Le chien aboie la caravane de Melkinnvar passe

Septième jour d'Uktar, année de la Magie Sauvage (1372 CV)
Localisation : Les pics brumeux à la frontière de l'Amn
PRECEDEMENT

Ce n’est qu’après une heure et demie de marche que les aventuriers remarquèrent qu’ils avaient bel et bien pénétrer les pics. S’ils mirent autant de temps avant de faire cette découverte, c’était simplement parce que la route s’élevait petit à petit, sans pour autant donner l’impression de monter et la plaine avait laissé place à un chemin de plus en plus rocailleux. Et ce n’est qu’une fois le paysage étant composé uniquement de roches qu’ils réalisèrent que la chaine montagneuse qu’ils allaient traverser commençait bien plus tôt qu’ils ne le pensaient.

Les montagnes n’était pas les plus hautes qu’il était donné de voir sur Toril, mais elles étaient conséquentes, culminant entre deux mille cinq cent et trois mille mètres. La route commerciale qui s’était instaurée entre l’Amn et la Cote des épées elle s’était stabilisée à une hauteur d’environ mille cinq cent mètres au dessus du niveau de la mer.

Ils continuèrent à avancer sans encombre sur cette route a priori déserte, à croire que les brigands n’étaient que des chimères inventés par le tavernier pour forcer les étranger à engager les mercenaires qui squattait son auberge. Et les choses se paissent plutôt bien, malgré le vent fort et froid, amplifié par le couloir que lui laissait la montagne pour souffler. C’est alors que devant leurs yeux, le chemin se mit soudainement à grimper aussi loin qu’ils puissent l’observer. C’était là le genre de route sinueuse avec une pente pas trop aiguë pour ne pas empêcher les chevaux et autres caravanes de circuler, mais suffisamment élevée pour décourager bien des marcheurs à pieds.

Mais nulle autre route ne semblait vouloir écarter les aventuriers de leur chemin qui continuèrent tant bien que mal leur progression ralentie, soufflant et pestant, en particulier Quevven et Talvrae dont la charpente elfique laissait à désirer pour de telles marches forcées. Talice, elle-même, commençait à se demander si elle avait eut raison de vendre leurs chevaux car la traversée s’annonçait bien plus difficile qu’elle ne l’avait prévue. Tandis qu’Elrin, fidèle à lui-même ne pipait mot, quoi que Dark commençait à sentir le corps de son hôte de plus en plus difficile à mouvoir. Le soleil caché par les montagnes, cessa d’éclairer la route sur les coups de six heures du soir. Il fallait maintenant décider au groupe de la marche à suivre.

-Pfiouuuu!!!
Le barde d'Oghma s'arrêta sur ce bruit, puis exprima sa pensée au reste du groupe.
-Je n'en peux plus.

Il regarda autour de lui profitant de la faible luminosité qui s'atténuait pour mieux observer leur position.
Se basant sur ces habitudes d'errant solitaire qui l'avaient mené à visiter les Arpents, Ascha estimait pourvoir dire sans prendre trop de risque que d'ici peu ils ne verraient plus rien, que la température allait chuter surement trop vite pour qu'ils ne puissent prendre les mesures nécessaires pour y faire face, et que s'ils ne se décidaient pas maintenant ce serait surement trop tard par la suite.
-Je ne sais pas pour vous, mais je ne me sens pas de continuer la grimpette aujourd'hui. On pourrait profiter des derniers instants de luminosité pour s'installer pour la nuit.

Certain que sa proposition déclencherait une fois de plus des remarques de la part de l'humaine, il se prépara à faire face à cette futur agression verbale, prêt à réagir comme à chaque fois dans cette situation, en faisant preuve de mutisme le temps qu'elle cesse ses jérémiades.

La situation était étrangère au barde, devoir penser pour et avec plusieurs personnes, devoir chercher un endroit où ils pourraient tous s'installer pour la nuit était nouveau dans ces conditions pour lui.
Dans les Arpents les températures étaient nettement moins influencées par la proximité des Pics, les rencontres avec des êtres organisés y étaient moindres également, même si la chance leur avait semble-t-il sourit lors de cette première journée de marche en montagne où l'absence de rencontre avait illuminé leur expédition.
Ici ils allaient devoir se protéger du froid tout en gardant un semblant de discrétion.

