Dans Cormanthor, à la recherche des enfants, et à la poursuite de Rylack. Chapitre 4

Si l'elfe avait eut connaissance de son ancienne compagne de route, le hin aurait eut toutes les difficultés pour annoncer son trépas avec tact, aussi lorsqu'elle lui répondit par la négative, il se sentit soulagé d'un poids, du moins dans l'immédiat, car il savait que lorsqu'il rencontrerait un proche de la barde il en reviendrait au même niveau.

Remerciant la lunaire pour sa proposition, il lui répondit qu'il s'occuperait de ces recherches une fois toute cette histoire finie, mais qu'il appréciait sa proposition.

S'éloignant d'elle pour aller trouver le repos, il s'installa près du nain et sombra progressivement dans un sommeil sans rêve, brusquement interrompu par le réveil de Mirtzar juste à côté. Le hin fût heureux de voir que l'attention de elfes ainsi que la nuit de repos avaient eut raison de son épuisement.

De son côté Narvarth se sentait également au mieux, il laissa donc le nain essayer ses nouveaux habits pour se débarbouiller le visage et le corps avant d'en revenir à ce qu'il se disait entre les deux elfes dorés en l'humain de la clairière. Les éléments apportés la veille au soir semblaient donner raison au précédent avis du noble elfe, qui semblait repris en ce jour.
¤Soit! Nous verrons bien une fois plus proche ce qu'il conviendra de faire.¤

Le fils du Clan voulait se proposer pour continuer par la rive, afin de laisser une place supplémentaire dans les embarcations, mais c'est vrai que sa petitesse ne faisait pas grande différence, aussi s'en tint-il à ce qui lui était proposé.

Avant de s'installer, cependant, il alla trouver les deux grugachs.
-Messieurs, il me semble qu'en longeant la berge vous allez vous retrouver à proximité des sangliers d'hier. Je n'ai pu leur soustraire que trop peu de viande, et ça me gène de gâcher le reste faute de temps de les dépecer correctement, aussi si l'envie vous prend d'en récupérer quelques morceaux en passant, ne vous gênez pas, de même si ça peut servir à nourrir vous deux braves compagnons, alors tant mieux, mais je ne saurais que vous conseiller de la prudence lorsque vous serez à proximité, elles sont bien en évidence, et le festin facile aura peut être déjà attiré des charognards.
Il sourit de ses mises en gardes, il parlait à deux elfes, proche de la nature à un point qui dépassait l'entendement du Sagespectre, ce qui fit que ses remarques étaient surement des évidences pour eux, aussi il continua en exprimant ses pensées.
-Mais je suis sur que je ne vous apprends rien.

Alors qu'il allait s'en retourner vers la barque, le souvenir de la conversation qu'il avait eu avec Yvhann juste avant de rechercher les deux elfes, la veille, lui revint. Il était question de plante ou de toute autre chose qui pourrait leur donner l'avantage dans les affrontements à venir, et même si la viande n'aurait pas grand intérêt face aux drows et à leurs gnolls, ils en tireraient surement bénéfice d'une autre manière. Aussi, encore dans ses pensées, il se retournait encore vers les Gardiens Errants.
-Mais peut être que nous pourrions utiliser cette viande autrement que pour nous nourrir nous même. Nériand nous parlait de la présence éventuelle de harpies sur l'Ile, un peu de viande pourrait peut être distraire leur attention en cas d'affrontement, et si ça permet nous permet d'éviter leurs griffes, ça serait toujours ça pour arriver en meilleure forme dans l'antre de ces faces sombres.

-Enfin à vous de voir ce qui est envisageable, au pire j'aurai peut être encore la viande fumée pour les distraire, mais l'attrait du sang sera bien diminué...


Le départ s'annonçait, il prit donc place dans la barque avec Aël’Telàwërith, l'humain qui était surement de la Confrérie également, et l'un des elfes. Il regrettait de ne pas pouvoir discuter avec le nain, mais si la collaboration des trois groupes s'étalait sur plusieurs jours, il lui fallait connaître un peu mieux les nouveaux partenaires.

