Invitation au voyage

Rencontre en Manoir Somptueux
Mi-jour du 29 Mirtul (V) de l'année 1373 CV, Frontière Sauvage
Impliquant Ashura, Ghaz Arghur Gro-gzor, Metzli Arnesen, Sabetha et Virgile
Un étrange liseré de lumière attira l’œil aguerri des aventuriers, qui finirent par entrer en trois salves dans une tente aux allures des bédouins de l'Anauroch. Ravio, ce gnome archiviste, allait les entraîner dans l'exploration d'une tombe d'un Vizir du Calimshan oubliée pendant un millénaire, non sans avoir d'abord à traverser trois jour de désert inhospitalier.

- Entrez, c'est ouvert !


Voilà ce que les trois groupes d'aventuriers avaient entendu, tour à tour Sabetha-Virgile-Ashura, Metzli, et finalement Ghaz Arghur Gro-gzor.

Puis leur était apparu, de nulle part vraiment, un rideau de lumière à peine visible, sur le bord du chemin. Une sorte de portail, haut et large comme un ogre mâle adulte ; on pouvait en faire le tour, le toucher, et regarder à travers. Le rideau était transparent, mais outre le décor de bord de chemin que l'on s'attendait à voir si cet étrangeté n'avait pas été là, l'on devinait aussi ce que ce rideau cachait : l’intérieur d'une pièce.
Une pièce extra-dimensionnelle.

Les aventuriers étaient mesurés quant à cette apparition son et lumière, c’était bien compréhensible. Ainsi, pour chaque groupe, un gnome avait du venir les sortir de leur rêverie ; le rideau de lumière tiré, tout effet de transparence disparaissait et l'on pouvait alors pleinement embrasser le décor somptueux de ce recoin de paradis où tout n’était que calme, luxe, et volupté.

Ghaz Arghur Gro-gzor encore plus que les autres, hésitait. Il regardait le quatuor d'humains aussi bizarrement qu'ils ne le dévisageaient, assis à même le sol, sur des coussins. La pièce était digne des plus belles tentes bédouins que l'on pouvait avoir entendu parler. Aussi, quatre domestiques translucides étaient au garde à vous, droits comme des i, prêts à obéir aux ordres du maître des lieux.

Ravio

- C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Heureusement que je n'avais pas de pétales de felsul dans l'alambic sinon ce n'est pas un pulvérisateur, mais une cuillère qu'il aurait fallu pour s'en servir ! Sans même faire de pause, il enchaîna. "Et on enlève ses bottes, les tapis ça coûte cher à faire nettoyer !" Il regarda le demi-orc. "Oui, c'est de la magie, et non ce n'est pas dangereux d'entrer là dedans. C'est une porte extra-dimensionnelle qui ne se refermera pas avant demain, et quand bien même elle devait se refermer sur nous, nous nous retrouverions sur le bord du chemin là où nous y sommes rentrés. Non, je ne lis pas dans les pensées, voir votre tête était suffisant pour cela. Et oui nous sommes maintenant au complet, personne d'autre ne pourra entrer ici. Enfin, pour en sortir, il suffit de repasser par la porte. N'oubliez pas vos chaussures, je ne fais pas service de décrottage !" -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

Il regardait toujours le demi-orc de ses yeux globuleux. Il y avait quelque part une bonne dose de masochisme à écouter le gnome parler sans lui aplatir le museau d'un coup de poing, ou plutôt de pied vu sa taille. Il avait l'air si fébrile, cependant, qu'il n'imposait aucune peur, ni même crainte. Amusement et curiosité était sans aucun doute les deux sentiments principaux que les aventuriers éprouvaient à cet instant.


Les quatre humains avaient été laissés en suspend pendant une bonne heure, alors que Ravio s’était affairé à fouiller dans un coffre, et dans une bibliothèque, échappant toute une variété d’onomatopées improbables, déplaçant des objets et ouvrages sans réelle cohérence apparente. Il avait aussi passé une part non négligeable du temps à incanter, et les compagnons avaient, au moins une fois, ressenti un léger trouble comme si leur conscience s’était détachée de leur corps l'espace d'un instant. Tout transpirait la magie divine dans ce lieu, et les auras magiques puissantes se noyaient les unes dans les autres.
Les compagnons n'avaient cependant pas éprouvé de lassitude, d'impatience, ni même de crainte. Le lieu était paisible, tiède, et réconfortant. En outre, une carte de Faerun qui aurait fait baver d'envie le plus expert des cartographes, laissé négligemment en vrac sur la table, leur avait donné de quoi ruminer tout ce temps.