Le feu était donc un élément à problème dans ces circonstances. Utile contre le froid, dangereux pour la discrétion.

S'il avait été seul, le problème aurait été moindre, pour une nuit, le prêtre-barde d'Oghma se serait contenté d'un repas froid, et se serait blottit à l'écart du chemin, s'abritant du froid derrière un rocher, en se serrant dans son nouveau manteau de fourrure, et avec l'aide du sang céleste coulant dans ses veines, il aurait passé une nuit froide c'est sure, mais au matin, le réveil se serait fait surement sans trop de dégâts, encore qu'il n'avait jamais côtoyé le froid nocturne des Pics Brumeux.
Mais là, en groupe, à moins d'un énorme soutien de la Dame Chance leur permettant de trouver un abri suffisamment vaste pour tous, ils allaient devoir se coller les uns aux autres pour se protéger du froid.

L'idée de devoir dormir si proche des deux humains et de l'assassin drow, la température aidant, provoqua un long frisson dans le dos de l'Aasimar.
La présence de Lutin contre sa cuisse lui permit de se détacher de ses appréhensions. Avant de s'imaginer le pire, il fallait essayer de faire au mieux dans les circonstances qui étaient leurs.

-On a eu de la chance de ne rencontrer personne, autant en profiter et rester invisibles pour les brigands.
¤A moins qu'ils n'attendent la nuit pour nous tomber dessus.¤
-Je crois qu'on devrait donc éviter de faire du feu pour ne pas afficher clairement notre présence.

Scrutant les alentours dans l'espoir de trouver son bonheur, il poursuivit.
-Mais il faudrait qu'on se trouve un endroit abrité du froid, sinon on risque de déguster.

-Qu'en dites vous?

Ascha n'aimait pas particulièrement prendre ainsi les directives. Avoir de l'ascendance sur les autres le dérangeait un peu. Il aurait aimé être seul, n'avoir que lui à écouter, à guider, à gérer.

Il aurait aussi bien pût attendre que les autres randonneurs prennent les devants pour la soirée, mais comme c'était lui qui les avait fait s'arrêter, agir autrement lui aurait fait prendre le rôle d'un boulet à trainer, et il n'y tenait pas non plus.

Les deux drows acquiescèrent en silence, tout comme Talice qui se sentait un peu dépaysée d’avoir quitté l’anonymat de la ville. Le possédé, lui, donna en guise de réponse un grognement approbatif sachant que pour lui ses choses avaient été évidentes. Tous alors se mirent à chercher un abri. Les choses devinrent vite assez ardues à cause de l’obscurité naissante.

Seul maintenant les elfes des profondeurs distinguaient clairement les choses. Ascha y voyait encore assez bien mais la luminosité de la lune ne fut bientôt plus suffisante pour ses yeux célestes si bien qu’il du progresser à tâtons tout comme les deux humains. N’ayant rien trouvé sur place ils avaient continué leur route pour trouver finalement ce qu’ils recherchaient.

Bien vite ils s’installèrent donnant à chacun leurs tours de gardes impartis, deux heures par personnes et Ascha réussit à négocier huit heures de sommeil consécutives bien qu’il ne fut pas rassurer de laisser des criminels ou un schizophrène veiller sur lui toute une nuit. Mais il était bien obligé de leur faire confiance.

Les choses se passèrent sans heurs. Le vent glacial malgré toutes ses tentatives ne parvint pas à les atteindre. Emmitouflés qu’ils étaient dans leur couvertures, ils ne souffrirent nullement du froid et rien ne vint les déranger pendant leur sommeil. Et tous se réveillèrent saint et sauf, en pleine forme même, le lendemain. Si le favori d'Oghma n’avait pas eut la gorge tranchée c’est que tous lui trouvaient une utilité. Ses compagnons, aussi vils qu’ils étaient, n’auraient pu se défaire de lui. Certains lui devaient la vie, d’autres trouvait que sa verve leur avait épargné bien des ennuis et ses compétences de guérisseur étaient plus qu’appréciées. Ils le toléraient donc même si celui-ci par moment se révélait être un casse-pieds de première avec ses envies de bonté ou de compassion.

