Le Revers du Phylactère, [Katharan]

Le crépuscule tombait sur Port-Lune. Les clapotis de l'eau chantaient en frappant les piliers des pontons et les barques amarrées. Le jeune Ardel remontait ses lignes sous l’œil curieux de la non moins jeune Elianne. Ces deux là se tournaient autour depuis plusieurs mois. Nul doute que l'un des deux ne tarderait pas à faire le premier pas. Aléria repris sa route vers le temple, passant devant eux, les deux jeunes gens la saluèrent respectueusement avant de reprendre leurs activités.

Les temps avaient changés depuis que l'ancienne myrkulite avait commencé à réunir ces gens, parias ou assimilés, et à les prendre sous son aile. Ardel et Elianne avaient été les premiers nés de la seconde génération, c'était il y avait maintenant quinze ans. Les premières années avaient été dures, Aléria avait dut se battre contre nombre de prêtres et de chasseurs de morts-vivants. Autant que possible, elle les avait épargnés mais le petit cimetière de Port-Lune derrière le grand temple était pourtant doté d'un caveau pour honorer ces aventuriers qui se battaient pour ce qu'ils croyaient juste.

Elle remontait doucement la grande rue. La taverne des frères Elon et Reol résonnaient comme à l'accoutumée d'une musique entraînante. Une bonne moitié du village était venu se détendre ici après une journée éreintante. Elle avait beau être officiellement la dirigeante du village, c'était ici que se réglaient à l'amiable une bonne partie des problèmes et c'était bien ainsi. Dans la salle d'armes qui faisait face à au temple du Dieu Brisé, elle entendit des flèches percuter les cibles. Puis elle vit Sëthyne. La jeune drow enseignait le tir à l'arc à tout ceux qui le souhaitait. Malgré son engagement auprès d'Ellistraë, elle venait régulièrement prier Illmater de débarrasser son peuple des souffrances de la corruption. Étonnant comme les elfes pouvaient être aussi butés que divers. L'elfe noire suspendit son tir salua Aléria avant de revenir à son entrainement.

Aléria gravit l'escalier du temple et traversa les couloirs jusqu'à ses petits appartements. Elvire, l'une des novice, avait rafraichit les draps qu'elle n'utilisait pas, rempli les torches d'huile et nettoyé le sol. Elle était extrêmement dévouée. Sur son bureau, de nouveaux courriers s'empilaient. Elle s'installa et commença à répondre aux premiers. De classiques lettres de menaces, et également quelques lettres d'encouragement de seigneurs locaux ou de paysans à qui elle était venu en aide. Puis une première missive sorti du lot. L'encre était d'un rare bleu indigo, le parchemin était d'excellente qualité et le sceau de cire était celui du Seigneur Aedon de Castel-Azur. Elle avait déjà entendu parler de lui. Un fervent anti-morts-vivants ayant financé de nombreuses missions, y compris contre des veilleurs sacrés, deux ans plus tôt. Son nom ne pouvait pas être une bonne nouvelle pour elle.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

A Aléria de Port-Lune, aberration sous les étoiles.

Il est plus que temps de mettre un terme à votre existence, morte-vivante. L'honneur m'incombe néanmoins de vous accorder un combat loyal, afin de permettre à la communauté que vous défendez de vivre.
Mes hommes arriveront sous peu sous vos murs.
Sortez, combattez et disparaissez honorablement.

Rien d'autre n'était précisé, mais la lettre était des plus inquiétante. Quand allait elle être attaqué, comment et pourquoi ?.. Elle réfléchit plusieurs minutes et vit plusieurs possibilités. Elle les élimina une à une, soit parce que c'était logiquement impossible, soit parce qu'elle savait de source sûr que ce ne pouvait être possible en ce moment. Non, elle ne voyait pas. Extrayant ceci de sa tête, elle passa aux missives suivantes. Enfin, elle fut rendu à la fin. Alors qu'elle allait passer à autre chose, une pâle lueur jaune et rectangulaire apparu sur son bureau, puis un rectangle de vélin fut convoqué. Aléria l'ouvrit, curieuse. A l'intérieur du pli, une courte missive :

Voilà un problème plus gros que vous.
J'arrive.