Il s'en retourna vers Sabetha, Ashura, Virgile et Metzli, invitant Ghaz à le suivre, et sauta sur son coussin en bout de table. C'est alors que les serviteurs translucides se mirent en mouvement : il portèrent plateaux, théières et pichets vers la table centrale et versèrent leurs contenus dans des verres et cornes : thé, bières ambrées, et vin pourpres étaient au menu, accompagnés de canapés en tout genre, pousses d'asperges, broccolini, et fanes d'oignon nouveaux. Une myriade d'autres plats attendaient dans un coin de la pièce, où les serviteurs translucides se re-postèrent.
Le gnome ne se fit pas prier et commença à ingurgiter les canapés tout en priant ses invités de faire de même.

Ravio

- Je suis Ravio, antiquaire, collectionneur, et bibliothécaire. Appelez cela archiviste si vous le voulez. Il regarda les compagnons un à un. - Disons les choses de manière directe : je sais là ou les trésors sont enfouis, et vous, vous savez les récupérer. Il ne fit aucune pause et continua de la manière la plus naturelle qu'il soit. - Celui pour lequel je vous ai convoqué appartenait à Masulk le Magnifique. Il était un puissant vizir de l'empire Shoon sous le règne de Amahl Shoon V, durant le sixième age de Calimshan, il y a un millénaire de cela. A sa mort, il fut placé sur son tapis volant préféré, qui le déposa non loin d’où nous nous trouvons maintenant. Ses serviteurs lui firent une tombe digne de son rang, et enfouirent avec lui l'intégralité de ses possessions. Figurez-vous que sa tombe n'avait jamais été localisée, jusqu’à récemment. -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

Il continuait de mastiquer ses pousses d'asperges tout en parlant, attendant une réponse des convives.

Metzli avait découvert avec un grand étonnement l’endroit où elle avait atterri un peu contre son gré, en suivant par curiosité l’injonction qui lui avait été faite.

Elle avait observé avec beaucoup d’intérêt ce nouvel environnement, puis les cinq autres personnes qui s’y trouvaient : quatre d’entre elles semblaient aussi surprises qu’elle-même, la dernière était visiblement le maître des lieux. Elle ne reconnut que l’une d’elles : Sabetha, la courageuse magicienne aux côtés de laquelle elle avait lutté contre les molosses apparus subitement au cœur du Festival de magie.

¤Une alliée de poids… quels que soient les événements qui nous attendent…¤

Le gnome et l’espèce de fouillis qui l’entourait n’avaient rien d’inquiétant aux yeux de l’ensorceleuse qui retrouvait là un environnement familier : des collectionneurs originaux, antiquaires à leurs heures perdues, elle en avait croisé plus d’un à Athkatla, dans le magasin de produits exotiques de son père. Si quelques-uns pouvaient se révéler inquiétants, la plupart étaient parfaitement inoffensifs, trop occupés à assouvir leur obsession pour les objets rare que pour faire le moindre mal à une mouche.

Elle avait attendu patiemment que le maître des lieux leur présente les raisons de leur présence ici : elle ne le connaissait pas, pas plus que les autres aventuriers présents dans cet espace extra-dimensionnel. Le moment était finalement arrivé et la jolie amnienne s’était assise à la table pour l’écouter. Constatant qu’il mangeait lui-même la nourriture qui se trouvait devant eux, elle ne put résister à la tentation de goûter à l’un des amuse-bouche qu’on lui proposait.

C’était en mâchonnant un met délicat qu’elle avait écouté Ravio leur exposer en peu de mots ce qu’il attendait d’eux. Elle fut la première à prendre la parole, répondant avec l’impulsivité qui la caractérisait bien souvent :

- Si vous me permettez une question : pourquoi nous ? La région ne manque pas de mercenaires prêts à vendre leur corps et leur âme pour quelques centaines de pièces d’or… Je ne nie pas que vous avez attisé ma curiosité, mais j’essaie de mettre à profit les talents que m’a offerts la nature en aidant les autres, pas en pillant des tombes millénaires…

Elle marqua une courte pause avant d’ajouter :

- Sauf votre respect, par autres, j’entends des personnes en grand danger ou qui cherchent à éviter que le mal ne se répande… pas un collectionneur soucieux de compléter ses fonds et qui pourrait parfaitement embaucher quelques malandrins pour parvenir à ses fins.

Elle exposait là avec sincérité son point de vue : elle ne s’engagerait pas dans une mission dénuée de sens.

e gnome fronça les sourcils, visiblement piqué par le franc parler de la jeune femme, ses demies-insultes envers la caste des archivistes, ou peut-être tout simplement de son manque de connaissances.

Ravio

- Vous avez la faculté de lancer des pouvoirs de manière innée comme les mages lancent des sorts à partir de leur grimoire. Les effets sont similaires sinon identiques, mais ces manifestations reposent sur deux mécanismes fondamentalement différents. Il occultait totalement la raison pour laquelle il savait qu'elle était ensorceleuse. "Voyez-vous ? Comment apprenez-vous de nouveaux pouvoirs ? De manière innée me direz-vous. Certes. Certes. Mais... comment ? Vous avez du sang draconique, ou féerique, ou quelque autre créature qui a in fine engendré la bâtarde au sang magique que vous êtes. Oui, mais COMMENT ? Votre paternel avait-il les mêmes pouvoirs que vous ? J'en doute. Ce n'est pas qu'une affaire de sang." -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

Il fit une pause, non content de son effet. Il n'en laissait rien paraître cependant, bien trop emporté dans son explication professorale. Il n'enfourna même pas un autre canapé.

