Chamaeleontis - Chapitre II, 21 Tarsakh 1373

Virgile, Gweadal

ldrad fronça les sourcils à l'évocation du règlement de compte proche de la maison des dirigeantes. Le monial avait été suffisamment spécifique pour ne laisser aucun doute : il s'agissait bien de l'embuscade qu'ils avaient subit la veille. Il ralentit le pas, comme pour laisser plus de temps à ses méninges de faire leur travail. Quelles étaient les chances qu'un individu prenant contact avec eux de manière apparemment fortuite ce matin, fusse aussi au courant de ce combat de la veille.. alors que seule une nuit s'était écoulée depuis l'affrontement ? La coïncidence était trop grosse pour ne pas être prise au sérieux. Et maintenant, voilà que cet individu se trouvait derrière lui, alors qu'il venait de lui faire remarquer que ses mains nues étaient des armes.

Il fallait agir.

Alors qu'ils allait s'engager dans l'escalier arrivant au rez-de-chaussée, Eldrad dégaina sa dague et se retourna vivement pour faire face à Virgile, la dame pointée sur son torse.

- Les impondérables arrivent plus vite que ce qu'on pourrait croire dans cette ville. Voilà ce que j'ai entendu. Il planta son regard dans celui du monial "Vous savez beaucoup de choses et peut-être maintenant me direz-vous comment vous avez entendu parler de ce règlement de compte proche de leur demeure ?"

Virgile était dans une posture peu enviable, bloqué entre la lame d'Eldrad et Gweadal qui avait suivi le groupe. Le roublard avait l'air on ne peut plus sérieux dans son attitude, et il semblait que la possibilité d'enfoncer sa dague dans des chairs humains ne serait pas son plus gros problème de la décade.

L'esprit méthodique de la moniale vint rapidement à bout de l'ensemble des affaires et ustensiles divers qui étaient venus encombrer son lit bien réajusté après cette nuit des plus paisibles. Gweadal pouvait sembler distante, occupée à ses affaires et laissant les deux intéressés faire connaissance sans trop se préoccuper de ce qu'il pouvaient bien dire. En vérité, aucune parole n'échappa aux oreilles perspicaces de la magicienne qui épièrent tout autant son employeur que ce confrère moine qu'elle venait à peine de rencontrer.

Gweadal se contenta donc d'écouter et suivit les deux hommes quand ils lui signalèrent qu'il était temps de redescendre retrouver les autres dans la salle commune. L'éclat brillant que renvoya la dague du roublard mit contre toute attente un terme à l'attitude faussement passive de la magicienne. Sa main avait glissé dans sa bourse à composantes, prête à réagir. Ce qu'Eldrad et Virgile ne pouvaient pas encore savoir, c'était ce que Gweadal avait en tête, tout comme le sort qu'elle s’apprêtait à lancer contre l'un... ou plutôt contre l'autre...

- Ce genre de menaces sont vaines face à un adversaire dont vous ignorez tout. Face à moi, vous seriez déjà au sol, gémissant ou inconscient. Estimez-vous heureux si cet homme a la sagesse de vous pardonner cet affront. Je ne pourrai cautionner vos méthodes encore longtemps si ceci est la norme pour vous.

Sa réaction avait été foudroyante et si inhabituelle que la genasi avait du mal à réaliser que cela fût possible. Comme pour nuancer ses propos elle continua et rangea sa main le long de son corps. Son regard continua de dévisager le demi-elfe, aucun doute n'était possible là dessus.

- Une situation exceptionnelle comme hier requiert des mesures exceptionnelles. Néanmoins, vos agissements finiront tôt ou tard par nous mener à notre perte. Je vous ai donné ma parole hier, que je vous suivrai jusqu'à l'accomplissement de mes engagements, mais sachez qu'ici et maintenant, à cause de cet acte irréfléchi, vous vous retrouvez seul avec votre dague face à ce moine qui me semble tout à fait digne de confiance.

