Chapitre IV : Conseil au crépuscule

C’est avec un silence et une vigilance toute particulière que le chemin se fit jusqu’à l’interrogatoire. Une fois sur place et sécurisé des oreilles qui pourraient être tentées d’écouter le drow commençait à prendre une attitude reposée pour un meilleur interrogatoire. Il prit la parole doucement avec un timbre adapté à la situation, en expliquant à Seagwine l’importance de décrire en détail ce dont elle se souvenait, en mettant ses émotions de côté et pour être plus juste dans ses réponses. Il commençait par demander ce que la jeune fille avait vu en détail, entendu et observé lorsqu’elle fut dans les buissons lors de l’attaque de sa mère, et ce, jusqu’au moment où Lor’Kar était intervenu.

Dans l’exercice, il tentait par ses maigres capacités d’investigation, de s’imager la scène dans ses moindres détails. Il rebâtissait au mieux la scène que la jeune fille avait vécue, tentant d’apercevoir un détail oublié ou anodin qui pourrait leur donner un indice de plus sur les agresseurs. Une couleur, un vêtement, une broche, un signe distinctif qu’ils portaient tous.

Il laissait par la suite la place à Kelrod pour qu’il puisse avec talent lui poser les questions de son cru.

La téléportation était une expérience… Intéressante… Khelrod, loin d’être la créature la plus dextre des Royaumes, eut un peu de mal à l’ « atterrissage ». Il lui fallut une ou deux secondes pour se remettre et pour reconnaitre l’endroit dans lequel le groupe s’était rendu un peu plus tôt dans la journée. Il remercia Jorus Mantelazur d’un signe de tête légèrement gauche, avant d’entrer la salle protégée, après la jeune elfe. Une fois à l’intérieur de la chambre anascrute, il ne put que sourire au zèle dont faisait preuve Xarss, pour obtenir des informations qui pourraient s’avérer capitales pour le groupe et pour la ville de Lunargent. Le sourire n’était pas moqueur, bien au contraire, il était approbateur. Même si la situation aurait pu paraitre étrange à quelqu’un ne sachant rien de l’histoire…

Le paladin laissa l’elfe noir s’adresser à Seygwine, puis avant de la laisser répondre, il se permit de compléter les propos de l’ensorceleur drow. D’une voix rassurante et paternelle il s’adressa de nouveau à la petite.

- Je dois bien avouer que tu es bien plus forte que ce dont j’avais l’impression. Je te demande pardon pour mon erreur de jugement. Tes parents et ton grand-père doivent être vraiment fiers de toi.

Il souriait. Commencer ainsi lui semblait être plus utile que d’entrer abruptement dans le vif du sujet, même s’il était à présent persuadé que la petite était bien plus forte qu’il ne l’avait imaginé. Il enchaina.

- Comme Kryssyor te l’a déjà demandé, il est vraiment important que tu essaies de te souvenir. De tout. Même le plus insignifiant des détails pourrait avoir de l’importance. Je souhaiterais que tu nous racontes de nouveau ce que tu nous as dit tout à l’heure. Et que tu te concentres au maximum sur tous les éléments de ton souvenir : les sons, les odeurs, les mots qu’ils ont prononcé. Peut-être que ceux qui ont attaqué ta mère avait un accent particulier ? Ou une démarche ? Ou des vêtements… Des armes avec des armoiries spécifiques peut-être ? Ou un collier, une bague, une broche… Il faudrait que tu nous racontes tout en détail, depuis le moment où tu as quitté ta maison jusqu’au moment où tu as rouvert les yeux à l’infirmerie. Je sais que ce que nous te demandons n’est pas facile, mais tu veux bien faire ça ?

Un observateur extérieur aurait pu penser qu’au final le paladin ne s’en sortait pas si mal que ça pour parler avec la fillette. Mais la vérité était qu’il se concentrait énormément pour essayer de faire les choses à la manière de feu son mentor. Ou tout du moins ce dont il s’en souvenait…

La Goualeuse

Et elle trouva. Ce fut long et épuisant car elle n'avait pas l'âme d'une archiviste, mais elle finit par tomber sur une vieux mais très épais grimoire. Il s'agissait sans aucun doute d'un bestiaire traduit à même le livre d'un dialecte que la jeune femme ne connaissait pas. L'écriture épointée, la grammaire parfaite quoique simple, le lexique recherché, elle n'eut guère de doute sur l'origine du traducteur. Et vu les différences de nuances, Malik avait dû passer des années sur cette traduction.

