L'Orbe du Dragon, Visite de Proskur

Visite de Proskur

Chapitre 2 de L'Orbe du Dragon

4ème jour du Pourrissement
Entrée de la Ville
Climat : frais, venteux

L'aubergiste fit une moue dubitative, tapant des doigts sur le comptoir, et puis d'un air qui frisait une certaine sournoiserie bourgeoise conclut : Mais bien sûr, je vais voir ça. Par contre je ne peux rien vous promettre, nous avons pour le moment beaucoup de pensionnaires ....Il tourna un regard entendu vers ses amis du comptoir pendant que Dolores se dirigea vers sa table. A peine eut-elle eut le temps de se poser qu'un paladin vint cavalièrement se joindre à elle. Il était normal pour la moiniale de se poser des questions quand au vif succès qu'elle rencontrait depuis son arrivée à Proskur. Mais pour l'heure elle ne put que s'en féliciter, ses craintes ayant le loisirs de s'apaiser, du moins pour quelques petits instants.

Il faut dire que la position de la jeune femme était aussi inédite que délicate : d'un côté un paladin de Heaum qui offrait spontanément sa protection, de l'autre un membre de l'élite des gardes de Proskur qui ce soir allait la promener en ville. A cela se rajoute la présence du barde qu'elle devait surveiller ou du moins tenter de percer les secrets qu'il cachait. Alors qu'elle s'apprêtait à répondre à Murdock, elle s'arrêta soudain dressant l'oreille.

... gnomesse hors d'état pour l'heure. Elle va avoir la visite d'une créature avec qui j'ai passé un accord. Elle doit être morte à l'heure où je vous parle.
Mais, répondit le barde d'un ton cinglant, il ne fallait pas la tuer. La maitresse de la maison d'En-dedans est une célébrité locale. La nouvelle de sa mort va allumer la mèche à bien des suspicions dont on doit se passer. De plus comment veux-tu qu'on sache percer le mystère de l'objet ? Elle seule aurait pu nous dire !
-Il n'y a pas qu'elle dit l'homme tentant de se défendre. Son teint avait quand même viré au rouge foncé, cachant soit un embarras, soit une rage. Cette garce méritait bien son sort...
- Ta piètre vengeance personnelle nous fout dans la merde pauvre cloche, déclara le troisième comparse, trop heureux de voir son collègue dans ses petits souliers face au froid mépris de l'elfe.

Sur ce arriva la commande de Murdock. Le maitre des lieux l'avait apporté personnellement : deux déjeuners composé d'une omelette, une potée de légumes verts et quelques tranches de pain. Une carafe d'eau complétait le tout.
- Madame, dit-il en s'inclinant d'ores et déjà, je suis au regret de vous annoncer que nous n'avons plus de chambre de libre... Bien malheureusement conclut-il d'un air de dramatique désolation. Puis il se tourna vers Murdock : messire, à la location de votre chambre était promis un déjeuner gratuit que voici, l'autre bien sûr est payant : cela vous fera huit pièces de cuivre s'il vous plait !

Discrètement Murdock note bien que la fidèle d'Ilmater qui se trouve devant lui semble s'intéresser au même groupe de personne que lui. Pour sa part, il s'intéresse à eux en raison de l'un de ses hommes qui lui paraît des plus méprisable mais pour l'instant il ignore la raison de l'intérêt pour Dolorès sur ces hommes


¤ Torm … Tu m'a guidé jusqu'ici et avoir croisé Dolorès ne peut être une coïncidence, vu que nous surveillons le même groupe d'hommes … J'ai compris ce que vous attendez de moi ¤


A ce moment, Murdock aperçoit le tavernir qui s'approche d'eux avec les deux repas qu'il a commandé. De loin, le repas, bien que léger, semble des plus convenable : une omelette, des légumes verts et quelques tranches de pain, accompagné d'eau. Cela semble parfait pour se caler l'estomac, espérant que la nourriture soit bonne.

