A la recherche de Vaerit, Prélude

Douzième jour d'Eleinte 1372
Saerloune, Sembie
16h00
Temps ensoleillé, ciel bleu

Karmeth et Amur se tenaient côte à côte devant l'imposante porte du bâtiment où ils devaient entrer. Tout leur voyage jusqu'à cette bâtisse à l'aspect solide malgré un âge visible à la fore surannée de son architecture avait été relativement simple, sans doute bien plus que ce quoi s'étaient attendus leurs commanditaires. Mais la suite n'allait sans doute pas être aussi simple. Ce qui leur était arrivé les derniers jours en étaient une preuve évidente, ils allaient au devant de grands dangers.

Sixième jour d'Eleinte 1372
Imlaron, Cormyr
19h00
Temps couvert

Les voyages de Karmeth l'avaient mené au nord, vers les légendaires mines de Téthyamar où les objets forgés par les plus anciens maîtres de l'art de la forge reposaient entre les mains de monstres sauvages. Les recouvrir ne pouvait être son but, de trop nombreuses armées de nains autrement plus entrainés que lui s'étaient cassées les dents sur les défenses des cités de leurs ancêtres, mais son instinct, ou la voix de Haela Brillehache peut-être, lui avait fait comprendre que sa route s'ouvrait vers le nord.

Il était arrivé la veille dans le petit village d'Imlaron au pied des Pics du Tonnerre et les paysans l'avaient accueillis avec politesse et amabilité. Les étrangers étaient rares surtout les nains, et les enfants comme leurs parents voulaient entendre parler du vaste monde. Mais le temps n'avait pas été aux réjouissances, peu après le souper, un groupe de quelques ogres était passé sur la route. Seuls quelques paysans l'avaient vu passé mais ceux-là étaient certains de ne pas se tromper sur la nature de ce qu'il emmenaient avec eux. Un groupe d'une vingtaine de villageois, pour la plupart des enfants et des femmes, venant tous du village voisin d'Arbela était entouré par une dizaine d'ogres. Les villageois étaient attachés et leurs vêtements étaient lambeaux. Aucun des paysans qui les virent passé ne put s'empêcher de sentir une profonde envie de les charger mais tous eurent la raison suffisante pour retourner au village trouver du soutien avant de les attaquer.

Karmeth se porta volontaire pour les accompagner et les villageois en furent heureux car aucun d'entre eux n'était habile avec les ares et la présence du prêtre de la Dame des Rixes était pour eux une chance énorme. Toutefois, malgré leurs efforts et toute une nuit de battue, les villageois ne retrouvèrent aucun des prisonniers ou des ogres. Les paysans qui avaient vu leurs voisins enchaînés avaient maintenant plus de mal à se sentir sage d'avoir choisit d'aller chercher de l'aide mais personne ne leur jetait la pierre, se faire massacrer n'aurait servi à rien. Mais ils ne perdaient pas courage, les raids des monstres des Pics du Tonnerre n'étaient pas si rares même si, de mémoire d'homme, jamais les ogres n'avaient pris de prisonniers. Il fallait en référer à la régente et laisser les chevaliers pourpres et les mages de guerres du Cormyr entrer en scène. Une fois de plus, Karmeth choisit de porter le message espérant secrètement être invité accompagner les chevaliers pendant leur chasse des ogres.

Septième jour d'Eleinte 1372
11h00
Suzail, Cormyr
Temps radieux

Cela faisait maintenant plusieurs heures qu'Amur attendait Sire Lauvin Marcian dans l'antichambre de son bureau. Il avait été envoyé par la Compagnie des Marches pour renouveler l'alliance entre la Compagnie et le royaume de Cormyr et c'est pour cette raison qu'il devait rencontrer le chevalier à la retraite. Il était maintenant le secrétaire de la régente responsable des relations avec l'extérieur. Amur ne l'avait jamais rencontré en personne mais on le lui avait présenté comme étant une personne aimable et joyeuse qui prenait son rôle à cœur.

Ceci dit, on le lui avait aussi présenté comme étant une personne qui ne ratait jamais un rendez-vous et, visiblement, il venait d'oublier celui-ci. Amur était en train de se décider à partir quand un page entra en courant, essoufflé, dans l'antichambre. Il commença à parler tout en essayant de reprendre son souffle.

-Monseigneur, excusez ma maîtresse. Sire Marcian a été retrouvé il y a de cela dix jours assassiné et torturé dans les rues de Saerloune en Sembie. Avec toute l'agitation et la tristesse due à cette évènement, Lady Marcian a oublié que vous aviez rendez-vous avec mon maître et elle vous demande d'excuser son incroyable manque de courtoisie. Je suis désole mais je dois prévenir d'autres personnes dans la plus grande urgence.

