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Séparation, Hermine
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uette pour économiser son souffle, la jeune femme courait à travers la forêt. De sa longue foulée souple, elle traversait le sous-bois aussi vite qu'elle le pouvait, bondissant par dessus buissons et fourrés, évitant tronc et branches qu'elle écartait de ses bras. Elle jeta un regard derrière elle : personne. Mais ça ne voulait rien dire. Ils avaient sûrement été surpris par la rapidité de l'humaine, et par son endurance. Mais ils connaissaient certainement mieux ce coin de forêt qu'elle. Vraiment, elle n'aimait pas servir de gibier.
Soudain, elle arriva devant un fossé, qu'elle tenta de franchir d'un saut. Mais prise de court, elle calcula mal son élan, et dévala la pente, manquant de se rompre le cou, pour finir sa course au pied d'un buisson de fougères rousses. Contusionnée, serrant les dents, elle profita de l'élan qu'il lui restait pour rouler sur elle même, et se retrouva accroupie. Le temps pressait. Ils allaient être là d'une seconde à l'autre. Portant sa main à sa sacoche de ceinture, elle en ressortit une bougie éteinte et, fixant une poche de son gant de cuir qui portait un motif étrange, psalmodia une rapide incantation. Au molosse d'airain qui apparut, elle aboya un unique ordre :¤ Cours ! ¤ Tandis que le canidé céleste s'élançait et grimpait le versant opposé du fossé dans la direction pointée par son invocatrice, ne faisant aucun effort pour cacher sa piste, son invocatrice sauta dans le buisson de fougères et s'y tint complètement immobile, cape brune chiffonée sous le buisson couleur rouille. L'instant d'après, trois êtres cornus et poilus apparurent. Les deux premiers franchirent le fossé d'un seul bond impressionnant de leurs jambes de cabri. Le troisième, encore plus essouflé que ses compagnons, suivit à peu près le même chemin que l'humaine. Avisant la piste claire d'herbe froissée et de branches brisées laissée par le chien, il sourit :- Elle est bien passée par ici ! , bêla-t'il, ravi, à l'adresse de ses deux amis. « On va l'attraper, cette biche ! » Lorsqu'il eut disparu, la fugitive compta mentalement jusqu'à six, avant de se redresser, aux aguets. Sans perdre de temps, elle partit dans une direction perpendiculaire. À mesure qu'elle s'éloignait d'un pas pressé en époussetant ses habits et en ôtant une à une les feuilles prises dans ses cheveux, un sourire sans joie ourla ses lèvres. Elle soupira :¤ Ces satyres ! Tous ne peuvent avoir la « délicatesse » de Phrénéas, j'imagine ... ¤ Au souvenir du faune de la forêt de l'Orée qui l'avait aidée durant une de ses quêtes passées où elle avait du combattre une invasion démoniaque, Hermine repensa à ceux qui avaient été ses compagnons. Neyn, et Arzhaelig. Alors qu'elle repensait au vieux marin du Cercle, elle fit rouler entre ses doigts l'anneau magique qu'elle portait à son annulaire. Fait d'un matériau étrange, en plus de la protéger de la faim et de réduire ses besoins en sommeil, le bijou semblait receler un mystérieux secret, et ce secret avait commencé à s'éclaircir, à en croire les recherches qu'elle avait pu mener à Lunargent. Plume ... Peut-être pourrait-il l'accompagner pour ce projet ? Mais elle n'avait pas encore localisé l'épave, et savait pas encore comment contacter son ami. Et, de toute manière, elle n'était pas venue dans la Haute Forêt pour cette raison. Mais effectivement, son expérience récente lui montrait qu'elle avait encore bien des choses à apprendre sur la « diplomatie forestière » avec les peuples sylvains. Quelqu'un d'habitué à prendre contact avec les fées lui aurait certes été utile, en ce moment ...Hermine, Athlétisme ... Échec.Hermine lance convocation de monstres.Hermine lance communication avec les animaux.Hermine, Furtivité ... Réussite.
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bsorbée dans ses pensées, Hermine cheminait sous les arbres. Voilà plusieurs jours qu'elle errait dans cette partie de la forêt. À en croire les cartes qu'elle avait consultées, elle aurait du en avoir pour environ deux jours pour atteindre sa destination. Mais apparemment, quelque chose, ou quelqu'un, s'ingéniait à lui faire perdre ses repères, à la faire revenir sur ses pas, à lui faire perdre du temps.
