La Taverne des Royaumes Oubliés

Son background

PARCHEMIN

Naissance et jeunesse
Althaea est née à Eauprofonde, dans sa maison du quartier maritime. Elle est la fille d'un orfèvre très prisé de la ville, qui avait lui-même hérité de la boutique de feu son père. L'orfèvrerie est une affaire qui se transmet de génération en génération dans la famille.

Althaea et ses quatre sœurs étaient tout ce qui restait au père de famille veuf depuis la naissance de la petite dernière. Sa femme morte en couche n'avait pas donné de fils à son mari, et aucune de ses filles n'avait apparemment le don afin de perpétuer la tradition familiale, et celui-ci, même s'il chérissait profondément ses filles, en eut toujours éprouvé un véritable manque.

Althaea n'avait jamais manqué de rien, la situation familiale lui assurait une vie opulente et confortable. Malgré les essais de son père pour lui transmettre son savoir et son métier, Althaea n'avait jamais fait montre ni du talent, ni de la patience suffisante pour le domaine de la joaillerie, comme chacune de ses sœurs en âge d'apprendre les rudiments du métier. L'orfèvre avait donc dû se tourner vers ses neveux.

De ses trois neveux, deux surent faire montre des compétences nécessaires au travail des métaux fins et des gemmes : Urth et Geth. Ne sachant pas déterminer qui lui succéderait, l'orfèvre décida alors de les garder tous les deux comme apprentis.

Le vent du changement
La maison alors habitée par Althaea, ses quatre sœurs et ses deux cousins était constamment animée. Les moments de calme se faisaient rares, et les deux nouveaux hommes de la maison n'aidaient pas à la rendre plus silencieuse. Passées les journées de travail avec leur oncle, ils aimaient aller s'enivrer à la taverne du quartier. Ils s'acoquinaient sans mal aux bons fils de famille aussi bien qu'aux gens de plus modeste naissance.

A de nombreuses reprises, ils rentraient complètement saouls et leur tempérament sous l'emprise de l'alcool se durcissait. Althaea avait déjà bien piètre estime des hommes, mais le comportement de ses cousins ne faisait que renforcer son aversion pour "le sexe dépourvu de cervelle" comme elle disait. Bien qu'elle s'efforça de protéger ses puînées du comportement des apprentis orfèvres, leurs débordements les affectaient irrémédiablement.

Lorsqu'elle allait trouver son père pour l'implorer de recadrer ses apprentis, un sourire de bonne foi étirait ses lèvres et il lui répondait :

- Ils sont jeunes ! Il faut bien qu'ils profitent un peu de leur jeunesse, ils sont de bons garçons tu sais...

Althaea de son côté ne voyait pas les choses du même œil. Ils dilapidaient l'argent de la famille, comme des profiteurs qu'ils étaient. Son père lui, trop heureux de connaître "ces fils" qu'il n'avait jamais eu, fermait les yeux sur leur exactions. S'il ne faisait rien, elle devrait s'en occuper elle-même tôt ou tard.

Les mois passaient et rien ne changeait. Le père était ravi de ce renouveau dans sa vie, les filles grandissaient dans l'ombre de leurs cousins, et les deux jeunes hommes continuaient leur rythme de vie décadent. A ceci près qu'Althaea et ses sœurs devenaient des femmes, et que Geth et Urth semblaient apprécier cette transformation. Âgées de dix-sept ans, seize ans et quatorze ans, les trois filles aînées de l'orfèvre commençaient à s'étoffer, remplir leur chemises et leur port distingué ne faisait qu'exacerber leur féminité naissante. La transformation d'Althaea quant à elle n'était pas que physique. Son caractère déjà bien trempé se faisait plus fort de mois en mois et sa franchise n'avait d'égal que sa fierté.

La goutte d'eau
Ils étaient encore une fois rentrés ivres, ses cousins et leurs amis hurlaient dans la ruelle, devant la maison familiale. La boutique prospère commençait a accumuler les ragots, et la réputation jadis immaculée de la joaillerie s'entachait des méfaits des apprentis. Parfois de simples altercations avec les badauds, parfois un refus violent de quitter un établissement dans lequel ils faisaient du grabuge, les sujets de discussions sur la famille de l'orfèvre ne manquaient pas. D'aucun disait que depuis la perte de son épouse, le bijoutier était frappé de sénilité précoce, d'autre que c'était bien là le sang qui parlait...

