Arc III: Premier contact, Sur un thème impérial bien connu ?

Chapitre précédent.

« agnifique était le spectacle qui s'offrait aux aventuriers.
Au fur et à mesure que le temps passait, le navire Le Protecteur s'éloignait de plus en plus du sol, pour s'enfoncer dans les profondeurs du ciel. Derrière eux s'étalait la forme ronde et accueillante de leur monde d'origine. Étonnamment sphérique, Chauntéa dévolait ses contours à leurs yeux : ses eaux bleues et raffraichissantes, ses terres vertes, brunes, ou jaunes, suggérant autant de pays riches ou pauvres, connus ou mystérieux, et enveloppés ça et la de voiles de nuages blancs.

Admirer ainsi Abeir-Toril dans son entièreté n'était pas donné à tout le monde, et nombreux furent ceux qui saisirent l'occasion de se repaître de ce spectacle. Parmi eux, Vibhishana, le cartographe durpari, passait le plus clair de ses journées à noircir parchemin sur parchemin d'informations parmi les plus exactes qu'on put imaginer sur les différents continents. De temps à autre, il était aidé en cela par Eroan, la vigie, dont la vue perçante permettait d'isoler certains détails trop infimes pour l'œil humain. Comme il le désirait, Jakelm, le jeune mousse, avait pu profiter de certains cours particuliers, sur la manière de traduire ce qu'on voyait sur le papier, sur que considérer de pertinent, sur la manière de gérer son espace, de garder en tête des détails d'importance et ainsi de suite. D'une certaine manière, il s'aperçut que l'art de la cartographie pouvait aussi s'appliquer dans la vraie vie, sur un champ de bataille par exemple, car c'était au final la capacité d'observer son environnement pour en tirer un avantage utile.

Les regards se tournaient aussi vers Séluné et ses larmes, qui se rapprochaient doucement petit à petit. L'astre lunaire semblait à la fois lointain, car il était encore plus petit sur l'horizon avant que Chauntea ne l'était sur l'horizon arrière, mais aussi proche, car sa clarté et sa beauté n'étaient plus obscurcies par le voile de nuage ou la simple atmosphère. Elle apparaissait ainsi, belle et intouchée, à travers la légère iridescente de la sphère protectrice qui entourait le Protecteur, le protégeant dans une certaine mesure du froid de la Mer de nuit, tout en ayant capturé une portion d'air respirable autour du navire. Bien que loin d'être inépuisable, cet air permettait pour l'instant à l'équipage de respirer à son aise.

Ainsi s'écoulèrent trois jours, au cours desquels l'équipage put se reconstruire quelque peu, entre autres grâce à une fête impromptue organisée pour améliorer le moral des troupes et permettre à chacun de faire plus ample connaissance.

Après trois jours, le Protecteur se mit subitement à accélérer, sous l'impulsion de son pilote, qui semblait avoir percé un autre mystère du Timon, le trône magique qui permettait de faire voler le navire. Celui-ci se mit à voguer bien plus rapidement sur l'Éther, laissant derrière lui un sillage transparent, tandis que le décor alentour se faisait plus flou, comme fantomatique, les différents contours des corps stellaires laissant dans les yeux de l'équipage des traînées de lumière colorées. Bien que troublant au début, l'effet n'était pas gênant pour l'équipage, qui pouvait continuer à évoluer sur le pont sans problème particulier -bien que certains se demandèrent ce qui adviendrait d'eux s'ils passaient par dessus bord : rentrer chez soi à la nage semblait en effet exclu.

Après une petite heure à se régime cependant, le Protecteur s'arrêta cependant brusquement, projetant certains membres de l'équipage en avant, les plus fragiles sur leurs jambes s'étalant de tout leur long, d'autres se retrouvant sur leur séant. Dans le ciel nocturne, Séluné était maintenant toute proche, tandis que la taille de Toril avait considérablement diminué : en une heure, ils avaient apparemment franchi une distance bien supérieure à celle qu'ils avaient réussi à combler durant les trois jours précédents !
Cependant, la course du navire avait visiblement sondainement été arrêtée par la présence d'un gros objet sur son chemin.