Les premiers jours avaient été les plus éprouvants. Elle avait cru détecter quelques êtres féériques. À deux reprises notamment, elle avait entendu quelque ricanement taquin, et avait cru sentir l'influence d'un charme magique. Heureusement, elle avait fait des progrès depuis la forêt de l'Orée, et avait apparement résisté à l'influence. Plus tard, cherchant à se désalterer dans une mare, elle était tombée sur une curieuse petit femme aux mains et aux pieds palmés, et à l'air farouche. Celle-ci avait demandé -ou plutôt, ordonné- à l'aventurière de débarrasser "sa" mare d'un arbre mort qui y était tombé quelques semaines plus tôt. Elle avait semblé étonnée que l'humaine ne s'exécutât pas immédiatement, et préfère en savoir davantage sur la cause de sa chute, et sur les environs. L'étonnement de la nixe n'avait fait que grandir lorsqu'Hermine avait quand même accédé à sa requête sans y être obligée : rassemblant toutes ses forces, elle avait dégagé la mare à grand peine. Puis, satisfaite d'avoir rendu service, elle avait pris congé. Un soir, alors qu'elle se reposait tout feu éteint, pensant être discrète, elle avait aussi croisé la route d'un gigantesque arbre parlant. Ce fut au tour de la Nordique de s'étonner : c'était la première fois qu'elle parlait avec une plante aussi immense ! Son émerveillement avait momentanément muselé sa méfiance naturelle, et elle s'était allé à conter ses aventures dans le marais des Lézards. Le sylvanien avait paru très intéressé, et posa des questions étonnament précises sur l'horreur qu'elle et ses compagnons avaient tuée, et sur les conséquences possibles de sa mort sur la région. L'un dans l'autre, la conversation avait été très intéressante et, avant de partir, le vieil arbre lui donna quelques informations précieuses sur le chemin qu'elle devait emprunter. Ensuite, bien qu'elle ait fait un curieux rêve figurant un vieil homme à la barbe de feuilles, l'aventurière avait passé une de ses meilleures nuits depuis longtemps.
Ces différentes rencontres avait donné matière à penser à Hermine. Les forêts, et ces bois en particulier, étaient vraiment pleins d'une vie rare. Étrange et différente, certes, mais que la jeune femme avait une vague envie d'apprendre à mieux connaître -et, peut-être, un jour, de vivre parmi eux et de les protéger. Après tout, la sylve dégageait une grande tranquilité, tranquilité à laquelle elle aspirait ...
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essasser ses souvenirs plutôt que de faire attention à son environnement était une grossière erreur. En effet, alors qu'elle était presque totalement inattentive, un cri tira soudain Hermine de sa rêverie :- Ne bouge pas, intruse !Elle avisa celui qui l'avait hélée : un combattant de haute stature, habillé de fourrures et de plumes, arborant des cicatrices ainsi que des peintures de guerre noires, vertes et brunes qui semblaient servir tout à la fois de camouflage et de langage secret. Il portait un arc dont la flèche était encochée et pointée sur elle -et à en juger par les mouvements tout autour, plusieurs de ses amis faisaient de même. Comment avait-elle pu être assez idiote pour se laisser surprendre ainsi ?
La Nordique garda ses mains loin de ses armes, les écartant bien en vue en signe d'apaisement. Bredouillant quelques paroles pour gagner du temps, elle fit lentement quelque pas, tournant sur elle-même. Prenant conscience de sa situation, ses paroles se muèrent en un marmonnement incompréhensible : sur sa droite, à une dizaine de mètres, un ravin qui semblait ... profond. Sur les trois autres cotés, d'autres guerriers et guerrières armés d'arcs et de lances, dont la patience ne semblait pas la vertu principale. Oui, ils l'avaient coincé. Mentalement, elle s'adressa à nouveau le même reproche : comment avait-elle pu être aussi idiote ? Au moins, ses pas faussement erratiques lui avaient permis de dessiner sur le sol le symbole dont elle avait besoin, et son murmure d'apparence défaite lui avait permis d'achever de se protéger discrètement du danger le plus pressant : les flèches et autres armes de lancer ...