Il se décida à essayer de lancer une conversation avec l'humain, chose qu'il aurait retardée au maximum s'il n'avait su qu'il œuvrait également pour la Nature. Il cherchait ses mots, ne sachant pas trop quoi dire, puis comme les présentations n'avaient pas vraiment été faite avec les dormeurs, il se lança.
-Je ne suis pas sur d'avoir bien saisi votre nom quand vos compagnon ont parlé de vous hier, c'est Arkh c'est ça? Yvhann disait que vous œuvriez aussi pour la Confrérie? Je me nomme Narvarth, dit le hin en lui tendant la main.

Cela allait vite, bien trop vite pour le druide. Arkh n'aimait pas cela. Certes l'enjeu était de taille. La vie d'êtres vivants, qui plus est innocents, était en jeu. Toutefois la précipitation n'est théoriquement pas l'une des garantes de la victoire mais plutot l'annonciatrice des défaites. L'Histoire regorge de tels exemples. Le druide comprenait la nécessité d'agir vite mais ne pouvait s'y résoudre. C'était sans doute ce trait de caractère qui ne faisait pas de lui un bon meneur d'hommes. Il était bien plus à l'aise derrière une table en train de négocier l'acquisition de droits sur telle ou telle villes ou de discuter sur la justesse de telle ou telle entreprises militaires, qu'en train de mener une compagnie de soldats à l'assaut d'une position fortifiée ou de monter un plan improvisé, visant à investir une place forte. Il écouta donc les elfes discuter de tactique. En l'absence d'informations suffisamment récentes des lieux, Arkh était d'avis que l'option choisie en valait une autre.

Lorsque les compagnons se dispersèrent, le druide alla récupérer ses affaires. Il fit de la place dans son sac pour les présents d'Eäridë, puis s'équipa de pied en cape. Arkh souhaitait parler à Yvhann seul à seul. Or ce dernier était en train de discuter avec le hin et Enoriel. Si la présence de l'elfe ne le gênait pas, celle du Sagespectre était pour lui plus problématique. Dans le doute, il préféra attendre. Se dirigeant donc vers la barque qui lui avait été assigné, il s'y assit et attendit.

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua que du coin de l'oeil l'arrivée du prêtre de Corellon, qui d'ailleurs ne lui adressa pas la parole. Il sourit à Eäridë sans pour autant enager la conversation. L'arrivée du hin sortit le druide de sa 'rêverie'. Arkh, sans être pour autant associal, n'était pas du genre à sauter sur toutes les occasions de faire de nouvelles connaissances. Quand on voit comment cela fini en règle dans ce genre d'occasion... Arkh repensa tout à coup à Eladote... Il était attristé par sa mort mais n'avait pas mentionné son nom dans sa prière de la veille. Il s'en réprimanda et se promit de réparer cet omission ce soir.
La tentative du Sagespectre pour engager la conversation détourna les pensées du druide d'Eladote.

- Je suis ravi de vous rencontrer. Je me nomme effectivement Arkh, Arkh Enophem

Le druide s'arrêta et réfléchit rapidement. Il restait certaines choses sur la Confrérie qu'il n'avait pas eu le temps d'apprendre. Son départ comme son intronisation avait été plutôt rapide. Il n'était de toutes façons que novice. Outre le fonctionnement de son loup d'argent, il se demandait à quel point la Conférie était secrète? A qui pouvait-on en parler? Etait-ce trahir? Arkh se doutait de la réponse pour le cas présent. Yvhann était un haut membre de la Confrérie, si il avait confié des informations à cette petite personne, c'est qu'il devait le tenir en estime. Arkh demeurait pour sa part méfiant. N'ayant pas entendu Yvhann de sa propre voix parler de lui, il choisit en bon diplomate d'en révéler le moins possible, sans pour autant se montrer froid et décourager son interlocuteur.

- En effet, j'oeuvre de concert avec la Confrérie dans cette triste affaire, qui je dois bien l'avouer me révulse autant quelle me consterne... Arkh marqua une petite pause. Et vous même, Narvarth? Que faites vous dans cette contrée aussi ravissante que dangereuse? Assistez vous Yvhann ou suivez vous cet elfe, qui semble être un prêtre de Corellon, si mes yeux ne m'abusent?

l avait fallu de longues minutes à Mirtzar pour reprendre son souffle. Il n'avait pas été seulement surpris, il avait été complètement décontenancé. Il s'était approché d'Yvhann, coupable d'une faute grave, d'un double assassinat, et s'attendait à recevoir un châtiment à la hauteur de sa faute. Et cela lui faisait très peur.