Face à leur bateau, lui barrant la route, se dressait le plus étrange navire que les aventuriers aient jamais vu. Bien que sa partie principale semblât d'une taille à peu près similaire à la nef du Protecteur, elle comportait plusieurs sections annexes de forme exotique, et était encadré par deux immenses voiles qui rendaient le tout bien plus grand, et envahissait la vue de quasiment tout leur quart avant. Les voiles en étaient bien étranges, puisqu'elles n'étaient pas constitué de tissu, mais de ce qui semblait être les feuilles d'un arbre aux proportions gigantesques. Elles étaient supportés par deux mats principaux très solides, mais inclinés suivant un angle bizarre, et comme entrecroisés. Les mats eux-mêmes semblaient composé d'un bois d'une couleur et d'une texture étrange, que Plume et Serana -bien que ce ne fût pas aisé à cette distance- crurent un instant avoir déjà vu quelque part.
L'ensemble évoquait davantage un immense insecte végétal qu'un bateau en bonne et due forme.

Sur le pont du bâtiment -ou du moins ce qui semblait en tenir lieu-, de nombreux marins s'affairaient. Ceux-ci étaient vêtus d'uniformes argentés, arborant ça et là des touches de blanc, de vert et de bleu. Un second coup d'œil apprit aux observateurs qu'en fait de marins, il s'agissait plutôt de soldats. Parmi eux, nombreux étaient ceux qui portaient armes et armures ; certains travaillaient visiblement à orienter divers engins de siège dans leur direction.

Soudain, une voix ferme transpirant l'autorité retentit aux oreilles de tous ceux présents sur le pont du Protecteur. Celle-ci semblait appartenir à un -ou une- elfe au port altier, en armure de plates complète argentée, présente elle aussi sur le pont.

Amiral Impérial

- Vaisseau non identifié, immobilisez-vous en vue d'un contrôle. À cet effet, préparez tout document relatif à votre affiliation et votre identification. Au nom de la Marine Impériale, merci d'obtempérer immédiatement. -------------------- Cette elfe de haute stature semble être en charge de cet impressionnant vaisseau. Son uniforme comprend un haubert argenté, et sa voix est certainement magiquement amplifiée.

Jamais le barde ne s’était imaginé Abeir-Toril dans son ensemble. Il en connaissait la beauté des couleurs, sa diversité, l’immensité de ses océans et de ses mers, mais lui qui pensait avoir vécu, qu’avait-il vu de tout ce qu’elle avait à offrir ? Tandis qu’ils prenaient de la distance et que le globe était visible tout entier, dévoilant les régions qui étaient déjà –ou encore- dans la nuit tandis que le soleil brillait pour d’autres, il fut pris d’un vertige. Comment un prêtre de Lathandre, bénissant chaque matin, verrait-il la véritable raison de ce lever de soleil ? Comment tous comprendraient-ils leur erreur quand il craignait une éclipse ? Le risque que la nuit perdure ? Bien sûr il aurait pu se limiter à profiter du spectacle mais la perception de leur ‘monde’ dans sa globalité remettait en cause tant de choses qu’il considérait acquises qu’il en avait le vertige et à mesure que leur cartographe noircissait ses cartes, il remplissait son carnet de bord de toutes les pensées philosophiques qui le traversaient, pour ne pas qu’elles l’obsèdent en permanence.

Cela étant, il en oublia certaines obligations, comme celles concernant l’instant qui se dessinait devant eux. Il aurait dû préparer l’équipage avec des consignes claires et concertées avec ses compagnons d’aventure pour éviter l’improvisation et les risques liés.

Arzhaelig félicita intérieurement Serana de ne pas avoir engagé Cohnal Nombilis dans leur entreprise et ... se mordit la lèvre en pensant à Bruce et au discours qu’il aurait dû lui tenir avant cette rencontre inévitable.

- Mes amis, voici le comité d’accueil, notre première rencontre. Faisons de notre mieux pour qu’elle soit constructive. Granit, prépare l’équipage pour une présentation en bon et due forme au Capitaine, que Bravar nous rejoigne aussi, j’aimerais qu’il voit tout ça de lui-même. Chéréas, aucune démonstration de quoi que ce soit, la seule chose dont on puisse être certain, c’est qu’ils peuvent nous détruire à loisir. Eroan, si tu vois quelque chose qu’ils essayent de dissimuler, fais-moi signe. Que quelqu’un explique à Hermine la situation et lui demande de nous immobiliser.

Le capitaine réactiva discrètement son lien vers les membres de l’équipage. S’ils étaient face à des Elfes, ils devaient considérer des sens meilleurs que les siens, la surprise était une arme à double-tranchant, difficilement compatible avec son sens des responsabilités.