PS : ensuite, vous aurez une dette à payer, feu Katharan.

C'est avec nombre de questionnement en tête que la liche se mit à méditer. Les heures passèrent.

Puis on frappa à sa porte. De l'autre coté du battant, Sëthyne la regarda. La jeune elfe de pleurait jamais mais la terreur était clairement au fond de ses prunelles, mêlée de haine.

Sëthyne

Madame, je... Un régiment d'hommes en armes et de paladins stationne devant les portes. --------------------

L'elfe noire la mena sur les murs de bois et de pierres élevés au fil des années autour du village. Tout était silencieux. Devant le village, un régiment d'au moins trois cents hommes stationnait en silence, attendant. Devant, six prêtres de Kelemvor formait la ligne de commandement. Et en tête un homme à cheval stationné à coté d'une puissante créature. Aléria savait maintenant ce qui avait déclenché l'ire du seigneur : le marut. Des années plus tôt, après la fin de sa transformation en liche, l'inéluctable avait commencé à la prendre en chasse. Elle lui avait échappé trois fois, puis avait fini - croyait elle - par le vaincre. De toute évidence, elle s'était trompée. Il avait réuni des alliés, et s’apprêtait à la réduire au néant. Restait à savoir si elle allait se battre. Le village était endormi, si ils tenaient leur promesse, il épargneraient les villageois. Mais les nobles ne tenaient pas toujours leurs promesses, quant au marut, lui et ses pairs étaient connus pour ne faire que peu de cas des complices.

Cruel dilemme.

La prêtresse d'Ilmater avait travaillé dur pour fonder cette communauté sous la lumière divine du Dieu de la Compassion. Les habitants avaient besoin de sa protection afin d'éviter que le village ne sombre dans le chaos, mais elle ne pouvait pas se permettre de laisser ses ennemis faire du mal à ses protégés. La solution la plus simple était évidemment de faire pleuvoir la puissance des Cieux sur ses ennemis, mais ils étaient trop nombreux et trop puissants pour que ce soit efficace. Si seulement elle avait eu davantage de temps, elle aurait pu mettre tous les villageois à l'abri dans les catacombes, derrière les nombreux enchantements destinés à protéger les dépouilles sacrées des pilleurs de tombes. L'Archiliche ne savait que faire mais elle devait faire vite. Une option était de se rendre et d'abandonner cette enveloppe charnelle, espérant pouvoir régénérer un nouveau corps avant que les chasseurs de morts-vivants ne trouvent son phylactère, caché au plus profond des cryptes du Temple... Cette initiative proposait tout de même trop de variables et Aléria, de par son passé de Haute Prêtresse du Seigneur des Ossements avait l'habitude de calculer les moindres détails et de ne rien laisser à la chance. Puis une idée lui vint à l'esprit.

-Messires! Vous me prenez au dépourvu. Je viens tout juste de lire la missive que l'on m'a envoyé. J'ose affirmer que l'honneur dicte que vous me laissiez le temps de me préparer à combattre s'il doit en être ainsi. Mais ne vous inquiétez pas. Je n'ai nulle intention de vous forcer à rester ainsi à l'extérieur. Je vous offrirai l'hospitalité, le temps que nous organisions un combat honorable. Qu'en dites vous?

Sur son destrier entièrement bardé, le noble avança. Contrairement aux prêtres qui l'accompagnaient, la barde de sa monture ainsi que son armure arborait non pas les armes de Kelemvor mais ceux de Lathandre, autre figure connue de la lutte contre les morts-vivants. Sur son épaule, retenant sa cape, une large broche de chrome et de saphir représentant une tour bleue. Il s'avança lentement, conquérant. A coté de lui le marut marchait comme son égal. Mais des deux, elle n'aurait su dire qui était le plus impressionnant. La créature vouée sang et âme à la destruction des blasphémateurs ou le fanatique doté d'une fortune et d'une armée prêt à tout pour éliminer ses ennemis, sans se poser quelque question que ce soit. Si elle connaissait la puissance de l'Inéluctable, elle supposait que le cavalier qui se tenait devant lui était loin d'en être à son premier combat. Il s'arrêta aux pieds des murs et leva la tête.