Depuis toujours Gweadal s'était méfiée de ses sentiments et sensations, préférant opter pour une étude minutieuse et analytique de chaque situation pour se faire un jugement fiable et raisonné. Ce matin, un sentiment étrange avait néanmoins pris possession de son corps. Ses sensations étaient émoustillées, elle sentait qu'une volonté étrange la poussait à agir précipitamment, comme si pour une fois on lui demandait de lâcher prise, de réprimer son sang froid habituel. D'une quelconque manière, ce que Gweadal pensait à ce moment là, c'était que son esprit était mis à l'épreuve. Par qui... ou quoi ? Tout ceci restait malheureusement encore trop confus pour tenter d'aboutir à une conclusion honnête, mais déjà des pistes de réflexion avaient été mises en marche.

¤ Je ne connais pas ce demi-elfe, mais il ne semble pas une menace tant que je reste de son côté. Pourquoi s'exposer ainsi et prendre si ostensiblement la défense de ce moine que je ne connais pas plus ? De simples sentiments pourraient-ils à ce point influencer mon jugement ? ¤

Comme si cela pouvait la rassurer, elle continua son raisonnement en parlant calmement.

- Si cet homme avisé sait tant de choses sur nos agissements, pensez-vous qu'il se comporterait ainsi, seul en notre présence ? Ce vagabond trop curieux a eu le malheur d'être hier, tout comme ce matin, au mauvais endroit, au mauvais moment. Si tout ceci était une mise à l'épreuve, vous pouvez vous empresser de ranger votre dague et de vous excuser.

Se tournant cette fois vers le moine, elle continua :

- Vous comprendrez aisément que cette situation peut s'avérer assez troublante, Virgile Lukadnua. Si vous êtes une personne intègre et sensée, pour quelle raison prendriez-vous le risque de nous parler ainsi des échauffourées de la veille ? Le mieux serait que vous veniez vous expliquer devant tout le monde car nous sommes attendus, n'est-ce pas vrai, Eldrad ?

Virgile saisi rapidement ses affaires, déjà regroupées dans son sac qu’il mit à l’épaule et dans sa sacoche qu’il mit à la ceinture. Après une rapide inspection de sa couche pour s’assurer de n’avoir rien oublié, il se dirigea vers la sortie à la suite d’Eldrad.
Alors qu’il n’avait parcouru que quelques mètres dans le couloir menant à l’escalier, Gweadal à sa suite, il fut pris au dépourvu par le demi-elfe qui se retournant vivement le menaça de sa dague.

¤ Qu’est-ce que cela ?! Est-ce si surprenant d’avoir eu les échos d’un groupe d’aventurier ayant tué 3-4 personnes après avoir menacé des habitants d’un quartier et défoncé quelques portes ? ¤

Mais avant d’avoir pu rassembler ses idées pour proposer une réponse convaincante, la moniale qui le suivait s’interposa, au moins en paroles, entre Virgile et la menace de la dague.
L’intervention visait à calmer les ardeurs belliqueuses d’Eldrad, mais incitait également le moine à s’expliquer ouvertement devant le groupe.

¤ Mince, moi qui espérais arriver avec le soutien de quelques membres du groupe, et mettre ainsi les autres devant le fait accompli. Me voilà déjà menacé d’une dague, et je risque bien pire en bas au vu de leurs actions de la veille. Il ne faudrait pas que mon arrivée tourne à l’interrogatoire.. ¤


Virgile réfléchi aussi vite que possible, mais tenta de répondre avec calme, tout en essayer d’observer les effets de ses paroles sur les intentions d’Edlrad.

- Je ne sais trop quoi dire. Dame Gweadal semble penser que je suis malchanceux quant aux lieux où je choisi d’aller.
Je pense au contraire que c’est vous qui êtes malheureux dans vos choix de visite, et dans certaines décisions que vous prenez.. Quant à moi, je pense être exactement là où je dois être. Est-ce si étrange pour un visiteur d’aller admirer le manoir des dirigeantes de la ville ?
A qui la faute si non loin de là, des étranger courent à travers les ruelles, épée à la main, de maison en maisons pour régler leur comptes en empilant les cadavres..

De même, je suis dans cette auberge depuis plusieurs jours déjà. J’imagine que l’aubergiste et peut être même d’autres clients pourront en témoigner. Par contre avec votre groupe, vous avez eu l’infortune de ne pas trouver d’auberge où aucun client n’ai eu vent de vos exploits. Encore que vous auriez pu plus mal tomber, sur des tueurs profitant de votre sommeil pour régler quelques comptes par exemple..