Pas qu'elle soit en danger immédiat : si ceux qui la cernaient avaient voulu la tuer immédiatement, ils auraient déjà tiré. Mais certains commencaient à s'approcher d'elle un peu trop près -et l'un d'eux tenait de quoi la ligoter. Quelles étaient donc les habitudes des gens du coin ? Pouvait-on négocier avec eux, ou allaient-ils l'offrir en sacrifice à leur roi, leur dieu, qui que soit ce fils de rien ? Hermine l'ignorait. Il y avait tellement de choses qu'elle ne savait pas concernant les us et coutumes de ce fichu monde ! Et, présentement, elle n'avait aucune envie de le découvrir. Pas alors qu'elle touchait au but. Et puis, pas question d'être à nouveau attachée, ou emprisonnée : elle avait déjà donné.- Je ne яetouяneяai pas en pяison !, cria t'elle, tout en feintant à gauche, avant de s'élancer sur sa droite.
Comme si tout autour d'elle allait au ralenti, la guerrière sentit plusieurs flèches et une hachette s'abattre près d'elle. Elle para de son avant bras une autre flèche, qui l'aurait autrement atteinte en pleine tête, et évita d'un mouvement de corps une javeline qui passa au dessus de son épaule, au lieu de se planter dans son dos. Tout allait si lentement ... Les tirs, les cris de ses adversaires -même elle, semblait prise dans de la gelée. Plus que deux pas ... plus qu'un ... Plutôt ça que d'être à nouveau emprisonnée et torturée ... Les bras en croix, elle plongea dans le ravin.
... Et le temps reprit son cours. Criant, jurant, à la fois interloqués, énervés et effrayés, les combattants se ruèrent à la poursuite de l'intruse, avant de se stopper au bord du gouffre.
L'étrangère avait sauté !Pas un tir n'était parvenu à la ralentir ! Soudain, les premiers guetteurs qui scrutaient le fond du gouffre entendirent deux explosions mouillées, avant d'apercevoir comme un jet de flammes dans l'obscurité. Les flammes grossissaient rapidement ... Quelque chose remontait de l'abîme ! Tandis que les éclaireurs les plus avancés reculaient vivemement pour éviter ce qui était peut-être un dragon, il y eut une brève cohue entre eux et leurs compagnons qui s'aprochaient à leur tour pour regarder au fond du gouffre.
Mais au lieu d'un dragon, ce fut une armure de métal noire comme la nuit qui repassa à vive allure devant eux, avant de s'envoler vers les nuages, poussant un long cri perçant !Hermine lance protection contre les projectiles.Hermine revêt son armure complète.Hermine lance un sort (risque d'échec:20%) ... Échec.Hermine lance vol (risque d'échec: 20%) ... Réussite.
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aput, Hermine ferma les yeux de fatigue et de félicité. Réellement, elle volait ! ... Un si vieux rêve, exaucé ! Elle ne maitrisait pas encore totalement la technique, avait bien failli s'écraser au fond d'un ravin quand tout s'était mis à cafouiller, et avait eut un instant de panique, mais ... tout ça était maintenant derrière elle, et elle ne put s'empêcher de jouir de cet instant. La voûte céleste tout au dessus d'elle et tout autour, un océan de verdure qui s'éloignait loin en dessous en même temps que ses dangers ... Cela faisait bien longtemps que la jeune femme ne s'était pas sentie aussi apaisée, aussi libérée, délivrée, aussi ... heureuse, tout simplement ! C'était difficile à croire. En proie à une intense félicité, elle murmura un remerciement à Jawead, et se laissa aller à ce rêve éveillé, ce rêve bleu, entourée de ciel ... Volant sur le dos, le sourire aux lèvres sous son haume, elle resta ainsi quelques instants ...