Les premiers levés virent que les deux drows avaient partagé la même couche au cours de la nuit. Les esprits les plus mal placés se demandant ce qu’ils avaient bien pu faire pendant leurs tours de garde... Une fois tous debout, il ne restait plus qu’à manger un morceau, ranger ses affaires et mettre les voiles car ils avaient assez tardé ici.

e soleil laissait percevoir ces premiers rayons et le rodeur possédé se tenait déjà prêt à continuer l’ascension des pics. Sans dire un mot depuis plus de 24 heures, son visage marqué par les marques sombres, les traits tirés et les cernes le détachait de plus en plus de la norme humaine. Reflétant un état psychologique des plus instables.
La guérison de sa chair l’avait atteint plus qu’il n’y pensait et pour une raison qu’il ignorait, son esprit était encore sous le choc. En proie à de multiples questions quand à son état, il avait marché la veille comme un automate avançant foulée après foulée sans prendre en compte l’environnement qui l’entourait. Et la nuit passé n’avait guère arrangé les pensées confuses du ténébreux qui réchauffé par les quelques rayons d’un soleil matinale fixait à présent le pic qu’il devrait franchir.

Fixant de ces prunelles sombres des mains d’humain transis de froid, il ne pouvait pensée de nouveau à la survis de son existence. Les réponses du marchand pourraient lui être salvatrices lui donnant qui sait, l’occasion de réintégrer son corps ou d’asservir une bonne fois pour toute sa conscience à ce corps. Seul moyen de survivre, regardant avec dégouts ses membres endoloris par le froid.

Réajustant le manteau de fourrure qui le protégeait du froid, il jeta un coup d’œil rapide au reste du groupe. Peu importe ce qu’ils faisaient il était temps de partir maintenant. Fixant Ascha du regard, lui laissa entendre de le suivre. Puis restant dans son mutisme, il entreprit l’ascension du pic.

Son tour de garde s’était déroulé dans le calme, du moins en se fiant aux apparences extérieures, car en ce qui concernait Ascha, son esprit avait profité de ces deux petites heures pour le tourmenter de questions, de mauvais pressentiments, et autres calvaires.
Toujours à fouiller au plus profond de sa mémoire, il avait profité de sa solitude pour essayer de faire ressurgir des informations sur ce qui arrivait à Elrin, en vain.
La décision s’était donc imposée d’elle-même, il n’avait plus à se fatiguer les neurones à ce sujet, il ne retrouverait rien de ce qui concernerait ce phénomène dans ses connaissances. Cela ne l’empêcherait certainement pas de continuer d’observer les agissements du possédé dans l’attente d’une information qu’il n’avait pas jusqu’alors qui changerait la donne et lui ouvrirait de nouvelles opportunités de recherches. Il devait attendre et voir.

Pour ce qui était de l’angoisse montante, elle venait directement de leur environnement, les espaces étaient vastes autour du sentier, qui sait ce qui pouvait s’y cacher et leur tomber dessus au beau milieu de la nuit. A cela s’ajoutait que pour voir le lendemain, il allait laisser son sort entre les mains de ses camarades voyageurs.
Cette position des plus risquée était une des raisons pour lesquelles il préférait voyager seul.

Mais là encore il devrait faire avec.

Heureusement son anxiété ne le priva pas de sommeil, car avec la chaleur de sa couverture contrastant avec le froid ambiant, il s’était très vite laissé aller au confort du sommeil.

Sommeil sans rêve cette nuit là, du moins pas un dont il réussit à se souvenir au réveil.
L’esprit encore un peut embrumé par la fatigue, il prit ses affaires pour se mettre à l’écart du groupe le temps de rendre hommage à Oghma. Alors qu’il allait sortir son instrument pour laisser ses penser suivre le cours de la musique et ainsi se ressourcer auprès de son dieu, les implications de l’environnement alentours lui tombèrent dessus, le privant de ce moment de paix matinale.
Non seulement il n’aurait pas le temps de prendre ce plaisir, mais en plus, ce n’était pas un endroit pour faire entendre le son d’un instrument, signe évident d’une présence humaine sur le sentier.