Virgile avait énoncé tout cela simplement, avec franchise, et comme si la menace de la dague ne le concernait pas directement. Mais une fois qu’il eut le sentiment de plus avoir à se justifier, son attitude tout comme le son de sa voix se raffermit.
S’apprêtant aussi bien à saisir la potion de soin qui se trouvait dans sa sacoche, qu’à contre attaquer si l’opportunité se présentait, il laissa son agresseur décider de la suite des évènements :

- Libre à vous de continuer sur cette lancée, butant à chaque obstacle, ou de prendre en main votre quête et faire les bons choix.

-Psychologie sur Eldrad, si ça s'y prête.

Melkiot se leva en même temps que les deux femmes puis il les suivit, il n'aimait pas trop l'idée de scinder le groupe en deux mais Enmorien avait raison, si ils voulaient avancer, ils n'avaient guère le choix.

*En espérant qu'on termine ça au plus vite.*

Lyloo prenait les devants, elle enverrait son araignée espion et en même temps il ne risquerait pas grand chose si sa bestiole se faisait remarquer.
De plus si cas ils vient à combattre Enmorien pourrait toujours les soigner. Pis si la situation tournait à leur désavantage et qu'ils devaient combattre en sou nombre, il prendrait la poudre d'escampette, laissant les deux femmes se dépatouiller avec les gardes.

*On est jamais trop prudent.*

Il se disait que pour une fois il aurait bien voulu avoir la barbare à ses côtés pour encaisser les coups, après tout elle faisait un meilleur sac de frappe que lui.

Gweadal, Virgile

e roublard regarda tour à tour dans les yeux des deux monial, un regard froid et calculateur d'un part mais aussi calme et réfléchi. Une montée d'adrénaline telle que celle qu'il venait de subir lui arrivant de temps à autre, la faute à la confrontation d'hier qu'il se repassait en boucle : tout aurait pu très mal finir. Gweadal avait cependant su le faire réfléchir au bon moment, remettant de la raison dans son comportement. Il laissa s'écouler quelques instants qui parurent longs, puis déclara finalement :

- Mes agissements sont à la hauteur des dangers dans lesquels nous nous sommes retrouvés hier. Nous ne soupçonnions pas même être connus ici et nous nous retrouvons dans une embuscade, de laquelle nous sommes tous sortis ensanglantés. Il rangea sa dague dans son fourreau et releva la tête. "Je n'aime pas les gens qui en savent plus que moi sur mes propres activités et mouvements." Lança-t-il sur un air qui ne laissait que peu de doute sur le sort de telles personnes. "Descendons, nous sommes attendus."

Sans en demander plus, il se retourna et emprunta les escaliers pour rejoindre la table qu'il avait laissé peu de temps avant, invitant les deux moines à le suivre.


Tous

e groupe en bas était en partance. Lyloo, Melkiot et Enmorien rassemblaient leurs affaires au moment où le groupe arriva à la table. Après une courte présentation du moine, recommandé par Gweadal, Eldrad acquiesça le plan d'Enmorien de se diviser pour collecter plus d'information, et le groupe se scinda alors.


Melkiot, Lyloo, Enmorien

e groupe des trois aventuriers pris donc le chemin de la maison des dirigeantes. Une belle journée de printemps, voilà ce qu'était aujourd'hui : températures clémentes, grand soleil sous un ciel à peine tacheté de quelques nuages de beau temps. En une dizaine de minutes, le groupe arriva au point où la veille, Boroneth avait commencé sa course poursuite avec l'homme qui les espionnait, ou les surveillait. Au passage, ils n'avaient rien remarqué de particulier dans la ruelle où l'illusion du troll les avait pris par surprise. Ils n'avaient pas pu voir le bout de la ruelle en raison du coude de la rue, mais aucun garde n'était visible à l'entrée de la ruelle, ce qui signifiait probablement que la scène de combat n'avait pas encore été découverte.

Le jardin de la résidences des dirigeantes est à l'identique de la veille. Un jardinier était visible proche de la grille, à cinquante pas de là. Il n'y avait qu'un garde de visible, au portail qui, au demeurant, était ouvert.