Neuvième jour d'Eleinte 1372
10h00
Suzail, Cormyr
Ciel nuageux

Karmeth avait été reçu dès son arrivée la veille par le seigneur Arudis, en charge d'une unité de chevaliers pourpres stationnée dans la ville. Il avait ensuite dû répéter son rapport devant les supérieurs du soldat. Puis, il avait été invité à prendre une chambre dans l'aile des invités de la caserne et de se présenter en milieu de matinée le lendemain matin au bureau de Sire Arudis.

Aur avait lui aussi été convoqué pour la même heure et au même endroit et c'est donc dans l'antichambre d'un colonel des chevaliers pourpres qu'ils firent connaissance. A peine eurent-ils eu le temps de se saluer et de se présenter que la porte s'étaient ouverte et Lord Sthavar, commandant de Suzail, les avait invité à s'asseoir. Un majordome vint leur donner de quoi boire et le haut dignitaire du royaume et commandant en chef des Chevaliers pourpres prit la parole:

-Messieurs, j'ai eu vent par vous, maître Karmeth, de cette histoire d'ogres. Ce n'est, hélas, pas la première fois que des nouvelles de cet ordre parvienne à mes oreilles. Et cet événement et, semble-t-il, lié à la mort de notre cher Sire Marcian. Si mes informateurs ont vu juste, et ce serait surprenant si ce n'était pas le cas, ces agissements sont ceux d'un groupuscule basé à Saerloune en Sembie. Nous savons peu de choses sur leurs agissements mais nous devons découvrir quel est leur but. Le problème est que nos relations sont déjà tendues avec les Sembiens et qu'ils ne nous permettront pas d'enquêter sur leur territoire. C'est pourquoi, j'en suis aujourd'hui amené à vous demander votre aide. Vous ne dépendez pas du Cormyr et vous pourrez donc enquêter à Saerloune sans attirer les soupçons. J'espère que vous acceptez de nous aider.

Douzième jour d'Eleinte 1372
Saerloune, Sembie
16h00
Temps ensoleillé, ciel bleu

Evidemment, ils avaient acceptés et étaient partis dans l'heure pour Saerloune. Là-bas, ils devaient rencontrer dans une auberge un certain Sval Eradfen qui avait la réputation de savoir beaucoup de choses sur des sujets peu licites mais qui ne portait pas les Obarskyr sur son cœur. Il ne serait donc sans doute pas un allié mais il pouvait par contre servir d'informateur et leur donner leur première piste pour élucider ce mystère et, Karmeth pouvait encore l'espérer, sauver les pauvres villageois que les ogres avaient enlevés.

Tout était allé si vite que le nain se sentait un peu déboussolé alors qu'il regardait le but de leur périple, ou plutôt la porte qui y menait.

Il avait laissé ses pas le mener vers ce village, puis avait cru saisi l'occasion de combattre des ogres. Hélas la battue n'avait rien donné et il avait alors décidé de tenter sa chance en se portant volontaire pour alerter les autorités.

Là la providence lui avait sourit et après une attente trop longue à son goût car elle diminuait encore les chances de retrouver les prisonniers vivants il avait rencontré le supérieur de l'ordre qui lui avait attribué la mission qu'il convoitait. Il avait ainsi accompli la mission confié par les villageois et en plus voilà qu'on lui laissait les monstres pour lui tout seul.

Enfin pas seul, il avait un coéquipier qui semblait valeureux et il ne serait pas de trop si le vent tournait. Il en était heureux car il n'avait que trop gouté à la solitude et un peu de compagnie n'était pas pour lui déplaire.
Il aurait bien aimé faire plus ample connaissance avec lui lors du voyage mais sa timidité maladive l'avait empêché de tenir une vrai conversation et après trois jours d'un voyage sans problème il en savait aussi peu sur lui qu'au début.

Il espérait cependant que son compagnon s'avérerait meilleur que lui dans l'art du dialogue car il allait lui être difficile de soutirer les informations qu'ils recherchaient.

Rasséréné par cette remise en place de ses pensées, le nain décida qu'ils n'allaient pas y passer toute la journée et il adressa alors la parole à son camarade:

-Bon et bien nous y sommes, à vous l'honneur Amur lui dit-il en s'inclinant légèrement pour le laisser passer.

