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Rencontre Brumeuse, Klael
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rologueLa musique basse et monotone se mêlait aux fumées d’encens pour former un cocktail entêtant, qui enivrait l’esprit des fidèles et emportait même les plus rétifs dans une transe communautaire à laquelle ils ne pouvaient échapper. Lentement, ils tournèrent autour de la pierre noire, si noire qu’elle semblait aspirer la lumière et la faire disparaître dans le néant. Ils psalmodiaient les vers qu’on leur avait appris, des paroles qui résonnaient en eux comme s’ils les avaient toujours connues, des mots qui leur semblaient évidents, et qui leur apparaissaient alors comme la seule vérité, les seuls mots dignes d’exister et pour lesquels il valait la peine d’exister. Bientôt, toute rémission serait exclue car ils feraient partie du groupe, et les méfaits qu’ils accompliraient les excluront du monde extérieur, les condamnant à cette existence pour laquelle ils penseront avoir été élus, tels de rares privilégiés.
Le cercle de fidèles tournait de plus en plus vite, au rythme des tambours toujours plus soutenu, leurs voix étaient plus fortes et plus graves, et leurs pieds nus frappaient le sol avec une énergie telle qu’ils saignaient, mais leur esprit était si confus, si entièrement tourné vers l’adoration de la Déesse qu’ils ignoraient la douleur, qu’ils ne la ressentaient même pas. La tension atteignait son comble, les fidèles ne savaient plus où ils étaient, chacun suivait la silhouette qui dansait devant lui, et répétait les paroles sans même s'en rendre compte. Ils sentaient cette tension puissante dans leur poitrine, les battements de leur cœur jusque dans leurs jambes, à leurs tempes, le sol qui vibrait sous leurs pieds ensanglantés. Toute cette tension se transformait en un désir de violence, l’envie de faire couler le sang sur le pavé noir, de frapper encore et encore jusqu’à ce que toute vie soit éteinte dans le corps de ceux qu’ils haïssaient, de frapper si fort et avec toute leur haine, pour que même leur âme n’y survive pas. Ils désiraient se frapper, se meurtrir jusqu’à ce que le néant s’empare de leurs âmes perdues et les libère du fardeau insupportable de la vie.
Lorsque la tension fut insupportable, avant que chacun ne se jette sur le plus proche pour le déchirer de ses ongles et de ses dents, les tambours cessèrent et la voix grave et autoritaire du grand prêtre immobilisa la scène. Les fidèles écoutaient ses paroles qui venaient de la Déesse, Ses mots qui leur parvenaient à travers lui. Obéissants, ils se rangèrent par deux et marchèrent silencieusement vers la salle suivante, prenant chacun la dague à lame sinueuse qu’un serviteur leur tendait. Sur l’autel au milieu de la salle, éclairée par une unique flamme violette qui flottait au-dessus, une femme était étendue, vêtue d’une simple robe blanche qui laissait voir son corps. Ils ne l’avaient jamais vue, sauf un des fidèles, qui la connaissait car il s’agissait de la sœur d’un de ses amis, à son village. Elle adorait en secret une déesse étrangère, Séluné, lui avait dit son frère. Il fit semblant ne pas la reconnaître, car elle avait suivi la mauvaise voie, et son destin était mérité.