Seigneur Aedon de Castel-Azur

Je vois qu'il reste encore quelque honneur dans cette enveloppe de blasphème. Soit, je ne voudrais pas priver les environs de leur principal fournisseur de poissons d'eau douce. Alors vous pourrez combattre seule. Bien entendu, l'honneur incombe que ce soit un duel, mais ce serait hérésie que de vous laisser vous enfuir, quand bien même vous vaincriez. Le combat se fera à l'aube, ainsi le Seigneur du Matin pourra vous couvrir de sa lumière lors de votre dernier soupir. Quand à l'hospitalité... Mes hommes seront heureux de se reposer en armure. --------------------

Il retourna vers l'armée et fit passer un ordre. Dans un unique mouvement, toute les phalanges posèrent bouclier et lance devant eux et restèrent stoïques derrière. Ces fanatiques étaient impressionnants de discipline.

Le marut resta à regarder Aléria. On ne distinguait rien sous son casque de bronze, comme si il n'y régnait qu'un vide absolu. Bientôt il prit la parole, une voix à la fois caverneuse et métallique qui vous enveloppait de terreur.

Le Marut

Vous ne vous échapperez pas cette fois ci, lambeau d'humain. L'équilibre sera restauré. --------------------

Il resta ainsi, ne semblant pas décidé à bouger avant le duel. A coté d'elle, Sëthyne semblait terrorisée. Elle chuchotait pour elle même qu'il fallait aller prévenir tout le monde, prendre les armes ! Mais elle n'osait faire quoique ce soit sans l’assentiment de l'Archiliche.
Alors qu'Aléria observait ce qu'il l'attendait, un corbeau croassa au dessus d'elle et commença à faire de gracieux tours au dessus d'elle. Il était d'un blanc si pur qu'il brillait littéralement à la lumière de la lune.

L'Archiliche s'était acheté un peu de temps, à elle ainsi que ses protégés mais elle ne savait toujours pas quoi faire pour s'assurer de tous les sauver. À être certaine que les assaillants laisseraient effectivement les villageois en vie, elle se serait sacrifier sans se poser de questions, la mort ne l'effrayant pas outre mesure mais puisqu'elle savait que les choses se passeraient sûrement autrement elle se résolu à combattre... Alors qu'elle se tournait vers Sëthyne pour lui demander d'évacuer le village, son attention fut portée vers le corbeau blanc. Elle resta quelques instants à le regarder fixement; Elle était certaine d'avoir déjà vu ce corbeau... Mais où? La réponse lui vint alors sous la forme d'un souvenir vieux d'un siècle. Phineas. Un ennemi de plus...

-Sëthyne... S'il m'arrive quoi que ce soit... Je veux que tu t'occupes de Pont-Lune, d'accord? Personne d'autre que toi n'en a la capacité.

Elle attendit la réponse de l'elfe noire avant de se diriger vers l'armurerie et de prendre ses armes et son armure, prête à combattre... et à mourir. Elle avait la plus grande confiance en Sëthyne et elle était certaine que tout irait au mieux pour le village, si Ilmater le voulait.