Le bestiaire en lui même avait un système de classement autrement plus classique : alphabétique. Sauf que cet alphabet n'était pas le thorass, et il fallait se référer un index produit par Malik sur un feuillet supplémentaire. Mais rien de très compliqué, quoique la recherche n'en était que plus longue. La page qui traitait des firbolgs et celle traitant des galeb duhrs n'étaient guère éloignées.

Ainsi était décrits les premiers. Les firbolgs sont annoncés comme étant parmi ce qu'un aventurier peut rencontrer de plus dangereux. Mais heureusement (et pour une fois) ceux-ci étaient décrit comme des êtres généralement paisibles voir amicaux pour qui était en mesure d'entrer dans leurs bonnes grâces. Il s'agissait en fait de l'une des espèces de géant les plus intelligente, physiquement ils étaient moins grands que la plupart de leurs pairs, culminant généralement à un peu plus de trois mètres de haut.
Quoique les firbolgs de Faërun soient annoncés comme majoritairement bon et loyaux, ils n'accordent presque aucune confiance aux humains et aux demi-humains qu'ils considèrent comme étant les principaux destructeurs des forêts dans lesquels ils vivent et qu'ils protègent. Cependant, tout ceux qui ont eu affaire à eux rapportent que la charité, une charité très discrète, reste l'un des piliers de la philosophie de leur peuple.

Quant aux galeb duhrs, eux bénéficiaient même d'un rapide croquis, et ils ressemblaient pour ainsi dire à des tas de cailloux vaguement humanoïdes avec de trous percés dans la roche en guise d'yeux. Tant qu'ils n'ont rien à faire, c'est à dire, la plupart du temps, ils ressemblent exactement à des rochers plus ou moins petit, d'un à cinq mètres d'envergure. Et ils restent ainsi longtemps, compte tenu du fait que leurs espérance de vie s'étend sur des milliers d'années, et sont même décrit comme "potentiellement immortels tant qu'ils ne sont pas détruits". Comme tout le monde, la jeune femme avait entendu parler des sylvaniens, probablement les plus célèbres des créatures secrètes. La description de ces être rocheux ressemblait à ceux des grands arbres. Long à réfléchir, lent à agir. Mais c'est là la faute à une extrême intelligence, plutôt qu'à une lenteur d'esprit. Chaque chose doit être pris en considération avant d'agir, de faire trembler la montagne d'un flanc ou d'un autre. Leurs connaissances sont étendues et plus encore celles concernant leur territoire, qu'ils défendent jusqu'au dernier gravier. Et comme les sylvaniens, auquel la description fait référence, ils se sentent responsables de leurs montagnes, et des plus petits galets. Leur extrême longévité comme leur vision du monde les rend absolument neutre avec toutes les autres créatures n'ayant pas un lien direct avec leur montagne. L'ancienne courtisane put par ailleurs noter avec un sourire qu'ils sont connu pour leur amour de leur chanson (quoique difficilement audible pour les oreilles communes tant les notes sont basses).

Une fois ces recherches terminées, la Goualeuse était exténuée, et l'aube n'était plus très loin...


Ashura

Bonus +2 (renseignements), pour avoir visité plus tôt les caravaniers (j'ai oublié de le mettre dans le jet)

Ashura avait eu des heures plus productive. Pendant de longues dizaines de minutes, elle n'entendit rien de vraiment intéressant. Puis, s'approchant de la place nord de la ville, elle se fit héler. Assis autour d'une longue table, probablement un reste de la fête du jour précédent se trouvait des caravaniers. Et ceux qui l’appelait faisait partie de la dernière caravane qu'elle avait accompagné avant d'échouer à Lunargent. Romain, Tula et Killa, un humain et deux jumelles naines de fort bonne compagnie, qui à l'époque venait de l'est pour aller jusqu'à Mirabar, et Ashura avait assuré une partie de l'escorte avant Sundabar.

C'était sa meilleure piste, et alors qu'ils se remémoraient ce voyage au demeurant sympathique elle tendit l'oreille. Bientôt, ses voisins, d'autres caravaniers mais aussi des locaux, vinrent à évoquer un sujet qui l'intéressait bien plus. Et sans être en mesure de tout saisir elle compris la substantifique moelle.