Sur les ordres du grand prêtre, le cercle de fidèles se ressera autour de l'autel jusqu’à ce que leurs coudes se touchent, jusqu'à ce que leurs corps forment une barrière autour de la jeune femme offerte en sacrifice, qui regardait terrorisée autour d’elle, la bouche serrée par un bâillon. Le grand prêtre s’approcha et deux fidèles s’écartèrent pour le laisser se pencher sur elle et défaire son bâillon. Un cri perçant retentit, et les fidèles abattirent leur dague et frappèrent encore et encore, jusqu’à la vider de son sang, jusqu’à tailler son corps en morceau et livrer son âme perdue à la Maîtresse de la nuit. Le grand prêtre prononça un mot, et les fidèles levèrent leur dague et s’éloignèrent. Il s’approcha et se pencha sur les entrailles du corps en lambeaux, pour y lire les instructions de la Déesse sombre jusqu’à la prochaine ascension des ténèbres.a journée était fraîche aux sources chaudes de Balagos, et la vapeur si épaisse que l'on n'y voyait pas le bout de son nez. Même en connaissant bien les lieux, ou pouvait douter que le profond lac Esmel s'étendait à un jet de pierres de là, en contrebas de la pente abrupte où jaillissait l'onde bienfaisante venue des profondeurs de la terre. L'endroit était nommé d'après la dracosire rouge Balagos Flammevolante, et la légende disait que l'eau se réchauffait au contact de son antre, quelque part sous le lac, et remontait jusqu'ici. Le site thermal était bien peuplé, et des voix montaient de partout pour s'évanouir aussi vite, comme si l'ambiance cotonneuse réduisait à néant tous les efforts de conversation des baigneurs.
De l'eau jusqu'en dessous du nez, Klael écoutait les voix indistinctes et se laissait aller à la détente tout en gardant un oeil sur ses affaires, posées sur un rocher à portée de main. Elle était dans le bain des femmes, mais personne ne l'aurait remarquée si elle avait été dans celui réservé aux hommes, un peu plus haut. Plus haut encore, il y avait cet autre bassin où seuls les plus riches étaient acceptés. Plus grand, plus calme, les nantis y faisaient et défaisaient le monde à leur envie. Pourtant, ces sources étaient un lieu public, mais toute personne du commun qui s'essayait à faire trempette dans le bain des privilégiés se voyait aussitôt refoulée par leurs gardes du corps.
Que faisait Klael ici ? Elle n'en savait trop rien. Peut-être recherchait-elle un moment de détente et de réflexion, entre deux larcins. Ou bien était-ce là le lieu de son prochain méfait ; après tout, là où il y a des riches, il y a de l'argent. Mais elle n'avait pas de complice pour opérer efficacement. Ou encore attendait-elle une rencontre opportune, source d'une aventure nouvelle. Pour le moment, elle se laissait dorloter par la délicieuse sensation de l'eau chaude sur son corps, et s’enivrait de la douce musique jouée par quelques troubadours. Les quelques femmes présentes, dont elle ne voyait que de pâles bustes à travers la brume, ne la dérangeaient pas.
C'est alors qu'elle se rendit compte qu'elle était observée. A quelques brassées sur sa droite, une femme immobile était tournée vers elle, et si elle ne pouvait distinguer son visage, Klael sentait le poids de son regard. Quelle surprise pour l'halfeline qui se croyait si discrète, presque invisible ainsi immergée. Et surtout, quelque chose chez cette femme avait de quoi la mettre mal à l'aise, comme si... il ne s'agissait pas vraiment d'une femme. Elle avait quelque chose sur sa tête qui ressemblait à des cornes, et si, encore une fois, elle ne pouvait distinguer son visage, Klael aurait juré que dans ses yeux couvait une lueur rougeoyante.
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Froid. Chaud. Froid encore et finalement... bien au chaud. Bouger dans les bains laissait sentir les moindres variations de l'air lorsque le corps quittait les bassins tièdes pour aller se frotter à sa fraîche caresse. Mais l'eau restait le meilleur endroit; ce jour là.
Pas de travail en vue, aucun contact aux alentours malgré le franc succès des sources thermales. Il n'y avait que ce mal être naissant que Klael n’identifiait que difficilement. Il lui arrivait parfois de ressentir des besoins dont elle ignorait pourtant l'existence. Le premier symptôme apparaissant était alors cet état: n'avoir envie que de peu de choses, voire de rien, et tâtonner à la recherche d'un divertissement.
