Chapitre 1 : Padhiver

- Très bien, énonça l’elfe en apprenant la nouvelle, son travail ne reprendrait que plus vite lorsqu’elle reviendrait, que ce soit plus tard ou le lendemain. Elle se laissa guider à travers les couloirs pour voir le fameux Keikary, qui s’avéra comme malheureusement ce qui semblait être une majorité de la population locale être l’un de ces humains inférieurs, malheureusement, il faudrait faire avec.
Décidée à rester polie, au moins le temps qu’elle avait besoin de lui et surtout quand on voyait ce qu’il avait pour travailler, qui semblait indiquer un visiteur de marque, qu’il soit régulier ou payant, elle lui indiqua :

- Enchantée également. Je pensais vous inviter pour discuter autour d’un déjeuner, mais j’ai l’impression que vous avez déjà été servi. Toutefois, cela n’empêche point la discussion. On m’a indiqué que vous aviez travaillé sur les mêmes ouvrages que moi, et je me suis dit que vous aviez peut-être vu, lu ou entendu des choses sur le même sujet que je n’avais point.

Le problème, c’était qu’elle traitait avec une organisation des plus illégales, pour qui le meurtre n’était qu’un moyen comme un autre, sinon le moyen de prédilection, surtout lorsqu’il s’agissait de faire taire des gens, la méthode ayant l’avantage d'être définitive, même si quelques très puissants sorts permettaient de passer outre ce “détail” pour obtenir malgré tout les informations.

5ème jour de la Griffe des Tempête, année des Dragons Renégats
6 Mirtul 1373.
Période de la journée : Fin de matinée
Climat : Ciel dégagé
Température : environ 6 degrés.

L'humain attrapa les lunettes qui pendaient sur son torse et un morceau de tissu avec lequel il les essuya. Même si il ne les plaça pas sur son nez. Il acquiesçat avant de répondre aux question de Moreta.


-L'étude du comportement des dragons, et plus particulièrement de ce qui est parfois appelé la Rage des Dragons, est l'oeuvre de ma vie. Un temps bien court pour vous, sans doute, mais je peux affirmer que j'ai lu tous ce qui concerne ce sujet et peut être trouvé au Nord de Château-Suif. Et probablement au Sud aussi. Hélas, cela n'est pas un exploit digne de beaucoup de vantardise car il y a peu de sources et encore moins méritent d'être considérées correctes. Les dragons ne sont pas, en règle générale, prolixes concernant leur race, même s'il est difficile d'en faire taire certains concernant leurs propres succès. Ils le sont encore moins concernant leurs faiblesses et leurs échecs. Et ils sont, évidemment, bien pires pendant la Rage. Et c'est sans compter le risque, loin d'être négligeable qu'ils mentent volontairement ou le fait que la Rage des Dragons est un phénomène dont la première manifestation date d'il y a plus longtemps qu'aucun dragon encore en vie puisse se souvenir.

Il avala une gorgée de la boisson fumante qu'il avait à la main. Il faisait une grimace comme si citer certaines des difficultés qu'il avait rencontrées les lui remettait en mémoire et qu'il songeait à leurs conséquences soudainement, comme s'il s'agissait de la première fois.

-Mais je ne veux pas vous décourager. La situation n'est pas si désastreuse que cela. Comme vous l'avez observé, nous ne sommes pas les premiers à nous poser ces questions. Et certains de nos prédécesseurs mentionnent des sources dont j'ai l'espoir de trouver au moins des fragments dans un futur assez proche. Il secoua la tête rapidement, se souvenant soudainement qu'il n'était pas seul dans la pièce. Mais ce ne sont sans doute pas mes pérégrinations qui vous intéressent. Ce n'est pas souvent que j'ai l'occasion d'échanger sur mon sujet de prédilection avec quelqu'un qui y ait déjà réfléchi et cela me ferait plaisir de répondre à vos questions. Dans la mesure de mes moyens, bien sûr.

Écoutant la tirade de l’érudit, Moreta ne pouvait s’empêcher d’avoir un doute en tête : avec les moyens du culte, n’était-il pas judicieux de leur part d’avoir le meilleur spécialiste sur le sujet, pour attirer ceux qui cherchait des réponses sur le sujet, les identifier et s’en débarrasser. Mais il était maintenant trop tard pour s’en faire, autant tenter le coup, voir ce qui se passerait, heureusement, ses talents et ses défenses étaient cachés, et si cela se déroulait mal, il y aurait toujours moyen d’en venir à des méthodes plus extrêmes. Aussi après une introduction des plus longues, la dame rebondit, contente de noter que son absence de nom n’avait pas été évoqué, un bon point à son encontre, sans compter que sa tirade aurait pu persuader d’éventuels oreilles traînantes à l’aveuglette du sujet de leur conversation. Elle vérifia juste qu’ils étaient bien seuls avant de parler, autant éviter d’en parler à trop de monde, même par des chemins détournés :

- Je ne doute pas que la Dracorage elle-même soit très intéressante, toutefois, cela n’est pas mon domaine d’expertise. Mes recherches portent plus spécialement sur les causes de celle-ci et ses conséquences sur les races humanoïdes. Heureusement, ces dernières sont un peu plus loquaces que les grands dragons, malheureusement, l’âge de ces documents n’aide pas. J’ai de la chance de vous avoir rencontré, votre érudition sur un sujet similaire pourrait m’être d’une grande aide, si cela ne vous dérange pas.

Pour une entrée en matière, cela serait suffisant, le temps de décider si cet individu d’une race inférieure pouvait avoir sa confiance. Savoir le mettait en danger, mais ce n’était pas un problème pour Moreta, toutefois, avoir conscience de ce danger pourrait réfréner ses ardeurs si jamais il se décidait à l’aider.