Lorsque le tavernier dépose les deux repas sur la table, adressant quelques propos visant à se montrer le plus agréable possible avec ces clients, Murdock lui sourit tout en prenant une pièce dans sa bourse.


- Merci tavernier, je vous remercie pour votre diligence. Tenez prenez cette pièce d'argent pour l'ensemble des deux repas et pour la qualité de votre accueil dans cette taverne des plus agréable.

Murdock lui tente alors la pièce d'argent avant de reporter son regard sur Dolorès, mi interrogateur, mi inquiet …

¤ A t elle surpris quelque chose dans cette conversion avec cet elfe avec ces deux hommes qui lui a échappé¤

¤En-Dedans ?! C’est là où Narvarth est parti enquêté ! Malédiction !¤

La moniale n’aurait pas été dans un contrôle de soi permanent, nul doute qu’elle aurait bondi sur sa chaise. Sans doute une crispation légère de ses énormes poings se manifesta-t-il, mais son voisin d’en face ne pouvait le voir, ses mains étant masquées par la table.

Son regard se fixa pensivement sur Murdock. Connaissait-il la ville suffisamment pour la guider vers cette maison ? Elle était convaincue qu'il l’aiderait volontiers, ne serait-ce que pour déjouer un complot machiavélique. Mais avait-elle le droit de l’impliquer dans cette affaire ? Surtout qu'a priori, la propriétaire, cette gnomesse mentionnée derrière, était une célébrité locale. Le chemin vers sa maison ne devrait pas être bien ardu à retrouver. Certes, le paladin avait un statut a priori plus adapté que le sien pour enquêter. En outre, c’est lui qui s’était impliqué tout seul dans ce traquenard. Elle sourit. Les paladins étaient des alliés précieux, fidèles et vaillants. Mais ils attiraient les ennuis comme le miel attire les abeilles. En regardant son vis-à-vis, elle ajouta mentalement “ou les ours”. De plus, ils se montraient parfois si inflexibles … Elle soupira intérieurement. Puis salua Murdock d’un hochement de tête, pour le remercier de sa générosité.

-Merci pour ce repas, Murdock. Puisse Ilmater veiller sur toi. Je vais avoir besoin de tes services, si tu es d'accord. Je vais tout t'expliquer. Mais de grâce, pas de questions tout de suite, sois patient ... Je meurs de faim ! ajouta-t-elle en souriant, avant de dresser un doigt vers le haut, en travers de ses lèvres, pour lui faire le signe "chut !" universellement connu.

Elle commença à manger, l’air de rien, tout en poursuivant son espionnage des conversations voisines. Elle voulait en apprendre le plus possible, avant que l’elfe et ses compères ne déguerpissent ou ne détectent des oreilles indiscrètes. Une autre idée avait entre temps germé dans son cerveau à moitié humain. Dans laquelle le paladin avait toute sa place. Elle pourrait ainsi assurer sa mission, tout en épaulant Narvarth.

Murdock commence à profiter du repas amener par le tavernier. Le pain, sans être de grande qualité, est suffisamment bon pour être agréable au goût et pour caler l'estomac d'un guerrier. Et la bière, quant à elle, est assez délicieuse.

¤ Torm … quelque chose d'important semble se tramer dans ces murs et dans cette ville … J'espère que je saurais interpréter les signes pour accomplit votre volonté ¤

Dolorès lui adresse un hochement de tête, probablement en reconnaissance pour le repas même s'il n'avait rien fait jusqu'ici qui mérite une telle marque de respect de moniale à son égard. Puis elle s'adresse à lui de manière fort courtoise mais directe

¤ Voilà une façon de faire et une attitude qui ne peut que me plaire ¤

Murdock sourit au propos de la moniale et il semble bien que le signe attendu venait de revêtir l'aspect d'une demi orque fidèle d'Ilmater

¤ Torm la route que vous me commandez de prendre semble mener à des souffrances et des difficultés importantes mais je serais votre fidèle serviteur et agirait comme vous l'indiquez ¤