Sans grande conviction elle s'était dirigée vers les sources de Balagos où la vapeur qui en émanait était si dense qu'elle avait le don de vous créer comme une coquille dans un monde frétillant comme une fourmilière. Elle n'en perdait pas son sens de l'orientation pour autant, imaginant aisément les bains des niveaux supérieurs.
De ci l'on devait discuter grassement, comme l'indécence masculine l'imposait. Touchant des mots quelque bordel, au sujet d'une nuit de folie en compagnie douteuse. De là l'on était sans doute tenté de participer à un concours de verge, exposant à qui mieux-mieux avait les plus belles soieries et les plus excentriques; telles que l'imposait cette coutume amnienne de l'extravagance. Des choses auxquelles l'halfeline était étrangère. Encore qu'elle eut elle aussi fréquenté les maisons closes car elles regorgeaient de contrats en tout genre.
Des contrats, elle en manquait cruellement. Plus d'objet à retrouver, plus d'informations à capturer. Et avoir abandonné la dernière bande organisée à laquelle elle appartenait l'avait laissée avec de quoi survivre uniquement. Il faudrait bientôt trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Peut-être passerait-elle voir Nori ou Keylian, des fois qu'ils aient du nouveau.
Mais plus tard...
L'arrêt soudain de la musique la fit quitter ses pensées. Bien que le silencieux intermède n'eût duré qu'un court instant, il généra chez elle un large manque d'une ambiance agréable. Il eût cependant le don de ranimer ses sens alertes. Cet instinct qui, si rarement se fût-il manifesté, ne trompait jamais. La jeune fille tourna son regard sur sa droite où la silhouette floue et immobile d'une femme au regard pesant et rougeoyant se tenait partiellement immergée.
D'abord confuse, Klael jeta un oeil circonspect sur la zone qui confirma rapidement qu'elle était la cible de ces yeux indiscrets. Elle fit mine de fouiller dans ses affaires avant de s'approcher un peu plus de cette étrange créature, dague en main et main sous l'eau.
"Si vous arrivez à charmer un homme avec ces yeux là, je veux bien parier tout mon argent sur un coup de tête... lança-t-elle à l'attention de cette importune. Que me vaut cet intérêt?"
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a baigneuse cornue ne goûta guère à l’humour de Klael, en tout cas elle n’en montra rien. En même temps, l’halfeline réalisa qu’elle avait peut-être fait une gaffe : le visage de cette créature était bien pire que ce qu’elle avait vu au premier abord, si bien que sa remarque pouvait être perçue comme insultante. C’étaient bien des cornes que cette singulière naïade avait sur la tête, et de remarquable spécimens : émergeant du haut de son front, elles s’enroulaient sur elles-mêmes comme celles des béliers. Et ses yeux, qui dès la première seconde avaient attiré l’attention de Klael, étaient plus effrayants encore vus de près. Leur pourtour, des arcades sourcilières jusqu’aux pommettes, semblait brûlé comme à l’acide. La cornée de l’œil gauche était laiteuse, le globe bizarrement orienté vers l’extérieur, et l’iris de l’œil droit était d’un bleu-gris glacé – pourtant, cette lueur rouge derrière ses pupilles prouvait que ses yeux n’étaient pas des organes morts.