Se raccrochant à une autre solution, plus rapide, plus silencieuse, mais nettement moins agréables, il s’adressa à son dieu en pensée, pour réclamer son aide pour cette journée de voyage supplémentaire, espérant que l’offrande de ses pensées suffirait à remplacer son temps à jouer de la Lyre, et qu’Oghma n’y verrait pas là une offense de la part de l’Aasimar.

Se promettant de prendre d’avantage de temps qu’à l’accoutumée la prochaine fois qu’il pourrait réaliser ce rituel au calme, il se repassa en mémoire les sorts de magie divine qu’il avait travaillé la veille, espérant y avoir accès au besoin dans la journée.

Mécontent de lui, bien qu’il ait essayé de faire de son mieux pour rendre hommage à Oghma, il retourna auprès des voyageurs, désormais tous réveillés et levés.
Il rangea ses affaire en silence, donna un peu à manger au chien d’Enola, se servir également pour avoir quelques forces pour la rude journée de marche qui les attendait, et voyant que le possédé se mettait déjà en marche, il acheva au plus vite sa nourriture, but quelques gorgées d’eau, prit son paquetage et se remit en route.

Que n’aurait-il pas donné pour pouvoir converser avec des compagnons partageant ses intérêts, ça aurait égayé le trajet. Mais parmi ces êtres si différents qui se déplaçaient dans les Pics, seule Talvrae avait quelques connaissances musicales et artistiques, et pour le plus grand malheur du barde, elle restait enfermée dans son mutisme.
Ascha se prit même à penser que chaque matin il était étonné de la voir toujours présente. Elle était arrivée auprès de son feu en pleine nuit, quelques soirées plus tôt, sans prévenir, elle pouvait donc tout aussi bien les quitter de la même manière.

L’ascension des pics se passait sans mots dire, la rendant plus pénible encore. Le sol plutôt traitre à cause des pierres leur donnait raison d’avoir abandonné les cheveux à l’auberge, mais la tueuse commençait à perdre patience, pour peu qu’elle en ait eut un jour. Elle avait envi de tout mettre sur le dos de l’Aasimar mais elle ne pouvait s’y résoudre car ses reproches auraient été injustifiés. Elle avait juste besoin de déverser son fiel. Les aventuriers commençaient à fatiguer dans cette entreprise et c’est peut être ce qui ne leur fit pas remarqué tout de suite que Melkinnvar avec sa roulotte et son attelage aurait bien eut du mal à se diriger par ici. L’air de face ralentissait leur progression mais ils tenaient bon.

Une autre chose les harassait, la tension perpétuelle qui les habitait. Le tavernier n’avait-il pas dit que les pics brumeux étaient peuplés de brigands et autres créatures aux desseins néfastes ? Mais rien ne semblait habiter la, qui aurait aimé ? Surtout dans ses conditions là. Et au fur et à mesure que le soleil déclinait et qu’ils avançaient, rien ne semblait corroborer les dires de l’homme. Nombreuses étaient les idées décourageante qui germaient dans leurs esprits fatigués.

Un moment leur ascension sembla s’arrêter, ils semblaient être parvenus sur un plateau et tout à coup la route sinueuse ne tarda pas à descendre. Le cœur plus léger ils descendirent ainsi pendant plusieurs heures. Le vent avait tourné et les poussait dans le dos, rendant leur marche plus agréable. Ils espéraient même en avoir fini quand on détour d’un pic la vérité s’abattit sur eux. Ils étaient loin d'être au bout de leurs peines au vu de l’impressionnante montée qu’ils avaient sous les yeux. D’ailleurs nul fait ne venait leur dire qu’ils étaient sur la bonne route ou bien s’ils étaient bientôt au-delà de la chaine montagneuse. Et pour couronner le tout, Shar jetait ses ténèbres sur le monde, les épais nuages qui s’agglutinaient dans le ciel bloquant tout aide qu’aurait pu leur apporté l’astre de Séluné.

e souffle court et rauque, les pas du rodeur se faisaient de plus en plus lourds. Etait ce dut à la diminution en concentration d’oxygène ou juste un état d’esprit de plus en plus décadent. Le visage marqué par l’effort, les traits tirés, les pupilles ténébreuses dilatées au maximum, son regard semblait vide. Telle une enveloppe dénuée d’âme, il marchait pas après pas, sans regarder plus loin que l’endroit de sa prochaine foulée.