Il n'y avait pas vraiment réfléchi mais il avait imaginé de nombreuses sanctions aussi juste que sévères. Il supposait qu'il devait deux vies à la Nature et qu'il devrait donc œuvrer à la protéger pendant une longue durée, ou peut être se priver de manger, ou effectuer une quête de contrition dont saurait tirer bénéfice les multiples déités liées à la nature. Il avait même craint, humiliation suprême et désespoir absolu, devoir quitter leur groupe et renoncer à tout espoir de racheter sa faute auprès de Clothilde.

Mais Yvhann avait fait rimer sentence avec mansuétude, il l'avait presque exonéré de sa culpabilité, il l'avait nettoyé plus efficacement que ne le ferait jamais aucune eau coulant à la surface ou dans les profondeurs de Toril. Il lui avait même offert une chance, et même deux, de se racheter, de prouver que ce n'était qu'une erreur, un preuve d'ignorance et non de malignité. Pour Mirtzar, Yvhann demandant des leçons de langue était presque aussi incroyable et fabuleux que de voir Moradin en personne monter du Morndinsamman pour lui demander de lui apprendre à coudre. Sauf que, en plus, Mirtzar savait parler et qu'il pourrait donc mener à bien la requête d'Yvhann.

Mais il n'avait pas eu le temps de répondre à son chef, et surtout pas eu le temps de reprendre ses esprits, que l'elfe était déjà loin et s'occupait d'autre chose et qu'on lui faisait signe de rejoindre l'une des deux embarcations. La dernière escapade sur le fleuve ne s'était pas achevée de manière particulièrement satisfaisante mais le nain d'or était prêt à réitérer l'expérience. Par contre, il réalisa assez vite qu'il ne connaissait pas vraiment ses compagnons de navire. En fait, il ne les connaissait même pas du tout et il espérait qu'ils seraient aussi cléments et patients que les autres compagnons que le destin lui avait octroyé. Il décida donc de leur parler avant d'aller trop loin sur le fleuve.

-Messieurs, permettez-moi de me présenter. Je me nomme Mirtzar Boucledacier. J'avoue ne pas avoir très bien compris par quel miracle nous faisons aujourd'hui route commune mais sachez que c'est avec joie que je vous vois vous dresser à nos côtés en ces moments difficiles. Si j'ai bien compris, nous allons devoir combattre côte à côte et je ne crois pas qu'une répartition des tâches aie été effectuée. A moins que ce rôle ne soit inutile, je vous servirai de rempart pour arrêter les offensives ennemies, autant que cela me sera possible.

La barque elfique filait sans bruit sur l’eau calme de la rivière. Un calme qui était bien venu compte tenu des évènements des jours précédents. Et ce n’était pas pour déplaire à l’elfe doré et ce fut l’occasion pour lui admirer les beautés sauvages de Cormathor. Vu de l’eau, la dense forêt était vraiment magnifique et en ce petit matin, les couleurs qu’elle prenait au gré des rayons du soleil ravissaient les yeux lavande du Ar’Tel’Quess. Mais ça le renforçait également que tout ce territoire devait redevenir sous l’égide elfique. L’heure de retraite des elfes ayant visiblement sonné, il leur fallait retrouver les royaumes d’entant. Reconquérir Cormathor et redonné à la cour elfique et Myth-Drannor son éclat d’avant devenait une véritable quête. Et savoir que des populations esti étaient déjà prête pour ce combat était un signe que ce devoir était directement dicté par Corellon Larethain appuyé de l’ensemble de la Seldarine. Protéger ce lieu ancestral, le purifier et le préservé, serait sans nul doute l’une des missions sacré du Math-Faernsuor. Et pour le moment, il n’a pas trouvé meilleur allier potentiel que la Confrérie des Gardiens Sylvestres. D’après ce qu’il en avait comprit, cet elfe… celui que les Gardiens appelait Isorion, avait adopté le modèle de Myth-Drannor et partageait sans doute aucun le rêve du Coronal Eltargrim, puisque cette organisation acceptait différentes races dans ses rangs. L’humain qui était dans sa barque en était l’exemple.