Prise d'une colère noire, Althaea se décida à agir, comme elle aurait dû le faire depuis bien longtemps. Le portail finement ouvragé claqua contre le mur sous la poussée colérique, et elle laissa se déchaîner sa fureur depuis longtemps contenue. D'abord tous décontenancés, les compagnons de boissons se ragaillardirent alors que les insultes fusaient de la bouche de la trouble-fête. Alors qu'elle distribuait les gifles à tour de bras, une grosse main calleuse vint la cueillir sur la joue, l'assommant à moitié, stoppant net le flot de paroles. Le sol pavé, les maisons de la rue, le ciel étoilé, tout se mélangeait aux voix rauques des soûlards dans un tourbillon décousu. Des mains l'attrapèrent sans ménagement sous chaque bras la traînant vers la maison. Le bruit du portail se refermant ramena Althaea à la réalité. Sa mâchoire engourdie, elle n'arrivait pas à s'exprimer. Elle se débâtit afin de montrer qu'elle était en mesure de marcher toute seule, mais telles des serres autour de ses bras, les mains resserrèrent leur étreinte sur ses membres, refusant de lâcher leur proie. Puis là, dans le jardin de sa propre maison, des mains se mirent à fouiller sous sa chemise, mais pas à la recherche de quelques richesses ou armes cachées. Ce dont ils étaient en quête était bien plus précieux que cela...

Cauchemars
Rien moins que des porcs... Ses cousins, leurs compagnons et son père qui l'avait accusée de vouloir se servir de lui pour évincer ses neveux qu'elle ne portaient guère dans son cœur... Ils étaient tous pareils. Elle était devenue craintive lorsqu'elle croisait un groupe d'hommes. Chaque sourire, chaque regard masculin posé sur elle manquait de lui déclencher une crise de panique. Chaque nuit les cauchemars s'emparaient de son esprit l'entraînant dans une éternelle répétition de cette maudite soirée. L'ivresse de l'envie mêlée à celle de leur soirée de boisson, les hommes se transformaient tour à tour en démons assouvissant leurs immondes désirs. Elle tombait, sombrait dans un abysse de honte et de douleur, des visages cramoisis aux rictus ignobles tournaient autour d'elle, comme des loups prêts à la dévorer.
Chaque nuit les mêmes cris la sortaient de son sommeil, et la même haine de l'entière gente masculine attisait son cœur. Elle ne pouvait continuer à vivre comme cela, sans quoi elle allait perdre la raison en même temps que son honneur.
Elle alla saisir la justice d'Eauprofonde, et le jugement qui s'ensuivit ne tarda pas. Les violeurs furent entendus, et contraints par le prêtre chargé du procès d'avouer leur crime. Les deux apprentis orfèvres et leurs amis furent bannis de la cité des splendeurs sous peine de mort, et Althaea reçut de nombreux témoignages de soutien pour les épreuves qu'elle avait dû endurer. Le joaillier implora sa fille de lui pardonner le déni dont il avait fait preuve, mais la blessure de la jeune citadine était telle qu'elle n'offrit à son géniteur qu'un regard froid avant d'aller rejoindre ses sœurs.
Malgré le départ de ses cousins, Althaea ne parvenait toujours pas à retrouver sa place dans la maison familiale. Elle passait inévitablement devant le théâtre de son calvaire, et la volonté dont elle devait faire preuve pour ne pas céder aux larmes était une épreuve de tous les jours. Ses nuits ne s'étaient pas calmées non plus et il n'était pas rare que la panique la prenne alors qu'elle se rendait en ville, l'amenant à se recroqueviller sur elle-même dans un recoin le long d'un mur pour plusieurs heures, incapable de bouger.

Un nouveau départ
Elle reprit possession de son corps, mouillé par la pluie cinglante, et découvrit en face d'elle une femme à la peau parcheminée. Elle était assise sur le sol, visiblement endormie, et son vêtement de toile mouillé collait son corps décharné. Althaea décida d'ignorer la mendiante, et se releva avec difficulté. Ses membres ankylosés par les heures passées assise sur le sol répondaient difficilement à ses efforts. Alors qu'elle tournait les talons, une voix parvint à ses oreilles. Le crépitement de la pluie atténuaient les mots, mais elle vit que la vieille femme la regardait avec insistance. Elle se releva à son tour puis s'approcha d'elle.

