Aventure forestière, Episode 1

Deux trois heures avant que la nuit tombe
Le ciel est couvert. Il risque de pleuvoir


En observant de plus près, l'elfe sauvage remarqua près du cadavre un panier renversé au sol, avec des champignons étalés chaotiquement. Son regard fut également happé par le reflet d'une arme au sol, une épée courte de bonne facture. A sa ceinture, il y avait toujours une petite bourse pendante et probablement contenant quelque chose.

A première vue, il n'y avait aucune blessure apparente comme aucune trace de sang. Le prêtre qui la rejoint fut également saisi par ce constat. En réfléchissant, mettant bout à bout ses bribes de connaissance, il parvint à une déduction, qui n'allait surement pas ravir ses compagnons : une force mort-vivante avait surement aspiré la force vitale de ce malheureux homme. Armé d'une simple épée courte, il n'avait eu aucune chance. Peut être un fantôme, une âme en peine ou un spectre... A ce stade, il ne pouvait pas déterminer exactement la créature fautive. En revanche, il savait que ce genre de créatures aimait l'obscurité. Tant qu'il ferait jour, le groupe serait en sécurité. Il ne restait plus que quelques heures avant que la nuit tombe...C'était une menace à prendre très au sérieux.

La druide balaya les alentours avec son sort de détection de la magie. Elle constata que l'aura magie s'était estompée en même temps que la brume. Sinon rien d'autres comme d'ailleurs sur le cadavre. Elle aussi, lorsqu'elle découvrit le corps, pensa que cela n'avait rien de naturelle, sans pour autant pouvoir la comprendre. L'explication de Thojan, s'il y avait, la conforterait dans son analyse.

Les animaux étaient toujours très nerveux, même si aucune menace semblait se pointer.


L'halfelin ménestrel avait été inspiré par la vision draconique qu'il venait d'observer. Il avait poussé une petite chansonnette, pour raconter de la façon des plus poétiques ce qu'il avait découvert. Ses compagnons avaient t-il compris ce mode de communication ? Il les chercha du regard pour comprendre pourquoi il n'avait pas eu un bravo magistral. Bon...ils avaient sûrement une bonne raison. Et puis ses oreilles furent titiller par des chuchotements, que lui seuls pouvaient entendre :

¤Petit être chanteur, faut partir avant la tombée du soleil, car les morts rôdent.¤

Enwel avec son nouveau compagnon canidé partit en éclaireuse pour trouver une piste. Elle remarqua des traces de pas au sol. Les analysant, elle en déduit que c'était un groupe de trois personnes. Les empreintes de bottes devaient appartenir à des humanoïdes de taille classique, trop grandes pour être celle d'un halfelin, et même une aussi trop grande pour appartenir à un homme de taille classique. C'était la seule piste trouvée.

Le prêtre s'était livré honnêtement à eux sur sa mission. Lui aussi était là pour l’Étoile des Fées. Le culte du dragon pour les deux elfes et la druide, il n'en avait jamais entendu parler. En revanche, Stor en avait déjà entendu parlé : une secte maléfique qui idolâtre les dragons morts pour leur pouvoir, très présente dans le Nord, dans les Terres Froides ou encore en Sembie, où les dragons sont abondants.

Cliquez ici pour dérouler le parchemin...

TC
Thojan religion 15+6 = 21
Enwel pistage 18+5 = 23
Stor chant 16+9+2 bonus mj = 27
Lyn perception 12+6=18
Sève nature 8+9 = 17

Stor savoir bardique : 13+4 =17

Après s'être excusé auprès de l'elfe, le prêtre de Torm se retourna vers l'ensemble du groupe et pointa d'un doigt accusateur la scène morbide et les champignons éparpillés au sol.

–Il y a autre chose: cet humain n'a pas été tué par une cause naturelle; il ne porte aucune marque de de blessures. Son corps est étrangement desséché, ce qui n'est pas normal dans un tel environnement. Regardez les champignons qu'il portait, ils n'ont pas subi la même décomposition... C'est de la magie qui l'a tué. Ou pire encore, un mort-vivant !

L'assurance naturelle teinté de pédanterie de Thojan en avait pris pour son grade. Il venait de se retrouver projeté de nombreuses années en arrière quand, horrifié, il avait eu à s'occuper des corps de victimes d'un tel monstre. Les cadavres avaient été vidés de leur force vitale, comme desséchés. Un prêtre plus âgé lui avait sommairement expliqué le processus, qu'il fallait distinguer de l'absorption de l'esprit. Dans ces cas, le corps restait presque frais.