Pour le prêtre-mage du Seigneur de la Seldarine, il était encore entrain de se battre contre certains préjugés qu’on lui avait inculqués depuis sa plus tendre enfance et les préceptes divins. Et malgré toute sa bonne volonté, lorsque les fatigues ajoutées au stress se faisaient cruellement ressentir comme la veille lors de sa rencontre avec Ezédrin, le Ar’Tel’Quess s’était laissé guider par ses préjugés. Il s’en voulait. Mais l’idée même de s’en excuser, ne lui avait pas effleuré l’esprit. L’elfe n’admettrait sans doute jamais que toutes les races soient égales. Par contre, et c’était sans doute ce qui faisait la différence avec les autres membres de son peuple. Il était persuadé que toutes avaient leur utilité et qu’il fallait s’ouvrir et s’intéresser à leur culture et s’enrichir de nouvelles expériences. Mais pour le moment, son attention est tournée vers d’autres préoccupations.

La première était de tenter de savoir d’où lui venaient ce malaise et ses rêveries inquiétantes concernant Evereska. Aussi, et naturellement Aël’Telàwërith s’était placé au centre de la barque. Tout d’abord, il considérait que ce n’était pas à lui de ramer. Et d’autre part, il voulait avoir les mains libres au cas où. En tout état de cause, il s’était placé à proximité de l’elfe lunaire. Il fallait qu’il ait la réponse à sa question, même s’il craignait cette dernière.

’ ’ ’

Le Solaire sentit sa gorge se nouer lorsqu’il prononça le nom de sa patrie natale. Cela ne faisait que quelques lunes qu’il l’avait quitté, pourtant cela lui paraissait des décennies. C’était assez étrange comme sensation. Pour un être qui avait déjà plus d’un siècle d’existence, quelques mois ce n’était que le temps d’un éternuement. Mais là, c’était différent… pourquoi ? Il espérait du fond du cœur que l’elfe argenté pourrait lui répondre et que les nouvelles le soulageraient de son fardeau… ou lui donnerait l’espoir de revenir à temps pour prévenir son peuple de la menace qui grondait. A moins que….

¤ Corellon, dieu ne me laisse pas ton serviteur dans les ténèbres de l’ignorance ! ¤

e fils de Symbaern fixait le soleil qui peu à peu s’imposait dans le ciel, comme une force mystique capable de mettre en lumière la beauté de cette terre ancestrale. Il adressa une prière au seigneur de la Seldarine pour que son peuple pérennise sa vie, sa magie et sa beauté et pour que ce nouveau jour soit celui de la libération de ces enfants au prise avec ces cruels drows.

Les groupes s’étaient formés. Le serviteur de Corollon nota l’ironie de la composition du sien : un humain, un nain et lui l’Ar’tel’quess, comme ce fut autrefois l’union des races à l’époque glorieuse de Myth Drannor. C’était un signe de bon augure.

Avant de prendre définitivement le large sur ces barques, où le silence serait d’or pour déjouer les sentinelles de l’ennemi, il s’exprima d’un ton solennel à l’intention de ses deux nouveaux compagnons. Il s’adressa en premier à l’intention du forestier Ezédryn.

- Fils des forêts, sachez que je ne vous considère guère comme mon obligé. Vous avez démontré hier force, courage et compassion que ceux de votre race devraient prendre modèle. Je vous remercie également d’avoir gardé sagesse et mesure devant ce noble prêtre. Je sais que notre culture est parfois incomprise mais nous plaçons notre exigence sur les autres et surtout nous-mêmes tellement haute que nous pouvons paraître parfois hautain et méprisant. Nous obéissons à quelques codes très stricts établis par une expérience millénaire de notre vieille civilisation, permettant ainsi la sauvegarde de notre communauté malgré la nature intrinsèquement chaotique de mon peuple.