Virgile, Gweadal, Boroneth

tablé avec les trois autres aventuriers, Eldrad reprit alors la conversation là où l'avait laissé. Quelques respirations plus tôt, il avait commandé une tranche de lard pour les deux monials, assorti d'une épaisse tranche de pain noir et d'une pomme, ceci ferait un parfait encas facile à manger tout en marchant.

- Bien, en attendant ce bon aubergiste, continuons donc là où nous nous étions arrêté. Vous dites que nous faisons de mauvais choix depuis le début. Et moi je dis que le sort nous est tombé dessus à plusieurs reprises. Mais peut-être y a-t-il un malin derrière ce vilain sort ? N'est-ce pas ? Vous semblez en savoir beaucoup, et avez envie de parler. Nous sommes tout ouïe.

Le monial pouvait discerner que le roublard était dans un état d'esprit beaucoup plus réceptif et serein que quelques instants auparavant dans le couloir. Cependant il restait une certaine tension chez lui qui résidait. La vérité et Gweadal étaient probablement ses meilleures aides à ce moment précis.

Un doux fumet de lard frit s'échappa de la cuisine centrale. Leurs plats leur seraient servi d'un instant à l'autre.

Ses affaires posées contre le mur auquel il tournait le dos, assis à une table du salon, Virgile écouta Eldrad passer commande.
Il avait vu s’en aller une partie de leur groupe, a priori poursuivre leurs investigations de la veille, et se retrouvait ainsi attablé avec une seule inconnue. Il reconnut toutefois l’elfe des bois qui la veille avait réagi en premier et lança la course poursuite mortelle.
Il savait donc à quoi s’en tenir, et comme de toute façon il n’avait pas grand-chose à cacher, il décida de raconter ce que ses compagnons de table voulaient savoir.

- Je ne saurais dire si c’est la chance ou la malchance qui a mené votre groupe jusqu’ici, et moi avec. Ou plutôt, je serai tenté de dire ni l’un ni l’autre, commença à expliquer le moine tout en regardant son auditoire.
Je suis dans cette ville parce que des choses m’y intéressent, sa singularité, son organisation, ses intrigues réelles ou fictives. Je ne vous cache pas que lorsque je me suis établi dans cette auberge il y a quelques jours, c’est entre autre pour sa proximité avec mes centres d’intérêt.
Vigrile marqua ici une pause.

Par contre, je ne cerne pas avec précision ce que *vous* faites ici. J’ai du mal à croire que le hasard, la malchance préférez-vous dire, ai réuni votre groupe pour le moins hétéroclite hier devant la demeure des dirigeantes.
Vous n’êtes pas sans savoir que le manoir fait l’objet depuis quelques jours d’une rumeur persistante de vol. Je vais faire quelques suppositions, n'en prenez pas ombrage.
Vous pouvez être une bande de voleur devancé qui cherche à savoir s’il reste quelque chose à dérober. Ou tout aussi bien un groupe de mercenaire, payé par les dirigeantes pour découvrir le vrai du faux dans cette rumeur de vol. Ou encore, un parti d’aventuriers espérant qu’un vol ai bien eu lieu et cherchant à récupérer le butin pour le rendre moyennant récompense.
Voyant le repas arriver avec la serveuse, le moine clôtura rapidement ses suppositions.
Peu importe, et à dire vrai, vos motivations ne me concernent pas.

Virgile se tut, le temps que le repas soit installé sur la table et que la serveuse reparte, avant de reprendre en s’adressant plus particulièrement à Eldrad.

Par contre quand nous étions à l’étage, vous avez évoqué le nom d’Atris Grad.
Quel que soit vos objectifs je doute qu’il vous aide à les réaliser, car de ce que j’ai appris ces derniers jours, c’est un homme certes d’influence mais aussi d’intrigue. Et pour gérer certaines affaires, il fait appel à des mercenaires.. typiquement le groupe que vous avez croisé hier..
Qu’attendez-vous de cet homme exactement ?

