant plus étrange qu’il n’était pas meurtri par le froid, mais bien uniquement par les rafales successives. Il repensait aux lointaines terres du Shaar afin de trouver un peu de réconfort, se demandant à nouveau pour quelles raisons il avait bien pu accepter pareil voyage. Cela faisait un moment qu’il ne s’était pas vraiment posé et la fatigue et la lassitude guettaient alors qu’il cheminait autour de la demeure puis dans la forêt dont le vert n’était pas déplaisant mais qu’il avait de plus en plus de mal à percevoir à mesure que le ciel s’assombrissait.

Il avança dans le sens du vent, tentant malgré l’épaisse couche de neige de déjouer les pièges naturels de ce rigoureux hiver tout en accompagnant le théurge et le nain avec l’objectif de retrouver le familier mourant. Si les conditions n’étaient pas optimales pour lui, à tel point qu’il ne remarqua pas le corbeau, ce n’était pas le cas pour Blanche-Flamme qui se précipita récupérer son compagnon, au soulagement du rôdeur. Gulmar observa le serviteur d’Oghma soigner le volatile, satisfait de cet épilogue à cette longue journée, espérant enfin retourner au chaud dans la petite cabane et ainsi passer une nuit qui s’annonçait des plus agréables. Ils n’avaient pas beaucoup marché pour arriver jusque-là et le retour auprès d’Harold et sa cuisine prometteuse avait un air de promesse heureuse.

Mais il ne devait pas en être ainsi. Tout du moins, pas dans l’immédiat. Comme ses camarades il entendit les pleurs d’un nouveau-né. A son grand étonnement il semblait que l’enfant se trouvait à l’extérieur par ce temps impossible. Observant dans la direction de là ou semblait venir les pleurs, il échangea un rapide regard, incrédule, avec ses compagnons. Ce fut le pragmatique demi-drow qui prit la parole en premier. Mais l’humain ne semblait pas partager ce pragmatisme.

- Piège ou non il on n’peut pas laisser un bébé dehors par ce temps. ’Faut y aller.

Il commença alors à se diriger dans la direction d’où venaient les pleurs, de façon résolue et sans même attendre que ses camarades lui confirment leur accord. Après tout le bois qu’ils devraient traverser ne semblait pas si profond que cela et la colline de pierre serait certainement franchie rapidement. Et sous le couvert des arbres, la neige et le vent seraient moins problématiques, du moins pour un temps.

- Si c’est un piège, on a d’quoi s’défendre.

Gulmar, Kvoth, Reïlo Blanche Flamme & Mirtzar Boucledacier

Kvoth
Le temps parut ralentir dans la chaleur naissante du petit refuge montagnard. Confortablement assis, Kvoth et Harold échangèrent quelques silences tout en contemplant les flammes dans l’âtre du feu qui diffusait une douce lumière dans l’espace confiné. Le pâle rôdeur but un son tour une rasade à l’outre gainée de cuir. C’était un vin qu’il n’avait jamais gouté sembla se propager tel un feu dans ses veines. Soudain, le monde parut moins dur et moins hostile.

Captant son regard circonspect, le grand homme aux épaules voutés lui décocha un sourire à travers son épaisse barbe poivre et sel : - Ahr, du vin de Theskel, sûr qu’c’est bon. J’ai lié d’amitié avec un des cellériers de Ravensburg qui m’a appris à discerner les fins breuvages des piquettes de comptoir.

Tout en cuisinant machinalement, Harold jetait quelques œillades vers la porte d’entrée.

- Tout ça pour un corbac, espérons que nos compagnons ne se soient pas trop éloignés. Bien que les Ours et les Lynx des fumées descendent rarement si bas dans la vallée, il n’est jamais recommandé d’affronter les nuits hivernales. (son visage jovial s’était mué en expression vaguement contrit) Ahr, "la nuit est sombre et pleine de terreur" ont l’habitude de dire les anciens.

Reïlo Blanche-Flamme, Mirtzar Boucledacier &Gulmar
Les trois hommes n’échangèrent que quelques mots tandis que quantité de scénarios s’échafaudaient dans leurs esprits. Le vent savait imiter les bruits les plus étranges mais fallait-il y voir les effets de la tempête qui déformait les sons ? – Harold n’avait fait aucune mention concernant la présence d’habitations dans les proches environs – Aussi, leurs connaissances cumulées se révélèrent trop minces pour déceler un phénomène lié à la faune locale.