Des rumeurs avait courues. C'était flou mais une gamine s'était sans doute fait attaquée le matin du festival. Le soir, il y avait eu un incident minime pendant un spectacle. L'un d'eux dit qu'un orque était incriminé mais la plupart des convives restaient dubitatifs. Mais, nota Ashura avec un certain soulagement, c'était bien tout. Des individus pourtant habitués à écouter tout les bruits qui couraient pour être le plus en sécurité sur les routes n'avaient pas entendu parler d'une druidesse folle, de disparition, de l'implication d'une alchimiste ou des forces de la cité. Par contre, elle appris avec une certaine consternation qu'Asclepius Bonavi, l'alchimiste bedonnant qu'ils avaient rencontrés en premier, avait été retrouvé détroussé et assassiné au bord de la route alors qu'il se dirigeait vers Everlund...


Xarss et Khelrod

Jorus était les mains dans le dos, dans lesquelles il tenait également son bâton, à côté de la porte. Des chaises avaient été installées dans la salle et la gamine et les deux interrogateurs avaient put s'installer. Avec autant de précaution que possible, quoique n'étant peut-être pas les plus qualifiés pour l'exercice, ils s'attelèrent à en apprendre le plus possible.

Sans surprise cette fois, ils découvrirent une Seygwine volontaire prête à tout pour retrouver ses parents, même si elle avait une inébranlable foi dans le fait que son grand-père s'en serait déjà chargé. Alors qu'elle commençait à leur raconter l'histoire, ils furent autrement plus surpris par un artefact dans la salle. Ce qui était jusque là un élégant empilement de triangles de cuivre équilatéraux se mit soudain à tournoyer dans les airs avant de former un hexagone lisse au dessus de la jeune fille. Passer la surprise, Jorus pris la parole, on lisait un émerveillement dans sa voie qu'on ne s'attendait pas à entendre dans celle d'un individu de ce calibre.

- Par Azouth... Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas dangereux. Ce sont des Delta de Conteur. Les mages-conteurs calishites l'utilisaient dans leur spectacle il y a des décennies... Je me demande qui l'a ramené. La magie va interpréter tes paroles et les interpréter en image petite. Si c'est trop dur pour toi, tu n'auras qu'à passer ta main dans l'agglomérat et il se dispersera.

Un instant émerveillée par l'assemblage, Seygwine finit par hocher la tête et débuta son histoire, qui bientôt, avec des teintes dorées, prit vie sur le panneau métallique...

Seygwine commença quelques heures avant leur début. Ses souvenirs se dessinaient avec élégance sur l'artefact magique, elle se réveillait dans le dôme sylvestre plein de coussin que Khelrod avait vu de loin, c'est Sirine qui y était monté. Encore embrumée, elle ne trouva personne à la maison et décida de se mettre à la recherche de sa mère. Ce qui n'était pas rare, la petite ayant été très tôt acquise à l'indépendance.

Elle se dirigea vite vers la forêt à l'ouest, sachant que sa mère aurait dû s'y trouver. Flânant dans un environnement qui, ils le savait désormais, pouvait être dangereux pour bien plus vieux qu'elle, ses oreilles la menèrent vers des discussions. Elle entendit sa mère de loin.

- Elle était très très énervée. Et je m'y connais ! Mais c'est pas comme quand elle crie sur papa, là c'était comme quand Yordan a fait fuir les voleurs une fois ! On aurait dit qu'elle allait les manger... Elle leur disait de sortir de la forêt, qu'ils n'avaient rien à faire là et que les... Sentier Nelles je crois, je c'est pas qui c'est, n'aurais jamais du les laisser passer. A mon avis, ils vont se faire disputer ces Sentier Nelles !

La suite devenait plus dramatique. Après n'avoir été qu'un paysage forestier, elle arriva en vue de la clairière qu'ils avaient vu le jour précédent qui avait été un théâtre de combat. Une elfe aux cheveux verdâtre se battait comme une furie avec cinq ou six adversaires. L'un d'eux était déjà au sol, et on comprit vite qu'il s'agissait de Myal'sa. Dans un instant fatal, les yeux de la combattante rencontrèrent ceux de sa fille. Elle sembla alors presque abandonner le combat et déclencher le même sort racinaire autour d'elle. Cela eut pour effet de clouer Seygwine, la laissant cachée au yeux des ennemis, mais un instant à la merci de ses adversaires, elle fut rouée de coups. Alors que Yordan, après un rugissement de détresse, s'enfuyait sous les ordres de sa maîtresse. La dernière images que les enquêteurs aperçurent fut Myal'sa qu'on trainait, inconsciente. Ils avaient eu le temps de noter que les adversaires étaient tous humanoïdes, pas spécialement larges ni noir.