Melkiot regarda le nouveau venu se joindre à leur groupe.
*Ben, voyons on se fait pas assez remarqué, en même temps plus on est de fou plus on rit.*

Puis ils sortirent, ils faisaient beau, le nécromancien grimaça.
*Tout pour plaire, vraiment.*
Melkiot n'aimait le soleil, il préférait les temps maussades, il trouvait que cela s'accordait mieux avec sa magie.
Ils prirent la direction de la demeure des dirigeantes et se retrouvèrent vite au même endroit qu'hier.

Le magicien regarda le portail et le garde puis il murmura doucement :
"Faut se débarrasser du garde je présume. Si on l'attirait là où on est allé hier, peut être qu'une de vous deux pourrait faire usage de ses charmes, non ?
Pour l'attirer là bas, dans votre maison, hum ?"

Il sourit à cette idée machiavélique.
"De toute façon, un cadavre de plus ou de moins là bas, je vois pas ce que ça change. Qu'en pensez-vous ?"

Satisfaite d'avoir pu contrôler cette fois la situation pour qu'elle ne dégénère encore en règlement de comptes sanglants, Gweadal se contenta de rester vigilante et de suivre les deux hommes jusqu'à la salle commune de l'auberge. Elle pouvait ressentir que la présence de ce Virgile ne la laissait pas indifférente. Était-ce son âge avancé qui lui apportait cette réserve et cette sagesse que Gweadal appréciait tant ? Ou bien était-ce leur affinité commune pour les arts martiaux, magnifiquement illustrée par cet exercice matinal ? Sûrement, mais pas seulement. L'esprit analytique de la magicienne voyait en ce nouvel arrivant un allié fiable et digne de confiance. Ce n'est pas qu'elle doutait en permanence de l'intégrité morale de ses autres acolytes mercenaires, mais c'est qu'elle connaissait elle-même plutôt bien l'ordre et la rigueur sévissant au sein des monastères. La condition de moine de Virgile, s'il en était bel et bien un, tout comme sa façon particulière de s'exprimer jouaient en sa faveur, du moins pour son homologue moniale.

Gweadal pensait avoir été suffisamment claire dans sa prise de position à l'égard d'Eldrad et de Virgile quand ils étaient là-haut. Ainsi, après quelques salutations courtoises, elle prit simplement le soin de présenter assez favorablement le moine au reste du groupe, pour ensuite écouter, observer et étudier calmement la situation et chacun des détails qu'elle pourrait exploiter pour déceler une éventuelle incohérence. Autant s'assurer des réelles intentions de ce Virgile avant de lui accorder trop ostensiblement tout soutien supplémentaire. Les pieds et poings ne pouvaient mentir, certaines personnes étaient néanmoins formidablement douées pour jouer la comédie.

La genasi d'air laissa Eldrad gérer la conversation comme il lui conviendrait et échangea également quelques coups d’œils amicaux avec Boroneth. Elle se garda bien en revanche de dévisager directement leur nouvelle recrue potentielle, pour prendre un air faussement distant et désintéressé à son égard.

Lyloo n'avait pas de meilleure idée que Melkiot pour se débarrasser de ce garde, mais elle se demandait si cela était réellement nécessaire. le mage semblait vouloir éliminer tout le monde qui se mettrait dans leur chemin mais cela ne les avancerait guère. Et tuer un innocent Lyloo n'en avait pas trop l'envie.

Au lieu de cela, elle s'avança simplement vers l'entrée de la demeure en faisant signe aux autres de la suivre. Soit on l'arrêtait et on lui disait de s'en aller soit on la laisserait rentrer, il se pouvait aussi qu'on leur demande ce qu'ils voulaient aux dirigeantes et dans ce cas ils n'auraient qu'à dire qu'ils venaient pour un entretien.

Il ne fallait pas oublier qu'il était surement courant de rencontrer les dirigeants ou de demander des audiences, Il n'y avait rien d'illégal à cela. Et une fois à l'intérieur elle n'aurait qu'a laisser choir son amulette et la laisser faire.

-Venez on va plutôt demander une audience ce sera beaucoup plus rapide et moins...illégal. Dit-elle en esquissant un sourire.

Lyloo rentre dans la propriété et tente d'y pénétrer pour aller demander une audience avec les dirigeantes.