Quelques secondes passèrent avant qu’un nouveau braillement ne perce la tempête. Derrière le refuge tout de blanc immaculé, ils avaient tous entendus les pleurs d’un enfant à la lisière d’une mince forêt. Des sons étranges, des bruits horribles, des braillements plaintifs : tout un spectacle qu’il leur fallait poursuivre.

Sans perdre un instant, Reïlo psalmodia pour insuffler de la vie dans le corps pétrifié de son compagnon volatile puis resserra son étreinte pour le protéger de la rigueur du climat. Malgré sa frêle constitution, l’inquiétude générale et les conditions météorologiques, l’abnégation dont fit preuve Gulmar acheva de le convaincre et ainsi, les trois vaillants aventuriers décidèrent de poursuivre en direction des pinèdes.

***

La neige crissait sous leurs pas et le vent soupirait entre les branches nues des arbres. Ils avançaient sous une lune apparaissant presque inattendue dans l’obscur ciel hivernal. Le spectacle était ravissant, à condition de savoir qu’un havre de chaleur et de gaieté vous attendait. Ils entendirent à nouveau les pleurs de l’enfant, s’élevant à travers le vent hurlant. Les rafales étaient parfois si violentes que cela donnait l’impression de quelqu’un se trouvant dans le dos, tiraillant le manteau. Seulement, en se retournant, il n’y avait personne. Au cours de cette marche forcée, ils durent gravir une pente abrupte, parfois en s’aidant des bras et des jambes.

Le prêtre d’Oghma chancelait maladroitement en tentant de suivre le rythme sur un terrain des plus traîtres, toute mélasse, poudreuse et autres rochers sournois. L’un de ses bras porté en bandoulière pour soutenir le corbeau logé dans son manteau de fourrure. A ses côtés, Mirtzar poussait fort sur ses genoux pour tirer sa carcasse à travers la neige. La neige parsemait de givre sa toison rousse. Une vapeur tiède s’échappait de sa bouche. Il frissonnait, vulnérable à la brise et au froid. Seuls ses pieds conservaient un peu de chaleur au fond de ses bottes, tant qu’il restait en mouvement. Devant eux, Gulmar paraissait s’envoler en se hissant habilement aux troncs, sans provoquer de craquements ni de bruits, contrairement aux deux autres qui faisaient inlassablement rouler une pierre ou craquer une branche à leur passage.

***

Gulmar
Une bourrasque lui cingla le visage et rabattit une volée de feuilles mortes qui tournoyèrent come une bande de sombres oiseaux. Le rôdeur découvrait une nouvelle facette de ce royaume en proie à l’hiver. Il prêtait une attention particulière aux murmures des Géants de glace et se remémorait les légendes de la nation de son père. Attendant ses compagnons, il marqua un temps d’arrêt sur la pente rocheuse et regarda instinctivement en direction d’une lointaine chaîne de montagnes qui s’étendait par-dessus la cime d’innombrables sapins. Il aperçut la tempête qui sévissait dans leur dos, plus à l’Ouest. Le panorama s’était assombrit et, juste au-dessus des vents, la nuit menaçait de se rapprocher sur leur position, avec assez de fureur pour qu’il puisse la craindre.

***

Reïlo Blanche-Flamme, Mirtzar Boucledacier &Gulmar
L’astre lunaire, énorme et argenté, produisait des tâches d’ombres parmi les arbres. Ils parvinrent enfin au sommet de la colline où veillait un grand arbre fourchu qui surplombait une vaste combe. Les hauteurs offraient une vision périphérique de la région et les forêts environnantes étaient si peu fournies que le panorama s’ouvrait sur des lieues dans toutes les directions. Les lueurs de la lune blanchissait la cime des arbres jusqu’à l’autre extrémité de la vallée. Ils observèrent à distance la clairière couverte de neige au centre de laquelle, ils découvrirent non sans effroi, la présence d’un monticule de givre et de neige, semblable à un piédestal ou un autel, sur lequel tenait ce qui pouvait être un couffin. Soudain, une nouvelle série de vagissement aigue résonna entre les collines rocheuses, ne laissant plus aucun doute planer.

Pour atteindre le centre de la grande toile blanche de l’hiver, il fallait prendre le risque de dévaler une pente abrupte à la surface friable, couverte de glace, hérissé de jeunes pousses sauvages et de buissons tapissés de neige. Une approche moins risquée (mais plus longue et plus exposée) permettait de poursuivre sur la droite, suivant une large corniche pentue qui prolongeait la colline jusqu’à l’extrémité opposé en contrebas.