Marchant tel un équilibriste sur un fil, luttant pour ne pas sombrer dans les ténèbres de l’inconscience. Pour une raison qu’il ignorait, son esprit et celui d’Elrin ne formait plus un équilibre, certes précaire, mais viable. A présent le ténébreux sentait un conflit perpétuel des deux entités en son sein. Conflit dont la défaite signifiait, le musellement d’une conscience, une perte d’identité parfaite.
Le ténébreux savait que pour le moment, il avait le dessus. sa nature ténébreuse permettait la soumission d’une conscience humaine l’englobant en son sein, la soumettant à un état d'inconscience qu’il croyait maitriser.
¤ Que m’arriverait il ?¤
Question revenant inlassablement en son esprit. Question découlant d’une autre interrogation.
¤Suis-je capable de me maintenir à la surface ?¤
Une sensation qu’il haïssait, et qu’il avait appris à connaitre à ses dépend, l’envahissait de façon périodique. La peur ! La peur de perdre le contrôle et de sombrer à son tour dans les ténèbres, qui pourtant le qualifiait et qui l’avait mis au monde. Et plus le temps passait, plus le fil sur lequel il avançait rétrécissait.

Levant la tête, il regardait les pics se dresser face à lui. Un voile noir recouvrait petit à petit le ciel, noyé dans ces pensées les plus sombres, il n’avait même pas pris la peine de regarder derrière lui, ni d’adresser le moindre mot au reste du groupe. Sortit de ces pensées, il ressentit petit à petit les douleurs d’une marche difficile et du manque d’énergie. Lâchant un râle agacé, il devait reposer ce corps si fragile qu’il haïssait tant mais qui lui assurait, tant bien que mal, une survie provisoire. Tournant la tête en direction du barde :
-(commun) ce … mon corps à besoin de repos. La nuit se lève et je ne verrai bientôt plus rien. Je vais m’arrêter ici quelques temps.

Scrutant le paysage, il posa des yeux cernés par la fatigue sur l’environnement qu’il l’entourait. Fermant les yeux quelques secondes, il éplucha les connaissances de son hôte, comme si il lisait un simple manuscrit. Sans prendre la peine de regarder Ascha, il reprit :
-(commun) je reviens. Je vais chercher un endroit pouvant nous servir d’abris.
Se détourant du sentier, il s’engouffra dans la topographie accidenté des pics brumeux, cherchant l’endroit le plus propice à une pause.

Un jet de survie peu être, pour trouver l’endroit propice.

Un esprit gorgé de connaissance comme celui du barde donnait au marcheur improvisé une grande occupation mentale pour faire passer le temps tout en avançant dans cette seconde journée de traversée des Pics.
Malgré ses exercices mentaux, il ne parvenait pas à reléguer bien longtemps au second plan la fatigue physique qui l'accablait.
Il n'était pas taillé pour la marche, ni pour quelque effort physique que ce soit en réalité, sa taille et sa forte stature étaient un handicap dans ce genre de situation où l'endurance primait. Et le poids assez imposant qui était le sien ne faisait qu'ajouter de la difficulté à l'effort de la marche de montagne.

Conscient de ce problème, l'Aasimar fermait son esprit à toute plainte de son corps, du moins l'essayait-il, se forçant à continuer d'avancer, pour ne ralentir personne, mais ses manières ne passeraient pas inaperçues, quiconque doté d'un minimum de sens de l'observation se rendrait compte que le Cormyrien était prêt à s'effondrer.

Lui évitant cette humiliation, surement sans s'en apercevoir, le rôdeur proposa une halte, enfin, plus que de la proposer, il l'imposait presque au petit groupe, mais la fatigue du marcheur ne lui laissait pas le loisir d'étudier le comportement du possédé.

Avisant une roche assez plate en bord de chemin, le barde se laissa choir dessus. Ses jambes, son coeur, son souffle, tout son être en vérité acclamaient cette pause, ce répit dans le calvaire que devenait la chasse à l'homme pour Ascha.