Ravio

- La toile n'est pas qu'une source d’énergie pour les sorts et autres pouvoirs innés - vous me pardonnerez mon vocabulaire simpliste -, c'est aussi une conscience collective. Chaque fois qu'un sort ou pouvoir est utilisé, il rafraîchit la mémoire de cette conscience collective ; s'il n'est pas utilisé pendant longtemps, il est oublié et disparaît. Quelqu'un devra le redécouvrir ou le réinventer de quelque manière que ce soit pour le remettre à disposition des utilisateurs de cette conscience collective, la toile. -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

Il fit une pause pour laisser le temps d'ingurgiter cette information, et les conséquences qu'elle pouvait avoir sur les utilisateurs de la toile ici présents.

Ravio

- Le but de cette mission est double. Masulk a été enterré avec l'intégralité de son arsenal magique. Imaginez-vous quels pouvoirs enfouis y résident ? Des sorts oubliés depuis un millénaire ! Ces sorts sont un bien commun, ils doivent être remis à disposition dans la toile. Enfin, pour une raison que j'ignore encore partiellement, la localisation de cette tombe s'est révélée d'elle-même, indirectement. J'ai été rapide, mais ce n'est qu'une affaire de jours avant que vous ayez de la concurrence... pas forcément bien intentionnée. Le meilleur moyen de replonger la tombe dans son silence, est encore d'y entrer. -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

Lancers...

Sabetha - Jet de compétence : Connaissance (nature) : 11(d20) +7(deg) +4(Int) = 22
Sabetha - Jet de compétence : Connaissance (histoire) : 11(d20) +4(deg) +4(Int) = 19
Sabetha - Jet de compétence : Connaissance (noblesse et royauté) : 13(d20) +8(deg) +4(Int) = 25
Ashura - Jet de compétence : Connaissance (nature) : 13(d20) +4(deg) +3(Int) +2(trait) = 22
Ashura - Jet de compétence : Connaissance (histoire) : 2(d20) +4(deg) +3(Int) = 9
Ashura - Jet de compétence : Connaissance (noblesse et royauté) : 12(d20) +4(deg) +3(Int) = 19
Sabetha - Jet de compétence : Art de la magie : 10(d20) +8(deg) +4(Int) = 22

Metzli avait découvert la magicienne dans des temps dangereux lors du festival. Et si elle la savait généralement douce et bienveillante elle avait aussi découvert son côté martiale, un esprit de flammes glacée. Les flammes autour des mains de la magicienne et dans ses yeux ne s'étaient définitivement estompée que lorsqu'elle avait vu partir sa fille, accompagné d'un membre du Collège, retourner aux portes de Lunargent via un cercle de téléportation. A l'exception de la pique qui n'avait servi qu'a attirer les molosses au début du conflit, elle avait à peine décroché un mot pendant toute la durée où Lyly pouvait encore se trouver en danger.
En fait, quand le "grandiose" final des archimages avait fait son entrée elle avait parue d'autant plus en colère et était passée à ça de filer un maternel savon au conciliabule de mages surpuissants qui avait mit sa descendance (et accessoirement des centaines d'autres convives) dans un danger mortel. Heureusement pour elle, elle s'était abstenue.

L'ensorceleuse amnienne avait compris que sa nouvelle compagne n'avalait pas non plus les dizaines de victimes qu'avait fait l'incursion shadovar. Mais en logicienne patentée, elle lui avait dit :

- Je préfère ne pas parler de ce que l'on vient de vivre tant que je n'ai pas réussi à m'en faire une image rationnelle.

Une vraie parole de magicienne.


Au bout de quelques heures, avant de tomber sur la porte dimensionnelle, Sabetha avait retrouvé sa douceur constitutive et se révéla être d'excellente compagnie. Le fait de s'être arrêté dans une auberge qui disposait de bains avait sans doute aidé. Elle eut le plaisir de retrouver Ashura et Virgile dans le magique salon.

Il fallait l'admettre, la mise en scène pouvait émerveiller (ou effrayer) n'importe qui. Cela étant dit, à peine sortie du plus grand évènement magique de l'année, et après un tel bouquet final, les illusions et les portails du gnomes avaient quelque chose du tour de passe-passe. Ce qu'elle s’abstint de dire, il ne s'agissait pas de le froisser.

Avec une grâce née des douloureuses heures de maintiens de sa jeunesse aristocratique, elle s'assit sur les coussin du salon à mode calishite. Avec une certaine surprise, elle se servit un thé, plante aussi rare qu'onéreuse de ce côté de la Mer.

