L'éclosion de la fleur de lune, Retour à Eauprofonde

Le néant l’avait envahie. Pas seulement la torpeur ou l’inconscience, mais quelque chose de plus profond. Au fond d’elle-même, Ailsa avait peur. Et se laissant porter par les courants d’une mer noire et visqueuse, elle dérivait lentement au rythme de ses peurs. Couler paraissait impossible, mais il n’en paraissait pas moins de sortir du bain. Étais ce cela, la mort ? Ou étais ce simplement un rêve. Alors que l’halfeline s’abandonnait aux eaux, elle sombrait peu à peu sous la surface…

… Et dans un geste brutal se redressa. Alors qu’elle reprenait peu à peu ses esprits, elle aperçu Agaths qui était venu à sa rencontre. Les yeux grands ouverts, elle recula, toujours au sol.

- Nooon ! Laissez-moi !

Trébuchant et tombant à la renverse, elle cria de surprise. Toujours terrifiée, elle ne parvenait pas à reprendre ses esprits. Apres quelques instants de repos, Ailsa se redressa, toujours craintive et effrayée. La peur se lisait toujours sur son visage. Se redressant tant bien que mal, elle commençait à comprendre la situation mais la peur était toujours très présente. Incapable de réfléchir correctement, elle porta sa main à sa tête comme si elle souffrait soudainement d’un grand mal de crane.

Puis elle aperçu Sirophi. Son visage se décrispa un peu à la vue de son ami et peu à peu la jeune druide retrouvait des couleurs. Mais alors quelle reprenait ses forces, une autre pensée la traversa. Elle devait en avoir le cœur net, mais rebrousser chemin seule lui paraissait impossible. Elle leva lentement la tête vers Agaths et pris un ton implorant parfaitement sincère.

- J’ai perdu quelque chose… Peux tu m’accompagner le chercher ?

Quitter le groupe lui paraissait désormais une tache totalement insurmontable.

Arveene était restée dans l’ombre pendant tout ce temps et la fuite des deux chimères ainsi que le réveil de son amie lui allégea le cœur. Il ne restait maintenant qu’une seule créature en vue et celle –ci, avec ses couleurs chatoyantes, n’avait pas l’air hostile envers leur groupe. La roublarde se rapprocha doucement et apparu enfin dans la clairière. Elle croisa Hannibal et confirma les propos de leur magicien elfe. Plus vite leur groupe décollerait, plus ils auraient de chance de rattraper Zakline.

Cependant, voir Ailsa dans cet état d’égarement était troublant et ils n’avaient pas pu voir tout ce que le druide avait enduré, c’est pourquoi elle se proposa de l’accompagner chercher ce qu’il lui manquait.

- Si Agath’s est d’accord, nous pouvons y allez nous trois pendant qu’Hanni et Iélénia tente de comprendre la créature qui nous a manifestement sauvé la vie.

Arv regarda mieux son amie mal en point :

- Veux-tu manger ou boire quelque chose avant de te lever ?

Agath's eut du mal à retenir une larme en voyant la petite halfeline si mal en point. L'aidant à se relever il fit un signe affirmatif de la tête pour lui faire comprendre qu'il l'accompagnerait volontiers trouver ce qu'elle avait perdu. Par des raisons de courtoisie il ne demanda pas de suite ce qu'elle voulait retrouver et se contenta de lui montrer son appui moral.

-Je te suis Ailsa mais nous devons faire vite c'est un endroit dangereux.

A ce moment là Arveene se proposa pour les accompagner et Agath's n'y vit aucun inconvénient, remettant son arc autour du cou l'elfe se mit en marche dans la direction qu'Ailsa leur indiqua. Il prévint cependant Hannibal et la prêtresse afin qu'ils ne s'inquiètent pas trop de leur absence.

- On va chercher ce qu'a perdu Ailsa nous reviendrons au plus vite si vous voulez commencez à marcher à la poursuite de Zakline. Il suffira que vous nous indiquiez facilement la route pour vous retrouver avec des marquages au sol et des fléchés dans l'écorce des arbres.

Allez en route! Dit le mage aux deux halfelines, ils devaient faire vite.

La Fleur de Lune
Moment : milieu de journée, Date : 1 Nuiteuse 1372
Lieu : petit village aux abords de la forêt de Cryptejardin
Temps : ciel bleu, neige au sol


La druide halfeline était dans un état comme jamais on ne l’avait vue auparavant. Agaths et Arveene avaient vite compris qu’elle avait subi un terrible traumatisme et acceptèrent sans la moindre hésitation sa demande de l’accompagner dans une recherche dont il ne savait pas encore l’objectif. Cette recherche allait elle de nouveau diviser le groupe ? Au risque aussi de rencontrer les maléfiques chimères ? A croire que non car ils tombèrent vite sur ce quoi Ailsa voulait : retrouver un de ses compagnons volatiles…Ce fut Agaths qui tomba le premier dessus et comprit aussitôt en voyant un petit cadavre encore fumant sur la neige. Le pauvre animal sentait la plume et la peau brûlées. D’ailleurs il n’avait presque plus rien d’animal après avoir subi le souffle magique d’une des Chimères…La mort avait frappé.