¤ Serana, assure-toi que Bruce ne nous plonge pas dans les ennuis. Au besoin, s’il perd le contrôle, tu l’assommes. Il a perdu les siens, il n’a plus grand chose à perdre, nous par contre ... ¤

- Belle rencontre ! Je suis Arzhaelig Tenedor, Capitaine du ‘Protecteur’ d’Abeir-Toril. Nous disposons des documents d’acquisition auprès de la Compagnie du Poing de la Mer d’Eauprofonde mais je crains que nous ne possédions aucun autre document, notre association se limitant à celle de l’équipage d’un navire d’exploration et de découverte. Nous avons quitté les mers pour la première fois et devons avouer notre méconnaissance des us et coutumes en qualité de navigation spatiale et d’espaces territoriaux s’ils existent. Pouvons-nous connaitre le nom de l’Empire dont nous venons de franchir les frontières ?

Jamais Jakelm n'aurait pu imaginer vivre semblable aventure tant il lui paraissait vivre un véritable conte de fée. Ce voyage fantastique ouvrait de nouveaux horizons et repoussait les limites de son savoir et les barrières de bien des certitudes. Mais ce bouleversement dans ses convictions les plus intimes, loin d'abattre le gamin, aiguisait au contraire sa soif de connaissances et sa volonté d'apprendre toujours davantage. Amusés certainement par la bonne volonté du mousse et son enthousiasme non feint, tous dans l'équipage, simples matelots comme occupants de la passerelle, avaient à cœur de satisfaire la curiosité de l'enfant pour peu que ce dernier s'acquittât correctement de son travail quotidien.

Le plus sollicité dans cette quête de savoir était sans conteste Vibhishana que la profession prédisposait à expliquer certains phénomènes. Passant des heures en compagnie de ce dernier, Tijak l'aidait de son mieux, s'efforçant d'assimiler la foule d'informations que le cartographe lui fournissait. Leur éloignement constant de Toril permettait de faire évoluer la perception d'un même lieu, faisant ressortir ce qui était vraiment important de la foule de détails qui distrayaient l'attention.

Fort de ces nouvelles connaissances, le jeune adolescent s'appliquait à les mettre en pratique dans ses activités quotidiennes. Il apprenait ainsi à détecter, du premier coup d’œil, le meilleur itinéraire à adopter pour se glisser aux milieux des cordages et des aussières qui encombraient le pont, et à jouer de son agilité pour courir de la poupe à la proue sans se laisser ralentir par les obstacles.

Bien que toute notion de "jour" et de "nuit" ait disparu depuis leur envol, le soleil dardant en permanence ses rayons lumineux maintenant que les aventuriers n'étaient plus soumis à la rotation de leur planète, le capitaine du Protecteur avait maintenu pour l'équipage un rythme de vie normal, découpant la journée selon les règles auxquels tous étaient habitués et, en particulier, imposant une période de repos pour tout le monde, à l'exception du personnel de quart. Jakelm aimait tout particulièrement ces fins de journée à bord où, une fois le travail achevé, les matelots se retrouvaient dans une veillée improvisée. Accompagnés de divers instruments de musique, les chants marins étaient repris en cœur et égayaient leur voyage. Parfois, Arzhaelig ne dédaignait pas se joindre à l'équipage et faisait admirer sa belle voix quand il ne captivait pas les marins par un des récits dont il avait le secret.

La monotonie qui s'était installée à bord fut bientôt rompue par deux événements successifs. Tout d'abord l'accélération fantastique de leur vitesse de déplacement surprit tout le monde mais, toute déroutante qu'elle fut, elle ne constituait pas vraiment une gêne pour leur navigation. Ensuite, l'arrêt brutal du bâtiment rappela à certains les mauvais souvenirs de leur rencontre avec les géants. Alors que certains se remettaient vivement debout, les sens en alerte, tous purent découvrir la raison de cet incident.

Écarquillant les yeux de surprises, Jakelm découvrait le fier navire qui leur barrait la route. Véritable vaisseau volant, ce dernier déployait des voiles majestueuses en forme d'ailes qui éclipsaient presque le bateau en lui-même. Véritable navire de guerre à en croire les tenues et l'armement de son équipage, plus proche de soldats que de simples marins, il semblait avoir pour mission de contrôler l'accès à un empire inconnu.