Une fois en Amn, il faudrait surement que le groupe se dégote un autre moyen de transport que leurs simples jambes, sans quoi ils arriveraient en miette devant Melkinnvar, qui pourrait alors à loisir abuser d'eux en leur filant sans problème entre les pattes, les obligeant à pousser leurs recherches plus loin encore, et cela, Ascha était certain qu'il n'en aurait pas la force, et s'il voulait pouvoir aider Enola, ils allaient tous devoir anticiper la situation.

Tout en soufflant lui aussi, le canidé de la fillette vint se frotter aux jambes meurtries de l'Aasimer, il fut accueilli par des caresses et des grattouilles derrière les oreilles, mais cela ne l'empêcha pas de devenir plus insistant encore. Sans grande expérience en matière de compagnie animale, le barde comprit assez rapidement que Lutin réclamait quelque chose à manger et à boire. Ce qui était normal, la marche devait être encore pire pour lui que pour les bipèdes qu'il accompagnait.

Mais pour ce qui était de la nourriture, elle était à la charge de son acquéreuse, et l'humaine Talice verrait surement d'un très mauvais oeil la dépense inutile de leurs réserves pour nourrir le chien, aussi Lutin devrait se contenter d'eau pour le moment, et il devrait attendre que le repas soit passé pour se nourrir des restes des aventuriers.

Lorsque le rôdeur annonça qu'il partait rechercher de quoi s'abriter pour la nuit, Ascha accueilli cette nouvelle d'un soupir de soulagement, il allait pouvoir souffler encore un peu, et avec un peu de chance la marche serait finie pour la journée.
¤Oghma, aide le à trouver un lieu abrité tout proche d'ici, je t'implore de ne pas m'imposer de reprendre la marche avant de pouvoir se reposer.¤
Même si le dieu de la Connaissance avait peu à voir avec cet environnement vide de créatures et d'êtres de toute sorte pouvant recevoir ses enseignements, le barde espérait qu'il pourrait au moins influencer la Dame Chance pour qu'elle aide leur éclaireur improvisé à trouver leur bonheur.

Toute cette journée, des questionnements avaient taraudé l'esprit du représentant d'Oghma, maintenant qu'arrivait l'heure du repas et du repos, il allait pouvoir soulages sa curiosité et apaiser ses craintes en partageant ces pensées avec les autres, histoire de recueillir leurs avis. Mais il attendrait le retour d'Elrin pour lancer ces sujet qu'il avait en tête, car pour une bonne partie des ces interrogations, le rôdeur était le plus à même d'apporter les réponses attendues par Ascha.

Profitant de ce maigre repos, le barde remercia Oghma qu'aucune créature, aucun brigand, que rien du tout en fait, ne soit venu troubler leur marche et les ralentir.

erçant du mieux qu’il le pouvait l’obscurité naissante, les yeux du ténébreux parcouraient inlassablement l’environnement des pics. Crapahutant à travers les flancs de la chaine de montagne et autres éboulements, son avancé se faisait lentement, décrivant chaque recoin pouvant servir de refuge pour la nuit. Après quelques minutes de recherches, Le ténébreux trouva enfin une petite excavation dissimulée dans le flanc de la montagne. Décrivant l’endroit, il était certain au vu de la taille de l’endroit que la nuit allait se passer les uns sur les autres, cependant l’abri les couperait du vent glacial. Revenant sur ces pas, il se retrouva de nouveau sur le sentier qu’il venait d’emprunter quelques minutes plutôt.

Retrouvant le reste du groupe quelques mètres en amont, il posa les yeux sur le barde avachit sur un rocher.
-(commun) J’ai trouvé un endroit ou passer la nuit. On sera serré mais sa nous protégera du vent. On devra s’en contenter, je n’ai plus le temps de continuer mes recherches.
Sans un mot de plus, il tourna le dos au groupe. Descendant le sentier qu’il venait d’emprunter, les incitants à le suivre d’un geste de la tête.