En fait, il fallait l'admettre, tout sentait la richesse ici. Le gnome avait beau avancer qu'il ne travaillait que pour l'amour d'Oghma (ou de la Connaissance), il avait sans aucun doute trouvé un moyen d'en tiré bénéfice. Un seul sachet de pétales de felsul pouvait à lui seul atteindre le prix d'une semaine de travail d'un ouvrier, alors citer la fleur avec autant de facilitait en disait long.

A l'évocation des Shoon, ses yeux arrêtèrent d'observer la salle pour se reporter sur le gnome. Elle connaissait bien l'histoire de l'Imperium, et si son père, en noble et fier militaire, la lui avait narré en mettant en avant l'héroïsme des forces du Cormyr, elle savait aujourd'hui qu'il avait surtout été question d'un sursaut de protection territoriale, et beaucoup moins de la tentative de libération d'un état voisin. Malheureusement, Amahl Shoon V était autrement moins connu que son arrière petit fils au septième degré. Si le dernier était l'une des pires créature à avoir foulé Toril, Amahl V était probablement parmi les quysar les plus bienveillants de l'histoire de l'Empire (toutes proportions gardées). Évidemment, elle s'abstint pour l'instant d'en faire part à quiconque, elle préférait pour le moment que les gnomes les prennent pour plus ignares qu'ils n'étaient. Toujours était il que les Shoon étaient connus pour être de puissants mages, et que bien que les artefacts de celui-ci soit probablement loin de la puissance du Tome de la Licorne, ils pourraient bien faire des ravages dans de mauvaises mains.

- C'est une théorie.

Elle avait enfoncée sa pique verbale une seconde après que le trop bavard gnome ait terminé son laïus. Si elle avait remarqué le Pouvoir qui traînait partout, elle ne pouvait s'enlever dans la tête la mise en garde de Bâton Noir concernant l'utilisation prolongée et trop débridée de la magie sur les esprits mortels. Le gnome aurait bien pu être un vieux fou maudit par Mystra si il avait été un mage.

- Même les meilleurs savants de Château-Suif, de Padhiver, de Calimport ou de Lunargent n'oseraient pas avancer avec une certitude absolue la réalité de la nature de la Toile, Ravio. Rien ne me permet d'avancer que le sang ne charrie pas lui même une certaine mémoire par ailleurs.

En vérité, la magicienne ne croyait pas particulièrement en ce qu'elle avançait. Du moins son absence de croyance était elle aussi élevé que les doutes qu'elle émettait sur ce qu'avançait le gnome.

- Il n'est pas impossible qu'à part les quelques arcanistes déjà vivants à cette époque et encore en vie, personne ne soit en mesure d'utiliser les sorts que nous pourrions trouver. Sans parler que la Gardienne pourrait le prendre en offense. Je comprends bien le désir de connaissance, mais croyez vous que, si nous tombons sur un sortilège permettant d'éveiller, que sais je, une peste nécromantique en sacrifiant des innocents comme composante matérielle, il soit utile de les refaire surgir dans une propriété commune ?

Ayant croisées ses mains devant elle, elle se préparait à observer la balance morale du gnome s'agiter dans ses grands yeux.

Une année était passée depuis les événements survenus à Lunargent, et la compagnie d’aventuriers venu en aide au capitaine Beiran, bien qu’éternellement liée par l’amitié, fut dissoute. Quatre saisons après que les ombres aient menacées la quiétude de la Cité Joyau, Ashura se retrouva à prendre du repos dans un environnement familier, Sundabar, elle était chez elle.

Mais, comment reprendre le cours de son ancienne vie, comment continuer alors que dans son cœur, on commence à comprendre que l’on ne peut plus retourner en arrière ? Une soif inextinguible s’était emparée d’elle. C’est ainsi que la bretteuse avait repris son ancien rôle, quittant à nouveau la vie douillette et privilégiée contre la charge rude et dangereuse de caravanière, poursuivant ses voyages, arpentant de plus en plus loin le territoire des Marches d’Argent.

La vie suivait son cours quand, aux premiers jours de la belle saison, Ashura reçu l’appel d’une connaissance, en la présence de Sabetha, noble alchimiste originaire du Cormyr. La bretteuse s’était entichée de cette magicienne depuis leur rencontre l’année précédente. Depuis lors, elle se faisait un devoir de rendre visite à sa compagne et aux enfants lors de ses récurrents passages dans la capitale. En répondant avec enthousiasme à sa sollicitation, Ashura se rendit compte qu’elle appréciait assez la magicienne, qui malgré le luxe auquel sa condition lui donnait certainement droit, se plongeait régulièrement dans l’inconfort des voyages et des expéditions. Elle ressentait presque une sorte de parenté spirituelle. Alors, en cet instant, peut-être était-ce cela pour Ashura : des vacances, si l’on comparait cette route à son activité habituelle, qui consistait à suivre les convois de sa province natale. Une providentielle opportunité de rompre avec le quotidien.