Avec toute la maîtrise due à ses fonctions, Arzhaelig donna ses ordres avant d'accueillir les nouveaux venus. Répondant instinctivement à la demande de son capitaine d'aller prévenir Hermine ("J'y vais Cap'tain', vous en faites pas!"), Tijak s'engouffra dans une écoutille pour filer vers la Salle du Timon et expliquer la situation à leur pilote. Une fois son message passé, il courut jusqu'à son hamac fouillant dans son coffre pour en ressortir sa plus belle tenue, n'omettant pas d'enfiler son gilet bleu rehaussé de motifs d'or. Il convenait de se présenter sous son meilleur aspect à l'amiral impérial qui n'allait pas manquer de monter à leur bord. Autour du gamin, les marins s'affairaient également en rectifiant leur tenue. Curieux, les hommes commentaient cette rencontre en plein ciel, ne pouvant se défaire d'un sentiment de défiance à l'égard de ces Elfes lourdement armés. Un peu surpris, Jakelm vit plusieurs matelots camoufler une arme sur eux. Rendu quelque peu paranoïaque par cette attitude, il accrocha son sac de "billes" à sa ceinture, la fonde toujours soigneusement enroulée autour du poignet, et glissa, lui-aussi, une dague dans sa botte droite

Ensuite, le regard brûlant de curiosité, le mousse remonta sur le pont et, sous les ordres du bosco, s'aligna avec le reste de l'équipage pour attendre leurs visiteurs.

Quand le navire impérial s'était approché, Serana était sous le pont, assise dans le mess, les yeux rivés sur une carte. Après passé la moitié de la journée, si on pouvait encore appeler ça une journée, à aiguiser ses lames.

Lorsqu'elle reçu le message télépathique d'Arzahelig, elle avait déjà entendu le ronflement caractéristique de la masse d'air qui se déploie provoqué par le navire. Même si elle ne savait pas tout ce qu'il se passait, elle leva les yeux et observa ceux présent dans la pièce. Granit s'occupait déjà de réunir l'équipage et de faire en sorte de les rendre présentable. Alors qu'ils allaient vers le pont, la demie-dragonne interpella :

- Bruce. Reste ici.

Elle croisa les mains et regarda l'humain. Elle appréciait en partie la morale du bonhomme, mais, comme le capitaine l'avait dit, il pourrait être dangereux. Mais Serana avait vu venir le truc, et mit en place dès le départ une stratégie d'imposition de l'autorité. Certes, elle se savait capable de régler les problèmes par la force de ses paroles, mais s'était fait fort de faire comprendre à chacun que personne, à part peut-être Granit, n'était en mesure de l'égaler, ou de la dépasser sur le terrain de la force brute. Elle avait battu tout ceux qui se risquait à la défier au bras de fer, montrer sa résistance à l'alcool, et sa sévérité quand c'était nécessaire. Sans violence, mais indiquant que, si le contexte le nécessitait, la raclée n'était pas loin.

- Lorsque tu as embarqué, nous avions un contrat. Ta haine pourra se déchainer lorsque nous l'autoriserons. Pas avant. Sans quoi le retour de bâton serait virulent, et immédiat. Je ne sais pas exactement qui sont tes némesis, mais si ce sont eux qui tentent de nous arraisonner, nous allons procéder avec diplomatie. Tu vas venir avec moi, et rester avec moi, mais au moindre geste agressif sans que l'ordre t'en sois donné, tu feras connaissance avec le bois du pont.

Elle se leva et lui fit signe de la suivre. Le faisant attendre quelques minutes devant sa cabine, elle se remit en ordre. Cela faisait quelques jours qu'elle se laissait aller, mais ce n'était pas le moment. Sa cape, parfaitement pliée alla s'associer à son armure via les broches argentés et les trois anneaux dorés retrouvèrent leur place sur sa chevelure. Épée et arc au fourreau, elle ressorti et monta sur le pont, suivi par Bruce, grognant. Elle se plaça à côté de Granit, bras croisé, pendant que l'humain se tenait derrière elle.

Malgré le discours tenu à Bruce, lorsqu'elle constata que c'était des elfes qui les avaient pris en grippe, elle leva la tête. Rejetant un peu d'air par le nez, elle fixa l'amiral avec un regard froid.

Metzli n'avait cessé d'admirer le merveilleux spectacle qui s'était offert à elle : voir d'en haut le monde qu'elle habitait, les régions qu'elle avait parcourues et celles dont elle ignorait tout, constituait une expérience aussi indescriptible qu'inoubliable. Elle avait senti son cœur frémir lorsqu'elle avait aperçu la forme de Maztica, ce continent dont sa mère était issue et où elle était née avant de la quitter en bas-âge. Peut-être un jour traverserait-elle cet océan qui semblait si petit vu d'en haut...

L'expérience était merveilleuse mais parfois un peu inquiétante : la jeune femme n'avait pas l'impression de maîtriser la situation et regretta, par instant, de ne pas avoir été plus attentive lorsque son père lui avait enseigné toutes sortes de connaissances. Volontiers dissipée, elle avait toujours préféré l'apprentissage par elle-même, spontané, aux longues leçons. La voilà qui était servie, embarquée dans une expérience unique...

