La souris de Pont-Ponant, [Introduction de Jaia]

Combien d'année étaient passées depuis que la jeune elfe avait empruntée la voie des ombres ? Elle ne le savait plus exactement, mais les dernières avait été des plus actives. Sous la férule de ses maîtres, elle était devenue presque invisible, une experte du crochetage et du renseignement. Elle avait fait des dizaines de contrats pour l'argent bien sûr, mais surtout pour le plaisir découvrir les secrets cachés souvent peu avouables. Elle travaillait maintenant souvent seule mais, deux semaines plus tôt, alors qu'elle était de retour à Eauprofonde, l'un de ses anciens maîtres lui avait fait part d'un contrat. Celui ci, il se faisait appeler Richard, estimait que la mission lui conviendrait parfaitement. Il fallait déterrer les secrets d'un noble, éventuellement le mettre sur la paille et peut-être lui faire perdre le peu de crédit qu'il lui restait.

Ce soir là, elle se rendit chez le client. L'adresse était un manoir des quartiers riches de la ville. Assez grand, il était entouré d'une muraille qu'elle n'aurait guère eu de difficulté à franchir. La suite aurait été plus compliquée. Le long du chemin et dans les jardins elle repéra vingt-cinq gardes, autant de mastodontes que d'archers. Une fois à l'intérieur l'entrée seule comportait selon elle au moins six pièges dans les murs. Un majordome particulièrement digne la conduisit à l'étage, où elle fut introduite dans un petit bureau, où on lui demanda d'attendre le temps que son client arrive. Elle avait à sa disposition biscuits et eau.

Puis une femme entra. Elle était assez bien mise mais semblait fatiguée. Elle enleva sa cape et la jeta négligemment sur un fauteuil en entrant. Dessous, elle portait une armure de métal et de lames assez simple mais apparemment suffisamment souple pour se mouvoir avec facilité. Elle alla se réchauffer devant la cheminée avant de jeter un œil à Jaia.

Lina Serrcuivre

Vous êtes celle que Richard m'a recommandée, c'est ça ? J'imagine que vous êtes capable alors. Je suis Lina Serrcuivre. Elle se dirigea vers elle et l'examina de manière presque inconvenante. Vous allez à Pont-Ponant, au nord. Mon père, Taegon Serrcuivre y vis dans un manoir au dessus de la ville. Vous allez vous débrouiller pour y entrer sans vous faire voir et voler tout les papiers que vous pourrez, surtout ses comptes et ceux concernant le trafic d'esclaves. Mon père tente de faire fleurir un commerce de chair dans la région et je veux qu'il soit traduit devant la cours. Par ailleurs, il est possible qu'un convoi arrive lorsque vous y serez. Selon mes informations, une organisation va tenter de libérer les prisonniers. Si vous avez la possibilité de les aider, faites le, vous aurez une prime. Vous serez payée cinq cent pièces d'or pour l'accomplissement de la mission, avec primes si les documents sont particulièrement intéressants, et une autre si vous donnez de l'aide aux esclaves. J'imagine que vous avez des questions, alors allez y. --------------------

La noble s'appuya sur son bureau en fixant Lina, elle ne semblait pas mauvaise mais soucieuse et extrêmement déterminée.

Ca fait maintenant deux ans que Jaïa enchaîne les missions que sa mentor ou ses anciens Maîtres lui désigne. Grace à ça la Tel’Quessir a acquis assez d’expérience pour travailler seule et hors d’Eauprofonde, sa ville natale.
La jeune elfe arpentant la Voie des Ombres maintenant depuis plus d’une décénnie, a apprit à se mouvoir telle une ombre, se rendant presque invisible. Experte en crochetage et renseignements à force de curiosité qui la pousse à comprendre comment fonctionne les serrures pour avoir accès à tous ses petits secrets qui n’attendent que d’être découvert. Tout ça pour l’argent, mais surtout pour assouvir son péché mignon : tout ce qui est gardé précieusement et le défi de parvenir à mettre la main dessus.
Ces dernières années avaient été des plus actives et il y a deux semaines, encore une nouvelle mission, cette fois octroyée par son ancien Maître Richard. Il serait question cette fois de déterrer des secrets d’un noble qui fait du trafic d’esclave. Pour ce qui est du reste, à savoir le mettre sur la paille et lui faire perdre tout crédit auprès de ses semblables, cela dépendrait de l’humeur de Jaïa et du plaisir que cela pourrait éventuellement lui procurer.