Arrivé à l’endroit qu’il avait déniché, le rôdeur s’adossa à la roche. Se laissant tomber sur le sol laissant le cliquetis de son arme résonné sur les parois. Il laissa sa voix inexpressif s’élevée de nouveau.
-(commun) On fera comme la nuit dernière. Chacun son quart de surveillance. Je prends le premier, débrouillez vous entre vous pour la suite.
Retournant dans son mutisme, il se destitua de son sac. Gardant uniquement son arc et sa lame courte sur lui. Tenant également dans sa main droite de quoi subvenir aux besoins de son corps.

Assis contre le flanc de la montagne, il déposa la nourriture face à lui. Sa lame courte posée sur son coté droit avec son arc. Il regarda fixement la nourriture qu’il avait devant lui. Grinçant des dents, il se sentait si humilier à chaque bouchée qu’il ingurgitait, pourtant il le savait, c’était devenu une nécessité pour le corps qu’il utilisait. Avalant le plus rapidement possible sa pitance, il posa son attention sur l’environnement baigné de ténèbres lui faisant face. Un sourire moqueur se dessina sur le visage défiguré du rôdeur. Lui, dont la nature se constituait de pure ténèbres, en venait au fil des années passés dans ce corps à les redouter. Ce sourire se fit de plus en plus large, pour finir en une crise de rire défigurant les traits d’un visage marqué. Rire d’une froideur marquant le désespoir d’une âme, si mauvaise soit-elle, en proie aux doutes et aux peurs.

Ascha fut légèrement surpris de voir le rôdeur revenir de derrière eux alors qu’il l’avait vu quelques minutes plus tôt s’engager entre deux rochers placés plus loin sur le chemin pour leur trouver un refuge pour la nuit. Mais comme celui ci leur annonçait qu’il avait trouvé un endroit convenable pour patienter jusqu’au prochain jour de marche et que ça ne lui avait pas pris tant de temps que ça, le barde Cormyrien se releva et tout en invitant son compagnon à quatre pattes à le suivre, il s’engagea sur la piste ouverte par Elrin.
¤Effectivement, on sera serrés, mais avons-nous le choix ?¤
Gardant ses remarques pour lui, Ascha se trouva un bout de coin où poser ses affaires à l’entrée de l’excavation, face à Elrin, et imitant le possédé, il s’adossa à la paroi pour avaler quelque nourriture.

Lutin profita de cet instant pour s’éloigner satisfaire quelque besoin naturel.
Ascha le suivi du regard pour le voir s’éloigner derrière un rocher, puis il tourna la tête vers l’humain qui lui faisait face. Le voyant grimacer devant sa pitance, le barde essaya d’engager un semblant de conversation.
-Pas très engageant comme repas, hein ! Dire qu’on va devoir s’en contenter jusqu’à ce qu’on rejoigne l’autre côté des Pics…
Sans s’en rendre compte, l’Aasimar avait parlé à voix basse, comme s’il ne maîtrisait plus ses cordes vocales après une journée passée sans s’exprimer. Il allait continuer en essayant d’hausser le ton pour être sur de se faire entendre, lorsque Elrin, ou ce qui s’était fait appeler Elrin quelques jours plus tôt se laissa aller à grimacer, enfin Ascha n’arrivait pas à cerner cette expression de visage, c’était un sourire étiré à l’extrême, et il était bien incapable de dire à quoi correspondait ce rictus pour l’humain.

Etant d’un naturel plutôt bienfaisant, le Quêteur de Chants ne pût s’empêcher de s’inquiéter de l’état de leur compagnon de voyage.
-Qu’est ce que qui se passe ? Ca va ? Il pensa assez rapidement aux blessures qu’avait le rôdeur à leur départ de Naskel. La veille il n’avait put s’assurer de leur bon état de guérison, et maintenant, après ces deux dures journées de marches, peut être que son malade ne se remettait pas aussi bien qu’il l’aurait cru.
-Ce sont tes blessures qui te relancent ? Laisses moi les voir avant qu’il ne fasse trop noir, que je m’assure qu’elles n’infectent pas !
Il était impératif sur la dernière partie de ses dires, il tenait à s’assurer que l’humain ne souffre pas en silence inutilement alors que le barde-prêtre pouvait tenter d’améliorer sa condition.
Lutin choisit ce moment pour rentrer de sa courte expédition, il vint s’installer contre les affaires d’Ascha.