Observant la demi orque commençant à manger de bon cœur, Murdock s'attaque à son repas également pour enfin se restaurer mais surtout car il a appris, par expérience, qu'on n'est jamais sûr de l'heure du prochain repas quand des événements importants s'annoncent

- Dolorès, … Je ne vous poserais donc aucune question pour l'instant mais je vous souhaite un bon repas et je vous assure de mon soutien … Et vous avez parfaitement raison en soulignant qu'il est plus que temps d'apprécier ce bon repas … Le moment de la discussion viendra plus tard et probablement dans un lieu plus propice …

En disant cela, Murdock ne cesse d'observer le trio de manière aussi discrètement que possible, ce concentrant plus particulièrement sur l'homme l'inquiétant au plus au point

Visite de Proskur

Chapitre 2 de L'Orbe du Dragon

4ème jour du Pourrissement
Proskur
Climat : frais, venteux


Tous deux concentrés et au déjeuner et sur la table voisine qui dès à présent se révélait être une véritable tablée de comploteurs, nos aventuriers espéraient pouvoir glaner quelques informations supplémentaires. L'auberge s'y prêtait, fort heureusement, vu le peu de monde qui aurait pu susciter un brouhaha rendant la chose impossible. Après leur bref échange, Dolorès et Murdock retombaient dans le silence, silence prêté sans aucune peine au fait qu'ils étaient en train de manger.

La voix du barde se faisait presque menaçante. Il était certain que la décision hâtive de son complice ne lui faisait nullement plaisir : ... dire au patron que tu prends l'entière responsabilité de tes actes ! déclara-t-il avec une lenteur calculée. Après un instant il reprit : Note que peut-être que si nous on sait pas, ceux qui le trouveront n'auront aucune idée non plus. Mais c'est là jouer avec des incertitudes ...
- Tàmir, je m'occuperais du Maitre. Je le lui dirais moi-même et je suis sûr qu'il sera d'accord avec moi . Mais toi, ne devrais-tu pas continuer à surveiller les arrivées ? susurra son vis-à-vis, renvoyant le barde comme un simple garçon de courses. A moins que tu n'en saches déjà plus que ce que tu veux bien nous dire..
- Fermes-la le Cafard, si il y aura à éliminer, je suis assez grand pour m'en occuper. Surtout ne t'occupes pas de mes affaires...
- Tu oublie le Barde que tu es nouveau chez nous et ce sont mes affaires. Ce n'est pas parce que tu es devenu copain intime de la fille du chef qu'on doit nécessairement te faire confiance répliqua le Cafard
- Bientôt fini de vous chamailler vous deux siffla le troisième larron. Il semblait mal à l'aise, car ils avaient un peu élevé la voix dans leur échauffourée verbale et risquait sans nul doute attirer l'attention.
- De toute je me casse répliqua le barde, j'ai à faire au mur ...La chaise crissa signalant le départ de Tàri Amalkir. Ne m'attendez pas ce soir, j'ai une enquête à mener sur un groupe qui est arrivé hier soir.
- Va, va ... Mais n'oublie pas que si tu tourne ta veste, je le saurais ... murmura le cafard regardant s'éloigner le barde. Celui-ci avança d'un pas égal et mesuré vers la porte. Le silence retomba un instant sur la table alors que la porte d'entrée de l'auberge se referma sur la stature de Tàmir.
- C'est un espion déclara le cafard sans ambages. Je le sens dans mes tripes. J'te jures ! Tu me connais, j'ai ça dans le sang !
- Mouais, mais en attendant, fais gaffe quand même. La Shana elle l'adore... Allez viens, allons voir le patron. Faudra bien que tu le dises avant qu'il ne l'apprenne d'ailleurs.

Les deux compères se levèrent d'un commun accord. Le Cafard jeta un regard vers la table de Dolores et Murdock puis sur la table occupée un peu plus loin. Il semblait être homme à se souvenir de visages...