Ce que Klael avait d’abord pris pour quelque bijou ornant son front, était en fait des pierres précieuses rouge sang enchâssées à même sa peau et probablement sur son crâne, et qui remontaient en formant un V depuis ses sourcils jusqu’à la base de ses cornes. Ses cheveux, longs et lisses, présentaient des mèches blanches et pourtant, sa peau semblait douce comme celle d’une jeune fille, son nez était fin et longiligne, sa bouche pulpeuse et sensuelle –l’anneau qui ornait sa lèvre inférieure en son milieu passait pour une élégante coquetterie, en comparaison aux autres originalités de son visage. Pour résumer, elle présentait à la fois des attributs d’une grande beauté, et des étrangetés qui avaient de quoi faire fuir le plus brave des prétendants. Par ailleurs, elle restait immergée jusqu’aux épaules et cachait peut-être certains atouts. Klael la devinait grande et athlétique.- J’ai l’impression que vous n’êtes pas habituée à attirer l’attention, répondit-elle d’une voix suave et sans animosité. « C’est cela que je recherche. Pas une simple voleuse, non. Vous, vous êtes différente, je le sens. Le Mal ne vous attire pas, je sais que votre véritable nature est le Bien. J’aime ce que vous avez fait de cette bâtisse à Esmeltaran. Quant à vos larcins, ce sont… un moyen de subsistance, n’est-ce pas ? »
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Les volutes de vapeur s'écrasaient sur le visage de Klael tandis que la distance s'amenuisait à vue d’œil entre les deux baigneuses. Lorsque ces émanations se firent moins opaques elle manqua de hoqueter de surprise. Une désagréable surprise, pour ainsi dire. Belle erreur que ce trait d'humour dont l'halfeline avait fait preuve.
Il y avait beaucoup d'originalité sur cette tête, sur ce visage; autant d'originalité que de caractère mystique. La jeune femme fronça légèrement les sourcils alors qu'elle détaillait ce visage dont les ornements étaient d'un goût discutable. La brûlure laissait la hin perplexe tout autant que cet œil rebel et ces cornes. Tout chez cette femme était paradoxal et les conflits nés de ces caractères de beauté, de laideur, de marginalité laissaient en la jeune roublarde un malaise prenant.
Klael passa plus de temps qu'elle ne l'aurait voulu à scruter ainsi son interlocutrice. Finalement elle laissa son regard courir sur le haut de sa gorge plongeant dans le bain pour y deviner le corps élancé et ferme typique d'une guerrière.
Plus troublante encore la voix de la femme, vide d'animosité et d'agressivité, prononçait ses paroles avec un ton roulant quasi envoûtant. Un discours qui ne manqua pas de frapper la voleuse dont le regard se durcit très nettement. Ses yeux bleu-gris firent écho à la pigmentation glaciale de celui qui la dévisageait tandis qu'elle conservait un bref silence.
"Qui se permet de venir me parler ainsi de ma propre personne? Je n'ai rien à voir avec une quelconque bâtisse, ici." Annonça-t-elle, sèche et piquante comme une flèche."Et non. Que l'on me remarque ne me sied que moyennement. En revanche que l'on parle de moi..." Un haussement d'épaule ponctua son intervention.
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a femme cornue laissa couler un temps de silence, fixant Klael de son œil droit tandis que l’autre était dirigé quelque part vers la brume. Déceler la moindre expression sur son visage était impossible, de par ses yeux meurtri et son air impassible. Ni l’une ni l’autre ne dit un mot, car l’halfeline s’attendait à ce que la créature prenne la parole d’un instant à l’autre, et son interlocutrice en attendait peut-être autant. Au moment où elle allait dire quelque chose pour briser ce silence pesant, Klael vit sans l’ombre d’un doute une larme couler doucement le long de la joue douce et lisse de la femme cornue.- Je m’appelle Lystraë, mais… cela n’a plus d’importance. Je pense… Je me suis trompé de personne. Pardonnez-moi, Klael Dethyre. Sans hâte ni hésitation, elle se retourna et sortit de l’eau. Jamais Klael n’avait vu une telle sensualité dans un corps féminin, une telle perfection dans le galbe des hanches et des cuisses, dans la texture de la peau, dans ses cheveux longs et lisses, et dans sa démarche naturelle et aisée. Elle semblait faite des mains d’un artiste inspiré par les dieux, et animée par la grâce des elfes. Sa grande silhouette disparut dans le nuage de vapeur qui enveloppait tout, et la musique lointaine combla le vide créé. Klael remarqua qu’elle était seule, à ce moment, dans cette partie du bassin des femmes.