Noyée de larme en se remémorant ses souvenirs, Seygwine décocha un coup rageur à l'aggloméra de triangle magique qui se dispersèrent avant d'aller s'empiler à leur position initiale. Passant ses bras autour de ses genoux remontés contre son manteau, ils durent attendre qu'elle lutte contre ses sanglots pour entendre la fin.

Sans l'image cette fois, ils entendirent la description de l'agresseur. C'était de toute évidence un humain, quoique le souvenir soit flou. Il n'avait rien d'exceptionnel, mais le même genre de folie froide qui avait envahie Linaë envahissait son visage, Seygwine en avait été marqué. Soudain, un monstre intervint, un monstre... qui arrêta l'agresseur en le projetant contre un mur, malheureusement trop tard.

- Je croyais qu'il allait me tuer mais en fait, Vieille Barbe m'a sauvée... Je croyais que tout les orques étaient méchants pourtant...

Lancers...

Ashura - Jet de compétence : Social : 2(d20) +5(deg) +2(Cha) = 9

a bretteuse observa distraitement la clientèle occupée à profiter de cette humeur festive. Elle avala une gorgée de vin et profita de la compagnie de caravaniers amicaux en tendant l’oreille aux quelques conversations ambiantes. En cet instant, elle appréciait particulièrement de ne pas être soumise à la pression de ces derniers jours, elle appréciait enfin la cité joyau, cet endroit curieux dans lequel tout le monde venait se divertir et faire affaire.

Avec un certain soulagement, elle constata que la rumeur évoquant les préoccupations de la caserne n’avait pas fuitées. Puis vint la terrible nouvelle de la mort du ventripotent marchand qu’elle avait rencontré quelques jours auparavant.

- A cet alchimiste de seconde zone, reprit-elle en levant le coude et son verre. Passé de vie à trépas en route pour Everlund. Elle but une gorgée avant de reprendre. Vous savez, ce type m’a refourgué du jus de groseille en guise de remède. Sans scrupules, alors que je cherchais à venir en aide à une enfant malade. Mais cela ne me réjouit pas pour autant.

Elle papillonna des yeux en reprenant une seconde rasade de vin.

- Enfin, la vie continue. D’ici peu, je vais devoir prendre la route vers Sundabar. Avez-vous des nouvelles de la route ? questionna-t-elle ses homologues convoyeurs des Marches d’Argent. Météo capricieuse ? Bandits de grands chemins ?

Ashura repensa à la forteresse naine, trônant sur une surface de roches grises où aucune flore ne semblait pouvoir croître. En apparence, différente en tout point de ce que pouvait offrir Lunargent. Mais malgré l’aspect sinistre de Sundabar, elle nourrissait quelques réjouissances à regagner les rues pavées d’une cité dont elle maîtrisait les us et coutumes, surtout dans le cadre d’une mission.

Elle laissa ainsi le temps s’effiler, feignant de ne pas être préoccupée par les épreuves à venir. Puis quand la fatigue la rattrapa enfin, elle décida de profiter d’une nuit de solitude, du confort d’une auberge et d’un bain chaud. Il fallait profiter tant que cela était encore possible.

Il n’y avait pas à redire, Khelrod avait la fibre plus naturelle avec les enfants que lui. Même si le noiraud avait remarqué un léger malaise venant du bas du cul, il en restait du moins plus attentif que lui : Xarss prenait des notes.

Les Delta de Conteur ne le laissaient pas indifférent et trouvait le processus fort intéressant. Lorsque la petite prit paroles et que les images vinrent se joindre au récit, le drow fut impressionné des détails qu’il vit. Il n’en apprit pas plus qu’il savait déjà, mis à part le fait que la famille avait déjà été victime d’une tentative de vol puis il eut la confirmation que parmi les sentinelles, il devait y avoir des vendus.