Dolorès appréciait autant son repas qu’elle dégustait les paroles des conspirateurs dans son dos. Elle avait hoché la tête en direction du paladin pour le remercier de son repas ainsi que pour son silence et sa discrétion.

Son faciès remarquable entre tous, ses yeux d’un rouge profond qui impressionnaient le quidam, sa carrure, tout dans son physique était une contre-indication à cette activité nommée filature, qu’elle s'attendait pourtant à mener. Or, finalement, cela s’avérait pratiquement inutile, en l'occurrence. Tout en se nourrissant d’une délicieuse omelette aux légumes verts, elle avait appris que l’elfe sortait avec une certaine Shana, la fille du chef d’une organisation a priori déterminée à obtenir des informations sur un objet, qu’il ne semblait pas posséder encore, mais que la célèbre gnomesse de la maison d’En-dedans pouvait identifier. Le cafard, un des membres de cette organisation, avait lancé un contrat contre la gnomesse, au grand dam du barde. Gnomesse que Narvarth était parti visiter. Le barde était de son côté chargé d’espionner les arrivées dans la ville et d'enquêter sur des personnes suspectes, mais, trop récent dans l’organisation, était suspecté de double-jeu.

Tàri était retourné à son enquête sur leur groupe. Les deux compères repartaient pour rencontrer leur chef et lui faire part de leur suspicion à l’égard de l’elfe. Dolorès réfléchissait aussi vite que possible. Son ascendance orque ne l’aidait pas forcément dans cette tâche et elle avait plutôt l’habitude de faire confiance à son instinct. Quelle était cette organisation ? L'objet qu'ils évoquaient était-il l'orbe ? Qui était leur chef et où se cachaient-ils ? Quel était leur objectif ? Il restait beaucoup de questions. Mais dans quoi était-elle donc tombée ?! Son regard flamboyant se riva à celui du paladin assis en face d’elle. Semblant prendre une décision, elle se pencha soudainement en avant, pour lui parler à voix basse.

- Écoutez-moi, Murdock, on n’a pas beaucoup de temps. Un des deux hommes qui vient de partir a envoyé une créature aux trousses de la gnomesse de la Maison d’En-dedans. Un ami à moi, un hin du nom de Narvarth, est précisément parti la rencontrer. Voudrais-tu bien aller le retrouver, pour le prévenir ? C’est une célébrité locale, je suppose que tu devrais trouver facilement l’endroit. Je vais tenter de suivre ces deux-là pour trouver le repère de leur organisation. On se retrouve ici en début de soirée, si possible

La demi-orque se leva aussitôt de table, pressa le bras du colosse en murmurant un chaleureux merci, puis sortit à son tour de l’auberge. Une fois dehors, elle repéra les deux silhouettes familières et se mit en chasse. Elle soupira intérieurement. ¤Nous y voilà, finalement, sur cette filature ...¤ Elle gardait cependant ses distances. Le but était de ne pas se faire repérer. Les deux bonshommes semblaient aguerris à des jeux peu honorables et elle ne voulait pas se faire coincer dans une ruelle sombre par de tels assassins. Surtout qu'elle avait une autre carte à jouer. Ses pensées volèrent vers un visage humain fort avenant, rencontré un peu plus tôt ...

Discrétion et perception pour suivre le cafard et son “ami”. Si elle se sent repérée, elle abandonne aussitôt et n'insiste pas. Elle demande à un commerçant local le chemin vers la Maison d'En-dedans. Si ce n'est pas trop loin, elle s'y rend. Mais elle ne veut pas louper son rendez-vous avec Gorion, qu'elle attendra devant l'auberge.