¤ Mais, de toute manière, papa ne devait pas savoir grand chose des espaces que nous parcourons... ¤ se dit-elle avec une certaine philosophie.

La jolie ensorceleuse fut tirée de ses pensées par l'arrivée d'un navire à l'apparence extraordinaire : une fois encore, elle n'avait jamais rien vu de tel et elle se demandait comment cette étrange embarcation pouvait bien se mouvoir.

¤ Par un processus magique? Ou mécanique ? Il y aurait certainement beaucoup de choses à apprendre pour un érudit! ¤

L'émergence du mystérieux vaisseau avait également quelque chose d'inquiétant : personne ne savait rien des habitants de ces régions et Le Protecteur n'était probablement pas encore en état de livrer bataille. Restait à espérer que la diplomatie fonctionnerait.

Metzli fut surprise de constater qu'une elfe semblait diriger le navire et qu'elle s'exprimait en commun.

¤ Ils doivent donc avoir une racine commune avec nous... Peut-être même des contacts réguliers! Mais qui sont-ils? Quand et comment ont-ils atteint de tels espaces? ¤

La jeune amnienne était aussi fascinée qu'inquiète. Mais pour l'heure, le moment était aux tractations et non aux questions : dans ce domaine, Arzhaelig était sans conteste le plus doué. Metzli alla se poster à son côté pour mieux observer la scène unique qui allait se dérouler.

« égligeant apparemment de faire preuve de la plus élémentaire politesse d'écouter Arzhaelig, l'elfe sembla donner quelques ordres à ses hommes alors même que celui-ci lui répondait. Cependant, le fait qu'il n'entendait plus lesdits ordres, et aussi le fait que sa propre voix ne semblait aucunement amplifiée, fit penser au vieux marin que, peut-être, le sort n'autorisait tout simplement pas la communication à double sens. Ce soupçon fut confirmation lorsque la commandante, jetant un coup d'œil vers lui alors qu'elle reçevait apparemment un rapport d'un de ses subalternes, tapota sa propre oreille en le regardant, avant de reporter son attention sur l'elfe qui lui parlait.

Peu après, alors que le Protecteur s'était effectivement immobilisé et que le curieux bâtiment elfique s'était, malgré sa taille écrasante, gracieusement approché de lui, une espèce de passerelle végétale s'élança entre les deux navires, telle un enchevêtrement de tiges et de feuilles vertes qui croissaient très vite tout en bruissant. Huit elfes en armure d'argent empruntèrent cette étonnante passerelle, menés par celle qui avait lancé le message d'araisonnement qui, lorsqu'elle posa le pied sur le bateau des aventuriers, écouta attentivement Arzaelig lorsqu'il répéta son salut.

Amiral Impérial

- Mais ... L'Empire Elfe, évidemment !, répondit-elle au marin, haussant un sourcil interloqué à sa question. D'un geste retenu de la main, elle balaya son vêtement d'armure, noir et brodé d'argent en un motif de libellule sur champ d'étoiles. Ce blason, qui se retrouvait sur les uniformes et étendards de leur navire, semblait pour elle faire office d'explication en soi. Cependant, alors qu'elle prenait probablement en compte le fait que ceux qu'elle avait devant-elle quittaient leur terre natale pour la première fois, son attitude, qui pouvait initialement passer pour hautaine, sembla se muer en un étonnement patient. Elle continua, en parlant un peu plus lentement : « Mon garçon, comment pouvez-vous naviguer sur la Mer de nuit et méconnaître la Marine Impériale, en charge de la protection des habitants des Royaumes, et du maintien de l'ordre dans leurs alentours ? Montrez-moi ces papiers ... » -------------------- Cette elfe de haute stature semble être en charge de cet impressionnant vaisseau et de tous ces soldats. Vêtue d'un haubert argenté frappé au couleurs de la « Marine Impérale Elfe », elle a le teint pale et le regard scrutateur d'un officier de commandement qui a combattu au cours de nombreuses batailles.

Sans piper un mot de plus, l'elfe argentée reçut de la main de Plume les titres de propriété de la Compagnie du Poing de la Mer. Malgré qu'ils attestaient bien que les aventuriers étaient les propriétaires légitimes du Protecteur, elle les feuilleta et les retourna plusieurs fois, avant de les passer à un de ses hommes. Celui ci, en robe noire brodée d'argent, enfila un monocle et examina tout aussi attentivement les documents. Pendant ce temps, la commandante examinait son interlocuteur de pied en cap, avant de porter son regard scrutateur sur les autres membres d'équipage, ainsi que sur leur navire.
Ce faisant, elle reprit son interrogatoire. Bien qu'elle s'addressât officiellement à leur capitaine, il semblait qu'elle laissait la possibilité à quiconque ayant quelque chose à dire, d'intervenir. Son ton restait inquisiteur, mais il laissait entrevoir comme une porte ouverte, comme si elle ne demandait qu'à ce que cette rencontre la surprenne.

