Un arrêt chez les uthgars

MJ
es deux femmes de la table en face de Mjöllnir regardait toujours ce dernier d'un air suspicieux convaincre une humaine, pour un nain, de partager une chopine était toujours un peu compliqué et il ne faisait aucun doute sur le fait que ces deux là ne viendrait pas discuter du mauvais temps à leur tablée surtout avec des aventuriers puants et peut-être même pouilleux. L'une d'elle avait un air enfantin, presque malicieux et dénotait considérablement parmi ses compagnons dont l'allure et la prestance permettait de dire qu'on était pas en présence d'aventuriers de pacotille. La deuxième femme était costaude et avait les cheveux roux coupés très court, il sembla au nain l'espace d'un instant qu'elle regardait par dessus son épaule vers la porte d'entrée. Après quelques secondes de silence qui ne firent qu'amplifier la gêne des uns et des autres, celui qui venait de ranger le plan, un homme se leva tout en lançant un regard à l'autre au regard sinistre, il parla en commun avec un accent étrange et indéfinissable.

- Il est temps que nous partions, mais tu peux rester encore et partager en notre nom à tous la bière généreusement offerte par ces braves gens, Chatrilon. L'homme d'âge mur, une fois debout était plutôt grand et imposant, sa barbe foncée, taillée en pointe et des sourcils broussailleux achevaient le portrait d'un chef, respecté par ses hommes, ou de quelqu'un qui l'avait jadis été. Ses quatre compagnons se levèrent pour quitter l'Auberge de la Bonne Hôtesse et le dénommé Chatrilon s'attabla avec son tabouret distribuant des sourires édentés à tout va, tellement l'idée de vider quelques chopines le réjouissait. La sueur qui émanait des aventuriers ne gênerait pas l'homme qui semblait être tombé dans un tonneau de vin, il y a un moment déjà.

- Vas-y le gnome, raconte nous une de tes histoires! Tu es barde n'est-ce pas? Un barde venu d'une grande ville c'est pas tous les jours qu'on a cela à Puit, ça va nous changer des scaldes et de leur ballon de baudruche musicaux! Ne t'en fait pas ça fait quatre ans que je crèche ici, si tu te trompes je te remettrai dans le droit chemin. Maintenant que les quatre autres étaient sur le point de partir ce cinquième là ce montrait un peu plus expansif voir même jovial. Il parlait fort et semblait assez familier. Il n'eut pas besoin d'héler l'aubergiste que ce dernier arriva en souriant sachant qu'il y avait là de quoi garnir sa bourse aisément avec son pilier de bar attitré.

- Maridosen mets nous une pinte bien mousseuse à chacun et sers nous à manger, je pense que les nouveaux venus ont faim. Voilà les aventuriers prêts à achever cette journée riche en évènements par un goûteux repas, faite sans doute d'une pièce de boeuf grillée. Ylinya et Absurbanipal enfin soulagés de se sentir un peu plus en sécurité commençaient seulement à se détendre. Stor regardait son interlocuteur sourcil froncés apparemment se faire prendre pour un gnome n'était pas pour le réjouir. Soudain Mjöllnir crut voir une apparition quelqu'un venait de descendre lentement des combles d'un escalier qui ressemblait plus à une échelle qu'autre chose et ce quelqu'un c'était Kimiad!!!

epuis quelques jours Kimiad ne cessait pas de ressasser ce qui s’était passé ces dernières semaines et louait avec une ferveur intacte tout le Morndinsamman d’être encore aujourd’hui vivant. Car il ne s’en était fallu d’un cheveu qu’il rejoigne ses ancêtres, une éventualité qu’il trouvait un peu prématurée même s’il savait que la vie d’aventurier comportait des risques inhérents à leur métier. Au terme d’aventures qu’il estimait mémorables et qui selon lui feraient pâlir d’envie tous les chroniqueurs de l’histoire naine, Kimiad avait survécu et trouvé refuge dans ces lieux pour prendre un repos bien mérité et surtout indispensable. Pendant quelques jours, il s’était retrouvé alité, avec l’incapacité de se lever et ce fut certainement la chose la plus difficile à faire pour ce bouillonnant nain au caractère bien trempé. Et contre toute attente, estimant qu’il pouvait aisément rejoindre la salle commune de l’auberge et de goûter au joie d’une bonne pinte de bière. Un plaisir simple dont il avait été privé depuis assez longtemps. Grommelant dans sa longue barbe, le nain descendit avec précaution l’escalier de fortune pour gagner le rez-de-chaussé et quand son regard embrassa l’ensemble de la salle commune, il eut un hoquet de surprise et écarquilla les yeux.

¤Mais... Mais... C’est Mjöllnir!!!¤ Non, les yeux du nain ne le trompait pas. Face à lui se trouvait bien son cousin. D’une voix forte, il hurla.