Iélénia et Hannibal étaient restés ensemble, pour converser avec la créature draconique et féérique même si Hannibal encourageait à partir aussitôt à la recherche de Zakline, car apparemment le dragon fée détenait de précieux renseignements…

- Dame de l’Aube, mon nom est Ssi-Faerny. Je vous suis reconnaissant d’avoir combattu les grands loups qui dévoraient les villageois et d’avoir aussi débarrassé notre belle foret des monstres morts vivants. Malheureusement, y a encore ces monstres volants à trois têtes. Elles sont là à cause d’un grand sorcier très puissant dont l’âme est noire et pervertie. Il n’est plus là d’ailleurs, enfin je crois…depuis qu’il a attaqué la poète elfique. Je suis d’ailleurs inquiet car sa fièvre ne tombe pas et elle n’ouvre pas les yeux depuis un long moment…Ma magie n’y peut rien. Je l’ai cachée dans les racines d’un des arbres millénaires qu’abrite la forêt. Peut être saurez vous la sauver ?

Sans même attendre une réponse, le dragon décolla du sol avec quelques battements d’ailes. Il tourna sur lui-même et avança à mi hauteur du sol, à une vitesse assez lente pour qu’on puisse le suivre. Il les conduisit devant un gigantesque arbre dont le tronc semblait connecté au ciel. Ses branches formaient des méandres entrelacées entre elles. A l’intérieur, Hannibal aperçut un corps allongé. Il s’agissait bien de Zakline. Ses yeux étaient fermés. De la sueur perlait sur son front. Ses lèvres bougeaient un peu lâchant des bribes de mots elfiques incompréhensibles…

Iélénia suivit le dragon-fée non sans ajouter une réponse à sa demande.

-Nous verrons ce que nous pourrons faire pour les chimères. Quant au sorcier je gage qu'il doit être caché quelque part dans le pire des cas ou mort dans le meilleur.

Une fois au pied de l'arbre l'état de Zakline n'inspirait pas vraiment la quiétude. Il fallait cependant garder espoir et Iélénia était cet espoir. Elle s'approcha de d'Hannibal et du dragon-fée dans un premier temps.

-Gardez un œil sur les alentours. Je ne voudrais pas être dérangée pendant que j'essaie de la soigner. Je ne sais pas ce qu'elle a, mais je vais tenter l'impossible. Ssi-Faerny dites moi exactement ce que vous avez essayé de faire en la soignant. Et il me faudrait quelqu'un qui parle la langue des elfes que je comprenne ce qu'elle tente de nous dire.

La prêtresse s'agenouilla près de l'elfe. Elle ne pouvait comprendre ce qu'elle disait et aurait pu user de sa magie pour palier à cet inconvénient, mais ne sachant pas exactement de quel mal souffrait Zakline elle préférait garder l'usage de la puissance de Lathandre si besoin était. Elle commença par un examen du corps de cette dernière. Elle cherchait des traces de blessure, d'une quelconque contagion par une maladie, du poison et même d'éventuelle conséquence d'une magie maléfique. Il ne fallait négliger aucune cause possible de ce qui aurait pu rendre l'elfe si faible et au porte de la mort. Iélénia soupçonnait que le sorcier avait même pu l'ensorceler avec une sorte de malédiction. La vraie question qui se posait pour elle n'était pas de savoir si elle allait trouver le mal, mais plutôt de savoir si elle serait assez forte pour le détruire.

premier secours pour déterminer les causes de l'état de Zakline

Agath's ramassa le cadavre carbonisé de la pauvre bête et la tendit à Ailsa, il voulait consoler la petite hin mais les mots ne lui venaient pas à la bouche. Cette quête aurait enfin eu la vie d'un des leurs, certes il ne s'agissait pas d'un membre à part entière de leur groupe mais le magicien comprenait que pour la druidesse cet oiseau puisse être aussi important que n'importe qui d'autre.

Quoi qu'il en soit ils ne devaient pas trainer plus longtemps dans les parages, Agath's regarda la halfeline dont les larmes coulaient à flots et préféra se taire. Les seuls mots qu'il prononça furent - Ailsa nous devons continuer, ton ami est mort en te défendant c'est une mort honorable. Nous nous occuperons de lui une fois hors du territoire des chimères, rejoignons les autres au plus vite.