– D'autres s'attaquent à notre âme, et c'est une chose plus horrible encore. avait jadis disserté le prêtre vétéran "Mais avec Torm à tes côtés, tu pourras un jour invoquer assez de pouvoir et de foi pour repousser et bannir ces monstres. N'oublie jamais que le Vrai Dieu est notre Seigneur et que nous sommes ses mains."

La leçon de sa jeunesse avait été autrement plus glauque que cette dernière parole, mais Thojan s'attachait à retenir les choses positives. En l'état, le temps leur manquait. Il hésita un peu avant de reprendre auprès de ses infortunés compagnons:

– Si une telle créature rôde par ici, c'est un tout autre danger qu'un trio de maraudeurs. Certains spectres sont hantés par leur passé et cherchent à se repaître de tout être vivant dans l'espoir de récupérer quelque chose de perdu. D'autres sont fous et sans dépourvus de raison. Leur toucher peut nous tuer, mais des armes communes passeront à travers leur corps car ils ne sont plus vraiment de ce monde. La lumière du jour les effraie, et elle décline...

Pendant qu'il parlait, il se défit de son bouclier, puis de son sac à dos protégé de la pluie. Avec des précautions dignes des scribes gardiens de Château-Suif, il évita d'en mouiller l'intérieur en sortant une fine baguette métallique délicatement ciselée, avec un petit étui était ajusté sur la tête. Le soulevant à moitié entre le pouce et l'index, Thojan révéla ainsi une lueur magique aussi forte qu'une torche, avant de le refermer et de ranger l'objet à portée de main. Il conclut en se rééquipant.

– Je ne pense pas que ça suffira pour l'éloigner, mais nous ne serons pas aveugles dans la nuit. Nous devons progresser et tenter de trouver un refuge avant que le soleil ne se couche. Je ne peux garantir notre sécurité, mais je tâcherai de le garder à distance. Nous devrons alors rester groupés.

Sur sa poitrine battait le symbole divin du Dieu du devoir. C'était un maigre réconfort face à une telle nouvelle, et toute piste qui pourrait leur permettre d'avancer rapidement serait bonne à prendre.

La Tethyrienne découvrit avec horreur le cadavre du ramasseur de champignon au loin. Ça aurait pu être n’importe lequel de ces nouveaux compagnons. Elle s’approcha du corps lentement, agacé par l’agitation de ses loups qui la déconcentré. Le regard triste, elle ramassa avec nervosité la lame au sol avant de s’en servir pour couper la bourse qui pendait de la ceinture du mort. Soupesant l’objet, elle l’ouvrit et se rendit vite compte qu’il n’était pas vide. Il ne s’agissait donc pas de brigands mais bel et bien d’une chose qui préférait tuer pour son plaisir. Elle examina l’arme pour y trouver une éventuelle trace de sang. Complètement désintéressé par les biens matériels, elle les remis à la personne la plus en armure du groupe à savoir Thojan.

- Tenez, cette épée n’est pas magique, sa famille sera surement heureuse si on lui ramène autre chose que de bien triste nouvelle. Et cette bourse est pleine, il ne s’agit pas de voleurs ça s’est sûr !

Sève ramassa ensuite les champignons qui trainés de ci de là avec l’espoir secret qu’il s’agisse de ceux qu’elle et Thojan cherche. Elle les rassembla dans le panier en vérifiant méticuleusement la présence d’une forme d’étoile sur ces derniers. Secouant la tête, elle s’approcha plus près encore du cadavre pour vérifier les dires du prêtre.

- La nature n’a pas pris cette âme, non, effectivement la magie semble se mêler à tout ça, oui, tout sec, tous desséché, je connais un sort qui permet ça, la dessiccation, c’est de la nécromancie ! Quelle triste fin… mais pourquoi…que faisait-il de mal en ramassant ces champignons ?

Comme une âme en peine, la druide s’écarta du corps un instant après avoir féliciter la Gardienne de sa trouvaille.

- Merci Lyn de nous avoir permis de découvrir cette dépouille, grâce à toi nous en savons un peu plus.

Sève rejoignit l’halfelin et l’interpella.