Des bruits retinrent alors son attention, provenant du rocher où elle avait posé ses affaires. Quelqu’un était en train de les déplacer, de les fouiller, ou même de s’en emparer. Au même moment, Klael perçut des bruits de pieds nus qui se voulaient discret, sur la roche juste derrière elle. Un rapide coup d’œil lui suffit à voir qu’une silhouette masculine se tenait juste au-dessus d’elle. Voyant qu’il avait été repéré, l’homme cacha sa main droite dans son dos, mais Klael avait eu le temps de voir qu’il tenait une dague. Il était nu, ce qui était l’usage ; en revanche, il était tout à fait inconvenant pour un homme de s’aventurer vers le bain des femmes.
Ils se reconnurent au même moment : c’était Darvin, le frère autrefois inséparable de Florn, qui faisaient partie d’une bande de brigands avec laquelle elle avait travaillé. Le courant n’était pas très bien passé entre eux, et Klael les avait laissés juste avant un coup qu’elle sentait mal. Nul doute qu’ils la tenaient pour coupable de l’échec cuisant qui avait suivi pour les frères et leurs complices. Pour eux, c’était clair, elle les avait vendus. Malheureusement, si Florn avait péri, Darvin avait survécu. Ses yeux bleus reflétaient toute la haine qu’il avait pour l’halfeline.- Tiens, qui voilà… Sans armes, et nue comme un ver siffla t-il avec délectation, prêt à la transpercer de sa dague.Cliquez ici pour dérouler le parchemin... Initiative : Klael 23 Darvin 14
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Silence. Un long silence pesant pendant lequel les deux se dévisagèrent. Klael ne se démonta pas durant ces instants qu'elle trouva longs. Quant à l'impassibilité de son interlocutrice, elle ne fit que renforcer le poids de ce moment. Une impassibilité qui ne demeura pas totale cependant.
Le visage sévère de la jeune halfeline perdit sa dureté au moment même où elle vit perler une larme cristalline sur la joue de Lystraë. Une fraction de seconde, son esprit se fendit pour déverser maintes pensées qu'elle n'arriva pas à trier. D'un effort surhalfelin elle balaya le tout pour se concentrer sur cette larme, sur ce visage et ce corps où ces cicatrices ne semblaient pas que physiques.
Son nom - celui de la roublarde - raisonna dans les paroles de la mystérieuse dame et dans les oreilles de sa possesseur. Son regard toucha presque la surface de l'eau sous le poids d'une culpabilité saisissante. Et, une fraction de seconde, le visage meurtri et larmoyant de Céléna prit place juste devant elle. Sa poitrine se gonfla, sa main libre se leva subitement et ses doigt se tendirent loin devant elle, aussi loin que ses membres pouvaient les envoyer.
"- Attendez! s'écria-t-elle. Pourquoi me parler du... Mais l'assurance du mouvement de Lystraë était aussi évidente que la grâce qui animait son corps et déjà, dans la brume dense des bains, sa silhouette s'évanouissait tel un mirage. Mais Klael n'avait pas rêvé. Royaume... C'était chez moi."
Sa main retomba dans l'eau sans un bruit. Un son lointain lui parvint finalement aux oreilles. Étant seule baigneuse, elle n'en demeurait pas solitaire pour autant. Puis un autre son. Finalement une foule de bruit; et surtout un bruit de fouille.
Son esprit retrouva instantanément sa vivacité et son visage sa sévérité. Elle voulut se retourner mais ses yeux se posèrent sur une nouvelle silhouette. Klael jeta un regard noir à cet homme qui se tenait là, dague et un air menaçant sur le visage. Pis encore le sort voulut qu'elle se retrouvât face à à un homme qu'elle n'avait jamais appréciée; et qui ne l'avait jamais apprécié en retour.
¤Crève en silence...¤
Pas de place pour la plaisanterie, pas de temps pour Darvin. Il n'était qu'un rien parmi d'autres mais un rien qui tombait bien mal. La pensait-il désarmée? Bien, elle en ferait un avantage... Si la chance décidait de lui sourire.
