Chapitre 1 bis : Apocalypse Dreams

L'idée d'un interrogatoire semblait à Kald tout aussi saugrenue que celle de livrer l'insignifiant tasloi à la justice. L'absence de la servante de Siamorphe et la colère de Jafert semblaient propices, il tenta sa chance.

- On ferait mieux de lui régler son compte tout de suite, murmura-t-il de façon à ne pas être entendu par le nain qui ferraillait avec la pierre à l'autre bout de la pièce.

- Cette racaille ne nous dérange pas, lui rétorqua le magicien, avant de se justifier avec un déconcertant angélisme. Il pourrait nous servir encore, nous ne sommes pas encore parti, sinon il aura eu une bonne leçon : voler les humains n’apporte que des problèmes. Son cerveau est certes limité mais il comprendra.

Sceptique, le sourcil arqué et les lèvres poussées en une moue des plus hautaines, l'ensorceleur lâcha la garde de sa dague. Il interrogea Peurinn du regard, comme s'il espérait trouver chez le bûcheron le bon sens qui faisait défaut à Jafert, puis soupira.

- Ces saletés n'apprendront jamais la leçon, tuer est dans leur nature.

Il s'éloignait de leur prisonnier, rageur, quand un météore orangé fit irruption dans la chambre. Son bâton tendu en avant dans un réflexe de défense, il réfréna l'éruption magique que la surprise avait éveillée en lui : l'intrus n'était pas menaçant. Battant péniblement l'air de ses ailes fragiles, le dragon-fée, hagard, parut hésiter, se volatilisa pour réapparaître aussitôt.

*Thoïl...* conclut-il immédiatement, ses premières intuitions se voyant confirmées. Détaillant la prodigieuse créature du regard, il constata rapidement qu'elle était aussi épuisée qu'effrayée. *En piteux état. L'occasion est belle mais...*

Il n'y avait de bon dragon qu'un dragon mort, comme disait l'adage. Le Sossrim passa en revue ses collègues : l'Amnien, dont l'originalité ne cessait de l'étonner, s'était rapidement désintéressé de la féérique apparition ; Falrin et Peurinn paraissaient plus circonspects. Il serra fermement sa prise sur son bâton ; un coup sur le crâne suffirait sûrement...

Il était sur le point de passer à l'attaque quand survint Iskender, le pas quelque peu aléatoire. Arc en main, l'œil sur la stèle, il chuchota longuement à l'oreille du bûcheron dont la mine se décomposa lentement.

- Thoïl, va avertir Tipeur le plus vite possible !ordonna-t-il une fois ses messes basses terminées. Thoïl, va avertir Tipeur !...

Le petit dragon, exténué, n'irait pas bien loin. Comment le rôdeur ne pouvait-il pas s'en apercevoir ? Déconcerté par le tour que prenait la situation, Kald restait dans l'expectative, un regard prédateur rivé sur sa proie.

Falrin interloqué par ce qui pouvait se passer à l’autre bout du couloir laissa néanmoins ses camarades agir pendant sa prière pour ces lieux.

Au retour de Peurin, le nain ne put s’empêcher un grognement sourd.

- Raaaahh Salté de sale gobelin pouilleux du fonds des égouts. Qu’as-tu fait à ce lieu sacré ?

Se rapprochant il reprit sa hache, menaçant, en l’absence d’intervention de ses camarades il mettrait fin au jours de ce Tasloi dont il souhaitait ardemment la mort. Malheureusement Kald semblait tenir à cette racaille.

- Si vous v’lez garder cette bestiole vous vous démerder pour qu’ça nous cause pas d’emmerde ! J’veux dormir tranquille et sans mauvaise odeur. Mon avis c’est qu’il serait mieux au fond d’un trou remplit de terre.

L’irruption du dragon-fée fut étonnante ! Falrin avait bien entendu parlé de toutes sortes de créatures féeriques, mais il ne se souvenait pas d’en avoir vu de ses yeux. En tout cas pas si récemment. Et la créature avait semble-t-il la capacité à disparaître à la vue des autres.

*Impressionant ! Féerique ! pensa-t’il*

Falrin décida de ne pas réagir brusquement, il n’avait aucune intention particulière envers ce Thoïl, à part le questionner si jamais il engageait la conversation. En tout cas il n’avait pas l’air en grande forme ! Il n’osa pas crier pour contredire Iskender, mais si le dragon-fée s’arrêter il pourrait bien jeter un œil à son état de santé et pourquoi pas lui offrir quelques soins.