Pour l’heure elle se rendait au quartier riche d’Eauprofonde. Cette zone l’avait fait rêver un certain temps, quand elle manquait d’expérience et ne savait pas encore comment faire pour s’introduire dans ces si grandes maisons, qui semblaient receler tant de mystères et de secrets, qui ne faisaient qu’attiser sa convoitise. Maintenant qu’elle avait le savoir nécessaire pour assouvir ses désirs, elle se faisait inviter dans l’un des grands Manoirs, jolie ironie…
L’habitation était plutôt assez grande, entourée d’une muraille franchissable aisément, mais puisqu’elle était attendue, elle entra par la grande porte. Le long du chemin et dans les jardins, Jaïa compta 25 gardes, comprenant des archers et des mastodontes. Cela aurait rendu son entrée plus intéressante et elle regrettait presque d’avoir été invitée. A ces pensées, un léger sourire naquit sur ses lèvres, un bref instant.

Le client qui recherchait à discréditer un trafiquant de chair lui donna rendez-vous le soir, pour plus de discrétion et la roublarde se présenta devant la porte à l’heure voulu.
Un majordome particulièrement digne l’introduisit dans l’entrée, qui semblait comportait 6 pièces dans les murs. Il la conduisit ensuite à l’étage, dans un petit bureau, où elle dû patienter. On avait disposé des biscuits et de l’eau à son intention, mais elle y jeta à peine un regard, n’étant pas là pour ça.

Au bout d’un moment, qu’elle utilisa à observer tout autour d’elle, une femme bien mise et semblant fatiguée entra, retira sa cape et la posa négligemment sur un fauteuil. Jaïa observait, sans questionner. L’inconnue portait une armure de métal et de lames, simple, mais assez souple pour se mouvoir avec facilité. Une guerrière… L’objet de sa curiosité alla ensuite se réchauffer auprès du feu qui grondait dans la cheminée, avant de la regarder pour la première fois.

A la question de Lina, Jaïa ne fit qu’acquiescer, avant d’observer avec plus d’attention son interlocutrice, tout comme cette dernière se permettait de le faire.
Puis une foule d’informations lui fut fournis. Pont-Ponant, au Nord, Taegon Serrcuivre, manoir au-dessus de la ville, entrer sans se faire voir et voler ses comptes, et ceux concernant le trafic d’esclaves et tous les autres papiers.
La prime la fit changer d’avis, la jeune elfe devra aider cette organisation à libérer les prisonniers si elle voulait toucher plus d’argent, en vu de s’acheter l’équipement qui était pour l’instant pas dans ses moyens.

Lina s’appuya ensuite sur son bureau, semblant soucieuse et extrêmement déterminée, mais pas mauvaise, lui donnant la parole, en la fixant. Jaïa n’était pas long de commencer à l’apprécier.

- Où se trouve les papiers ? Et quel est le chemin le plus court pour y accéder ?
Quel genre d’obstacles pourrait barrer ma route ?
A part les papiers concernant les comptes de votre père et le trafic de chair, quels sont ceux qui pourraient vous intéresser ?
Où devrais-je vous livrer les documents et recevoir l’argent ?

L’elfe ne s’encombra pas à faire la conversation, elle était ici pour exécuter un travail et c’était bien dans son intention d’y parvenir.

La femme se dirigea vers une haute armoire vitrée à travers laquelle on pouvait voir de nombreuses bouteilles. Même sans avoir visité beaucoup de maisons riches, Jaia voyait bien que les grand crus de manquaient pas. Elle sorti une bouteille qui contenait un alcool assez liquoreux, argenté comme un soir d'hiver. Prenant deux verres étonnamment banals pour un liquide qui devait valoir au bas mot trois mois de travail pour la voleuse et rempli les verres au tiers. En laissant un sur la table si Jaia le voulait, elle réfléchit tout en regardant pensivement le feu qui crépitait.