¤Je dois retrouver Lystraë!¤
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Cliquez ici pour dérouler le parchemin... Klael attaque sournoisement Darvin au corps à corps avec dague, 19(Dé)+3 = 22 >< CA 10 (pris au dépourvu) : Touché, critique possible Confirmation de coup critique 18(Dé)+3 = 21 >< CA 10 : Confirmé Darvin subit 12 (2d4+2 +1d6) points de dégâts. Darvin est mourant. vant même que Darvin ne réalise que Klael était armée, il était condamné. Rapide et souple comme un chat, elle bondit hors de l’eau en faisant décrire à sa main un large arc de cercle, pour frapper un endroit à la fois accessible et sensible : le bas du ventre. La lame pénétra la chaire et les viscères et ressortit aussi vite, sans grande giclée de sang. Les yeux écarquillés sous la douleur, Darvin lâcha son arme et tomba la tête la première dans l’eau, là où se trouvait Klael une seconde auparavant. Mais l’halfeline s’était déjà reculée vers le centre du bassin.
Darvin hors de combat, elle tenta de voir qui s’intéressait à ses affaires. Elle ne voyait que la masse sombre des rochers où elle les avait posés, mais la brume était trop épaisse pour voir des détails, ou si le voleur se trouvait derrière. Elle traversa le bassin à la nage jusqu’aux rochers ; il n’y avait plus personne. Ses habits étaient bien là, son sac aussi. Sa bourse, elle était avec ses armes, dague exclue, dans une cachette à l’extérieur des sources, car les armes étaient interdites et Klael savait que les bains publics étaient pleins de voleurs. Elle n’avait donc rien perdu. Il lui restait à retrouver Lystraë…
Un cri strident retentit de l’autre côté du bassin. Une femme venait de découvrir le pauvre Darvin. Heureusement, Klael était hors de vue.- A l’assassin ! Au tueur ! s’époumona la femme, complètement paniquée.
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Tout était allé si vite et si lentement à la fois. Klael voyait sa main émerger et balayer sa vue; elle sentit la faible résistance de la peau, des organes et des muqueuses; perçut l'odeur acre et métallique du sang avant de voir son adversaire d'une seconde tomber à la place qu'elle occupait un instant auparavant.
Elle n'avait pas le temps d'apprécier sa victoire sur ce misérable. À dire vrai, elle n'en avait pas même envie de la goûter avec plaisir: il n'en valait pas la peine et elle détestait ces choses là. Tuer n'était qu'une nécessité, pas un loisir.
La voleuse s'extirpa de l'eau pour vérifier que la masse sombre faisant office de voleur n'avait rien trouvé à son goût. Elle en profita au passage pour tremper une dernière fois sa lame afin d'en effacer les principales traces de sang.
¤Filée par deux personnes sans même m'en rendre compte. C'est trop pour aujourd'hui. Trop tout court...¤
Contrariée, en colère contre elle-même elle s'employa à remettre sa dague là où elle l'avait initialement dissimulée en s'efforçant de laisser ses affaires telles quelles, la disculpant ainsi en cas d'accusation. Ce fait, elle pourrait revenir sur ses pas pour se concentrer sur Lystraë et sa disparition.
¤J'ai peu de temps avant qu'on ne fouille les lieux et sa grâce ne rattrape pas sa monstruosité... elle ne devrait pas quitter les bains ouvertement.¤
Convaincue que la personne qu'elle cherchait ne sortirait pas à la vue du public elle emprunta la direction qu'avait suivie la créature qui l'avait abordée un peu plus tôt. Elle prit néanmoins la peine de ne pas trop s'approcher du cadavre et de ses spectateurs; maintenant ses sens aux aguets afin de percevoir le moindre indice qui la guiderait.