- Vous sentez-vous mieux mademoiselle ? l'interrogea-t-elle, une profonde inquiétude imprimée sur son visage.
- Je me sens parfaitement bien merci ! répondit Althaea, avec rudesse. Elle n'avait absolument aucune envie de discuter avec cette inconnue, et elle n'avait aucunement besoin de la sollicitude d'une mendiante.
- Vous avez crié, vous avez tremblé, vous vous êtes frappée... Vous êtes restée plusieurs heures sous la pluie battante, assise sur les pavés... Etes-vous sûre de pouvoir rentrer chez vous ? insista-t-elle.
- Je pense pouvoir retrouver mon chemin toute seule oui. répliqua sèchement la jeune femme.
- Je vois. Pardonnez-moi de vous avoir importunée mademoiselle... s'excusa la mendiante

La vieille femme se retourna dans un sourire complaisant, puis s'en alla. Althaea la regarda s'éloigner sous l'ondée, disparaissant rapidement derrière le rideau naturel. Elle se sentait perdue. Son esprit errait alors qu'elle rentrait chez elle, sautant de question en question. Qui était cette femme ? Pourquoi l'avoir veillée ? Que pouvait-elle faire pour ne plus se retrouver sous l'emprise de ses peurs ? Qu'était-elle partie faire en ville déjà ? Même aux questions les plus simples elle ne parvenait plus à trouver de réponse... Elle regagna la maison, couru dans sa chambre sans prononcer un mot, se changea puis se coucha prise d'une telle lassitude qu'elle trouva aisément le sommeil pour la première fois depuis des mois.
Elle croisa de nouveau la vieille femme quelques jours plus tard, et elle se dut de réviser son jugement initial. Celle qu'elle avait pris pour une mendiante semblait être une druidesse, comme la chouette endormie sur son épaule en témoignait. Comme Althaea faisait mine de l'ignorer, c'est elle qui vint la trouver.

- Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? lui demanda-t-elle avec gentillesse.
- Que me voulez-vous ? questionna brusquement la fille de l'orfèvre
- Vous ne m'avez pas répondu jeune femme... rétorqua la druidesse
- Je ne vois pas bien en quoi cela pourrait vous concerner. répondit Althaea
- Je peux vous aider vous savez. Votre esprit tourmenté peut trouver le repos, et vous même pourrez retrouver une vie libre de vos fantômes, lui expliqua alors la vieille femme. Lurue m'a conduite ici dans un but qui m'échappait encore il y a quelques jours, mais j'ai compris le jour où je vous ai vue perdue dans l'orage de vos pensées.
- Je n'ai pas besoin d'aide, je vous l'ai déjà dit. répondit l'intéressée
- Et moi je n'ai pas besoin de vous aider... Néanmoins me voici devant vous, prête à vous apporter le soutien dont vous avez besoin. Cette ville abrite vos démons ma fille, et vous serez un jour prête à les affronter, j'en suis sûre. Mais pour l'instant je vous offre l'abri hors de ces murs, loin de vos tourments. Promenons-nous voulez-vous ?

Contre toute attente, la bienveillance de la druidesse rassurait Althaea. Elle avait un côté apaisant, et la jeune femme acquiesça. Elles se promenèrent toute l'après-midi, la maigre femme partagea son maigre repas avec sa nouvelle protégée, et elle la conjura de prendre le temps de réfléchir à sa proposition. Althaea avait essentiellement écouté ce que celle qu'elle avait pris pour une mendiante avait à lui dire, et celle-ci ne s'offusqua pas du mutisme de la jeune femme.

Elle ne laissa rien derrière elle, pas un mot, pas un adieu à son père. Elle serra une dernière fois ses sœurs dans ses bras puis partit avec quelques maigres possessions, une poignée de gemmes, à la recherche d'un nouveau départ pour mettre derrière elle ces événements qui la torturaient. Nul désir de vengeance n'habitait son âme, juste un profond mépris pour cette engeance indigne.
Les premières semaines de vie sauvage furent une épreuve comme elle n'en avait jamais connue. Si sa vie citadine l'avait préparée à entretenir une famille, mener des négociations à bien ou encore à choisir ses tenues en fonction des saisons et des occasions, rien ne l'avait apprêtée à la rigueur de la vie sauvage, même en compagnie de celle qui était maintenant son mentor. Elle apprit rapidement à différencier les baies comestibles de leurs homologues moins digestes, sous l'enseignement de la druidesse, ainsi qu'à communier avec la nature omniprésente dans la Haute-Forêt. La fille de l'orfèvre passait désormais ses jours loin de toute civilisation, avec pour seule compagnie Erin et sa chouette. Les cauchemars revenaient parfois encore lorsqu'elle fermait les yeux, et les nuits ou le sommeil refusait de la gagner, elle sortait observer le rapace nocturne, et remerciait Lurue de l'avoir pris sous son aile.