Une vie de problèmes. C'était à peu prêt ainsi qu'Aléria pouvait définir son existence alors qu'elle enfilait son son armure. Manipulations, meurtres, nécromancie... Une partie de sa vie se résumer en une succession sans fin d'horreurs diverses. Elle savait parfaitement que l'univers ne la pardonnerait pas si simplement mais elle pensait avoir déjà longuement avancé sur le chemin de la repentance. Certes, elle était aujourd'hui l'une des créatures les plus symbolique de l'art nécromantique, mais elle utilisait sa pseudo-éternité pour le bien du nombre. Et pourtant, on réunissait tout de même des armées entières pour la mettre hors d'état de nuire. Peut-être que c'était son dernier baroud. Son phylactère était bien dissimulé mais elle ne s'était pas préparé à ça. Ils pourraient bien trouver l'artefact avant qu'elle ne puisse renaître. Heureusement l'elfe noire était intelligente, fine stratège et dotée d'une certaine expérience. Si tant était que le village soit épargné, il était en de bonne main.

Alors qu'elle enfilait les dernières pièces de son armure, quelque chose qu'elle n'avait pas entendu depuis de nombreuses années retentit dans l'air. Le son d'un oliphant. Une longue note basse, de celles que les officiers utilisaient pour réunir les hommes. Les troupes d'Aedon avaient elles décidé de passer à l'action plus tôt ? Sans doute. Elle se dépêcha de sangler son armure, pris son arme et sorti. Le temps qu'elle mit à traverser le couloir lui paru infini. Elle arriva dans la grande salle. Elle ne put s'empêcher de s'arrêter pour l'observer, peut-être pour la dernière fois. Les hautes colonnes de granit sombre, les bancs, la fresque sur les murs. La haute statue d'Illmater en bronze dont la matière première lui avait été offerte par un marchand téthyrien trois ans plus tôt. Au détour d'un sentier elle l'avait sauvé, lui et sa famille d'une attaque de loup-garou. Le dieu était représenté d'une façon original. Au lieu du dos courbé habituel du dieu brisé, c'était un homme baissé tendant la main à un publique invisible. L'autel de marbre avait été sculpté spécialement pour Port-Lune par un artisan aquafondien après que la liche ai accueilli son fils - condamné à mort par erreur - dans le village. Mais l'une des plus belle pièces était probablement le gigantesque lustre d'argent et de cristal scellé au plafond. Un artefact magique d'une grande subtilité constitué d'un cylindre d'adamantium et d'acier solarien tressé. Autour, flottaient sept sphères cristallines figurant les Paradis. Cette pièce d'orfèvrerie hors de prix lui avait été offert de façon anonyme dans les mois succédant à la fin de la construction du temple. Ce seul artefact devait couter plus cher que l'intégralité des autres bâtiments du village et il était le symbole évident de la repentance de la maîtresse des lieux et de la bienfaisance de sa mission. Alors qu'elle s'égarait dans ses pensées, une voix s'éleva des colonnades.

- J'aimerais que les Sept Paradis soient aussi paisibles aujourd'hui.

Adossé contre l'une des colonnes prêt de l'entrée, l'homme sorti de l'ombre. Il portait un manteau chaud de facture commune, et des vêtements du même acabit. Deux choses dénotaient cependant. A sa ceinture une bourse bardée de runes dorées et dans la main droite un bâton d'argent bleuté et de bois fin qui pulsait d'une lumière chaude et douce. Il semblait s'appuyer dessus pourtant son visage n'avait pris qu'à peine quelques rides en un siècle. Contre toutes attentes, Phineas n'avait pas vieilli.

Phineas

Je m'invite de façon un peu cavalière mais j'ai l'impression que tu as besoin d'aide, Aléria. Puisque je crois que tu as repris ton nom de naissance. Ensuite, et bien, tu as déjà une dette en suspend n'est ce pas. Il laissa la question en suspend. Avais t-elle ou non besoin de l'aide du mage ? -------------------- Le vieil homme à les cheveux platine et un regard bon.

Le soulagement se lut sur le visage desséché d'Aléria lorsqu'elle vit que Phineas n'était pas hostile. Elle hocha la tête d'assentiment et se détendit.

- Donc tu ne viens pas me tuer? Je dois admettre que je suis assez surprise. Mais surtout, je suis reconnaissante. Alors, quel est le plan?