¤Un peu de politesse ne fait jamais de mal, voyons comment il se débrouille¤

ette mission était vraiment pleine d'inattendu. Venu du Nord pour remplir un rôle plénipotentiaire, Amur avait apprit que son interlocuteur prévu était mort, puis que des troubles avaient lieu dans le pays, avant d'être envoyé rechercher les coupables. Heureusement que les humains étaient réputés pour leurs facultés d'adaptations...

Toujours est-il qu'Amur était parti sur les routes en compagnie d'un prêtre nain fort peu bavard. Certes, les nains n'étaient pas réputés pour leur conversation, mais le jeune guerrier était bien ennuyé, lui qui aurait vivement souhaité discuter avec son compagnon. Après tout, ils avaient beaucoup à apprendre l'un de l'autre. Tant pis, les discussions sur la forge attendraient. Le voyage s'était donc déroulé sans histoires, et avait été relativement agréable au guerrier, qui avait du mal à s'habituer aux climats septentrionaux.

Au terme de ce voyage, donc, les deux compagnons pénétrèrent dans Saerloone et, après avoir cherché un petit moment, trouvèrent l'auberge où ils étaient censé rencontrer Sval Eradfen. Il en était encore à s'interroger sur la façon de s'y prendre quand son partenaire le rappela à la réalité.

- Merci bien.

¤Bon, au travail¤

Amur pénétra donc dans l'auberge, se dirigeant vers le comptoir en cherchant Eradfen du regard. Avec un peu de chance, quelqu'un lui rappellera la description ...

Douzième jour d'Eleinte 1372
Saerloune, Sembie
16h00
Temps ensoleillé, ciel bleu

Amur entra dans la taverne suivit de près par Karmeth. En plein cœur de l'après-midi, la taverne était loin d'être pleine. Les rares consommateurs étaient regroupés par groupes autour de tables séparées chacune par de longues distances afin que chaque personne puisse traiter avec ses commensaux sans être entendue par ses voisins. Ainsi, deux groupes se trouvaient chacun dans un coin de la taverne, aux antipodes les uns des autres. Des rideaux étaient pendus à des tringles à proximité des tables pour augmenter encore le degré d'intimité mais les deux groupes semblaient avoir décider que la distance était suffisante pour protéger les mystères de leurs trafics.

Deux hommes se trouvaient près de l'unique porte, pour réglementer les entrées ou pour empêcher les sorties. Tous deux semblaient avoir du sang de géant ou au moins d'orque tellement ils étaient massifs et repoussants. Trois autres hommes, tous plutôt âgés, se trouvaient autour d'une table carrée en train de jouer aux dés tandis qu'un quatrième, sans doute le dernier joueur, se dirigeait vers le comptoir dans l'intention apparente de remplir de nouveau leurs choppes. Un dernier client, assis tranquillement en train de lire un document et de prendre des notes, fumait la pipe en poussant régulièrement des soupirs d'ennui. Le tavernier, enfin, était en train de nettoyer des verres tout en rapprochant de lui avec le coude les bouteilles dont il allait avoir besoin pour servir une nouvelle tournée au vieux joueurs de dés.

L'entrée des deux étrangers passa inaperçue car l'un troisième garde patibulaire venait d'attraper par la manche un gamin qui ne faisait pas le tiers de sa taille et qu'il semblait accuser d'essayer d'espionner les hommes d'affaires dans un coin situé presque aussi loin des deux tables. Seul le tavernier regarda dans la direction de l'enfant qui hurlait pour signifier à son homme de main de le lâcher et de le mettre dehors immédiatement et sans violence. Pour lui, le gamin était plus un voleur de pain maladroit qu'un espion et il n'y avait pas de raison de s'énerver. Une fois les pieds en contact avec le sol, le gamin ne demanda pas son reste et partit en courant. C'est à cet instant que les chiens de garde de l'entrée réagir la présence des deux inconnus, se mettant devant eux pour leur barrer le passage d'un air autoritaire:

-Qu'est-ce que vous faites là?

L'endroit n'inspirait pas confiance au prêtre nain, il faisait plus tripot mal famé que honorable établissement et il se sentait plus à l'aise avec des monstres qu'avec des briguands.

¤Quoique les gardes de l'endroit se rapproche plus des premiers que des seconds¤

Néanmoins il semblait de coutume ici de se montrer méfiant et c'était eux les étrangers. Aussi il était naturel qu'on s'interroge sur la raison de leur venue.

Se rappelant également qu'ils étaient censé être en mission discrète, il décida de ne pas se montrer agressif et de contenter la curiosité des deux brute.
Baissant les yeux, il se racla donc la gorge avant de lancer d'une voix un peu rauque :

-Nous... sommes venu voir Sval.