- Veuillez excusez mais j’étais un peu concentré par autre chose. Je tenais à vous remercier pour votre chant, il a était peut-être plus salvateur qu’on le pense à bien y réfléchir. Stor, vous évoquez un dragon des brumes ?

Les pires craintes de Stor semblaient être réalité, un mort-vivant, drainant toute vie, errait dans cette forêt. Était-il à l'origine de toutes les disparitions récentes ? Il fallait espérer que non sinon les chances de retrouver Urgon vivant venaient de chuter en flèche et le Halfelin frémissait déjà à l'idée de devoir annoncer au jeune Yvan la façon dont son père était mort.

Un contact mental arracha le barde au spectacle du cadavre, lui faisant vivement tourner la tête dans la direction vers laquelle était partie la créature brumeuse. Discernant encore les dernières volutes qui ne tarderaient pas à disparaître, il tenta de maintenir encore un instant ce lien particulier.

- Merci de ce conseil, vaporeux ami, émit-il en retour. J'espère que ton vol et nos pas se croiseront de nouveau. Toi qui connais parfaitement le moindre recoin de ces bois, où peut-on se réfugier pour éviter les morts ? Comment lutter face à eux ?

Alors que Stor sollicitait l'aide du dragon de brume, il laissa ses compagnons commenter la découverte. Il fallait bien évidemment prendre avec eux l'épée et la bourse du malheureux qu'ils venaient de trouver, ne serait-ce que pour l'identifier, une fois rentrés au village, et permettre à sa famille de faire son deuil mais tout ça ne leur indiquait pas la décision à adopter pour la suite de leur expédition.

Pour le jeune Halfelin, peut-être trop insouciant et comptant trop sur sa chance, remonter la piste allait de soi, un retour anticipé à Brost ayant trop de conséquences négatives sur le moral de ses habitants. Maintenant, il convenait de ne pas agir de façon inconsidérée, d'où la requête soumise mentalement, dans le vide peut-être.

Ramené à la réalité par les félicitations de Sève, le barde les accepta d'une inclinaison de tête alors qu'il léger sourire naissait sur ses lèvres.

- Merci bien, gente dame, pour vos éloges, commenta-t-il. Nous avons tous remarqué que cette brume n'avait rien de nature mais j'ai pu, par chance, accompagner du regard le brouillard alors qu'il se dissipait et l'ai nettement vu se reformer dans le ciel, sous l'apparence d'un dragon. Jamais encore, je n'avais vu, de mes yeux, un tel être, bien que nombre de récits y fasse allusion, mais je l'ai immédiatement reconnue. J'espère que mon chant a pu lui rendre hommage qu'il méritait.

Levant encore la tête vers le ciel, le Halfelin se surprit à rêver encore.

- Avec l'aide d'une telle créature, nous viendrions à bout de bien des difficultés, murmura-t-il, comme pour lui-même.

Thojan reçut les objets du défunt avec gravité, manifestant son accord quant à leur restitution.

¤ Je ne les ai pas mal jugées. Cette femme n'est pas bassement intéressée et a pensé à la famille de ce pauvre hère avant elle. ¤

Ce ne fut que quand Sève évoqua le chant murmuré du barde que le prêtre réalisa qu'il avait été porteur de signification. Avec la découverte du cadavre, Thojan s'était précipité, mais n'avait toujours pas trouvé l'origine de la brume qui les avait assaillis. Trop habitué à voir les bardes animer les fonds des taverne –avec une musique plaisante il est vrai–, il avait quelque peu remisé Stor dans les badauds peu qualifiés pour une telle équipée. Tout au moins l'halfelin faisait-il montre d'implication; le prêtre savaient que les petits hommes pouvaient être d'une ressource extraordinaire. Il le reconsidéra sous un regard neuf quand ce dernier expliqua ce qu'il avait aperçu et ses conséquences. Pour Thojan, la conclusion était cependant à nuancer.

– C'était donc un dragon qui nous a aveuglé ainsi ? Ou qui avait pris la forme de cette brume ? Ces créatures sont légendaires, mais bien trop dangereuses. Un vol de dragon a rasé une ville du Vaste il y a deux mois à peine. On dit que tous les grands vers de Faerûn sont en train de succomber et de devenir fous. C'est une partie de la raison pour laquelle je suis ici.

La druide leva les yeux au ciel comme pour apercevoir ce que lui disait le barde. Mais il était bien trop tard pourtant elle décela quelque chose de bien plus pressant.