***

- Comme c’est beau, murmura-t-elle.

L’intérieur avait été aménagé pour faire penser aux salons orientaux. Intime, la décoration était marquée par la présence de grands tapis, parsemée d’énormes coussins de couleurs vives et de couvertures en cachemire. Il s’y répandait une lueur chaleureuse. La bretteuse demeurait interdite, fascinée par les couleurs et les lumières, et stupéfaite par l’existence d’un tel lieu. Elle était assise dans une pile de coussins, les jambes reployées et croisées. De savoir que Sabetha connaissait les deux autres invités, atténua considérablement les craintes d’Ashura. Elle avait l’impression de faire partie d’une prestigieuse délégation improvisée.

Interrompant leur rêverie, l’archiviste revint avec un cinquième aventurier, un guerrier imposant, aux traits orquoïdes, fort peu engageant car aux antipodes des personnes déjà présentes. Puis les serviteurs magiques arrivèrent, portant des plats garnis de mets impossibles à décrire. Il fallait chercher avec ses doigts, manger dans le creux de sa main. Tant d’exotisme pour une jeune nordique.

Prolongeant son silence, elle laissa les deux magiciennes échanger avec leur hôte. La belle Metzli démontra beaucoup d’aplomb, ses paroles révélèrent une certaine expérience et un brin de caractère. Chacune remettait en cause, légitimement, les objectifs et les intentions. La langue acerbe de Sabetha fit des étincelles, en opposant un certain scepticisme.

En suivant le rythme de la conversation, Ashura braqua un regard circonspect vers le gnome, attendant une réponse, et se demandant sur quoi il pouvait bien se baser pour affirmer qu’ils étaient des pilleurs de trésors. Connaissait-il leurs compétences et leurs habitudes ? Voilà que la situation, préalablement confortable, devenait brusquement, nettement plus sérieuse. Les agréments étaient trop beaux pour être vrais, et le vice derrière la manœuvre avait de quoi inquiéter. Après tout, ce projet impliquait de réveiller des secrets qui devaient peut-être rester interdits. Une civilisation mis à mal par d’autres royaumes. Un empire réduit à l’état de souvenir par des opposants qui craignaient certainement quelque chose.

Metzli avait hoché la tête en prenant note des arguments de Ravio : s'il s'agissait de prendre connaissance de rituels capables d'améliorer la vie de chacun ou d'empêcher des individus mal intentionnés de s'emparer de sortilèges maléfiques, cela valait la peine de tenter le coup. Le gnome lui avait fourni la raison dont elle avait besoin pour écouter la suite de sa proposition.

Sabetha, dont elle avait fait la connaissance au Festival, avait ensuite pris la parole faisant montre d'une grande érudition et n'hésitant pas, elle aussi, à questionner Ravio sur la pertinence de l'entreprise.

A vrai dire, tout ce que Metzli savait de son art, elle l'avait appris au contact de son père, lui-même ensorceleur, ou par elle-même. La jeune amnienne avait toujours privilégié l'expérience et l'expérimentation au savoir livresque des érudits de Château-Suif, de Calimport ou de Lunargent. Les leçons théoriques avaient toujours eu tendance à l'ennuyer. Néanmoins, la discussion concernait très directement la suite des événements, aussi ne perdit elle pas le moindre mot de l'échange qui s'annonçait très intéressant.

Confortablement assise, elle caressa Tzotzil qui se reposait sur ses genoux, puis pris un second canapé. Ce faisant, elle observa attentivement le visage de Ravio pour y déceler le moindre indice annonciateur de ses intentions.

Au besoin, jet de psychologie pour jauger de la sincérité de Ravio

Virgile n’était pas matérialiste. Il n’hésiterait pas à abandonner ses possessions si les circonstances l’exigeaient, ses capacités lui permettant d’être opérationnel même dans le plus simple appareil. Pour autant, à force d’avoir passé sa vie un baluchon sur l’épaule, il ne pouvait s’empêcher d’apprécier le confort. Et au-delà du luxe ostentatoire qui régnait sous la tente, c’est surtout le confort qui séduisait le moine.
S’il avait passé autant de nuits au milieu de ces coussins que dans dans les branches d’un arbre pour échapper aux bêtes sauvages, il paraîtrait 10 ans de moins.

Outre le dénommé Ravio qui les avait réuni, Virgile n’était entouré que de jeunes femmes. Il n’y voyait aucun inconvénient, mais se demandait si cette jeunesse prêterai le moindre crédit à ses avis. Il reconnu avec plaisir Sabetha, qui avait montré un certain intérêt à philosopher avec lui, mais semblait pour l’instant sur la réserve quand à la suite à donner à l’entretient.
C’est alors qu’un demi-orc, invité lui aussi, fit son entrée.