Une fois sa question posée, elle enfila son heaume. Son armure étincelante la ferait presque passer pour une paladine. Enfin, hormis la nécromancie, elle n'était pas vraiment loin d'en être une. Elle se tenait droite prête à se battre pour Pont-Lune et ses habitants.

Phineas

Te tuer ? Pourquoi est ce que je voudrais te tuer. Tu es l'une des plus belle réussite de repentance qu'ai connu ce monde. D'ailleurs, si j'avais voulu te tuer, je n'aurais pas attendus que tu t'entoures de temples et de murailles. -------------------- Le vieil homme à les cheveux platine et un regard bon.

Le mage indiqua la porte et marcha tranquillement au coté de la liche. Il ne semblait pas particulièrement inquiété par la situation. D'ailleurs, aucun bruit de bataille ou de siège ne se faisait entendre malgré le son de cor qui avait retenti plus tôt.

Phineas

Et bien, mon plan est extrêmement subtil. Il leva le bras accueillant le corbeau qui vint se poser sur son épaule, saluant Aléria en céleste. Soit ils se retirent et le marut accepte que je brise son contrat. Soit je les raye de la carte. Je ne te cacherais pas que je n'ai pas vraiment le temps de tergiverser. Il s'arrêta devant l'auberge. Apparemment, Sëthyne s'était arrangé pour qu'aucune bruit ne cours, pas de mouvement de panique rien. Je serais venu t'aider de toute façon, mais je viens aussi ici pour que tu règle une vieille dette. Il y a un siècle, je t'ai laissé partir en te prévenant qu'un jour, cela se paierait. Vu ta rédemption, ce ne sera pas part ta mort, mais par un service. Un grand service. Il se passe des choses aussi étranges que dramatiques dont je ne comprends pas encore tout à fait la nature ou l'ampleur. Je réuni un groupe suffisamment divers et expert pour enquêter. Et pour le coup, je pense que tu correspond. Tu connais les Halles n'est ce pas, c'est à quelques lieues seulement d'ici. On m'a permis d'y établir un quartier général, et j'aimerais que tu m'y suives. -------------------- Le vieil homme à les cheveux platine et un regard bon.

Il continua en silence, laissant à Katharan le temps de réfléchir. Ils grimpèrent sur les barricades et firent face à l'armée, encore stationné en silence. Il leva son baton et traça un cercle d'invocation devant lui. Les glyphes apparurent dans l'air sous forme de traces lumineuses, et il s'arrêta juste avant de terminer le cercle, retardant l'invocation. Cela eut pour effet de réveiller le marut qui le regarda de son regard vide. Aedon revint vers la barricade pour annoncer qu'ils réagiraient à la moindre attaque.

Phineas

Vous me tapez sur le système Castel Azur. Votre fanatisme n'a d'égal que votre incompréhension des règles qui régissent ce monde et votre absence de sens des priorités. Je ne compte rien faire tant que vous ferez de même, maintenant je vous pose un ultimatum. Soit vous retirez immédiatement vos troupes et vous rentrez dans vos pénates, soit vous le regretterez. Vous connaissez le code de bataille n'est ce pas. Vous savez ce que voulait dire ce cor. Quant à vous, dit il en regardant le marut, acceptez de rompre votre contrat, sans quoi je n'aurais d'autre choix que de trouver une autre solution. -------------------- Le vieil homme à les cheveux platine et un regard bon.

Le noble siffla de colère. Le marut gronda. Le premier se retourna vers ses troupes et donna des ordres, les phalanges récupèrerent leurs boucliers mais ne bougèrent pas encore. Phineas fixa la liche, si Aléria voulait encore faire quelque chose, c'était le moment.

La prêtresse était touchée que Phineas considère sa repentance avec tant d'égards. Bien sûr, faire le bien pour une personne comme elle, pourchassée par presque tous les prêtres du bien, était bien difficile et souvent, elle sentait que faire le mal lui serait plus simple, mais elle résistait. Comme avec la situation actuelle. Elle suivit Phineas sur les remparts et laissa le mage intimider les attaquants de Pont-Lune. Elle attendit patiemment que ses ennemis aient soit quitté ou que Phineas s'en soient débarassés.