Murdock prend le temps d'apprécier le repas qui était finalement plus appétissant qu'il n'y paraissait de prime abord …. Quelques morceaux de lards quand une omelette de pomme de terre, du pain frais et quelques légumes … Rien de mieux pour caler un homme le soir .. Quoiqu'il en soit cela permettait également d'écouter tranquillement les propos des trois hommes en tout discrétion. Visiblement ceux ci n'étaient pas d'accord sur une action passée et le chef de la bande risque fortement de vouloir avoir des explications.... Cette information pourrait être capitale pour la suite. La dissensions dans le groupe adverse était toujours à prendre … Il faudrait cependant que Dolores lui donne quelques informations supplémentaires car pour l'instant mis à part son intuition initiale il n'avait pas beaucoup d'éléments à ce mettre sous la dent, hormi quelques noms s'il avait bien entendu et compris.

Les trois hommes quittent la taverne cependant assez rapidement et avant qu'il puisse dire quoique se soit, il est devancé par la moniale

¤ décidément, t'es toujours aussi long à prendre une décision dans certaines circonstances ¤

Murdock écoute attentivement les propos de la demi orque qui lui semble des plus sensés, certains qu'il était d'avoir été clairement mémorisé par l'un des deux hommes.

- Bien, je vais y aller Dolorès ... J'espère simplement que je ne vais pas y arriver trop tard pour votre avis, comme pour la célébrité locale … Soyez prudente et, si cela tourne mal, n'hésitez pas à revenir dans cette auberge, j'y ai une chambre qui pourra nous servir de base de repli en cas de besoin.

Cela étant dit, Murdock vide tranquillement sa chopine de bière avant de se lever et juste avant de sortir de la taverne, il se tourne vers le tavernier

- Tavernier, je tenais à vous féliciter pour ce repas dès plus honorable que j'ai pu manger depuis quelques temps

Murdock ne laisse pas le temps au tavernier de répondre et enchaîne

- Si vous le permettez, tavernier, j'aurais besoin d'un petit renseignement . Je dois me rendre à la Maison d'En-Dedans pour y rencontrer une de mes connaissances. Pouvez m'en indiquer le chemin, je viens d'arriver à Proskur et je n'ai pas encore pu découvrir toutes les joies de cette belle cité.

Visite de Proskur

Chapitre 2 de L'Orbe du Dragon

4ème jour du Pourrissement
Proskur
Climat : frais, venteux

Forts des renseignements que la conversation des complices venaient de fournir bien involontairement, Dolorès put s'estimer heureuse : la chance lui avait sourit et elle avançait à pas de géants dans cette affaire. Il est vrai que le noeud se resserrait, encore fallait-il faire vite pour ne pas perdre de vue les deux hommes qui semblaient se rendre au quartier général d'une organisation dont on ne connaissait pas encore le nom. Il était à noter aussi que le barde venait d'entrer et qu'il était peut-être bien une taupe, même si cela était loin d'être avéré. La méfiance restait donc toujours de mise.

Dolorès ne perdit pas de temps. Après ce copieux déjeuner, une rapide mise en situation de son nouvel ami qu'elle dépêcha avertir Navarth, elle se lança dans la rue à la recherche de sa filature. Grâce à sa taille, elle pouvait voir au-dessus des têtes, du moins plus facilement que si elle avait été halfeline. Elle repéra de justesse les deux compères entrer dans une ruelle étroite en face de son auberge. Traversant à son tour la place à une allure aussi rapide que possible sans pour autant se faire trop remarquer, elle pénétra à son tour dans cette petite ruelle. Le pavé semblait usé par le passage des gens, et au milieu courrait une petite rigole avec de l'eau sale qui se jetait dans un égout un peu plus loin. Les hauts murs rapprochés des maisons donnaient un sentiment de claustrophobie. Heureusement elle n'était pas seule : cela semblait être emprunté par pas mal que proskurien sans doute pour aller d'un quartier à un autre. Les têtes cherchées dansaient un peu plus loin, à une distance respectable. Il fallait faire attention pourtant, ils pouvaient disparaitre d'un moment à l'autre.