Il espérait que le nom de leur informateur soit suffisamment connu pour leur éviter d'autres questions et leur ouvrir le passage. Il ne se sentait pas le courage de perdre du temps à essayer de convaincre les portiers de l'endroit...

orsqu'ils entendirent le nom, les deux gorilles se tournèrent vers le tenancier pour savoir ce qu'ils devaient faire. Visiblement, ils ne devaient pas connaître ce Sval ou ne pas être habitué à voir des étrangers demander à le voir. Le tavernier avait aussi bien entendu que toutes les autres personnes de la pièce ce que venait de dire Karmeth et, d'un signe de la tête, il demanda aux deux hommes de s'écarter pour les laisser passer.

Une fois réellement entrés, les deux aventuriers furent invités par le tavernier à se rapprocher du comptoir. Il avait quelques mots à leur dire avant qu'ils aillent plus loin. Tout en continuant de faire un semblant de vaisselle, le tenancier commença à parler sans vraiment les regarder. Il avait eu raison de les faire approcher car maintenant beaucoup de regards étaient dirigés vers eux et, étant donné qu'il leur parla en chuchotant, il devait avoir des choses à leur dire qui devaient rester secrètes.

-Messieurs, je pense savoir ce que vous faites ici. Honnêtement, pour la plupart des gens dans le coin, votre problème n'en ai pas un et, à vrai dire, personne ne s'en plaint et cela en arrange même beaucoup. Alors je vous conseille de pas trop vous faire remarquer car vous risqueriez d'avoir des ennuis. Les nains sont déjà assez rares dans la région pour que vous sembliez suspect sans faire de vagues.

Si je vais vous aider, ce n'est pas par bonté d'âme ni par gaieté de cœur mais parce que Sval Eradfen me paye pour. Ne cherchez pas à savoir qui il est, Sval n'est qu'un nom parmi tant d'autres qu'il utilise, et il a tendance à ne pas aimer que ses secrets s'ébruitent. Mais, je dois quand même vous mettre en garde, il n'est ni un enfant des chœurs d'Ilmater ni même un aimable paysan. S'il pouvait renverser le royaume du Cormyr et le faire annexer à la Sembie, il n'hésiterait pas à le faire, croyez-moi.

Alors, si vous êtes sensés, je vous conseille de partir maintenant et de ne pas revenir. Cela ressemble beaucoup à un traquenard. Mais c'est votre vie, après tout.

Karmeth était heureux d'être rentré sans encombre, le nom de leur contact semblait remplir son rôle de "sésame".
Néanmoins il n'avait pas prévu qu'il attire sur eux une telle attention, apparemment le bougre était connu et ils avaient complètement raté leur entrée discrète.

L'impression que cette affaire était mal engagé se confirma lorsque le tavernier pris la parole. Le nain commençait à se demander si leur commanditaire avait bien fait de l'enrôler puisque sa seule présence suffisait à attirer l'attention sur le groupe.
De plus la raison de leur venue ici semblait évidente pour le tenancier et il était donc fortement probable que d'autres fassent les mêmes déductions.

¤Autant se promener avec un panneau "cherche groupuscule terroriste dangereux", ça n'en serait pas moins suicidaire¤

C'est donc avec la sensation d'être devenu une cible à abattre que Karmeth dû réfléchir à ce qu'il allait dire à l'aubergiste qui semblait attendre une réaction de leur part.

¤Que cette rencontre soit un traquenard est une possibilité, mais avons-nous le choix ? C'est notre seule piste¤

Si le tavernier s'était donné la peine de chuchoter, ce n'était certainement pas dans le simple but d'épargner ses cordes vocales. C'est donc sur le même mode que le prêtre nain lui répondit.

-C'est... fort aimable de votre part de nous mettre en garde, néanmoins la raison pour laquelle nous cherchons à voir Sval Eradfen ne regarde que nous et nous ne pouvons hélas pas faire autrement.

Il aurait bien aimé se concerter avec son compagnon pour savoir s'il était du même avis que lui mais l'endroit ne s'y prêtait pas. Il se contenta donc de se tourner vers ce dernier pour attendre sa réaction.

Il y a des circonstances comme cela dans une vie d'aventurier en goguette qui demeureront à jamais inexplicable. Chaque aventurier, où qu'il se trouvait ce jour-là, fut aveuglé par une terrible lumière blanche les obligeant à fermer les yeux. Quand ils purent de nouveau regarder librement, ils découvrirent avec stupeur qu'ils venaient d'être transportés par magie au sein même de leur terre natale, chacun de leur côté......

Fin de l'aventure