Les années passèrent, et Althaea renaissait dans son nouveau cadre de vie. Peu de temps après leur arrivée dans sa tanière, Erin avait veillé à ce que la jeune femme reçoive un entraînement martial, persuadée que l'ex citadine se sentirait moins en proie à ses démons intérieurs si elle se savait capable de se défendre. Althaea avait donc appris la maîtrise de l'épée courte auprès d'une maîtresse d'arme époustouflante d'agilité, et se découvrit un talent insoupçonné à l'arc. Si la druidesse éprouvait le besoin de connaître le passée d'Althaea, elle n'avait jamais pressé sa pupille de lui dévoiler son secret, et celle-ci n'avait, quant à elle, jamais éprouvé le besoin de le faire.
Lorsqu'Erin lui expliqua qu'il était temps pour elle de se confronter à la vie extérieure, la jeune rôdeuse ne voulut d'abord pas le croire. Elle s'offusqua de la volonté de sa bienfaitrice de se séparer d'elle, puis comprit plus tard qu'il s'agissait tout simplement de l'ultime étape de sa guérison. Tant qu'elle ne retournerait pas dans la civilisation, elle ne pourrait jamais dissiper réellement ses tourments...

Sa description physique

PARCHEMIN

Althaea est une humaine à la peau claire typique de ses ancêtres. Ses yeux gris acier perçants ne trahissent qu'une extrême froideur lorsqu'ils se posent sur congénères. De taille moyenne pour une femme illuskienne, elle a un visage fin et anguleux soulignant son port haut et distingué qui lui donne un air de mépris constant pour tout ce qui l'entoure. Un faux semblant de sourire est perpétuellement posé sur ses lèvres rouges saillantes sur la pâleur de son teint, renforçant d'autant plus son aspect hautain. La rôdeuse ne laisse aucun doute sur la distance qu'elle souhaite observer entre les habitants de Toril qu'elle croise et elle même. De temps à autre, un tressaillement dans son regard accompagné d'un changement soudain d'attitude suffit à transformer la femme altière en une créature aux abois telle un félin acculé.

La jeune femme est intégralement vêtue d'une tenue de cuir simple et fonctionnelle mais finement ornée sur la poitrine d'un motif arborant un croissant de lune dominant un massif montagneux dont le reflet se déforme dans ce qui apparaît être une étendue d'eau. Un anneau argenté à la confection surprenante ceint son majeur gauche, tourbillonnant en une multitude de brins métalliques autour de son doigt sur toute la phalange. Une épée courte agrémente sa hanche, et un arc glissé en travers de son dos dénote de ses compétences d'archère.

Sa description mentale

PARCHEMIN

Althaea est cultivée et son esprit nourrit sans mal sa langue acerbe. Les quelques mots qui franchissent ses lèvres sortent comme des flèches aiguisées, dirigées avec précision vers le but qu'elle recherche. Elle ne perd pas son temps en palabres inutiles, et préfère limiter ses échanges verbaux au strict minimum.

Les événements de sa vie passée ont laissé une profonde entaille dans son esprit, et la foule l'oppresse rapidement, tandis que la proximité des hommes lui est tout bonnement difficilement supportable. Lorsqu'elle est amené à côtoyer la gente masculine, elle ne laisse planer aucune ambiguïté concernant son opinion sur cette dernière, et veille à mettre autant de distance que les circonstances le permettent entre les hommes et elle même. Des crises de panique s'empare de la rôdeuse lorsqu'elle éprouve un besoin inassouvi de s'écarter de ses congénères, et une paranoïa incontrôlable s'empare alors de la jeune femme.

Suite à l'épisode douloureux de sa jeunesse qui précéda sa fuite dans la Haute-Forêt, elle a décidé de chercher un refuge pour son âme en plaçant sa foi en Lurue. Fréquentes sont les nuits où, ne souhaitant pas retrouver ses cauchemars qui l'attendent, elle prie la Reine Licorne de la guider vers des jours meilleurs.