Le coup de main de Seygwine qui fit disparaître les images, fut comme une claque au visage du faussement appelé Kryssyyor. Sans savoir pourquoi, il devint presque offusqué de se faire enlever cette vision intéressante. Se remettant sournoisement de ce méfait futile, l’amant de l’Art écoutait le reste du récit et une chose l’interpellait : rien d’important, mais un fait intrigant. L’agresseur semblait, aux yeux de Seygwine l’avoir troublé, du moins, marqué. Réfléchissant à ce qu’il venait de voir et écouté puis il ajoutait sèchement, suite aux derniers dires de la fillette…



-Je croyais que tous les drows étaient méchants pourtant... Je sais maintenant que non.-


Son humour, appuyé d’un sourire teinté d’égoïsme flagrant fit en sorte qu’il n’y avait rien de fâchant ou offusquant dans ce qu’il venait de dire, mais démontrait bien qu’il était véritablement au début de son sentier et qu’il aurait encore beaucoup de chemin à faire pour faire disparaître ses anciennes et mauvaises manies. Comme s’il s’apercevait de son manque de tact, il détournait la tête vers le bas du cul qu’il appréciait, puis haussait les épaules comme pour s’excuser en l’invitant de sa main gauche à poursuivre l’interrogatoire.

Xarss en avait fini d’elle, il n’avait plus de questions à poser. Maintenant qu’il avait vu le visage de Myal'sa et la scène le reste appartenait à ceux qui s’occuperaient des sentinelles, tandis que leur groupuscule s’occuperait de quitter la ville vers Sundabar. Ce qui fit penser au danseur de faire ses emplettes avant de partir et ce qu’il cherchait ne se trouverait pas n’importe où, les baguettes magiques ne se vendaient pas dans une échoppe puis il avait aussi à faire sa sale besogne : il avait toujours en tête d’éliminer le gros alchimiste ventripotent qui l’avait insulté, mais pour cela il devrait attendre au dernier moment. Une reconnaissance devrait être soigneusement exécutée. Ses pensées fusèrent ici et là avant que Vorn, dans son déplacement, lui fasse réaliser qui était dans un lieu où la magie était courante et qu’il pourrait sans aucun doute trouver ce qu’il cherchait.

Comme tous les présents dans la pièce, le paladin vu impressionné et intrigué par le Delta du Conteur à l’instant même ou l’artefact se mit à fonctionner. Les images collant à la perfection au récit de Seygwine lui permettait d’y voir aussi clair que s’il avait été présent au moment des faits.

¤ Impressionnant ! C’est tout simplement prodigieux ! ¤

Le tout début le fit sourire : il reconnaissait la demeure qu’il avait examinée avec Sirine. En revanche, la suite des évènements et la douleur que cela semblait procurer à la gamine amenèrent en lui un sentiment de culpabilité. Il s’en voulait de forcer la petite à se remémorer ce genre de choses. Bien que le souvenir de la petite semblait être précis, il ne leur apportait pour le moment que peu de nouveauté. Tout du moins, Khelrod n’avait-il pas encore suffisamment de recul pour se rendre compte des nouveautés. Il voyait pour l’instant quelques confirmations : le groupe qu’avaient repéré les barbares devait bien être celui des ravisseurs de Myal’sa, ils connaissait à présent leur direction, en recoupant avec les informations des éclaireurs de cette tribu, ils pouvaient présent être certains que le cadavre décomposé à l’acide était celui qui avait été tué par la rôdeuse. En y réfléchissant un peu plus, alors que Seygwine séchait ses larmes, le nain d’écu ne put s’empêcher au courage dont avaient fait preuve mère et fille dans cette situation…

Il finit par s’approcher de la petite en enlevant son gant droit et posa une main qui se voulait réconfortante sur son épaule, lui effleurant le visage. Il adressa un regard sévère à Xarss qui n’était pas parvenu à contenir son sarcasme, puis sourit au drow lorsque celui-ci présenta des excuses à sa façon. Il s’adressa alors à la petite d’une voix réconfortante.

- Merci beaucoup. Ton aide nous est très précieuse. Je sais que ce n’est pas facile et tu es très courageuse. Si tu ne vois rien à ajouter, je pense que nous pouvons arrêter de t’obliger à te rappeler tout ça.

Soudain quelque chose lui revint en mémoire.

- Un bon coin à Esturgeon, ça te dit quelque chose ?

Khelrod et Xarss

- Hum... Pourquoi ? Les esturgeons c'est des poissons c'est ça ? On va pêcher dans les montagnes avec papa des fois. Un graaaaaand lac, papa dit qu'il est juste en dessous du nid des griffons, et c'est vrai que des fois on voit des grands oiseaux dans le ciel ! On fait semblant de pêcher, mais c'est vrai qu'il y a des poissons ééééénoooormes !

