[Chapitre II] Guerre moins quart

Visiblement conscient de l'urgence du moment, Borel ne perdit pas davantage de temps en palabres inutiles. Plus petit que le paladin en stature, le jeune humain avançait d'un pas rapide, mais Elion, avec sa haute stature et son armure imposante, avait l'impression de se traîner à sa suite. Pourtant, il ne pouvait guère en vouloir à Borel, conscient que le jeune homme faisait de son mieux.

Ils pénétrèrent dans la petite chapelle. La lumière tamisée perçant les vitraux et le silence donnaient à ce lieu toute la quiétude nécessaire au recueillement religieux. Seule la progression rythmée du paladin troublait ce silence.

Chaque pas d'Elion résonnait dans la chapelle avec une solennité presque inquiétante. Le silence sacré des lieux, d'habitude respecté par les prières murmurées, était désormais brisé par le cliquetis métallique de son armure. Le son se propageait contre les murs de pierre, amplifiant chaque mouvement, transformant le moindre frottement des plaques de mythral exalté constituant Aphrulãd en une onde répercutée à l'infini. Ses lourdes bottes, elles aussi étaient immaculée, la plaque du même métal que son armure frappé du symbole de son dieux bordé d'une couronne de plumes blanches, heurtaient le sol avec un écho sourd, chaque pas semblant résonner bien au-delà de la petite chapelle, comme une intrusion presque irrévérencieuse dans ce lieu de quiétude.

Le contraste entre le silence assourdissant et le bruit de sa progression rendait l'atmosphère pesante, comme si chaque son était susceptible de réveiller quelque chose de profondément enfoui dans les ombres de la crypte.
Traversant la nef puis le transept, ils passèrent derrière l’autel avant que Borel ne désigne de son doigts tendu l’emplacement d’une large trappe.
Elion balaya les environs du regard. Rien ne bougeait. Aucun signe de Kryssyyor, ni de leur voleur potentiel. La Lame Etincelante de Heaum posa une main protectrice sur l’épaule du jeune guide.

— Borel, tu m’attends ici. Je vais d’abord vérifier que tout est en sécurité. Tu ne descends pas tant que je ne t’ai pas donné le signal, c’est clair soldat ?

Le jeune homme acquiesça vivement, les yeux ronds d’admiration et de respect devant l’aasimar en armure immaculée. Une main posée sur le pommeau de son lourd cimeterre, Elion commença sa des-cente vers les profondeurs de la crypte. L'air devenait plus froid, imprégné d'une étrange sensation de calme immobile, alors qu'il franchissait les derniers marches.

La salle souterraine s’ouvrit devant lui, vaste et impeccable, d'une propreté surprenante pour un tel lieu. Les tombeaux, ordonnés dans un silence solennel, semblaient presque trop bien entretenus. Soit, le Comte avait un réel respect pour ses aïeuls reposants en ces lieux avec un profond devoir de mémoire à leur égard. Soit, la crypte ne servait pas uniquement de crypte.

Une fois en bas, Elion fit un rapide tour des lieux. Rien n'indiquait la présence récente de quiconque : ni traces de pas, ni mouvement suspect, ni signe de Kryssyyor.
Le drow était un maître de la furtivité, et s'il était passé par ici, il n’aurait rien laissé derrière lui. Le paladin, malgré tout, se concentra sur sa mission première : vérifier si l’anneau était toujours en sécurité.

Il appela Borel d'une voix ferme mais mesurée. Le jeune humain descendit rapidement pour rejoindre le paladin, son visage marqué par la nervosité de cet endroit empreint de mystère. Pendant que Borel approchait, Elion posa deux doigts sur son front et murmura des paroles sacrées à voix basse. Ses yeux s’illuminèrent alors d’une légère lueur bleutée, signe de la bénédiction qu'il invoquait pour détecter toute magie présente.

Si l’anneau était encore là, caché parmi ces tombes, il devait laisser un écho magique, tout comme n’importe quel sort ou piège qui aurait pu être placé pour le protéger ou pour alerter de sa disparition.
Le paladin se retourna légèrement vers Borel, qui descendait prudemment les marches.

— Borel, c'est bon ! Allez, vient, mais reste sur tes gardes ! Si quelqu’un s’est faufilé dans cette crypte, il n’a pas pu dissimuler entièrement ses traces.

Borel, un peu mal à l'aise dans cette atmosphère sacrée et énigmatique, s’arrêta à côté du paladin, ses yeux s’agrandissant en voyant la lueur surnaturelle qui émanait des pupilles de l’aasimar. Elion, de son côté, poursuivait son examen.

— Il va falloir fouiller avec soin, Borel. Mais reste prêt à intervenir. Si le voleur est passé avant nous, il pourrait revenir. Que Heaum te protège.

Dans cette crypte silencieuse, Elion savait que la prochaine étape nécessitait autant de patience que de discernement.