Lina Serrcuivre

Je ne saurais vous dire où se trouvent les papiers. J'ai quitté le manoir il y a plus de quinze ans, après le décès de ma mère. Taegon avait un coffre dans son bureau, une pièce gnome, protégé par une serrure efficace. Mais il n'est pas impossible que ce soit un piège pour conduire les voleurs à chercher dans ce coin... J'imagine qu'il va falloir vous fier à votre instinct. En ce qui concerne le chemin, Pont-Ponant longe la grande route. Soit vous l'emprunter, soit vous coupez par la campagne, mais je ne suis pas persuadé que ce soit très sécurisé en ce moment. Le manoir est plein de gardes mais si il n'a pas changé, les pièges ne devraient pas être un problèmes. Faites attention, il est probable qu'il ai des taupes à l'intérieur même du village, et vous risquez de devoir vous frayer un chemin parmi les mercenaires si le convoi d'esclave est trop avancé. Pour ce qui me concerne du reste, ce manoir pourrait brûler... Cela dit, vous devriez y trouver quelques bijoux. Si vous tombez sur un pendentif de cristal surmonté d'une libellule en argent, je vous serez gré de me le rapporter... Elle s'arrêta un instant et pris une gorgé dans son verre. Vous devrez revenir ici pour la livraison. Je peux vous promettre protection au moment ou vous serez en en vue des remparts de la ville, mais autant que faire se peu, essayez de ne pas vous faire suivre. --------------------

Elle se retourna et se contenta d'observer la jeune elfe, comme elle l'avait déjà fait. Elle tentait de le cacher, mais Jaia avait senti un soupçon de colère chaque fois qu'elle évoquait son père.

Jaïa suit son interlocutrice des yeux, l’observant servir un elixir coûteux, sans pour autant se laisser tenter par ce dernier, bien qu’un verre lui fut réservé.

Se tournant vers le feu, où se trouvait à présent Lina, la jeune elfe enregistrait les informations nouvelles qu’on lui fournissait et qui lui permettraient de réaliser au mieux son nouveau travail. La roublarde devra se concentrer en premier lieu sur les papiers, puis le bijoux, qui lui permettra de toucher plus d’argent et enfin aller prêter main forte à ceux qui délivreront les esclaves, pour pouvoir toucher une belle somme à la fin de cette mission. Mais l’elfe de la lune savait pertinemment qu’elle devra improviser une fois sur les lieux, car les choses ne se présentent jamais de la façon dont on l’espère…

Durant son discours, la Tel’Quessir avait remarqué le ton qu’employait sa cliente, à chaque fois qu’elle mentionnait son père. Pouvait-elle se permettre de l’éliminer, s’il se mettait en travers de sa route ? Mieux valait poser la question, pour en être sûre, sinon elle risquait de perdre des points auprès d’une cliente qui pourrait peut-être avoir de nouveau besoin de ses services.

- Souhaitez-vous que je tue votre père ?

A quoi bon tourner autour du pot ?

- Quand puis-je me mettre en route ?

Il ne servait à rien de s’attarder, d’ailleurs elle commençait déjà à réfléchir à la façon de se rendre à Pont-Ponant, mais il ne fallait pas non plus qu’elle se précipite.
Il lui semblait que le mieux serait de suivre la route, plutôt que couper par la campagne. Elle irait plus vite et éviterait les ennuis. Mais devait-elle s’y rendre à couvert, ou comme n’importe qu’elle voyageuse. Se montrer en plein jour éveillerait moins de soupçons et les villageois se montreraient peut-être moins méfiants.

- Je peux vous emprunter un cheval ?

Si elle doit se rendre rapidement sur les lieux, un moyen de transport lui sera indispensable. Au fil de ses réflexions, un plan lui venait peu à peu en tête. Jaïa avait à présent décidé qu’elle se présenterait au manoir au nom de la fille du propriétaire. Cela éviterait les soupçons des gardes et lui permettrait d’entrer sans avoir à forcer une seule porte, ni aucune sécurité. Pour ce qui est du reste, elle devra voir sur place.

La jeune femme soupira quand vint la proposition d'assassinat. Elle réfléchit quelque instants tout tapotant de l'ongle sur son verre.

Lina Serrcuivre

Non, non, évitez le au maximum. Il ne mérite pas de mourir aussi facilement. Je veux qu'il soit juger ici et qu'il crève abandonné dans les cachots des Seigneurs, dit elle sèchement. D'ailleurs, ce serait sans doute trop dangereux. Elle revint vers elle et la regarde. Peut-être ne devriez vous pas prendre le meurtre aussi facilement, Jaia, ils pèsent longtemps sur l'épaule des elfes. Bref. Oui, prenez un cheval si vous le souhaitez, Akim, mon palefrenier vous en donnera un. Revenez avec, ou il sera déduit de votre salaire. Vous pouvez y aller. Essayez de revenir en un seul morceau, ou ne laissez pas de traces, je ne tiens pas à m'expliquer devant une cours d'avoir envoyé une voleuse là bas. --------------------

C'est ainsi qu'elle congédia l'elfe. La porte s'ouvrit et le majordome présenta la sortie à Jaia. Comme si elle avait déjà disparu, la noble détacha son armure qui tomba lourdement au sol, avant de se diriger vers la chambre, la soie de sa sous-chemise imbibée par la pluie et la sueur laissant transparaître son corps fin mais trop buriné pour une noble.