... Mais ce moment si rare de pur bonheur prit abruptement fin. Son sixième sens l'avertissant au dernier moment, elle inclina la tête juste ce qu'il fallait pour éviter une flèche qui, autrement, se serait fichée droit dans sa nuque. Tous ses sens en éveil, elle se retourna sur elle-même et mit sa main gantée de métal en protection juste à temps pour parer un second projectile qui visait sa poitrine. Avisant l'origine des tirs, elle aperçut non loin d'elle une plateforme surélevée, bâtie juste au dessus des frondaisons sylvestres, qui hébergeait deux sentinelles. De leur nid, les archers se préservaient de toute menace venue du ciel. Et, dans sa trajectoire désinvolte, Hermine s'était dirigée en plein sur eux !¤ ... Et trop tard pour faire un détour ! ¤ Au moment même où les archers décochaient une nouvelle volée de flèches, la guerrière plaça rapidement ses bras en croix sur sa poitrine et tourna à nouveau sur elle même, exécutant un tonneau parfait avant de décrocher à une allure folle vers les arbres, esquivant de justesse une nouvelle volée de projectiles. Après un rapide piqué, elle se stabilisa tout juste un mètre au dessus de la canopée alors même qu'elle arrivait à la hauteur de la tour de guet. Ne laissant pas aux défenseurs le temps de recharger, elle lança dans leur direction plusieurs étoiles métalliques qu'elle venait de dégaîner de ses brassards : les deux archers vêtus de fourrures et de plumes furent forcés de se mettre à couvert, tandis que les éclats de métal acérés se fichaient en rafale dans la palissade de bois qui les abritait avec un bruit sourd. Profitant de son tir de couverture, l'aventurière plongea immédiatement dans la mer de verdure, ses avant-bras en croix devant elle pour protéger son visage des branches qui la fouettaient de toutes parts. Alors qu'elle passait à vive allure sous la plateforme d'observation, elle porta d'un mouvement fluide de sa lame noire un violent coup sur un des supports, ce qui le trancha net. Déséquilibrés, ne sachant plus vraiment si leur assaillante était au dessus ou au dessous d'eux, les archers furent déboussolés quelques secondes. Pendant ce temps, Hermine entre-apercevait juste sous elle tout un village construit dans les arbres, apparemment en harmonie avec la sylve. Était-ce une communauté d'elfes ? Difficile de s'en assurer : elle n'avait pas le temps de moisir ici. Lorsqu'un son de corne retentit derrière elle -les sentinelles demandaient du renfort-, elle ressortit à l'air libre, dans le ciel azuré, mais garda une attitude défensive, zigzaguant rapidement au ras des branches. Bien lui en prit, car quelques secondes après, de nouvelles flèches sifflèrent à ses oreilles -signe qu'elle était à nouveau repérée- mais la manquèrent heureusement une fois de plus. Un instant encore, et l'aventurière fut enfin hors de portée, ce qui lui permit, avec un soupir de soulagement, de prendre à nouveau de l'alitude, préoccupée par le fait de rapidement mettre un maximum de distance entre elle et d'éventuels poursuivants volants. Elle vit alors l'immense monticule de verdure ...
Devant elle se dressait, dans toute sa splendeur et son immensité, sa destination : un arbre colossal, qui dominait de sa taille le reste de la forêt. Pour l'avoir vu en songe, elle le reconnut immédiatement :¤ L'Arbre Esprit ... ¤ Au moment où elle prit conscience que sa quête touchait à sa fin, elle s'aperçut qu'il en était de même de son niveau d'énergie. La magie se dissipait, et elle commençait à perdre de l'altitude. Un sentiment de frustration et de panique la saisit : à une telle hauteur, la chute risquait d'être mortelle ! Elle était pourtant si proche du but ! Au fur et à mesure que le feuillage de l'arbre immense se rapprochait, elle fit de larges moulinets des bras, serrant les dents, pédalant désespérément des jambes comme si elle courait ou nageait dans l'air, pour tenter de grapiller le reste de distance qu'il lui restait à combler avant de tomber en chute libre. Elle parvint tout juste d'une main, puis de l'autre, à saisir in extremis une branche suffisamment robuste pour soutenir son poids ... à laquelle elle resta accrochée ainsi, loin au dessus du sol, pendue comme un jambon.