*A priori les ennemis de mes ennemis sont mes amis et puis s’il pouvait nous guider au travers de cette forêt, j’m’en plaindrais pas !*

Une fois l'affaire terminée avec le dragon-fée, le nain lâcha un

- Préparez-vous ! Y'a quelq'chose là-dssous qui veut sortir et j'vais pas l'y laisser. À vos armes !

Puis faisant signe à Jafert qui s'était mis en position :

- C'est parti, tu peux soulever cette stèle, dit-il prenant son médaillon fermement en main, prêt à affronter un revenant d'entre les morts.

Le nain souhaitait rester prêt à tenter un renvoi des morts-vivant en cas de nécessité, mais si jamais Jafert avait besoin d'un coup de main, il irait lui donner sans hésitation.

L'irruption du dragon-fée désemparé surprit tout le monde. Les yeux écarquillés, Peurinn réalisait que son fils n'avait pas complètement affabulé, développant même une ingéniosité remarquable pour aller voir son ami malgré les interdictions paternelles. De son côté, Kald devait se faire violence pour ne pas achever un Thoïl affaibli tant son aversion des dragons était profonde. La présence de ses compagnons qui ne comprendraient certainement pas pareille action était certainement la raison majeure de sa retenue.

Suivant de près la balle voletante orangée, Iskender et Jeanne arrivèrent à leur tour dans la grotte, le rôdeur allant rapidement parler, de façon fort discrète, à l'oreille du bucheron dont la mine se décomposa en entendant le laïus. Se reprenant vite, l'homme affermit sa prise sur le manche de sa hache, serra les dents et sortit brusquement de la "chambre/salle du trône", une ferme résolution se lisant dans son regard. Devant le danger évoqué par Iskender, il convenait de ne pas perdre de temps et la présence d'un chef de famille était certainement auprès de siens pour les protéger quoiqu'il en coûtât.

Par contre, les injonctions adressées à Thoïl semblaient n'avoir aucun effet, de même que la tentative d'hypnose de Jafert, le dragonnet continuant à voleter de façon erratique tout en paraissant néanmoins commencer à se calmer. Tremblant encore, il finit même par s'engager dans l'étroite galerie, frissonnant de toutes ses écailles. Peinant à se remettre de sa captivité, allait-il parvenir à sortir du complexe souterrain ou, toujours désorienté, allait-il revenir sur ses pas ?

Voyant que le dragon-fée se décidait enfin à quitter les lieux, Jafert reporta son attention sur le tasloi prisonnier, l'interrogeant de façon menaçante. La créature ne parlait pas le gobelin même si, par moment, des mots similaires à ceux de sa propre langue, la faisaient réagir. Elle semblait profondément affolée, sans qu'on puisse dire si cette peur panique était causée par la présence des aventuriers, le fait de se trouver, malgré lui, dans le domaine réservé de son chef ou par les grattements qui provenaient toujours du mur. Au fond, le monstre n'était qu'un subalterne, peu au courant des magouilles de son chef. La raison de leur présence en ces lieux lui était inconnue. Pour tenter de l'expliquer, il répétait en boucle des mots décousus : "Bzatvet'zawui... Mvet'r... Drzagton... Fvet'wui... Nzagvet'r ltongtvet'mpwa... zawuitrvet'wa, ttowuiwa mtortwa... Jzamzahiwa rvet'vwuiwa". Il n'avait aucune idée de l'identité du mystérieux "M", le contact de son chef. Il savait juste qu'il lui était arrivé de participer à un transport de marchandises, et parfois même de prisonniers, jusqu'à une ville assez proche, ville qu'il décrivit comme étant pleine d'humains, et qu'ils étaient revenus, ensuite, avec des pierres qui brillaient jusqu'à leur repère.

Alors que le tasloi accentuait ses gémissements, suppliant même Jafert de lui donner de "l'air qui fait rêver éveillé", Kald, excédé par ce verbiage auquel il ne comprenait rien, trancha, d'un geste précis, la gorge du monstre, ne s'attirant le regard désapprobateur de la seule Jeanne, certainement partagée entre l'honneur du paladin qui lui interdisait de tuer quelqu'un réduit à l'impuissance et les vœux du même paladin exigeant de traquer et de détruire les créatures malfaisantes.