Les indices divers commençaient enfin à s'agencer correctement dans son esprit. Oui, les esturgeons sont des gros poissons, et probablement pas les plus courants dans la régions. Le coin qu'évoquait la petite fille était donc probablement le bon. Son père, qui n'était décidément certainement pas qu'un simple marchand avait dû se douter que l'on fouillerait sa maison, et avait laissé un indice invisible aux moins persévérants. Et suffisamment obscur pour qu'une seule personne ne puisse en révéler la teneur. Les détails étaient suffisants pour envisager une position à condition d'avoir avec soi une personne suffisamment au fait de la géographie des montagnes. Restait à savoir si l'information était utile.

Pendant ce temps, le drow entrait dans des pensées plus techniques. Toujours un coup d'avance, il pensait déjà à se fourbir en matériel, et à une vengeance ultérieure. Et si son visage peu expressif éveillait rarement peu de soupçons supplémentaires chez les individus habituels, Jorus n'était pas de ceux ci. Il le regarda, et dit :

- Quelque chose vous tracasse, Xarss ?


Ashura

Quoique son oraison funèbre ait de toutes évidences étonné quelques convives, tous trinquèrent tout de même à feu l'alchimiste ventripotent.

S'ensuivit une discussion assez animée suite aux questions d'Ashura. Pouvait on vraiment reprocher à une bande de nomades d'être intéressé par la météo des routes ?

Entre les micro disputes obscures à propos de quel chemin il valait mieux prendre lorsque l'été se terminerait, la bretteuse put tirer pas mal d'informations.

La route qui traversait les montagnes n'était pas plus dangereuse qu'à l'accoutumé. Peut-être même moins, en fait. Avec l'arrivée de l'été, les voyageurs se faisaient plus nombreux. Sachant que les drows tenteraient plus d'escarmouches, la Légion, les rôdeurs et les chevaucheurs de griffons avaient été déployés en nombre pour garder la zone. Bien entendu, elle restait toujours sauvage et dangereuse, et tout le monde savait que certains disparaîtrait à jamais dans l'année. Mais peut-être pas plus qu'ailleurs. Non, le plus dangereux en ce moment restait l'arrivée imminente de la saison des orages, à laquelle avait d'ailleurs assistés les aventuriers le jour précédent, quand les nuages noirs s'étaient dispersés au contact de la barrière des Sentinelles.

Si les orages étaient effrayants mais le plus souvent surtout humides à la base, il en était tout autre entre les montagnes, ou le moindre coup de tonnerre pouvait se transformer en roulis assourdissant, et le trait de foudre faire s'écrouler des pierrier.

Bref, il y auraient des alliés, et malgré une météo capricieuse en effet, la route ne représentait apparemment pas plus de danger que d'habitude.


Relativement sereine, Ashura put donc aller trouver sommeil et confort où elle le souhaitait, prête, ou non, à en découdre avec le lendemain.

Aux révélations de la jeune elfe, un sourire éclaira le visage du paladin. Même si le groupe jugerait plus tard que l’information n’était pas forcément la plus utile qu’ils avaient obtenue, il n’en demeurait pas moins qu’une pièce supplémentaire du puzzle leur avait été remise par Seygwine. Khelrod n’avait aucune idée d’où pouvait se trouver l’endroit que venait de lui indiquer la petite fille du commandant, mais il imaginait sans mal que quelqu’un originaire de ces contrées saurait trouver l’endroit évoqué par leur protégée. Il lui adressa un autre sourire, franc et paternel.

- Tu es vraiment étonnante. Merci pour ton aide. Je ne vois pas de raisons de t’ennuyer plus longtemps et de te priver du réconfort de ta tante une seconde de plus.

Il inclina la tête pour joindre le geste à la parole. Après quoi il se tourna vers Jorus, laissant passer quelques secondes pour permettre à Xarss de répondre à la question du Seigneur Gardien. S’il avait saisi le « trouble » de l’elfe noir, il n’en laissa rien paraitre. Ou peut-être commençait-il à avoir l’habitude de ce genre de comportement venant de ce compagnon atypique… Il s’adressa alors à Jorus.

- Seigneur Gardien. A moins que vous n’ayez quelques questions pour Seygwine, je pense que nous pouvons la laisser au plaisir des bras aimants de Taelyne.