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nlassablement, l'aventurière avait passé la journée à grimper à travers les frondaisons. Tentant de trouver un chemin sûr à travers les branches de l'arbre gigantesque, elle avait plusieurs fois préféré se cacher d'oiseaux géants qui volaient autour de l'arbre et dont elle ne connaissait pas les intentions. Chemin faisant, elle avait à plusieurs reprises été contrainte de rebrousser chemin après avoir atteint un mur de branchages ou un gouffre infranchissables -alors même que, quelques instants auparavant, il lui avait semblé pouvoir passer. Comme si les branches s'étaient réorganisées d'elles-mêmes pour bloquer sa progression. À d'autres endroits, les branches lui avaient semblées trop fragiles pour supporter son poids et, sans trop savoir pourquoi, elle ne souhaitait pas tenter sa chance et risquer d'endommager l'arbre, ou que celui-ci ne se rende ... trop compte de sa présence ? Des branches mouvantes, un arbre conscient de sa présence ... Apparement, cet endroit faisait naître en elle des idées saugrenues. Elle n'était même pas sûre de la raison de sa présence en ce lieu. Mais elle devait écouter ce que son totem lui inspirait, sous peine de se perdre elle-même ... Elle était venue ici pour mourir, car sa mort était nécessaire. Si elle l'oubliait, si elle ne mourait pas, jamais elle ne pourrait poursuivre son combat.
Le soir venu, Hermine avait soudain trouvé un endroit approprié pour s'installer. Emmitouflée dans sa couverture, calée entre deux grosses branches, elle regardait le soleil se coucher sur la forêt. À perte de vue, elle ne voyait quasiment que des arbres : aucune rivière, aucune ville, et aucun point de repère habituel, hormis l'une ou l'autre colline. C'était une sensation étrange. Étrange, mais magnifique. L'ombre l'enveloppait, maintenant. Fatiguée par son voyage, elle laissa sa vigilance s'émousser. Ses paupières lourdes se fermèrent peu à peu. Et elle rêva, rêva, ... d'un rêve qui n'était pas le sien. QUOTE | Lorsqu'Asgorath projeta son œuf de glace droit sur Toril, elle causa une faille mortelle dans le cœur du Pays. Le sang, la vie de Chauntéa jaillit et emplit sa blessure, formant la Mer des Étoiles Déchues. Des incendies firent rage sur toute la surface de Féérune, et leurs cendres tombèrent en pluie du ciel et voilèrent le visage de Chauntéa, l'enveloppant d'un linceul gris et froid.
Sa mère la trouva sans vie, et pleura de chagrin. Sa peine fut si intense que les larmes de Selûne flottent encore dans le ciel aujourd'hui. Mais Chauntéa n'était pas encore morte, et à sa surface, ses enfants luttaient pour la préserver.
Les Aearee usèrent de leurs incantations pour réchauffer le monde et nourrir ce qu'il restait de vie. Mais les Fées y travaillaient encore plus fort. Elles prièrent Yggdrasil, et l'Arbre-Monde leur répondit, envoyant Emmantiensien dans le monde.
Certains racontent qu'il traversa un portail depuis Féerie. D'autres que, sorti d'un simple gland, il atteignit une hauteur fantastique en l'espace d'un instant. Les avis des sages divèrgent sur sa hauteur réelle, mais tous s'accordent à dire qu'il pouvait largement enjamber la Delimbiyr et laisser encore beaucoup de terres libres entre ses énormes troncs enracinés.
Sept ans durant, le dieu sylvanien parcourut la face du Pays, d’une rive à l’autre, aller et retour. À chacune de ses respirations, ses puissants poumons inhalaient la cendre et la fumée et purifiaient l'air. La respiration de ses feuilles répandait une brume sur le sol, un doux baume pour apaiser la peau brûlée de Chauntéa. D'innombrables graines tombaient de ses branches en une douce pluie. Chêne, frêne et peuplier. Mûrier, sycomore, pin et baobab. Mangrove, cèdre et laurier. Il dispersait les fruits de chaque arbre vivant. À chacun de ses pas, ses racines brisaient la croûte terrestre, l'aérant de trous qui recevaient les graines. Et lorsqu'il passait, une bande de verdure florissait dans son sillage.
Pour chaque forêt qu'il restaura, le Seigneur sylvain laissa tomber un gland doré qui devint un Arakhor, un Grand Père Arbre, appelé Grand Protecteur par les elfes. Les graines des Arakhora, à leur tour, engendrèrent les premiers sylvaniens, soigneurs et gardiens des forêts.