Agath's tourna les talons et reprit la marche par là où ils étaient venus, il aurait aimé pouvoir consoler la halféline mais il n'en était pas capable. La mort d'un être cher était quelque chose de dramatique et le cœur de son amie d'aventure porterait cette blessure à jamais. Aucun des mots qu'il aurait pu prononcer ne l'auraient aidé à surmonter cela.

Une fois revenu sur ses pas Agath's rejoignit le point où il s'était séparé des autres, accompagne d'Ailsa et Arveene mais plus personne les attendait.

*Mais où sont-ils donc passés, on devait pourtant s'attendre ici...Bref il ne nous reste plus qu'a attendre, pourquoi ne pas...*

Agah's savait que pour l'instant ils ne pouvaient rien faire d'autre que d'attendre la prêtresse et le guerrier, ils reviendraient sur leurs pas c'était certain. Mais en attendant ils pourraient peut-être s'occuper du cadavre du compagnon d'Ailsa. Il le proposa à la druidesse sans être sur de la réponse qu'elle lui donnerait.

-Ailsa peut-être devrions nous l'enterrer, nous n'avons pas d'autre chose à faire et on pourrait faire une sorte de...cérémonie? Qu'en penses-tu?

La pulsion guerrière et primale qui l'animait quelques instants plus tôt encore commençait tout juste à s'estomper mais le damarien restait en alerte de crainte que les chimères ne reviennent réclamer leur butin ou encore qu'on les guidait tout droit dans un piège. Il avait une bien faible connaissance des créatures mythiques et ce "dragon-fée", bien qu'inspirant confiance chez ses compagnons, demeurait un mystère pour lui.

Les armes toujours aux fourreaux, il emboîta le pas à la prêtresse de l'aube, serpentant entre les arbres et les taillis en scrutant les alentours de ses yeux alertes. S'ils devaient être pris dans un traquenard, au moins il serait prêt à riposter. Il le pensait lorsqu'il découvrit avec Iélénia le corps blessé de leur guide demie-elfe. La pauvre femme semblait bien mal en point et Hannibal se demandait bien ce qui avait put la mettre dans un aussi piteux état bien que les éclairs noirs qu'il avait vu la veille lui semblaient être une cause toute à fait plausible. Les dires de la créature près d'eux le conforta dans son idée mais il ne se serait jamais douté que ce sorcier puisse être assez puissant pur commander à des créatures telles que des chimères. Il le savait capable d'user de nécromancie pour relever quelques cadavres et goules mais de là à imposer sa volonté à pareils prédateurs... le groupe avait affaire à un adversaire plus redoutable qu'il ne l'aurait imaginé.


-Il est aisé de deviner s'il est parti ou bien s'il rôde encore dans ces bois. Lança le damarien d'un ton décidé alors qu'il s'agenouillait près de Zakline pour fouiller les replis de ses vêtements. Si Zakline possède encore la fleur, alors il nous cherche, si elle ne l'a plus... c'est qu'il est parti avec.


Depuis le début de cette histoire, la fleur de lune si convoitée par leur employeur semblait être la clef de bien des énigmes. A mesure qu'ils avaient été exposés aux dangers, Hannibal ne pouvait qu'en déduire qu'une autre personne était à la recherche de cette fleur et pour de plus noirs desseins que la confection de parfums. Tout cela cachait quelque chose et l'intuition du guerrier lui disait que maître Phalantar n'était pas inconnu à toute cette histoire.

Si seulement il pouvait ouvrir ce tube messager sans risquer d'être frappé par un sort, il était sûr qu'une partie de la vérité leur serait révélée mais cela serait dangereux... surtout pour un profane des arcanes magiques comme lui.

Il releva les yeux vers le dragon-fée qui voletait non loin d'eux et il se dit que peut être, elle serait capable de briser le sort qui protégeait le réceptacle. Fouillant dans ses affaires, il en sortit le tube de cuivre pour le présenter à Ssi-Faerny.


-Mademoi... madame. Il ne semblait pas très familier des usages draconiques et il préférait s'en tenir à la plus simple politesse. Nous avons trouvé ceci il y a peu et il semble protégé par quelques maléfices nécromantiques. Je ne puis le briser mais je suis convaincu qu'il a été apposé par le même mage noir qui a attaqué notre amie... seriez-vous capable de le briser?



Jet de fouille pour trouver la fleur de lune dans son étui.
Donne le tube-messager à Ssi-Faerny.