Quelques battements de cœur supplémentaires, avant d’avoir le temps de se concerter, les trois intrépides se figèrent un court instant en apercevant une forme émerger dans la clairière immaculée. C’était un corps mince et voûté qui émergeait discrètement depuis le décor sous la pâle lueur lunaire. Convergeant rapidement vers le centre où reposait l’enfant, la silhouette avançait d’une démarche simiesque, véloce et prédatrice. Il l’emporta brusquement, d’un geste vif avant de rebrousser chemin vers les ténèbres qui tapissaient les bois environnants.

Kvoth regardait les flammes danser. Le silence ne le gênait pas, bien au contraire. Il détestait parler pour ne rien dire. Il bu une gorgée du vin qu'Harold lui servit. Cet homme avait du goût.

- Je trouve que votre vin est excellent. Il est fort appréciable.

Kvoth était plutôt habitué à la bière mais il savait apprécier des breuvages de cette qualité.
Le discours d'Harold n'était pas des plus rassurant. Il jetait régulièrement des regards furtifs en direction de la porte. Le rôdeur commençait à regretter de ne pas être parti avec les autres. Ils n'auraient pas été de trop à quatre en cas de danger.

- J'espère également qu'ils sauront retrouver leur chemin. Mais il était important de sauver la vie de cette pauvre bête. Elle s'est retrouvée dehors de ce temps parce que cela lui a était demandé.

Kvoth estimait la vie des animaux qui l'entourait à l'égal de la sienne. C'est parce qu’il n'était pas en état de voyager qu'il n'était pas parti à la recherche du corbeau. Aussi, il en profita pour fermer un peu les yeux, laissant les odeurs de cuisine lui chatouiller les narines. S'il devait sortir pour aider les autres, alors il lui fallait un peu de repos.

Cheminant avec difficulté, Reïlo faisait de son mieux pour préserver Flammèche du froid. Ses soins avaient permis de lui rendre des forces mais le corbeau était visiblement toujours faible et les effets de son sort ne semblaient pas le protéger du climat. A plusieurs reprises, le demi-drow regretta de ne pas avoir fait demi-tour et regagné la chaleur de leur abri mais, il ne se voyait abandonner ses deux compagnons dans le froid alors qu'ils n'avaient pas hésité à affronter le blizzard pour sauver son familier.

La scène à laquelle il assista finit par le convaincre qu'il avait fait le bon choix: un couffin abandonné à une mystérieuse créature. Le disciple d'Oghma ne comprit pas grand chose à la scène : quelle était cette créature? Et qui avait bien pu déposer un couffin à un tel endroit et par ce temps? A quelles fins? La destinée de l'enfant semblait scellée, la silhouette simiesque n'avait rien d'engageant et Blanche Flamme sentit un frisson lui parcourir l'échine.

Luttant contre le froid et la fatigue, il se risqua à suggérer :

- Nous devrions aller voir ce qu'est cet endroit et si nous pouvons apprendre quelque chose sur cette créature. Je crains qu'il ne soit déjà tard pour l'enfant, s'il s'agit bien d'un enfant... Quoi qu'il en soit, nous aurons fait tout ce chemin pour rien si nous ne nous approchons pas...

Le métis se souvint des multiples mises en garde qu'il avait reçues tout au long du voyage, décrivant la Damarie comme un pays de malédiction et de sombre sorcellerie. Tout cela ne lui disait rien qui vaille mais la curiosité l'emportait sur ces considérations.

Comme ses camarades il s’était dirigé vers les cris de l’enfant, du pas le plus rapide qu’il pouvait. N’étant pas coutumier de cette région et de ce climat, il s’en sortait tout de même honorablement, ce qui était certainement dû à toutes ces heures passées auprès de son mentor dans le bois de Shaar, et les autres forêts et monts se trouvant dans la région. Il avait également l’avantage de toujours être sous les effets du sort de Reïlo, ce pour quoi il remerciait le demi-elfe à chaque rafale cinglante. Il avait seulement à se concentrer sur les branches qui ne manquaient pas de l’assaillir, dirigées par les rafales et sur l’équilibre qu’il lui fallait maintenir quoi qu’il en soit malgré le vent qui le poussait

Etant plus à l’aise que les deux autres, il les devançait de plusieurs mètres, si bien qu’il s’arrêta un instant pour les attendre, en profitant à la fois pour admirer le paysage et se rendre compte que la nuit arriverait très vite. Et elle ne serait pas son alliée… Il se remémora fugacement une situation similaire à l’époque où il courrait le Shaar avec Gulmar, lorsqu’ils avaient pris pour cible un braconnier qui œuvrait au sud du bois et qui avait vite cessé de braconner après qu’ils se furent occupés de lui. Il espérait un dénouement similaire et rapide, et surtout il espérait que cet enfant n’était pas seul, comme il se l’imaginait.

