La Folie du Géant

Lorindol ne manqua pas d'apprécier les initiatives de ses compagnons. Lui même ne sachant pas vraiment comment faire avancer le débat.

Orlack était il chez lui ? Et bien l'approche directe de virgile lui allait bien.

- Bonnes gens, on ne va pas y passer la nuit ! Allons donc de ce pas trouver ce "bon" Orlack ! -

- Je vous accompagne de ce pas virgile, je pari qu'orlack nous attend avec une collation.-

op, top, top, top, top.

L'odeur d'encens précéda le prêtre d'Oghma et le bruit de ses galoches, malmenées par cette course impromptue.

- Att... ! Eh ! Atten...

La phrase n’était pas des plus claire, mais l'intention ne manquait pas pour autant. Les compagnons se figèrent dans un silence interrogateur, ce qui laissa le temps à l’athlète de reprendre son souffle.

- Péril ! N'entrez pas.

Il souffla bruyamment avant de se saisir de son pendentif puis de le manipuler dans un enchaînement rapide de cercles et rotations. Ses yeux se révulsèrent lorsqu'il prononça le mot de final d'incantation. Il resta immobile, sans ciller, à observer la maison de Orlack.

Après cinq respirations de dragon, il secoua la tête, et revint à lui.

- Cinq auras mineures et une majeure. Le mal est entré dans cette maison et vous y attend.

Il cracha à terre et commença une longue litanie. Il avait presque ignoré les compagnons depuis son apparition, comme s'il avait fait de cette affaire, une vendetta personnelle. Ses paroles incompréhensibles duraient toujours - si l’intensité de l'effet était proportionnel à l’intensité de l'incantation, il n'aurait aucune mesure avec la détection du mal qu'il venait de performer.

Finalement l'effet arriva.

Les compagnons furent d'abord éblouis, puis sentirent une intense chaleur leur faire friser tout poil au contact de l'air, puis suivit instantanément le souffle de la déflagration, qui les fit reculer d'un pas et se protéger le visage. La maison de Orlack n’était plus qu'un gigantesque brasier dont les flammes montaient sur au moins deux fois sa hauteur. La structure se devinait encore dans les vapeurs ardentes de cette tempête de feu, mais déjà le toit s'effondrait dans des craquements sinistres.

Puis vinrent les cris.

Demi-vampire ou non, ils avait été humain un jour. Quel destin les avaient poussé sur cette voie de demie-non-mort à servir des vampires des Masques de Port-Ponant ? Pouvaient-ils être pardonnés ? méritait-ils de finir ainsi ?
Les cris cessèrent promptement, laissant un profond trouble dans l’assemblée des spectateurs ; le silence n’était entrecoupé que par les crépitement du bois bien sec qui formait jadis les murs.

Des habitants accoururent, certains avec des seaux remplis d'eau. Vint bientôt le bourgmestre, suivit de Orlack dont la pâleur ne laissait aucun doute sur son état d'esprit : il venait d’échapper à une mort certaine aux mains des assassins des masques, mais ne possédait plus rien pour s'en réjouir.


La situation n’était pas pour autant désastreuse pour le village ou les compagnons. La fin précipitée des poursuivants, et leur volonté de couvrir leur premier demi-échec à la Folie du Géant, avait coupé court à toute forme de rapport détaillé de leur part.

Ou avaient-ils disparus ? Qui en était responsable ? Les vampires de Port-Ponant ne le sauraient probablement jamais.

Probablement.