-Si seulement ils pouvaient voir qui je suis réellement... chuchota Aléria, seulement entendue par Phineas "Je vais te suivre, Phineas et rembourser ma dette envers toi"

Aedon commença à passer devant ses hommes et à discourir. De là où ils étaient la prêtresse et le mage n'entendait pas ce qu'il disait. Mais après avoir terminé il revint vers eux. Le marut quant à lui, restait stoïque.

Seigneur Aedon de Castel-Azur

Je ne suis pas sûr de savoir à qui je parle, mage. Mais de toute évidence, vous êtes encore moins au courant. Les Castel-Azur ne se rendent pas, moins encore à un petit encapé qui se prendrait pour pour un archimage. Vous avez décidé d'apporter votre aide à cette abomination. Soit. Alors nous n'attendront pas l'aube. --------------------

Phineas soupira, il attendit qu'Aedon retourne vers ses troupes et le fixa alors qu'il levait sa lance.

Phineas

Idiot. Ces fanatiques ont de sacrés problèmes pour évaluer leurs adversaires. Et, Aléria, je crois que tu n'as pas vraiment choisi la meilleure apparence pour montrer tes bons cotés... Puis, il leva son bâton et prononça avec une élocution parfaite son incantation Confnic veekess avthurirl arsant, *Kolosthuril ! --------------------

Le cercle de conjuration se finalisa. Une lumière magique s'éleva des glyphes et une explosion retentit dans le ciel, suivi du rugissement caractéristique des Grands Vers. La créature ailée cacha quelques instants la lune avant de fondre en piqué vers le sol. Le colossal reptile sembla d'abord doré alors qu'il descendait, mais, alors qu'il se rapprochait, ses écailles semblèrent plus cuivrés, en vérité, d'un cuivre mordoré. Enfin, lorsqu'il se posa avec brutalité dans la zone entre le marut et l'armée, on put distinguer les plaques d'acier brillantes qui formait une armure lourde par dessus les écailles du dragon. Il observa un instant l'armée, vraisemblablement terrorisée, avant de rugir puis... d'éclater du rire si particulier des dragons.

Kolosthuril

Et bien ! Dans quel sorte de problèmes t'es tu encore fourré, Sjachternock. J'imagine que j'attends un peu avant d'attaquer, n'est ce pas. Dites moi Messieurs, vous avez remarquer la centaine d'archer planquée dans les arbres ?,dit il en se tournant vers les soldats. Non parce que, j'espère que vous comprenez bien que vous vous êtes attaqué au mauvais mage. Écoutez, vous vous battez pour des divinités respectables. Je ne souhaite pas vous éliminer, mais je suis persuadé que Phineas se bat pour le bien d'un grand nombre. Aussi ne puis je vous permettre de remettre en question ses plans. Retirez vous, immédiatement, et chacun de vous rentrera indemne. Je ne vous cache pas qu'un combat de cet ampleur serait néanmoins des plus excitant, dit il en riant à nouveau. -------------------- Le dragon est doté de piques sur la colonne vertébrale et d'une armure complète de plaques.

Phineas hocha la tête avant de maugréer une remarque sur l'humour du reptile. Le corbeau s'élevait en croassant. Quelques instants plus tard, une flèche lumineuse s'éleva dans l'air, partant d'un bois assez proche, avant d'exploser. C'était un avertissement. Le mage n'attaquait pas encore. Il fit un signe vers le dragon qui rugit à nouveau, faisant vibrer l'air d'une façon inquiétante. Déjà, plusieurs des fanatiques effectuait un mouvement de recul. Malgré les ordres de leurs officiers, plus de cinquante hommes quittèrent le rangs et disparurent rapidement sur la route, certains abandonnant même leurs armures en route...