- La nuit sera bientôt là. Le ciel se couvre de plus en plus et il risque de pleuvoir des grenouilles plus que des dragons. Quoi que ces derniers semblent se montrer en ce moment…
Ce déluge qui arrive peut redonner une seconde vie à ce pauvre humain tout desséché. Prêtre, que prévoit ton dieu pour le corps, nous avons peu de temps devant nous, je te propose qu’on le couvre de branche, la Déesse Verte sera surement quoi en faire ensuite, il retournera à la nature comme tout le monde. Stor, veux-tu lui donner quelque mots pour l’accompagner ?

Sève retourna auprès de ses loups pour les calmer un peu. Elle prit la direction d’Enwel qui venait de trouver à nouveau quelques traces de pas. Elle les détailla avec elle.

- Les humains laissent plus de trace que les dragons sous forme de brume n’est-ce pas ? Elles sont fraiches ? Avec la pluie qui arrive cela sera même plus simple de les pister ? On dirait bien que c’est le groupe que recherche Thojan, regardes celle-ci là, plus grande, un orc ?

Il ne fallait pas trop trainer et trouver un abri pour la nuit au plus tôt. Personne n’avait pris une carte du coin en ville avec d’éventuel refuge indiqué. Il fallait maintenant espérait que ce trio face la même chose qu’eux, les suivre semblait être une bonne option. La druide semblait fin prête.

- A présent si vous le voulez je peux nous permettre de ne pas laisser la moindre trace de nos pas derrière nous jusqu’à la tombée de la nuit. Il y a bien d’autre façon pour nous retrouver comme la magie, l’odorat ou l’ouïe. C’est un maigre avantage en forêt mais bon …nos animaux seront par contre pas inclus.

Attristé de ne pas offrir une meilleure protection au groupe, Sève retourna auprès du cadavre pour y apporter quelques branchages ou une aide quelconque. Elle en profita pour voir s’il il n’y avait pas les mêmes empreintes qu’avait découvert Enwel. De nature la plus neutre possible elle ne voulait conclure sur la mort de ce cueilleur, ca pouvait être le trio, le dragon ou tout autre chose encore...

– Je ne connais pas les coutumes de ce pays... commença Thojan en réponse à la question de la druidesse. "Comme il a été touché par la non-vie, il faudrait brûler le corps, mais je n'ai pas les moyens de le faire maintenant. Je crois qu'il est plus urgent de poursuivre notre route."

Il contempla un instant le corps, comme en proie à de profonds souvenirs, puis marmonna une opinion aussi pragmatique et pleine de bon sens que dénuée d'empathie et de sensibilité.

– Dans l'immédiat, je le démembrerais...

Sans presser davantage cette idée, le tormtar ne put qu'abonder dans le sens de Sève lorsque qu'Enwel fit part de sa trouvaille. Thojan semblait plus inquiet à l'idée de perdre trace du groupe que de faire face à un mort-vivant. Peut-être parce que suivre les uns les éloigneraient sans doute de l'autre... Il écouta avec une retenue hors du commun les conseils des forestiers et s'en remis à eux pour le pistage et la progression. Lui-même délia ses membres endoloris avec une visible impatience, en prévision de l'effort à venir. Il fit pivoter son havresac pour en sortir une outre de peau remplie d'eau, et but quelques gorgées. Malgré l'humidité, transpirer lui donnait soif.

¤ J'aurais du poser des questions sur les alentours et les endroits remarquables. Si jamais nous nous perdons, je ne pourrai que revenir en droite ligne en espérant m'orienter avec le soleil. Plus nous avançons et plus tous les arbres se ressemblent. Les elfes savent peut-être quelque chose de ces lieux. ¤

– Hum. Linnevèllehatria ? écorcha phonétiquement Thojan avec un air prudent. "Vous disiez venir de Haute-Forêt ? De la Haute-Forêt du Nord ? Ou bien connaissez-vous un peu cette région ?"

Physiquement, son interlocutrice avait tout des elfes des bois dont les récits sur le Téthyr ne cessaient de parler. Leur guerre avec la civilisation était séculaire, teintée d'armistices avec les souverains modérés. On pouvait espérer une paix durable avec le nouveau couple royal, mais les rancœurs restaient tenaces. Et Thojan marchait sur des œufs pour ne pas paraître impoli.