Gweadal, Virgile, Boroneth

irgile faisait ses révélations devant Gweadal, Boroneth et Eldrard. La barbare préférait garder le silence devant tant de paroles ; une telle ambiance ne lui était pas - encore - bien familière.

A la fin de l'intervention du monial, le silence se fit. Gweadal semblait laisser la parole au roublard, et Eldrad la prit donc.

- Et bien vous avez du vrai et du faux dans chacune de vos suppositions. [/i]Commença-t-il par dire, ce qui en soit, ne donnait aucune information véritable sur leurs buts. "Pour tout vous dire, nous sommes à la recherche de certaines.. choses dites d'apparence banales, mais de grande valeurs. Nous avons été dépêchés dans cette région, avec pour première étape, le manoir des dirigeantes de cette ville. D'ailleurs, sait-on ce qui a été volé ? Qu'en ont dit les dirigeantes ?"

[i]Il toussa alors bruyamment, ce qui le fit souffrir sur sa blessure au thorax. L'afflux d'air de ses poumons engendra aussi une pression sur ses tympans qui n'avaient toujours pas récupéré entièrement de la veille suite à l'attaque sonore de la prêtresse. Grimaçant, il essuya une goutte de sang de son oreille droite sur son pantalon.

- Et voilà qu'à peine arrivé à notre première étape de recherche, nous entendons que notre premier contact a été volé, et nous nous retrouvons dans une embuscade. Je ne crois pas aux coïncidences, cher Virgile. "Quant à Atris Grad, il nous a été recommandé, au moins pour une audition, pour tenter de comprendre l'embuscade d'hier, et en quoi elle peut-être reliée au vol. Ce qu'il est vraiment, nous ne le savons pas vraiment, sinon ce que vous venez de dire : un employeur de mercenaires." Il laissa un moment s'écouler "Pourrait-il avoir été contracté par un tiers pour nous liquider ou tout autre personne s'intéressant de trop près au manoir et aux événements des derniers jours ? A moins qu'il n'ait un intérêt personnel dans cette affaire ? Dans tous les cas, c'est un échec."

- Devons-nous alors nous faire passer pour mort, ce qui nous laisserait une certaine liberté d'action ? Ou jouer sur une intimidation vis à vis de cet Atris ? Demanda-t-il en regardant ses coéquipiers tour à tour.

Il venait de finir son assiette, qu'il repoussa du pouce avant de s'appuyer de ses deux coudes sur la table.

- Vous semblez au courant de bien des choses, et vous nous avez vu hier dans nos moments.. épiques. Vous n'avez donc pas pu rater le membre du groupe qui s'est échappé par la fenêtre, n'est-ce pas ?


Melkiot, Lyloo, Enmorien

a psionne s'approcha à grands pas du portail où était le garde. En approchant, elle ne pu discerner d'autres gardes, en tout cas à première vue. Le garde vint à sa rencontre.
Il était vêtu d'une chemise de maille rutilante, une épée longue dans un fourreau de belle facture, bottes de cuir, gants de cuir cloutés, casque ajusté avec protection du nez, rasé de près, cheveux longs noués à l'arrière, l'air sévère. Autant dire qu'il n'avait rien d'un apprenti, dans son allure en tout cas.

- Bonne rencontre, je peux aider ? Lança-t-il d'une façon peu enthousiaste, très procédurale.

De toute évidence, il avait reçu l'ordre de venir aux devants des passants qui montraient un quelconque intérêt dans la demeure des dirigeantes, et cela ne le rendait de toute évidence pas fou de joie.
Il jeta alors un regard à Melkiot et Enmorien qui étaient restés en arrière, avant d'ajouter.

- Nous n'êtes pas de la région, n'est-ce pas ?

Un autre garde fit alors son apparition, sortant de la maison accompagné d'une femme dans la force de l'âge, les cheveux blonds volants sur les épaules. Elle avait troqué la robe, de coutume dans la région, pour une tenue autrement plus fonctionnelle : bottes de voyage en cuir, pantalon de lin ajusté aux jambes par un enroulement de lanières, chemise de soie violette sur une armure de cuir, accompagné d'un ceinturon épais et le tout surmonté d'un manteau de peau. Ils avançaient vers le portail à pas assurés et seraient là dans une petite minute s'il ne bifurquaient pas avant.