Amiral R'lyae Elwing

- Vous vous êtes présenté, Arzhaelig Tenedor, laissez-moi faire de même : mon nom est R'lyae Elwing, amirale du Guerrier que vous avez devant vous, ainsi que de son escorte. Du pouce, elle désigna le gigantesque bâtiment dont elle et ses hommes venaient. Puis : « Des Aquafondais, hein ? Comment êtes-vous parvenus jusqu'ici, à cette allure ? Et qu'est-il donc arrivé à votre ... "vaisseau" ? Quelle est la source de ces avaries ? », demanda-t'elle en fronçant les sourcils, sans qu'on puisse savoir si sa moue était due à l'état déplorable du vaisseau, ou si elle doutait de la véracité de l'histoire qu'on lui servait. « Je ne vous cache pas que je m'étonne de voir des Féeruniens en ces lieux. Nous n'avons pas vu d'humains originaires d'ailleurs que Kara-Tur depuis, hé bien ... Depuis Néthéril, en fait. Je n'aurais pas fait grand cas d'un dragon de Shou Lung ou de Wa, mais ... » -------------------- Cette elfe de haute stature est en charge de cet impressionnant vaisseau et de tous ces soldats. Vêtue d'un haubert argenté frappé au couleurs de la « Marine Impérale Elfe », elle a le teint pale et le regard scrutateur d'un officier de commandement qui a combattu au cours de nombreuses batailles. De curieuse, son attitude devient soudain défensive.

Soudain, la discussion fut interrompue par un cri de haine.
Comme Serana et Arzhaelig s'y étaient attendus, cette rencontre était trop pour un des plus puissants guerriers du bord, Bruce Kar-Naagh, dont la famille et les amis avaient été décimés par des brigands ténébreux qu'il pensait venir de Séluné. Depuis, il n'aspirait qu'à la vengeance -ou au pire, à une mort honorable au combat contre ses pires ennemis :

Bruce Kar-Naagh

- Rhaaah !! Enfoirés de Netherealms ! Je vais tous vous crever, putains de Sélènes !! -------------------- Cet humain à l'allure imposante manie sa grande hache avec brutalité, en combattant aguerri. La haine déforme ses traits, et sa fureur est telle qu'il attaque sans retenue.

Laissant libre cours à sa rage, Bruce s'était rué contre le soldat le plus exposé. Serana, qui s'était préparé à un tel débordement, lui donna l'injonction de tomber à terre et de courber l'échine. Malheureusement, complètement aveuglé par sa douleur, le barbare sembla ne faire aucun cas de l'ordre amplifié magiquement : bien que son équilibre fut un court instant ébranlé, il parvient à porter tant bien que mal un puissant coup de hache à l'elfe qui, gravement touché, tomba à terre, en sang. Tous ses collègues se mirent aussitôt en garde et resserrèrent leurs rangs, prêts à en découdre : bien qu'inférieurs en nombre, les elfes ne semblaient pas effrayés, peut-être parce qu'il pouvaient compter sur l'appui de leur vaisseau.

Alors que la rencontre s'annonçait plutôt pacifique pour les aventuriers, un des leurs, malgré qu'il s'était jusqu'ici montré loyal et de confiance, attaquait maintenant les impériaux. Comment allaient-ils réagir ?


Bruce, Volonté: 11(d20) +3 +2(rage) = 16 vs DD11 ... Réussite

¤Ah bordel !¤

Au moment où l'abruti congénital qui lui servait de marin l'avait bousculée pour attaquer les elfes, elle avait sût que la suite ne serait pas glorieuse. Elle n'avait pas eu le temps de faire un pas que, déjà, il était sur le soldat et lui plantait un coup de hache.

L'elfe survivrait.

Elle se lança derrière Bruce aussi vite que possible pour ne pas laisser le temps aux impériaux de seulement penser que cet assaut ait pu être prévu.

- Granit, ce connard est plus fort qu'il n'y paraît, je ne dirais pas non à un coup de pouce !

Dans les quelques secondes pendant lesquelles elle chargea, elle ne put penser qu'à une chose : y'avait il une seule zone de l'univers ou les elfes ne s'était pas senti suffisamment supérieur pour imposer leur empire ?

Et elle tomba sur le barbare.