Lorsque la Longue Nuit prit fin, après sept ans de glace et de cendres, le soleil se leva à nouveau sur la face du pays unique. Chauntéa se réveilla de son sommeil semblable à la mort, et le monde se réjouit. Lorsque les premiers chauds rayons de l'aube touchèrent ses feuilles, le Seigneur des arbres commença à croître. Dix lieues de haut, cent lieues de haut, mille lieues de haut; Emmantiensien poussa vers le ciel jusqu'à ce que l'immense canopée de ses feuilles projette une dernière ombre sur le continent et obscurcisse la voûte céleste.
À la tombée de la nuit, Emmantiensien était devenu si colossal que son sommet avait disparu dans la Mer de la Nuit et se perdait entre les étoiles. Les étoiles ! Les enfants de Toril pouvaient à nouveau les apercevoir ! Tous s'émerveillèrent devant les astres qui brillaient entre les branches comme des gouttes de rosée scintillantes sur les myriades de feuilles.
À minuit, les colossaux pieds noueux se déracinèrent et commencèrent à s'élever vers le ciel. Lorsque le soleil suivant se leva, le Seigneur de tous les arbres était parti. Il avait tiré ses grands troncs derrière lui et avait disparu dans la nuit. Il ne fut jamais revu marcher sur cette terre.
Même aujourd'hui, lorsque vous admirez le ciel nocturne, vous pouvez encore l'apercevoir tout là-haut, parmi les étoiles, la constellation que les elfes appellent « grand arbre » dans leur langue. Il repose là, ses racines profondément enracinées dans le sol fertile de la nuit, s'abreuvant de clair de lune argenté et se prélassant, réjoui, à la lueur des étoiles. Depuis la voûte céleste, il contemple avec adoration le visage de Chauntéa et veille patiemment sur elle, toujours vigilant, jusqu'à la fin des temps. |
Adaptation d'un texte original de Gray Richardson [source] [image]
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agabondant entre les branches, la jeune femme avait regardé les jours s'écouler l'un après l'autre. Toujours seule, elle avait peu à peu appris à mieux appréhender l'arbre gigantesque sur lequel elle se trouvait. Son pas était plus sûr, surtout depuis qu'elle s'était débarrassée de ses bottes et avait choisi d'évoluer pieds nus. Tant qu'elle restait sur les hauteurs, elle ne croisait aucun monstre ni créature hostile qu'elle ne parvenait pas à éviter ; aussi avait-elle de même quitté son armure pour une simple tunique. Ne ressentant depuis longtemps plus les tourments de la faim, elle avait pu admirer à loisir son environnement.
Elle avait pris l'habitude de rester des heures assise en tailleur sur l'une ou l'autre branche. Laissant son regard dériver à perte de vue. Inspirant profondément l'air pur. Sentant l'écorce et le vent sur sa peau. Écoutant le chant des oiseaux, et les écureuils vivre leur vie. Si elle restait immobile suffisament longtemps, les animaux s'habituaient à elle et ne la considéraient plus comme un danger. Alors qu'elle méditait les yeux fermés, l'un ou l'autre moineau était même venu se percher sur elle. Cela n'avait pas brisé sa concentration ; elle y avait vu au contraire un signe d'acceptation. Le sentiment d'être à sa place, d'être réellement Une avec l'univers.
Dans de tels moments, elle avait l'impression que si elle ralentissait suffisament sa respiration, son pouls, et qu'elle écoutait suffisamment fort, elle entendait toutes les créatures vivantes respirer ensemble. Qu'elle pouvait sentir toute chose qui poussait, qui grandissait. Tous les êtres qui vivaient ensemble. Qui avaient les mêmes racines, et faisaient tous partie des branche du même arbre. Tout ce qu'elle avait vécu, tout ce qu'elle avait cru, qu'elle avait craint , n'était-il qu'illusion ? La plus grande illusion ... L'illusion de la séparation. Et si les choses qui semblaient différentes et séparées n'étaient en réalité qu'une seule et même chose ? Si tous les gens qu'elle avait rencontrés, et rencontrerait à l'avenir, n'étaient qu'un seul et même peuple ? Ils vivaient comme séparés les uns des autres. Et elle, d'eux. Mais tous les esprits étaient reliés. Tout était en relation sur la terre.¤ La plus grande illusion de notre monde, l'illusion de la séparation ... ¤ Ainsi s'achève cette nouvelle narration. J'espère qu'elle vous a plu ! Il y a vraiment plein de choses dans cette Haute Forêt, rien qu'autour du Grand Père Arbre. J'aurais évidemment pu en mettre davantage, intéragir avec plus de choses, mais ... Mon but n'est pas d'écrire un roman non plus, et qu'Hermine tombe comme par hasard sur TOUT ce qu'il y a à voir dans chaque coin où elle passe serait dommage. Quoi qu'il en soit, j'espère avoir fait preuve de cohérence avec le lore officiel dans ce que j'ai écrit. Merci encore aux taverniens qui m'ont donné des tuyaux.