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ne grande confusion régnait autour du bassin des femmes. Des femmes fuyaient, des hommes accouraient, et les femmes fuyaient les hommes qui accouraient car elles couraient le risque d’être vues nues. L’une d’elles heurta même Klael, qui avait trop bien réussi à se faire discrète. Elle poursuivit sa course folle sans vraiment comprendre ce sur quoi elle avait trébuché. Comme elle n’avait pas d’autre piste, l’halfeline se contenta de suivre la direction qu’avait prise Lystraë. Assez vite, elle se rendit compte que c’était à quelque chose près la direction de l’escalier escarpé qu’elle avait emprunté pour venir se baigner. Trop étroit et pentu, il avait été abandonné depuis longtemps pour un autre escalier plus sûr, construit à grand frais, en même temps qu’un petit bâtiment qui servait de vestiaire, et où l’on pouvait aussi s’asseoir et acheter un rafraîchissement en profitant de la vue sur le lac. Mais Klael évitait toujours cette entrée principale, préférant son escalier dérobé, plus discret.
Elle trouva rapidement les premières marches taillées à même la pierre, qui menaient vers le lac en pente raide. La vapeur se dissipait peu à peu, mais l’escalier était tortueux et bordé de part et d’autres sur deux mètres de hauteur par la roche volcanique, si bien qu’elle ne voyait pas plus loin qu’avant. Il n’y avait que la pierre noire et le ciel ombrageux. Mais si Lystraë avait bien emprunté ce passage pour éviter la foule, elle devait forcément se trouver plus loin. Une centaine de mètres plus bas, le passage traversait un ruisseau provenant des sources. L’eau jaillissait en cascade de la paroi de gauche et s’engouffrait dans une crevasse sur la droite. Il y avait aussi de grosses cavités naturelles, certaines suffisamment grosses pour que Klael puisse s’y glisser. C’est dans un de ces trous qu’elle avait caché ses armes et son or. Elle pouvait les récupérer si elle le voulait, mais cela donnerait à Lystraë plus d’avance encore.
Juste après le ruisseau, le passage se séparait en deux ; l’un partait vers la droite et rejoignait la route d’Esmeltaran, à l’Est. L’autre descendait directement vers le Lac Esmel. Mais comment savoir lequel des deux avait emprunté la baigneuse cornue ?
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Au nez et à la barbe des badauds Klael se faufilait, une seule image en tête: cette silhouette qui s'évanouissait dans les brumes des bains. Revoir la scène si distinctement que devant ses yeux lui donnait la qualité de ne se concentrer que sur la direction que Lystraë avait prise. Sans doute un peu trop.
Dans l'agitation générale, elle ne put réagir suffisamment rapidement pour éviter cette fuyarde qui la percuta de plein fouet avant de poursuivre dans sa course sans même se questionner sur ce qu'elle avait cogné. De son côté, la voleuse se contenta de maintenir son rythme sur les trace de la mystérieuse cornue.
Un chemin qu'elle ne connaissait que trop bien pour l'avoir emprunté bien des fois la guida parmi ruisseaux et roche noire comme de l'obsidienne. Elle passa devant la cachette qui recelait encore ses armes. Son regard se posa sur la cavité, déclenchant automatiquement un pas d'hésitation. Elle secoua négativement la tête avant de poursuivre d'un pas encore plus déterminé.
¤Dieux de dieux! Que mes ancêtres pardonnent mon impudeur! Lystraë, je te traquerai comme un limier cherche ses proies, pour m'avoir faite prendre tant de risques!¤
Une patte d'oie. Gauche ou droite? À suivre sa logique première, le lac était la meilleure route à suivre. Dans une exclamation rageuse, elle décida de poursuivre sur cette voie mettant son sort et sa chance entre les mains des dieux. Elle savait cependant qu'elle ne pourrait pas courir indéfiniment, non habillée de la sorte.
Elle pressa donc le pas afin d'atteindre plus vite sa cible, si cible il y avait sur cette route-ci.
"Lystraë! lança-t-elle, haut et clair."
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