Ses prunelles d’or se posèrent ensuite sur le fier et noble guerrier nain. C’était pour le chevalier de la Seldarine une première : natif d’Eternelle Rencontre, dans son île, il avait vécu en autarcie des autres races, dont la présence était interdite. Il ne connaissait de la race naine que des descriptions données dans différents ouvrages ou des portraits faits par ceux qui étaient partis du continent lors de la retraite pour trouver refuge sur l’île verte. Et à vrai dire les descriptions orales étaient souvent caricaturales les donnant comme poilu, sale, vulgaire, et matérialiste. Toutefois certains écrits historiques comme ceux du Cormanthor portaient en louange leur loyauté, leur ténacité , leur courage et leur vaillance. Cet allié nain semblait être de cette stature.

- Seigneur Boucledacier, que ce jour fasse honneur à nos ancêtres en délivrant ces enfants du joug de l’esclavage. Je suis fier de mener ce combat avec un digne représentant du Peuple de la pierre…

Quand Yvhann s'était approché de lui et avait posé sur le jeune druide ses paroles rassurantes et son regard emprunt d'une certaine fierté, il sourit intérieurement. Pour le remercier il acquiesça simplement en signant un "merci" dans le langage druidique. Il savait le dirigeant des Gardiens Errants peu propice à la discussion et lui-même n'avait pas envie de s'étendre éternellement sur ce qui s'était passé la veille. L'elfe sauvage de la Haute-Forêt appréciait de respirer un peu et de voyager à nouveau avec un groupe réduit. Bien que cela l'ennuyait d'avancer aux côtés des elfes lunaires, n'ayant toujours pas digéré leurs exactions de la veille, Enoriel était heureux de marcher aux côtés d'Yvhann et de Khell. Même si il n'oubliait pas leur mission première et les âpres combats qui en découleraient très certainement, cette marche aux côtés des siens lui remémorait les chasses auxquelles il participait durant sa formation de druide. Comment écouter les feuilles et les arbres, suivre les traces des différentes espèces de la Haute-Forêt, survivre grâce aux plantes et à toute la flore environnante... Tout cela bien sûr, il ne le maîtrisait pas encore mais alors qu'il se mettait en route et qu'ils longeaient la berge, les saveurs, les odeurs lui revenaient en mémoire, le flux de la Nature se remettait à couler en lui. Rillifane Rallathil avait entendu sa prière et il savait que son dieu, le Seigneur des Feuilles, veillerait sur lui pour qu'il accomplisse sa tâche. Pour le maintien de l'Equilibre...

MJ
Narration: Le 1er groupe embarqué: Arkh, Narvarth, Aël’Telàwërith et Eäridë

uelles étaient les nouvelles d’Evereska ? La question frappa de plein fouet la jeune femme et un voile de tristesse infini barra son beau visage et provoqua chez l’Ar’Tel’Quess un brusque sentiment de peur, oui de peur. Le cœur du serviteur venait de bondir dans sa poitrine et sans qu’il puisse s’en empêcher s’écria :

- Mais parlez de grâce ! Parlez ! Quelles sont les nouvelles d’Evereska ?

Tous les regards convergèrent vers l’elfe lunaire et si Narvarth s’apprêtait à répondre à Arkh, il n’en était plus question dans l’immédiat. Eäridë considéra longuement ses compagnons avant de se mettre à parler.

C’est avec effroi qu’ils apprirent ce que le monde connu était en train de subir. Non les nouvelles d’Evereska n’étaient pas bonnes, loin de là. L’elfe argenté parla, en commun, sa voix douce était visiblement affectée par ce qu’elle révélait, provoqua la stupeur et la consternation. Eäridë ne connaissait que partiellement certains événements. La terrible vérité s’imposa à l’elfe solaire. Les phaerimms étaient de retour libérés de leur prison millénnaire et ils s’étaient abattus sur le Maison Fortifiée avec empressement, engendrant chez les evereskan de terribles pertes. Après la perte de Rocnid au début de cette année, Evereska à demandé de l’aide à ses voisins, un appel au secours désespéré. Des émissaires avaient été envoyés un peu partout, Eauprofonde, Lunargent, le Cormyr, les tribus Uthgardt, Eternelle-Rencontre tout comme les peuples nains ou encore les Vaux, avaient levés aussitôt d’importantes forces armées pour venir en aide à la cité esti. Ce corps expéditionnaire, aujourd’hui, se battait aux pieds d’Evereska. Les compagnons apprirent aussi qu’une cité volante néthérisse était également réapparue à la surface de Faerûn, ses habitants avaient offert leur aide dans la lutte contre les phaerimms mais cette aide qui tombait à point nommées, comportaient des aspects malsains et avait bien faillit se retourner contre la coalition et en particulier contre le Cormyr. Arkh se raidit soudain en entendant le nom de sa terre natale. Il en demanda à en savoir plus et l’elfe lunaire darda sur l’humain un regard qui en disait long.