On conduit Jaia vers les écuries. Akim était un vieux palefrenier calishite qu'on aurait cru plus jeune si ses cheveux n'étaient pas d'un blanc de neige. Sans doute l'activité physique le maintenait il en forme. Avec un accent à couper au couteau, il lui remis les rênes d'un coursier palomino au caractère nerveux, mais qui accepta l'elfe sans broncher.

L'aventure commençait maintenant.

La Tel’Quessir n’aurait pas de meurtre à accomplir durant cette quête. Apparemment sa fille lui avait choisi une autre fin qu’une mort rapide et presque indolore.
Jaïa regarda l’humaine alors que cette dernière lui donnait des conseils. C’était une façon de voir, mais pas celle des elfes. Une vie si courte que celles des Hommes n’a que peu d’influence sur eux. Que cette dernière se raccourcisse un peu plus encore ne l’empêchait pas de vivre, ni n’augmentait en rien le poids sur ses épaules. Malgré ses réflexions, la jeune elfe garda son opinion pour elle. En un sens Lina s’inquiétait pour elle, ce qui était… généreux de sa part, bien qu’elles ne se connaissaient que peu. Ou alors elle ne faisait que se montrer présomptueuse, en s’imaginant que son peuple était tout aussi faible que celui des humains. Dans tous les cas, il ne servait à rien de répondre.

Elle fut congédiée, après une dernière recommandation, qui était bien entendu dans ces plans, mais malgré le fait que le majordome l’attendait pour la guider jusqu’à la sortie, Jaïa attendit un peu, profitant de la vue que sa cliente lui offrait, observant ses courbes et la finesse du tissu qui la couvrait, avant de quitter les lieux pour se rendre directement aux écuries. Le palefrenier lui présenta un palomino nerveux, mais qui semblait en bonne santé. La roublarde l’accepta, après avoir vérifié toutes ses affaires, ne voulant rien oublier, ni perdre du temps et être prête à intervenir quand cela sera nécessaire. Elle prit ensuite le temps de se présenter au destrier, lui faisant flairer la paume de sa main, puis Jaïa fit le tour de l’animal, tout en le caressant. Cela lui permettait de vérifier son bon état de santé et commencer à tisser une relation de confiance avec lui. Alors seulement elle se mit en selle et par une simple caresse de ses talons contre les flancs de l’animal, ils se mirent en route.
Comme le trajet le lui permettait, elle fit une courte distance au grand galop, juste assez pour savourer la puissance de ce cheval et le plaisir de pouvoir se mouvoir avec lui.

La route défila à tout allure dans la nuit. Sa monture était puissante et rapide et ne rechigna pas à se dégourdir les sabots, probablement avait elle passé trop de temps dans les écuries. Elle avança ainsi dans la nuit pendant plusieurs heures, trois, au bas mot. Lorsqu'elle arriva à destination, l'aube n'était surement plus très loin.

Pont-Ponant était endormi. Le petit village ne comportait qu'une petite palissade dont l'entretien était douteux. Derrière, sur la colline, on pouvait apercevoir une grande bâtisse de laquelle s'échappaient les seules lumières environnantes.

Au sud du village s'étendait un bras de la forêt de Cryptejardin, qui prenait racine à quelques lieues de là et qu'elle aurait pu voir si le soleil avait été présent.

Mais devait elle maintenant entrer par la grande porte ou trouver une autre voix ? Après tout, sa mission était de s'infiltrer dans le manoir, pas de se la couleur douce dans la ville.

Alors qu'elle se demandait que faire, elle vit dans la plaine qui séparait les arbres du village se balader un point lumineux. Quelqu'un traversait la nuit pour à l'aide d'une torche, se rendant de la forêt jusqu'au village. Le point lumineux disparu derrière les reliefs ruraux quelques secondes après que Jaia l'eut remarqué.