¤ Ah, je me disait aussi. Deux magiciennes et une roublarde, si le gnome ne comptait que sur moi pour gérer les combats, il n’était pas prêt d’en voir le bout ¤


Une fois que leur hôte eut fini d’expliquer la raison de leur présence, Sabetha et l’autre pratiquante de la magie prirent la parole pour émettre des doutes. Virgile s’y connaissait trop peu en magie, et en histoire, pour pouvoir prétendre intervenir dans la discussion. Mais il soupçonnait surtout la fougueuse noble de chercher à forcer l’archiviste à livrer un maximum d’informations, que de réellement mettre en doute le bien fondé de l’expédition.

D’ailleurs, c’est également cela qui préoccupait le moine.
Avalant sa x-ième bouchée, il questionna l’archiviste :

- Permettez moi de vous dire ce qui m’interroge. Au vu des récompenses que vous promettez, vous auriez pu motiver bon nombre de guildes ou groupes d’aventuriers déjà constitués pour ce type d’aventure. J’en déduis que vous nous avez choisi spécifiquement pour ce travail. Probablement parce que vous avez une idée assez précise des obstacles que nous allons rencontrer ?
Alors, je vous en prie, dites nous tout. Il me semble juste que nous puissions décider après de notre participation.. ou non.
Et n’omettez rien, il serai dommage que notre confiance s’amenuise sur le terrain au fil des mauvaises surprises..

En attendant les éclaircissements du gnome, Virgile se remit à manger. Si l'entretient devait tourner court, il aurait au moins profité d'un bon repas.

Psychologie sur Ravio, pour essayer de voir s'il cache quelquechose

C’est aux confins du monde – car jamais il ne s’était aventuré aussi loin du Chessenta - que le métis orque fut témoin d’un mystérieux phénomène. Bien des lunes s’étaient succédées depuis que Ghaz Arghûr gro-Gzor, des monts d’Akanal, avait quitté le service du Chasse-Rêve. Fils de la colère, fléau des Gnolls, guerrier nomade, il errait désormais dans les terres, perdu en suivant des pulsions irréfléchies, toujours à la recherche de son nom de bataille et d’un adversaire assez puissant pour lui permettre d’honorer ses aïeux.

Le courage revêt bien des formes. Certaines sont plus ou moins difficiles à solliciter en fonction des individus. Le barbare dut puiser le sien tout au fond de lui pour accorder un brin de confiance à des manifestations surnaturelles. Comme happé par les effluves magiques d’une tente apparue sur son chemin, et mut par l’instinct, il décida de suivre le Gnome à l’intérieur. La magie s’enracina instantanément, lui procurant un étrange sentiment de sûreté et de confort, loin du feu psychologique - sorte d’alarme continue - dans lequel il baignait en permanence.

Il retira ensuite ses bottes et les balança d’un geste désinvolte avant de découvrir le salon et l’ensemble des convives. Le barbare toisa l’assistance d’un regard austère. C’était un guerrier imposant de près de deux mètres de haut. Son armure comportait un grand plastron de bonne très bonne facture. Son pantalon en cuir renforcé de plaques de fer pour protéger ses jambes. Où que se pose le regard, on décelait les signes du combat sur son équipement : entailles brillantes, éclaboussures vermeilles, métal déformé, cuir déchiré. Il possédait une figure bestiale, de grands yeux sombres sous une folle tignasse brune, mais l’élément le plus intriguant résidait sans conteste au bout de sa main, une grande lance de guerre dont la pointe vibrait d’une étrange lumière laiteuse.

Sans un mot, il alla s’asseoir lourdement dans un coin, légèrement en retrait, sans toucher aux boissons et aux mets. Malgré sa stature, il en vint presque à disparaitre progressivement. La compagnie reprit sa conversation tout en grignotant. Il observa trois femmes filiformes dans une myriade de tentures et de coussins colorés. Il admira un temps le tableau, éloignant la vérité pour profiter du gout merveilleux. Son imagination ne tarda pas à s’entacher de raffinements érotiques. N’imprimant qu’à peine un regard sur le quatrième bougre. Convenant qu’il devait s’agir de l’eunuque du harem.

e gnome éclata soudainement de rire. Puis après un silence maladroit interrompu de hoquets, il s’empiffra de quelques canapés de plus qu'il rinça avec le fond de vin rouge de sa corne, rendant l'ambiance gênante en plus d’être sérieuse.

Ravio

- J'en attendais pas moins d'une mage Cormyrienne ! -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

Cette exclamation pouvait vouloir dire beaucoup de choses différentes, mais il se garda bien de préciser laquelle - commenter l'ego d'un interlocuteur était probablement le moyen le plus efficace pour envenimer la conversation, si jamais elle ne s'interrompait pas définitivement.