Pendant ce temps, Falrin était toujours subjugué par la stèle, en caressant presque religieusement la pierre. Loin de l'effrayer, les grattements qui en provenaient semblaient au contraire une invitation à y entrer pour achever de purifier ce lieu, certainement souillé. Lentement, en s'aidant de l'épée d'un tasloi, il avait commencé à gratter le mortier qui scellait le bloc de roche. Voyant ses intentions, Jafert et Jeanne s'avancèrent pour l'aider, tandis que Kald et Iskender se mirent en retrait, prêts à intervenir en cas de danger.

Solidifié par le temps, le ciment était difficile à retirer et le travail avançait lentement. Au terme de plusieurs minutes d'effort, la pierre commençait à branler et Falrin jugea que c'était le moment pour lui de se reculer pour empoigner son médaillon divin. Au moment où il allait faire un pas en arrière, la stèle bascula brusquement, poussée de l'intérieur de la crypte, et percuta le nain qui tomba au sol.

Une tête à la peau parcheminée fut soudain visible dans l'orifice. De longs poils épars encadraient sa bouche dans ce qui devaient être les vestiges d'une moustache et d'une barbe fournie. Un casque rutilent coiffait de longs cheveux. Le regard mort du nouveau venu ne paraissait pas hostile alors qu'il fixait Jeanne et Jafert encore interloqués par cette apparition. S'extirpant par le passage ainsi fait, la créature avait la corpulence d'un nain. Harnachée comme un guerrier, elle tenait à la main droite une épée longue tandis que la gauche maintenait fermement un écu en acier.

demanda-t-elle d'une voix caverneuse.

Aucune animosité ne semblait l'habiter jusqu'à ce qu'elle ne remarque la présence de Falrin encore à terre.

rugit-elle en brandissant son arme.

S'élançant en avant, le mort-vivant bouscula Jeanne, qui se tenait encore sur son passage, pour se ruer sur Falrin, lui assenant un violent coup d'épée qui, heureusement, ne fit que heurter le sol. Roulant sur lui même, le nain parvint à s'éloigner et à se remettre sur pieds, hésitant encore entre empoigner sa hache et farfouiller sous son armure à la recherche de son médaillon.

Quelques petites précisions :
les dragons-fées bénéficient d'une résistance innée à la magie. Par contre, Jafert a bien utilisé son sort d'hypnose...
La bénédiction de Falrin a visiblement échoué. Il ne faut pas oublier non plus que le prêtre n'est que de niveau 1 et n'a aucun bonus en raison de son charisme. Ceci dit, il conserve encore des chances de repousser le mort-vivant. Ce dernier, d'ailleurs, n'en a qu'après lui et ignore complètement le reste du groupe.

Après avoir répété les mots du prisonnier bafouillant à ses camarades, Jafert assistait impuissant à l’élimination de ce dernier. Coupé en plein interrogatoire, le magicien resta hébété quelques instants avant de s’agenouiller pour récupérer sa précieuse corde de soie tachée de sang noir.

Cette stèle funéraire était aussi lourde qu’elle en avait l’air et c’est lorsque les 3 aventuriers allaient abandonner que l’aide finale venu de l’intérieur. Falrin tombait à la renverse alors que Jafert découvrait le visage desséché du résident de la tombe. La petite momie cligna d’abord des yeux sous son casque métallique, libérant un petit nuage de poussière sur ses joues. Son visage barbu semblait imperturbable et la première rencontre de Jafert avec un mort vivant ne se passait pas aussi mal qu’il l’avait imaginé.

Le guerrier antédiluvien parla dans sa langue, souhaitait il communiquer ou même remercier ses libérateurs ? L’instant d’après il fondait sur son congénère l’épée à la main, bousculant la jeune paladine au passage. Il prenait Falrin au dépourvu mais notre prêtre esquiva l’attaque balourde du mort vivant. Le nain le plus vivant parvint à s’éloigner et à se remettre sur pied à distance suffisante.

Profitant du recul du prêtre de Haela, l’amnien décochait un carreau sur le revenant nanesque. Sans attendre le résultat de son attaque, le magicien entonnait déjà un sortilège de destruction des mort-vivants.


Je poste en premier donc je ne sais pas ce que les autres vont faire. Je lance une attaque à distance, ayant une bonne initiative mais si quelqu’un va au corps à corps avant, je préfère éviter un carreau perdu. Je ferai alors la destruction de mort-vivants mais c’est moins efficace.