Elle déboucha sur une sorte de croisement de cinq bras, croisement au milieu duquel se dressait une fontaine où l'on pouvait venir chercher de l'eau. Une odeur de vieux quartiers planait : un mélange d'épices, de cuisines diverses et de déjections humaines. Des vêtements séchaient aux fenêtres, des volets mal attachés grinçaient aux gré du vent léger. Elle crut apercevoir dans la troisième ruelle la forme des deux "filés". Encore plus sale et tortueuse que la précédente, cette venelle portait le doux nom de "venelles des rosiers". Il y avait un peu de tout, sauf des rosiers. Des gamins mal habillés, aux joues rouges et aux genoux salis par les jeux la regardèrent passer les yeux ronds. Ils en oublièrent le petit bateau en bois qui filait dans la rigole allant heurter la grille des égouts. Dolorès se hâta alors que la venelle faisait une courbe pour arriver à un cul-de-sac. Ce n'était pas nommé venelle pour rien donc. Elle regarda attentivement les portes et surtout les fenêtres, se mettant à l'abri pour ne pas trop être remarquée. Sur le côté une petite enseigne nommait un endroit des plus effarants : "La Vilaine Harpie" et en dessous ce qui devait être "Taverne" sauf que le T avait été à moitié effacé. Les volets noirs étaient accrochés sommairement avec des clous repliés en deux. La porte noire également semblait fermée et une petite fenêtre devait servir de filtre aux clients de l'endroit...

Cependant Murdock avait félicité chaleureusement le tavernier qui eut un sourire ravi. Il est possible que bien peu de personnes se donnent la peine de déclarer leur satisfaction. Il semblait même se redresser de quelques centimètres tant il était heureux de cette parole chaleureuse.

Ha la maison de Dame Braguelongue répondit-il en souriant toujours béatement Oui ce n'est pas fort loin. Il vous suffit de ressortir de Proskur par la voie est.. Ces mains virevoltaient de manière à indiquer les différentes directions et longer le chemin sur environ deux cents mètres. Après vous aurez un petit sentier qui monte droit sur la maison d'En-dedans. Elle est magnifique cette demeure croyez le bien ! Par contre j'espère que vous avez un rendez-vous, la dame des lieux est un peu ... comment dire ... sauvage. Elle n'aime pas trop que l'on viennent la déranger !

Renseignements pris, choses arrangées, le paladin put prendre le chemin menant à la porte est. La ville semblait assez sympathique au demeurant, même si l'histoire veut qu'elle soit dirigée par des roublards reconnus, des anciens chefs de guildes qui réalisèrent qu'ils pourraient devenir plus riches s'ils devenaient eux-mêmes le gouvernement au lieu de le combattre constamment. L'ironie de la situation est que Proskur est aujourd'hui réputée pour être une cité relativement honnête, dans le sens où ses dirigeants roublards sont connus et efficaces. Murdock ressentait cette paix relative où la richesse de la ville était due aux caravanes marchandes qui la traversaient.

Sortir de la ville semblait bien plus aisé que d'y rentrer, quoique une personne semblait avoir les yeux fixés sur sa personne, peut-être pour s'assurer que celui-ci n'emporte aucun trésor interdit hors de la ville. Sans doute grâce à son apparence de vertueux paladin, il put franchir les portes, ce qui n'était pas le cas de celui qui le précédait et à qui on avait demandé d'ouvrir le lourd sac qu'il peinait de porter sur son dos...

L’inquiétude de Dolores croissait au rythme de sa progression dans ce dédale dont l’un des fils menait peut-être au repère des assassins. La réaction des enfants dans la ruelle, ébahis devant son apparition, ne fit rien pour calmer son anxiété. ¤Que m’a-t-il pris de suivre ces deux assassins dans un trou à rats pareil !¤ Elle se morigéna. Ses émotions risquaient de la distraire. Sa main droite plongea dans sa poche pour malaxer son petit sac de riz, son esprit se focalisant à nouveau sur sa mission.