C’était une douleur insoutenable qui broyait à chaque instant le cœur de la hin. Le petit corps inerte entre les mains, elle sanglotait en constatant la tragédie. Elle avait vécu tant de choses avec son amie, et maintenant elle n’était plus. Lorsque son regard revint vers les autres oiseaux, elle avait peur, peur pour eux. Elle ne pouvait pas se permettre de les perdre à nouveau ! C’était la une douleur trop importante. Ils seraient bien plus en sécurité auprès de la guilde… Ces créatures étaient effroyables et l’avenir s’annonce encore plus sombre. Les amis de l’halfeline risquaient leur vie à continuer avec elle. Maintenant qu’elle était installée peut être que rester à l’œil serait une bonne idée…

Acceptant d’un signe de tête la proposition de l’elfe, les yeux rouges, elle enterra la créature selon la volonté de sa déesse et récita une courte prière. Soufflant, elle fixa le sol, pensive. Se relevant, elle regarda rapidement l’elfe qui l’avait aidé dans ce moment difficile, puis son amie halfeline avec un sourire gêné malgré ses yeux encore humides.

-Merci a vous deux ! Perdre un être cher, ce n’est jamais facile… J’espère que la suite de notre collaboration sera plus joyeuse.

Posant une dernière fois son regard sur la tombe de fortune, elle fit face à son amie une dernière fois. Au bout d’une minute, elle se retourna et fit face à ses compagnons et à son avenir.

-Si nous retournions avec les autres ?

Ce n’était qu’un animal et pourtant, dans les yeux de son amie, elle voyait l’aigle sirophi comme son enfant. Arveene avait beaucoup de mal à diriger ses émotions. Elle ne se sentait pas particulièrement touché par la mort de la bête mais la douleur qu’éprouvait la druidesse mettait ses convictions à rude épreuve.

Étrangement, alors que l’atmosphère était dans la tristesse. Arv avait envie de sourire. Sourire à son amie pour lui dire qu’elle pouvait compter sur elle, sourire a leur vie qui continuait malgré leurs aventures dangereuses et sourire a la mort, qui rodait près d’eux, sans jamais réussir à les atteindre.

Pendant les instants qu’ils passèrent tous les trois, la roublarde ne dit mot. Elle aida Ailsa à creuser le tombeau de son oiseau et attendit la fin des prières.

Revenu a leurs point de départ, elle s’inquiéta de la disparition d’Hanni et de leur prêtresse. Rien n’indiquait un quelconque départ précipité et ils n’avaient entendu aucune altercation. Le Dragon-fée n’était plus la également.

Machinalement, Arv regarda les traces de pas et conseilla ses compagnons à en faire de même.


Détection : trace de pas
Survie pour suivre une piste (si piste il y a)

La pretresse de l’Aube se précipita au chevet de Zakline qui semblait très souffrante. Elle commença à poser sa main sur le front de la demie elfe pour mesurer sa fièvre. Son front était bouillant. En ouvrant une de ses paupières, elle découvrit du sang . Elle parcourut ensuite du regard tout son corps à la recherche d’indices expliquant le mal qui l'avait mise dans cet état et tomba sur une blessure béante au niveau de son flanc droit. La chair avait été arrachée en trois endroits symétriques comme s’ils s’agissaient de griffes. Elle remarqua des tâches noires sur la peau. En approchant son nez, elle sentit une étrange odeur…

Hannibal demanda de l’aide auprès du dragon fée pour parvenir à savoir ce que l’étui, qu’il avait en main et qu'il savait cacher une magie. Il essuya un net refus avec une grimace à faire peur. Résigné, il s’agenouilla au sol au niveau de la tête de Zakline pour la fouiller. Il cherchait le tube dans lequel leur guide avait pu mettre la fleur de lune. Alors qui commença à ouvrir les pans de sa veste, il sentit la main de la demi-elfe lui saisir son avant bras. Elle ouvrit ses yeux injectés de sang et fit un effort surhumain pour tenter relever sa tête.

- Hannibal, promets moi le…sauve ma sœur….

Elle fut prise d’un coup de spasmes, s’étouffant jusqu’à cracher du sang. Sa main qui tenait encore plus fermement le bras d’Hannibal se relâcha d’un coup comme si plus aucune force ne l’habitait. Sa tête retomba sur le sol, avec le regard qui fixait toujours Hannibal. Mais ce regard était maintenant vide d'expression, avec des larmes de sang ruisselant sur son visage. Le damarien sentit que dans son autre main elle lui avait glissé quelque chose qui n’était autre qu’un étui, celui qui probablement contenait la fleur de lune. Il se pencha à hauteur de son visage pour tenter de sentir la moindre respiration, mais en vain…

Les trois autres compagnons reprirent leur chemin ne se doutant guère qu’ailleurs se tramait un autre drame. Ils trouvèrent facilement les traces de pas sur le sol enneigé. C’était un jeu d’enfants de les suivre. Après quelques pas, ils tombèrent sur la scène tragique où Zakline gisait au sol, avec Hannibal assis au niveau de sa tête et Iélénia agenouillée à hauteur de hanche de la demie elfe avec des tas de bandeaux plein de sang . Le dragon féé était un peu en retrait, totalement silencieux jusqu’à ce qu’il prononce ses quelques mots :

- La barde est morte….