La jeune elfe laissa sa monture en dehors du village. Cela lui paraissait une option plus sûre si elle devait quitter les lieux au plus vite. Elle accrocha donc ses rennes à une branche et laissa le cheval brouter tranquillement. Cette nuit de cavalcade l’avait un peu courbaturée et elle dû prendre le temps de s’étirer un peu, afin de réveiller ses muscles, ainsi que son esprit, afin de se montrer alerte et prête à remplir son travail.

La Tel’Quessir, tout en s’introduisant naturellement dans le village, observa discrètement les lieux, se trouvant des points de fuite, cherchant des gardes du regard, jusqu’à tomber sur un point lumineux dans la plaine, alors qu’elle s’approchait du manoir.
Jaïa se dit que c’était la bonne heure pour s’introduire et commencer sa mission, car tout le monde était encore endormis et qu’elle avait peu de chance d’attirer l’attention, en s’introduisant par derrière, mais en même temps… Pourquoi quelqu’un se baladait-il seul, dans la plaine, à cette heure-ci ?
Un nouveau mystère venait croiser sa route et l’elfe se laissa tenter, en se disant qu’elle pourrait toujours s’introduire plus tard dans la vieille bâtisse, mais que ce point lumineux allait bientôt disparaître. Alors, glissant son sac derrière elle, Jaïa prit tranquillement la direction de la plaine, tout en se montrant le plus discrète possible, sans rien laisser paraître de son envie d’être invisible et se mit à suivre ce mystère matinale.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

Test de furtivité : 1d20 + 7 = 24 (?)

Se fondant dans la pénombre des quelques heures avant le levé du jour, Jaïa traversa la distance qui le séparait de la silhouette qu'elle avait repéré plus tôt. Elle longea au maximum la palissade qui entourait le village et finit, elle ne savait pas exactement comment, par se retrouver au dessus de sa cible.

De là où elle se trouvait, elle ne pouvait dire qu'une chose : c'était un ou une humanoïde. Malgré la dizaine de mètres qui les séparaient, elle entendit assez distinctement une voix masculine qui se plaignait de la rigueur du froid matinale. C'était donc un homme. Et frileux. Voilà des informations glanées fort rapidement. Elle put continuer à suivre l'homme un certain temps.

Il s'enfonçait derrière le village. Pendant un moment, elle crut que celui ci remontait directement au manoir qui surplombait la ville, et dans lequel elle pourrait remplir ses objectifs. Mais la suite lui révéla que non.

Au détour d'un rocher de taille conséquente, l'homme bifurqua pour entrer dans un champ qui devait appartenir à l'un des fermiers du coin. Il accéléra le pas alors qu'il se dirigeait vers une petite cabane, probablement une annexe destinée à permettre aux travailleurs de se protéger des intempéries. Il y entra rapidement et referma la porte derrière lui. Jaïa était camouflée dans de hautes plantes qui entouraient le champ, à quelque mètres seulement du cabanon.

Mais qu’est-ce qu’il faisait par ici ? Qu’est-ce que faisait cet inconnu, apparemment frileux, à une heure aussi fraîche de la matinée ? Tous ces mystères ne faisaient qu’aiguillonner la curiosité de la jeune elfe.
Elle mit de côté sa mission, pour se concentrer pleinement à ce nouveau jeu, car c’est ce que c’était pour elle, un jeu de cache-cache, où elle ne devait pas se faire repérer, au risque de perdre la partie. Alors, se mouvant de façon presque féline dans les herbes hautes, Jaïa se glissait au côté de l’inconnu, jusqu’à ce qu’il entre dans une petite maison humaine, qui ne semblait pas contenir tout le confort dont avait besoin les humains. Ça ne devait être qu’un abris pour les jours de mauvais temps, ou alors l’utilité de cette pauvre bâtisse lui échappait complètement.

La Tel’Quessir attendit que l’humain soit entré et quelques minutes plus tard, alors que tout semblait paisible, elle s’approcha plus près, mais toujours sous couvert des herbes hautes et tenta de voir ce qui pouvait se passer à l’intérieur, à travers la seule fenêtre que possédait cette cabane. Etaient-ils plusieurs ? Ou n’avait-elle suivit qu’un ivrogne matinal, qui souhaitait boire tranquillement ?
S’approchait de la sorte lui permit également d’être à bonne distance pour percevoir la moindre discussion qui pouvait se tramer à l’intérieur, mais pour l’instant tout était calme.

L’elfe commençait à se dire qu’elle partirait bientôt, si rien ne se mettait à bouger, pour reprendre le chemin de sa mission.