La moniale hésitait. Elle aurait bien aimé vérifier que cette taverne au nom prédestiné était bien le repère qu’elle désirait localiser. Si proche du but, c’était tentant. D’un autre côté, sa raison lui hurlait que la chance ne pouvait que tourner, qu’il fallait rentrer maintenant et tout de suite, pendant que Tymora la favorisait, pour prévenir le reste de ses compagnons. Comme d’habitude chez elle, la raison l’emporta sur la curiosité.

De toute façon, que pouvait-elle espérer de plus ? Si elle pénétrait ce bouge, l’homme qui l’avait observé dans le restaurant de l’auberge la repérerait aisément. Au pire, elle savait que les deux compères n’étaient pas loin. Elle sortit donc de la venelle pour croiser les enfants qui jouaient avec leur bateau encore quelques minutes plus tôt. Elle leur sourit aimablement, cette fois. Elle avait hésita quelques brèves secondes en les apercevant de nouveau. Si elle les abordait pour les interroger, elle risquait de leur attirer des ennuis. Ou révéler définitivement son intérêt pour les deux hommes qu’elle filait. Elle espéra cependant entretenir l’illusion d’une étrangère totalement perdue.

- Excusez-moi, les enfants. Je cherchais le temple d’Ilmater mais votre paisible quartier m’a happé si violemment que je n’ai su résister à une ballade insolite. Elle leur fit un clin d’œil, même si ce trait d’humour leur avait indubitablement échappé. Je pense que l’hospitalité irrésistible de La Vilaine Harpie m’a définitivement encouragée à regagner mon temple, avant d’être happée définitivement dans un des innombrables lieux de perdition des environs. Plus sérieusement, je vous déconseille cet endroit. Mais vous connaissez cette taverne, je suppose ? N’a-t-elle pas mauvaise réputation ?

Espérant un éventuel commentaire, elle acheva la conversation en sollicitant son chemin pour le temple. Où elle se rendit effectivement, quémandant à nouveau son chemin au besoin.

Murdock écoute de manière attentive les propos de l'aubergiste.

¤ Dame Braguelongue … voici donc la cible des trois truands ainsi que de cette organisation secrète visiblement implanté dans les rues de Prosku …. Torm guide mes pas pour que j'agisse avec justice et équité ¤

- Ami aubergiste, je vous remercie pour tous ces renseignements.

Murdock sort de la taverne, regarde les environs par habitude et pose sa mains sur son épée à deux mains, juste par acquis de conscience et pour sentir sa présence rassurante. Cette cité respire la prospérité et le calme mais Murdock ne se fiait pas aux apparences. Avec une cité dirigée par des roublards, il ne doutait pas une seconde qu'intrigue et guerre secrète se déroule dans ces rues. La seule différence par rapport à d'innombrables cités, c'est qu'ici, les voleurs et autres brigands ont compris qu'il était plus intéressant sur le plan des profits d'assurer une stabilité pour le bien des affaires.

¤ Etonnant …. Si Dame Braguelongue est tué dans sa demeure et si elle est une personnalité locale comme semble le dire Dolorès, il va sans dire que cela risque de mettre à mal la sécurité et la paix de Proskur …. Qui aurais intérêt à déstabiliser cette ville ? ¤

Arrivant déjà la porte pour sortir de Proskur et se rendre à la maison de Dame Braguelongue, Murdock se rend compte immédiatement qu'il y a plus de contrôle pour entrer que pour sortir. Mais bien évidemment, cela semble plus judicieux pour un gouvernement qui veux une certaine paix dans ces murs. Sans vraiment faire attention, Murdock sent qu'il est observer et pose alors sa main sur la garde de son épée, prêt à agir si nécessaire.

¤ En dehors de Proskur, il ne fait aucun doute que la sécurité et la paix ne soit plus de mise, soyons prudent que Torm guide mes pas ¤

Une fois dehors de Proskur, Murdock prend son épée à deux mains en main et se dirige vers la maison d'En Dessous tout en prenant garde de son environnement et des éventuelles menaces.

Murdock se dirige vers la maison en usant des compétences Détection et Perception Auditive pour parer à toute éventualité