Serana charge Bruce et entre en lutte pour l'immobiliser. Si la situation dégénère elle n'hésitera pas à utiliser griffes, crocs et souffle.

Toute intriguée qu'elle était par l'arrivée de ces elfes inconnus, Metzli n'avait pas prêté d'attention particulière à Bruce : l'entrevue avec la capitaine elfique se déroulait plutôt bien et la jeune ensorceleuse était avide d'en apprendre davantage à leur sujet.

Un grand cri s'était alors fait entendre et Bruce Kar-Naagh s'était jeté sur un elfe avant de le frapper violemment. L'espace d'un instant, l'amnienne ne comprit pas ce qui se passait : elle n'avait guère échangé que quelques "bonjours" polis avec le matelot et ignorait tout de son histoire. Ce n'est que lorsqu'elle vit le sang jaillir qu'elle prit réellement la mesure de la situation.

Elle ne put empêcher un cri de douleur et de frustration de sortir de sa gorge. L'espace d'une seconde, elle pensa aller secourir l'elfe mais elle n'était pas une guérisseuse très efficace et son geste pourrait être mal interprété par l'équipage du navire qui avait abordé Le Protecteur. Elle se ravisa et décida que l'urgence était de maîtriser le forcené, si possible sans le tuer. Serana avait déjà agi en ce sens et la jeune femme fit de son mieux pour l'aider. Elle se mit à psalmodier une formule dont elle usait rarement.

¤ Tymora, faites que cela suffise pour le maîtriser! Et que capitaine elfe survive et accepte nos excuses... ¤

Elle espérait encore qu'une solution pacifique puisse être trouvée en sauvant l'elfe blessé et en livrant Bruce à la justice de ce mystérieux Empire elfe.

Metzli lance "hébétement" sur Bruce.

‘Mon garçon’. Arzhaelig adorait ces démonstrations de familiarité des membres des races aux espérances de vie de très loin supérieures aux humains –pouvait-elle savoir qu’il ne l’était plus ?- et ne put, ni ne voulut réprimer un sourire et une courbette entendue face à ce manque de précaution d’avoir pris connaissance de l’existence de ces Empires. La question n’était même pas de savoir ‘comment’ il aurait pu en avoir connaissance, juste qu’il semblait, pour l’Elfe, inconcevable d’avoir la capacité de naviguer dans l’Espace sans en connaitre un minimum. Et elle n’avait pas foncièrement tort. Leur entreprise tenait plus de la folie que d’autre chose.

Comme la folie de prendre à bord un homme qui vouait le reste de sa vie à se venger de ceux qu’il croyait responsables de la mort de tous les siens. Serana avait parfaitement réagi, prouvant par la force qu’elle n’approuvait aucunement le geste du marin. Lui non plus ne laisserait pas ce geste impuni, il ne pouvait pas se permettre un tel risque, et il se devait d’aider Serana parce que si Granit était d’une force prodigieuse –bien suffisante pour le mettre aux fers- il risquait de manquer de vitesse pour maitriser le guerrier.

Entendant Metzli invoquer, il préféra ne pas prendre le risque de voir si le sort fonctionnait et participa à l'action :

- Bruce ! Arrête immédiatement !

L’intonation était sans équivoque, tombant comme un couperet sur le contrevenant à l’autorité du navire. Le barde n’avait pas la cruauté de certains capitaines de la Fraternité –et n’en avait normalement pas besoin, ses talents diplomatiques suffisant toujours jusque-là- mais il devrait se montrer intraitable.

- Granit ! Mets donc cet homme aux fers sans tarder !

Il n’était pas sûr que l’Amirale se satisfasse d’une telle solution mais il devait tenter quelque chose, pour probablement sauver la vie de son marin qui n’avait agi que sur le coup de la rage.

- Laissez-moi tenter de réparer le tort et de soigner votre soldat !

C’était une première, un test dans un moment critique qu’il aurait dû faire plus tôt également. Sa magie fonctionnerait-elle ici, dans l’Espace ? Accompagnant son sort d’une hymne à la guérison, il forçait les notes à tisser une trame plus dense dans son sort curatif.

Brave soldat du grand Empire
Ta bravoure ne méritait pas
D’être la cible de son ire
Et d’y rencontrer le trépas

Brave soldat du grand Empire
Que mes notes ferment les blessures
Qu’elles t’aident à traverser le pire
Qu’elles disparaissent sans rature

Il espérait que l’Elfe garde la tête froide et qu’elle soit suffisamment aguerrie que pour ne pas réagir avec démesure –une pareille attaque pouvait largement la justifier- et que leurs actions soient suffisamment démonstratives qu’il se désolidarisaient totalement de l’attaque.