Il sourit de nouveau et enchaina.

- Connaitriez-vous, par hasard, une personne qui serait capable de nous guider ou de retrouver l’endroit évoqué par Seygwine ?

Xarss était à fouiller dans sa mémoire à des possibilités d’acquérir des baguettes magiques avant leur départ. Troquerait-il son anneau de subsistance ou son sac léger, peut-être même une dague de maître? Le jeune nouveau surfacin prenait conscience que la suite des évènements serait sans doute plus périlleuse et une bonne préparation se devait d’être importante.
Sa réflexion semblait transparaitre envers les autres, car Jorus intervint avec un questionnement qui n’étonnait pas l’amant de l’Art, mais le laissait sur l’instant, songeur. Avec un certain malaise qui s’expliquait de par son inattention du moment il dit tout en teinte…


-Mis à part les esturgeons que je ne connais pas, je suis à me demander, si je pouvais me procurer puis utiliser une baguette de soins légers pour le reste de notre périple et pourquoi pas une de décharge électrique. Mes finances me permettre peut être pas d’aussi importantes dépenses, mais pour la cause et la défense de Lunargent, la fin justifie les moyens, n’est-ce pas?-


Il allait ajouter autre chose quand il vit le regard de Khelrod et comprit de suite qu’il avait encore agi avec égoïsme, ne pensant qu’à lui encore une fois. Ne laissant rien paraitre il attendit patiemment la suite du paladin et encore une fois trouvait que ce dernier avait un sens inné de la gentillesse. Son phrasé était remarquable et l’être des profondeurs prenait toujours note d’apprentissage. Un sourire apparut sur ses lèvres minces lorsque la demande d’aide fut faite à Jorus puis un certain relâchement de posture apparut, plus décontracté le drow attendait les réponses. Son regard était posé sur la jeune fille courageuse, encore un peu enfantine aux vues de Xarss, mais il lui trouvait quand même une force à en devenir. La compassion faisait son office en lui, libérant des avenues encore inconnues pour l’ex-sombre qu’il était. Décidément, il aimait de plus en plus sa nouvelle vie en surface, il ressentait un développement progressif de son être, ce qui le rapprochait toujours plus de son choix.

Le Gardesort hocha la tête, toujours assez placide.

- L'éclaireur qui prendra part à la troupe allouée à votre expédition le saura sans aucun doute. Je ne doute pas que ce genre d'endroit soit connus de nos hommes.

Il pris quelques temps pour réfléchir à la demande de Xarss.

- Je vais demander aux enchanteurs du Conclave si ils ont une baguette en stock. Bien entendu, vous comprendrez que l'effort de guerre à un coup, et nous vous demanderons tout de même une participation.

Il se tourna ensuite vers Seygwine et se pencha légèrement vers elle. Assez logiquement, il usa de leur elfique commun pour converser, le commun étant souvent pauvre en nuance.

- , dit il en souriant,

Il hocha la tête et se remis en place pour la téléportation de retour.

♦♦♦

Après avoir quitté la caserne, enfin, tous pur aller se reposer. Puis, d'une façon ou d'une autre, ils se réunirent, le lendemain matin.

L'aube à peine levé, dans une encore agréable fraicheur estivale, ils se retrouvèrent devant la porte de l'est. La Rauvin coulait non loin, sublimée par les opalescentes lueurs du matin. Ils découvrirent une autre facette de la ville. Déjà en place, il trouvèrent quatre autre groupe de sept personnes. Tous comptaient quatre femmes et trois hommes. Et un cinquième groupe composé d'uniquement trois personnes dont, leur alchimiste. Un peu plus loin se trouvait les cinq officiers et dignitaires rencontrés le soirs d'avant. Et tout autour, six magiciens, dont la sueur dût à la concentration brillait à la lueur des torches, maintenaient très certainement un champ de protection contre la scrutation.

En s'approchant du groupe d'officiers, ils entendirent la fin de leur discussion.

- Arkhen, vous n'avez pas réussi non plus ?

- Si Lamecorne et Dame Azurael ne veulent pas être contacté, ils sont largement capables de rester invisible. Le plus inquiétant c'est qu'ils ne sachent pas, tout simplement.

Terminant sa phrase, l'archisorcier laissa planer un silence lourd de sens sur la plaine. Le Commandant accueilli le groupe d'aventuriers avec politesse.[/i)

- Bonjour, je suis heureux que vous ayez accepté de nous suivre dans cette aventure. Vous avez peut-être remarqué que Dame de Sarrière à accepté de vous accompagner.