Si Thojan sait quelque chose sur les capacités de détection / poursuite des morts-vivants (rapport à la proposition d'utiliser Passage sans traces), il fait bien entendu étalage de ses connaissances.

Elle l'avait vu la forme draconique s'évaporait au loin, profitant des mots de Stor, qui sonnaient en son esprit comme un au-revoir à la Créature. Elle n'en avait jamais vu. Malgré des décennies de voyage à travers les forêts de ce monde c'était la première fois qu'elle voyait un dragon d'aussi prêt. Elle garda les yeux en l'air un moment, ne faisant guère attention à l'agitation qui venait de naître. Elle voulait creuser en son être un fossé assez profond pour y retenir chaque détails de cet instant. Ce fut seulement quand la discussion devint grave qu'elle cessa de regarder le ciel pour revenir à la réalité. A cette dure réalité qui concernent tous les vivants : la mort était devant eux. Un être décharné exhibait sans pudeur son état, mais Enwel le regarda sans émotions. Elle avait appris à faire avec la mort, pour l'avoir causée et soufferte suffisamment. De plus, ce qui avait été un homme en apparence avait bien assez de ses comparses comme gardiens mortuaires. Elle décida d'être plus utile et de s'éloigner et ce malgré sa curiosité naturelle. La brume n'étant plus là, ses recherches pouvaient continuer. Son molosse à ses cotés elle prit l'initiative d'observer les lieux.

Elle ne tarda guère à trouver quelque chose d'utile. En effet, un peu plus loin sur ce qui semblait être un chemin, les traces de pas d'un groupe réduit était clairement visibles. Trois individus, pensa Enwel en séparant les pointures de chacun. Probablement des hommes, se dit-elle. Quand elle s’intéressa à la dernière série de pas, elle revint sur sa conclusion précédente. Manifestement, une créature plus massive faisait partie de la troupe, mais elle ne pouvait deviner sa nature exacte. Prudente elle garda pour elle la réprobation qu'elle ressentait à l'initiative de Sève qui l'avait rejointe. Pour la sylvestre rien ne prêtait à penser qu'il s’agissait bien du groupe que traquait Thojan, mais sentant l’anxiété de la druidesse, Enwel tenta de contenir son caractère et de nuancer sa réponse dans la langue commune.

- C'est peut être un orc ou autre chose. En tout cas c'est vivant et ça va part là.

La silvestre leva son bras e montra une direction droit devant elle.

- Un groupe de trois, peut être le groupe de Thojan ou des cueilleurs qui se regroupent de peur d'être les prochains.

Elle ponctua sa phrase par un geste de la tête qu'elle lança vers le centre d'attention du groupe avant de se relever. Tronche était anxieux, Enwel le perçu sans aucune difficulté. Quelque chose lui pesait aussi, mais elle ne parvenait pas à définir quoi : La mort ? Le jour déclinant ? L'anxiété du groupe additionnée à la leur ? Le tout probablement, mais cela n'avait pas d'importance dans l’immédiat. Il fallait lui montrer qu'il n'était pas seul. La sylvestre posa alors sa main sur le sommet de sa large tête. Part se geste de domination elle voulait lui montrer sa force et ainsi le rassurait. Le canidé percevrait son trouble malgré sa volonté de la lui cacher, mais tous deux formaient un duo qui pouvait surmonter cette peur instinctive qui les tenaillait alors. Du moins jusqu'à une certaine limite se dit-elle.

Elle rejoignit le groupe alors que celui-ci devait régler une question des plus délicates. Que faire du corps ? La question était simple, tellement qu'elle divisait. Plusieurs propositions, plusieurs rites furent émis, mais une seule solution trouva grâce aux yeux de la sylvestre.

-Thojan a raison, il ne doit pas pouvoir nous poursuivre dit-elle sombrement avant de faire part de sa découverte, il y a un chemin part là et sur ce chemin des traces qui s'éloignent. Trois individus, deux hommes et un troisième plus massif. Ce sont peut être les individus que tu cherches Thojan ou un groupe de cueilleurs, elle fixa le groupe avant d'achever sa phrase, en tous cas ils sont vivants et ce soir tous les vivants devront lutter ensemble.