Thoïl, finalement sorti de la pièce. Une bonne chose !
Kald avait tué le Tasloi : inutile !
Falrin continuait à s'occupait de la pierre mais celle-ci s’abattit brutalement.
Un mort-vivant sortit de derrière la pierre !...
Volubilis, son mentor, avait été blessée par une telle créature. Elle lui en avait tellement parlé, tellement décrit ses forces et ses faiblesses qu’il était bien averti par rapport à de tels monstres, et qu’il les connaissait bien. Mais en fait, c’était la première fois qu’il en voyait en chair et en os, enfin, surtout en os…
Iskender avait été surpris par la chute de la pierre qui avait renversé Falrin et il avait été surpris aussi par la sortie rapide de la momie. Il décocha sa flèche de guerre sur le mort-vivant pendant que celui-ci était occupé à attaquer Falrin. En encochant une autre flèche à son arc, il donna un ordre à son chien, de crainte que celui-ci se laisse emporter par sa fougue et se fasse blesser ou même tuer par le mort-vivant :

- Kimo, garde-moi !

Tant qu’Iskender peut tirer, il tire. Ensuite il attaquera à l’épée !

Thoïl parti, le jeune Sossrim se détendit singulièrement. C'était la deuxième fois que ses collègues pouvaient constater la réaction épidermique que provoquait chez lui la simple vue d'un dragon, quelle que soit sa taille apparemment. Serait-il passé à l'attaque ? Le terrible flambeau que la haine avait allumé dans ses yeux le laissait craindre...

*Qu'a bien pu raconter ce sournois à Peurinn ? Et qu'a-t-il découvert là-bas ?*

Le rôdeur s'avérait décidemment bien cachottier... Il lui faudrait se méfier de ce loup solitaire plus que de tout autre !

Comme il l'avait pressenti, l'interrogatoire de leur petit prisonnier se révéla peu concluant en dépit de toute la sagacité de Jafert. Lassé du caquetage geignard du tasloi, Kald se saisit de sa dague et trancha la gorge verdâtre sans l'ombre d'un scrupule.

- Eteins le feu partout où tu le vois brûler, souffla-t-il avec ferveur, tout juste assez haut pour être entendu par le magicien, avant d'essuyer sa lame sur les guenilles de sa victime.

Quelques minutes plus tard, tous étaient réunis autour de la stèle branlante, prêts à en découdre. A l'apparition de la face poussiéreuse et parcheminée du nain, l'ensorceleur resta de marbre : il avait vu bien des fois les fidèles d'Aurile arracher les morts à leur éternel sommeil. Lui avait toujours dédaigné cette pratique maudite, abhorrée par tous les siens. Ce cadavre, dans sa gangue de fer, semblait particulièrement bien conservé. Qu'il soit encore capable de parler, et si distinctement, achevait d'en apporter la preuve.

*Bénis ?* s'étonna-t-il, le dédale caverneux ne ressemblant en rien à un sanctuaire. *Saukuruk me préserve !*

Profaner une tombe consacrée pouvait se révéler dangereux, voire mortel : Falrin allait l'apprendre à ses dépens. Le cadavre, en effet, ne semblait en avoir qu'après son imprudent homologue, auquel il comptait bien faire payer sa traîtrise.

Kald recule, au cas où le mort change de cible. Il laisse les autres se jeter dans la mêlée et garde un oeil sur la tombe, au cas où une autre menace en surgisse.

Parant comme il le pouvait les coups furieux de son alter ego mort-vivant, Falrin reculait, pas à pas, veillant à maintenir son bouclier devant lui. Déterminé, l'ancien occupant de la crypte avançait toujours, assenant, avec la régularité d'un métronome, de violents coups d'épée qui rebondissaient sur l'écu du prêtre.

Bang ! Boum !

Malheureusement, tout occupé qu'il était à bloquer la lame de son adversaire, Falrin n'arrivait pas à trouver le répit nécessaire pour pouvoir contre-attaquer. Le côté positif de l'affaire était qu'il ne déplorait encore aucune blessure, même si la courbure inquiétante que prenait son boucler semblait indiquer une rupture prochaine.

Se trouvant certainement pour la première fois face à un mort-vivant, Jeanne restait pétrifiée, ne pensant même pas à dégainer son arme pour se porter au secours de son compagnon d'aventure qui était en fâcheuse posture. Aussi prompts à réagir qu'à rester à l'écart des coups, Jafert et Iskender avait utilisé aussitôt leurs armes de tir. Hélas, ni le carreau, ni la flèche, pourtant fichés dans le dos de celui qui avait été Bheldor, de la famille Forgeonyx, ne ralentissaient le revenant qui vociférait toujours.