- Par la barbe de mes ancêtres! Mjöllnir!

insi donc la compagnie refusait son offre. Peu étonnant à bien regarder l’air patibulaire qu’ils se donnaient ou... cachaient maladroitement. Le dénommé Chatrilon faisait exception? Tant mieux! Même si c’était pour surveiller leurs faits et gestes ou si les autres s’étaient en fait simplement débarrassés du pique-assiette local. En quelques mots il venait de distribuer plus d’informations qu’il n’en fallait à la sagacité de Mjöllnir : ce gars là ne faisait pas partie du groupe qui venaient de les quitter, il connaissait très certainement fort bien la région, et plaçait son groupe dans ceux des braves gens dont l’aubergiste n’avait pas à se méfier.

Allait-il répondre au soiffard pour lui signifier que Stor n’avait rien d’un gnome qu’une vision empêcha sa langue de former le moindre mot. Le temps que le nouveau venu lui hurle qu’il ne s’agissait pas d’une erreur. Mjöllnir se leva, faisant choir son tabouret comme s’il n’avait été là, ébahit, la bouche ouverte de ne savoir comment réagir face à l’apparition de son cousin... mort?! Il avait creusé des heures à sa recherche et n’avait trouvé que son arme, il avait fait son deuil, lentement et dans une profonde détresse, se nourrissant de cette tristesse dans ses derniers affrontements et voilà qu’il était à nouveau là en face de lui!

- Que Dumathoïn me soit témoin... Cousin... La taverne avait disparu, il n’y avait plus que Kimiad. Il écarta les bras, tel quelque épouvantail grotesque animé par magie se rapprochant de lui jusqu’à l’enserrer à grand renfort de frappe dans le dos qui faisaient réapparaître son environnement.

- Kimiad! Par quelle magie? Stor avait fait une chanson pour raconter au monde ta vaillance face aux squelettes mais tu ne le connais pas, c’est vrai, pas plus qu’Absu’ au fait. Pour les autres... Enfin soit! Viens t’asseoir avec nous, nous allions trinquer! Relâchant l’étreinte, il amena le nain à leur table, lui offrit son tabouret et après avoir réfléchi une seconde, fouilla dans son sac à dos pour en sortir le paquet des fragments de l’arme brisée qu’il avait trouvé dans les gravats. "Je l’avais gardée..."

Mjöllnir n’a jamais reçu d’équipement régional. La série 3 potions de soins et carreaux (si ça peut remplacer les flèches) me plait bien.

Seul un barde comme Stor Mousseracie possèderait assez de talent pour faire poursuivre cette aventure de plus belle manière car les révélations de Kimiad, tout au long de la soirée, mis un terme amer à ce qui prenait des airs d’épopée fabuleuse. Il ne pouvait se souvenir de la manière dont il s’était retrouvé si loin du tunnel qui aurait du signer sa perte et Mjöllnir ne retint rien des explications qu’il lui fournit sur la tombe profanée. Il ne retint que la conclusion, chargée d’un sentiment de déjà vu. Plus rien ne les attendait là-bas. Le responsable des perturbations climatiques était vaincu, le tombeau avait été repris par les Nains polaires et scellé pour les siècles à venir.

Ils avaient perdu tant de vaillants compagnons pour rien.

Il parla longtemps avec les survivants, à sa ‘bleutée’, à qu’il pria de transmettre ces nouvelles à Amra et à son père et dont l’absence à ses côtés manquerait plus que cruellement, à Stor, qu’il gratifia des plus beaux encouragements pour la suite de ses pérégrinations et de son amitié éternelle tant qu’il ne lui demanderait plus d’emprunter des chemins et de traverse … puis à Absu’, pour qu’il l’aide à retrouver une étincelle de sérénité et qui finit par lui offrir une nouvelle direction à laquelle il était surpris de n’avoir pensé par lui-même.

Sa ‘mission’ terminée, il était temps pour lui de retourner à son monastère et de faire écho de ses aventures à ses supérieurs … même s’il ne doutait en être renvoyé très vite pour quelque autre pour le garder loin des salles d’entraînement.
Mjöllnir avait grandit en force et en sagesse et avait appris à remettre en cause jusqu’aux ordres des siens. Le voyage serait certes long jusqu’au Vaste mais la pluie cesserait bientôt et rien ne le forçait plus à presser l’allure ni ne l’empêchait à faire halte en chemin.

Dès l’aube du lendemain, le Nain avait repris la route, vers le Sud, riche des nouvelles sur ses ‘Cousins du Nord’ …

L’aventure se termine avec le départ de Frolamin et la (quasi-)disparition des compagnons de Mjöllnir. Celui-ci retourne vers son monastère, dans le Vaste.