- Amirale R’lyae Elwing, l’attitude de notre marin est inexcusable... Des Ombrageux se disant Sélènes ont exterminés les siens. Soyez assurés que nous prendrons les mesures qui s’imposent. Pour l’état de notre navire, nous avons été attaqués en quittant Féérune, un triste malentendu de plus que nous n’avons pas pris le temps d’éclaircir pour avoir une chance de vivre cette rencontre. Pour le vol, la magie a permis ce prodige, vous l’aviez certainement déjà identifiée. On raconte que notre divinité de l’Art prend plaisir à mettre les artefacts dans les mains de ceux qu’elle destine à les utiliser, il semble que nous soyons dans ses plans.

Il voulait absolument basculer sur une autre discussion et était prêt à se montrer prolixe pour faire oublier l’incident ou le minimiser au mieux. Ses compétences suffiraient-elles cette fois ?

Charme-personne (DD16) sur Bruce et Social (+16) pour essayer de faire passer la pilule et tenter un soin du soldat blessé : hymne de guérison et Soins légers(*).

Au moment de se positionner au milieu de l'équipage, Jakelm avait joué des coudes pour se faufiler au premier rang, juste derrière son "cap'taine". Il se doutait bien que l'essentiel de la discussion se tiendrait à cet endroit et le gamin, curieux par nature, ne voulait pas perdre une seule miette de ce qu'il se dirait. De plus, cette position privilégiée lui permettait de dévisager tout à son aise les visiteurs inattendus et d'admirer ainsi leurs uniformes dont la discrète élégance ne pouvait masquer la sourde menace qu'ils dégageaient.

Tout à son observation, le mousse fut, comme l'ensemble de ceux présents sur le pont, pris par surprise par l'explosion de haine émanant de Bruce conduisant à cette attaque soudaine, impossible à maîtriser à temps. Pêchant sans doute par optimisme, tous avaient sous-estimé ce danger, ne prenant que des précautions qui devaient se révéler insuffisantes.

Réagissant avec le calme de professionnels aguerris, les marins elfes se mirent en formation de combat mais sans engager immédiatement de riposte, attendant certainement les ordres pour passer à l'action. Cette discipline était une chance pour les aventuriers, leur donnant ainsi l'occasion de neutraliser par eux-même l'origine du conflit et de désamorcer la situation avant quelle ne dégénère.

L'atmosphère était électrique et un rien pouvait mettre le feu aux poudres dans un déchaînement de violence dont le Protecteur risquait fortement de pâtir. D'ailleurs, même si ce dernier sortait vainqueur du combat, quel serait son avenir dans ces lieux après avoir détruit une patrouille de l'Empire Elfe ? Pourchassé par les compagnons d'arme de l'amiral R'lyae Elwing, il finirait irrémédiablement détruit à moins qu'il ne fuit la zone des combats pour regagner la terre ferme , sonnant ainsi la fin de leurs volontés d'aventure.

Autour de Tijak, les marins se mettaient instinctivement sur leur garde, portant la main à leurs armes et se préparant à l'affrontement. Suivant leur exemple, le mousse, d'un mouvement souple du poignet, détacha son "bracelet" et s'assura d'avoir sa fronde bien en main, tout en glissant discrètement deux doigts dans son sac de "billes". Déglutissant avec difficulté, il s'efforçait de ne pas montrer sa peur et de réagir avec calme, se montrant ainsi digne de ses compagnons de navigation. Perdus dans un espace qui n'était pas le leur, les Féeruniens, fort heureusement, attendaient les ordres d'Arzhaelig avant d'agir.

Ce dernier réagissait avec calme et autorité, démontrant bien toute sa capacité à diriger leur navire. Il était le maître à son bord et, s'il assumait pleinement la responsabilité des actes de son équipage, son attitude montrait qu'il n'entendait pas poursuivre sur le chemin de la violence.

- Cap'tain, vous avez besoin de quelqu'chose ?, s'enquit le mousse, luttant pour masquer le tremblement de sa voix. J'peux aller chercher des bandages et d'la charpie pour soigner l'pauvre blessé...

Profitant de l'occasion, Jakelm recula d'un pas avant de s'éclipser par une écoutille, disparaissant dans les entrailles du navire. Il attendait de voir comment la situation évoluait pour intervenir. Conscient qu'il n'était d'aucune utilité pour faire revenir Bruce à la raison, il voulait se tenir prêt en cas d'affrontement avec les Elfes et se disait que la flasque de Feu grégeois qu'il avait au fond de sa malle pourrait se révéler utile pour faire une diversion à bord du Guerrier.