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Elion d'Alusaire utilise détection de la magie

Xarss était devant un moment d’introspection profond, un délicat désir d’avancer à s’ouvrir à l’inconnu, d’accepter l’incertitude et d’embrasser le futur avec courage, le drow en lui palpitait d’excitation. Son affirmation qu’il était prêt à aller de l’avant parmi tous ces pièges et dangers signifiait qu’il laissait la sécurité derrière lui qu’il avait choisi de grandir seul en se renouvelant à explorer des horizons encore inexplorés; la fourberie qu’il avait en tête n’en était pas une justement, trouver l’anneau, disparaitre et la remettre à la Main était louable, juste et parfaitement dans ses cordes, néanmoins un doute persistait.

Il fallait donc agir selon son doute, écouter son cœur et sa raison, peser les sentiments et les réalités avec… honnêteté. * Pfffff…..* entendit-il dans son esprit, selon lui Vorn n’était pas d’accord ou c’était son moi profond et détestable qui n’aimait pas ne pas avoir ce qu’il désirait.

Ce fut donc dans la valeur du passé que le faussement appelé Kryyssyor bâtit sa réflexion du moment; un passé pas si lointain, une promesse avec un éon encore chaude et d’un retour en ce monde dense d’où il en ressentait encore les blessures.

*Qu’est-ce qui me rendra plus aligné avec moi-même?* Question qu’il se posait avec pleine conscience.

Un étrange sentiment l’envahissait soudainement, il se sentait authentique, égoïste bien entendu, mais ce sentiment le nourrissait dans son âme en apaisant son esprit. Peu importait son choix, il devait le faire, car son pas prochain serait une avancée vers une plus grande compréhension de soi.

Il sourit seul dans la noirceur du lieu; il s’aimait profondément, s’idolâtrant impunément. Le jeune drow sentit sur ses mollets, le passage de Vorn qui le remerciait de s’être choisi avant toute autre personne; son esclave semblait enfin comprendre le chemin à suivre.

Devant lui se trouvait un piège mortel à désamorcer, n’étant pas un expert, il risquait encore gros à tenter cette effronterie, par contre, il était agile, il risquait moins en évitant le piège, encore moins en envoyant Vorn, et nullement s’il utilisait sa lévitation en s’aidant du plafond pour avancer, cependant le temps passait et Élion qui devait encore suspecter les sombres intentions de son compagnon de route, et ce, avec raison car le Ssri'Tel'Quessir n'avait-il pas douté de lui même, descendrait voir où il était et se prendrait le piège au bas de l’échelle puis l’autre avec le gaz… Qu’il ait l’anneau ou pas, la conclusion serait possiblement la même. Il maudit le voleur qui avait eu raison de lui, se disant que ce n’était que partie remise, car le plus étrange de lui était qu’il s’en faisait pour la sécurité du guerrier céleste, il faillit pouffer de rire tellement sa réflexion était ridicule, mais de bonne foi. De plus leur groupe était séparé, donc moins efficace.
L’anneau n’était pas perdu, elle était juste en route pour une autre destination et ils auraient le loisir de partir à sa recherche pour la sécuriser.
Il exécutait sa décision et revint vers la crypte pour ensuite rejoindre le céleste qui devait ronger son frein d’avoir laissé un drow disparaitre à la poursuite de l’anneau. Il n’y avait plus de doute maintenant pour l’ex-sombre, Il ne serait pas disparu pour remettre l’anneau à la Main des mystères, car ce n’était pas sa mission, la Mains lui avait seulement demandé d’investiguer sur la menace monstrueuse sur certaines femelles dans la région et maintenant cette mission était conclue. Il comprit plus que jamais qu’il avait fait une avancée vers une plus grande compréhension de soi; il était devenu serviable à une cause céleste, lui, un drow évadé.

Ina regardait d’un œil rassuré et bienveillant la famille se retrouver. Si la ferme était maintenant un amas de cendre, au moins ils étaient ensemble et pouvaient refaire leur vie. Elle se retrouvait un peu dans cette histoire, la fin de sa jeunesse avant que tout ne bascule. Pour le mieux ? Personne ne pourrait en être certain.

Le fait que la chef de la …garde… ne détale en courant à son arrivée n’augurait rien de bien bon ajouté a la disparition rapide de ses compagnons de route de sa vue. Pourtant la jeune femme ne se lança pas dans des conjectures farfelues pour une fois. Les histoires de ses livres resteraient dans ses livres cette fois ci.

-Comte Enguerrand, je vous présente Dame Agilva, prêtresse de Waukyne qui nous a semblé, à mes compagnons et moi, avoir un avis intéressant sur l’affaire que nous avons en cours.

Fournissant un effort pour respecter ce protocole barbant selon ses principes, elle retourna la présentation de l’autre côté.

-Dame Agilva, le comte Enguerrand, maitre de la cité.

-Peut être pouvons-nous en parler dans un endroit moins fréquenté ? J’avoue que la nuit et ce début de journée ont été mouvementés et j’apprécierais un peu de calme pour me ressourcer.

Elle ne voyait pas bien comment faire comprendre au comte les tenants et aboutissant de la réflexion de leur groupe sans en dire plus à la vue a aux sus de tous. La délégation venait à peine de repartir, rien n’indiquait que des oreilles indiscrètes a leurs comptes ne trainaient pas dans les environs.