D'une caresse sur le flanc elle calma Tronche qui s’énervait à mesure que descendait la nuit. Elle attendait la décision de ses comparses. Elle croisa les bras sur sa poitrine fixant anxieuse les lueurs du jour qui s'en allaient mourir paisiblement à l'horizon. Peut être nos feux s’éteindront-ils eux aussi ce soir, pensa-t-elle. Autant qu'elle le pût elle ne montra rien des émotions que réveillait en elle cette pensée. Le faisait-elle bien ? Voyaient-ils que ses mains serraient fort ses bras opposés pour ne pas trembler ? Le mal qui rodait réveillait en elle de vielles douleurs qu'elle pensait ne plus souffrir et l'idée d'être seule à nouveau la terrifiait. Parviendrait-elle cette fois à les protéger ? Elle rumina cette question, trouvant l'attente interminable. Mais elle attendit qu'une décision fût prise.

Jet de volonté pour masquer son trouble intérieur aux autres membres du groupe.

Deux trois heures avant que la nuit tombe
Le ciel est couvert. Pluie.


La druide avait vu juste. On pouvait déjà entendre les premiers clapotis sur les branches sylvestres. La pluie s'était invitée, mal polie qu'elle est, sans demander l'avis à qui que ce soit. Toutefois, elle avait au moins la délicatesse de le faire avec une certaine douceur, avec des petites gouttes semblant flotter les airs. Ce petit crachin s'annonçait long et pénétrant.

Enwel, forestière aguerrie, savait que dans quelques temps cette intruse aquatique allait faire disparaître les traces de pas trouvées sur le sol. Mais pour l'instant, elle n'arrivait pas à se soustraire d'un certain trouble. Le chien se laissa caresser et se frotta sur les jambes de sa nouvelle maîtresse. Peut être qu'une complicité entre eux était en train de naître ?

Thojan se creusait les méninges pour se remémorer quelques connaissances concernant les morts vivants, qui pourraient leur être utiles. Par exemple, ce genre de monstruosités sont elles capables de pister des traces ? D'instinct, il aurait rapidement répondu négativement mais il se souvint d'une histoire racontée par un chasseur des morts vivants qui de chasseur était devenu la proie d'un spectre intelligent et obstiné. Il avait survécu en prenant conscience qu'il ne fallait jamais sous estimer ces êtres maléfiques. Avec sa torche, il savait aussi que dans la nuit profonde il serait vite repéré et que cela n'est pas cela qui effrayerait un mort vivant. D'un autre côté, tomber nez à nez avec ce genre de créature pouvait aussi s'avérer très dangereux...


Quelles décisions allaient prendre maintenant le groupe ? Rebrousser chemin ? Suivre la piste des traces des trois créatures ? Trouvez un abri et campez ?

Tout le monde semblait d’accord pour ne pas rebrousser chemin jusqu’au village de Brost. Pourtant l’inverse aurait été plus sage et permettait au groupe de pouvoir passer la nuit bien au sec sans le moindre danger. Le temps par contre ne jouerait pas en leur faveur et rattraper le trio serait encore plus difficile.
Sève puisa dans la toile et offrit sa magie druidique à ces quatre comparses en apposant avec bienveillance la paume de sa main à leurs contacts. L’incantation était incompréhensible et semblait emplie d’une bonté naturelle. Elle était prononcée d’une voix forte par rapport au gabarit de la Tethyrienne :



Sève reçu quelques gouttes de pluie sur le visage en retour. Elle remis le capuchon de sa pélerine et l’attacha à l’aide d’une fibule aux motifs elfiques. Elle scruta à nouveau entre deux grands arbres le ciel qui se couvrait. Elle essayait de déterminer les prévisions climatiques de la nuit qui arrivait et de la prochaine journée.

Armé de son bâton, elle s’écarta légèrement des sentiers battus le temps que le groupe se mette en position de marche défini. Elle fouina sans la moindre gêne dans toutes sortes de taillis, y compris les fourrés, les buissons épineux et les autres zones de végétation dense afin de trouver de quoi accompagner les savoureuses giroles qui constituaient le butin du cueilleur assassiné. Sait-on jamais, elle pouvait aussi tomber sur des Etoiles de fées !

Tout comme leur maitresse, Trompette et Tristan semblaient eux aussi partis vagabonder dans le coin. Il connaissait bien la nature exaltée de Sève. Très active, elle ne restait pas vraiment en place longtemps et se dévouait corps et âme pour les autres.

Sort passage sans trace- compétence survie pour trouver à manger et déterminer si la pluie va persister - Capacités spéciales : Déplacement facilité hors sentiers