Ravio

- Ne confondez pas les Shoon entre eux, tous n’étaient pas des liches, et ne confondez pas non plus les qysar et les vizar. Les premiers étaient des empereurs, les seconds ne sont que des conseillers du régent de leur ville, le syl-vizar, si jamais il vous reste un peu d'Alzhedo. Il lissa frénétiquement l'une de ses mèches rebelles qui lui servaient de sourcil. - Rassurez-vous cependant, il n'y aura pas de sort de peste nécrotique dans cette tombe. Masulk était connu pour son usage du feu et du sable, comme la plupart des mages de cette ère. J'ai plusieurs fois aperçu dans des archives, des références à des sorts de transformation de la pierre en sable, et vice-versa. Je ne serais pas surpris si l'on trouvait des sorts en rapport avec l'eau, toutefois, qui est si rare en Calimshan. -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

Les serviteurs translucides s’activèrent de nouveau et retirèrent les plats vides, posant une belle soupière de porcelaine sculptée, de laquelle ils firent le service dans de petits bols qu'ils posèrent sur la table centrale, en face de chacun. Le liquide était de couleur crème, épais, et y flottaient de nombreux petits champignons bruns et ocres, l'odeur était à n'en pas douter, celle des champignons. Il n'y avait pas de cuillères.

Ravio

- Reste que, d'un point de vue strictement philosophique, je me demande ce qui vous permet de penser qu'un sort de nécromancie dans de mauvaises mains serait pire qu'un sort d'abjuration ? Si un puissant nécromant est aisé à détruire, ce n'est plus un problème. En revanche, si un nécromant moyen est imbattable, c'est un véritable risque. Aussi, entre nous, une peste nécrotique serait un formidable moyen de traiter quelques cellules Zhent gênantes. La loi du talion, en somme. -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

La soupe de Ravio avait disparu en même temps qu'il parlait, à raison d'une gorgée à chaque phrase.

Ravio

- Quant à savoir décrypter et utiliser ces sorts, et bien ma foi, c'est ma partie du travail. Si nous nous revoyons après, j'aurais bien naturellement plaisir à partager mes trouvailles. -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

La soupière fut remplacée par un large bol évasé, rempli d'une salade de tomates cerises, dés d'aubergine et courge frits, recouvert en son centre de ce qui s'apparentait à du yaourt fermenté battu, huile, et d'herbes aromatiques.

Ravio

- Avoir un mage qui manie le feu sera sans doute un atout. Vous avez fait sensation au Festival des Mages, ma chère, même si l'hydre à douze tête était... plus distrayante, dois-je avouer. Ajouta-t-il en se tournant vers Sabetha. - L'oasis où le tapis a échoué est en domaine sacré Asabi, aussi un diplomate sera apprécié - surtout si elle est accompagnée de ses griffons. Tout le monde reconnaissait Metzli dans la description. Il pointa alors Ghaz, avachi comme un sultan - seul lui ne l'avait pas oublié tant il avait fondu dans les coussins. - Il ne parle pas beaucoup, mais il vaut mieux bien lui parler. Les restes du bandit qu'il a croisé il y a deux jours en attesteront : se faire charger par un buffle enragé est fatal. Il lui parlait directement maintenant. - Il y aura sans doute des sournoiseries dans la tombe, mais encore faut-il y arriver. La nuit dans le désert, sous l'influence des magies de l'Anauroch, et à proximité directe du village la Flèche du Destin et de la Cave Morueme, apporte souvent son lot de créatures... intéressantes. Avez-vous entendu parler de Hobgobelin draconique ? Il semblerait d'ailleurs que leurs maîtres ne soient pas encore touchés par la rage. Il se tourna vers Virgile et Ashura. - Je n'ai pas eu le loisir d’apprécier toutes vos qualités, sinon celle d’être allié de la Cormyrienne. Une simple observation me laisse penser que vous saurez traiter la sournoiserie avec efficacité, tant par l'adresse que l'intelligence. N'est-ce pas ?" -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

Les serviteurs avaient servi la salade et retiré les bols de soupe. Chacun d'entre eux prenait gare à ce qu'au verre ne soit vide. Le met suivant, le quatrième, attendait : des crabes en sauce pimentée aux jaunes d’œufs de canard et oignons verts.

Ravio

- Quant à piller une tombe... ma foi, voyez-le de l’œil qu'il vous plaira. Comme je le disais plus tôt, cette tombe s'est mise à émettre une aura, discrète, mais persistante. Si ce n'est pas vous qui visitez la tombe, ce sera quelqu'un d'autre, mais je doute fortement que vous soyez les plus mal intentionnés dans la région. J'ai aussi bon espoir de pouvoir dissiper l'aura une fois dans la tombe, ce qui permettrait de laisser la sépulture là ou elle devrait être, non sans avoir pris quelques babioles pour le service rendu. Il se servit du crabe, après avoir repoussé l'assiette qui avait contenu sa salade. Il avait une efficacité de fourchette qui laissait pantois : à coup sûr, il n'en était pas à son premier festin. - Voyez-vous, c'est gagnant-gagnant : moi, vous, et Masulk. Par ailleurs, Je vous invite à visiter les Halles des Merveilles de la Porte de Baldur, j'y expose quelques objets bien intéressants, si l'envie vous dit de mieux cerner mes activités d'antiquaire. - Avez-vous d'autres questions avant de passer au plat de résistance ? -------------------- Les années, sinon décennies, passées à fouiner dans les bibliothèques ne sont pas tout à fait étrangères à l'apparence du gnome. Myope, sensible à la pleine clarté du jour, l'humour abstrait voire abscons, ce gnome est l’archétype de l'archiviste.