- Mieux vaudrait qu'elle n'y reste pas, nous ne tenons pas à nous expliquer avec le Trône du Dragon[i], ajouta avec une certaine malice Fret, le conseiller nain.

- Oui, dit Alathar, à peine courroucé par la pointe du nain, nos illusionistes ont préparés des sorts afin de vous dissimuler. Il vous faudra être prestes, sans quoi ces illusions risquent de se dissiper avant que vous ne sortiez du champ des Sentinelles. En plus de votre magicienne, nous vous avons alloués deux de nos meilleurs éclaireurs, Ena et Trion. Le Capitaine Lorik est partit en avant cette nuit avec une cohorte de chevaliers. Il atteindra Sundabar avant vous, et vous pourrez l'y rejoindre. Une des autres cohortes l'atteindra un jour après votre arrivée, si rien ne se passe sur le chemin. Les griffoniers ont été prévenu afin de rendre votre trajet par les monts plus sûr. Et bien entendu, nous vous prêtons des destriers.

Plus loin en effet se trouvait une impressionnante harde de trente cinq chevaux parfaitement dressés attendant d'être alloués à leurs cavaliers, encadrés par leurs pages. Pendant qu'il parlait, Jorus et Arkhen s'était éloignés et avait rejoint un autre groupe de mage afin, probablement, de s'accorder sur les derniers préparatifs.

- Cette opération est cruciale, et sachez que les avis sont partagés, nombre sont étonnés que nous laissions des francs-tireurs y participer. Mais tous vous sont reconnaissants. Sachez que dès le moment où nous aurons confirmation de l'origine du danger, la Légion s'y dirigera. Votre mission n'est pas de prendre seul une forteresse, mais de la découvrir, ne prenez pas de danger inutiles et faites confiances à vos éclaireurs. Une armée ne se jauge souvent que par ses yeux, il hocha la tête. Nous nous revoyons dans quelques jours.

Et ils rejoignirent leur groupe. Sabetha leur sourit et leur appris que, malgré l'opposition murale de sa compagne et de ses enfants, elle estimait que son devoir se trouvait ici.

- Et puis, d'habitude, c'est toujours elle qui part à l'aventure, dit elle en haussant les épaules, amusée.

Elle portait une robe d'un rouge si foncé qu'il en paraissait brun, et renforcé de plaque de cuir. Le sac sur son dos renfermait probablement tout le nécessaire à l'aventure. Deux dagues étaient rangés dans leurs étuis à sa cuisse et une arbalète était rangé avec son carquois derrière sa taille. Elle portait un bâton renforcé de métal comme un bâton de combat.

Xarss remarqua qu'elle ne portait pas de grimoire, quand bien même il la savait être magicienne.

Ena et Tirion quant à eux, était des éclaireurs enjoués quoique le sérieux n'ait ridé leurs fronts. Ils portaient tout deux des armures banalisées, comme d'ailleurs les autres éclaireurs dans les autres groupes. L'une préférait l'arc, l'autre l'arbalète, mais tout deux portaient hache et épée. Ils semblaient être parfaitement préparés à la guerre, comme à la ligne avancée.

Bientôt, Arkhen vint se placer devant eux et distribua à la magicienne et aux deux éclaireurs un petit cristal. Chacun reçu un destrier, leurs compagnons désormais habituels pour Ashura et Xarss, ceci semblant heureux de retrouver leurs nouveaux cavaliers, de même Khelrod et la Goualeuse retrouvèrent ceux qu'ils avaient chevauché le jour précédent. Sabetha ne semblait que modérément à l'aise sur son palomino.

- Je n'aurais pas dû sauter les cours d'équitation, dit elle, amusée.


Puis les mages incantèrent et soudain, des doubles d'eux mêmes, ainsi que des doubles pour les éclaireurs et les mages, apparurent autour d'eux. L'impression dû au fait de se retrouver de quatre duplication d'eux mêmes était un sacré coup d'autant plus que les chevaux aussi avait été... dupliqués.

Et bientôt, guidés par leurs éclaireurs, ils s'élancèrent vers les montagnes, pendant que les autres groupes se dispersaient dans d'autres directions.

Il avait désormais un long trajet pour échangés leurs découvertes et leurs expectatives.