Prudemment, Kald s'était déplacé sur le côté, veillant à rester bien loin des belligérants, attentif à ce qui pourrait surgir encore du caveau. Lentement, contournant la stèle brisée au sol, il parvint jusqu'au mur et jeta un coup d'œil à l'intérieur. Vide. Au moins, aucune nouvelle menace s'arriverait par là.

Décidé à ouvrir cette stèle, le nain s’affairait pendant que ses compagnons réglaient son compte au dernier Thoïl. Alors qu’il était déterminé à l’ouvrir, il redoubla d’effort et fit basculer la stèle. Ayant mis tout son énergie sur son effort, il en perdit l’équilibre et fut rapidement mit à terre par la stèle. Par chance, la maladresse du nain était compensée par ses compagnons qui lui prêtèrent main forte dans son entreprise. Armes en main prêt à agir, ils attendaient.

Mais alors que le mort vivant sortait, il se rendit compte de son inoffensivité affichée jusqu’à ce qu’il pose les yeux sur lui, Falrin.
*Traitre* refit-il résonner dans sa tête
Il ne savait que trop penser, mais il était perplexe. Un nain qui l’attaquait ? Et seulement lui ? Est-ce que Haela l’avait abandonné en lui jouant un sale coup ? Le doute fit un ou deux tours dans la cervelle du nain, mais ne s’installa pas. Un mort vivant nain devait retrouver la paix. Il avait perdu la vie et il n’était plus lui-même. Sa raison l’avait forcément quitté.

Falrin prit immédiatement le parti d’en faire appel à Haela, entonnant une prière sonnante, il fit jaillir son médaillon dans sa main. Le tenant avec fermeté, il se voyait comme le canalisateur de la volonté divine d’Haela. C’est elle qui protégeait les nains et c’est elle qui le renverrait à son paisible sommeil.


Le nain d’or laissa passer la puissance divine au travers de son corps. C’était la première fois qu’il tentait de renvoyer un mort vivant. Bien-sûr on lui avait enseigné cette technique, mais il n’avait jamais auparavant eu affaire à eux.

Le revenant n’avait même pas remarqué les projectiles plantés dans son dos, toute son attention était portée sur Falrin. Apres un instant de flottement, le nain d’or reprit ses esprits et tentait de renvoyer l’esprit torturé à une mort définitive en entonnant un sortilège de prêtre.

Jafert de son côté manipulait la toile d’une manière assez similaire puisqu’il tentait un sortilège de destruction des mort vivants. Les mots et les gestes étaient hésitant et il ne doutait pas que ce petit tour ne soit suffisant pour venir à bout de ce guerrier d’outre-tombe, mais il fallait essayer.

¤ Si on n’arrive pas à le blesser, c’est peut-être qu’il résiste aux armes non magique et là il va falloir envisager de fuir. C’est pas ma pauvre puissance magique qui réussira à venir à bout d’un guerrier légendaire et Kald semble assez stoïque... pour changer. ¤

Malgré un carreau et une flèche de guerre plantés dans son dos, le mort-vivant ne semblait pas du tout ralenti dans ses attaques.

¤ J’espère qu’il n’a pas un sort protecteur contre les armes physiques… enfin, même si je ne sais pas si un tel sort existe ! Enfin, j’ai quand même fait un bon tir… Je ne sais pas si le nain va encore pouvoir tenir longtemps comme cela. Pouvu que le sort qu'il prépare soit efficace ! Peut-être est-ce que je devrais attaquer à l’épée pendant que le mort-vivant me tourne le dos : généralement, un bon coup d’épée est plus efficace qu’une flèche !... ¤

Mais ce souvenir encore douloureux des éclats de glace envoyés par Kald calmait complétement les velléités d’Iskender d’attaquer à l’épée.
Kimo, derrière lui, grondait et aboyait sans relâche, prêt à foncer sur l’ennemi. Un brave chien et un chien brave ! Mais il ne ferait pas le poids contre un nain en armure. Heureusement qu’il était obéissant et qu’il restait derrière son maître.

¤ Je tire tant que je peux, ¤ pensa-t-il en décochant une nouvelle flèche dans le dos de son adversaire, ¤ normalement à cette distance, dans le dos et malgré la cotte de mailles, ça devrait faire mal… On verra bien ensuite… ¤