La situation resta bloquée pendant plusieurs dizaines de minute. Le dragon s'était presque allongé en surveillant l'armée. Le marut restait stoïque mais s'était mis en position de défense derrière le reptile. Puis, d'un seul coup, plus de deux cents soldats reculèrent d'un même mouvement. La quasi totalité des officiers semblaient refuser de sacrifier leurs hommes, si bien que, malgré les menaces des prêtres et d'Aedon, tout les cavaliers et archers, ainsi qu'une grande partie des fantassins disparurent à la suite des autres.

Alors le sang fut appelé. Furieux, Aedon s'élança sus au dragon. Celui ci rugit. Un cône de gaz clairement mortel s’agrippa aux plus fanatiques restants. Une dizaine s'écroula au sol, se tenant la gorge pendant que leur peau commençait à fondre. Glorieuse était la créature d'écailles au combat, et il semblait en tirer d'autant plus de force. Les derniers rangs de l'armée désormais grandement réduite furent décimés par une volée de flèches acérées provenant de l'escouade d'archer camouflée dans le bois. Les griffes du dragons déchiquetèrent les soldats. Certes, il se prit plusieurs coups, notamment de la part des prêtres qui invoquèrent leur pouvoir, mais il eu néanmoins le dessus. C'est alors que le marut se réveilla. Il attaque le dragon par derrière d'un puissant coup de ses poings géants. L'un des os du reptile craqua et il poussa un hurlement de douleur. Phineas cria un juron avant de redescendre des barricades pour arriver derrière l'Inéluctable. Il abattit son baton sur son casque pour le déstabiliser. Le bâton perdit un morceau de métal, mais celui ci vint instantanément s'y recoller. Le marut se retourna vers le mage mais c'était trop tard. Sa main en avant, l'archi-invocateur convoqua un portail devant lui avait de crier quelque chose au dragon. Celui-ci infligea un puissant coup de queue à la créature qui fut éjecté dans le portail. Le mage referma le portail sur lui alors que le dragon terminait le combat en projetant violemment Aedon et son destrier contre la muraille. Ils s'y écrasèrent dans un craquement sinistre. Avant de s'éteindre, et sous les yeux du mage et du reptile géant, il maudit une dernière fois Aléria.

Seigneur Aedon de Castel-Azur

D'autres prendrons ma place, liche ! Le Seigneur de l'Aube ne... ne lais... ne laissera pas vos pêchés impunis ! Castel-Azur vaincra ! --------------------

Sur cette dernière imprécation il s'éteint. Le dragon vint s'asseoir à coté du mage et ils échangèrent quelques mots dans un étrange langage mêlant le draconique et le céleste. De ce qu'en compris Aléria, Phineas faisait ses remerciements à la créature qui répondit d'un coup de patte amical qui projeta le vieux mages plusieurs mètres en avant sans pour autant le blesser. Ensuite, dans un dernier rugissement, il disparu dans un tourbillon de magie brute.

Le bois bougea au loin, les archers faisaient retraite. Phineas regarda la liche sur la barricade. Il y avait dans ses yeux un étrange malaise, comme si tout cela avait pour lui été un énorme gâchi. Il s'appuya sur son bâton, comme si il avait soudain pris des années, des éons même. Et, tout en regardant les morts, attendit la liche.

Aléria fut impressionnée par la puissance déployée lors du combat que même en tant que haute-prêtresse d'Ilmater d'une puissance considérable elle était loin d'égaler. Elle fut toutefois déçue que Aedon ait préféré la mort à la compassion. Elle n'avait jamais souhaité le tuer, mais il avait lui même choisi son destin. Elle alla rejoindre Phineas en retirant son heaume délicatement.

"Merci à toi Phineas. Et à vous également, seigneur dragon et grand maître des cieux." [/i]Elle avait opté pour la révérence envers le dragon, sachant que ces grands reptiles, même les mieux attentionnées avaient un ego important. Elle regarda de nouveau Phineas et elle sourit[/i] "Alors, comment vais-je te repayer cette assistance?"