- La cité de Tilverton n’est plus...

Le druide accusa le coup.

MJ
Narration: Le second groupe embarqué: Shalan, Mirtzar et Ezédryn

’évidence Mirtzar devrait s’habituer rapidement à ne pas trouver à ses questions, les réponses attendues. Une répartition des tâches? A priori, les choses devraient se mettre en place d’ici peu…

Leur barque était devant celle du prêtre et des autres compagnons.

Ezédryn se présenta, avec la verve qui lui était habituelle, il fut interrompue par le Teu’Tel’Quess qui ne manqua pas de demander d’où provenait le léger accent valien qu’il croyait déceler dans sa voix…..Croire était sans doute un peu exagéré, il en était persuadé.

MJ
Narration: Yvhann et Enoriel

es deux elfes sauvages et les deux autres elfes argentés filaient tells des ombres à la lisière des bois à un bon rythme sans se soucier d’autre chose que du chemin qu’ils avalaient tout en gardant leurs sens en alerte. Ils étaient mêmes en avance sur les barques qui fendaient plus lentement les flots et quand Yvhann commanda au groupe de stopper au détour d’une petite anse boisée suite au cri d’alarme de son faucon, les elfes s’immobilisèrent. Au travers les feuillages, ils repérèrent immédiatement la source d’inquiétude de Floyr en la personne d’une quinzaine de créatures de la taille d’un gnome, recouvert de vêtements en haillons et de pièces d’ armure hétéroclites sur une peu écailleuse. Ils possédaient une queue qui n’étaient pas sans rappeler celle d’un rat et leur tête était vaguement apparentée à celle d’une race de chien, surmontée de petite corne. Le groupe de créatures mettaient à l’eau cinq pirogues artisanales….

Arkh se détourna du hin lorsqu'il entendit le prêtre de Corellon s'exprimait d'une voix plus aiguë que la normale. La question qu'il avait posé et que le druide n'avait pas écouté, avait apparemment beaucoup d'importance aux yeux de l'elfe. La réponse, si il semblait ardemment vouloir la connaitre, lui faisait peur. Arkh écouta donc attentivement Eäridë. Le druide dut faire appel à toutes ses connaissances en géopolitique pour comprendre ce qu'elle raconta. Arkh ne connaissait presque rien des phaerimms, au mieux avait-il vu leur nom en rapport avec l'ancienne civilisation de Nethéril. Il ne possédait guère plus d'informations. Il en savait par contre un peu plus sur Everska. Il fut néanmoins surpris d'apprendre que cette cité-État elfique avait demandé l'aide de tous ses voisins. Cela ne pouvait signifier qu'une chose, leurs ennemis étaient très puissants et leur situation frisait la catastrophe. Sinon qu'est-ce qui aurait pu motiver une telle demande d'aide, surtout de manière aussi ouverte.
Arkh fut ravi d'apprendre que son pays avait été sollicité. Il ne doutait pas que le Cormyr répondrait à l'appel, tout comme Azoun IV avait répondu à celui dirigé contre les hordes tuigannes, il y a quelques années. Un vague sentiment de fierté s'installa dans l'esprit du druide. Il sourit légèrement à cette évocation. Toutefois, ce sourire comme ce sentiment de fierté ne furent guère plus qu'éphémère. La mention de l'apparition d'une cité volante disparue depuis des siècles ne laissait pour le druide rien présageait de bon pour l'avenir. Eäridë le confirma au grand désarroi du druide.