Ils arrivèrent alors en vue du piédestal et les pleurs déchirants du marmot ne cessaient pas. Comme le rôdeur le craignait, l’enfant était seul, sans ses parents. Avisant rapidement les alentours, le chemin sécuritaire et le chemin rapide, il décida de prendre une seconde pour réfléchir au choix le plus judicieux. Mais lorsque la créature s’empara de l’enfant, il n’y avait pour l’humain plus aucune réflexion à mener, il fallait le récupérer au plus vite. Il n’entendit même pas les propos de Reïlo, sans quoi il aurait certainement eu un regard assassin pour le théurge. Malgré la pente, la neige et la végétation qui prises séparément étaient déjà des pièges pouvant s’avérer mortels, il décida d’emprunter le chemin risqué, mais rapide.

Une petite voix au fond de lui lui demandait de quoi il se mêlait, lui affirmait qu’il serait bien mieux au chaud en train de prendre un bon repas… Mais le souvenir de l’absence de son père, de sa mère qui se morfondait, et de sa propre peine qu’il avait difficilement réussi à étouffer seulement au bout de quelques années le poussait à agir.

¤ Si c’gamin vit, ce s’ra sans ses parents, en s’demandant pourquoi. Et s’il meurt maint’nant, ça s’ra juste un gros gâchis. On va l’récupérer et on ira botter l’cul d’ses parents…¤

Sans se soucier de ce qui pourrait lui arriver : la douleur de la chute, les pièges naturels des racines et de la végétation, les risques liés à la glace, il choisit de dévaler la pente et de se lancer à la poursuite de la créature qui venait d’enlever l’enfant usant de toute la vitesse dont il était capable dans ces conditions.

Ce n’est qu’une fois élancé qu’il lança à ses compagnons.

- On y va !

algré les conseils avisés de ses compagnons, Mirtzar avait décidé d'affronter le froid et la nuit avec eux. Il n'avait pas fallu plus d'une vingtaine de pas à l'extérieur pour qu'il commence à regretter cette décision. Et qu'il ne commence à s'en vouloir pour son manque évident de courage et de dévotion à la cause de Blanche-Flamme.

Comme cela avait été le cas pendant la majorité du voyage depuis qu'ils avaient quitté la grotte, le nain d'or s'était montré fort silencieux pendant qu'ils cherchaient où Flammèche était tombé. Au moins une fois ou deux, il avait eu l'impression d'entendre un bruit dont le compagnon animal du clerc pouvait être l'auteur mais cela ne l'avait pas guidé jusqu'à lui. Le Compagnon des Marches d'Argent, conscient qu'il avait peut-être imaginé les sons qu'il avait essayé d'utiliser pour se guider, avait réalisé bien amèrement qu'il n'avait jamais considéré la différence entre percevoir un son dans un tunnel et à la surface. Il avait l'habitude de tendre l'oreille pour détecter une menace ou un allié mais c'était la première fois que le chemin à suivre, une fois le son perçu, n'était pas rendu évident par la géométrie des lieux.

Quoiqu'il en soit, Blanche-Flamme avait été autrement plus efficace que lui et il avit trouvé son famillier. Il ne s'était pas écoulé assez de temps pour que Mirtzar puisse constater de l'état de Flammèche mais l'elfe semblait un peu moins préoccupé et cela devait être bon signe. Le cri d'un bambin ne l'était pas autant.

L'afflux d'adrénaline causé par la réalisation qu'un enfant, probablement un bébé même, était en danger n'était pas suffisant pour que Mirtzar puisse complètement oublier et ignorer le froid mais cela lui permit d'en faire une sorte d'arrière-pensée. Une fois de plus, la géographie ne jouait pas à leur avantage et le temps qu'ils trouvent le lieu où reposait l'enfant, quelqu'un s'en était saisi. Un flash de culpabilité le secoua quand il supposa, sans preuve aucune, que ce nouvel arrivant était un danger mais la réaction de Gulmar lui permit de ne pas s'apesantir sur ce sujet douloureux. Il avait raison, que le nouvel arrivant ait pour but d'aider ou de nuire au bébé, ne changeait pas vraiment les choses.

-Je suis derrière toi, Gulmar.