Malheureusement, pour moi qui me plait à essayer de donner un maximum d'éléments à mon MJ, sur le coup, je n'en ai pas mis tant que ça. En gros, il y a :- Dans ses prochains RP, Hermine deviendra (encore) plus tolérante, et davantage consciente de la fragilité de la nature et de la nécessité de la protéger.
- Peut-être la justification d'une éventuelle aquisition du don Disciple Profane (Uthgard (Arbre fantôme)), si j'arrive à caser ça dans mon build. À voir.
- Évidemment, réutiliser la rencontre d'Hermine avec Turlang (c'est peut-être lui?) ou d'autres fées de la forêt, ou avec la tribu de l'arbre fantôme (ou d'elfes de la Haute Forêt, je n'ai donné aucune précision sur la race ou la classe des "éclaireurs") est toujours une option appréciable.
J'ai aussi fait le lien avec deux de mes quêtes précédentes (Phrénéas est un PNJ issu de L'Éclat de la Folie, et Le Sourire du Kraken se terminera peut-être sur la route entre Eauprofonde et Lunargent). On y décèle aussi de nouveaux prémices de la chronique de La Mer de Nuit (un premier foreshadowing était la dernière allusion cryptique de Loup, dans Celle qui campe à l'Horizon), ce que je n'avais pas prévu à la base, mais finalement j'ai casé ça à peu près naturellement. Merci les satyres ! J'adore ces gars.
Dans cet épisode, Hermine gagne peu à peu en puissance : c'est la première fois qu'elle lance un sort de niveau 3. Mais pourquoi apprendre la magie si ce n'est pour exaucer des rêves, laisser parler son coté le plus merveilleux ? Et, à ce niveau, pour moi, le sort le plus "magique", c'est vol. Même si, vu la VD octroyée par le sort, tout ce que je décris ne se passe probablement au maximum qu'à vitesse de "charge", soit 18m/round, soit ... genre, 10km/h. Quoi qu'il en soit, lancer des sorts de niveau 3, c'est quand même atteindre un pallier, que je voulais célébrer. Hermine devient un peu plus badass ; mais moi, un héros qui réussit tout ce qu'elle entreprend, ça ne m'intéresse pas vraiment. Donc j'essaye toujours d'imaginer certes là où elle est douée (par exemple, j'ai maintenant des sauvegardes suffisantes pour résister aisément aux charmes de la plupart des fées de base), mais aussi là ou elle peut échouer. Parce que, même si dans ces petites narrations perso, je ne lance pas les dés, Hermine est quand même soumise à leur bon vouloir. Et elle n'est pas douée partout. Donc je veux qu'elle se foire de temps en temps. Qu'elle n'ait pas toutes les réponses. Qu'elle prenne parfois la mauvaise décision. Et qu'elle subisse des revers. Sans adversité, pas de défi. Sans volonté de toujours se relever, pas de Héros.
J'ai distillé beaucoup (trop?) de références dans ce rp. Vous pouvez vous amuser à les trouver, si vous voulez ! Même si ça n'est pas toujours facile à mon humble niveau, j'essaye autant que possible que ce que j'écris ait plusieurs niveaux de lecture. Parce que je pense que, pour qui le souhaite, le JdR peut aussi être un outil d'amélioration de soi : améliorer sa culture générale pour trouver des inspirations ou des références pour un personnage, améliorer ses talents créatifs pour peindre des miniatures, rédiger des textes, dessiner des cartes ou autres supports de masterisation, ou tout simplement se demander : « si j'étais dans une situation similaire, qu'est-ce que moi, je ferais ? » Évidemment, mon but premier reste que tous passent un bon moment !
Merci de m'avoir accordé votre attention ! Si vous voulez en discuter ensemble, ou encore mieux, rôleplayer ensemble, n'hésitez pas !
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