¤ Tilverton n'est plus.... ¤

Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier... Eäridë sous-entendait que la cité avait été complètement détruite. Comment cela se pouvait-il, qui et pourquoi? L'esprit du druide réfléchit à toute vitesse et dans toutes les directions. De l'escadre de dragon à la horde de peaux-vertes, toutes les possibilités furent passées en revue. Les effets de cette destruction lui apparurent également clairement. Outre les milliers de morts, l'expansion et la croissance du royaume allait être stoppées net, si ce n'était déjà fait. L'intégration de la cité-État de Tilverton dans le royaume du Cormyr avait été l'un des projets phares du roi Azoun IV. La situation du royaume au main de la régente devait être très critique.

¤ Pauvre Cormyr.... ¤

Arkh fut très affecté par la nouvelle, il accusa le coup. Il ne pouvait cacher à la fois son malaise et son inquiétude. Ses pensées étaient allées vite en besogne. Le manque d'informations était toutefois problématique. Arkh attendit pour voir si Eäridë allait continuer, puis réalisant qu'elle ne le ferait pas, posa lui même ses questions:

- ...comment est ce arrivé? Depuis combien de temps?

Arkh n'était pas sur de vouloir entendre sa réponse.

C'est avec un plaisir réel que le grugach écoutait les dires du vaillant et irremplaçable Narvarth. La proposition qu'il avait mentionné, plut à l'elfe sauvage. Le druide-rôdeur se trouva des feuilles large et épaisse pour pouvoir emballer la viande dans celles-ci. Il ne pris pas tout ce qui restait des sangliers, seulement ce qu'ils auraient besoins plus tard. Ne s'encombrant aucunement en poids. Durent ce cours laps de temps il chercha aussi pour y trouver des plantes bénéfiques pour la santé et d'autre qui aurait eut un principe actif plus dommageable pour la santé.

C'est avec une délectation des sens que la course commença. Surveillant régulièrement les embarcations elfiques et leurs passager, le quatuor filait à bonne allure au travers la luxuriante végétation local qui ne finissait pas de réjouir le dernier des Yössmars. Puis, fidèle à lui même, Floyr averti d'un danger au moment opportun.

Encore une fois, la nature était imprévisible.
* Mais qu'est-ce que? * Se demanda Yvhann en regardant les créatures étranges.

De suite son arc fut armé d'une flèche et une autre prêt à être encoché. Baissé dans les feuillages, les yeux aux aguets et les oreilles bien ouverte au moindres mots ou sons, le grugach était près à intervenir. Son regard se fit rapide dans celui des deux lunaire qui les accompagnait et ce regard se voulait interrogateur. Cherchant dans sa mémoire, le grugach tentait d'identifier les êtres nouvellement apparut devant eux.

* Mettent-ils leurs embarcation à la rivière pour atteindre les notre? * Se demandait-il dans la présente.
Son faciès se rembrunie et son état mental commençait à ce conditionner pour une autre rixe. Ce qui n'était pas pour déplaire au sauvageons qu'il était. Étudiant parfaitement l'emplacement où ce tenait le groupe de gnome-bêtes, le chasseur sylvestre commençait déjà à se faire un plan d'attaque en tête; est-ce que le terrain était apte pour un enchevêtrement? Pouvaient-ils s'approcher un peu plus près? Cherchant à trouver le meneur de cette bande étrange, il le mira prêt à tirer, mettant de plus en plus de tension sur la corde de son arc.

Connaissance de la nature( Pour plantes et gnome), Perception auditive, Détection, et Discrétion.

Le silence qui précéda les paroles d’Eäridë furent une véritable torture pour le solaire. Et annonciateur de ce qui allait suivre. Au fur et mesure que les mots quittaient la bouche de l’elfe lunaire, ils prenaient consistance dans l’esprit d’Aël’Telàwërith. Et cela se faisait sous forme d’horribles images, de champs de bataille, de désolation et des corps d’elfes à perte de vu. Il revit sa rêverie d’il y avait quelques jours. Le discours des deux elfes prenait tout son sens. Comment cela était-il possible ?

La seule explication, c’était que les Phaerimms avaient fini par percer le mur des Sharms. Cela faisait tellement longtemps que le peuple de la maison fortifiée vivait avec cette menace, qu’elle avait fini par ce muer en une légende puis un mythe pour finir comme une histoire que l’on raconte aux jeunes elfes pour qu’ils se tiennent sages. L’histoire ne cessait de se répéter, cela avait déjà été l’une des causes de la chute de Myth-Drannor. Aujourd’hui, elle serait peut-être celle d’Evereska.