Lancers...

Virgile - Jet de compétence : Psychologie : 16(d20) +9(deg) +5(Sag) = 30
Metzli Arnesen - Jet de compétence : Psychologie : 6(d20) +0(deg) +0(Sag) +2 (trait) = 8

Elle savourait son thé en les regardant. Elle gloussa doucement en écoutant l’échange entre Sabetha et Ravio, mais le cœur n’y était pas vraiment. Son malaise s’était accrut à mesure de la discussion. L’équation recelait une grande part de mystère, et il fallait franchir le point de non-retour pour en découvrir plus. Ashura se demanda si elle était tout à fait encline à laisser la Roue du destin tourner jusque-là.

Elle s’humecta les lèvres et se concentra brièvement sur les périls liés à la mission. Qu’est-ce qu’y pourrait bien les attendre ? Des pillards concurrents ? Des pièges, mécaniques et/ou magiques ? Du sable et du feu ? Des gardiens de tombeaux scellés dans la non-vie ? Des Djinns et des esprits malicieux ? Que craindre de plus ? Elle avait son idée sur la question. Elle aperçut fugacement à travers les descriptions, des menaces qui ne semblaient aucunement être d’œuvre naturelle. La bretteuse avait toujours eu des faiblesses en plus de quelques principes. Ce qui lui en rappela un autre, le principe de précaution.

Instinctivement, elle aurait affirmé son désaccord, mais le devoir exigeait souvent d’aller droit dans des situations que l’on aurait beaucoup aimé fuir, ou du moins éviter. La bretteuse hésita, et jeta un bref regard de biais vers Sabetha, levant un sourcil interrogateur avant de murmurer quelques mots :

- Mhm… C’est que j’ai fait une promesse.
Je me sentirai mal de rentrer seule à Lunargent.
Eliza… sait… disons, sait se montrer persuasive.

Concluant d’un petit rire, elle se redressa vers l’assemblée, repoussant une mèche de cheveux qui lui était tombée en travers du visage et s’éclaircit la voix pour prendre à son tour la parole :

- J’ai quelques questions, et quelques suggestions à vous soumettre, Maître Ravio. Tout d’abord, j’aimerai en savoir plus sur le vestige apparu récemment. Vous parliez d’aura persistante, quelles étaient les circonstances exactes de sa découverte ? Simple hasard ou… serait-ce lié à un phénomène particulier ? Aussi, cherchiez-vous activement son emplacement ?

La bretteuse avait certaines idées qui tournaient en boucle au fond de son crâne, mais elle n’en montrait rien. Elle se contentait d’énumérer platement des sources d’interrogations. Une conversation anodine dans un lieu insolite. Elle parlait à voix douce, mais le ton devenait légèrement moins familier, et plus logique et pratique. Plus professionnel.

- D’après ce que j’ai compris, l’expédition s’effectuera en deux phases. Qu’en est-il de l’aspect logistique ? Vous tiendrez vous prêts à intervenir ou attendez-vous que nous rapportions ces reliques ici même, dans votre tente ? Aurons-nous un moyen de communication ? Une expertise historique pourrait nous être d’une grande utilité une fois dans l’édifice. Et, dans le même ordre d’idées, aurons-nous accès à quelques fournitures, à savoir des lanternes, des rations, des cordes et certainement d’autres équipements liés à l’exploration de souterrains.

Elle opina légèrement du chef et souffla sur son thé. Elle continuait de parler d’un air innocent, tout en contemplant les différents plats alignés devant eux. Et jetant autant de regards vers chaque membre de cette improbable réunion afin de tous les concerner.

- Oh, et pour en revenir au mausolée. A-t-on une idée, même approximative, de sa superficie ? Avez-vous déjà établi le contact ? Déterminé l’accès à la structure ? Cela se fera-t-il donc, comme pour Masulk le Magnifique ? En… tapis volant ?

La bretteuse étira le bras pour atteindre un plateau où trônaient quelques confiseries ornées d’un glaçage et d’amandes blanches. Devançant un serviteur magique, elle se servie directement à la main, enfournant une grosse bouchée de douceur sucrée. Comme en récompense pour son avalanche verbale, un rictus gourmand se fendit aussitôt sur son visage. Malgré la situation et les enjeux, elle avait pris parti de profiter un instant.