Les poings du Ar’Tel’Quess s’étaient serrés, son cœur saignait et pour finir les chaudes larmes se mirent à couler le long des joues du prêtre de Corellon, lui offrant un goût salé lorsqu’elles arrivèrent à la commissure de ses fines lèvres. L’elfe doré pleurait en silence. Aucun mot ne put sortir de sa bouche. Sa gorge était nouée, et son esprit embrumé par ce qu’il venait d’apprendre. Et s’il se doutait qu’un mal menaçait Evereska, il avait toujours gardé espoir qu’il puisse revenir suffisamment tôt pour prévenir son peuple.

¤ Revenir !! ¤

Comment imaginer revenir ? La honte s’emparait peu à peu du fils Eowëlathaèldir. Les implications de son absence se faisaient, peu à peu, jour dans son esprit. Sa patrie natale était attaquée, pire, elle était sur le point de tomber. Sans quoi, le conseil des Anciens des Collines n’aurait jamais admit de briser le secret de l’existence même de cette cité : le dernier havre elfique sur Faerûn. L’heure n’était plus grave, elle était désespérée. Qui était parti pour Arvanaith ? Qui se battait encore ? Ses parents étaient-ils encore de ce plan ? Qu’adviendrait-il de son peuple ? La perte de Tilverton du Cormyr lui paraissait bien désuète à coté de celle d’Evereska. Mais tout espoir n’était pas encore perdu, contrairement à la cité des humains, celle des elfes se battaient encore.

Et comment admettre de ne point se trouver aux cotés des défenseurs d’Evereska ? S’il avait su, probablement que jamais il n’aurait quitté sa cité. La Guetnorn le savait-elle lorsqu’elle l’avait chargé de cette mission pour leur famille ?

¤ Ô Alystraë Aëryndra ! Pourquoi t’es-tu joué de moi de la sorte ? Je suis maintenant déshonoré et mon opprobre rejaillira sur toute notre famille. Le savais-tu ? Le savais-tu lorsque tu m’as éloigné d’Evereska ? Quel dessin as-tu décidé pour moi ? Celui d’un lâche qui fuit les combats et abandonne son peuple. Jamais plus je ne pourrai retourner à la Maison Fortifiée. Jamais tant que je n’aurai pas lavé mon honneur. Tu t’es moquée de moi, ma tante. Que dois-je faire maintenant ? Quitter la voie que je suis et regagner au plus vite Evereska, ou poursuivre coute que coute ? Ô Corellon Larethian prend pitié de tes enfants d’Evereska, sauve-les, je t’en conjure. Et guide-moi sur ce qu’il est juste de faire. Où se trouve ma destiné ? Je devrai me trouver aux cotés des miens et les protéger en ton nom. Est-ce que je ne te sers pas bien ? Suis-je indigne d’être un Aegissuoress ? Mon dieu, mon cœur saigne et il est lourd de sa tristesse et de la honte, mon esprit n’est plus claire. La prise du temple de Labelas Enoreth était-il plus important que la sauvegarde d’Evereska ? Ô Premier de la Seldarine, j’en appelle à ton bonté. Je suis perdu dans le néant de mon ignorance crasse. Je ne suis rien et tu es tout. Guide-moi sur la voie que tu as choisie pour moi. Père de tous les elfes, prend pitié d’Everska et prend pitié de moi. ¤

Caressant le croissant de lune en argent entre ses doigts, Aël’Telàwërith Eowëlathaèldir pleurait en silence. Drapé dans sa dignité, il se tenait droit, le visage dur, ses yeux brillants étaient perdus dans le vide qui emplissait son cœur et son âme. Toutes ses certitudes venaient de voler en éclat. Pour l’heure le noble Ar’Tel’Quess était brisé. Sa blessure était profonde, bien plus celle qu’aurait pu causer n’importe quelle lame. Perdu dans ses incertitudes et blessé dans son orgueil, le Mage-Prêtre s’il avait entendu le cri d’alarme de Floyr, n’en montra aucun signe.